lundi 12 septembre 2011

Il a passé toute la nuit à me chercher un violon...?

Il y a eu du bruit durant environ 15 minutes, puis tout a fini par se calmer. J’ai entendu une petite fille crier et quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu une femme se faire maltraiter par un des pirates. Pourquoi ça ne m’étonne pas? Avec le capitaine qu’ils ont…

En bonne elfe stupide que je suis, j’ai décidé de faire la chose la plus intelligente à la quelle je pouvais penser : prendre une longue-vue et essayer d’assommer le pirate. J’ai échoué lamentablement, mais au moins la petite fille était en sécurité derrière moi. Un des pirates, celui habillé avec un chapeau vert et une tunique verte et des collants blancs, a essayé de me convaincre de me tasser. No way! Je sais que ça ne se terminera pas bien pour moi, mais pas question que je me tasse!

Vous auriez dû voir la tête du capitaine quand il m’a vue. Il n’était pas content du tout. Il a pointé son gun sur moi et il m’a demandé de me tasser de ça. Quand j’ai refusé de le faire, j’ai pensé qu’il allait me tirer dessus, mais c’est plutôt dans la tête de la petite fille qu’il a tiré. Espèce de malade mental… Je refuse de t’obéir et tu tues la petite fille? J’étais en colère et j’avais envie de pleurer, mais je n’allais pas lui donner la satisfaction de me voir faire. En bonne elfe soumise qui ruminait sa colère, je suis donc retournée dans sa cabine pour attendre qu’il vienne m’engueuler. J’ai entre-temps passé ma colère sur la pauvre théière. Paix à son âme.

Je l’ai entendu revenir, avec Link derrière lui qui essayait de le convaincre de ne pas être trop dur avec moi, parce que je n’étais pas au courant. Au courant de quoi? Qu’il ne faut pas s’interposer quand l’envie lui prend de tuer des enfants? Je m’en suis rendue compte. Qu’est-ce que ça va être s’il tombe un jour sur un bateau avec des enfants elfes? C’est peut-être déjà arrivé…

J’ai eu droit à une engueulade en bonne et due forme de Lemleck, mais ce fut moins pire que ce que je croyais. Je pensais qu’il allait me frapper, mais non. Il ne voulait plus que je me mêle de quoi que ce soit, ni que je parle sans qu’il m’ait posé une question. En gros : tu fais ce que je te dis et tu la fermes. Je me suis contentée de le regarder dans les yeux sans rien dire. Si tu penses que je vais baisser les yeux devant toi, espèce de pirate soûl complètement fou… Il a dit que j’étais une tête forte et qu’il allait peut-être essayer de me briser d’ici à ce que nous arrivions à terre. Si tu penses que je vais me laisser faire…

Quand il a remarqué la théière, il m’a demandé ce qui s’était passé et j’ai dû raconter le malheureux accident impliquant mes mains et le sol se rapprochant à grande vitesse de la porcelaine, de façon tout à fait imprévue. Il voulait que je la recolle. Si ça peut me permettre de me tenir occupée…

Le marin venu ramasser les débris pensait que j’étais la compagne du capitaine. Euh, ça ne va pas la tête? J’ai lâché que j’avais été acheté par le frère et la belle-sœur du capitaine, qui n’était pas au courant. Il ne m’a probablement pas crue. Ils ont tous l’air de le porter en très haute estime, alors pourquoi je perdrais mon temps à essayer de me trouver des alliés?

Un jeune marin nommé Bobby m’a apporté un panier avec de la nourriture, du vin, des livres et des trucs à broder. Une chance qu’il n’y avait pas de laine ni d’aiguille à tricoter, parce que je me serais fâchée contre ce pauvre petit qui ne le méritait pas. Je lui ai demandé si, par un très heureux hasard, un violon ne se trouverait pas sur le bateau. Il allait vérifier pour moi.

J’ai passé les quelques heures suivantes à rafistoler la théière. Je ne le faisais pas pour lui, mais tant qu’à ne rien faire et me mettre à penser…

J’ai fini par me coucher et je me suis réveillée quand le capitaine soûl est revenu. Je l’ai entendu enlever ses bottes et se diriger vers le lit. Euh… C’est parce que je suis dans le lit… J’ai essayé de descendre subtilement du lit, mais il a pointé son arme sur moi. C’est interdit de descendre du lit? Vous vous mettez le doigt dans l’œil si vous pensez que je vais dormir dans le même lit que vous…

En fait, il était seulement (très) contrarié que je sois encore là. Où vouliez-vous que j’aille? Je ne sais même pas où j’ai le droit ou pas le droit d’aller! Qu’est-ce que j’étais censée faire? M’aventurer peu importe où et que quelqu’un finisse par pointer son arme sur moi en me demandant ce que je fais là?

