mardi 13 septembre 2011

Je m'excuse que tout soit de ma faute!

23 février

L’heure du départ a sonné. Maggie m’a préparé un sac avec des vrais vêtements et de la vraie nourriture, aka qui convenaient à une dame. J’aurais aimé rester plus longtemps. Je commençais à la trouver sympathique et ici, j’avais un semblant de vie normale. Sur le bateau du capitaine soûl, je suis l’elfe qui dérange…

Je suis retournée sur le bateau. Le pirate soûl m’a ignorée royalement et moi aussi. Bobby est resté à terre. Ça, ça m’a rendue triste. Je l’aimais bien et il était super gentil avec moi. J’ai l’impression que je vais être encore plus seule…

23 février au 2 mars

Ma vie est retournée à son ennuyant quotidien : rester enfermée dans ma cabine et rafistoler des vêtements. Les marins ont continué à venir me voir, mais je leur ai fait comprendre qu’ils ne devaient pas s’attarder. Je n’avais pas envie de fâcher le capitaine plus qu’il ne le fallait. Heureusement, j’avais mon violon. Je ne savais pas pourquoi il avait pris la peine de m’en trouver un (à part si c’était pour que je le laisse tranquille), mais j’étais contente de l’avoir. C’était comme si je me retrouvais, comme si je retrouvais un peu d’espoir. Ça me donnait envie de recommencer à me battre. C’est idiot…?

J’étais tranquillement dans ma cabine à ne déranger personne, quand j’ai entendu des cris. Un autre navire en vue? Cette fois-ci, j’ai retenu la leçon : je vais rester ici et ne déranger personne. Une minute… Un… bateau… noir? Oh non… J’ai caché mon violon sous mon lit et j’ai bloqué la porte avec ma chaise quand les choses ont commencé à être trop agitées à mon goût.

J’espérais que l’attaque se terminerait rapidement, mais ce ne fut pas le cas. J’ai fini par jeter un coup d’œil. J’ai vu un des marins de Lemleck qui se traînait pas terre. Je l’ai traîné dans ma cabine et je lui ai fait des bandages. Ensuite, j’ai eu la brillante idée de ressortir et de m’aventurer de l’autre côté du bateau pour vérifier s’il n’y avait pas d’autres blessés à secourir. J’ai pu en ramener un autre dans ma cabine et après l’avoir soigné, j’ai eu l’excellente idée de ressortir pour aller aider. J’aurais pu rester dans ma cabine, mais non! Il a fallu que je me mêle encore une fois de ce qui ne me regardait pas.

Les choses n’allaient pas très bien pour les pirates de Lemleck, alors j’ai décidé de m’en mêler encore plus de la manière la plus discrète qui soit : en chantant. Et pour être discrète, je l’ai été. Je me suis fait remarquer par la pire personne possible : un pirate très grand, très imposant, très effrayant, très tout dans le plus mauvais sens du terme.

Il a commencé à se diriger vers moi avec un regard qui ne me disait rien qui vaille. J’avais deux options : la cabine du capitaine soûl ou la cale. J’ai choisi la cale. J’espérais pourvoi trouver une arme dans les caisses, mais j’ai manqué de temps. Le gros pirate pervers est arrivé et j’ai dû choisir le repli stratégique à l’attaque perdue d’avance. J’étais terrorisée et lui avait l’air de prendre plaisir à me poursuivre. Viens par ici… Le ton de sa voix m’a donné des frissons dans le dos. J’ai accéléré le pas. Il a fini par m’apercevoir. J’adore quand elles sont à quatre pattes… Muuu… Je savais ce qui m’attendait si jamais il m’attrapait, alors j’ai continué à fuir. J’ai essayé de pousser des caisses sur lui, mais elles étaient trop lourdes.

J’ai fini par me faire écraser contre le mur par une caisse. À entendre le «crac» que mes os ont fait, je devais avoir des côtes cassées et à sentir le goût du sang dans ma bouche, la situation était grave. Le gros pirate m’a enlevée de là en me tirant par les cheveux. Il m’a tenue dans les airs le temps qu’il déchire et m’enlève mes vêtements, puis il m’a assise sur une caisse en me tenant par une hanche. J’ai tenté un coup en bas de la ceinture, mais à part une petite larme au coin de l’œil, un resserrement de sa prise et un «j’espère que tu en vaux la peine», ça n’a pas donné grand-chose.

