mardi 30 août 2011

Tu sais où tu peux te le mettre ton cache-pot?



10 février


Je peux être certaine de deux choses en ce moment:



1-Uvi ne savait pas que la ville se trouvait dans cet état, sinon il ne m’aurait jamais envoyée ici.


2-Je vais mourir.



Que ce soit aux mains du pirate soûl ou plus tard, directement ou indirectement par le frère pervers ou la belle-sœur cinglée, je ne crois pas pouvoir m’en sortir. Je suis pleine de motivation, mais…



Je suis allée me porter volontaire pour aider à m’occuper des blessés. J’espérais être en pseudo-sécurité là où j’étais, mais la bataille s’est rendue jusqu’à nous. Les murs et le toit se sont mis à trembler, puis à s’écrouler. J’ai essayé d’aider des gens à s’échapper, mais il y avait un peu partout des formes noires très rapides qui tuaient tout le monde. Je me suis retrouvée seule contre l’une d’entre elles, mais je suis tombée inconsciente.



Devinez où je me trouvais quand je me suis réveillée? Dans une vente d’esclaves! Yééé! Pas encore… Ça doit être dans mon karma de me faire kidnapper et de me faire vendre… L’homme qui était en charge m’a entendu marmonner et m’a demandé si j’étais vierge ou si mes anciens maîtres m’avaient passée dessus. Comme j’ai tardé à répondre, il a dit que je devrais passer le test.



Je me suis fait emmener dans une autre pièce avec d’autres filles et nous avons toutes subi la même chose : des hommes tenaient nous bras et nos jambes, on nous a arraché nos petites culottes et un homme a vérifié si… Je ne savais pas que ça pouvait se faire, mais apparemment oui. J’ai été placé dans la catégorie A. C’est une bonne chose…?



Une femme qui avait l’air peu commode est arrivée, un fouet en main. Elle nous a ordonnées de nous déshabiller et de nous laver et après elle a refusé que nous nous rhabillons.



Nous sommes allées dans une autre pièce, où nous attendaient des coffres remplis de vêtements de qualité, vêtements rimant ici avec bouts de tissus et qualité rimant ici avec très (trop) révélateurs. J’ai choisi ce que je croyais le moins pire, mais le tissu qui couvrait mes fesses était quand même transparent.



J’ai été coiffée, maquillée, embellie de quelques bijoux et emmenée dans un endroit où il y avait pleins de cages avec des gens dedans. L’homme de tout à l’heure est venu me poser pleins de questions sur ce que je savais faire. J’ai préféré ne pas mentir. Si je disais que je ne savais rien faire, je risquais de me faire vendre à n’importe qui.



La vente avait lieu le soir même. J’ai passé tout ce temps à prier pour que le père Marayel vienne me sauver. Please don’t leave me here. I don’t think I’ll be as lucky this time to find a «master» as nice as lord Willington. Personne n’a répondu à mes prières et le soir venu, j’ai paradé devant des acheteurs potentiels pendant que mes talents étaient vantés.



Après, je suis retournée dans ma cage et j’ai passé le restant de la nuit et une partie de la journée du lendemain à prier encore. Mais je ne priais plus seulement le père Marayel. Je priais surtout pour ne pas me faire acheter par un pervers ou un violent. Finalement, aucune de mes prières n’a été entendue. J’ai entendu des voix se rapprocher de ma cage. L’une d’entre elle parlait de quelqu’un qui avait besoin de passer sa rage. Génial. Je vais me faire vendre à quelqu’un qui a besoin de passer sa colère.


Mes futurs acheteurs étaient un homme et une femme visiblement très en moyens. Je suis restée seule avec l’homme, qui m’a posé quelques questions, entre autre quelle sorte d’elfe j’étais. Ça n’a pas eu l’air de faire son affaire que je sois une elfe grise. Il m’a suggéré de ne pas parler de ma couleur. Alors, est-ce que ça aurait été bien ou mauvais pour moi que je sois une autre sorte d’elfe?



Quand la femme est revenue, elle a dit que j’étais une elfe et que c’était tout ce qui comptait. Après, les deux ont signé les papiers qui scellaient mon destin. J’ai compris qu’ils m’avaient payée très cher. Alors malade #1 et malade #2 m’ont achetée à un prix de fou pour me donner au frère de malade #1 qui va se faire un plaisir de passer sa rage sur moi parce que je suis une elfe? Super. Ma nouvelle vie d’esclave commence… encore.



Je suis embarquée à l’arrière d’un carrosse qui nous a emmenés jusqu’à un manoir auquel il y avait un petit port de rattaché. J’ai suivi un serviteur jusqu’à une petite chambre et dès que j’ai été seule, je me suis dépêchée de remettre mes vêtements. Ils peuvent bien s’étouffer s’ils pensent que je vais rester habillée à moitié toute nue.