En l’entendant parler (aka crier) à un marin, j’ai cru comprendre qu’un endroit avait été emménagé pour moi. J’ai donc rassemblé mes affaires, y compris la théière. J’ai eu droit à un regard. Eh oui. En plus d’être une vandale de théière, je suis une voleuse de théière.

Lemleck a dit qu’il devrait se débarrasser de moi. Quand j’ai vu la grande planche sur le pont, j’ai cru qu’il voulait me jeter par-dessus bord, mais il voulait seulement que j’aille dans une autre cabine. Mon nouveau chez-moi consistait en une petite cabine tout à fait girly. Tout était dépareillé, mais les couleurs et les motifs étaient on ne peut plus «fille». Et ce sont des pirates qui ont emménagés ça pour moi? Perturbant…

19 au 22 février

J’ai essayé de rester dans mon coin le plus possible. Je n’ai quand même pas eu le choix d’aller voir le capitaine soûl. J’en avais assez de porter les mêmes vêtements alors je suis allée lui demander si je pouvais récupérer mon sac. Bobby m’avait dit pas le matin (gueule de bois) et ni le sois (soûl), alors j’y suis allée en après-midi. Il a refusé net ma demande. Come on! Vous avez peur que je fasse quoi? Que j’attaque les marins à coup de vêtement? Ayez peur de moi les pirates, je suis armée d’une robe…

Le capitaine soûl m’a dit d’aller demander à Bobby pour des vêtements. Finalement, je suis descendue à la calle avec Link et Bobby. J’ai fouillé dans les malles et je me suis pris pleins de choses : robes, chemises, pantalons… Quand j’ai mentionné que j’allais y faire des retouches, Link m’a demandé si je pouvais m’occuper d’un trou dans son chandail. Il avait l’air gêné de le faire. Je suis en compagnie de méchants pirates qui m’ont emménagé une chambre cucu et qui sont gênés de me demander de réparer leurs chandails? Je suis perturbée…

Au bout du compte, les marins ont commencé à faire la file devant ma cabine pour que je m’occupe de leurs vêtements abimés. Ça n’a pas plu au capitaine soûl. Quoi? C’est mal de réparer des trous dans des chandails et des pantalons? À le regarder, on aurait dit que oui. Après ça, je me suis tenue encore plus loin de lui. Et quand nous avons finalement accosté, je suis restée enfermée dans ma cabine. Avec un peu de chance, ils vont m’oublier. Quand l’activité a semblé s’être terminée, je me suis faufilée jusqu’aux cuisines pour me faire des provisions de nourriture.

Je m’en retournais à ma cabine quand j’ai entendu une voix de femme qui était en colère. Elle était en train de disputer ce pauvre Bobby, parce que selon ce qu’elle s’était fait dire, il y avait une dame à bord et elle ne se trouvait pas dans sa cabine. Je ne voulais pas attirer d’ennuis à Bobby (il avait été si gentil avec moi), alors j’ai fait connaître ma présence.

La femme s’appelait Maggie et elle travaillait pour le capitaine soûl. Elle avait l’air très… gentille. Ça doit être une tactique pour que je baisse ma garde. Elle ne peut pas vraiment être gentille. Personne qui travaille pour le capitaine soûl ne peut être gentil. Finalement, je me suis laissée avoir par la perspective d’un vrai lit, d’un bain et d’un bon repas. En autant que je puisse restée éloignée du capitaine soûl…

Maggie pensait que j’avais peur de lui. Non. Je ne me sens pas très à l’aise c’est tout. J’ai l’impression de devoir toujours marcher sur des œufs en sa présence. Surtout après l’avoir vu tuer une enfant… Ça, Maggie a eu de la difficulté à le croire. J’étais là, je l’ai vu faire! Elle a dit qu’elle allait tirer ça au clair avec lui. Oh non… Pourquoi j’ai l’impression d’voir ouvert ma grande gueule quand je n’aurais pas dû le faire? Je vais tellement me faire engueuler…

