mercredi 10 décembre 2008

Entry 21 et 22

Cher journal,

D’autres drows sont venus à notre cellule. La prêtresse a fait signe à Maël de s’approcher. Ils l’ont enchaînée et emmenée. Elle a eu beau me souhaiter bonne chance, je me suis sentie complètement désemparée une fois toute seule. Je savais que mon sort n’était pas changé, c’était toujours la mort qui m’attendait, mais avec quelqu’un à mes côtés c’était plus facile à supporter. De sentir une présence amicale à mes côtés allégeait le poids de ce destin, vous saisissez? J’aurais voulu qu’elle me serre contre elle et me laisse pleurer tout mon soûl. Je sais que ça n’aurait pas été la chose la plus brave à faire, mais j’en aurais tellement eu besoin. Maintenant je suis seule. Et personne ne viendra me consoler ni me sauver. I guess the only thing I can do now is wait to die.

Me morfondant sur mon sort, j’ai eu le plaisir de recevoir une visite de la petite criss. Pardonnez-moi mon langage, il semble s’être beaucoup dégradé depuis que je suis ici. Mais à quoi bon maintenir les apparences? À quoi bon continuer à mettre en pratique les enseignements de mes parents puisque je vais mourir dans très peu de temps? Personne ne pourrait m’en vouloir de me laisser aller dans mes derniers instants. Mais je ne devrais pas penser ainsi. Jamais je n’ai été aussi négative. Mais il faut aussi dire que je n’ai jamais vécu de situations aussi dramatiques que celle-ci. Donc, la petite criss m’a dit que Maël ne faisait pas l’affaire parce qu’elle n’était pas humaine. Elle avait donc été remplacée.

Des gardes sont arrivés avec Abigail. J’aurais préféré avoir n’importe qui d’autre dans ma cellule, mais il a fallu que ce soit elle! Elle a été attachée au mur du fond et elle a subi le même traitement que Maël et moi, mais sur sa poitrine. J’ai détourné le regard et je me suis bouché les oreilles pour ne pas l’entendre crier. J’ai éprouvé un soupçon de pitié, mais je la détestais toujours autant. Elle s’est fait détacher, pseudo-soignée et les drows sont partis. Nous avons ensuite entendu un cri au loin et d’autres gardes sont arrivés et ont jeté une jeune femme dans notre cellule. Ça doit être l’humaine dont la petite criss a fait mention. Je ne sais toujours pas en quoi consiste une ascension de drow, à part qu’un elfe, un humain et un arcadien doivent être sacrifiés. Plus le temps passe et plus j’adore cette société! Et dire que je vais passer mes derniers instants ici… Je ne me suis jamais arrêtée à penser à ça, mais il est certain que j’aurais préféré passer la dernière heure de mon existence ailleurs… et pas avec Abigail.

Je me suis approchée de la jeune femme pour m’assurer de son état. Mis à part la marque sur sa cuisse, elle semblait bien se porter. Elle a dit s’appeler Margueritte Ronchon. C’était une prêtresse en route pour faire un pèlerinage à l’Oracle. Je lui ai dit que nous allions être sacrifiées pour l’ascension d’une princesse drow, peu importe ce que c’était, et qu’il nous restait environ une heure avant de nous faire emmener. Elle s’est mise à prier pour le salut de son âme. Je suppose que je pourrais faire la même chose… Je ne demande rien pou moi-même, mais protégez mes compagnons. Où qu’ils soient, faites qu’ils s’en sortent. Veillez sur Quentin… et surtout sur François. J’espère de tout mon cœur qu’il va s’en sortir. J’aurais seulement souhaité être là et lui dire à quel point j’étais heureuse de l’avoir retrouvé… Veillez aussi sur ma famille. S’il est possible de leur faire parvenir un message, dites-leur que je les aime et demandez-leur pardon de ma part. Pardon d’être partie sans prévenir, pardon de ne jamais avoir donné de nouvelles. J’aurais aimé les revoir pour pouvoir leur dire ça de vive voix.

Je me suis répétée cette pseudo-prière dans ma tête jusqu’à ce que d’autres drows reviennent.
This is it. This is the beginning of the end. Les prêtresses nous ont tendu d’autres vêtements. Euh… C’est quoi le but de nous donner d’autres vêtements quand on venait d’en recevoir il y a à peine deux heures en se faisant dire d’y faire attention sous peine d’être torturé? Abigail a été la première à se changer… et sa «robe» faisait en sorte que son tattoo était visible. Oh non… Muuu… J’ai tout de suite su ce qui m’attendait et j’ai eu envie de pleurer. Quand une des prêtresses m’a tendu mon vêtement, je me suis changée très rapidement sans regarder qui que ce soit. Le devant était très décolleté et le derrière… il n’y en avait pas. Tout le monde pourrait donc voir mes fesses. Muuu… Pourquoi moi…?

Comme je savais quelle était la prochaine étape, j’ai tendu les mains pour qu’on m’enchaîne. Nous nous sommes ensuite faites emmener dans un dédale de couloirs et nous sommes arrivés dans une grande pièce : plusieurs alcôves surplombaient la salle, de chaque côté il y avait deux autels avec trois tables et au milieu il y avait une grande arène de combat. Au bout complètement, j’ai pu voir le temple de Lloth. Si j’avais été libre, je crois que je serais allée cracher sur la statue de la déesse et je serais ensuite rentrée à l’intérieur du temple pour tout briser.

Nos gardes nous ont fait faire le tour de la salle (pour que tout le monde puisse voir comme il faut ceux qui allaient ce faire sacrifier?). À l’extrémité de l’arène, nous avons croisé un groupe de trois hommes : Kikuchi, un arcadien aux ailes noires et un elfe. J’ai évité de trop les regarder et j’espère qu’ils en ont fait autant. Je sais que nous allons mourir très bientôt, mais je n’ai quand même pas envie que mon derrière soit trop observé.

Nous nous sommes faites emmener jusqu’à l’autel où nous nous sommes faites attachées après avoir grimpé sur les tables. Dès que nos poignets ont été enchaînés, les chaînes sont devenues dures, comme si elles s’étaient transformées en barres de métal. Nous étions donc debout, les bras maintenus dans les airs, sans réelle possibilité de bouger. Ça a été la même chose pour les hommes. J’ai ensuite pu voir Maël et un homme (un homme-loup?) sortir de deux portes se trouvant sous deux alcôves et se diriger vers l’arène de combat. Alors ils vont devoir se battre? J’espère que tu vas gagner Maël. J’espère que tu vas gagner et que nous pourrons ensuite sortir d’ici. Mais je commence à en douter sincèrement… La situation ne pourrait être plus géniale… Je suis attachée sur une table, tout le monde voit mes fesses et je vais me faire sacrifier à la déesse des drows! Mais si par miracle je m’en sortais, je créerais un sort de «detect drow» et je m’en servirais pour trouver des drows à la surface et les tuer. Je déteste les drows, tous autant qu’ils sont.

mercredi 3 décembre 2008

Entry 20

Cher journal,

Les choses ont empiré encore plus que je ne le pensais. Après s’être rendue compte que nous ne la comprenions pas, la drow nous a demandé en commun d’aller dans le milieu de la pièce.
-Pourquoi? lui aie-je demandé.
-Au milieu.
-…Pourquoi?
(Je vais le faire, mais je veux juste savoir pourquoi.)
La drow a claqué des mains et je me suis retrouvée à quatre pattes par terre. Je le savais! Je vais me faire agresser. Au secours…

D’autres drows sont entrés dans la pièce et ils nous ont aspergées d’eau très froide puis de poudre blanche. Maël étant toujours berserck, ils l’ont fait bouger par magie pour qu’elle soit bien nettoyée. Seule Abigail a obéi sans broncher. Ils ont même cru que c’était le cerveau du groupe. Ce n’est pas le cerveau, c’est le bâton dans nos rouages. Ils nous ont lancé des minuscules serviettes qui couvraient à peine ce qu’il y avait à couvrir et ils nous ont emmenées en prison. Maël et moi étions dans une cellule et Abigail dans une autre. Elle avait l’air de bien se faire traiter. Elle s’est fait apporter de l’eau et pas nous. J’ai commencé à la haïr à ce moment-là. Après toute la merde qu’elle a faite, elle se fait traiter de cette façon? Elle mériterait plutôt de se faire attacher et battre.

Au bout d’une heure, sont arrivés des femmes drows richement vêtues et des hommes portant des chaînes et un sceau avec un gros bâton dedans. Muuu… Au secours… Ils vont nous attacher et nous battre à mort… Et probablement nous agresser aussi… Une drow est entrée dans notre cellule et m’a demandé de me mettre debout et d’écarter des bras et mes jambes. J’ai obéi et une drow a commencé à détacher ma serviette. Je l’ai tout de suite empêchée d’aller plus loin. J’étais bien prête à écarter mes bras et mes jambes tout en gardant «mes vêtements», mais la drow ne voulait rien entendre. J’ai donc encore obéi, car je savais que la punition serait très grave si je me rebellais encore.

On m’a donc déshabillée et demandé de tourner lentement sur moi-même. C’est ce que j’ai fait et je les ai senties pointer divers endroits sur mon corps. Euh… Pourquoi vous faites ça? Je me suis ensuite fait attacher face au mur, les bras et les jambes écartés, avec des chaînes aux poignets et aux chevilles. Je le savais, ils vont me battre… Mais quand j’ai vu le bâton de métal dont le bout avait été chauffé, j’ai vraiment eu très peur. Ils veulent nous marquer au fer rouge? Oh mon dieu… Oui Maël, merci. Je sais que ça va faire mal. J’ai fermé mes yeux, serré mes dents et essayé de toutes mes forces d’avoir des pensées heureuses. Le visage qui m’est revenu le plus souvent en tête fut bien entendu celui de François. François, ses regards, ses baisers, ses caresses… Oui, je vais le revoir… Et nous allons pouvoir vraiment commencer à sortir ensemble… Et qui sait, peut-être qu’un jour prochain je serai prête à mettre un ruban rose pour lui…?

J’ai tenté du mieux que j’ai pu de me retenir de ne pas crier, mais j’en ai finalement été incapable. La douleur fut tellement intense que j’en ai hurlé. Je ne crois pas avoir jamais eu aussi mal de toute ma vie. Je n’ai pas eu la chance de m’évanouir alors j’ai dû endurer tout ça les poings serrés et les larmes coulant sur mes joues. Quand ils m’ont détachée, je n’ai même pas eu la force de me retenir debout et je suis tombée par terre comme une roche. Je n’ai pas eu non plus la force de me débattre quand on m’a tirée par les cheveux pour m’éloigner du mur. J’aurais bien voulu me rouler en petite boule dans un coin de la cellule, mais je me sentais si faible…

Si j’avais su ce qui attendait Maël, jamais je ne me serais plainte de ma douleur. Elle a reçu une marque encore plus grande que la mienne, sur le ventre. Ils l’ont aussi jetée par terre sans ménagement. Ils ont cependant eu la bonté d’âme de mettre un genre de crème d’une couleur douteuse par-dessus notre blessure, probablement pour éviter que ça s’infecte. J’ai un peu attrapé l’air bête quand j’ai senti qu’on me retournait sur le ventre et qu’on me frottait les fesses, mais je n’avais pas la force de protester. Je hais les drows. Je hais les drows tous autant qu’ils sont. Je n’aurais jamais cru souhaiter un jour la mort de quelqu’un, mais si tous les drows qui vivaient ici pouvaient mourir, ça me rendrait très heureuse. Et si Abigail pouvait mourir aussi, je serais encore plus heureuse. Elle est d’ailleurs passée devant notre cellule à ce moment-là. Elle semblait se porter comme un charme et elle n’était pas toute nue, elle. La drow lui a demandé si elle voulait venir dans notre cellule ou retourner dans la sienne. Elle a choisi de retourner dans la sienne. Sage décision Abigail, parce que si tu t’étais approchée un peu plus, je te jure que nous aurions été deux à te sauter dessus.

Quand tout le monde fut parti, nous avons reçu la visite de la petite drow que nous avions ramenée ici. Elle était très richement vêtue. Elle nous a dit qu’elle était une princesse et que ce soir était son ascension. La seule chose que j’ai comprise c’est que c’était une grande fête et qu’il y allait avoir des sacrifices, aka Maël et moi. Ça doit être pour ça qu’ils nous ont marquées. D’ailleurs, la petite drow s’est extasiée devant la marque de Maël. Elle a dit que ça voulait dire qu’elle était tenue en haute estime. Génial. La petite criss est une princesse et nous, nous allons mourir pour elle ou, comme elle a dit, nous allons aider la race supérieure. Je suppose que je devrais au moins la remercier de nous avoir donné des vêtements (des vrais) pour que nous ne soyons pas sacrifiées toutes nues. Elle nous a cependant dit d’y faire attention, car si les vêtements étaient salis, nous recevrions une bonne correction. Je vais y faire attention alors. C’est déjà assez triste de me dire que je vais être sacrifiée, je n’ai pas envie de me faire torturer en plus.