Personne n’a exigé que je me rechange et on ne m’a pas laissée crever de faim. Ce fut les premiers et seuls minuscules points positifs de mon séjour ici, qui furent loin d’éclipser tous les aspects négatifs.



J’ai fini par m’endormir, seulement pour me réveiller en plein milieu de la nuit, à moitié nue, un homme couché sur moi en train de me tripoter. C’était malade #1. J’ai essayé de me débattre et d’utiliser ma magie, mais il était beaucoup trop fort. Il ne m’a plus tripotée, mais il m’a embrassée à pleine bouche. J’ai complètement figé. Qu’est-ce que sa langue fait dans ma bouche? Quand il a fini par me lâcher, il s’est essuyé de l’eau que je lui avais envoyée avec mes vêtements qu’il m’avait enlevés. Je n’ai recommencé à bouger qu’après son départ. C’était dégoûtant. J’espère ne plus jamais me faire embrasser comme ça.



11 au 14 février


Ces quatre jours ont sans conteste été les pires de ma vie. Je n’ai réussi à survivre que grâce à un gros bon sens et à deux très grandes motivations : je devais sauver Mill et je devais ramener Uvi. Si je n’avais pas eu ça, je n’aurais pas été capable de tout supporter.



J’ai eu droit à des cours pour perfectionner mes talents en danse. Quand j’avais le malheur de manquer un pas, je recevais un coup de fouet sur les pieds et quand je dis coup de fouet, je veux dire coup de fouet. J’ai fini la journée complètement épuisée, les deux pieds fendus assez profondément. J’ai réussi de peine et de misère à me guérir. Ça doit être à cause des bracelets. Foutus bracelets de merde. Je savais avant même qu’on me les mette qu’ils n’auguraient rien de bon, mais je savais aussi que ça serait encore pire si je ne me montrais pas coopérative.



J’ai aussi eu droit à des leçons d’équitation de malade #1, leçon au cours de laquelle il n’a pas arrêté de faire des remarques très… déplacées, du genre «si tu n’écartes pas plus les cuisses, tu ne seras jamais capable de satisfaire un homme». Ça c’était une des moins pires, je vous épargne les autres.



Je savais déjà qu’ils avaient de légers problèmes dans leur tête, mais j’en ai pris pleinement conscience durant mes leçons de couture avec madame. Je n’ai pas réussi à broder mon mouchoir du premier coup alors elle m’a enfoncée deux énormes aiguilles dans la main droite. Elle m’a laissée seule pour que je réfléchisse. Je n’ai pas touché aux aiguilles. J’étais certaine qu’elle allait m’en enfoncer dans l’autre main si j’osais enlever celles-là.



Elle a gentiment libéré ma main quand elle est revenue et j’ai réussi presque parfaitement ma broderie cette fois-là. Mais j’ai lamentablement échoué mon tricot. J’en fus quitte pour un petit doigt disloqué. J’ai fini la journée sans avoir été capable de tricoter son foutu cache-pot. Tu sais où tu peux te le mettre ton cache-pot? Tu sais où ton beau-frère peut se le mettre le foutu cache-pot? Et je me fiche de ne pas être parfaite pour lui! Dès que je serai loin d’ici, la première chose que je ferai sera de me sauver!



L’épreuve suivante fut la pire. Malade #2 m’a demandé de lire un livre. Mais c’était un livre très osé. J’ai essayé d’avoir la meilleure élocution possible, mais j’ai quand même eu beaucoup d’hésitations. Ce n’est pas physiquement possible de faire ce genre de choses… Et c’est vraiment obligé d’être aussi… direct? Et en quoi c’est aussi important que je lise ça? Qu’est-ce qu’elle pouvait bien vouloir dire par que son beau-frère avait besoin de jeter sa gourme, que ça lui ferait du bien?



Au bout de dix pages, son mari est arrivé et elle m’a laissée seule avec lui pour que je continue ma lecture. Il m’a encore fait pleins de remarques que j’aurais préféré ne pas entendre, m’a murmuré des choses à l’oreille, a glissé sa main dans l’encolure de ma robe, m’a demandé d’enlever ma robe… Quoi? J’ai d’abord protesté, mais je me suis rangée à son argument de poids : Tu ne voudrais pas que je demande à mes serviteurs de venir le faire? Tu ne voudrais pas qu’ils te regardent, n’est-ce pas?


J'ai enlevé ma robe et je me suis rassise, les jambes repliées devant moi. Il m'a dit que ce n'était pas comme ça qu'une dame s'asseyait. Je me suis donc assise comme il faut, en gardant le livre assez haut pour cacher ma poitrine. Puis il a fallu qu'il me demande si mes seins tenaient en place même si je n'avais pas ma brassière. Je n'avais pas envie qu'il vienne vérifier par lui-même comme il l'avait suggéré, alors j'ai baissé le livre et j'ai continué ma lecture, ses yeux fixés sur moi.


