lundi 10 mai 2010

Tout le monde est cinglé... mais c'est peut-être juste moi

J’ai enlevé la balle de l’épaule de lord Willington, malgré le fait que je ne possédais aucune compétence en chirurgie. J’espère que je n’aurai pas trop raté ma job. Je ne crois pas que qui que ce soit comprenne pourquoi je tiens tant à m’occuper de lui. C’est une simple question de reconnaissance. Il m’a sauvé la vie et même s’il n’a agi que pour protéger sa marchandise, je veux quand même lui rendre la pareille.

Nous avons eu une petite réunion, au cours de laquelle nous avons décidé officiellement que Lena serait notre chef. Je ne la connais pas vraiment, mais elle a l’air de quelqu’un de responsable, d’honorable et, point très positif, elle ne semble pas avoir de problème avec les différences de races.

Au cours des jours suivants, j’ai finalement pu continuer d’apprendre les premiers soins à William et lui, a continué de m’apprendre les bases du sens de l’orientation. Il était plus que temps… C’est seulement dommage qu’il n’y ait pas de chirurgien à bord, parce que ça serait vraiment utile que quelqu’un sache se débrouiller en cas de situations extrêmes. À la prochaine ville où nous irons, je vais essayer de trouver un livre sur le sujet.

Le matin du 10 juin, je me suis réveillée et ma porte était entrouverte. Mais il n’y avait personne. Étrange… Quand je suis allée voir Uvi avec du pain et du fromage pour que nous déjeunions ensemble, je l’ai trouvé assis sur son lit, son sac renversé. Quelqu’un lui avait volé son livre de musique. Nous avons décidé de manger et d’aller ensuite chercher.

Quand les autres nous ont rejoints, nous avons appris que d’autres objets avaient disparus. James, William, Uvi et moi avons fait le tour du bateau pendant que Lena et Ark parlaient aux matelots et qu’Étienne et Léo allaient interroger lord Willington. Nous n’avions finalement rien trouvé, à part le parchemin et le scroll d’invisibilité de James et ils étaient tous les deux gribouillés.

De retour sur le pont, nous avons trouvé les matelots… sans surveillance. Euh, qu’est-ce qu’ils font seuls? Si le voleur est l’un d’entre eux, qu’est-ce qui l’aurait empêché d’aller cacher les objets qu’il a dérobés? James est allé voir Eri dans la cabine de pilotage et nous sommes descendus vers les cabines, pour informer Lena de la situation.

Eri nous a rejoints et elle avait l’air un peu inquiète. James lui aurait dit qu’il se parlait à lui-même et qu’il demandait parfois conseils à son double ou à des objets. Je ne doutais pas qu’il se soit simplement mal exprimé, mais Eri avait l’air certaine qu’il allait devenir un fou furieux et qu’il finirait par s’en prendre à nous. Ça a été plus fort que moi, il a fallu que je la taquine. Je lui ai fait croire que je parlais à mon violon, puis j’ai dit que mon violon et moi allions aller voir James pour lui parler. Avant qu’il ne me suive, j’ai entendu Uvi dire qu’il faisait la même chose avec son livre de musique et que maintenant qu’il ne l’avait plus, il s’ennuyait. Je n’ai pas pu m’empêcher de crier à Eri que c’était contagieux.

Sur le pont, Uvi m’a paté en me disant que ce que j’avais fait était fort… et mignon. Je sais bien qu’il ne faut pas que je cherche un sens caché à son compliment et que je ne dois pas trop m’énerver avec ça, mais… Yééé. Il m’a complimentée…

Après avoir parlé à James, qui a décidé d’aller s’excuser à Eri, Uvi et moi avons décidé de nous installer devant la cabine de Willington pour qu’Uvi puisse écrire une chanson sur ce qui venait de se passer… et pour que nous puissions subtilement suivre l’interrogatoire. Quoi? Tant qu’à avoir des oreilles d’elfe, autant s’en servir!

Finalement, nous avons eu une autre réunion. Lena voulait nous informer qu’ils (Étienne, Ark et elle) avaient décidé de faire parler Willington en le torturant. Ils voulaient savoir qui du groupe était contre. Mais vous êtes complètement malades? On ne torture pas les gens, peu importe pourquoi! Ark était persuadé que lord Willington cachait quelque chose et que la sécurité du groupe était en danger. Mais bien sûr qu’il cache quelque chose! Même moi je peux le dire! Mais est-ce que c’est une raison suffisante pour le torturer? Tu menaces quelqu’un de le tuer, tu te demandes pourquoi il ne veut rien te dire et après tu décides que tu vas le faire parler coûte que coûte? C’est complètement barbare comme raisonnement! Et puis, qui dit que la sécurité du groupe est en danger? Je vous rappelle que c’est moi qui ai supposé que «Léopold» était en fait «Léo» et que lord Willington nous avait achetés en croyant qu’Uvi était Léo. C’était une supposition, pas une affirmation!

Bande de malades! Et moi qui pensais que Lena était une personne censée! «Le type que nous avons menacé de mort ne veut pas parler, alors torturons-le! Ça va certainement donner des résultats»! Tant qu’à faire, pourquoi ne pas le jeter par-dessus bord et lui demander une fois qu’il sera en train de tomber, s’il a changé d’avis? Et puis ça sert à quoi d’élire un chef quand vous prenez une décision important comme celle-là sans consulter le restant du groupe? Vous n’êtes pas venus nous demander notre avis, vous êtes venus nous informer de la décision que vous aviez prise. Et soyez honnêtes : si la majorité du groupe était contre cette procédure, est-ce que ça vous aurait vraiment arrêtés? Tout le monde est devenu fou! Au total, je crois que nous étions quatre contre, deux qui s’en foutaient et les autres pour.