Quand nous avons finalement été toutes seules, Maël m’a proposé une alternative : mettre fin à nos jours. Je dois être vraiment désespérée, car l’idée me semblait très tentante. Je n’avais pas envie de mourir, mais nos chances étaient effectivement de plus en plus minces. Mais nous devrons faire attention, car si nous nous ratons, nous serons torturées et sacrifiées au bout du compte de toute façon. Mais si nous attendons à la dernière minute et que nous réussissons à gâcher l’ascension de la petite drow… L’air de déception sur son visage serait une assez grande satisfaction avant de mourir. La situation est vraiment grave, pour que je considère sérieusement de mettre fin à mes jours. Je préférerais en effet me suicider plutôt que de me faire sacrifier pour une telle cause, mais je ne veux pas mourir… Muuu… Il y a tant de choses que je n’ai pas vues ou faites. Et je ne voudrais pas que mes parents se demandent éternellement ce que je suis devenue. Et aussi… surtout, je veux revoir François. Je ne veux pas croire que j’ai vécu tout ce que j’ai vécu avec lui pour rien. Je veux le revoir, apprendre à mieux le connaître et vraiment sortir avec lui. S’il y a quelqu’un là-haut qui veille sur moi, si je ne peux être sauvée au moins, protégez François et veillez à ce qu’il s’en sorte.

lundi 24 novembre 2008

Entry 19

Je sais, c'est court, mais à partir de maintenant, j'ai décidé de faire des blogs seulement quand il y a des trucs importants qui se passent (j'ai besoin de temps pour commencer à commencer à écrire les passés de mes futurs persos).

Cher journal,

Euh… Au secours? Être séparés de Quentin, Takeo et Sakurako aurait pu être passable, mais quand j’ai vu la grosse araignée s’avancer vers nous, j’ai commencé à avoir un mauvais pressentiment. Quand la grosse araignée a été assez près, j’ai constaté qu’il s’agissait en fait d’un drow, de la tête jusqu’à l’abdomen, et le reste du corps était une araignée. Les sept drows qui l’accompagnaient nous ont entourés. Muuu… Je la sens très mal celle-là. Celui qui semblait être le chef s’est avancé vers nous et nous a demandé ce que nous faisions avec des enfants drows. Maël a tenté de lui expliquer, mais le drow s’est mis à la frapper à chaque fois qu’elle disait quelque chose qui ne lui plaisait pas.

Nous n’avons finalement pas eu le choix de nous soumettre. Je ne sais pas pour les autres, mais moi je tiens trop à la vie pour essayer de me battre contre tous ces drows et surtout la grosse araignée. Nous nous sommes faits attacher ensemble (dans l’ordre : Maël, Kikuchi, moi) et nous nous sommes faits emmener. Les drows nous ont tous entourés, la grosse araignée se trouvant juste derrière moi. J’ai passé tout le trajet à lui jeter des coups d’œil. J’espère que ça ne mange pas d’elfe ce genre de créature.

On nous a fait zigzaguer d’un côté et de l’autre de la forêt jusqu’à ce que nous arrivions à un genre de gros terrier de lapin. Maël a agrandi le trou avec sa hache pour qu’elle puisse passer et nous sommes entrés. Nous avons parcouru des dédales de couloirs, de plus en plus bas sous terre jusqu’à ce que nous arrivions à un croisement. Kikuchi s’est fait détacher puis réattacher seul et il s’est fait emmener à droite. Maël et moi sommes allées vers la gauche. Après d’autres dédales de couloirs, nous avons fini par arriver à une pièce complètement vide. Nous avons été détachées et le drow qui était avec nous a eu l’air de nous demander de lever nos bras. Moi je comprenais seulement «Y veut une molière», mais avec les gestes qu’il faisait, il était évident que c’était ce qu’il voulait.

Mon mauvais pressentiment a alors pris beaucoup d’ampleur. Je crois que je savais ce qu’il voulait faire et je ne voulais absolument pas obtempérer (je crois que j’ai fait peur à Maël à force de dire «oh non, oh non»). Maël m’a dit de ne pas m’en faire, car s’ils faisaient ce qu’elle pensait qu’ils allaient faire, elle allait revirer berserk. Tant mieux si ça arrive. Oui, je pense que tu as raison Maël. Une fois toute cette histoire finie, nous serons définitivement plus proches. Deux autres drows sont arrivés et ils ont effectivement tenté de découper nos vêtements avec des dagues. Maël les a repoussés d’une claque et moi d’un coup de pied. Quand ils se sont rendus compte que nous refusions de leur obéir, un des drows est sorti. Quelques minutes plus tard, une drow avec des seins vraiment trop gros et qui n’avait absolument aucun sens de la décence est arrivée. Elle parlait un peu le commun et nous a demandé de nous déshabiller. Maël lui a dit que tant que les hommes seraient là, il n’était pas question que nous nous déshabillions, mais s’ils partaient… Euh… Est-ce que je peux protester? Je ne veux pas me déshabiller tout court.

La drow les a appelés des objets. Euh… Appelle-les comme tu veux, moi je ne me mets toute nue devant personne. Elle nous a donné un ultimatum de trois secondes. Comme nous n’avons pas réagi, elle a claqué des doigts et nos vêtements ont volé en petits morceaux tout autour de nous. J’ai aussitôt placé mes mains aux endroits stratégiques et je me suis mise à trembler. Oh mon dieu… La première fois que je me retrouve nue devant un homme et ce n’est pas un homme, mais deux et ce sont des drows. Ce n’était pas censé se passer comme ça… Non… Ils vont me violer, c’est sûr… Ma première fois va être… Non… Ce n’est pas comme ça que ça devait se passer. Ma première fois aurait dû être… Enfin, elle aurait pu être avec… J’espère qu’il voudra toujours de moi après ça.

dimanche 23 novembre 2008

Dictionnaire drow... vu par le groupe

DROW -> COMMUN

T'es le client -> Suivez-nous

Toi man là -> Donne tes mains

Tu m'énarves toé -> Quesse tu fais là?

Whoaaa! -> Aaaah! ou Criss j'ai mal!

Maya -> Attaque

Beuh!! -> Je suis mort

Awèye c long -> Plus haut les yeux

Aïe sur le nez -> Avancez

Daïzu -> Entrez

Y veut une molière -> Étendez vos bras

mardi 11 novembre 2008

Entry 17 et 18

Cher journal,

Les trois semaines de voyage se sont déroulées dans le plus grand calme. Comme je le lui avais demandé, Quentin est venue me trouver pour m’apprendre l’étiquette.

Toc, toc.

Quand j’ai ouvert la porte, j’ai eu l’agréable surprise de voir Quentin.
-C’est prêt, m’a-t-elle dit.
-C’est prêt…?
(Je me demandais bien de quoi elle pouvait parler.)
-Oui. À moins que vous ne vouliez apprendre ça en regardant dans un miroir?
-…Oh! Non.
(J’avais presqu’oublié que je lui avais demandé de m’apprendre l’étiquette. Ça n’avait pas eu l’air de lui tenter plus que ça quand je lui en avais fait la demande, alors je me disais qu’il fallait peut-être que j’oublie ça.)
-Alors on y va?
-Ok!
-Et… Biloss voudrait savoir si vous avez quelque à François…
Elle a fait une drôle de face en me demandant ça. Euh… Ça serait mal si j’avais quelque chose à François?
-Euh… Je vais vérifier…

J’ai fouillé dans mes affaires et tout ce que j’ai trouvé qui me reliait à François était la robe qu’il m’avait donnée avec le mot qui l’accompagnait «Se promener en ville avec des habits de voyage, c’est laid». Ce n’était pas très romantique, mais c’était tout de même écrit par lui alors ça me faisait plaisir de l’avoir en ma possession.
-J’ai ce mot écrit par lui, c’est tout. Tu crois qu’il va me le redonner après?
-Sans doute. Il faudra lui demander.
-Ok! On peut y aller!

Sur le pont, Quentin avait installé une table recouverte d’une nappe, avec dessus plusieurs ustensiles, assiettes, bols, verres… Euh… C’est quoi tout ça? Un de chaque c’est suffisant, non? Enfin… Je savais qu’il pouvait y en avoir quelques exemplaires de chaque, mais à ce point-là? Et c’est censé être juste la base de l’étiquette?
-Supposez que je suis un homme, m’a dit Quentin.
-…D’accord.
-Quand vous êtes avec un homme, vous ne devez pas vous assoir. Vous le laissez tirer votre chaise.
-D’accord.
Elle a tiré ma chaise et je me suis assise.
-Et vous ne devez pas rapprocher votre chaise de la table. Vous le laissez faire.
-Ok.
Elle a eu un peu de difficulté à pousser ma chaise alors j’ai essayé de lui faciliter la tâche en me levant de quelques centimètres.

Je m’attendais à des tâches plutôt simples, mais ce que Quentin me montra fut plutôt compliqué. Elle m’expliqua dans quel ordre il fallait se servir des ustensiles, avec quels couverts, avec quels verres… Une fourchette, un couteau, une cuillère, une assiette, un bol et un verre. Il me semble que ça serait suffisant, non? Je suis toute mélangée…
-Vous allez vous en sortir? m’a demandé Quentin.
-…Je crois. Ça va juste me prendre du temps.
(Ça a l’air compliqué maintenant, mais je sais qu’avec un peu de pratique j’arriverai à me souvenir de tout.)
-On continuera demain.
-Ok.
-Et on a trois semaines de voyage. À moins que vous ne vouliez qu’apprendre les manières de table?
-Je prendrai tout ce que tu voudras m’apprendre.
(Tu es assez gentille pour prendre de ton temps pour m’apprendre tout ça, alors si tu es prête à m’en apprendre plus, je ne dirai pas non.)
-Il y a différentes manières de saluer, de tousser, la danse…
-…Il y a différentes manières de tousser?
-C’est une façon de parler.
(Et moi qui étais en train de me dire que si on toussait de telle manière ça pouvait être pris comme une insulte.)
-…Ok. Comme je t’ai dit, je vais prendre tout ce que tu voudras m’apprendre.
-Quand je ne serai pas occupée à m’assoir dans le cercle de Biloss…
-…Hein?
-C’est ce qu’il a dessiné là-bas. C’est pour retrouver François.
-…OK.

Après cette première leçon, je suis allée voir Biloss pour lui montrer le mot que François m’avait écrit.
-Ça pourrait être utile? lui aie-je demandé.
-En fait, je me rends compte que je n’étais pas sur le bon chemin, alors je vais essayer autre chose.
-Si jamais tu en as besoin, tu pourras me le redonner après?
-Bien sûr. Il va juste être un peu froissé.
-Pas de problème! Et je voulais te dire que je t’appuie entièrement dans ta démarche.
-Je dois comprendre que tu veux beaucoup retrouver François.
-…Ben quoi?
(C’est vrai… Ma remarque manquait peut-être un peu de naturel, mais je tiens beaucoup à François et j’ai vraiment très hâte de le retrouver.)

Je n’ai finalement pas eu beaucoup de temps libre, étant avec Quentin le plus souvent. En plus de tous les petits détails relatifs à l’étiquette, Quentin m’a montré les bases de la danse. Je dois avouer que j’étais un peu craintive face à ça, mes compétences en la matière étant relativement nulles.
-Vous savez danser au moins? m’a demandé Quentin.
-Euh… Et bien… J’ai quelques bases que ton frère m’a apprises, mais c’est tout.
-…D’accord.
(Désolée. Je dois paraître un peu pathétique, non? Une noble qui ne connaît pas l’étiquette et qui ne sait pas danser… C’est pour ça que je veux me reprendre. Comme ça, je saurai me conduire peu importe les circonstances… et je ne ferai pas honte à François quand nous sortirons ensemble…)

Quentin a été une professeure des plus patientes, m’expliquant et me répétant gentiment si nécessaire comment je devais me placer, comment je devais bouger… Ça a été plutôt agréable en fin de compte. Ça a plus été une activité qu’une leçon. C’est fou comment notre état d’esprit peut changer notre perception d’une situation. Quand j’étais chez moi, je fuyais ces leçons comme la peste parce que je m’y sentais obligée par mes parents. Mais là, je le fais parce que je le veux bien et je trouve ça plutôt amusant. Nous avons été rejoints quelques fois dans nos leçons de danse par Biloss et Sakurako. Comme Sakurako était trop petite pour Biloss, nous avons fait un échange de partenaire. Biloss s’en est plutôt bien tiré. Après une de ces leçons, Sakurako m’a demandé si je pouvais transformer ma boucle d’oreille en dragon, car elle voulait lui parler. J’ai donc demandé au dragon de se matérialiser devant nous, ce qu’il a fait aussitôt. Il était toujours aussi mignon. Quand on lui grattait derrière les oreilles ou qu’on lui patait la tête, il se frottait contre nous comme un gros chat. Il était mignon, mais il s’exprimait de façon plutôt étrange.

Quand Sakurako lui a demandé comme il avait manipulé l’eau lors de notre combat, il s’est entêté à dire que ce n’était pas lui qui avait agi et il me regardait ensuite.
-Hein? Moi? Je n’ai pas ce pouvoir-là…
-Mais c’était toi!
-…Avec toi.
-Oui!
Quand Sakurako lui a demandé comment il avait fait, il n’a pas répondu. Quand je lui ai demandé la même chose, il m’a répondu qu’il pouvait le faire, mais qu’il ne le ferait pas. C’est comme s’il était non pas stupide, mais qu’il commençait une idée sans la terminer. Mais il est mignon, alors je lui pardonne. J’aurais préféré qu’il redevienne une boucle d’oreille une fois la discussion terminée, mais il n’a pas voulu. J’espère que Takeo ne nous en voudra pas… En tout cas, il devrait s’en rendre compte bien assez tôt, surtout avec les «Takeooooo» que le petit dragon se faisait un plaisir de dire.

