mercredi 9 juin 2010
dimanche 30 mai 2010
Désillusions profondes
Lord Willington a dit qu’il n’était pas au courant d’elfes cachés sur le bateau. Quand j’ai menacé de trouver une hache et de défoncer les murs jusqu’à ce que je trouve quelque chose, il m’a proposé de m’emmener à la cabine du capitaine. Je ne l’aurais sans doute jamais trouvée toute seule alors j’ai accepté. Il est allé se changer dans mon ancienne cabine et je l’ai attendu dans la sienne. J’avais laissé la porte entrouverte et quand il est revenu, il l’a refermée et m’a bloquée le chemin. Euh…
Il voulait me garder en otage et m’a demandé d’aller dans mon ancienne cabine. Euh… pas question. Il m’a rappelée qu’il ne m’avait jamais fait de mal, mais ça ne m’a pas rassurée. Vous ne m’avez peut-être jamais fait de mal, mais là vous me prenez en otage. Alors permettez-moi d’avoir des doutes! J’ai lancé flare sur lui et j’ai essayé de m’échapper, mais quelque chose m’est tombé dans les jambes et m’a fait trébucher. Willington m’a agrippée et m’a jetée dans mon ancienne cabine.
Je ne comprends rien du tout… Pourquoi vous me prenez en otage? Je pensais que… À quoi ça a servi que je sois gentille avec lui si c’était pour me faire prendre en otage au bout du compte? Je ne pouvais peut-être pas sortir, mais je pouvais quand même faire quelque chose. Je me suis mise à frapper dans la porte le plus fort possible. Soit Willington viendrait ouvrir pour me dire d’arrêter et je pourrais tenter de m’échapper, soit le bruit alerterait quelqu’un du groupe. Aussi cinglés qu’ils soient tous, je ne pense pas qu’ils me laisseraient ici.
J’ai fini par entendre beaucoup de bruit et l’enfant qui pleurait de plus en plus fort. Je me tenais déjà prête à attaquer, alors quand ma porte s’est ouverte, j’ai frappé, certaine que c’était Willington qui serait là. Mais ce n’était pas Willington, c’était Uvi et je l’ai assommé. J’ai pu le soigner et le réveiller. Il était sonné, mais à part ça, il allait bien.
Tout le monde était là. Willington avait perdu son avantage, mais il ne voulait toujours rien nous dire. Il a été enfermé dans une autre cabine, pendant qu’Uvi et moi cherchions dans la sienne. Nous avons trouvé une trappe dans le mur alors j’ai décidé d’aller en parler avec Willington. Il a fait comme s’il n’était pas au courant et il m’a rappelé ce qu’il m’avait dit dans la cabine de pilotage. Il m’a aussi félicitée, me disant que ça allait arriver une deuxième fois. Il ne m’a pas crue une seule seconde quand je lui ai dit que nous n’allions ni tuer, ni torturer, ni jeter qui que ce soit par-dessus bord. Voilà donc une autre conséquence de la gentillesse : notre parole ne vaut plus rien.
Quand nous sommes sortis, j’ai refusé d’expliquer aux autres les paroles de Willington. J’avais trop mal pour en parler, même à Uvi. Nous avons décidé de faire des tours de garde en équipe de deux pour nous assurer que Willington ne s’échapperait pas. Comme mon tour n’était pas tout de suite, je suis allée me coucher. Des coups frappés à ma porte m’ont réveillée, ou plutôt dérangée. Je ne dormais pas vraiment. C’était le capitaine. Il voulait parler au chef. Il est retourné dans la cabine de pilotage et moi je suis allée chercher Lena pour l’en informer.
Je ne voulais pas me faire accuser d’espionner, alors j’ai observé la scène de loin. Quand Lena est sortie de la cabine, elle nous a tout expliqué. Le capitaine avait arrêté le navire. À cause de toute la merde qui venait de se passer, les marins voulaient reprendre le contrôle. En gros, ça voulait dire que nous devions rendre nos armes si nous voulions que le bateau reparte. […] Toute la merde qu’il y a eu? C’est Willington qui a voulu me prendre en otage et c’est nous qui sommes accusés?
Lena et Ark se bavant temporairement dessus, nous avons voté à l’unanimité pour nous rendre. Je me suis proposée pour aller donner notre réponse au capitaine. Il voulait que nous lui apportions nos armes dans la cabine de pilotage. Lui et Willington garderaient les leurs. Alors au moindre mouvement qu’ils n’apprécieront pas, ils pourront nous abattre sans problème. Génial. Pourquoi ne pas nous tuer tout de suite? Mince consolation : nous allions être amenés près de notre destination et nos armes nous seraient redonnées à ce moment-là. Je suppose que nous devrions leur être éternellement reconnaissants de ne pas nous abandonner sans moyen en pleine jungle. Tant qu’à y être, j’ai demandé à ce que nous récupérions nos affaires volées. Le capitaine n’était pas au courant alors je lui ai dit que le petit elfe était au courant. Comme Willington plus tôt, il a joué à celui qui n’était pas au courant. C’est ça, prenez-moi tous pour une conne.
Le capitaine voulait que Willington soit libéré alors c’est ce que je suis allée faire. Willington était un peu hésitant à sort. Faites donc ce que vous voulez, je m’en fous. J’ai informé tout le monde de ce que le capitaine m’avait dit, puis nous sommes allés rendre nos armes. J’ai encore cogné avant d’entrer. J’ai eu l’impression que ça fatiguait le capitaine. Alors je devrais me comporter comme une sauvage? Nous avons donné nos armes et j’ai demandé la permission pour garder nos épées de bois. Le capitaine n’en croyait pas ses oreilles et Willington s’est retenu pour ne pas rire. C’est ça, moquez-vous de moi! Vous auriez préféré que nous fassions quoi? Garder nos épées et nous faire accuser plus tard d’avoir essayé d’assassiner quelqu’un? Non merci.
Nous avons pu garder nos épées de bois et pour le restant de la nuit, nous devions rester dans nos cabines. Nous avons décidé de nous installer deux par cabines et de faire des tours de garde. J’étais bien entendu avec Uvi. Il m’a laissée dormir en premier. Je me suis roulée en petite boule sous les couvertures et je me suis tournée dos à lui. Je n’avais pas envie de parler. Si je parlais, j’allais me mettre à pleurer. Quand il m’a réveillée, je lui ai laissé la place dans le lit et je me suis assise par terre, accotée contre un mur. J’ai passé le restant de la nuit les yeux grands ouverts, à réfléchir à tout ce qui s’était passé ces derniers jours et à tout ce que je ressentais.
À quoi ça sert d’être gentil? À quoi ça sert de se dire qu’on peut faire confiance aux gens qu’on rencontre et/ou avec qui on voyage? Ça ne sert pas à grand-chose. Je commence même à me dire que ça ne sert à rien du tout à part nous faire souffrir. Bien sûr, il y a les exceptions qui confirment la règle : Uvi, Mill, Ruby, William, ma famille, mais à part avec eux, je ne désire plus créer de liens.