Le capitaine soûl est venu me voir dans ma chambre le soir, pour discuter de ce que j’avais dit à Maggie. Je l’ai laissé entrer, mais je me suis tenue derrière une chaise. Si jamais il tentait de m’attaquer, j’essaierais de me défendre. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il m’a raconté. Je n’avais aucune raison de le croire, mais je l’ai quand même fait. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne l’imaginais pas mentir à Maggie. Il m’a dit que l’enfant était en fait un halfling, le capitaine du bateau et qu’elle traînait dans le trafic d’esclaves. Oh… Je me suis excusée. Il m’a demandé s’il pouvait faire autre chose pour moi. Euh… Un violon? Non? Rien alors. Ça aurait été trop beau pour être vrai. Avant de partir, il a repris son air de «je suis frustré de la vie et tu m’emmerdes parce que tu es une elfe» et il m’a demandé de façon très autoritaire de ne plus jamais perturber la bonne marche de son navire. Mais je voulais juste me rendre utile…

23 février

J’ai passé une excellente nuit et à mon réveil, un bon déjeuner et des vêtements plus chics que ce que j’avais porté sur le bateau m’attendaient.

Après être sortie de ma chambre, j’ai fini par tomber sur Maggie, qui était dans tous ses états parce que le capitaine soûl n’était pas rentré cette nuit. Link essayait de la consoler. Je me suis joint à la conversation et j’ai proposé mon aide quand Link a dit qu’il allait le chercher. Maggie pensait que, malgré la situation, je voulais aider le capitaine. Euh, non, J’ai seulement besoin de taper sur des trucs. Link et Maggie se sont entendus sur le fait que ça ne serait pas une bonne idée de le dire au capitaine soûl. C’est aussi à ce moment-là que j’ai appris que nous nous trouvions sur une ile de pirates. Une chance que je n’avais pas décidé de m’enfuir cette nuit…

Link est parti et j’ai demandé à Maggie s’il y avait une bibliothèque. Il fallait bien que je m’occupe un peu. Elle m’a dit d’aller voir dans le bureau du capitaine soûl. L’idée ne me rendait pas très à l’aise, mais j’y suis allée. Je m’étais choisi quelques livres quand je l’ai entendu revenir. Oh non… Si jamais il me trouve ici, je suis certaine qu’il va m’accuser d’avoir fouillé dans ses affaires. J’ai entrouvert la porte du bureau et je l’ai regardé discuter avec Maggie, ou plutôt j’ai regardé Maggie l’engueuler. Les vêtements du capitaine soûl étaient crottés, tachés de sans et il tenait une boîte dans ses mains. Maggie voulait qu’il mange, mais il lui a répondu qu’il n’avait pas dormi de la nuit et qu’il voulait juste aller prendre un bain. Quand il est monté à l’étage, je me suis décidé à sortir.

Je suis allée m’installer dans les jardins pour lire. En début d’après-midi, une servante est venue m’avertir qu’il y avait un paquet pour moi dans ma chambre. Un paquet…? Je suis tout de suite allée jeter un coup d’œil. Sur mon lit, il y avait la boîte que j’avais vue dans les mains du capitaine soûl. Dedans, il y avait un violon. Euh… Il y a un violon dans la boîte… Il y a un violon dans la boîte et il a passé toute la nuit à le chercher… Je ne me suis pas mise à penser que le capitaine soûl était gentil, mais j’appréciais le geste, surtout qu’il éprouvait une haine assez intense envers ma race. Il se l’était probablement procuré pour que je lui fiche la paix, mais j’ai quand même eu envie de le remercier.

Je suis allée trouver Maggie, qui dit où se trouvait sa chambre et qui m’a chargée d’aller lui porter son repas. J’ai cogné à la porte avec mon pied. Il a entrouvert la porte, mais je n’osais pas entrer et lui pensait que j’étais Maggie. Quand j’ai finalement ouvert la bouche, il a ouvert la porte plus grand et je me suis trouvée face-à-face au pirate soûl, qui portait une serviette autour de la taille… et c’est tout. J’ai tout de suite baissé les yeux, pour qu’il ne voie pas à quel point je devais déjà être rouge de gêne. Je lui ai montré le cabaret préparé par Maggie et pendant que j’allais le déposer sur la table qu’il m’avait indiquée, lui prenait le chemin de derrière le paravent.

Quand il est ressorti, il était habillé tout à fait décemment, mais j’ai quand même eu de la difficulté à le regarder. Je l’ai remercié pour le violon et lui ai dit que j’appréciais beaucoup son geste. Il ne saurait sans doute jamais à quel point c’était important pour moi d’avoir un violon, mais il fallait au moins que je lui dise ça. J’ai réussi à marmonné un «bonne fin de journée» et je suis sortie sans demander mon reste. Je le jure sur la tête de tous les dieux du panthéon, plus jamais je n’irai cogner à la porte de sa chambre…