Toujours sous la direction de Quentin, j’ai dansé plusieurs fois avec Biloss. Quant à Sakurako, elle s’est une fois jointe à nous avec le dragon pour partenaire. C’était assez fascinant (et perturbant) de voir le dragon la diriger comme s’il connaissait tous les pas de danse à la perfection. Quentin a aussi initié Kikuchi aux danses de notre monde. Le petit dragon étant toujours là, il s’est amusé à dire «Kikuchiiiii» et «Bilooossss». Ce n’était pas aussi amusant que «Takeooooo», mais tout de même.

J’ai aussi eu l’occasion de passer un peu de temps en tête à tête avec Sakurako, à nous brosser les cheveux et à nous faire des tresses. J’ai alors eu l’idée d’aller rendre visite à Quentin. Avec la vie qu’elle menait, je ne crois pas qu’elle avait eu souvent l’occasion de faire ce genre de choses avec des amies de filles. Quand elle a ouvert sa porte, elle a regardé les brosses et les rubans sans comprendre. Quand elle nous a dit qu’elle n’avait jamais passé de tels moments, je n’ai pas été surprise. Je ne sais pas si ça a eu l’occasion de nous rapprocher, mais je me suis beaucoup amusée. Les talents artistiques de Quentin laissaient parfois à désirer, mais elle nous a expliqué que c’était parce que c’était son frère qui s’occupait de ce genre de choses habituellement. Ça, ça m’a surprise, car François ne m’avait pas semblé très doué non plus pour faire des tresses. Parlant de François, Sakurako a profité de l’occasion pour redire qu’elle ne l’appréciait pas beaucoup parce qu’il était beaucoup «moi, moi, moi». Euh… Je ne trouve pas, non. Il peut se montrer très attentionné. Quentin a d’ailleurs dit que ce que son frère désirait, c’était s’établir et avoir des enfants, s’il trouvait la bonne personne. Je ne sais pas si c’est moi qu’elle visait par cette remarque, mais ça m’a gênée. C’est parce qu’on n’est pas encore rendus là… Sakurako et moi avons aussi perturbé Quentin quand nous lui avons appris que nous étions parties de chez nous et que nos parents étaient toujours en vie. Notre décision a dû lui paraître bien égoïste, elle qui donnerait sans doute n’importe quoi pour que ses parents soient toujours de ce monde. Je n’ai pas expliqué pourquoi j’étais partie, mais Sakurako a fini par le faire. Ses parents avaient voulu la forcer à se marier alors elle s’était enfuie. Ça peut expliquer pourquoi elle détonne autant avec le décor.

Au bout de trois semaines, le toujours soûl capitaine nous a dit que nous étions arrivés à destination. Enfin, façon de parler, car nous nous trouvions aux pieds des montagnes dans lesquelles se trouvaient notre destination finale ainsi que la ville des deux petits drows, qui était sur le chemin. Notre première tâche était donc d’aller les reconduire. Je dois avouer que ça ne me tentait pas du tout. Moi, une elfe, dans une ville de drows? Non, merci. Le plus loin possible je pourrai être de cet endroit, le mieux je me porterai. Quand nous nous sommes mis en route, c’était l’aube et il y avait beaucoup de brume. Biloss a demandé au dragon s’il pouvait enlever la brume avec mon aide.
-Peut-être!
-Tu pourrais le faire, s’il te plaît? lui aie-je demandé.
-Peut-être!
-Ok…Qu’est-ce que tu voudrais en échange?
-Une faveur en réserve!
-Euh… Je ne crois pas que ce soit une bonne idée…
(M’embarquer dans ce genre de transaction serait beaucoup trop risqué.)
-Alors je ne peux pas? m’a-t-il demandé.
Il m’a fait l’attaque ultime des yeux de chien battu et je me suis sentie incapable de lui résister.
-Oh… Ok! Mais je ne tue personne!
-Non, non!

Il s’est éloigné un peu et à travers la brume, nous avons vu une forme grossir puis rapetisser et le brouillard autour de nous s’est dispersé. J’étais très contente qu’il nous donne ce coup de main, mais j’espère seulement que je ne me suis pas embarquée dans quelque chose que je vais regretter. À la prochaine pause, je pense que je vais clarifier les choses avec lui, pour être certaine qu’il n’y aura pas de malentendu. Je ne tue personne, je n’aide pas de façon directe ou indirecte à tuer quelqu’un et je me refuse à faire du mal à mes compagnons, surtout à François et à Quentin. Sur le chemin menant jusqu’à la montagne, j’ai entendu Maël expliquer à Sakurako les rudiments du pistage. C’est un sujet qui ne m’intéresse pas vraiment, même si je sais qu’il peut être utile, mais quand je l’ai entendu dire que ces grosses marques sur les parois devraient lui mettre la puce à l’oreille et que ce n’était pas normal d’entendre un chant de hibou comme nous étions en plein jour, je me suis mise à chanter pour booster mes compagnons. Arrivés aux pieds des montagnes, une créature que je n’avais jamais vue auparavant est apparue devant nous. Elle (il?) avait des ailes, un bec et quatre pattes avec des griffes qui me semblaient assez acérées. Elle (il?) nous a dit que l’accès aux montagnes était interdit. Si nous voulions passer, nous n’aurions donc pas le choix de nous battre. Pourquoi est-ce que le drapeau blanc ne fonctionne jamais?

mardi 28 octobre 2008

Entry 16

Cher journal,

L’odeur bizarre a fini par disparaître et l’arbre s’est desséché. Pour le plus grand malheur de Biloss, qui aurait bien voulu ramener une preuve matérielle de notre succès au seigneur McGregor. Mais comme Takeo lui a dit à quelques reprises, il devra se contenter de notre parole. Il me semble un homme très gentil et très bon, alors je crois bien qu’il nous croira sur parole quand nous lui raconterons notre histoire. Quentin a donné des potions à Takeo et à Abigail, très doucement au premier et sans ménagement à la deuxième. Quentin était blessée et ne semblait pas s’en préoccuper alors je l’ai healée. Le chemin du retour fut plutôt pénible pour moi et pour les trois autres personnes (Maël, Takeo, Abigail) qui étaient empoisonnées. Je titubais, j’avais chaud et j’avais des nausées.

Quand nous sommes arrivés à l’extrémité de la barrière, j’ai eu envie de courir pour hugger le serviteur qui nous attendait. Quand il nous a vus, il est parti en courant vers le château.
-…
Takeo semblait perplexe face à sa réaction.
-Il est sans doute parti chercher le seigneur pour qu’il fasse «click».
-Pfft!
Quentin trouvait mon explication plutôt drôle.
-Quoi? C’est vrai!
«Click» n’est pas un terme adéquat? «Sésame ouvre-toi» aurait été plus approprié?

Le seigneur est arrivé plutôt rapidement et il nous a ouvert la barrière.
-Je voudrais entendre votre histoire, nous a-t-il dit, mais pardonnez-moi, vous avez tous une mine affreuse. Je vais attendre que vous soyez soignés.
-Pas besoin d’être soignés pour raconter une histoire, lui a répondu Takeo.
-Ça me rassurerait, lui a dit le seigneur. Pépé va vous conduire à l’infirmerie. J’ai un invité et je vous rejoins.
Nous sommes allés à l’infirmerie et nous avons tous été soignés. Nous avons également reçu une potion antipoison. Elle était d’un joli bleu, mais son goût laissait beaucoup à désirer. Du coin de l’œil, j’ai vu Quentin jeter la sienne dans une plante et faire semblant de la boire.
-Et bien, aie-je commenté, on est sûrs que la plante ne sera pas empoisonnée.
Pourquoi ne pas avoir tout simplement dit que tu n’étais pas empoisonnée et que tu n’avais pas besoin de potion? À quoi ça t’a servi de faire semblant?

Une fois que tout le monde fut remis sur pied, plantes et humanoïdes compris, Pépé est revenu.
-Le seigneur ne peut pas être avec vous tout de suite, nous a-t-il dit, car il a un invité. Il m’a chargé de vous dire que vous pouvez faire le tour du château pour choisir ce que vous voulez pour vous faire dédommager. Vous pourrez lui dire à la réunion.
-Un bain ça serait bien, a dit Maël.
-Vous désirez tous un bain…? Nous a demandé Pépé.
-Oui.
De l’eau chaude et du savon… Ça sera le paradis…

Nous avons tous été conduits à des chambres avec des bains chauds et fumants. Moi je me suis hâtée de me laver et je suis restée dans l’eau à me prélasser le plus longtemps possible. Quand je suis sortie, la peau de mes doigts était complètement ridée. Il y avait une éternité que je ne m’étais pas offert un moment de détente comme ça. Je me suis changée et quand je suis sortie, un serviteur m’attendait devant la porte.
-Bonjour!
-Bonjour!
Ok… il doit attendre que je lui dise ce que je voudrais comme dédommagement. Euh… Je crois que je préférerais encore de l’argent, alors pour passer le temps jusqu’à la réunion…
-Vous pourriez m’emmener à la bibliothèque?
-Bien sûr!
J’aurais pu faire une tentative moi-même, mais je n’y serais jamais arrivée.

Je n’avais pas remarqué la dernière fois à quel point il y avait beaucoup de livres. Ouh… Si je n’avais pas une mission à accomplir, je crois que je demanderais au seigneur de m’engager comme aide-bibliothécaire. Cet endroit est parfait pour moi. Ajoutez des Harlequin et ça serait le paradis.
-Ça vous ennuie si je fais le tour? Aie-je demandé au serviteur.
-Pas du tout! Prenez votre temps!
Je me suis promenée entre les rayons, effleurant doucement les reliures des livres. Histoire, religion, cuisine… Il semblait y avoir de tout (sauf des Harlequin). Au détour d’une rangée, j’ai aperçu Quentin qui était assise plus loin dans un fauteuil de lecture, avec un énorme livre. Je me suis approchée et je me suis penchée par-dessus son épaule pour voir ce qu’elle lisait avec tant de concentration. Il s’agissait d’un livre d’histoire écrit en sylvestre, qui parlait entre autre de la grande guerre qui s’était déroulée il y a vingt ans.

Avant qu’elle ne se retourne et ait une crise cardiaque en me voyant, je l’ai saluée.
-Salut!
-Salut!
-…Écoute, aie-je commencé, si tu as un peu de temps, tu pourrais m’apprendre un peu d’étiquette?
-…Quelques notions de base, mais je doute que ça soit utile à votre univers.
-Mon univers?
-…Vous êtes noble.
-Pour l’instant, mon univers est le tien et celui de tout le monde.
-C’est un fait. Mais pourquoi vous voulez savoir ça?
-…J’ai un peu skippé mes cours d’étiquette dans le temps…
(Et comme tu sembles être connaisseuse en la matière, je me dis que ça ne pourrait pas me faire de tort d’en savoir le plus possible. Comme ça, je serai plus sûre de ne pas faire de bêtises la prochaine fois que nous rencontrerons un seigneur.)
-D’accord, mais je ne sais que ce que mes parents m’ont appris.
-Ça serait quand même bien.
-Et bien je suppose que ça pourra vous servir quand vous retournerez à votre vie d’avant.
-Comme a souvent dit ton frère : vous avez été vus avec nous! Vous allez mourir!
-Il y aurait une solution…
-Une solution?
-Et bien, si vous restez avec nous, vous allez être tuée. Si vous retournez à votre vie d’avant, vous allez être tuée parce que vous avez été vue avec nous. Mais si je disparaissais…
-Euh…
-Ou si j’étais tuée… Ou si j’étais enlevée comme mon frère…
-On irait te chercher comme ton frère! En tout cas, moi j’irais…

Pourquoi tu souris? C’est amusant ce que je dis?
-…Je peux vous poser une question personnelle?
-…Bien sûr.
-Hypothétiquement, pas nécessairement avec mon frère, mais… Un jour, vous voulez vous marier et avoir des enfants?
-…Je suppose…
-C’est bien.
(Ce n’est pas dans mes plans d’avenir immédiats, mais si je trouve l’homme qui me convient…)
-Bon… Je vais te laisser…
Je suis retournée me promener. Je ne vais pas lui mettre de pression et je ne voudrais surtout pas qu’elle pense que je veux passer du temps avec elle pour scorer des points auprès de son frère. Je suis certaine que ça ferait plaisir à François qu’on s’entende bien, mais ce qui me motive vraiment, c’est que je la trouve sympathique. Je pense qu’on pourrait bien s’entendre (j’aimerais beaucoup en tout cas). Et elle me semble plutôt seule. Je voudrais juste combler sa solitude, non pas par pitié, mais… J’aimerais lui montrer le monde à travers mes yeux, lui donner un peu d’espoir… Et je dois avouer que moi aussi je suis un peu seule. J’ai laissé derrière moi tous les amis que je pouvais avoir. Plaisanter, rire, papoter avec une amie… I’d like to have that again.