Il m’a maintenue assise sur la caisse pendant qu’il détachait son pantalon. Mes tentatives de débattement n’ont pas très été couronnées de succès, au contraire. Plus je bougeais et plus il se rapprochait de moi. J’ai commencé à crier. J’aurais dû le faire avant. Je voulais me débrouiller toute seule, mais là, la peur a pris le dessus. Une chance que j’avais encore la force de bouger, parce que lui n’arrêtait pas d’essayer de rentrer son… vous savez, en moi. Ce n’était vraiment pas agréable de le sentir contre mes cuisses, à se rapprocher de plus en plus… C’était tout simplement terrifiant.

Mes forces m’abandonnaient alors que lui semblait en gagner. J’étais certaine que j’allais y passer, quand j’ai entendu un coup de feu. C’était Lemleck. Il a raté le gros pirate, mais il l’a distrait. Ça a été suffisant pour que je réussisse finalement mon coup en bas de la ceinture et j’ai pu reculer hors de portée du pirate. La chute en bas de la caisse n’a pas fait du bien, mais au moins j’étais «en sécurité».

Les deux se sont mis à se taper dessus. J’ai reçu une balle dans la main gauche, mais c’était le moindre de mes soucis. Lemleck a été salement blessé alors j’ai tenté le coup pour le coup. J’étais tellement désespérée que j’étais prête à essayer n’importe quoi. J’ai donc prié de toutes mes forces pour que mes pouvoirs reviennent et me permettent de le guérir. S’il vous plaît, ne mourrez pas… J’ai besoin de vous… J’ai réussi à le guérir et à plus qu’une reprise. Ça lui a permis d’amocher assez le gros pirate pour qu’il essaie de fuir. J’ai essayé de l’envoyer contre le mur avec de l’eau (sans succès) et quand Lemleck est parti après lui, j’ai à peine trouvé la force de remettre ma chemise qui ne tenait presque plus en un morceau et je me suis laissé glisser sur le sol. J’ai entendu un coup de feu et un gros «boum», puis ce qui semblaient être des cris de victoire. Je m’en fiche… Je me fiche de ce qui peut arriver maintenant. J’ai mal et je suis épuisée, alors je ne bouge plus…

Le capitaine soûl est revenu. Il m’a tendu sa redingote. Elle était tachée de sang, mais c’était quand même mieux qu’une chemise toute déchirée. J’ai trouvé la force de la prendre, mais pas plus. Il m’a enveloppée avec et m’a prise dans ses bras. Je n’aurais jamais cru que Lemleck serait un jour synonyme de sécurité pour moi. Merci…

Il m’a ramenée dans sa cabine, où il m’a déposée sur son lit. Je n’ai pas trop aimé qu’il m’enlève le peu que je portais pour m’examiner. J’ai murmuré un faible «je proteste» que je ne crois même pas qu’il ait entendu et j’ai rapidement capitulé. Rendue où j’étais, qu’il me voit nue un peu plus ou peu moins. J’ai poussé un petit cri de douleur quand il m’a touchée là où mes côtes étaient. Il a eu l’air contrarié. Il m’a forcée à ouvrir la bouche et quand il a vu le sang, il a semblé encore plus contrarié.

Il a refermé les rideaux du lit et il a appelé Link. Il lui a parlé dans une langue que je ne connaissais pas. Après ça, j’ai eu droit à un cocktail de je ne sais pas quel alcool et d’un truc vraiment dégueu. Je me suis sentie vraiment bizarre : ma tête tournait, mes mouvements étaient au ralenti… J’ai complètement perdu la carte et quand je me suis réveillée, j’étais toujours couchée dans le lit du capitaine soûl, vêtue de la même chemise de nuit laide et trop grande pour moi qu’il m’avait mise sur le dos.