Sans avoir aucune arrière-pensée, je me suis montrée gentille envers lui. Il m’avait sauvé la vie alors je voulais lui rendre la pareille, même si ça voulais dire que je doive m’opposer aux nombreux malades de mon groupe. Et qu’est-ce que ça m’a apporté? Je me fais prendre en otage. Et je me fais accuser de causer la mort de pleins de gens (une deuxième fois) alors que ce n’est même pas arrivé. Alors pourquoi je perdrais mon temps à aider les gens? Je vais finir par causer leur mort en bout de ligne de toute façon! Et dire que je me disais que j’allais aller en enfer parce que j’avais tué quelqu’un, même si c’était pour défendre quelqu’un d’autre. Je m’en faisais pour rien.
Tout le monde a l’air de considérer la violence, la torture et le meurtre comme normaux. On lance par-dessus bord, finalement non. Après toutes nos menaces de mort il ne veut toujours pas parler et on se demande pourquoi? Torturons-le! Ou alors nous pourrions le jeter par-dessus bord? Ou le torturer et après le jeter par-dessus bord? Comment qui que se soit peut-il considérer la torture comme une solution envisageable? Surtout quand cette solution est basée sur des soupçons personnels et non sur des faits vérifiés. Je ne suis pas convaincue qu’Étienne ait seulement proposé la torture pour aider Willington (je m’essaierai même pas de le savoir), surtout pas après ce qu’il a fait à Uvi. Comment aie-je pu être assez stupide pour croire qu’il avait vraiment pu échapper le pommeau de son épée sur la tête d’Uvi… trois fois?
Je crois qu’il est aussi cinglé que les autres. Au début je me disais que c’était seulement les humains qui étaient fous –ce sont surtout eux en fait- mais là je commence à me dire que la folie peut atteindre toutes les races. On ne m’y reprendra pas de sitôt à aider un humain. Ni à montrer mes oreilles dans une ville non 100% elfe. Des plans pour que je me fasse encore agresser/kidnapper/acheter par des gens louches. Les humains sont louches. Regardez James.
Je devrais faire attention, sinon je vais me mettre à pleurer et je vais réveiller Uvi. Je ne voudrais pas qu’il s’inquiète, alors je ne dois pas pleurer, même si j’en ai très envie. I just hate everything that’s happening. I hate the direction my life has taken. I wish I could continue being as nice as possible with everyone, but then I would only get hurt again. I’ll have less chance of getting hurt if I keep everyone at a distance... everyone except Uvi... and William. William est beaucoup trop gentil pour que je ne lui fasse pas confiance.
Considering what happened in the past few days, I realized that being nice is not what matters, making your way through life is what matters. Kill or be killed, right? I hate that thought, but I don’t really have a choice. Je vais devoir m’endurcir. Mais je suis censée faire ça comment...? Je vais commencer par essayer de me retenir de pleurer. Ça devrait être un bon début.
J’ai continué à penser à tout ça jusqu’à ce que le soleil se lève et que je me décide à réveiller Uvi. Nous sommes allés voir le capitaine pour savoir ce qu’il en était de notre liberté de mouvement, ou de l’absence de celle-ci. J’ai encore cogné avant d’entrer. Pourquoi je continue à faire ça? Le capitaine nous a dit que nous étions libres de circuler, mais au moindre problème, il y aurait des conséquences pour tout le monde. Génial. Alors un idiot va essayer de jeter quelqu’un par-dessus bord et je vais être punie pour ça? Je viens de trouver une autre raison de l’utilité d’être gentil : on paye pour les erreurs des autres.
Nous sommes ensuite descendus aux cuisines pour nous chercher à manger. Je n’avais aucune envie de rester, alors j’ai pris des fruits, du pain, du fromage et je me suis préparée à partir. Je n’avais aucune envie de croiser le regard des marins, eux qui me croyaient sans doute aussi cinglée que les autres. Et je n’avais pas non plus envie de rester plus près que nécessaire des membres de mon groupe. Je les ai informés de ce que le capitaine avait dit et je me suis dirigée vers les escaliers.
Il a fallu que Willington choisisse ce moment pour arriver. Le kid était avec lui et il tenait un gros sac dans ses mains. Je me suis tassée sur le côté pour les laisser passer, mais Willington est resté dans le cadre de porte, me coupant la route. Alors je suis libre de circuler, mais je ne peux pas aller où je veux? Je désire seulement me trouver le plus loin possible de vous et de tout le monde. C’est si difficile à comprendre? Il n’avait pas l’air prêt de bouger, alors je suis retournée près de la table pour voir ce que contenait le sac.
Comme je le croyais, il contenait toutes les affaires qui avaient été volées, à l’exception du ruban d’Eri. Étienne a serré la main de Willington pour le remercier. Ne comptez pas sur moi pour faire ça. Willington a fini par partir et je l’ai suivi de près. Étienne m’a demandé pourquoi je partais aussi vite. […] Parce que…
Le voyage a duré trois semaines, au cours desquelles je n’ai pas fait grand-chose. J’ai passé la plupart du temps dans ma chambre. Je ne suis montée sur le pont que pour continuer à montrer les premiers soins à William. J’ai aussi continué à m’entraîner avec mon épée de bois. Comme je ne voulais pas demander à Étienne de m’aider, je suis allée voir Eri. J’ai abandonné au bout d’une semaine. Ses explications n’étaient tellement pas claires que j’étais mélangée plus qu’autre chose.
Uvi est resté près de moi la plupart du temps. Il n’a pas cherché à faire la conversation plus que nécessaire et moi j’ai gardé mes distances. Je n’avais plus autant envie qu’autrefois de me confier à lui. Je crois qu’inconsciemment, je cherchais à garder mes distances même avec lui. Après tout, il n’est qu’un ami, n’est-ce pas? Et il y a des choses qu’on ne veut pas confier à un ami, même si c’est le meilleur qui soit.
Les rares moments où Uvi n’était pas à côté de moi, Étienne a essayé de discuter avec moi. Je crois qu’il voulait que les choses redeviennent comme avant. Moi je n’en avais aucune envie alors à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, je trouvais une excuse bidon pour m’en aller. Il a fini par comprendre et il a arrêté de venir me voir. Tant mieux, ça me simplifie les choses.