Mais ce que j’aimerais par-dessus tout en ce moment, c’est retrouver François et commencer véritablement à sortir avec lui. Parce que là, il n’est mon petit ami que dans les mots et pas dans les faits. Je m’ennuie beaucoup de lui, mais je m’inquiète encore plus. J’espère qu’ils ne lui feront pas de mal. Si jamais ils osaient… Je crois que pour la première fois de ma vie je me fâcherais vraiment et je foncerais dans le tas. Comme pour s’accorder à mon humeur, le sol s’est mis à trembler et une explosion s’est fait entendre. Ça m’a non intriguée, mais surtout inquiétée. J’ai donc couru jusqu’au lieu du désastre. Tout le monde avait eu la même idée. Des objets étaient tombés un peu partout dans la pièce en question et un elfe aux cheveux noirs était étendu par terre, inconscient. Des serviteurs nous ont cependant dit qu’Abigail et la pixie s’étaient aussi trouvées dans la pièce. Mais d’elles, il n’y avait aucune trace nulle part. J’aurais dû me douter qu’Abigail était derrière tout ça. Il n’y a qu’elle pour foutre le bordel comme ça.

Dès que le seigneur est arrivé sur les lieux, l’elfe a été transporté à l’infirmerie. Quant à nous, nous étions prêts à raconter notre histoire.
-Pardonnez-moi, nous a dit le seigneur, mais vous ne vous inquiétez pas pour votre compagne?
-À vrai dire, on s’en fout, lui a répondu Quentin.
-…Très bien.
Il nous a donc emmenés dans son bureau et nous lui avons raconté en détail tout ce qui s’était passé. Le seigneur nous a écoutés avec tant d’attention, les sparkles brillant dans ses yeux que c’en était mignon. Il a bu chacune de nos paroles, encore plus quand nous racontions les moments plus dangereux : moi qui me faisais entraîner sous terre, Maël et Sakurako qui m’ont suivie, les bibittes mauves, l’arbre qui a failli nous manger, moi qui parlait à ma boucle d’oreille… Le seigneur McGregor avait l’air d’un jeune garçon qui adorait les récits d’aventures. Ses yeux nous disaient «Encore! Plus de détails!». Il fut un auditeur très attentif.

Par la suite, il nous a remis la power source (Takeo l’a prise) et il nous a demandé ce que nous voulions comme dédommagement. Chacun a demandé quelque chose de différent : Takeo ne voulait rien, Sakurako voulaient des potions alors le seigneur lui a fait une lettre cachetée à donner au propriétaire du magasin de potions, Maël voulait qu’ils s’occupent de son cheval, Biloss voulait de l’argent en échange des tissus qu’il avait dans son sac, mais il n’a accepté que la valeur exacte des tissus. Quand le seigneur s’est tourné vers moi, je me suis sentie gênée de lui demander quoi que ce soit. Il s’était montré si gentil et accueillant envers nous.
-…Je pense que de l’argent serait ce qu’il y a de plus pratique, mais après votre accueil, je me sentirais gênée de vous en demander…
-Accepteriez-vous la part qu’il n’a pas prise? M’a-t-il demandé, en pointant Biloss.
(…Mais ça fait 50 po?)
-C’est très généreux de votre part, merci.

J’aurais bien voulu aller magasiner tout de suite, mais Sakurako préférait passer la nuit ici et repartir demain. J’ai dormi dans un lit si confortable que je n’ai pas eu envie de me lever le lendemain matin. Une fois tout le monde debout et rassasié, nous avons dit au revoir au seigneur (je l’ai remercié une autre fois pour son hospitalité) et nous sommes partis en ville. Au magasin de potions, Sakurako a fait une véritable razzia. Je ne sais pas ce que la lettre du seigneur disait, mais elle a pu prendre tout ce qu’elle voulait. Je crois qu’elle a vidé au complet le stock de potions rouges, elfiques et antipoison. Nous avons ensuite traversé la rue pour aller au magasin général. Pendant que tout le monde faisait ses achats, j’ai traîné Quentin à l’écart.
-Il y a un problème? M’a-t-elle demandé.
-Euh, non. Je voudrais juste savoir ce que ton frère aimerait.
-Ce qu’il aimerait? La paix, s’établir…
-Euh… ça ne s’achète pas ça.
-Il fallait être plus précise. Faites-vous jolie, ça lui fera plaisir.
-…Je crois que j’ai quelque chose pour ça dans mon sac.
(Mais je ne me sens pas prête à les utiliser.)
-C’est bien.
-…
(Mais quand même, juste ça? Il n’y aurait pas quelque chose de plus tangible que je pourrais lui donner?)
-Si vous lui achetez un vêtement ou une arme, ça va l’insultez.
-…D’accord.
(Je ne pensais pas qu’il était vieux jeu. Une chance que j’ai demandé à Quentin avant.)
-Et puis de toute façon, si vous lui achetez quelque chose, vous risquez de le briser ou de le perdre d’ici à ce qu’on le retrouve.
-…C’est un fait.
-Alors sérieusement, faites-vous jolie, restez en santé, ne perdez pas de morceaux. Ça, ça lui fera plaisir.
-D’accord, merci.

Me faire jolie? Je suppose que je pourrais m’acheter une jolie robe avec des souliers assortis et quand je le retrouverai, je m’habillerai comme ça et on pourrait sortir? Si c’est ce qui lui fait plaisir… Mais avant tout, direction Harlequin. J’étais due pour m’acheter une nouveau livre. Je me suis laissée tenter par un mauve parce que je n’en avais jamais lu. Mais ils avaient l’air un peu plus osés que les autres, alors ça m’a gênée d’en prendre un. Je l’ai donc serré contre moi et j’ai couru dans la rangée des robes. Bon… Quelque chose de mignon qui plaira à François… Pourquoi pas celle-là? Elle était à peu près bleue comme mes yeux, avec des bretelles, un petit décolleté et elle n’était pas trop courte (en haut des genoux). J’ai pu facilement trouver des souliers qui allaient avec. J’espère qu’il aimera. Je suis allée prendre quelques rations et j’ai payé le tout.

Quand nous sommes retournés au airship, nous avons trouvé le bateau repatché avec les moyens du bord et le capitaine soûl (encore) avec une douzaine de bouteilles à côté de lui. Il les sort d’où? Ça n’a pas eu l’air de plaire beaucoup à Maël. Elle saura s’en occuper. Si j’ai bien compris, nous en avions pour trois semaines jusqu’à ce que nous arrivions à Tashkali. Je me demande comment je vais passer le temps? Il va y avoir les cours d’étiquette avec Quentin (si elle veut bien m’en donner), des pratiques de violon et de chant, de la lecture… Il faudra aussi que je m’entraîne avec mes armes. Comme ça, quand on retrouvera François, je serai prête à me battre. J’espère juste ne pas arriver trop tard…

mercredi 15 octobre 2008

Entry 14 et 15

J’avais fait ma proposition à Quentin, mais elle n’est pas venue me voir. Tant pis. J’aurais bien aimé passer un peu de temps en sa compagnie et faire un peu plus ample connaissance avec elle, mais je n’allais quand même pas lui courir après pour ça. Elle sait où je suis alors si elle désire vraiment une compagne de boisson ou une présence amicale tout court, elle me fera signe. Le seul échange que j’ai eu avec elle c’est quand je l’ai croisée dans le couloir et que je lui ai redonné son Harlequin. François m’avait bien dit qu’il s’agissait d’un prêt, alors pour une fois que je pensais à le lui redonner…
-Oh, merci.
-De rien. J’en ai d’autres, si jamais tu as envie d’en lire d’autres…
-D’accord, merci… Vous savez où est la chambre de Takeo?
-…Non, désolée.

Elle a facilement réussi à trouver sa chambre sans mon aide. Quand Takeo lui a répondu, elle a ouvert la porte.
-Si je ne ressors pas, m’a-t-elle dit, continuez tout droit.
-…
(Quoi? C’était quoi ça? Euh… Est-ce que je dois la prendre au sérieux ou…? Je sais bien que Takeo ne recherche pas la compagnie des gens, mais de là à croire qu’il tuerait ceux qui vont le voir dans sa chambre…)

Les cinq jours suivants se sont déroulés dans le plus grand calme. J’ai passé une partie de mon temps sur le pont à prendre l’air ou encore à jouer du violon. Tout le monde semblait occupé un peu partout : Biloss apprenait à piloter avec le capitaine soûlon, Maël s’entraînait, Sakurako était avec sa licorne, Takeo dans sa chambre, Quentin semblait avoir disparu de la surface de la terre (si elle ne veut pas me voir, je suppose qu’elle ne veut vraiment pas me parler) et je ne pense pas avoir grand-chose en commun avec Kikuchi, alors… Il n’était surtout pas question que je passe du temps avec Abigail. Quand je me trouvais avec elle, exemple en situation de crise, son côté sympathique me revenait et j’avais tendance à oublier tout ce qui s’était passé. Je m’entends super bien avec elle, mais ensuite je me rappelle qu’elle a essayé de tuer François, auquel je me suis beaucoup attachée. Je ne peux pas dire que je la déteste. Je ne sais pas si je pourrai un jour détester quelqu’un (quoique les gens de Cirqui, je crois que je pourrais y arriver sans trop d’efforts), mais je ne peux pas oublier ce qu’elle a fait. Dieu sait de quoi d’autre elle est capable.

Quand je n’étais pas sur le pont, j’étais dans ma chambre, à penser à lui. J’avais beau garder un visage positif, j’était quand même morte d’inquiétude. Ne pas savoir où il se trouvait, à quel point il était blessé… Sans aucun indice (à part que c’était les Cirqui qui l’avaient), je me sentais impuissante et je détestais ça. Je veux le revoir vivant, il le faut. Si jamais je devais le perdre maintenant…

Au bout du cinquième jour de voyage, le temps s’est corsé un peu. J’étais dans ma chambre, mais j’ai quand même senti les secousses. Intriguée, je suis sortie voir de quoi il en retournait et c’est là que j’ai pu constater l’ampleur de la situation. L’atmosphère était à la tempête. Il ventait et les gros nuages que l’on pouvait apercevoir droit devant n’annonçaient rien de bon. Mais ce qu’il y avait d’étrange était ce qui semblait se trouver derrière les nuages. Tout au loin, derrière ces nuages de tempête, il y avait une forme gigantesque de quelqu’un (ou quelque chose) avec des ailes. Ce quelqu’un a ensuite créé ce qui semblait être un portail (en tout cas c’était un gros truc rond avec des glyphs tout autour) et rien ne semblait pouvoir y empêcher notre passage. Plus nous nous rapprochions et plus le vent devenait fort, nous poussant plus en avant. Nous avons dû dire adieu au mât du bateau, qui a malheureusement rendu l’âme à cause de toutes ces turbulences.
Quand il est devenu évident que nous ne pouvions pas empêcher ce qui allait se produire, j’ai pris une corde qui pendait près de moi et je me la suis attachée autour de la taille. J’aurais peut-être moins de chance de passer par-dessus bord comme ça. Le choc du passage a été assez intense. Ça a beaucoup brassé et une fois de l’autre côté, le navire a piqué du nez à une très grande vitesse. Je me suis accrochée à ma corde et j’ai fermé les yeux. Il faut que je survive, il faut que je survive. Je veux le revoir… Ba-dang! Quand le airship a touché le sol, ma corde a lâché et j’ai effectué un vol plané jusque dans le mur le plus proche. Ow. Dès que j’ai été désencastrée, je suis partie à la recherche de Quentin. Elle était après tout ma belle-sœur alors je voulais essayer d’être là pour elle du mieux que je pouvais. J’ai fait le tour du airship, mais je ne l’ai pas trouvée. J’espère qu’elle est correcte et que je l’ai juste manquée. François en serait gravement affecté si quelque chose arrivait à sa sœur, autant que Quentin semble l’être n ce moment.

J’ai fini par retourner sur le pont. À part Kikuchi et Quentin qui avaient disparu, tout le monde semblait ok. Biloss était devenu un dragon à part entière et était en train d’enlever l’écorce d’un arbre. C’est peut-être pour remplacer le mât? Quand Takeo, frais comme une rose (comment il a fait?), est sorti à l’extérieur et qu’il a vu le dragon, il m’a demandé ce qui se passait. Passé le choc de «Takeo me parle?» je lui ai répondu le plus naturellement du monde que c’était Biloss. Il a eu l’air très étonné. Je l’aurais aussi été si je ne l’avais pas déjà vu se transformer en partie.

Entendant du bruit, j’ai décidé d’aller faire un tour dans la cabine de pilotage comme j’entendais des bruits suspects. C’était le capitaine, encore soûl, qui gossait après des tas de vis et de boulons. Abigail m’a rejoint et il nous a dit qu’il fallait revisser tout ça (j’ai l’air de savoir comment faire?), mais que sans une power source nous ne pourrions aller nulle part de toute façon. Il s’est ensuite écroulé par terre, soûl mort. Ok… Il carbure à ça ou quoi? Je n’avais aucune envie de remettre toutes ces vis n’importe comment alors j’ai abandonné Abigail à la tâche. Quand j’ai raconté aux autres ce qui venait de se passer, Maël a filé droit dans la cabine. Je pense qu’elle n’apprécie pas que le capitaine ait toujours une bouteille à la main. Je n’apprécie pas non plus d’ailleurs.

