mercredi 13 octobre 2010

Je ne suis pas une meurtrière en série qui tue les gens avec sa musique pourrie

5 novembre
Mill dormait toujours quand je me suis réveillée. Je me suis habillée en vitesse et je suis descendue. Le déjeuner ne m’inspirait pas confiance du tout alors quand Henryk est arrivé, nous sommes allés maraîcher ensemble. Nous avons acheté quelques fruits et des carottes pour Béarchand. Henryk a comparé la couleur des carottes aux cheveux d’Eri et il a fallu qu’elle arrive à ce moment-là et qu’elle entende. Les vêtements d’Henryk sont devenus rose bonbon. Ça a été très difficile de garder mon sérieux. Henryk en rose. Pfft! Le demi-elfe s’est joint à nous. Il allait finalement nous servir de guide jusqu’au village des tengus (une histoire de faveur qu’il devait à Henryk). Au moins maintenant, je vais pouvoir l’appeler par son prénom, Jean. Quoique j’aimais bien «Dieu». C’était drôle. Je n’ai plus vraiment d’occasion mais surtout d’envie de rire, alors ça me faisait du bien. Nous avons acheté des provisions et nous sommes partis.

7 novembre
Mill était super motivé à cuisiner avec William et à raconter des histoires tout en jouant de la flûte. J’ai aussi joué de la musique, mais la mienne était plus triste. Je n’avais plus la tête à jouer des airs joyeux. Je sais que c’est ce que Mill voudrait et je sais que c’est ce que je devrais faire, mais je ne suis pas prête pour ça et j’ai de sérieux doutes que je le serai un jour à nouveau.

Nous étions tous assis au tour du feu quand nous avons remarqué l’absence de William. J’espère qu’il ne s’est pas fait kidnapper. S’il est parti par lui-même : pourquoi? C’est trop risqué de s’aventurer seul, on ne sait jamais sur quoi on peut tomber. Je ne sais pas ce qui serait pire, qu’il se soit fait kidnapper ou qu’il soit parti sans avertir personne? Lena et Henryk sont partis le chercher.

Beloss étant parti dieu-sait-où (je ne porte pas du tout attention à ce qui le concerne) avec Jean, Eri en a profité pour me demander si je détestais Beloss. Mais non voyons! Je suis pleine d’amour pour tout le monde! Au cas où vous vous le demanderiez : oui, c’était du très gros sarcasme. Eri était fâchée que je déteste Beloss à cause de ses maladresses. Elle aurait préféré que je concentre ma colère sur James, qui était, selon elle, responsable de la mort de Beloss. Quand je lui ai demandé si elle avait des preuves, elle m’a répondu qu’elle ne pouvait ni m’en parler, ni me l’écrire, ni même me le dessiner. Comment tu espères que je te croie alors? Je devrais détester James seulement parce que tu me le demandes? Je préfère encore détester Beloss. James, au moins, n’a pas passé son temps à nous mettre dans la merde et surtout à attenter à la vie de mes amis.

J’ai vu un homme s’approcher de notre camp. J’ai pris une branche et je me suis préparée à l’accueillir. Je me demande ce que Mill devait penser de moi. J’espère qu’il ne sera pas déçu que je sois tout de suite prête à me battre. C’est mal de m’inquiéter autant de ce qu’il pense de moi? Je crois que je suis en train de devenir dépendante affective de son amitié.

L’homme était un mercenaire humain. Il m’a demandé si je connaissais le gars aux cheveux mauves (William) et il m’a posé pleins de questions sur qui nous étions et sur ce que nous faisions ensemble. Je m’en suis tenue au minimum et j’ai évité de mentionné Jean. Je me sentais encore redevable envers lui. Et de toute façon, je ne suis pas du genre à trahir un compagnon. Il est peut-être seulement notre guide, mais il fait quand même partie du groupe pour l’instant. Nos manquants étant avec le groupe du mercenaire, nous avons pris les sacs de tout le monde et nous l’avons suivi.

Il m’a proposé de porter mes sacs, ce que j’ai refusé. Tout comme j’ai refusé de me débarrasser de ma branche. Voir que j’allais le croire quand il me disait que tout allait bien se passer si nous avions bien dit la vérité. Des mercenaires humains… Voir que je vais leur faire confiance. Des mercenaires humains qui se montreraient pacifiques envers des elfes? Right. Quand des humains tombent sur des elfes, ils les font prisonniers et les torturent. I don’t throw them as far as I can throw them. Je sais que ça fait un peu beaucoup étrange que je dise ça étant donné que je voyage avec des humains. Si je les rencontrais maintenant, après tout ce que j’ai vécu, je me tiendrais à une très grande distance d’eux. Mais je ne veux pas dire que je ne leur fait pas confiance. Je fais confiance à Henryk pour me protéger, je fais confiance à Lena pour bastonner à fond, je fais confiance à William pour m’aider et me supporter moralement dans mes moments difficiles, je fais confiance à James pour être louche, je fais confiance à Eri pour protéger la nature et en particulier les écureuils (et aussi pour tout mettre sur le dos de James) et je fais confiance à Beloss. Oui, oui, je lui fais confiance… pour dire ce qu’il ne faut pas quand il ne le faut pas, pour faire des blagues/remarques qui sont poches mais aussi blessantes, pour faire connerie par-dessus connerie sans penser aux conséquences et pour ne jamais apprendre de ses erreurs.

Les mercenaires étaient quatre en tout. Ils n’étaient pas agressifs, mais j’étais quand même très méfiante. C’est un groupe d’humains alors ils vont sans doute essayer de nous attaquer dès que nous aurons le dos tourné. Dès que nous avons retrouvé les autres, je me suis installée près d’Henryk. Il sait se battre et pourra me protéger si les choses tournent mal.

Nous nous sommes tous installés autour d’un feu en attendant que les mercenaires vérifient nos affirmations sur Beloss, qui a fini par arriver. Il a mentionné que nous cherchions une ville dans la forêt. On aurait pu entendre voler une mouche. Pourquoi tu devais dire ça? Tu ne pouvais pas te la fermer pour une fois? Je ne cesserai jamais de ne jamais être étonnée avec lui.

Je serais partie tout de suite, mais comme les mercenaires nous avaient invités à partager leur feu, nous n’avons pas eu le choix de rester. Un dangereux fugitif? Pas de problème, on peut s’en sortir! Ça aurait paru trop suspect. J’avais complètement oublié que nous avions de la nourriture alors je suis partie avec Henryk et Mill pour chercher des racines. Tout ce que je voulais c’était m’éloigner des mercenaires, mais il a fallu qu’un nous suive. Nous avons cueilli assez de racines pour nourrir une armée et nous sommes revenus au camp. Et à cause du «dangereux fugitif», nous avons dû passer la nuit là. Je ne leur faisais tellement pas confiance que j’ai passé la nuit réveillée, à attendre une attaque de leur part.

8 novembre
Nous sommes partis de notre côté et les mercenaires du leur. Nous les avons suivis à distance, certains qu’ils allaient nous suivre dès que nous aurions le dos tourné. L’épervier de James les surveillait de loin. Quand ils ont fait demi-tour, nous sommes repartis. Ils ne nous ont pas suivis. Nous sommes retombés sur Jean quelques heures plus tard.

11 novembre
Au réveil, il y avait des tengus tout autour de nous. Les tengus ressemblent aux humains, mais ils ont tous les cheveux noirs et les yeux rouges. Ils nous ont enlevé nos armes avant de nous amener à leur village. Le tengu super joyeux qui avait l’air d’être le seul qui savait parler nous a demandé à Henryk et à moi de ne pas tuer de gens. Il ne s’est pas adressé à tout le monde, c’était spécifique à Henryk et à moi. Je peux comprendre si Henryk est accusé d’avoir tué des gens : c’est un guerrier et il semble un peu trop prompt à la violence à mon goût. Mais moi? Pourquoi moi je me fait accuser d’être une meurtrière en série? Et en plus, le type a laissé entendre de façon très claire que je l’avais fait avec ma musique. Ben là… Je ne suis pas si pourrie que ça… De toute façon, comment nous aurions pu tuer des tengus il y a une dizaine de jours? Nous ne sommes jamais venus ici.

Au village, le chef nous a dit qu’il y allait avoir un procès. L’un d’entre nous pouvait aller en ville pour chercher des témoins. Il serait innocenté. Nous avons décidé que ça serait Henryk. Il allait essayer de bargainer pour que Jean ou Mill aille avec lui, comme aucun des deux n’était accusé.

Henryk a réussi à obtenir qu’un des deux innocents aille avec lui. Je suis contente que Lena ait décidé que ça serait Jean, parce que je ne savais pas comment je ferais pour passer au travers de tout ça seule. Henryk est parti et nous nous sommes restés dans cette maison où nous étions prisonniers. Le chef nous avait dit de ne pas essayer de nous enfuir. Avec tous les tengus qu’il y a, je ne serai jamais assez stupide pour essayer. Reste à espérer que tout le monde pensera comme moi.