Quand nous sommes arrivés près de notre destination, le bateau s’est arrêté. Nos armes ont été descendues, puis Ark et tout le monde. Quand il n’est plus resté qu’Uvi et moi, Willington m’a demandé s’il pouvait me parler. J’étais très hésitante, mais j’ai fini par accepter. Je me demandais ce qu’il pouvait bien me vouloir. Durant tout le voyage, je m’étais posé la question. Que va-t-il advenir d’Uvi et de moi? Est-ce que Willington va vraiment nous laisser repartir avec les autres? Après tout, il avait bien dit qu’il ne voulait rien en échange de notre liberté…
Dès que nous sommes entrées dans la cabine de pilotage, il a refermé la porte derrière nous et l’a verrouillée, embarrant Uvi à l’extérieur. Euh… Il m’a dit qu’il voulait me poser une question. Me poser une question? Pensez-vous vraiment que j’ai envie de répondre à vos questions? Non, pas du tout, et je lui ai dit. C’est alors qu’il m’a posé la question qui tue : Avez-vous quelque chose à dire à quelqu’un là-bas? Je suis restée bouche-bée tellement j’étais surprise. Mon cerveau s’est mis à tourner à pleine vitesse. Allait-il vraiment faire parvenir à ma famille un mot que j’écrirais? Je n’en étais pas certaine, mais s’il y avait une chance, même minuscule, que mes parents aient de mes nouvelles, je devais la prendre. Je lui ai donc demandé papier et crayon et j’ai écrit une courte lettre à mes parents. Une fois le tout terminé, j’ai plié la feuille et écrit le nom de mon père à l’endos. J’ai donné la feuille à Willington.
Quand il a vu le nom que j’avais écrit, il a fait «une face». La même face qu’il avait faite quand je lui avais dit que je venais d’Idrazz’il. Je vous avais déjà dit mon nom, alors pourquoi vous avez l’air aussi étonné? Il m’a tendu la main. Euh… Qu’est-ce que vous faites? Il ne veut quand même pas… me faire un baisemain? Ce n’est pas parce que je suis noble que j’ai envie qu’on me fasse ce genre de chose, en tout cas, pas par vous. En fin de compte, il m’a seulement serré la main, en me disant que tout le monde n’était pas méchant. Oui, c’est ça… Ils ne sont pas tous méchants. Ils sont juste cinglés à différents degrés.
Moi je voulais m’en aller, mais il a fallu que Willington pose encore une question qui tue : Est-ce que ça vous rassurerait si votre lettre était remise par quelqu’un qui va habiter chez vous? Euh, quoi? Oui, mais quoi? Comment ça, quelqu’un qui va habiter chez moi? Willington m’a demandé si j’étais capable de garder un secret, parce que j’étais quand même une barde… Quoi? Biens sûr que je peux garder un secret! Ce n’est pas parce que je suis une barde que je raconte n’importe quoi à n’importe qui! Il va falloir que je m’en rappelle de celle-là. En plus de tout le reste, je raconte tout à tout le monde!
Willington a dû me croire, parce que nous sommes sortis de la cabine de pilotage et il m’a emmenée à l’intérieur du bateau, sous l’escalier. Autant tout à l’heure il avait empêché Uvi de nous suivre, autant là il s’en fichait. Il a cogné dans le mur et… Est-ce que c’est moi il est en train de cogner l’hymne national des elfes? Quand il a fini, le panneau s’est ouvert et j’ai vu… plusieurs demi-elfes. Euh??? Je l’ignorais totalement, mais en ces temps de guerre, Idrazz’il servait de refuge pour les demi-elfes qui n’étaient acceptés nulle part. Oh… Alors je suppose que Willington n’est pas si mauvais que ça en fin de compte. Mais ça ne change rien au fait que je me suis sentie trahie. Ça lui aurait coûté quoi de m’expliquer calmement la situation? Mais non. Au lieu de ça, il a fallu qu’il me dise qu’il me prenait en otage. Un malade de plus…
Willington a fait signe à trois demi-elfes qui se sont avancés vers nous. Alors ce sont eux…
vendredi 28 mai 2010
Sweet dreams love...
dimanche 16 mai 2010
Je ne suis pas une enfant
Uvi et moi sommes allés parler à Lena. Elle était d’accord avec la suggestion de Ark. Elle nous a aussi dit qu’elle allait lui parler, parce qu’elle ne voulait pas qu’il prenne des décisions importantes comme celle-là seul. Après nous sommes allés avertir tout le monde. James et Étienne se trouvaient sur le pont. Je n’avais aucune envie de voir Étienne, alors j’ai tout expliqué à James et je lui ai demandé de faire la même chose avec Étienne.
Après, nous sommes allés dire à Willington qu’il pouvait sortir s’il le désirait. Après son départ, Uvi a recommencé à chercher son livre de musique et moi j’ai demandé à William s’il voulait bien me montrer à me servir d’une épée. Je n’avais pas envie de demander ni à Lena ni à Étienne, alors il me restait William. Vu les réactions hyper-protectrices d’Étienne envers William, je m’attendais à une intervention, mais je m’en fichais. Tout le monde avait l’air de penser que c’était normal de tuer, alors autant savoir comment le faire. La dernière chose que je voulais c’était de blesser un de mes compagnons.
William a demandé à Eri de se joindre à nous et elle a accepté. Au moins elle n’a pas l’air de m’en vouloir, tant mieux. Nous sommes allés sur le pont, où William et Eri m’ont d’abord fait une démonstration. Ils n’ont pas pu la terminer parce qu’Étienne et Lena s’en sont mêlés. Non mais, c’est quoi votre problème? Il faut bien que j’apprenne, non? Étienne a décidé qu’il allait gosser des épées de bois pour les «enfants» et il est parti. Lena est restée pour surveiller William et éviter qu’il ne retouche à son épée. Je repose la question : c’est quoi votre problème? Il est assez vieux pour faire ce qu’il veut!
J’étais tellement exaspérée de me faire traiter comme une gamine de cinq ans que j’ai fait discrètement signe à Eri de s’éloigner avec moi pour que nous continuions notre entraînement. William a fini par se lasser et il est parti. Lena a donc reporté sa surveillance sur Eri et moi. Arrêtez de nous considérer comme des incapables! Et il a fallu qu’Étienne revienne avec les épées de bois qu’il avait fabriquées, pour les «enfants». Je ne suis pas une enfant! Je dois être assez vieille pour être ton arrière-arrière-grand-mère! J’avais vraiment l’impression de me faire traiter comme une attardée. J’étais tellement en colère que j’ai dû résister très fort à la tentation de briser l’épée de bois sur sa tête. J’ai quand même fini par lui donner raison et j’ai pris l’épée de bois. Mais que les choses soient claires : je ne l’ai pas prise pour lui faire plaisir. Je préférais seulement ne pas me couper un bras en m’entraînant. Eri et moi avons passé le restant de la journée à nous entraîner, jusqu’à ce que nous allions dormir.