Tout le monde a fini par se regrouper. Maël avait fini par trouver Quentin, qui était relativement ok. J’ai aidé à m’occuper de ses blessures puis j’ai donné un coup de main pour remettre en place les membres de Kikuchi qui formaient des angles un peu trop anormaux. Quelqu’un avait aperçu ce qui semblait être un village plus au loin. Nous n’avions d’autre choix que de nous y diriger. Avec un peu de chance, nous y trouverions les vis et boulons et power source qui nous manquaient. Il fallait les trouver sinon nous resterions pris ici pour un long moment et nous ne pouvions pas nous le permettre. En tout cas moi je ne le pouvais pas. J’avais quelqu’un à retrouver.

Au village, Altaïr pour être plus précise (Euh, qu’est-ce qu’on fait ici? On est dans la direction diamétralement opposée à celle qu’on avait prise au départ?), Biloss a acheté les vis et boulons qui manquaient. Quelqu’un nous a dit que nous pourrions trouver des power source dans la mine qui se trouvait derrière le château, mais qu’il faudrait d’abord demander la permission au seigneur, car une barrière magique en empêchait l’accès. Au château on nous a dit qu’il était trop tard pour parler au seigneur McGregor alors nous avons demandé asile pour la nuit. Nous avons dormi dans une salle commune.

Le lendemain matin, après avoir déjeuné, des serviteurs nous ont dit que le temps que le seigneur se lève et déjeune, nous étions libre de nous promener dans le château, dans les limites du raisonnable. Maël, Quentin, Abigaïl et Sakurako sont allées à la bibliothèque. Je dois avouer que j’ai été tentée d’y aller aussi-la bibliothèque d’un château ne pouvant qu’être très intéressante-mais j’avais plutôt envie de me trouver un petit coin tranquille dans le jardin et de jouer un peu de violon. La musique avait toujours été une thérapie très efficace pour moi. J’ai donc accompagné Biloss et Takeo à l’extérieur. Le jardin n’était pas extrêmement grand, mais il était très joli. Je me suis séparée des autres pour trouver un coin avec un banc où je ne risquais pas d’être dérangée. Je me suis assise et j’ai commencé à jouer. Je m’étais auto-motivée à me remonter le moral, mais sans même m’en rendre compte, des notes tristes sont sorties de mon instrument. J’avais beau essayer de rester forte et positive, j’étais quand même terriblement inquiète pour François. Ne pas savoir où il était, ne pas savoir dans quel état il se trouvait… Le fait de ne pas savoir me tuait. Please be okay. I’m coming to get you, so hold on.

Un serviteur est venu me trouver alors que je recommençais la mélodie pour la x-ième fois.
-Le maître va être prêt à vous recevoir.
Il est ensuite parti, sans me laisser le temps de lui répondre. Ben là… Il m’a plantée là…
-Jolie musique, m’a dit quelqu’un.
Je me suis retournée vers la voix et j’ai vu un vieil homme qui était accoté sur un arbre. Il est là depuis longtemps?
-Merci.
-Vous semblez avoir un souci.
-Oui. Le serviteur m’a plantée là.
-Et…?
-Nous devons rencontrer le maître du château et je n’ai aucune idée où. Et comme je n’ai aucun sens de l’orientation… Vous ne sauriez pas où c’est?
-Je ne pourrais le dire… Peut-être la bibliothèque…?
-Vous savez où c’est?
-Bien sûr.
Il m’a tendu son bras, que j’ai pris et qu’il a ensuite tapoté.
-J’y place souvent des livres.
Il travaille à la bibliothèque? En tout cas, qui qu’il soit, il est très sympathique.

Quand nous sommes arrivés à la bibliothèque, tout le monde y était déjà. Un serviteur s’est avancé vers le vieil homme et lui a dit en s’inclinant que tout le monde était là. Et merde. Le vieil homme ce n’est pas le bibliothécaire, c’est le seigneur du château. Qu’est-ce qu’il va penser de moi? Je ne me suis pas présentée et je ne lui ai même pas demandé son nom. Même si j’ignorais à ce moment-là qu’il était le seigneur, ce n’est pas très poli de ma part. Il doit se dire que je suis une fille avec de très mauvaises manières. Je me suis peut-être toujours échappée de mes cours d’étiquette, mais je sais quand même qu’il y a certaines règles à respecter en présence d’un seigneur (exemple : s’incliner). Il doit vraiment me trouver très impolie. Le seigneur m’a guidée jusqu’à la table et a tiré ma chaise pour que je m’assois. Il n’est peut-être pas trop tard pour que je me reprenne…? Je l’ai remercié en lui souriant. C’est un bon début, enfin je crois…

Je me suis cependant un peu plantée juste après. Le thé nous a été servi et connaissant le goût de Sakurako pour les sucreries, je me suis empressée de prendre un biscuit avant qu’elle ne les mange tous. Quand j’ai vu la petite demander la permission au seigneur McGregor pour prendre un biscuit, j’ai juré intérieurement. J’aurais dû y penser. Il est assez gentil pour nous recevoir et nous offrir à boire et à manger et je ne lui demande même pas si je peux me servir avant de le faire. Tu fais vraiment dur Leila. Je n’aurais jamais cru un jour dire que je regrettais de m’être sauvée de mes cours d’étiquette. Je les trouvais profondément ennuyants, mais j’en aurais bien eu besoin aujourd’hui. Je pourrais peut-être demander à Quentin…? Elle a l’air de très bien s’en tirer alors elle accepterait peut-être de me montrer les bases de l’étiquette. Comme ça je pourrais passer un peu de temps avec celle qui est techniquement ma belle-sœur et peut-être apprendre à mieux la connaître. J’aimerais vraiment être son amie. Ou peut-être que je suis trop idéaliste pour elle? Ça pourrait expliquer pourquoi elle n’est pas venue me voir sur le airship. Mais si elle acceptait ne serait-ce que me montrer certaines choses, je suis certaine que François serait content de voir que j’essaie de bien m’entendre avec sa sœur. Et puis avec quelques notions d’étiquette, je serais sûre de ne pas lui faire honte quand nous sortirons ensemble.

Nous avons dit au seigneur que nous avions besoin d’une power source pour notre airship. Malheureusement, la mine était hors d’accès en ce moment, la forêt la précédant étant trop dangereuse. Le seigneur nous a expliqué que depuis quelques temps, des créatures enlevaient les villageois et on ne les revoyait plus jamais, d’où la barrière magique. Quelques chanceux avaient réussi à s’échapper et avaient pu raconter ce qui s’était passé. Le seigneur nous a dit que si nous réglions ce problème pour lui, il nous donnerait une power source pour notre vaisseau (il en avait à sa disposition) et comme les power source ne coûtaient pas très cher, il pourrait aussi nous dédommager.
-Votre accueil est amplement suffisant, lui a répondu Maël.
-Juste pour ça, j’insiste, lui a dit le seigneur.
Il a l’air vraiment gentil, comme le genre de grand-père qu’on aimerait avoir. S’il dit qu’il voudrait nous dédommager, moi je lui demanderais bien un peu d’argent (je commence à être à cours). Mais après la remarque de Maël, je me sentirais mal de lui en demander.

Le seigneur McGregor nous a aussi dit ne demandait pas de l’aide de l’extérieur normalement, mais que son aide n’était pas là en ce moment, des problèmes l’ayant rappelé chez lui. Notre arrivée était donc providentielle. Je pense qu’il s’attendait peut-être à ce que seuls les plus guerriers d’entre nous y aillent, mais nous avons tous décidé d’aller y jeter un coup d’œil. Sakurako n’était pas très chaude à l’idée de rencontrer des créatures qui enlevaient les gens de façon permanente, mais comme Maël lui a dit, si elle restait derrière, sa peur ne partirait pas et elle ne deviendrait pas plus forte.

Ceux qui avaient à se changer ou se laver l’ont fait (je me suis dit que ça ne servirait à rien de le faire étant donné qu’on allait se salir en se battant contre des créatures) et nous avons rejoint le seigneur McGregor. Nous nous sommes rendus jusqu’à l’orée de la forêt. Il a posé une amulette sur la barrière invisible se trouvant devant nous et une brèche s’est ouverte pour que nous puissions passer. Il la refermerait après notre départ et posterait ici un serviteur en permanence pour qu’il puisse être averti dès notre retour et revenir ouvrir la brèche.

C’est Maël (et son ombre Sakurako) qui a ouvert la marche tandis que moi j’étais à la toute fin. En fait, je devrais plutôt dire que c’était la hache de Maël qui nous taillait un chemin à travers la forêt de plus en plus dense. Les arbres étaient maintenant tellement rapprochés qu’on ne voyait à peu près plus le soleil à travers les branches. J’étais en train de me demander où pouvaient bien se cacher ces créatures quand quelque chose m’a agrippée par les deux chevilles et m’a tirée dans le sol à la vitesse de l’éclair. Je n’ai même pas eu le temps de me retenir à quelque chose ou d’appeler à l’aide.

Quand la chute s’est terminée, j’étais suspendue dans les airs dans un cocon de lianes. J’avais l’air d’être toujours à l’extérieur, mais je ne voyais pas le soleil. En bas il y avait plusieurs créatures et derrière moi, un gros arbre avec une bouche qui ne m’inspirait pas confiance du tout. Muuu. Pas question que je reste là moi! Mes mouvements étaient plutôt limités alors j’ai essayé de couper les lianes avec le bout d’un carreau d’arbalète. Mais à chaque liane que je coupais, d’autres venaient prendre la place. Il y en a finalement tellement eu que je n’ai plus pu bouger. Quand j’ai vu Maël et Sakurako arriver, elles aussi dans des cocons, je me suis dit que tout n’était peut-être pas perdu pour moi en fin de compte. Mais quand j’ai senti mon cocon se rapprocher de l’arbre et la bouche de ce dernier s’ouvrir de plus en plus grande, j’ai commencé à paniquer.
-Au secours… Au secours!
Maël a dirigé sa grosse hache vers moi et a coupé mon cocon. Je me suis ramassée par terre avec elle et Sakurako et cette dernière a fait une colonne d’eau autour de nous pour nous protéger des monstres. Seul point négatif, dans l’eau flottaient des os et des morceaux de chair des malheureuses victimes de ces créatures et/ou de l’arbre. L’odeur de pourriture était abominable. Comme je ne pouvais pas attaquer à cause du mur d’eau, je me suis mise à chanter pour nous booster. Au moins, quand un cocon s’est déplacé au-dessus de nous, j’ai pu me rendre utile. Je craignais qu’il ne s’agisse d’un des membres du groupe ou d’un pauvre villageois, mais ce n’était qu’un des monstres. J’ai pu mettre fin à ses souffrances assez rapidement.

Je me sentais vraiment inutile de ne faire que chanter et de ne pas pouvoir attaquer. Un peu plus tard, j’ai eu l’occasion de remédier à la situation. J’ai eu l’idée de demander à ma boucle d’oreille/dragon s’il pouvait nous aider. Il ne pouvait pas faire de feu pour détruire l’arbre, mais quand je lui ai dit l’idée de Maël de noyer l’arbre, il m’a dit qu’il n’y avait pas de problème. Seulement, il y en a eu un. Toute l’eau qui nous protégeait s’est envolée et a foncé droit sur l’arbre, le healant par la même occasion. C’est grâce à ça que je me suis rendue compte que nos autres compagnons se trouvaient parmi nous. Je me suis rapidement confondue en excuses à tout le monde. Qu’est-ce qu’ils doivent penser de moi? Je me mets à parler à ma boucle d’oreille (assez intensément) et ensuite je soigne l’arbre. Et ça n’a pas été ma dernière bévue. Comme l’eau ne faisait rien à l’arbre, je me suis dit que je pourrais attaquer les monstres à la place. J’ai summoné des élémentals d’eau grâce au dragon. Un s’est occupé de ramener un Takeo inconscient vers nous et les quatre autres… ont healé les monstres. Je m’excuse!! J’espère qu’ils ne m’en voudront pas trop. Heureusement, ça n’a pas eu d’incidence grave sur l’issue du combat. L’arbre s’est fait couper en deux et dès qu’il est mort, les monstres qui restaient sont tombés comme des mouches. J’espère que ça veut dire que tout est terminé ici. Je souhaite que ce soit le cas, parce que plusieurs sont blessés et/ou empoisonnés et comme on ignore si ce poison est fort et que personne n’est équipé pour le soigner de toute façon (enfin je crois), il vaudrait mieux retourner au château… C’est par où la sortie?

dimanche 28 septembre 2008

Niaiseries

  • Attaque anti-arcadien: Lancer un gâteau à l'adversaire et lui sauter ensuite dessus avec un sac sans fond.

  • Synonyme #1 de «on est dans la merde»: Quand on est dans la pisse jusqu'au cou et que de la merde va nous tomber dessus, qu'est-ce qui est le mieux: se cacher dans la pisse ou attendre que la merde nous tombe dessus?

  • Synonyme #2 de «on est dans la merde»: On se noie dans les conséquences d'une diarrhée.

Entry 13

Cher journal,

De retour à l’auberge, je me suis empressée de demander un bain dans ma chambre. J’ai cependant dû me dépêcher, car Georgette est entrée dans ma chambre sans cogner et m’a dit que si je ne payais pas pour une autre nuit, je devrais être partie dans vingt minutes. Je ne l’ai pas payée, car je voulais consulter Quentin avant de prendre une décision. J’ai donc dû me contenter d’une toilette sommaire, parce que je voulais aussi laver et réparer mon linge. Je me suis changée, j’ai mis mon linge lavé dans mon sac (je le ferais bien sécher plus tard) et je suis partie voir Quentin.