J’avais vraiment très peur de comment les choses pouvaient tourner. Je sais que nous sommes tous innocents, mais allons-nous réussir à le prouver? Mill était près de moi pour me réconforter. J’avais peur que son opinion de moi baisse, mais il fallait que je lui avoue ce que j’avais fait. Je lui ai donc parlé de cet homme que j’avais tué en voulant défendre Henryk. Je lui ai juré que c’était la seule fois et que c’était bien un accident. Il l’a compris et m’a même avoué que ça lui était arrivé à lui aussi. Fiou. Pas «fiou» qu’il ait tué, mais qu’il me comprenne. Je ne sais pas ce que je ferais si je le perdais lui aussi.

J’ai passé le reste du temps à parler cuisine avec Mill et William. J’ai aussi joué un peu de violon pour me distraire. Et j’ai aussi fait abstraction du chialage d’Eri envers James. Elle l’a menacé de le torturer et de le tuer. But then again, what’s new in that?



mercredi 22 septembre 2010

Qu'est-ce que je suis en train de devenir?

4 novembre
Quand je me suis réveillée, Mill dormait toujours, mais il n’avait pas l’air d’aller bien. J’ai décidé d’aller manger avant de retourner veiller sur lui. Je suis tombée sur Eri, qui sortait de sa chambre en rampant. William était avec elle. Tous les deux avaient l’air malades. Alors c’est de ça qu’on a l’air quand on a trop bu? Rappelez-moi de ne jamais le faire. Eri voulait que je demande à l’aubergiste de lui préparer une mixture de poulet mort. What? Tu es vraiment sick! Je l’ai ignorée et je suis descendue.

Je venais de m’assoir avec Lena quand j’ai entendu un gros bruit derrière moi : Eri et William venaient de débouler les marches. Ils nous ont rejointes à notre table, suivis peu après par Beloss. Je suis zen… Je suis zen… J’espérais être capable de garder mon sang-froid, mais quand il a osé me demander si Mill allait bien, j’ai pété ma coche. Je ne pouvais pas l’atteindre d’où j’étais, alors j’ai grimpé sur un banc pour lui donner le coup de poing le plus fort que mon pas-de-force me permettait. Je lui ai ensuite rappelé ce qui s’était passé : la bière, la dégradation de l’état de Mill. J’étais tellement fâchée que je l’ai accusé de faire de sa mission dans la vie d’essayer de tuer mes amis. Je l’ai averti de ne plus s’approcher de nous à moins que ce soit pour la mission et je suis montée à l’étage pour avoir le même genre de discussion avec Henryk.

Henryk n’avait pas fini de s’habiller, mais je ne l’ai pas laissé finir, même s’il me l’a demandé. En temps normal, je serais rouge tomate de voir un homme torse nu, mais j’étais trop en colère pour m’embarrasser de ce détail. Je ne détestais pas Henryk. Il m’avait prouvé que je pouvais compter sur lui alors pour le respect que j’éprouvais pour lui, je me suis contentée de lui donner une claque. Je lui ai ensuite demandé de me dire ce qui s’était passé hier soir (s’il n’avait pas pu me répondre, il se serait mérité un le plus fort coup de pied dans le tibia que mon pas-de-force aurait pu lui donner). Tu as soûlé William? Non, pas ça. C’est mal, mais non. Quand il m’a parlé de l’épisode du soûlage, je lui ai dit que Mill avait failli mourir et que si quelque chose comme ça recommençait, il aurait beaucoup plus qu’une claque.

Je suis ensuite retournée voir Mill, qui dormait toujours. J’étais presque contente qu’il ne soit pas réveillé. Que penserait-il de moi en ce moment? Qu’est-ce que je suis en train de devenir? Je suis tellement en colère que je menace des gens de leur faire du mal et/ou de les tuer. Je n’étais jamais fâchée avant, mais aujourd’hui c’est tout ce que je suis. J’ai peur de ce que je pourrais faire. Ce n’est pas de mon staff que j’aurais dû me débarrasser, mais de ma dague et de mon épée.

Eri est venue me voir pour me demander si nous avions bien rencontré quelqu’un dans la ruelle hier. Je lui ai parlé du demi-elfe blond et elle est tout de suite partie à sa recherche. Elle avait l’air pressée. D’accord… Contente d’avoir pu t’aider. Je suis retournée m’assoir près de Mill et on a de nouveau cogné. Mais foutez-moi la paix, merde! Je veille sur mon ami qui a failli mourir et j’ai besoin de tranquillité! C’est si difficile à comprendre? Oh. C’était le demi-elfe blond. Il s’est invité dans la chambre et est allé jeter un coup d’œil à Mill. Il a dit qu’il en avait encore pour quelques heures.

Je n’avais rien à perdre, alors je lui ai demandé s’il connaissait Riv. Il connaissait deux personnes qui pouvaient trouver une ville en pleine forêt, mais elles ne voyageaient pas en groupe. Sinon, il y avait toujours un sourcier. Un sourcier? Les sourciers ne sont pas les gens qui se promènent avec une branche dans les mains pour trouver une source d’eau? Nous devons tous êtres des sourciers alors. Il ne nous reste plus qu’à nous trouver des branches et à partir en expédition.

Bob-Roger-Georges-Dieu (il ne voulait pas me dire son nom alors ça va être ça) m’a dit que Mill avait été empoisonné parce que personne ne se mettait dans cet état avec de la bière. Alors c’est quelqu’un qui voulait empoisonner Beloss ou c’est Beloss qui voulait empoisonner Mill? J’ai raconté au blond l’histoire de tata #1 et de tata #2 qui s’étaient mis en tête de faire boire Mill et il m’a demandé pourquoi je voyageais avec des tatas pareils. Selon lui, c’était généralement une question de famille ou d’amour. Ni l’un ni l’autre. En fait, peut-être que oui, si on compte que la seule et unique raison qui m’a fait embarquer dans cette histoire c’est l’espoir que je pourrais ramener Uvi. J’ai refusé de lui dire quoi que ce soit. Qu’est-ce que j’aurais pu lui dire de toute façon? Nous cherchons des pierres et des socles pour pouvoir sauver le monde? J’aurais passé pour une illuminée.

Bob-Roger a décidé de squatter la chambre. Il a sauvé la vie de Mill, alors il peut bien rester s’il le veut. Je lui ai demandé quelles herbes il avait utilisées hier et il a sorti quelques sachets. J’ai mémorisé les herbes, mais il m’a dit que je pouvais les garder. Une pincée de chaque avec une ou deux gorgée de vin. Il vaut mieux que je m’en rappelle, parce qu’avec des tatas (un en particulier) autour de moi, quelque chose comme ça risquerait de se reproduire.

Comme Mill n’allait pas se réveiller avant un moment, j’ai décidé de jouer de mon violon pour passer le temps. J’étais en train d’oublier ce que c’était d’être barde, alors avant d’oublier complètement… L’air que je jouais n’était pas des plus joyeux, mais c’était quand même mieux que rien. J’ai été dérangée dans ma déprime par… Beloss, qui m’a demandé s’il pouvait faire quelque chose pour le poison. Je te demande pardon? Espèce de salopard de fils de pute. Tu savais que ton verre était empoisonné et tu lui as quand même donné? J’ai ouvert la porte et je l’ai rembarré de façon on ne peut plus claire.

Rien qu’entendre sa voix me fait pomper. J’ai presqu’envie de passer mes mains autour de son cou et de… J’espère que je n’ai pas trop passé pour une folle auprès du blond (j’ai tellement de difficulté à me contrôler quand il s’agit de Beloss). J’ai encore été dérangée. Pourquoi vous ne me laissez pas en paix... bordel?! C’était Henryk, qui venait s’excuser. Je l’ai laissé parler sans l’interrompre et je lui ai dit que je savais qu’il n’avait pas fait exprès. Je n’avais pas de parti pris contre lui. Il n’avait pas passé son temps à faire des conneries, alors j’étais plus qu’encline à l’écouter et surtout à l’excuser. Mais pour Beloss… Pas question. J’avais dépassé le point de non-retour depuis longtemps… depuis qu’Uvi…

Le blond m’a demandé de ne parler de lui à personne et surtout pas à Henryk. Je lui devais beaucoup de choses alors j’ai décidé de lui parler d’Eri et de son empressement à le trouver. Il a changé sa demande : c’était à Eri que je ne devais surtout pas parler de lui. Pas de problème. Il est sorti par la fenêtre et a presqu’aussitôt disparu de ma vue. Je suppose que c’est une manière comme une autre de sortir d’une pièce…

Vers l’heure du souper, Mill s’est enfin réveillé. À voir la tête qu’il faisait et le mal de crâne qu’il disait avoir, j’ai vraiment perdu toute envie d’essayer de me soûler un jour. À quoi ça sert de toute façon? Mis à part un bref moment d’euphorie, l’alcool donne mal à la tête, rend malade et rend amnésique. […] Mais il y a certaines choses que j’aimerais oublier, alors peut-être un jour finalement… Mill avait très faim alors nous sommes descendus manger. Je ne sais pas s’il a osé parler à Mill parce qu’il y avait des gens autour de nous et qu’il se sentait plus safe, mais Beloss a parlé à Mill. Il s’est excusé. Et Mill a accepté ses excuses. Je ne peux pas lui en vouloir, parce qu’il ne connaît pas Beloss comme moi je le connais. Cet homme est un être profondément égoïste qui n’est bon qu’à une chose : mettre ceux qui l’entourent dans la merde.