Pendant la nuit, je me suis réveillée en entendant du bruit dans ma chambre. J’ai discrètement tendu la main vers mon épée de bois. Quand j’ai de nouveau entendu du bruit, je me suis levée et j’ai commencé à frapper dans le vide. J’ai entendu des pas sortir de ma chambre alors je suis partie après les bruits en courant. Je me suis retrouvée sur le pont jusqu’à l’autre partie du airship où il y avait des cabines. J’ai entendu une porte claquer, mais comme je ne savais pas c’était laquelle, je suis entrée dans la première cabine où j’ai entendu du bruit… pour me retrouver face à face avec William qui était en train de s’habiller. Merde! Pourquoi il fallait que je voie quelque chose comme ça?
J’ai attendu que William soit habillé et j’ai rouvert la porte. Il m’a dit qu’il avait bien entendu sa porte claquer, alors j’ai cherché partout dans la pièce en frappant dans le vide avec mon épée de bois. Lena a réussi à trouver quelqu’un sous le lit. Il avait l’air d’un jeune enfant. Il a dit que tout le monde était méchant sauf moi. William a réussi à découvrir que l’enfant était un elfe et il a émis l’hypothèse que lord Willington nous avait achetés pour nous sauver. L’enfant a aussi laissé échapper qu’ils étaient plusieurs cachés à bord.
Grâce au fait que l’enfant ne savait pas mentir, nous avons pu conclure que soit il nous avait pris nos choses, soit il savait où elles se trouvaient. L’enfant aurait voulu que les non-oreilles pointues quittent le bateau, mais pas lord Willington et les marins. Eux, ils n’étaient pas méchants. Ça a suffi pour me mettre la puce à l’oreille. J’ai dit à l’enfant que j’allais l’emmener à mon ami elfe, où il serait en sécurité.
Je ne me sentais tellement plus patiente que je n’ai même pas cogné avant d’entrer dans la cabine d’Uvi. Je l’ai réveillé et quand il nous a vus, encore tout endormi qu’il était, il m’a dit «Hein? On a eu un enfant?» … Non, nous n’avons pas eu d’enfant ensemble. Je ne crois pas que nous en aurons jamais d’ailleurs. Une fois qu’Uvi a été un peu plus réveillé, je lui ai confié le petit en lui disant de ne surtout pas le quitter des yeux. Moi je suis partie voir Willington, bien décidée à obtenir des réponses.
lundi 10 mai 2010
Tout le monde est cinglé... mais c'est peut-être juste moi
J’ai enlevé la balle de l’épaule de lord Willington, malgré le fait que je ne possédais aucune compétence en chirurgie. J’espère que je n’aurai pas trop raté ma job. Je ne crois pas que qui que ce soit comprenne pourquoi je tiens tant à m’occuper de lui. C’est une simple question de reconnaissance. Il m’a sauvé la vie et même s’il n’a agi que pour protéger sa marchandise, je veux quand même lui rendre la pareille.
Nous avons eu une petite réunion, au cours de laquelle nous avons décidé officiellement que Lena serait notre chef. Je ne la connais pas vraiment, mais elle a l’air de quelqu’un de responsable, d’honorable et, point très positif, elle ne semble pas avoir de problème avec les différences de races.
Au cours des jours suivants, j’ai finalement pu continuer d’apprendre les premiers soins à William et lui, a continué de m’apprendre les bases du sens de l’orientation. Il était plus que temps… C’est seulement dommage qu’il n’y ait pas de chirurgien à bord, parce que ça serait vraiment utile que quelqu’un sache se débrouiller en cas de situations extrêmes. À la prochaine ville où nous irons, je vais essayer de trouver un livre sur le sujet.
Le matin du 10 juin, je me suis réveillée et ma porte était entrouverte. Mais il n’y avait personne. Étrange… Quand je suis allée voir Uvi avec du pain et du fromage pour que nous déjeunions ensemble, je l’ai trouvé assis sur son lit, son sac renversé. Quelqu’un lui avait volé son livre de musique. Nous avons décidé de manger et d’aller ensuite chercher.
Quand les autres nous ont rejoints, nous avons appris que d’autres objets avaient disparus. James, William, Uvi et moi avons fait le tour du bateau pendant que Lena et Ark parlaient aux matelots et qu’Étienne et Léo allaient interroger lord Willington. Nous n’avions finalement rien trouvé, à part le parchemin et le scroll d’invisibilité de James et ils étaient tous les deux gribouillés.
De retour sur le pont, nous avons trouvé les matelots… sans surveillance. Euh, qu’est-ce qu’ils font seuls? Si le voleur est l’un d’entre eux, qu’est-ce qui l’aurait empêché d’aller cacher les objets qu’il a dérobés? James est allé voir Eri dans la cabine de pilotage et nous sommes descendus vers les cabines, pour informer Lena de la situation.
Eri nous a rejoints et elle avait l’air un peu inquiète. James lui aurait dit qu’il se parlait à lui-même et qu’il demandait parfois conseils à son double ou à des objets. Je ne doutais pas qu’il se soit simplement mal exprimé, mais Eri avait l’air certaine qu’il allait devenir un fou furieux et qu’il finirait par s’en prendre à nous. Ça a été plus fort que moi, il a fallu que je la taquine. Je lui ai fait croire que je parlais à mon violon, puis j’ai dit que mon violon et moi allions aller voir James pour lui parler. Avant qu’il ne me suive, j’ai entendu Uvi dire qu’il faisait la même chose avec son livre de musique et que maintenant qu’il ne l’avait plus, il s’ennuyait. Je n’ai pas pu m’empêcher de crier à Eri que c’était contagieux.
Sur le pont, Uvi m’a paté en me disant que ce que j’avais fait était fort… et mignon. Je sais bien qu’il ne faut pas que je cherche un sens caché à son compliment et que je ne dois pas trop m’énerver avec ça, mais… Yééé. Il m’a complimentée…
Après avoir parlé à James, qui a décidé d’aller s’excuser à Eri, Uvi et moi avons décidé de nous installer devant la cabine de Willington pour qu’Uvi puisse écrire une chanson sur ce qui venait de se passer… et pour que nous puissions subtilement suivre l’interrogatoire. Quoi? Tant qu’à avoir des oreilles d’elfe, autant s’en servir!
Finalement, nous avons eu une autre réunion. Lena voulait nous informer qu’ils (Étienne, Ark et elle) avaient décidé de faire parler Willington en le torturant. Ils voulaient savoir qui du groupe était contre. Mais vous êtes complètement malades? On ne torture pas les gens, peu importe pourquoi! Ark était persuadé que lord Willington cachait quelque chose et que la sécurité du groupe était en danger. Mais bien sûr qu’il cache quelque chose! Même moi je peux le dire! Mais est-ce que c’est une raison suffisante pour le torturer? Tu menaces quelqu’un de le tuer, tu te demandes pourquoi il ne veut rien te dire et après tu décides que tu vas le faire parler coûte que coûte? C’est complètement barbare comme raisonnement! Et puis, qui dit que la sécurité du groupe est en danger? Je vous rappelle que c’est moi qui ai supposé que «Léopold» était en fait «Léo» et que lord Willington nous avait achetés en croyant qu’Uvi était Léo. C’était une supposition, pas une affirmation!