Quand sa femme est revenue, elle n'a fait aucun commentaire sur la scène et j'ai fini de lire avec les deux malades qui m'écoutaient. Bien sûr que je pense à autre chose pendant que je lis, malade #1! Mais je ne pense pas à mon elfe pas chétif. Je pense à tous les moyens que je vais pouvoir utiliser pour me venger! Ma lecture finie, malade #1 a dit à sa femme de ne pas trop tarder à le rejoindre, le livre lui avait donné des idées. Ça c'était très perturbant à entendre, mais j'ai été encore plus perturbée de les voir se donner des marques d'affection.


Madame m'a demandé de suivre la servante Gloria pour qu'elle m'aide à me laver. Toute résistance était fortement déconseillée. J'ai donc agi en bonne esclave et je me suis laissée faire.


Le 4e matin, une Gloria encore endormie est venue m'aider à m'habiller. La robe était de qualité, décolletée mais pas trop. Un collier attirait le regard vers ma poitrine. Une fois que j'ai été pomponnée, je me suis fait emmenée dans le hall d'entrée avec pour instruction de ne pas bouger.


J'étais en train de poiroter comme une conne quand j'ai vu le bateau arriver. Les deux malades sont allés l'accueillir. Un homme est descendu caché de ma vue par les malades. Quand ils se sont dirigés vers la cuisine, j'ai finalement pu voir le frère de l'autre, mon futur maître. Oh fuck. C'est le capitaine pirate... Pourquoi il fallait que ce soit lui? Fuck...


Je crois qu'ils m'ont oubliée parce que je suis restée plantée là des heures. C'est malade #2 qui est venue me chercher pour m'emmener à la cuisine. Malade #1 parlait à son frère, qui dégageait une très forte odeur d'alcool. Alors mon maître est un pirate soûl qui s'appelle Lemleck? Wouhou.


Quand il m'a vue, il s’est exclamé : Qu’est-ce que ça fait ici? Quand j’ai osé répondre que je me posais la même question, j’ai eu droit à tout un regard de malade #2. J’ai fait une tentative de rattrapage pas du tout sincère en ajoutant un «monsieur» à la fin de ma phrase, mais ça n’a pas suffit. Après le départ du capitaine soûl et de malade #1, malade #2 m’a fait manger un sandwich au pain de savon pour me faire payer mon insolence. Après elle m’a dit que si je ne satisfaisais pas son beau-frère d’une quelconque façon, elle me revendrait à des marins, cinq ou six, et elle s’assurerait qu’ils soient très au courant de devoir faire durer mon mal. Alors si votre beau-frère ne trouve pas plaisir avec moi, vous allez me vendre à des marins qui vont me violer à tour de rôle? No, milady, I wouldn’t want such a slow and humiliating death. Elle m’a suggéré d’oublier mon elfique, parce que je n’étais maintenant plus qu’une chose. C’est ça… Just you wait and see…


15 février

J’ai eu la paix jusqu’au lendemain matin à l’aurore. J’ai eu l’honneur de me faire réveiller parmalade #2. Elle m’a jeté dans les mains le sac qui contenait mes nouveaux vêtements et m’a entraîné vers le bateau. Je n’ai même pas eu le temps d’agripper mon sac, dans lequel il y avait les cartes indiquant l’emplacement de Mill. Maintenant je n’ai plus aucune chance d’aller le sauver. I’m sorry Uvi. I let you down…

Malade #2 a convaincu un marin appelé Link de la laisser monter à bord avec moi. Ensuite, elle m’a enfermée à clé dans une petite pièce dans la cale. J’ai fini par sentir le bateau bouger. Je crois qu’on m’a encore oubliée, parce que personne n’est venu me sortir de là ou même me porter à manger. Et je n’avais rien dans mon sac pour me nourrir.

Au bout de deux jours, j’étais en train de mourir d’épuisement et j’ai commencé à gratter à la porte en espérant que quelqu’un prenne pitié de moi et vienne m’ouvrir. Je crois que ce n’est que le lendemain que la porte s’est ouverte, mais je ne suis plus sûre. Peut-être que j’hallucinais qu’on ouvrait la porte? J’étais peut-être réellement en train de mourir de faim et je perdais l’esprit? Peut-être que j’hallucinais aussi les voix, surtout celle en colère? Je me suis sentie toute légère, comme si j’étais soulevée du sol et tout est devenu noir.

Quand je me suis réveillée (Merde, je ne suis pas morte?), j’étais dans un lit très moelleux et je ne portais plus ma robe, mais une chemise beaucoup trop grande pour moi. Je ne suis pas morte et en plus on m’a déshabillée pendant mon sommeil?