Je ne sais pas trop comment, mais nous avons été embarqués dans une chasse au trésor, les trésors étant le frère jumeau perdu d’Henryk et le demi-elfe blond. Je me fichais un peu (beaucoup) du frère d’Henryk et un peu (beaucoup) de ce qu’Eri disait du demi-elfe. Elle disait que c’était quelqu’un de mauvais et de dangereux et qu’il valait beaucoup d’argent. Peut-être, mais il nous a sauvé la vie, alors je lui dois bien de faire quelque chose pour lui. Mill avait besoin de prendre l’air alors j’ai accepté de participer aux recherches. Mais il a fallu que James reste avec nous. Merde. Jamais je ne pourrai lui demander d’aller rejoindre les autres sans que ça paraisse suspect.

Nous ne l’avons malheureusement pas trouvé. Nous sommes rentrés à l’auberge et nous sommes montés nous coucher. Un visiteur nous attendait dans notre chambre : le demi-elfe. Il m’a demandé si j’avais parlé de lui à quelqu’un. Bien sûr que non. Je vous dois la vie, alors jamais je n’aurais parlé de vous à qui que ce soit. Le blond voulait parler à Henryk, mais comme Henryk n’était pas seul dans sa chambre, j’ai suggéré de l’amener à part sous un prétexte et de lui dire que quelqu’un l’attendait dans ma chambre. Mill et moi irions prendre l’air en attendant.

Nous sommes allés nous assoir devant l’auberge. Nous avons eu la paix jusqu’à ce qu’Henryk arrive du toit avec William, le dépose par terre et reparte dans notre chambre. Euh… William m’a dit qu’il se pratiquait à grimper aux murs. Right… Est-ce qu’il espionnait Henryk? C’est William, il ne ferait jamais une chose pareille, mais que faisait-il là alors?

Il nous a posé des questions un peu trop précises sur le demi-elfe. J’ai nié jusqu’à ce que Mill avoue qu’il était bien dans notre chambre. L’idée de mentir l’avait mis mal à l’aise dès le début. Moi? Je n’aimais pas particulièrement mentir, mais j’avais beaucoup moins de scrupules que lui à le faire. C’est ce que je suis devenue : une personne qui a envie de tuer et qui ment. Est-ce que c’est possible d’abîmer son âme? J’ai l’impression que c’est ce qui est en train de m’arriver.

Je ne voulais pas prendre les paroles d’Eri pour de l’argent. Le demi-elfe nous avait sauvé la vie, alors j’étais prête à lui accorder le bénéfice du doute. Il avait bien un sacré caractère, mais c’était peut0-être quelqu’un de bien. J’espère que William l’a compris. Henryk nous a fait signe au bout d’une quinzaine de minutes et nous sommes retournés dans notre chambre pour dormir. J’espère que le demi-elfe est parti loin, parce qu’avec la quantité de personnes dans cette auberge qui le cherchent…

lundi 20 septembre 2010

Quelqu'un va avoir mal...

25 septembre
Nous avons été réveillés en plein milieu de la nuit parce que la ville était attaquée. Nous avons réussi à nous enfuir, mais nous avons été attaqués par des arcadiens. On n’est pas censés être du même côté? Je ne voulais pas me battre. Je l’avais promis à Mill et de toute façon, contre des arcadiens armés jusqu’aux dents, quelle chance j’avais? J’ai eu très mal et Mill a failli mourir. Si je l’avais perdu lui aussi, ça m’aurait achevée.

Les arcadiens ont été battus, mais à quel prix? Nous avons perdu William, tranché littéralement en deux par ces barbares. De nous tous, c’est celui qui méritait le moins de mourir. Il était si gentil, si innocent. Pourquoi quelqu’un comme lui devait mourir et quelqu’un comme…

Je n’aimais pas que Mill passe son temps à me protéger, mais cette fois-ci je n’ai pas protesté quand il m’a serrée contre lui pour m’empêcher de regarder. Nous n’avons même pas eu le temps de pleurer notre compagnon. Nous avons dû partir en vitesse pour sauver nos vies, mais les arcadiens nous ont rattrapés et nous nous sommes tous perdus de vue. Moi je suis tombée en bas de mon cheval. J’ai essayé de raisonner l’arcadien, lui disant que je n’étais pas hostile, mais il a fait une drôle de face. Quoi? Qu’est-ce qu’il y a de mal à ne pas vouloir se battre?

Quand il s’est tourné dos à moi, j’ai commencé à courir dans la direction où Mill était parti. Mais j’ai fini par faire demi-tour. Jamais je ne réussirais à le rattraper, alors autant me rendre utile ici en chantant. Deux arcadiens étaient en train d’attaquer Lena avec… une moppe et un bouquet de fleurs. Euh… C’est une technique arcadienne ça? Attaquer son ennemi avec les objets les plus étranges possible pour le déstabiliser?

Finalement, nous avons gagné et nous avons pu partir chercher ceux qui manquaient. Nous nous sommes regroupés, James étaient blessé à l’épaule, Beloss est revenu avec William… WTF? Et je le redis encore : WTF?! Comprenez-moi bien, je suis plus qu’heureuse de revoir William, mais la dernière fois que je l’ai vu, il s’était transformé en bubulles et s’envolait vers le ciel. Qui l’a ramené? Son dieu? Et pourquoi?

26 septembre
Nous sommes partis à travers la forêt pour nous rendre à Wiv, le village de tengus où nous allions pouvoir nous procurer la plante qui nous permettrait de respirer très longtemps sous l’eau. J’ai demandé à Lena de m’apprendre à nager. William s’était déjà proposé, mais un infime détail avait changé depuis sa proposition : je m’étais défait de mon top vert, celui que j’avais gardé pour aller dans le lac. Donc, pour apprendre à nager, je devrais être en sous-vêtements et pas question qu’aucun homme ne me voit comme ça.

Sur le chemin, William a aperçu quelque chose qui brillait dans un arbre. Les autres avaient l’air de se demander pourquoi William était collé contre l’arbre avec Mill et moi, alors je les ai niaisés en leur disant que nous étions en train d’initier William à communier avec la nature et à trouver son côté elfe. Je crois qu’ils m’ont crue…

29 octobre
Nous sommes arrivés là où Wiv devait se trouver, mais il n’y avait rien. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de continuer jusqu’à Valio pour trouver une carte.

3 novembre
Nous sommes arrivés à destination. Valio était une très grosse ville portuaire, surtout peuplée d’humains, mais il y avait quand mêmes des demi-elfes et un peu d’elfes. Alors en résumé : rester près de mes compagnons et éviter les aventures désastreuses dans les bas-quartiers.
Nous avons pris des chambres à l’auberge moyenne «Le Cake Heureux». Les gars sont partis aux bains publics et nous ont rejointes à l’auberge après. Nous avons fait un petit détour par le quartier des temples et ensuite nous sommes allés dans une taverne. Je n’étais pas du genre à boire de l’alcool, mais pour une fois j’avais envie de faire quelque chose de relaxant, de passer du bon temps. Mill et moi avons seulement pris une coupe de vin. Les autres ont eu moins de retenue.

Je ne sais pas ce qu’il y avait dans le verre de Beloss, mais il s’est mis en tête d’en faire boire à Mill. Et Mill avait l’air d’accord! Il n’était pas question que je le laisse boire quoi que ce soit venant de cet imbécile, mais Henryk s’en est mêlé et à deux ils ont forcé Mill à boire. Ça a eu des effets plus que désastreux. Mill était soûl mort alors j’ai décidé qu’il était temps que nous retournions à l’auberge. Je l’ai traîné de peine et de misère et j’avais à peine fait quelques pas dans la rue que j’ai entendu une voix familière me demander ce que je foutais là. J’ai eu quelques ennuis de téléportation, quoi d’autre?

Malgré son foutu caractère, le blond m’a aidé à traîner Mill. Je sais que la fille aux cheveux bruns nous a dit d’éviter tout contact avec lui, mais j’ai vraiment besoin d’aide en ce moment, alors pas question de faire ma difficile. Mill était toujours aussi comateux, mais son état s’est rapidement dégradé et il s’est mis à faire de l’écume. Non, non, non… Je ne veux pas en perdre un autre.

Le blond m’a aidé à le transporter dans une ruelle et il lui a fait boire une éprouvette dans laquelle il avait mis des herbes. Lui tenait les bras de Mill et moi j’étais assise sur ses jambes, pour l’empêcher de trop bouger. Beloss et Eri sont arrivés et nous ont aidés. Je me serais bien passée de l’aide de Beloss, mais bon… Mill a fini par se calmer et j’ai pu le ramener à l’auberge. J’ai remercié le blond avant de partir. C’était la deuxième fois que je le voyais et je lui devais déjà la vie deux fois.

J’ai couché Mill dans le lit et je me suis assise à côté pour pouvoir veiller sur lui. For your sakes, pray that he’s going to be alright…

samedi 18 septembre 2010

Malayeul et Ciqui

Le reste suivra bientôt dans un autre post.

21 septembre
Nous sommes restés en bordure de la route dans la direction que Ruby avait prise. Mill ne disait rien et moi je n’avais pas envie de parler, alors nous avons marché en silence. Nous avons continué jusqu’à ce que la nuit tombe et que nous apercevions des lumières au loin qui s’en venaient vers nous. Nous avons essayé de nous cacher, mais ils nous ont tous encerclés. Génial. Encore des humains anti-elfes. Je pensais que c’était après nous qu’ils en avaient, mais ils nous prenaient pour quelqu’un d’autre.