Bande de malades! Et moi qui pensais que Lena était une personne censée! «Le type que nous avons menacé de mort ne veut pas parler, alors torturons-le! Ça va certainement donner des résultats»! Tant qu’à faire, pourquoi ne pas le jeter par-dessus bord et lui demander une fois qu’il sera en train de tomber, s’il a changé d’avis? Et puis ça sert à quoi d’élire un chef quand vous prenez une décision important comme celle-là sans consulter le restant du groupe? Vous n’êtes pas venus nous demander notre avis, vous êtes venus nous informer de la décision que vous aviez prise. Et soyez honnêtes : si la majorité du groupe était contre cette procédure, est-ce que ça vous aurait vraiment arrêtés? Tout le monde est devenu fou! Au total, je crois que nous étions quatre contre, deux qui s’en foutaient et les autres pour.
J’étais tellement en colère que j’ai décidé d’aller avertir Willington de ce qui se tramait. Étienne ne voulait pas me laisser faire, il voulait me parler seul à seul. Va te faire voir! Je ne vais nulle part avec toi, espèce de sadique! Je suis sortie sans l’attendre, mais il m’a suivie. Une fois dans la cabine de lord Willington, j’ai voulu frapper Étienne avec le pôle à rideau, mais il a réussi à éviter. Il m’a ensuite traînée dehors et a bloqué la porte avec le pôle, enfermant Uvi et lord Willington ensemble.
Il m’a traînée de force jusqu’à sa cabine. J’ai bien essayé de me débattre, mais… Étienne m’a dit qu’il avait besoin de mon aide. Tu veux mon aide pour torturer lord Willington? Tu es complètement fou? Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans tout ce que je viens de dire? Étienne voulait savoir si je pouvais endormir quelqu’un? Tu veux que j’endorme lord Willington pour que tu puisses mieux le torturer? Non, je ne peux pas faire ça et même si je pouvais le faire, je ne t’aiderais pas! Après il m’a demandé si je pouvais fasciner quelqu’un, parce qu’il voulait tenir Lena occupée. Alors tu préfères torturer sans public? Et en plus vous en avez parlé devant lord Willington? Vous êtes tous encore plus malades que ce que je croyais!
C’est à ce moment-là que Lena est entrée et qu’elle a frappé Étienne en le traitant d’hypocrite. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à Étienne, parce que l’idée de la torture venait de lui. Et je ne sais pas si elle cherchait à me rassurer en me disant qu’il n’y aurait pas de séance de torture finalement, mais ça n’a pas marché. À quoi ça sert que tu viennes me dire maintenant qu’il n’y aura pas de torture? Rien. Parce que ça ne change rien au fait que tu étais d’accord pour qu’il y en ait. Tu avais déjà pris ta décision sans même nous consulter.
Quand elle est partie, Étienne m’a dit que son idée était en fait de faire croire qu’il torturait lord Willington pour lui éviter de se faire jeter par-dessus bord. Alors vos techniques pour faire parler quelqu’un c’est de le menacer de mort, le torturer et si rien ne fonctionne, vous le jetez par-dessus bord? Et tout ça sans même savoir ce qu’il cache et sans être certains que nous sommes bel et bien en danger à cause de lui? Je ne savais pas quoi penser de ce qu’Étienne venait de me dire et honnêtement, je n’avais plus trop envie de lui faire confiance. Je n’avais plus envie de faire confiance à qui que ce soit, à part Uvi et William.
Uvi et moi sommes retournés voir lord Willington. Je voulais lui redonner son arc. Je voulais qu’il puisse se défendre au cas où les choses tourneraient mal. Mais ni Uvi ni lord Willington n’étaient d’accord. J’ai donc laissé l’arc en-dehors de la cabine. Uvi et moi sommes ensuite allés chercher le capitaine parce que lord Willington voulait lui donner ses dernières volontés. Nous sommes restés dans la cabine (James nous a accompagnés) le temps que ça se fasse. Je me demande ce que lord Willington voulait vraiment dire au capitaine. Quelque chose clochait dans ce qu’il disait, comme des mots sans rapport avec le restant de la phrase, comme un message caché que seule une personne au courant du code -comme le capitaine- pourrait connaître.
Plus tard, c’est Ark qui est venu voir Willington. Il a décidé qu’il allait lui faire confiance et qu’il le laissait sortir. Il voulait même lui redonner son arc. La réaction de lord Willington a été sage : il préférait attendre que j’aille avertir tout le monde avant de quitter sa cabine. Uvi et moi sommes donc partis.
Je réitère dans ce que j’ai dit : tout le monde est fou. Et toi, Ark, tu n’es vraiment pas fait pour être en groupe. Tu as des tendances beaucoup trop violentes à propos de tout et tu prends des décisions très importantes sans consulter qui que ce soit. Est-ce qu’il faut que je ta rappelle que nous avons élu un chef, et que même si je ne l’apprécie pas trop en ce moment, c’est elle qui est censée avoir le dernier mot? Tu ne veux pas être en groupe. Ce que tu veux, c’est être un dictateur, que tout le monde soit d’accord avec toi et approuve tes agissements violents.
Dire que je m’en faisais… Dire que je me disais : Oh non, j’ai tué quelqu’un! Je vais sans doute aller en enfer, parce que même si c’était pour protéger, tuer c’est mal! Pourquoi je m’en faisais autant? Tout le monde a l’air de se dire que c’est normal de tuer! C’est normal de faire du mal à quelqu’un pour obtenir ce que l’on veut! Et on n’a pas à consulter qui que ce soit pour prendre ce genre de décision, parce que menacer, torturer et tuer, c’est normal!!
Et dire que je me disais que la discussion et la paix étaient les choses à faire. Mais vu comment tout le monde agit, c’était sans doute moi qui me trompais! Je devrais vraiment arrêter de m’en faire! Pourquoi je devrais me dire que j’irais en enfer pour avoir tué quelqu’un quand tout le monde trouve ça normal? Le monde semble tourner par l’épée et non pas par les paroles, comme je le croyais. Je voulais me retrouver un bâton pour pouvoir me débarrasser au plus vite de cette maudite épée, mais je devrais peut-être la garder en fin de compte? Comme ça je pourrais me battre et tuer avec, et d’après ce que je vois, ça risque d’arriver souvent, pour ne pas dire tout le temps. Tuer… Pourquoi personne n’a de problème avec ça? Muuu…
lundi 19 avril 2010
Un soldat est entré dans la cabine en passant par ce qui restait de fenêtre. Lord Willington l’a tout de suite attaqué. J’ai ramassé une épée par terre et j’ai essayé de l’aider, mais je ne m’étais jamais servi de cette arme alors ça n’a pas trop fonctionné. Quand le soldat est tombé inconscient, il a pris l’apparence de Beloss. What the fuck? J’ai empêché lors Willington de l’achever, mais de justesse. J’ai commencé à faire des bandages à Beloss quand j’ai aperçu Henryck sur le pont. J’ai abandonné temporairement Beloss pour l’aider et après j’ai donné un coup de main à lord Willington en lui refilant une potion de soin que j’ai prise dans le sac de Beloss. Après j’ai réveillé Beloss en lui donnant des potions et je suis sorti sur le pont pour aider.