J’étais tellement en colère que j’ai décidé d’aller avertir Willington de ce qui se tramait. Étienne ne voulait pas me laisser faire, il voulait me parler seul à seul. Va te faire voir! Je ne vais nulle part avec toi, espèce de sadique! Je suis sortie sans l’attendre, mais il m’a suivie. Une fois dans la cabine de lord Willington, j’ai voulu frapper Étienne avec le pôle à rideau, mais il a réussi à éviter. Il m’a ensuite traînée dehors et a bloqué la porte avec le pôle, enfermant Uvi et lord Willington ensemble.

Il m’a traînée de force jusqu’à sa cabine. J’ai bien essayé de me débattre, mais… Étienne m’a dit qu’il avait besoin de mon aide. Tu veux mon aide pour torturer lord Willington? Tu es complètement fou? Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans tout ce que je viens de dire? Étienne voulait savoir si je pouvais endormir quelqu’un? Tu veux que j’endorme lord Willington pour que tu puisses mieux le torturer? Non, je ne peux pas faire ça et même si je pouvais le faire, je ne t’aiderais pas! Après il m’a demandé si je pouvais fasciner quelqu’un, parce qu’il voulait tenir Lena occupée. Alors tu préfères torturer sans public? Et en plus vous en avez parlé devant lord Willington? Vous êtes tous encore plus malades que ce que je croyais!

C’est à ce moment-là que Lena est entrée et qu’elle a frappé Étienne en le traitant d’hypocrite. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à Étienne, parce que l’idée de la torture venait de lui. Et je ne sais pas si elle cherchait à me rassurer en me disant qu’il n’y aurait pas de séance de torture finalement, mais ça n’a pas marché. À quoi ça sert que tu viennes me dire maintenant qu’il n’y aura pas de torture? Rien. Parce que ça ne change rien au fait que tu étais d’accord pour qu’il y en ait. Tu avais déjà pris ta décision sans même nous consulter.

Quand elle est partie, Étienne m’a dit que son idée était en fait de faire croire qu’il torturait lord Willington pour lui éviter de se faire jeter par-dessus bord. Alors vos techniques pour faire parler quelqu’un c’est de le menacer de mort, le torturer et si rien ne fonctionne, vous le jetez par-dessus bord? Et tout ça sans même savoir ce qu’il cache et sans être certains que nous sommes bel et bien en danger à cause de lui? Je ne savais pas quoi penser de ce qu’Étienne venait de me dire et honnêtement, je n’avais plus trop envie de lui faire confiance. Je n’avais plus envie de faire confiance à qui que ce soit, à part Uvi et William.

Uvi et moi sommes retournés voir lord Willington. Je voulais lui redonner son arc. Je voulais qu’il puisse se défendre au cas où les choses tourneraient mal. Mais ni Uvi ni lord Willington n’étaient d’accord. J’ai donc laissé l’arc en-dehors de la cabine. Uvi et moi sommes ensuite allés chercher le capitaine parce que lord Willington voulait lui donner ses dernières volontés. Nous sommes restés dans la cabine (James nous a accompagnés) le temps que ça se fasse. Je me demande ce que lord Willington voulait vraiment dire au capitaine. Quelque chose clochait dans ce qu’il disait, comme des mots sans rapport avec le restant de la phrase, comme un message caché que seule une personne au courant du code -comme le capitaine- pourrait connaître.

Plus tard, c’est Ark qui est venu voir Willington. Il a décidé qu’il allait lui faire confiance et qu’il le laissait sortir. Il voulait même lui redonner son arc. La réaction de lord Willington a été sage : il préférait attendre que j’aille avertir tout le monde avant de quitter sa cabine. Uvi et moi sommes donc partis.

Je réitère dans ce que j’ai dit : tout le monde est fou. Et toi, Ark, tu n’es vraiment pas fait pour être en groupe. Tu as des tendances beaucoup trop violentes à propos de tout et tu prends des décisions très importantes sans consulter qui que ce soit. Est-ce qu’il faut que je ta rappelle que nous avons élu un chef, et que même si je ne l’apprécie pas trop en ce moment, c’est elle qui est censée avoir le dernier mot? Tu ne veux pas être en groupe. Ce que tu veux, c’est être un dictateur, que tout le monde soit d’accord avec toi et approuve tes agissements violents.

Dire que je m’en faisais… Dire que je me disais : Oh non, j’ai tué quelqu’un! Je vais sans doute aller en enfer, parce que même si c’était pour protéger, tuer c’est mal! Pourquoi je m’en faisais autant? Tout le monde a l’air de se dire que c’est normal de tuer! C’est normal de faire du mal à quelqu’un pour obtenir ce que l’on veut! Et on n’a pas à consulter qui que ce soit pour prendre ce genre de décision, parce que menacer, torturer et tuer, c’est normal!!

Et dire que je me disais que la discussion et la paix étaient les choses à faire. Mais vu comment tout le monde agit, c’était sans doute moi qui me trompais! Je devrais vraiment arrêter de m’en faire! Pourquoi je devrais me dire que j’irais en enfer pour avoir tué quelqu’un quand tout le monde trouve ça normal? Le monde semble tourner par l’épée et non pas par les paroles, comme je le croyais. Je voulais me retrouver un bâton pour pouvoir me débarrasser au plus vite de cette maudite épée, mais je devrais peut-être la garder en fin de compte? Comme ça je pourrais me battre et tuer avec, et d’après ce que je vois, ça risque d’arriver souvent, pour ne pas dire tout le temps. Tuer… Pourquoi personne n’a de problème avec ça? Muuu…