Ils voulaient nous emmener à la caserne alors nous avons essayé de nous enfuir, puis de nous battre. J’étais super motivée, mais sans ces flèches qui se sont plantées tout autour de nous, je me serais fait planter… bien plus tôt je veux dire. Mill est tombé inconscient et un soldat a essayé de s’enfuir avec lui. Je n’allais pas perdre un des deux seuls amis qu’il me restait alors j’ai attaqué le soldat, mais je me suis fait assommer par un autre.

Quand je me suis fait réveiller, j’étais dans un arbre, un demi-elfe blond à côté de moi. Mill était sur une autre branche. Le blond refusait de nous laisser descendre avant que le soleil se lève. Il a dit que c’était dangereux pour les filles blondes par ici. Je ne pouvais pas descendre par moi-même, surtout descendre par moi-même avec Mill ni me débrouiller une fois en bas, alors je n’ai pas eu le choix d’attendre. Je crois que le blond m’a prise en pitié, parce qu’il m’a donné une bourse remplie d’argent et un papier avec un nom et des directions. Cet homme entraînait ceux qui n’avaient pas de référence, mais il coûtait cher. Le blond m’a demandé quelque chose en échange alors je lui ai donné les boucles d’oreilles de vitesse que William m’avait offertes. Le blond m’a aussi avertie que si je n’y allais pas ou si je ne donnais pas tout l’argent, il me le ferait payer. Je n’ai pas l’intention de me désister ou de voler quoi que ce soit, mais quel genre d’homme s’appelle monsieur Patate et entraîne les gens?


22 septembre
Le soleil a fini par se lever et le type blond nous a fait descendre de l’arbre, moi doucement et Mill un peu beaucoup trop rapidement. Je l’ai remercié pour son aide et nous sommes chacun partis de notre côté. Nous étions seuls depuis peu quand un type louche est arrivé. Il a dit que nous devions le suivre sinon il allait mourir. Il avait l’air complètement siphonné alors je lui ai dit plus ou moins poliment de nous laisser tranquilles et nous avons continué notre chemin. Mais en plus d’être cinglé, le type était bouché. Il a continué à nous suivre et même après quelques flare, il était toujours là.

Je commençais sérieusement à me demander si je n’allais pas devoir le tabasser à mort pour qu’il nous laisse tranquilles quand j’ai entendu Eri. Non… Qu’est-ce qu’elle fait là? Puis Henryk est arrivé sur Bearchan. Je lui ai demandé de s’occuper du type louche. Mill n’était pas très d’accord : il disait que c’était mal d’extérioriser sa violence. Je sais. C’est pour ça que je demande à Henryk de le faire à ma place. Mill et moi avons pu finalement nous éloigner en paix.

William et Eri sont arrivés, pour me demander de les accompagner dans leur quête. J’ai encore refusé. Tout ce que je voulais, c’était retrouver Ruby, puis rentrer chez moi et tout oublier. William m’a aussi dit que quelque chose brillait dans mon sac : c’était la bourse que le blond m’avait donnée. Il voulait que je la garde. Veux-tu bien me dire en quoi une bourse va t’être utile pour «sauver le monde»? Henryk a décidé qu’il nous accompagnerait jusqu’à destination. Mill n’était encore une fois pas d’accord avec ma décision. Il m’a dit qu’Uvi ne voudrait pas ça pour moi. Uvi est mort alors qui sait ce qu’il voudrait.


23 septembre
Nous sommes arrivés en vue de l’endroit indiqué sur le papier. Un homme avec une tête de tigre qui faisait plutôt peur allait m’entraîner. Il a tout d’abord voulu que je tue un lapin et que je regarde. Je l’ai fait, mais c’était plutôt horrible comme sensation. Mill s’est évanoui. C’est officiel : c’est moi qui vais subir l’entraînement. L’homme-tigre m’a ensuite demandé d’aller chasser. Mill n’a encore une fois pas été d’accord. Il m’a dit qu’il m’avait perdue aussi et que je ne le comprendrais jamais. Il est parti de son côté pour chercher Ruby. Il n’a même pas voulu qu’Henryk aille avec lui.

Henryk et moi sommes partis chasser. Il m’a trouvé une femelle blaireau et ses petits… et je les ai tués. Le sentiment était toujours aussi horrible. Est-ce qu’on se sent toujours comme ça quand on s’entraîne pour devenir plus fort ou l’envie de vomir finit par disparaître avec le temps? J’ai ramené mes prises à l’homme-tigre et il m’a dit que mon entraînement commencerait demain. Nous sommes ensuite allés nous coucher. J’ai très mal dormi, passant mon temps à rêver de ce que j’avais fait. This is so wrong. I’m not supposed to feel like this. I’m supposed to feel strong and detached from everything that made me weak. Instead, I just feel like crying... and vomiting.

Je me suis réveillée de mes cauchemars avec l’impression qu’on m’observait. C’était Uvi. J’ai d’abord cru que j’hallucinais, mais c’était bien lui, mis à part qu’il ne disait rien. Il est allé fouiller dans mon sac et a pris sa cithare. Il est ensuite parti. Je n’aurais sans doute pas dû, mais je l’ai suivi. Au bout il y avait un homme et deux petites silhouettes. Henryk m’a rejoint peu après. Un pentacle a commencé à se former sous les pieds d’Uvi et des silhouettes. Peu importe ce qui lui était arrivé, peu importe que je sois en train d’halluciner, je n’allais pas laisser mon ami me quitter encore une fois. Mais nous avons tous été emportés avant que je puisse enlever Uvi de là.

24 septembre
Nous sommes réapparus dans un temple de Bacob. Pourquoi…? De tous les dieux, pour quoi a-t-il fallu que nous apparaissions dans le temple de celui-là? Malgré l’insolence d’Henryk à son égard, le vieux prêtre a accepté de nous en dire plus sur ce qui se passait ici. Uvi et les autres étaient des âmes tourmentées qui étaient retenues ici soit parce qu’elles ne voulaient pas partir ou parce que quelqu’un les retenaient ici. Est-ce qu’Uvi restait ici parce qu’il le voulait ou est-ce que c’était parce qu’il me manquait tellement que j’aurais tout donné pour le revoir?

J’avais besoin d’être certaine alors nous sommes retournés voir Uvi. Mis à part lui, il y avait un homme, qui nous a donné un message pour Lena, deux enfants et une femme. Quand j’ai vu Uvi avec son livre de musique, j’ai été convaincue que c’était bien lui. Il y avait des mélodies avec nos noms et quand j’ai joué celle qu’il m’avait écrite, il a pris sa cithare pour m’accompagner. Une des chansons semblaient beaucoup plus importantes que les autres. Elle s’intitulait simplement «Love», mais le titre était très travaillé, ce qui m’a amenée à penser que la raison pour laquelle il ne pouvait pas être avec moi avait peut-être rapport avec son cahier. Je serais bien repartie avec, mais le type aux cheveux bruns n’a pas voulu me laisser faire. Ça me brisait le cœur de devoir le laisser ici, mais Henryk et moi savions très bien que nous ne pouvions pas emmener une âme tourmentée avec nous.

Le prêtre nous avait dit que nous n’avions qu’à traverser la rivière pour arriver à Rama alors nous sommes partis. Plusieurs heures plus tard, nous sommes finalement arrivés à la rivière. Mes compétences en nage étant très près du négatif, Henryk a dû me prendre dans ses bras pour qu’il puisse marcher sur les roches pour nous faire traverser. Mais à mi-chemin, Henryk s’est fait attaquer par des… trucs lumineux qui nous ont fait tomber dans l’eau. J’ai réussi à m’accrocher à une roche, mais un gros poisson m’a avalée à moitié et emmenée dans l’eau. Muuu. Je vais finir dans l’estomac d’un poisson.


J’ai plutôt été transportée dans une bulle d’air où un petit poisson d’or, rien de moins qu’une carpe à souhaits, m’a dit que les elfes étaient ok mais que les humains étaient mauvais. Il a quand même fini par accepter de laisser partir Henryk, mais il ne devrait plus revenir. Avant que nous ne nous éloignions, le poisson d’or m’a dit que j’aurais droit à un vœu la prochaine fois. A wish? Can you bring back the dead or in this case, the not so dead?

C’était la fin de l’après-midi, alors nous avons décidé de nous arrêter un peu plus loin pour manger et faire sécher nos vêtements. Nous avons décidé de dormir là et Henryk s’est chargé du premier tour de garde.

25 septembre
Pendant mon tour de garde, le type louche qui m’avait stalkée est revenu. J’ai essayé de réveiller Henryk, sans succès, et le type louche m’a kidnappée et emmenée jusqu’à la ville. Et il fallait que ce soit une ville d’humains. Une fois, juste une fois, je voudrais voyager avec des humains et être obligée d’entrer dans une ville d’elfes. Nous avons failli avoir des problèmes avec les gardes (j’aurais presque préféré ça à ce qui m’attendait). Le type louche est entré dans un temple de Bacob, qui était minuscule, et nous nous sommes retrouvés dans le grand temple de Bacob.