J’ai voulu aider Henryck en attaquant le soldat qui se trouvait derrière lui. J’ai réussi à toucher et le soldat est tombé, mais il ne s’est pas relevé. En fait, il n’a plus bougé du tout. Oh mon dieu… Je pense qu’il est mort. Je viens de tuer quelqu’un. Muuu…
Après ça, le bateau s’est envolé et les soldats qui restaient n’ont pas tardé à suivre celui que j’avais tué. Pour ma plus grande surprise, tous mes compagnons se trouvaient à bord. Étienne s’est montré un peu trop motivé à mon goût quand je lui ai demandé où était Uvi. Uvi serait invisible et personne ne l’avait vu à bord. Alors il est peut-être resté en ville? Comment tu peux prendre ça aussi calmement? Peut-être que je ne le reverrai jamais, alors pas question que je me calme!!
J’aurais voulu partir tout de suite à la recherche de mon ami, mais Lena voulait que nous ayons une discussion entre gens civilisés elle, moi, lord Willington et le capitaine. Il était en effet préférable de discuter calmement de la situation avant que les têtes chaudes du groupe ne décident d’enfermer lord Willington et le capitaine quelque part ou pire encore. Je devais beaucoup à lord Willington, alors je ne voulais pas que mes compagnons lui fassent du mal.
Nous sommes allés dans la cabine du capitaine pour discuter. Lena a essayé de marchander pour me ravoir, mais lord Willington ne voulait rien entendre. Je n’avais pas du tout envie de rester une esclave, mais je ne voulais pas récupérer ma liberté à n’importe quel prix. Si lord Willington avait été comme le vieux pervers, je ne me serais sans doute pas opposée à la solution violente, mais je n’étais plus du tout certaine qu’il soit mauvais. Lena a dit qu’elle préférait la voie diplomatique avant de devoir utiliser d’autres méthodes. Mais est-ce que de dire qu’on est prêt à employer la violence au lieu de la parole ne fait pas que la voie diplomatique devient automatiquement la voie non-civilisée? Parce qu’il me semble que dire «je veux discuter, mais si ça ne marche pas je vais te taper dessus» ne fait pas très civilisé, non…?
Finalement, le capitaine et lord Willington ont voulu discuter seuls à seuls quelques instants et nous sommes sortis. Je me suis tout de suite mise à aller de pièce en pièce en appelant Uvi. S’il est sur ce bateau, je vais le trouver. Quand je l’ai entendu crier mon nom, je n’ai pas pris le temps de réfléchir et j’ai couru vers sa voix. Quand je l’ai retrouvé sur le pont, il m’a serrée très fort contre lui. J’ai passé mes bras autour de lui et je suis restée collée contre lui. Je me sentais si bien dans ses bras. Mais je ne me faisais pas d’illusion. Je savais qu’il était seulement heureux de me retrouver en vie et que ça ne voulait rien dire de plus pour lui. Même si je n’aurais pas dû, j’avais envie de profiter de cet instant. Alors quand j’ai commencé à pleurer et qu’il s’est mis à me frotter le dos pour me calmer, je l’ai laissé faire.
Je serais restée là des heures, mais il y a commencé à y avoir beaucoup d’agitation près de nous et je n’ai pas pu m’empêcher de regarder. Ark avait agrippé lord Willington par le coup et le tenait suspendu au-dessus du vide. Mais c’est quoi ça? Depuis quand on traite les gens comme ça pour avoir de l’information? Et puis je n’ai jamais dit qu’il nous avait achetés en nous confondant avec un de nos compagnons. C’est ce que j’ai supposé, mais il ne me l’a jamais dit. Tout comme j’avais supposé que «Léonard» était en fait Léo. Ark est complètement malade! Tu ne me dis pas ce que je veux entendre, alors je vais te tuer? C’est complètement débile comme façon de penser! Je pensais que Lena était un peu plus sage, mais ça n’avait pas l’air de la déranger qu’Ark agisse comme ça. Finalement, c’est Maël qui a été la plus sage. Si quelqu’un la menaçait de mort pour avoir des informations sur son clan, elle préférerait mourir plutôt que de parler. Je crois que moi aussi. Tu vas me tuer si je ne parle pas, mais tu risques de le faire quand même si je parle et tu pourrais aller t’en prendre à ma famille si je te dis ce que tu veux savoir? Tout le monde est tombé sur la tête.
James ne comprenait pas pourquoi je prenais la défense de lord Willington. Il a dit qu’il avait seulement voulu protéger sa marchandise. Je ne dis pas que ce n’était pas le cas, mais peu importe ce qui lui a traversé l’esprit au moment où il a agi, tout revient au fait qu’il m’a sauvé la vie. Ark, lui, n’arrivait pas à comprendre comment il avait pu dépenser autant d’argent pour deux bardes elfes s’il cherchait seulement du divertissement pour sa famille. Il était persuadé que lord Willington avait une raison cachée derrière ses agissements. Je suis tout à fait d’accord avec ça, mais ça ne veut pas dire qu’on a le droit de le menacer de le balancer par-dessus bord.
Finalement, Uvi et moi avons été désignés comme surveillants de lord Willington, qui a remis son arc à Maël. Maël va rester avec nous pour le surveiller. Je vais devoir lui demander si elle est capable de faire les premiers soins. J’espère que oui, comme ça elle pourra s’occuper de la blessure de lord Willington et moi je pourrai m’occuper de celles d’Uvi. Uvi n’a rien dit de tout le temps qu’à duré la «discussion». S’il n’avait pas continué à me tenir la main, j’aurais oublié qu’il était là. Je me demande pourquoi il caresse le dessus de ma main avec son pouce. Je devrais peut-être lui demander. Mais si je lui demande, il va arrêter de le faire…
mardi 13 avril 2010
À la place du vieux pervers: un jeune noble louche
J’ai réveillé Uvi et je lui ai expliqué la situation. Il n’a pas apprécié d’apprendre que nous allions devenir des esclaves. Il aurait voulu qu’on s’enfuie, mais moi je préférais attendre qu’on soit sûrs de réussir avant d’essayer quoi que ce soit. Il m’a répondu que j’avais l’air de vouloir me faire vendre. Je lui ai demandé en retour où il préférait recevoir sa claque. Je ne crois pas que je l’aurais jamais frappé même s’il avait été sérieux, mais je n’ai pas du tout apprécié la blague. Il a fini par accepter très à contrecœur de se soumettre et je me suis retournée pour qu’il puisse se changer.