Toc, toc.

-Qui est-ce?
-C’est moi!
-Une minute!
Elle m’a ouvert la porte et je suis entrée.
-Tu as eu des nouvelles de ton frère?
-Non.
-Tu crois qu’on devrait l’attendre ici ou aller au port?
-Je crois qu’il a peut-être laissé un mot ici.
-Peut-être. Euh… Je voulais aussi te dire que si tu avais envie de boire avec quelqu’un, j’étais là… J’ai vu que tu avais aussi pris des bouteilles de vin.
-Elles sont pour mon frère.
-Ok, mais quand même, si tu as envie de boire avec quelqu’un…
-Pourquoi vous voulez boire?
-…À cause de tout ce qui s’est passé.
-Ok. Vous savez si les autres ont payé leurs chambres?
-Je ne sais pas.
-Ça serait un gaspillage d’argent comme on est censé avoir un airship.
-C’est un fait.
-Vous pourriez avertir les autres?
-Bien sûr!
-…Demandez à Biloss d’aller voir Takeo. Il sera moins enclin à tuer un homme.
-…D’accord…
-Je vais aller voir si mon frère a laissé un mot.
-Ok!

J’ai croisé Maël et Sakurako dans le couloir et je leur ai expliqué la situation. Sakurako m’a demandé si je croyais qu’elle pourrait obtenir un remboursement pour sa chambre qu’elle avait déjà payée. Euh… Avec l’aubergiste, il y aurait peut-être des chances. Mais en s’adressant à Georgette, je ne parierais pas là-dessus. À la première porte où j’ai cogné, je n’ai pas obtenu de réponse. À la deuxième, une voix que j’ai reconnue comme étant celle de Georgette m’a répondu que c’était occupé. Ok… Je crois que je préfère ne pas insister. J’ai ensuite parlé à Takeo (je ne comprends pas pourquoi Quentin se faisait du souci à propos de lui) et je suis retournée à la première porte. Une Abigail toute endormie m’a répondu. Je lui ai dit la même chose qu’à tout le monde et je me suis ensuite risquée à retourner à la deuxième porte.
-Entrez! a crié Biloss.
J’ai ouvert la porte et je suis tombée sur un spectacle aussi inoubliable qu’horrifiant : Biloss était en train de se laver les mains et Georgette remontait une bretelle de sa robe. Oh mon dieu… Je ne veux tellement pas savoir ce qui s’est passé ici… Je sens que je vais être malade… D’un ton monocorde, blanche comme un drap, j’ai expliqué la situation à Biloss. Après le départ de Georgette, il m’a healée. Ça m’a fait le plus grand bien, car j’avais encore plusieurs blessures ici et là.

Après que je l’aie remercié, nous avons entendu du bruit en bas. Quand nous sommes descendus, nous avons vu deux femmes qui pointaient leurs armes devant Quentin. Georgette était cachée entre deux tables et son mari était accroupi derrière son comptoir. Il n’arrêtait pas de répéter «pas content, pas content du tout». Nous n’avions aucune intention de les laisser s’emparer de Quentin, alors nous sommes tous intervenus. Takeo s’est avancé vers les deux femmes, mais il y en a une qui a disparu. Maël, Sakurako et moi nous sommes positionnées autour de Quentin. En plus, Maël a fait tourner ses haches tout autour comme une barrière. Fait plutôt intéressant, Abigail semblait connaître les deux femmes. Pitié, ne me dites pas qu’elle est de ligue avec elles?
-Elles veulent quoi? aie-je demandé à Quentin.
-La même chose que tous les autres : me tuer!
Il était impossible pour moi de combattre une ennemie invisible, alors j’ai fait tout ce que je pouvais faire : demeurer près de Quentin et rester sur mes gardes le plus possible. Je n’ai quand même pas pu empêcher quelque chose de me piquer l’épaule et mon bras s’est engourdi. J’ai enlevé la source de mon malaise avec mon bras gauche, mais mon bras droit était tout de même inutilisable pour l’instant.

J’étais en train de regarder tout autour de moi quand quelque chose d’invisible m’a saisie par les chevilles et je suis tombée par face contre terre. Je me suis ensuite fait tirer vers l’extérieur de la barrière de protection érigée par Maël. J’aurais été capturée si Quentin ne m’avait pas retenue. Je me suis finalement libérée en me débattant (ce n’est pas évident du tout de se battre contre quelque chose d’invisible) et j’ai atterri sur Quentin qui était toujours en train de me tirer. Vu la manière dont les choses se déroulaient, Quentin avait bien envie de partir seule, mais nous n’avions aucune envie de la laisser faire. Comme je lui ai dit, son frère et elle passaient leur temps à dire que nous allions nous faire tuer parce que nous avions été vus avec eux. Alors si nous suivons leur raisonnement, que nous la laissions partir seule ou pas ne changera rien à la situation n’est-ce pas? Mais avant de partir, il fallait rassembler tout le monde. Takeo était tombé alors Maël l’a amené jusqu’à nous avec son vent. Biloss s’est ensuite transformé en… ça ressemblait à un dragon (il avait des cornes, des ailes et une queue de dragon) et il a pris Takeo en poche de patate. Quentin s’est chargée de la réveiller avec une potion, mais dès qu’il a ouvert les yeux, il est retourné se battre.

Maël, Sakurako, Biloss et moi sommes sortis par la porte de derrière. Biloss s’est envolé et le restant d’entre nous avons erré sans but dans un dédale de ruelles (aucune n’avait le sens de l’orientation et aucune ne savait où se trouvait le port). En tournant un coin de rue, nous avons aperçu plus loin un carrosse très richement arrangé. Parce que François me l’avait décrit, j’ai reconnu le crest de Cirqui. Nous avons toutes freiné sec et nous avons fait demi-tour. Sur la place publique, Biloss nous a rejointes et il traînait François avec lui. Maël lui a expliqué rapidement ce qui s’était passé à l’auberge.
-Alors go! me suis-je exclamée. Airship! Cirqui!
-Vous ne savez pas où est le airship? nous a demandé François.
(Euh, je suis censée de savoir ça comment?)
-Moi je le savais, lui a répondu Biloss, mais je me suis dit que ça irait plus vite si j’allais te chercher.
Dès que Quentin a vu son frère, elle s’est jetée dans ses bras. Moi aussi j’aimerais me faire hugger par François… Rourou…

Je m’étais imaginé dans mon utopie que nos retrouvailles se passeraient comme un charme : nous l’aurions retrouvé sur le airship, j’aurais été contente de le voir, il aurait été content de me voir, il aurait chanté pour moi… Tous ces rêves, toutes ces belles illusions se sont écroulées en quelques secondes. J’ai vu François ouvrir grand ses yeux de surprise, puis un filet de sang couler de sa bouche. J’ai ensuite remarqué le bout de lame qui dépassait de Quentin. Mon cœur n’a fait qu’un tour. Non… Pas François… J’ai tout de suite couru vers lui pour lui porter secours, car il n’était pas en état de s’occuper de ses blessures avec sa sœur inconsciente dans les bras, surtout pas avec notre adversaire invisible qui était revenue dans les parages. Heureusement, Biloss, toujours sous sa forme dragon, a réussi à s’en emparer et elle est redevenue visible. Mais comme si ce n’était assez, un autre adversaire est apparu derrière François. Maël a bien tenté de s’interposer entre les deux, mais le type l’a fait revoler dans le décor rien qu’en faisant un petit signe de la main. Je ne suis peut-être qu’une faible barde, mais il n’est pas question que je laisse qui que ce soit, aussi puissant soit-il, s’en prendre à mon petit ami. J’ai donc pris la place de Maël entre les deux et j’ai pointé mon arbalète sur lui.
-Tsk, tsk, tsk, a-t-il simplement dit.
Il a bougé son doigt et j’ai effectué un vol plané en direction opposée à Maël. Le gars en a profité pour mettre François inconscient et disparaître avec lui. Mon cœur s’est encore plus serré. Non… Je viens à peine de le rencontrer, je ne veux pas le perdre déjà…

Ce n’était cependant pas le temps de m’apitoyer sur la situation, car Quentin avait grand besoin de soins. Maël et moi sommes tout de suite allées vers elle pour la soigner. Biloss nous a lancé le sac de Quentin et pendant que je cherchais des potions, Maël a tenté de faire parler notre prisonnière, secondée par Sakurako qui a lancé un ice spike dans la cuisse de la femme (cette enfant commence vraiment à faire peur). Je dois avouer que j’ai écouté d’une oreille très discrète, occupée comme j’étais à vouloir sauver la vie de Quentin. Je me souviens avoir entendu la femme dire qu’elle et son amie travaillaient pour les dieux, mais sans plus. Maël a finalement mis un terme à son existence en rentrant dans son corps, directement au niveau de son cœur, des lames très acérées. Elle les a ensuite twistées et les a ressorties du corps, arrachant le cœur par la même occasion. Ew… Si je n’étais pas aussi inquiète pour François, je pense que j’en serais malade. Pendant son massacre, j’avais trouvé une potion rouge dans le sac de Quentin et je la lui ai donnée. Toutes ses blessures ont instantanément disparues et elle s’est réveillée après quelques claques au visage.

Sans lui expliquer la situation, Biloss lui a demandé de sauter dans son sac sans fond pour se cacher. Après quelques instants d’hésitation, elle l’a fait, juste au moment ou l’amie arcadienne de l’autre se jetait sur nous pour venger son amie et s’emparer de Quentin. Maël s’est fait complètement jutée alors je me suis occupée de stabiliser les saignements. Pendant ce temps, Biloss était tombée dans les pommes. Euh… La guerrière et le prêtre sont à terre, la mage se bave dessus depuis un moment… Je suis toute seule là? Je savais bien que je n’avais aucune chance contre cette guerrière alors je me suis dit que la seule chose que je pouvais faire c’était d’essayer de sauver Quentin. J’ai réussi à m’emparer du sac sans fond avant elle et j’allais me sauver quand la licorne de Sakurako est arrivée. What the fuck? Qu’est-ce qu’elle fait ici? Elle s’est arrêtée devant l’arcadienne et a semblé communiquer avec elle par la pensée. Quand elle s’est penchée vers le cadavre de l’autre, je n’ai même pas attendu pour voir ce qu’elle allait faire. Tout ce que je pouvais faire c’était sauver Quentin, sauver Quentin pour que nous puissions secourir son frère ensemble.

J’ai couru le plus loin possible et j’ai fait sortir Quentin du sac. En pleine panique, j’ai fait une tentative vraiment poche de lui expliquer la situation.
-Où est mon frère?
-Euh… Un gars aux cheveux mauves l’a enlevé…
-…Quoi?
Quand je lui ai fait une description détaillée de l’homme en question, elle est devenue blanche comme un drap.
-…Je suis désolée! J’ai essayé de m’interposer entre les deux, mais il m’a fait revoler plus loin en bougeant son doigt!
-…Il est sans doute mort.
-..Non! Il faut garder espoir!
-Il s’est fait prendre par Cirqui! Vous pensez vraiment qu’ils vont le garder en vie?
-Il faut espérer!
-Continuez donc de vivre dans votre monde en dentelles!
-Euh… non! Où tu vas?
-Sur la place publique.
-Euh… non!

Je ne sais pas trop ce qui est passé par sa tête, mais elle semblait avoir changé du tout au tout. Elle avait un air froid, voire evil sur le visage. Euh… elle n’avait pas l’air de désirer ma présence plus que ça, mais je l’ai quand même suivie. C’est quand même la sœur de mon petit ami, alors si je peux lui être utile d’une quelconque façon, je ferai tout mon possible. Nous avons retrouvé les autres et quand Quentin a vu Abigail, elle s’est jetée dessus en lui demandant où était son frère. Abigail n’arrêtait pas de dire qu’elle l’ignorait.
-Ah oui? lui a répliqué Quentin.
Elle a sorti des poches d’Abigail un feuille de papier pliée en deux.
-C’est quoi? lui aie-je demandé.
-Elle l’avait depuis le début, m’a répondu Quentin.
J’ai déplié la feuille et j’ai lu à mi-voix ce qu’elle contenait. C’était un genre de sauf-conduit délivré par Cirqui.
-…Salope!
Désolée, c’est sorti tout seul. Et moi qui pensais qu’elle était peut-être en train de se racheter. Je pense que je ne referai plus cette erreur.