J’étais tellement en colère, que j’aurais tapé sur lui jusqu’à ce qu’il me supplie d’arrêter si je n’avais pas eu une petite distraction. J’ai aperçu la petite fille aux cheveux bruns qui nous avait embarqués dans cette histoire de fou pour absolument rien. La salope… Je vais te faire payer la mort d’Uvi. Je me suis mise à lui courir après pour mettre fin à mes… ses souffrances, le type louche pas très loin pour essayer de m’en empêcher. J’ai été freinée dans mes élans par une femme qui m’a menacée de me jeter dans le vide (le temple semblait suspendu dans les nuages). Fine. Je vais me calmer… pour l’instant.

J’ai fini par rencontrer Malayeul, qui n’avait pas du tout l’air d’un illuminé qui voulait devenir un dieu. Il m’a dit qu’il n’en était pas un. Il m’a avoué être derrière la prison souterraine. Il avait bien envoyé la fille pour nous endormir et comme ça n’avait pas fonctionné, elle avait inventé son histoire. Mais Goresh n’était pas censé exister. Quelqu’un avait créé cet endroit pour nous envoyer dans Hopesor et donc vers une mort certaine.

Malayeul m’a donné une pièce de Bacob pour que je puisse le contacter. Il m’a dit que si moi ou Lena voulions venir au grand temple, nous le pourrions. Je pensais que ça avait un rapport avec les âmes tourmentées, mais il n’avait pas l’air de savoir de quoi je parlais que ce n’était pas les pratiques de son ordre de jouer avec les âmes. Il allait enquêter là-dessus et m’en donner des nouvelles. J’aurais pu rester là pour réfléchir, mais j’étais encore trop fâchée. Le type louche m’a donc ramenée en ville.

J’ai fini par retrouver tout le monde. Ils étaient en compagnie d’une fille en cape qui nous a dit de ne pas choisir de côté ou de faire semblant d’en choisir un. Un des deux voulait sauver le monde et utilisait les mauvais moyens et l’autre voulait les socles pour lui-même. C’était vraiment ma journée des retrouvailles parce que j’ai eu la très désagréable surprise d’apprendre que Beloss était vivant. Le pauvre était amnésique. Ça ne change rien. Amnésique ou pas, je le détesterai toujours. Espèce de petit crétin égoïste. Je ne te souhaitais pas une telle mort, mais pourquoi tu ne pouvais pas rester mort? Pourquoi c’est Uvi qui est mort et toi qui reste? Ce n’est pas juste. C’est toi qui devrais être six pieds sous terre. Mais donne-moi un peu de temps et j’y remédierai.

Pour m’éclairci un peu, la fille m’a montré ce qui s’était passé après la mort d’Uvi. Des gens étaient venus déterrer Uvi et Étienne peu après notre départ. That’s so wrong. Qu’est-ce que qui que ce soit voudrait faire avec mon Uvi? Mais surtout, qu’est-ce que qui que ce soit voudrait faire avec un arcadien aux cheveux et aux ailes ROSES? J’ai aussi vu ce qui s’était passé dans le temple de Bacob où Henryk et moi étions allés. À peine une heure avant notre arrivée, il n’y avait rien du tout dans la chambre. Les personnes qui s’y trouvaient étaient en fait des squelettes ou des cadavres. Uvi y avait été amené et quelqu’un avait sorti une petite bouteille d’où un petit truc lumineux était sorti et était entré en Uvi. Une partie de son âme? Et le reste serait dans cette bouteille? Malayeul m’avait dit que si l’âme de quelqu’un était séparée trop longtemps, elle pouvait être détruite. J’avoue sans hésitation que je voudrais qu’Uvi soit de nouveau en vie, mais pas comme ça.

La fille aux cheveux bruns m’a dit qu’il y avait un moyen de ramener Uvi. Deux des pierres, la mauve et la blanche le pouvaient. Le seul problème était qu’elles ne s’entendaient pas du tout et qu’il me faudrait la collaboration de leurs maîtres respectifs. Pourquoi moi? Je n’ai aucune envie de sauver le monde et comment je le pourrais de toute façon? Je suis juste une puny barde, pas un héros de légende. La fille m’a dit que c’était parce que mon amour pour les gens qui étaient importants pour moi était très grand. À quoi ça me sert d’avoir beaucoup d’amour à donner si je ne suis même pas capable de garder ceux que j’aime près de moi?

La fille partie, nous avons discuté du côté que nous allions choisir. Moi j’avais envie de croire la fille. C’était elle qui me semblait lap lus crédible jusqu’à présent. Elle ne nous avait pas sorti d’histoires du genre «c’est moi que vous devez croire, c’est moi la gentille». J’avais envie de croire Malayeul quand il disait que ce n’était pas lui qui était derrière les «âmes tourmentées».

Nous avons décidé d’un commun accord de nous joindre à Malayeul. Ça ne me faisait pas particulièrement plaisir d’être du côté du dieu de ce crétin fini, mais je vais faire avec. Henryk est resté avec moi le temps que les autres aillent chercher nos compagnons manquants chez Ciqui et que moi je contacte Malayeul.

J’ai utilisé la pièce et une femme est venue me chercher. Elle n’a pas voulu emmener Henryk alors j’ai dû retourner au grand temple seule. Malayeul m’a dit que ce n’était pas tout le monde qui pouvait aller au grand temple et que je ne devais pas faire confiance à Henryk. D’accord, je ne le connais pas, mais il m’a prouvé jusqu’à présent qu’on pouvait compter sur lui. Malayeul est retourné avec moi à la ville et nous avons attendu tout le monde à l’auberge.

Mill était avec eux. Il m’a à peine regardée quand il est arrivé. Il a dit que tout ça ne le concernait pas et il est parti. Je ne pouvais pas l’empêcher de partir si c’était ce qu’il voulait vraiment, mais je ne pouvais pas le laisser partir pendant qu’il pensait que j’étais devenue une folle sanguinaire. Je l’ai suivi dehors pour lui parler. Je lui ai expliqué à quel point je regrettais ce que j’avais fait et que tout ce que je voulais c’était de ne plus être faible. Il m’a dit que je ne l’étais pas, qu’être fort c’était aussi de ne pas tuer. Si je ne suis pas faible, pourquoi je n’ai pas pu sauver Uvi? Pourquoi, malgré tout ce qu’on me dit, je me sens coupable de sa mort?

Mill voulait que je redevienne comme avant. La douce et gentille Leila ne s’était pas fait torturer et elle n’avait pas non plus vu l’homme qu’elle aimait mourir dans ses bras. Je ne crois pas pouvoir redevenir celle que j’étais, mais c’est certain que je ne veux pas devenir une tueuse. Je me suis débarrassé de mon bâton. Je ne le fais pas seulement pour Mill. C’est vrai que je ne voulais pas le perdre, mais je ne voulais pas non plus me perdre moi.

Nous avons discuté avec Malayeul, qui nous a donné une heure pour prendre notre décision. Il fallait surtout décider si nous voulions nous séparer, peu importe comment, parce que Malayeul ne voulait pas de James, Henryk et Eri dans son camp. En fin de compte, la majorité a voté pour aller du côté de Ciqui. Ce n’était pas mon choix, mais je devais suivre le groupe, alors… Nous avons donné notre décision à Malayeul, qui nous a rappelé que la prochaine fois que nous le rencontrerions, nous serions ses ennemis. Et dire que j’avais vraiment envie d’aller de son côté… Je ne connais pas Ciqui, mais je la sens mal de «travailler pour lui». Je crois que ça a dû paraître sur mon visage, parce que Malayeul m’a dit dans ma tête qu’il laisserait une pièce devant la porte et que si je voulais revenir, j’allais devoir le souhaiter de tout mon cœur.

Avant de partir, nous allions devoir magasiner. Lena avait reçu une lettre de crédit de Ciqui. Les gars ont beaucoup (le mot est faible) exagéré en armes et armures. Je me suis contentée de deux habits (j’en avais assez de me promener avec du linge taché de sang) et un manteau. Mill a payé ses trucs. J’aurais dû faire la même chose. Nous sommes retournés à l’auberge, où une nuit de sommeil bien mérité nous attendait…

lundi 23 août 2010

Culpabilité et envie de meurtre

Quand elle nous a vus, la jeune fille a couru dans la maison. Un homme en est ressorti… suivi de Mill. WTF? Comment ça se fait qu’il est réveillé? Dès qu’il m’a vue, il a couru vers moi et il m’a huggée. J’aurai voulu être heureuse de le revoir, mais nos retrouvailles me laissaient une sensation très douce-amère sur le cœur. Il ne devrait pas être réveillé. Il devait rester endormi jusqu’à ce que nous lui donnions l’eau magique.

Mill m’a dit qu’ils étaient réveillés depuis quelques semaines. Ruby avait fini par se lasser et elle était partie nous chercher. Il n’avait jamais vu de petite fille aux cheveux bruns. Depuis… des semaines? Alors nous aurions pu tout simplement attendre et nos amis se seraient réveillés d’eux-mêmes? Uvi est mort pour rien… par ma faute.