Nous avons été emmenés dans une très grande maison jusqu’à une pièce avec des cubicules. Nous allions être dans des cubicules séparés, mais conjoints. Notre «sauveur» nous a rappelés de bien nous tenir. Comme si nous avions besoin de vous pour nous en rappeler! Après son départ, un homme est venu me voir dans ma cabine. Il a dit qu’il était le vérificateur. Vérificateur de quoi? De ma virginité? Voir que je vais vous laisser m’examiner là! Surtout avec la porte ouverte et le valet qui se tenait dans l’embrasure! Je savais qu’il n’était pas dans mon intérêt de me rebeller, alors j’ai demandé au vérificateur si le valet pouvait au moins se retourner. Il m’a dit que je n’étais qu’un objet et que je ne pouvais rien demander. Après ça, le valet a essayé de me traîner dehors en me tirant par les cheveux. Je lui ai donné un coup de tête et il m’a traité de vache. Je commence vraiment à me dire que les humains sont la pire des espèces : ils kidnappent les gens, ils s’adressent aux femmes avec des termes peu flatteurs et ils essaient toujours de leur faire des trucs louches.
Pendant que le valet me tirait, une petite fille est arrivée et m’a demandé ce qu’il faisait. Je lui ai répondu qu’il était méchant avec moi. Elle est partie ne courant dire à son père qu’un monsieur était méchant avec une dame. J’ai été remise dans mon cubicule et puis un noble est venu me voir avec sa femme et ses deux enfants, la petite fille que j’avais vue et un jeune garçon. Ils avaient l’air gentils, mais what the fuck? Les humains sont vraiment une bande de dégénérés! Ils magasinent pour des esclaves comme s’ils magasinaient pour des meubles et en plus, ils amènent leurs enfants avec eux? Je pense qu’ils sont tous fous.
Les deux nobles cherchaient des personnes pour les accompagner durant leur voyage, pour les divertir et pour s’occuper de leurs enfants. Uvi et moi avons parlé de nos compétences. La femme m’a demandé si je pouvais apprendre à lire et à écrire à une fillette de cinq ans. J’ai répondu que oui. Après ils ont entamé les pourparlers avec notre «sauveur». À ce moment-là, un vieux monsieur à l’air très louche est passé et s’est mis à me regarder. Il a dit que j’étais jolie, mais je n’ai pas aimé le ton de sa voix. Quand il a su que je venais avec Uvi, il a dit qu’il n’aurait qu’à s’en débarrasser. Avant de partir, il a dit à son serviteur d’offrir 5000 po de plus que ce que les nobles offriraient. Muuu… Je ne veux pas me faire acheter par lui… La femme m’a dit de ne pas m’inquiéter, parce qu’elle ne laisserait même pas un chien galeux à ce vieux sec.
Quand nous avons été remis dans les cubicules, la fillette m’a fait des «tatas» à travers la fenêtre de la porte. Uvi avait l’air découragé. Je l’étais aussi, mais je préférais rester le plus positive possible. Mieux vaut se faire acheter par eux que par le vieux pervers, n’est-ce pas? Bien sûr, mieux vaudrait ne pas se faire vendre du tout… J’espère qu’Uvi ne se mettra pas à penser que j’ai vraiment envie de me faire vendre…
Un peu plus tard, ma porte s’est ouverte et c’était le vieux monsieur louche qui était là. Oh non… Pitié… Je ne veux pas me faire acheter par lui… Il va me… Je ne veux pas mourir comme ça… Il a dit qu’il aimait les elfes, mais elles ne duraient jamais longtemps. Muuu… Uvi n’a pas aimé ce qu’il a dit, ni qu’il m’ait donné une petite claque sur les fesses alors il a reçu un coup de poing en pleine figure qui lui a fendu la lèvre. Au moins, je peux me dire que s’il ne m’aime pas comme moi je l’aime, il est quand même prêt à me protéger coûte que coûte.
J’allais embarquer dans le carrosse, quand notre «sauveur» est arrivé avec le jeune noble de tout à l’heure. Il a dit que l’entente avec lui prévalait sur celle avec la maison de vente et que c’était le jeune noble qui nous avait achetés. Nous avons donc été libérés : je suis embarquée dans le carrosse avec milady Willington et la jeune Charlotte et Uvi est grimpé sur un cheval avec le jeune garçon. Lord Willington chevauchait à côté d’eux.
Charlotte avait l’air toujours aussi heureuse de me voir. Elle s’est même endormie la tête sur mes genoux. Milady Willington s’est montrée très gentille. Elle a dit qu’elle et son mari étaient très ouverts si jamais Uvi et moi voulions avoir des enfants. Euh… C’est bon à savoir, mais je ne pense pas que ça risque d’arriver, ni maintenant, ni plus tard. À l’écouter parler, je suis presque rassurée, mais je suis certaine que sa gentillesse doit cacher quelque chose. Les personnes qui achètent d’autres êtres humains ne peuvent qu’être louches. J’en ai eu la preuve en arrivant à leur maison du quartier Mayfair.
Lord Willington m’a fait demander dans son bureau et il m’a posé pleins de questions : comment je m’appelais, d’où je venais, si je m’étais déjà échappée d’une prison. J’avais croisé Uvi en entrant et il m’avait chuchoté de ne rien dire, mais je me suis dit que j’aurais l’air super louche à chercher une réponse plausible, alors j’ai dit la vérité. Il a eu des drôles d’expressions quand je lui ai répondu et c’est ça qui m’a mis la puce à l’oreille, encore plus que les questions elles-mêmes. C’était comme s’il connaissait ma famille et qu’il connaissait bien Idraz’ill. Comment un humain pourrait-il connaître une famille d’elfes et une ville d’elfes qui n’est pas pro-étrangers? Cet homme est vraiment louche.