Quentin a rappelé à Abigail qu’elle restait en vie uniquement pour nous aider à retrouver François et nous sommes partis pour le port. Quentin a réussi à trouver le bon airship du premier coup.
-Comment tu as fait? lui a demandé Biloss.
-…
Elle a sorti une feuille de sa poche. François lui avait bel et bien laissé un mot à l’auberge. Muuu… Il faut le retrouver…
-Il était temps! nous a crié une petite voix tandis que nous montions à bord.
Non, pitié… Tout, mais pas elle… C’était bel et bien la petite drow qui nous attendait avec son suiveux.
-J’ai faim! s’est-elle plainte.
C’est un crime de jeter une drow par-dessus le bord d’un airship? Ou alors nous pourrions attendre d’être rendus au-dessus de sa ville et la lancer, en espérant qu’elle atterrisse saine et sauve? Quentin l’a prise dans ses bras.
-Une elfe qui ose me toucher? s’est-elle plainte.
Quentin lui a jeté un regard qui l’a fait taire instantanément.
-Du lait, des biscuits, ta gueule!
-…Ok, lui a répondu la drow d’une petite voix.
Quentin a ramené les deux petits à l’intérieur et je suis restée sur le pont à regarder dans la direction où elle était partie la bouche grande ouverte. Je te vénère Quentin. Comment tu as réussi cet exploit? J’étais si impressionnée que j’avais envie de courir après elle et de me prosterner devant elle.
Mais il valait mieux que je lui laisse un peu de temps. Je vais la laisser s’occuper des enfants et j’irai la voir après… pour lui parler, pas pour me prosterner devant elle. Biloss et Maël sont partis à la recherche d’un capitaine (étant donné que nous avions perdu le nôtre. Muuu…) et Abigail et moi sommes restées sur le pont à marcher d’un bout à l’autre, en nous évitant soigneusement. Pris le ciel qu’on retrouve François en un seul morceau Abigail, sinon… C’est finalement Maël qui a trouvé un pilote… mais il avait l’air complètement soûl. Euh… D’accord… En autant qu’il ne soit pas dans cet état-là quand il conduira le airship. C’est après son arrivée que je me suis décidée à aller voir Quentin.

Toc, toc.

-Qui est-ce?
-C’est moi!
-Entrez!
Elle était assise sur son lit. Elle n’avait plus l’air evil, mais seulement… détachée de tout.
-Écoute, aie-je commencé, tu as dit que je vivais dans mon monde de dentelles et tu n’as peut-être pas tort, mais je veux retrouver ton frère autant que toi. C’est pour ça que je ne veux pas m’imaginer qu’il est mort.
-Ça va. Avec ce que Maël m’a expliqué, je sais qu’il doit être toujours en vie.
-…Bien! Écoute, je suis peut-être juste une petite barde, mais si je peux faire quoi que ce soit pour t’aider, tu me le diras, ok? Tu peux compter sur moi!
-…Je suis désolée. À force d’être centrée sur ma petite personne, j’avais oublié que vous aviez quelque chose pour mon frère…
-…C’est très possible.
(Ça reste encore à définir clairement, mais je tiens beaucoup à lui.)
-Et je voulais aussi te dire… Mon offre de boire avec toi tient toujours, alors si tu en as envie, je vais être dans la chambre juste à côté.
-D’accord.

Je l’ai laissée et je me suis installée dans la chambre juste à côté. J’ai étendu mes vêtements mouillés comme je le pouvais et je me suis couchée en petite boule sur mon lit. S’il te plaît, tient le coup François. Nous allons te retrouver… Je vais te retrouver… Muuu… Je ne veux pas m’imaginer que je te perds déjà, ça serait beaucoup trop injuste. Ne t’en fais pas, je ne suis peut-être qu’une faible barde, mais je ferai tout ce que je peux pour te retrouver! Voir que je vais laisser quelqu’un s’en prendre à mon petit ami!

Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion.

samedi 27 septembre 2008

Entry 12

La game de lundi passé en très résumé. Oui, des fois ça m'arrive.

Cher journal,

J’ai sincèrement pensé que j’allais mourir. Après tout, comment aurions-nous pu nous en sortir? Ils étaient beaucoup trop nombreux. Je me suis tout de même battue du mieux que je le pouvais. Il n’était pas question que je reste là à ne rien faire et je n’allais quand même pas me sauver. J’ai réussi à blesser assez gravement un des gardes qui m’attaquaient. Je n’aimais pas particulièrement faire couler le sang, mais si je pouvais le blesser assez pour le mettre inconscient ensuite, ça serait parfait. J’ai réussi à le fasciner pour qu’il arrête de m’attaquer et je me suis tournée vers l’autre, que j’ai réussi à amocher, mais que Biloss a achevé. J’ai essayé d’assommer le survivant qui tentait de s’enfuir, mais je n’ai réussi qu’à m’ouvrir le bras avec mon arbalète. Ça c’était vraiment pathétique. J’ai honte de moi-même. Le reste du groupe semblait très bien s’en tirer. Maël en a même fait exploser un et le sang a revolé sur tout le monde. Ew. C’est Sakurako qui a achevé le dernier. Je n’en reviens pas à quel point personne ne semble éprouver de problème à enlever la vie. Même la petite Sakurako le fait. Est-ce qu’il y aurait donc juste moi qui aurais encore des relents de conscience?

Le combat étant terminé, j’ai bandé ma blessure tout en m’assurant que les autres allaient bien. Dieu merci, tout le monde était vivant. La blessure la plus grave était celle d’Abigail, qui s’était cassé la jambe, mais sa jambe a été replacée (ouch) et son healing d’arcadienne a fait le reste. Sans nous attendre, Maël est partie de l’avant, Sakurako la suivant de près. Après que nous ayons réveillé Biloss qui méditait, tout le monde l’a finalement suivie, sauf Takeo qui est parti de son côté. Euh… Un plan? Une stratégie? Est-ce que je suis toute seule à penser que c’est une mauvaise idée de partir à l’aventure dans cet endroit sans que l’on planifie le moindrement nos mouvements? Apparemment, Abigail semblait être la seule à être de mon avis. Nous avons donc suivi les autres de loin, cachées dans l’ombre. Abigail avait aussi réussi à se déplacer silencieusement, mais comme je ne possédais aucune compétence particulière dans ce domaine, elle m’a prise dans ses bras.

Nous sommes arrivées dans une salle avec des herbes très hautes. Ça ressemblait à un genre de jardin. On pouvait d’ailleurs apercevoir plusieurs légumes qui poussaient ici et là. En avançant, nous avons vu Maël rebrousser chemin et s’en venir vers nous. Et elle marchait plutôt bizarrement.
-Qu’est-ce qu’elle fait? m’a demandé Abigail.
-Je ne sais pas…
-C’est parce qu’on vous voit! Nous a dit Maël. Haha!
Elle est ensuite repartie dans l’autre direction. P’tite conne! Ça ne se fait pas de se moquer de ses compagnons comme ça! Je lui ai lancé une roche, mais c’est Biloss qui l’a reçue à sa place. Désolée Biloss. Comme ça ne servait plus à rien de marcher silencieusement, Abigail m’a déposée par terre. Pendant ce temps, Maël avait fait peur aux deux gardes qui se trouvaient à l’extrémité de la pièce pour qu’ils corrigent le plan que nous avions. Elle les a ensuite assommés et Abigail est restée derrière pour les looter.

Moi j’ai suivi de loin le reste du groupe qui était parti de l’avant. Nous sommes arrivés dans une très grande pièce où il y avait environ trente gardes. Parmi tous ces adversaires, j’ai distingué un tas de cheveux roux avec du sang. Et merde! Takeo! Je n’ai pas eu le temps de me rendre jusqu’à lui, car le combat a commencé. Maël a fait revoler une vingtaine de gars dans le mur avec du vent et Sakurako a fait un mur d’eau devant eux. Moi je n’ai pas réussi grand-chose dans ce combat à part à me faire amocher au point de tomber par terre et de ne plus pouvoir bouger. J’étais toujours consciente, mais la douleur m’empêchait de bouger. J’ai entendu les combats se poursuivre pendant un moment sans pouvoir dire qui gagnait. Quand tout s’est finalement terminé, quelqu’un d’invisible m’a donné une potion pour me remettre sur pied. J’ai supposé qu’il s’agissait de Quentin, car elle était la seule qui possédait ce genre d’habileté. Désolée Abigail, mais tu n’es vraiment pas douée pour te cacher dans l’ombre. Quand je me suis relevée, j’ai vu pleins de cadavres partout et du sang à perte de vue. Ew! Comment vous faites? Je ne pense pas que je réussirai jamais à m’habituer à ce genre de choses.

Encore une fois, tout le monde est parti d’un côté et de l’autre. Euh… Il ne faudrait pas faire un plan avant de se séparer?
-Si tu ne veux pas venir, tu n’as qu’à rester ici! m’a répliqué Maël.
-…
Ben là… Tu es donc ben bête avec moi ce soir. Tout ce que je voudrais c’est qu’on reste groupés et qu’on élabore un semblant de stratégie. Est-ce que c’est si mal de vouloir quelque chose d’aussi simple? Pourquoi tout le monde est si «taïo» dans ce groupe? Je ne savais vraiment plus quoi faire, alors j’ai regardé tout le monde s’éloigner. J’ai pris quelques grandes inspirations pour me calmer et j’ai décidé de laisser le hasard décider de la direction que je prendrais. Am stram gram… Je vais donc suivre Takeo et Quentin. Takeo n’a pas eu l’air d’être très content de me voir.
-Je ne savais pas où aller, lui aie-je expliqué, alors j’ai fait «am stram gram» pour savoir dans quelle direction aller.
-Am stram gram?
-Tu n’as jamais joué quand tu étais petit?
-Écoute, si je savais c’était quoi «am stram gram»…
-Am stram gram, pic et pic et colégram, bour et bour et ratatam, am stram gram.
J’ai joint le geste à la parole pour qu’il comprenne ce que j’avais fait. Je crois qu’il a compris, mais il a eu l’air de trouver ça bizarre.

Peu m’importe qu’il me trouve bizarre ou qu’il ne veuille pas de ma présence parce que moi je reste ici. Je ne saurais dire exactement par où nous sommes passés, car je me suis sentie perdue après quelques tournants. Tout ce qui s’est passé d’important dans notre périple, c’est que nous sommes tombés sur une salle où il y semblait y avoir une vingtaine de gardes, mais dieu merci Takeo a eu assez de bon sens pour ne pas y entrer. Le moins nous aurons d’affrontements jusqu’à ce que nous sortions d’ici et mieux ce sera. Près de cette salle, il y avait un entrepôt qui avait l’air rempli de différents tissus. Nous sommes aussi passés au travers d’un potager semblable à celui que nous avions vu un peu plus tôt. Les deux gardes qui s’y trouvaient étaient tellement cons qu’ils ont cru que Takeo était un nouveau.
-C’est qui la poulette avec toi? lui ont-ils demandé.
-Je pense qu’ils parlent de toi, m’a chuchoté Quentin.
(Ça je l’avais compris.)
-Tu partages? lui ont-ils demandé.
Muuu… Je me suis rapprochée de Takeo, ce qu’il n’a pas apprécié, mais tant pis.
-Mais c’est qu’elle est possessive! ont commenté les deux gardes.
Je ne suis pas possessive, je tiens tout simplement à ma vertu. Avec un autre je me serais peut-être montrée possessive, mais il n’est pas ici en ce moment…

Un peu plus tard, nous avons retrouvé les autres. Quand Biloss a su pour l’entrepôt, il a voulu y aller. Takeo n’avait aucune envie de lui montrer le chemin alors Quentin et moi l’avons accompagné. Pendant qu’ils remplissaient le sac sans fond de Biloss de tissu, moi j’ai fait le tour de l’entrepôt en espérant trouver des bouteilles de vin. J’en ai pris deux et Quentin m’a suivie de près en en prenant trois. Je crois que je ne serais pas la seule à boire ce soir pour oublier tous ces événements. Quand tout le monde fut de nouveau réuni, nous sommes partis en direction du hangar. Une partie des enfants, des femmes et des bébés avaient déjà été sauvés, mais il fallait s’occuper de ceux qui restaient avant que l’endroit ne soit complètement vidé. Malheureusement, quand nous sommes arrivés il n’y avait plus rien, ni airship, ni personne, rien du tout. Je suppose que ça veut dire que notre «mission» ici est terminée et qu’il faut maintenant sortir d’ici. Pendant le chemin du retour, j’ai royalement pété ma coche contre Takeo, ou plutôt contre la discussion qu’il y avait concernant Takeo et la fée qu’il traîne partout avec lui. Ce n’était rien de grave, juste des niaiseries, mais je n’ai pas pu m’empêcher de leur crier haut et fort d’arrêter de dire des stupidités et d’avancer. Takeo m’a répondu sèchement qu’ils étaient déjà en train de marcher. Je n’arrive pas à croire que je me suis conduite comme ça... Je n’en avais pas après lui, mais j’ai été tellement dépassée par les événements qu’il a fallu que je passe ma frustration sur quelqu’un et il s’est avéré que ce quelqu’un était Takeo. Je vais vraiment devoir aller m’excuser auprès de lui.

mercredi 10 septembre 2008

Entry 11

Cher journal,

J’ai pris quelques instants pour me calmer et quand j’ai senti que mes joues n’étaient plus chaudes j’ai recommencé à marcher. Quand j’ai tourné le coin, il n’y avait aucune trace de François. Est-ce que j’ai pris tant de temps que ça à reprendre mes esprits? François n’était pas non plus dans l’auberge, en tout cas je ne l’ai pas vu. Maël, Sakurako, Abigail et les trois enfants étaient en train de manger. J’ai décidé de me joindre à eux. Les trois chibis m’ont regardée avec des grands yeux quand je me suis assise. On s’est déjà vus ce matin alors quoi? J’ai quelque chose sur le visage?