Je me sentais atrocement coupable, mais aussi très en colère. Cette petite fille s’était foutue de nous. Si elle ne s’était pas pointée ici, Uvi ne serait jamais mort. Il est mort à cause d’elle. Je vais la tuer… Non. Je vais commencer par la tabasser à mort et après je vais la tuer. Mill n’était pas très d’accord avec mes plans de meurtre. Si seulement tu connaissais toute la situation… Même si tu la connaissais, je crois que tu essaierais de me faire changer d’avis. Ne perds pas ton temps. Je vais la tuer. Tant pis pour elle si c’est une enfant. En général, je crois que tuer des enfants est très mal, mais cette fois-ci je vais faire une exception.

Nous sommes tous entrés dans la maison pour rejoindre la famille de demi-elfes. Il y avait un humain assis à leur table. Et moi qui voulais minimiser mes contacts avec les humains… Une fois tout le monde assis, il y a eu un gros malaise dans l’air. Je sentais que c’était à moi de parler, mais par où commencer? Mill s’étonnait que je voyage avec des humains. Je lui ai répondu qu’ils n’étaient pas si pires que ça : Henryk était cool, William super gentil, Eri aussi et James… il était juste louche. Je n’avais pas trop envie de raconter tout ce qui s’était passé devant tout le monde, alors je suis sortie avec Mill.

Je lui ai résumé rapidement ce qui s’était passé : la petite fille, l’eau magique, notre séjour chez les poissons, la commotion d’Uvi dans Hopesor, les vampires, puis notre présence au beau milieu du champ de bataille. Je n’ai pas mentionné ma séance de torture. Je n’ai pas non plus été capable de dire carrément qu’Uvi était mort. Je l’ai seulement sous-entendu et heureusement, Mill l’a compris. Il m’a serrée très fort contre lui et il s’est mis à pleurer. J’ai répondu à son câlin, mais je me suis retenue de toutes mes forces pour ne pas pleurer.

Mill m’a dit que je pouvais pleurer. Non merci. J’ai eu une semaine pour pleurer. À quoi ça me servirait de continuer? Ça ne ramènerait pas Uvi et ça ne changerait rien au fait que j’ai causé sa mort. Mill avait beau dire que c’était Uvi qui avait décidé de me suivre, si je n’avais pas insisté autant, il serait resté auprès de mes amis et il serait toujours en vie. Je suis donc aussi responsable que cette petite salope qui nous a embarqués dans cette histoires de fous, que ce crétin de Beloss qui a donné une commotion à Uvi et que ce général cinglé qui l’a fait torturer. Sorry about that. I have some little (big) anger problems right now. C’est une bonne chose que Beloss soit mort, ça m’évite d’avoir à le tuer. Si je retrouve la fillette, je jure de l’envoyer dans l’autre monde. Et si un jour je deviens assez puissante, je promets sur la tête d’Uvi de retourner à la citadelle et de tout détruire.

J’aurais bien aimé que Mill m’éclaire sur les raisons qui avaient poussé Uvi à rejeter ma déclaration, mais il n’en savait pas plus que moi. Peut-être que Ruby saurait, mais pour lui demander, il faudrait d’abord la retrouver. C’était aussi l’intention de Mill, alors nous sommes retournés vers la maison pour chercher ses affaires. L’humain blond est sorti au moment où nous allions rentrer. Il s’est présenté : Albert-quelque chose-Cirqui. C’est ça. Enchantée et au revoir.

L’humain leur avait fait une offre, qu’Henryk m’a résumée. Je ne suis pas certaine d’avoir bien compris, en tout cas j’espère ne pas avoir bien compris. Selon un oracle, nous serions des élus qui devions trouver des socles… ou des pierres… ou les deux? Nous devrions aussi empêcher un homme appelé Marayel, qui se prenait pour l’avatar d’un dieu, de récupérer ces socles… pierres… whatever. J’ai tellement ri quand j’ai entendu ça. J’ai dû passer pour une cinglée aux yeux de tout le monde, mais tant pis. Alors j’ai été élue pour trouver des cailloux? C’est tellement l’histoire la plus ridicule que j’ai jamais entendue. Moi, une élue? À part causer la mort de ceux que j’aime, je ne suis pas bonne à grand-chose alors être élue pour sauver le monde d’un illuminé? I don’t think so.

Ça c’était la partie drôle. La partie la moins drôle ça a été quand ils ont dit que ce Marayel était responsable de tout ce qui c’était passé. Information intéressante, mais qu’est-ce qui nous prouve que c’est vrai? Et qu’est-ce qui nous prouve que ce Cirqui a dit la vérité et que ce n’est pas plutôt lui qui a causé tout ça? Ce Cirqui avait aussi dit que si nous acceptions son offre, il nous fournirait en tout ce que nous aurions besoin au cours de l’aventure et qu’une fois que tout serait fini, il nous donnerait ce que nous voulions. Ce que je voulais, je l’ai perdu à tout jamais. Et puis, est-ce que j’ai vraiment envie de me mêler de problèmes d’humains?

Les autres emblaient d’avis que si ce que l’oracle avait dit était vrai, ils allaient aider. Autrefois, j’aurais sans doute dit oui aussi, mais aujourd’hui je me fichais de tout. Je voulais juste m’en aller et tenter d’oublier tout ce qui c’était passé. Eri n’était pas d’accord pour que James y aille. Elle a dit que s’il venait, elle allait s’en aller. J’ai dit que c’était moi qui allais partir, mais personne ne m’a entendue. Tout le monde a fini par sortir et je me suis retrouvée seule le temps que Mill aille remercier les demi-elfes de leur hospitalité.

Henryk est rentré et quand je lui ai dit que je ne voulais pas les accompagner, il m’a répondu que c’était sans doute la meilleure solution. Ensuite il s’est excusé… de ne pas nous avoir assez protégés Uvi et moi. Euh…?? Pourquoi tu t’excuses? Ce n’est pas toi qui as donné une commotion à Uvi et ce n’est pas toi qui l’as torturé. Tu n’es responsable de rien.

Il m’a ensuite dit adieu et souhaité bonne chance dans ma nouvelle vie. Nouvelle vie? Est-ce que je peux vraiment appeler ce que je vais avoir une vie? James est aussi venu s’excuser, de sa maladresse. Ses excuses étaient plutôt maladroites, mais au moins il a fait des efforts. Je le trouverai toujours louche, mais je lui pardonne… à peu près. You know what they say : forgive but not forget.

Mill est revenu et nous sommes sortis main dans la main. J’ai pris sa main un peu à reculons. La dernière personne avec qui j’avais fait ça c’était Uvi et en ce moment, tout ce qui me rappelle Uvi fait mal. Maybe one day it will be less painful, but right now it hurts like hell. J’ai rapidement dit au revoir à mes anciens compagnons. Inutile de m’attarder, je ne les reverrais plus jamais. Eri m’a promis (si tout ce qui c’était dit était vrai) qu’elle découperait en morceaux le type qui était responsable de tout. Mill n’était pas très d’accord, mais moi je pensais que c’était une excellente chose. Puisse-t-il mourir dans d’atroces souffrances qui dureront longtemps (je prie pour que ça arrive) et je serai très heureuse.

J’ai tourné le dos à tout le monde et Mill et moi nous sommes dirigés vers la forêt, à la recherche de Ruby. I hope no one will get in our way, because I’m really not in the mood to be delayed.

mercredi 18 août 2010

Le bazooka pour les nuls

Une petite (grosse) niaiserie en attendant mon post. ^^


mardi 3 août 2010

I've lost him forever... and I feel like it's my fault

Have you ever had the feeling that your life was over? That nothing around you mattered because you lost the most important thing to you? That the only things you could feel were devastation and emptiness because what, or rather who, made you smile and made your heart beat is gone, forever? Moi c’est comme ça que je me sens en ce moment, parce que j’ai perdu Uvi… pour toujours.

Les choses allaient plutôt bien. J’avais parlé à Lena de mon envie de tuer Beloss, parce que j’étais royalement écœurée de toutes les conneries qu’il faisait et surtout de leurs conséquences. Elle m’a proposé de dire à Beloss qu’elle le mettrait en-dehors du groupe à sa prochaine connerie et moi je lui ai promis de ne pas essayé de tuer Beloss tant que nous voyagerions tous ensemble.

Uvi n’allait toujours pas bien, alors je m’en occupais du mieux que je pouvais. J’adorais le dorloter et lui se laissait faire. Que demander de plus? J’essayais de ne pas y mettre trop d’espoir, mais c’était si difficile. J’étais si heureuse de l’avoir près de moi…

Dans la nuit du 12 au 13 septembre, je me suis arrangée pour faire mon tour de garde avec Henryk. J’ai «oublié» de réveiller Uvi et j’ai pu parler avec Henryk sans que personne ne nous dérange. Je lui posé tout un tas de questions du genre s’il avait déjà tué, de sang froid, si c’était facile et finalement, s’il pouvait me donner des suggestions. Il m’a suggéré les objets tranchants, la noyade, les accidents. Quand je lui ai avoué que je voulais m’en prendre à quelqu’un du groupe, il m’a suggéré de prendre mon mal en patience et il m’a proposé son aide le moment venu. Je vais m’en souvenir, parce que ça risque d’être difficile à faire toute seule. Je crois que la discussion a perturbé Henryk, parce qu’il m’a laissé seule pour aller s’entraîner.