J’ai commencé à marmonner des insultes quand j’ai senti de bonnes odeurs de nourriture. En tassant les rideaux du lit, j’ai vu le bol de gruau et le verre de lait sur la table de chevet juste à côté de moi. Je me suis dépêchée de les prendre et de me recacher derrière les rideaux avant de réveiller le pirate soûl qui dormait, les pieds accotés sur la table. Je ne me suis même pas approchée de la théière. Tu sais où tu peux te le mettre ton foutu cache-pot? Tu peux bien aller te faire voir si tu crois que je vais t’en tricoter un? Si tu oses me le demander, je t’enfonce les aiguilles et la laine dans la gorge et je te regarderai t’étouffer avec!

J’enchaînais insulte par-dessus insulte quand j’ai entendu des bruits de mouvements. Merde, le pirate soûl est réveillé et il est trop tard pour que je fasse semblant de dormir. Je l’ai entendu débarquer de sa chaise puis se diriger vers le lit. Quand il a écarté les rideaux, il m’a regardée sans rien dire et moi aussi. J’ai fini par dire bonjour. Il n’a rien répondu. J’ai continué avec un «merci pour le gruau et pour le lait».

J’avais cru comprendre qu’il n’aimait pas les elfes, mais je ne savais pas à quel point. Il m’a traitée d’elfe idiote qui n’aurait pas dû attendre que le bateau soit en pleine mer avant de faire du bruit. Et bien, désolée! La prochaine fois que ça m’arrivera, j’essaierai d’y penser! Au moins, il a dit qu’il me ferait débarquer au prochain port. Nous nous entendons au moins sur une chose!

Ça non plus, ça ne lui a pas plus. Je ne sais pas s’il était naturellement aussi bouché ou si c’était à cause de l’alcool, mais il était convaincu que j’étais une espionne. Quand je lui ai répondu «Bien sûr! Je voulais être ici! Je me suis jetée devant les humains en les suppliant de me vendre comme esclave, parce que je voulais être achetée par son frère, en me disant qu’il allait me donner en cadeau à lui, pour pouvoir lui demander de me redonner mes affaires!», il m’a prise au sérieux. Non, je n’étais pas là au début. Et puis au début de quoi?

J’ai essayé de lui raconter les circonstances de notre rencontre, mais je pense qu’il n’a rien retenu à part que les elfes méritaient tous de mourir. Il a continué en disant que les elfes étaient tous barbares et cruels et qu’ils tuaient des enfants. Non, les elfes ne sont pas comme ça! Et s’ils y en avaient comme ça, ils ne seraient pas mes amis! De toute façon, les humains sont bien pires!

Je pense que nous aurions pu nous crier dessus… je veux dire discuter comme ça pendant des heures, mais ça n’aurait rien donné. Il ne voulait pas de moi ici. Je ne voulais pas être ici. Il détestait les elfes et je détestais les humains, mais nous ne pouvions nous entendre sur autre chose. Toute discussion ne pouvait que se terminer dans les insultes.

Un marin a mis fin à notre discussion en criant qu’il y avait un bateau à tribord. Le capitaine soûl a dit qu’il devrait peut-être m’enfermer dans la cale, mais finalement il m’a laissée dans sa cabine. Après son départ, je me suis dépêchée de ramasser mon linge et de me changer, cachée derrière les rideaux du lit. J’entendais les marins crier dehors, mais je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient. J’ai fini par déduire qu’ils allaient attaquer l’autre bateau.

J’ai commencé à avoir peur de mourir, mais pas à cause de la bataille. Qu’est-ce qu’une bataille de plus ou de moins, right? Mais j’avais quand même peur de mourir à cause du capitaine soûl. Malgré les menaces de la belle-sœur, je ne pensais pas être capable de garder mon calme. Le nombre de fois où j’ai eu envie de lui dire «c’est quand même mieux que d’être un capitaine soûl»… Je vais finir par perdre mon calme assez rapidement et je sens que ça ne lui plaira pas.

Je vais lui faire perdre patience et il me jettera probablement par-dessus bord, comme il m’a déjà menacée de le faire. Je crois que je préfère encore ça que revoir la belle-sœur, mais d’une façon ou d’une autre, je ne vois que la mort comme issue. Quelles raisons ais-je de continuer? Je ne peux plus trouver Mill, Uvi ne pourra certainement pas me retrouver (de toute façon, je n’oserai plus le regarder en face), je n’ai aucun moyen de contacter le père Marayel ou qui que ce soit d’autre, je n’ai ni magie ni arme pour me défendre… Et j’avais presqu’oublié le cristal qui va finir par me tuer…

I don’t see anything positive in any aspect of my life right now.

Someone kill me, please...



Foutue théière de merde. Attends un peu...