Ça aurait été des instants très agréables si la petite drow ne s’était pas montrée le bout du nez. Est-ce que tous les drows chialent toujours dès qu’ils se lèvent?
-Je me suis réveillée avec juste un suiveux! J’exige que quelqu’un aille le chercher!
-Ben vas-y, go! lui aie-je répondu.
-…Je ne t’ai pas parlé, race inférieure!
-Oh non, je suis une race inférieure!
(Je comprends qu’un drow n’aime pas un elfe et vice versa, mais de là à dire qu’une race ou une autre est inférieure…)
C’est finalement le petit drow qui est allé chercher Kikuchi (il prenait son bain). J’espère que les enfants ne l’ont pas trop maltraité ce matin. Je me sens un peu désolée de l’avoir laissé là, mais pas beaucoup. J’avais vraiment envie de passer du temps avec François. Nous n’aurions jamais été tranquilles avec les enfants et nous n’aurions jamais pu… nous embrasser de cette façon devant eux. Rourou… Je me demande où il est passé…

Il fallait maintenant ramener le petit elfe chez lui. C’était le seul des cinq enfants qui habitait dans cette ville. Maël l’a pris dans ses bras et nous nous apprêtions à sortir quand Quentin et Takeo sont arrivés. Les enfants avaient l’air d’avoir peur de ce dernier. Il a cependant réussi à les amadouer avec des gâteaux au chocolat. Dieu merci il avait pensé à en prendre pour Sakurako parce que je crois qu’elle était prête à en voler un (ou plus qu’un) aux enfants. C’est finalement seulement Takeo qui a ramené le chibi elfe chez lui. En son absence, la petite drow s’est remise à chialer. Assommez-là quelqu’un… Sinon c’est moi qui vais finir par le faire… Je suis désolée, c’est une enfant et je ne devrais pas penser comme ça, mais c’est plus fort que moi. J’aurais envie de lui taper dessus pour qu’elle se taise.

J’ai finalement décidé de sortir avant de commettre un infanticide. Reste zen Leila… Ce n’est pas ton genre de t’énerver comme ça. Tu es une personne calme et réfléchie alors prend de grandes inspirations et tout va bien aller… Seigneur… Je pense que je ne m’étais pas énervée autant depuis avant mon départ de ma ville. J’en avais tellement assez des prétendants que mes parents me présentaient que j’étais en train de me rebeller. Je sais que les gens pourraient avoir de la difficulté à m’imaginer avec un caractère, mais je jure que quand la nécessité s’en fait sentir, je peux vraiment me fâcher. Je sais, c’est presque aussi idiot que quand je dis que je suis evil, mais ça peut tout de même arriver en de très rares occasions.
Je suis allée m’assoir sur le banc qu’il y avait devant l’auberge et j’ai vu du coin de l’œil Takeo qui revenait, seul. Le petit elfe est donc en sureté. Tant mieux. Tout va bien Leila. La vie est belle… Les oiseaux chantent… Sakurako sort de l’auberge avec les deux petits humains… Huh?
-Ils font quoi là? lui aie-je demandé.
-Ils sont en méga plan!
Elle a bouché les oreilles d’un des enfants.
-Bouche les oreilles de l’autre! m’a-t-elle demandé.
Je le jure, cette petite a tout un caractère. Je me suis empressée de faire ce qu’elle me demandait avant qu’elle ne se fâche. Je n’aurais pas trop envie de voir ça.
-C’était rendu… trop! Ils ont été assez traumatisés comme ça!
(Je comprends. Ce qui était en train de se discuter n’était pas pour des oreilles d’enfants. Ces pauvres petits n’avaient pas besoin d’entendre parler de batailles, de morts ou de sang. Nous ne voudrions surtout pas les ramener à leurs parents complètement traumatisés de la vie.)
-Tu as bien fait! aie-je dit à Sakurako.
-Fiou!
(Elle a semblé soulagée que je sois de son avis. Comment je pourrais ne pas l’être? Tu voulais juste les protéger.)

Nous avons enlevé nos mains des oreilles des deux enfants, qui nous regardaient avec des points d’interrogation au-dessus de leurs têtes.
-Qu’est-ce qui se passe? a demandé le garçon.
-Je ne sais pas, lui a répondu la fillette, mais elle, elle fait des drôles de faces!
(Ça c’est vrai. Sakurako est très expressive du visage et dans ses gestes quand elle parle.)
La situation s’étant calmée, J’ai sorti mon petit sac de rubans de mon sac à dos et j’ai déposé les rubans à côté de moi sur le banc. Je n’aurai sans doute pas d’autres occasions d’accomplir cette tâche alors vaut mieux en profiter maintenant… avant qu’il ne revienne à l’auberge. La fillette s’est placée devant moi et m’a regardée avec des grands yeux pleins de sparkles. Il aurait été difficile de manquer cette demande silencieuse qu’elle me faisait.
-Tu veux m’aider? Il faut séparer les rubans roses du reste!
Elle ne se l’est pas fait demander deux fois. Elle a semblé très heureuse de me donner un coup de main. Quelle fillette n’aurait pas aimé s’amuser avec des rubans de toute façon?
-Hé! C’est parce qu’elle t’aide, mais elle s’aide aussi! est intervenue Sakurako. Si tu veux des rubans, tu peux le demander à Leila! Et moi je pourrais te brosser les cheveux et te faire des tresses?

Nous aurions pu lui proposer de l’or et je ne pense pas que ç aurait fait une différence. Elle était aux anges, mais le garçon.
-Oh non… Je retourne en-dedans avec les hommes!
(Réaction typique d’un garçon.)
Une fois entre filles, nous avons entrepris de coiffer la fillette. Nous lui avons fait deux tresses. Je lui ai refilé deux rubans roses. Elle était contente et moi ça m’en faisais deux de moins. Maintenant, qu’est-ce que je vais faire avec les autres…? Il a fallu que François revienne à l’auberge à ce moment-là. Rourou…
-Tiens, des rubans roses, a-t-il commenté.
«Quand tu parles de ruban rose, ça me fait fantasmer». Au souvenir de cette phrase, je me suis tout de suite mise à rougir. Je ne voudrais pas qu’il s’imagine des choses parce qu’il y a un tas de rubans roses à côté de moi.
-Euh, non…
J’ai (pas subtilement du tout) tassé les rubans compromettants et je les ai jetés dans mon sac à dos. François m’a souris.
-J’ai dû halluciner alors. Ça arrive aux hommes parfois…
Je n’ai pas pu m’empêcher de rougir encore. C’est juste qu’il y avait ce petit quelque chose dans sa voix que j’aimais et qui me faisait tant d’effet. Rourou…

Il est rentré dans l’auberge et nous l’avons suivi de peu. Il est monté directement en haut, mais nous sommes restés en bas pour nous joindre au plan. Une partie du groupe irait dans l’autre ville pour ramener les deux humains chez eux. Et on dirait que nous allions être pris avec les deux drows plus longtemps, car ils habitaient dans les montagnes et voulaient absolument retourner chez eux. Moi j’aurais plutôt été d’avis qu’on les laisse dans la ville d’à-côté (c’est une ville d’humains et de drows après tout). Takeo, Quentin et Kikuchi ramèneraient les deux humains. Ça ne me posait aucun problème parce que je n’avais pas l’intention de mettre les pieds dans un endroit rempli de drows. Ça me mettait un peu mal à l’aise. De ce côté-ci, nous allions attendre leur signal (une explosion, super subtil) avant d’entrer.

Tout semblant s’être dit, je suis montée à l’étage pour dire au revoir à François. Ça me redonnerait du courage de le voir (et peut-être de l’embrasser…) avant de partir, car je n’avais pas un super bon feeling à propos de tout ça. C’est juste qu’il me semble que notre plan n’est pas assez… complet? Ça ne me dérange pas de marcher dans l’inconnu avec François, mais dans ce cas-ci je n’aimais pas vraiment.

Toc, toc.

François m’a tout de suite ouvert.
-Je voulais juste te dire au revoir. On s’apprête à partir.
-D’accord. Tu leur diras qu’ils attendent tous soit à l’auberge ou soit au port, parce que le bateau ne sera pas aux deux endroits!
-Ok.
-Et j’allais oublier…
Il m’a tirée dans la chambre par le poignet, a refermé la porte de son autre main pour finalement me plaquer contre le mur en me tenant par les deux épaules. Cette fois-ci, je n’ai pas perdu mon temps à penser à lui demander ce qu’il avait en tête, car je le savais très bien. Il a plaqué sa bouche sur la miennes et m’a frenchée. Ce n’était pas un petit french kiss qui donnait des papillons dans l’estomac ou qui faisait rougir. C’était le genre de baiser qui donnait des étourdissements, des bouffées de chaleur et qui était surtout très enivrant. Je ne sais pas comment François s’y prend, mais à chaque fois qu’il m’embrasse (surtout de cette manière), je perds la capacité de penser et mon corps réagit par lui-même. Peut-être que ce sont ses mains qui me serrent contre lui et m’empêchent de m’échapper, ou alors ses lèvres qui s’emparent des miennes de façon si avide, ou peut-être sa langue qui caresse la mienne…?

C’était sans doute la combinaison de tout ça parce que j’avais envie qu’il me donne encore plus de tout. J’étais devenue insatiable. Jamais je ne m’étais sentie attirée par quelqu’un. J’ai cru que je l’étais envers Logan, mais je me rends compte aujourd’hui que je le trouvais à mon goût, sans plus. Avec François… Je frissonne rien qu’en pensant à lui alors quand il m’embrasse… ou qu’il me touche, je veux qu’il continue. J’étais aussi en train de perdre toute notion du temps alors quand sa bouche a finalement lâché la mienne, je n’aurais pas pu dire combien de temps il s’était écoulé depuis le début du baiser. Quelques secondes? Quelques minutes? Peu importe. Toujours collée contre lui, mes bras autour de son cou, je reprenais mon souffle. Mon regard passait de ses yeux à sa bouche et refaisait le chemin inverse. Je suis certaine que j’ai encore un peu de temps avant notre départ alors pourquoi pas un autre baiser…?

Quand il a relâché son étreinte, je l’ai retenu contre moi en m’agrippant par le col de son chandail.
-No, don’t stop… not yet…, lui aie-je murmuré.
J’ai levé ma tête vers la sienne et j’ai pris l’initiative du baiser. Je voulais goûter à ses lèvres. Jusqu’à présent, ça avait toujours été lui qui m’avait embrassée alors au moins cette fois-ci, je voulais savoir ce que ça faisait que d’embrasser quelqu’un et de le sentir s’abandonner à nous. Je l’ai d’abord embrassé lentement, tout doucement, goûtant à ses lèvres d’un bout à l’autre. Quand j’ai été satisfaite de mon exploration, j’ai un peu intensifié mon baiser. J’insiste sur le «un peu». Jamais je n’avais eu d’initiative dans ce domaine et jusqu’ici avec François je m’étais contenter de réagir et non d’agir. Et si je ne faisais pas comme il faut et que ça lui déplaisait? Je n’ai pas d’expérience dans le domaine alors comment je suis censée savoir si ce je fais lui plait? Lui demander à chaque trente secondes? Heureusement pour moi, soit il s’est lassé de ma lenteur ou soit il a compris mon indécision, mais il a pris le contrôle des choses avant que je n’aille plus loin. J’adore ses baisers…

Éventuellement, nous nous sommes lâchés. Je me suis accotée contre le mur le temps que mon souffle me revienne.
-Il y avait un ruban rose, m’a-t-il murmuré, comme pour se justifier de ce baiser.
-…
J’ai baissé les yeux et je me suis remise à rougir. Qui aurait cru un jour que la simple mention d’un ruban rose me ferait autant d’effet? Quand j’ai fait le ménage de mon sac tout à l’heure, j’ai eu envie de me défaire de tous ceux que j’avais, mais là je me dis que… peut-être… j’en aurai besoin un jour… Quoique je ne sais pas si j’oserai jamais y faire allusion. C’est beaucoup trop direct pour moi. Quand j’ai rejoint les autres, je n’avais plus du tout la tête au sauvetage. Je pensais surtout que j’avais hâte de revenir, d’embarquer sur le airship et de retrouver François. J’espère qu’il n’a pas oublié qu’il me doit une chanson. Je me demande bien ce qu’il va me chanter…?

Biloss nous a menés à l’entrée du repaire des vendeurs d’esclaves. Après, nous avons attendu le signal des autres durant de longues heures. Mais qu’est-ce qu’ils font? J’étais presqu’en train de m’endormir quand la fameuse explosion a finalement retenti. C’était maintenant à notre tour de jouer, mais si j’avais su ce qui nous attendait à l’intérieur, j’y aurais réfléchi à deux fois avant d’y aller. Nous avons réussi à entrer sans problème, mais peu après, nous sommes tombés sur environ quarante gardes. À quarante contre cinq, il était évident que c’était un véritable suicide pour nous. Le combat venait à peine de commencer que je devais utiliser mon seul sort de healing pour me soigner. Nous allons tous mourir ou peut-être même pire… J’ai repensé à ce que François m’avait dit qu’il pouvait m’arriver si je me faisais attraper par ceux qui le poursuivait. J’y ai repensé et j’ai commencé à avoir peur. Muuu… Je ne veux pas que… Je veux sortir d’ici vivante et… intacte et je veux retrouver François. Au secours… Quelqu’un?