Le matin, nous avons tous été réveillés par des gros bruits. C’était des boulets de canon. Nous étions pris entre une armée d’elfes/arcadiens et une armée d’humains qui s’apprêtaient à se taper dessus. Ce fut le début de la fin.

Uvi et moi sommes embarqués sur Béarchand avec Henryk et nous sommes partis, pendant que les autres discutaient encore. Il n’y avait aucun moyen pour nous d’éviter tous ces soldats, alors je me suis accrochée à Uvi et j’ai prié pour que nous nous en sortions. Nous avons perdu Henryk de vue, mais nous avons réussi à nous accrocher au cheval. Une éternité plus tard, quand tout fut fini, nous avons retrouvé Henryk, mais des groupes de soldats sont venus vers nous et nous avons dû nous enfuir. Nous avons malheureusement été rattrapés par des cavaliers et des soldats à pied. En dernier recours, j’ai essayé de lancer un flare, mais ça n’a servi à rien à part me faire traiter de salope. Ils nous ont fait descendre de cheval et menottés. J’ai senti d’étranges picotements dans mes bras au moment où les menottes se sont refermées. I got a bad feeling about this.

Nous avons fini par tous nous retrouver (tout le monde était menotté) devant une tente. Un demi-drow qui avait l’air d’être le chef est sorti. Étienne nous a chuchoté de faire comme si on ne le connaissait pas. Le demi-drow a regardé Étienne et l’a appelé Léac. Léac? WTF? Il a demandé à Lena et William s’ils connaissaient Léac. Il a ensuite dit qu’il allait s’occuper de William pour vérifier s’il était arcadien. Avec l’air sadique qu’il avait sur le visage, je crois qu’il voulait le torturer. Oh mon dieu… Nous allons être torturés et ensuite tués. Quand j’ai vu les trois prisonniers se faire exécuter devant nous, j’ai quand même été contente de ne pas en faire partie. Si j’avais su ce qui allait arriver, je crois que j’aurais supplié pour en faire partie.

Nous avons été attachés sans ménagement derrière des chariots et nous sommes partis. Il ne servait à rien de leur demander de s’arrêter quand nous étions épuisés. Nous aurions pu ne pas être là et les choses n’auraient pas été différentes. À environ minuit, nous sommes arrivés à une citadelle. Beloss a été attaché dans la cour et nous avons été enfermés dans des cachots sombres et puants. Ils nous ont enlevé les chaînes, mais ont laissé les menottes.

J’ai entendu les cris de douleur de mes compagnons sans voir ce qui leur arrivait. Mais je les ai bien vus quand ils sont passés devant notre cellule pour sortir de la prison : ils ne portaient plus leur chandail et leur dos saignait. Ça ne me laissait pas trop d’espoir pour notre sort. Nous étions deux elfes dans une citadelle d’humains complètement cinglés qui détestaient les elfes. Plus j’y pensais et plus je voyais la fin arriver bientôt.

Quand le général est arrivé, j’ai su ce qui était arrivé à James, Eri et Henryk en le voyant arriver sur William et Étienne. Un instrument a été rentré dans leur dos et ils ont hurlé. Quand ça a été le tour d’Étienne, il y a eu une explosion (comme une boule de feu) et j’ai pu voir des ailes dans le dos d’Étienne. Elles étaient rose pâle, comme ses cheveux ^^. William a pris le même chemin que les trois autres et avant de me retrouver seule avec mes trois derniers compagnons, le général a dit que demain nous allions être mis dans une autre pièce, parce qu’il ne fallait pas mélanger les morpions et les poulets. Il vient de nous traiter de morpions? Si je n’avais pas été certaine de subir des conséquences négatives, je lui aurais répliqué.

Après son départ, je me suis assise par terre en position fœtale et je me suis balancée d’en avant à en arrière. J’étais morte de peur. Je vais mourir… Je vais mourir… Uvi s’est assis à côté de moi pour me réconforter. Je voyais bien que ça lui demandait beaucoup d’efforts, mais il le faisait quand même. Je me suis accotée sur lui tout en continuant de trembler. J’ai tellement peur Uvi… Et entendre Étienne dire à Lena qu’elle allait être torturée avant de mourir ne m’a pas aidée du tout à être rassurée.

Durant l’attente, j’ai pu en apprendre un peu plus sur Étienne. Son vrai nom était bien Léac et il était un espion. Son nom complet : Léac the Wise. Pfft! Étienne, sage? J’ai trouvé ça tellement drôle que je lui ai demandé si je devais maintenant l’appeler Étienne le sage. «Monseigneur» lui suffisait. Alors ce sera «Monseigneur Étienne le sage». Il a finalement avoué pourquoi il avait assommé Uvi trois fois : le seul moyen de sortir était de sortir ses ailes et Uvi ne devait pas les voir. Je me sentais mal de ce que j’avais pensé de lui et de comment j’avais agi envers lui alors je me suis excusée d’avoir pensé qu’il était un trou-de-cul.

Il nous a conseillé de transmettre nos dernières volontés maintenant, parce que ce n’était pas tout le monde qui allait s’en sortir. Étienne a demandé à Lena de s’occuper de sa mère et moi j’ai demandé qu’on dise à mes parents que je les aimais. Uvi m’a dit que j’allais être là pour leur dire. Toi aussi! «Bien sûr», qu’il m’a répondu. Je ne sais pas s’il savait au fond de lui à ce moment-là qu’il allait mourir et qu’il m’a dit ça juste pour me rassurer. C’était bien son genre : à toujours s’occuper de moi avant de s’occuper de lui-même. No wonder I fell in love with him.

Dans la matinée du 14, nous avons commencé à entendre des cris de douleur très intenses qui venaient de loin. Ça a duré des heures. Quand des soldats sont venus nous chercher, nous les entendions encore. Au moins les soldats m’ont laissé aider Uvi à marcher. Nous avons descendu des marches et c’est seulement là que nous avons cessé d’entendre les cris. Étienne et Lena sont allés dans une pièce et Uvi et moi dans une autre. Nous étions dans une salle de torture. Il y avait pleins de trucs… que j’aurais aimé ne jamais voir. Je crois qu’Uvi était aussi découragé que moi et il devait penser la même chose : nous allons mourir dans d’atroces souffrances.

Ça n’aurait pas été une bonne idée de résister alors je me suis laissée attacher sur la table et Uvi a été attaché au mur. Le bourreau a découpé nos vêtements. Muuu… Je suis toute nue devant quelqu’un. Le bourreau m’a présenté ses instruments. Il avait donné des noms à chacun d’eux. Il s’est occupé de moi et un grand homme avec les lèvres cousues ensemble (ew) s’est occupé de torturer Uvi. C’est ce qui m’a fait le plus mal : entendre ses cris de douleur entre les miens. S’il vous plaît, laissez-le tranquille.

Je n’ai jamais autant souffert de toute ma vie : membres étirés, lambeaux de chair arrachés, douleur atroce à la poitrine, piquants enfoncés dans le dos, piquants enfoncés dans le dos mais chauffés, plat de braise chaude sous les pieds, trempette dans de l’eau salée… J’en oublie? Ça a été sans contredit l’expérience la plus horrible de ma vie, mais j’aurais accepté le double si ça avait pu éviter des souffrances à Uvi. Le pire, c’est que le général a eu le culot de me dire que s’il avait su avant qu’Uvi avait une commotion cérébrale, il m’aurait posé les questions qu’il lui posait à lui. Mon œil! Vous l’auriez torturé quand même!

J’aurais voulu être plus résistante, mais la douleur a été trop pour moi : j’ai dit au général ce qu’il voulait savoir. J’ai seulement trouvé la force de ne pas parler de mes parents ou de ce que Willington m’avait dit. Comme il voulait être certain de mes réponses, j’ai encore plus souffert et Uvi aussi, parce que j’ai dit que je voulais qu’il garde ses morceaux. Ils lui ont dessiné dans le dos avec une lame pour s’assurer de ma sincérité. Si je n’avais rien dit, est-ce que ça aurait été pire? Je ne sais pas. Mais ça n’aurait rien changé au résultat.

Le général a demandé au bourreau de nous faire tremper dans de l’eau salée. Il allait revenir plus tard. Après cette énième torture, le bourreau nous a suspendus côte-à-côté, nos pieds touchant à peine le sol, et il nous a laissé seuls. Il n’y avait plus de doute dans mon esprit à ce moment-là : j’allais mourir. Ce n’était qu’une question de temps. Mais je ne voulais pas que ça arrive sans que j’aie dit une dernière fois à Uvi que je l’aimais. C’est ce que j’ai fait et pour ma plus grande surprise, il m’a répondu que lui aussi. Il ne savait probablement plus ce qu’il disait, mais ça m’a quand même fait plaisir. Je pouvais maintenant mourir heureuse.

Un peu plus tard, quelqu’un est entré dans la pièce. Je pensais que nous allions encore être torturés ou comble de chance achevés rapidement, mais la femme était là pour nous sauver. Elle nous a détachés et elle s’est occupée de nous, nous donnant potions et vêtements. Elle ne pouvait malheureusement rien faire pour le bras d’Uvi qui avait été broyé sous la masse et malgré sa potion, il n’allait toujours pas bien. Please, hold on…

Nous avons retrouvé Étienne et Lena dans l’autre salle de torture. Nous sommes allés récupérer nos sacs et nos armes dans la pièce indiquée par la femme et nous sommes montés jusque dans une tour. La carcasse de Beloss était dans la cour. J’ai été malade. Je sais bien que j’avais souhaité (très) qu’il meure, mais pas d’une façon aussi horrible.