Finalement, Uvi et moi sommes partis avec le lord Willington pour dieu-sait-où tandis que sa femme et ses enfants restaient à Highland. Uvi aurait bien voulu que nous tentions de nous échapper, mais vu l’épée que lord Willington portait et vu la grosseur de son arc, je préférais être totalement certaine de mon coup avant d’essayer quoi que ce soit. J’ai paté Uvi sur la main pour lui remonter le moral, mais il n’a pas apprécié et il s’est éloigné un peu de moi. Ben là… Je voulais juste t’encourager un peu. Ce n’est pas comme si je t’avais fait des avances…
Nous avons chevauché jusqu’au port et nous avons embarqué dans un bateau moyen. Nous avons suivi lord Willington jusqu’à sa cabine, où il nous a posé des questions sur ceux qui nous cherchaient. Il a fait mention d’un homme aux cheveux bruns et de quelqu’un qui s’appelait Léonard. J’ai répondu le plus vaguement possible, sans mentir. Je savais qu’il parlait d’Étienne et très probablement de Léo, mais je ne voulais pas compromettre mes compagnons. Après nous avoir menacé de nous faire souffrir/tuer s’il arrivait quoi que ce soit à sa femme ou à ses enfants par notre faute (il nous prend pour qui? Nous ne voulons peut-être pas nous trouver ici, mais ça ne veut pas dire que nous ferions du mal à sa famille) ou si nous essayions de nous enfuir, il nous a envoyés dans notre cabine, qui était attenante à la sienne. Pour sortir, nous n’avions pas le choix de passer par sa cabine. Il m’a donné un paquet de tissu qui ressemblait à une chemise de nuit en me disant qu’habituellement, les femmes n’aimaient pas dormir… Euh…
Uvi et moi voulions tenter de nous échapper, mais si nous partions tous les deux, nous risquions d’être tués. Je préférais que lui parte pour chercher nos compagnons et que je l’attende plutôt que l’inverse. De un parce qu’il était plus débrouillard que moi et de deux parce que je l’aimais, tout simplement. Je l’aimais et je préférais que ce soit lui qui retrouve sa liberté. J’ai envoyé mon unseen servant dans l’autre cabine pour voir ce que lord Willington faisait. Il écrivait une lettre. En gros, ça disait : Il y a eu erreur sur la personne… Ils (Uvi et moi) ne savent rien… La femme ne sait pas mentir et lui ne dit rien… Ils voyagent sans doute avec «lui», mais ne savent pas qui il est… Je vais essayer d’en savoir le plus possible avant d’arriver à Idraz’ill… Euh, quoi? Comment ça «Idraz’ill»? Qu’est-ce qu’il veut aller faire à Idraz’ill? Qu’est-ce qu’un humain peut bien vouloir faire dans une ville d’elfes? Quand lord Willington est sorti avec la lettre, j’ai envoyé mon unseen servant après lui. Il est allé parler au capitaine dans une langue que je ne connaissais pas. C’était le moment parfait. Uvi m’a fait un câlin et il est parti. J’espère que tout se passera bien pour lui…
Quand lord Willington est revenu et qu’il a vu qu’Uvi n’était plus là, il a eu l’air plutôt fâché et m’a bien entendu demandé où il était parti. Je n’ai pas répondu. Il a fait venir un matelot pour qu’il prévienne le capitaine qu’il fallait partir d’ici cinq minutes. Oh non… Si nous partons dans cinq minutes, Uvi ne reviendra jamais à temps. Lord Willington m’a dit que j’étais innocente et pas dans le bon sens. Ben là… Vous ne vous attendez quand même pas à ce que je dénonce mon meilleur ami? Il a continué en disant que si des gens mouraient, ça serait de ma faute, parce que les elfes étaient recherchés en ville à cause d’un grabuge qu’il y avait eu. S’il retrouvait Uvi, il le tuerait lui-même. Je proteste…? Je ne veux pas que qui que ce soit tue Uvi.
Je serais bien retournée dans ma cabine, mais lord Willington ne voulait plus me quitter des yeux. Il m’a traînée jusqu’à la cabine de pilotage, où il a encore parlé dans une langue inconnue avec le capitaine. Les choses se sont ensuite bousculées très rapidement. Des soldats, beaucoup de soldats, sont arrivés. Ils ont donné quelques minutes au capitaine pour se décider à les laisser monter à bord. Après ça, ils monteraient de toute façon. C’est Uvi ou moi qu’ils cherchent? Lord Willington m’a donné une dernière chance de lui dire quelque chose, mais j’ai refusé. Il m’a dit que seul lui et le capitaine étaient des guerriers. Beaucoup de mousses avaient entre 10 et 12 ans. Certains allaient mourir et ça serait peut-être de ma faute. Il voulait que je m’en rappelle quand je serais interrogée par les prêtres d’Elhonna et de Corellon. Euh… Comment ça, «interrogée par les prêtres d’Elhonna et de Corellon»? Qu’est-ce que j’ai fait? Peu importe ce qu’il se passe, mes parents ne me laisseront plus partir quand ils seront au courant…
Lord Willington voulait que je regarde le combat, que je regarde ceux qui selon lui allaient mourir par ma faute. Il m’a poussée devant la fenêtre qui donnait sur le pont et il est parti, en verrouillant la porte derrière lui. Moi, je n’ai pas bougé. Je n’ai rien manqué du combat. J’ai vu les deux camps s’affronter, l’un étant très désavantagé par rapport à l’autre. J’ai vu ce pauvre mousse se faire trancher le ventre et après se faire traîner par son ami à l’écart. J’ai été incapable de détacher mes yeux de la traînée de sans qu’il a laissée derrière lui. Tellement de sang… Je n’étais pas obligée de rester plantée là. I could have hidden myself. I should have. But I didn’t. I don’t know why...
Je pensais que j’allais rester tranquille dans la cabine, mais deux soldats ont décidé de défoncer la porte. Il y en avait un des deux qui avaient envie de s’amuser avec moi. Les humains sont tous des obsédés? Heureusement pour moi (ou malheureusement pour mon ego, c’est selon) l’autre soldat avait une très piètre opinion des elfes. Est-ce que je viens vraiment de l’entendre dire qu’il préférerait «être» avec une chèvre?
Les deux soldats n’étaient pas très impressionnés par ma dague, mais moi j’étais très impressionnée par leurs épées. J’ai donc essayé de m’enfuir à coup de flare, mais ça n’a marché qu’à moitié. Je serais sans aucun doute morte si lord Willington n’avait pas tué d’une flèche dans la tête celui qui me tenait et achevé l’autre d’un coup d’arc. Je n’ai pas pu m’empêcher de le regarder mourir. Il crachait du sang et faisait des drôles de bruits. C’était horrible…
Lord Willington ne s’est pas gêné pour me faire encore savoir ce qu’il pensait de mon innocence. Vous m’avez achetée. Vous pensiez vraiment que j’allais vous dire tout ce que vous vouliez savoir? Peu m’importait si mon silence faisait de moi quelqu’un de stupide. Je ne pouvais pas trahir mes compagnons et je ne pouvais surtout pas le trahir lui. J’ai soigné la blessure de lord Willington comme je le pouvais avec les moyens du bord. Il m’avait sauvé la vie, alors c’était le moins que je pouvais faire. Je me suis ensuite mise à prier Corellon en espérant que je retrouverais la force nécessaire pour pouvoir le guérir par magie. Mes prières ont été exaucées, mais pas comme je l’espérais. Maël a atterri sur le pont et s’est rangée de notre côté. Puis j’ai vu les voiles commencer à s’ouvrir. Uvi…