2 au 11 mars

Quand je me suis assise, mes côtes étaient encore douloureuses. Un rapide coup d’œil m’a permis de me rendre compte que j’étais bandelettée à cet endroit. Quant à Lemleck, il était endormi dans sa chaise, qui était rendue juste à côté du lit. Il était entouré de beaucoup, beaucoup, beaucoup de bouteilles d’alcool. J’avais plutôt faim, alors j’ai décidé de me rendre aux cuisines toute seule comme une grande. J’ai emprunté sa redingote et je suis sortie. À côté du bateau, il y avait l’autre bateau pirate et au loin je voyais les lumières d’une ville. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour être sur la terre ferme…

J’ai failli donner une crise cardiaque à deux marins. À les entendre, je n’avais pas le droit d’être là. Quoi? J’ai faim, alors qu’est-ce que j’étais censée faire? Ils avaient l’air d’avoir peur de la réaction du capitaine. Je n’essaie même pas de me sauver, je veux juste manger. Ça aussi c’est interdit? Finalement, je n’ai même pas pu aller chercher ma nourriture. Je n’ai même pas pu retourner à la cabine toute seule. Pour l’amour du ciel, je ne suis pas faite en porcelaine! Le marin qui m’a raccompagnée n’a même pas voulu me laisser entrer toute seule dans la cabine. Il voulait absolument porter le cabaret. Et si je lui avais demandé, je crois qu’il m’aurait portée. Il m’a montré la corde que je pouvais tirer si jamais j’avais besoin de quoi que ce soit. Je ne suis pas fragile à ce point-là, alors si j’ai besoin de quelque chose, j’irai me le chercher…

Une fois seule, j’ai mangé et je me suis reposée. Enfin… Si on peut appeler «reposer» rester tranquille dans le lit à essayer sans succès de ne pas penser à ce qui avait failli m’arriver. J’étais traumatisée. Pourquoi ce genre de choses devait toujours m’arriver? Peu importe où j’allais, peu importe ce que je faisais, je finissais toujours par tomber sur quelqu’un qui me déshabillait contre mon gré et qui voulait me faire du mal :

1-Juste avant que je rencontre le groupe pour la première fois (les humains qui nous ont surprises Ruby et moi dans notre sommeil).

2-Les types louches dans la ruelle (avant que je me fasse vendre pour la première fois).

3-Quand je me suis fait capturer par les humains (le bourreau louche qui m’a torturée).

4-Le frère du capitaine, qui m’a déshabillée et tripotée durant mon sommeil.

5-Le frère du capitaine, qui m’a forcée à me déshabiller et qui ma regardée pendant que je lisais le livre trop osé.

6-Le gros pirate pervers, qui a bien failli me tuer.

J’en ai assez… Dans ma tête, c’était censé être agréable, mais ça finit toujours par me faire mal et par me faire peur. Je ne crois pas que j’aurai envie de laisser un jour un autre homme m’approcher. De toute façon, tous ceux qui m’approchent ne pensent qu’à ça et ça n’est pas plaisant du tout. J’ai hâte de retourner au temple du père Marayel. C’est bien le seul endroit au monde où je suis en sécurité.

Lemleck a fini par se réveiller. Je me serais presqu’attendue à un «est-ce que ça va bien?», même si ça m’aurait surprise, mais certainement pas à ce qu’il m’a dit. À l’entendre, tout ce qui était arrivé était de ma faute. Alors c’est ma faute si je me suis fait agresser? Et bien, je m’en excuse! Et tant qu’à faire, je m’excuse que le bateau se soit fait attaquer! Et je m’excuse de m’être encore mêlée de ce qui ne me regardait pas! Et je m’excuse d’avoir voulu sauver vos marins! La prochaine fois, je les laisserai mourir! Et je m’excuse d’avoir voulu aider tout le monde en chantant! Et je m’excuse d’avoir crier pour qu’on vienne m’aider! La prochaine fois, je vous promets que je ne crierai pas! Comme ça, je me ferai violer, je mourrai (avec un peu de chance rapidement) et vous serez content parce que je ne serai plus là! Voulez-vous bien me dire pourquoi vous avez pris la peine de me sauver si ma présence vous pèse autant?! Je me demande pourquoi j’ai pris la peine de le remercier de m’avoir sauvée alors que ça semble être une des pires décisions de sa vie…

Quand je pense que j’ai osé me dire qu’il n’était peut-être pas si pire que ça. Il a peut-être des soubresauts de gentillesse, mais ça n’enlève pas tous ces mauvais côtés. Et dire que j’ai eu envie de lui raconter ce que son frère et sa belle-sœur m’avaient fait… Je suis contente de ne pas l’avoir fait. Il aurait bien été capable de me renvoyer illico presto à eux et là…