Étienne voulait que les choses soient claires : si quelqu’un restait derrière, ça serait lui et Uvi. Ben là, non… Il m’a demandé si je croyais qu’Uvi serait heureux que je meure avec lui. Non, mais… Uvi a dit qu’il préférait ne pas rester dans cet état. J’ai donc dit que j’étais d’accord, mais sans être certaine que je pourrais respecter ma parole. Lena m’a prise dans ses bras pour s’envoler et Étienne s’est occupé d’Uvi.

Nous avons volé jusqu’à un endroit où la plaine descendait abruptement et je ne sais pas trop ce qui s’est passé, mais Étienne est tombé du haut des airs et avec lui, Uvi. Dès que j’ai touché le sol, je me suis précipitée vers mon ami, qui n’allait pas bien du tout. Étienne m’a demandé de lui ouvrir le bras (???) avec ma dague, ce que j’ai fait et je suis tout de suite retournée près d’Uvi. Je ne voulais pas pleurer, mais je n’ai pas pu m’empêcher de le faire. Je sentais qu’il allait me quitter.

Il m’a fait promettre de retourner près de nos amis et de leur dire de sa part qu’il était désolé. Il m’a rappelé que nous n’avions pas eu notre discussion. Ça n’a aucune importance. J’abandonnerais toutes les discussions du monde pour que tu restes à mes côtés. Quand il m’a demandé de me pencher vers lui, je pensais que c’était parce qu’il n’avait plus de force que pour chuchoter, mais il ne m’a pas parlé, il m’a embrassée. Alors… Même s’il ne pouvait pas être avec moi pour «X» raison, il m’aimait vraiment? Autant que moi je l’aimais?

Après, il m’a suggéré d’écrire une chanson sur tout ce que nous avions vécu. Si ça peut te faire plaisir, mais je vais d’abord devoir écrire des paroles pour l’air que tu m’as écrit. Uvi ne m’a pas répondu. Son regard était vide et il ne respirait plus. J’ai eu beau le secouer, hurler son nom et pleurer toutes les larmes de mon corps, il m’avait définitivement quittée.

Tout le monde réuni, Henryk a essayé de m’arracher au corps de mon amour, mais nous sommes finalement partis en emmenant les corps d’Uvi et d’Étienne, qui était mort dans les bras de Lena, avec nous. Quand nous avons fait une pause, je me suis mise à creuser la tombe d’Uvi. Ça m’a pris une éternité, mais je ne voulais pas que qui que ce soit m’aide. Si quelqu’un avait osé me proposer son aide, je crois que je l’aurais tué.

J’ai enterré Uvi et je suis restée assise en petite boule sur sa tombe. Il aurait mérité tellement plus que cette tombe de fortune, mais je ne pouvais pas faire mieux. Je pensais d’abord garder seulement son luth, mais finalement, j’ai tout gardé. J’ai été incapable de me défaire de quoi que ce soit qui me le rappelait.

J’ai perdu tellement de temps. Si j’avais eu le courage de lui dire bien avant que je l’aimais, les choses auraient peut-être été différentes. Et si je m’étais mieux occupée de lui? Il était malade. J’aurais dû en prendre plus soin, j’aurais dû insister pour que nous nous reposions et qu’il puisse reprendre des forces. Je n’aurais jamais dû lui demander de m’accompagner. Je l’aimais, j’avais peur et je ne voulais pas partir sans lui. Si je m’étais montrée forte, Uvi serait resté avec nos amis et il serait encore en vie. Je l’aimais et je l’ai conduit tout droit à sa mort. Tout est de ma faute…

William m’a offert ses sympathies, mais je l’ai repoussé. Je n’avais pas envie de parler. Qu’est-ce que ça changerait de toute façon? Uvi était mort et je ne pouvais pas le ramener. James m’a aussi offert ses sympathies. Je ne voulais pas qu’il s’éternise, alors je l’ai rapidement remercié, espérant qu’il s’en aille. C’est ce qu’il a fait, mais pas avant de m’avoir souhaité «bonne soirée». Bonne soirée? Bonne soirée?! BONNE SOIRÉE?! Tu te fous de ma gueule, tabarnak?! Uvi est mort!! Comment veux-tu que je passe une bonne soirée?! Je vais te tuer mon sale!! J’ai commencé à lui courir après en lui donnant des coups de bâton. Je me fiche que tu n’ais pas de talent pour ça! Je vais te buter!!

Sans l’intervention d’Henryk, je crois que j’aurais continué à lui taper dessus jusqu’à ce qu’il soit mort. Il m’a enlevé mon bâton et quand je lui ai expliqué la raison de mon comportement, il a paru comprendre. Il m’a proposé de lui taper dessus à la place. Mais ça ne serait pas pareil… Je pourrais penser à un moyen de lui enlever son autre bras…? Encore plus simple : avec tout ce que j’avais vu dans la citadelle, je pourrais mettre certaines idées en pratique sur lui…? William n’étais pas très d’accord. Moi je me fichais bien que ça soit mal de penser à faire du mal aux gens, ça me faisait du bien de le faire.

Nous avons voyagé durant une semaine avant d’arriver à destination. J’ai passé mes nuits à pleurer en silence, la tête cachée dans la couverture d’Uvi. Mes journées je les ai passées à m’entraîner au luth et à utiliser les couteaux à lancer d’Uvi. Mais ça ne me suffisait pas. Je devais trouver une arme plus grosse. Peut-être que si j’apprenais à me battre avec deux épées? Non, trop rapproché. Une lance alors? La portée est grande et je pourrai sans doute faire plus de dégâts. Tout pour me contenter.

Le reste du temps, j’ai pensé. D’abord à tout le temps que j’avais perdu, avec Uvi, mais aussi avec Étienne. Toutes les fois où je l’avais ignoré et toutes les fois où j’avais repoussé ses tentatives de rapprochement. C’était quelqu’un de vraiment bien et je l’ai traité comme de la merde. A-t-il compris à quel point je regrettais tout avant la fin? Je ne sais pas. Je ne lui ai pas dit et maintenant je ne pourrai plus jamais le faire. Et mon cher Uvi… J’aurais dû lui dire chaque jour, à chaque instant depuis que je m’en étais rendu compte : je t’aime. J’ai perdu tellement de temps et maintenant il est trop tard.

J’ai eu l’impression que quelque chose en moi se brisait durant le voyage du retour, comme si je laissais derrière une partie de moi que je perdais à jamais. Je me sentais démolie, détruite, mon cœur arraché et déchiqueté en mille morceaux. Une partie de cette douleur revenait au général demi-drow. Pour tout ce qu’Uvi avait subi, si je le revoyais un jour, je jure de le faire crever dans des souffrances encore plus grandes que ce que mon amour avait endurées.

J’étais aussi en colère contre moi-même. Je me sentais comme si j’avais beaucoup de choses à me reprocher. Si j’avais été plus forte, je n’aurais pas dépendu autant d’Uvi. Je ne lui aurais donc pas demandé de m’accompagner et il serait toujours en vie. Je sentais sur mes épaules le poids de sa mort de plus en plus lourd. Et si j’avais été plus forte, j’aurais pu mieux faire face à tout ça et j’aurais pu mieux me défendre. À quoi ça m’aura servi d’être gentille et pacifique? Je n’ai pas pu sauver l’homme que j’aimais et j’ai souffert mille maux, autant mentalement que physiquement. La survie appartient à ceux qui savent se défendre. Tuer ou être tué. Autrefois, cette pensée m’aurait fait horreur. Aujourd’hui, elle était très facile à accepter.

J’étais en colère contre absolument tout et tout le monde (à part William, il est trop gentil). Et dire qu’Étienne m’avait dit de garder espoir. Quel espoir? Je l’ai définitivement perdu. Étienne avait aussi dit que tous les humains n’étaient pas mauvais. Right. Après ce que je viens de vivre, je ne reparlerai plus à un humain à moins d’y être obligée. J’avais aussi perdu toute envie : envie de croire (en qui et en quoi que ce soit) et de me rapprocher et surtout envie d’aimer. La première fois, j’avais eu le cœur brisé et la deuxième fois… j’avais eu le cœur brisé. Plus jamais.

Quand nous sommes arrivés en vue de la ferme où mes amis se trouvaient, je n’étais plus la même depuis un bon moment. Je vais les réveiller et leur donner le message d’Uvi. Je prendrai bien sûr le temps de leur raconter ce qui s’est passé et je leur poserai quelques questions dont j’ai besoin d’obtenir des réponses. Mais après… Je n’ai pas envie d’avoir aussi leur mort sur ma conscience. Je crois que je vais retourner chez moi, et ne plus jamais en partir.

Mes pensées ont failli me faire manquer le cheval blanc qui broutait dans l’herbe près de la ferme et cette fille qui avait l’air de cueillir des fleurs. Je ne sais pas ce qui se passe, mais si je rencontre quelqu’un le moindrement hostile, je jure que je vais le tuer sans poser de question.