Après ce charmant entretien, le capitaine soûl est sorti et moi j’ai décidé de partir. Pourquoi attendre qu’il passe encore sa colère sur moi parce que j’étais toujours là? Je lui ai emprunté une redingote propre et je suis retournée dans ma cabine. Je finissais de me changer quand je l’ai entendu crier «Où est-ce qu’elle est?!». Tout le monde sur le pont a commencé à s’agiter. J’étais tellement choquée que j’ai ouvert ma porte en lui répliquant «vous n’avez vraiment pas cherché longtemps avant de vous mettre à paniquer!». Deux secondes plus tard, j’étais dans ses bras et il me ramenait dans sa cabine. Encore une fois, mais «je proteste» ont été ignorés.

Il m’a déposée/jetée sur le lit et avant qu’il ne puisse encore m’engueuler, j’ai passé ma colère sur lui. Qu’est-ce que j’étais censée faire? Je ne veux pas de toi dans ma cabine, mais je ne veux pas que tu retournes dans la tienne! Branchez-vous! J’aurai au moins réussi à lui couper le sifflet et il est reparti sans rien m’avoir répliqué. Dans ta face le pirate soûl! Je l’ai mis assez en colère parce que je l’ai entendu ordonner/crier aux marins de lever l’ancre tout de suite.

J’ai aussi eu droit à la visite de Link, qui a encore été super gentil avec moi. Il m’a appris des choses très intéressantes. De un, il s’était écoulé neuf jours depuis l’attaque et de deux, le capitaine avait passé six jours à veiller sur moi, sans dormir. Et moi qui pensais qu’il avait passé tout ce temps à se soûler… J’étais assez perturbée, mais je l’ai été encore plus quand Link m’a dit que tout le monde s’était inquiété pour moi. Je ne sais vraiment plus quoi dire… Je suis avec des pirates qui sont tous super gentils, qui m’emménagent une chambre super mignonne et qui s’inquiètent pour moi. Quand j’ai raconté à Link les circonstances de ma première rencontre avec eux, il m’a demandé si je connaissais beaucoup de pirates qui ne détruisaient pas le bateau qu’ils attaquaient. Bien non, mais je ne connais pas beaucoup de pirates de base. Je ne connais que deux catégories : ceux qui rendent la vie misérable aux elfes et ceux qui essaient de les tuer. Je ne tiens pas particulièrement à faire la connaissance des autres.

Grâce à Link, j’ai pu avoir un petit soulagement contre ma douleur. Le capitaine était censé me donner des anti-inflammatoires, mais il devait l’avoir «oublié». Alors non seulement il me fait sentir comme une merde, mais en plus il veut que je souffre? J’ai demandé à Link ce que le capitaine comptait faire avec moi. Il m’a répondu que s’il n’en tenait qu’à lui, il se serait déjà débarrassé de moi. Alors qu’est-ce que je fais encore ici? Il aurait découvert quelque chose dans mon sac qui lui aurait fait dire que je pourrais lui être utile pour ce qu’il voulait faire, peut-être pour sa vengeance. Que pouvait-il avoir découvert d’utile dans mon sac? Il n’y avait que des vêtements, non?

Il nous restait une vingtaine de jours avant d’arriver à la maison. La… maison? Ça ne veut pas dire que nous allons voir le frère et la belle-sœur, n’est-ce pas? Link m’a assuré que non. Il m’a aussi dit qu’il valait mieux ne pas parler de sa famille au capitaine. Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas l’intention de le faire. De toute façon, il ne m’écouterait pas et s’il m’écoutait, il ne croirait pas un mot de ce que je pourrais lui raconter.

Link a été tout à fait adorable. Il s’est assuré que j’avais bien compris la posologie de l’antidouleur et j’ai presque dû lui promettre que je n’en abuserais pas. Et son pate-pate m’a tellement fait du bien. J’aurais dû le hugger. Ça me fait tellement de bien qu’on s’occupe de moi…

Quand il est parti, j’ai rapidement fouillé un peu partout dans la cabine à la recherche de mon sac. J’ai trouvé des colliers de fleurs séchées assez vieux, des bijoux personnalisés, mais aucune trace de mon sac. Il me ne reste plus qu’une chose à faire : attendre le retour du capitaine et exiger qu’il me dise ce qu’il comptait faire de moi. Xième engueulade en perspective…