jeudi 29 septembre 2011

Maintenant je n’ai vraiment plus rien...


1er avril

Je suis restée dans ma chambre jusqu’à l’heure du souper. Quand je suis descendue, j’avais pour plan d’offrir mon aide à n’importe quel serviteur que je croiserais, mais tous ceux que je croisais s’éloignaient avant que je n’ais le temps d’ouvrir la bouche.

Je savais qu’il y avait environ 200% de chance que je me fasse revirer de bord si j’allais aux cuisines, mais en bonne good remplie d’espoir que j’étais, j’ai décidé d’y aller quand même. J’ai donc proposé mon aide, mais la cuisinière m’a chassée tout de suite.

J’ai décidé d’aller faire un tour aux écuries. Je suis tombée sur un jeune palefrenier, la première personne qui ne m’a pas regardée comme si j’étais un monstre. J’étais tellement motivée à donner mon aide, qu’il a accepté de me laisser brosser les chevaux. Il est resté à côté de moi pour me superviser (aka me surveiller), mais ça ne me dérangeait pas, tellement j’étais heureuse d’aider.

Un autre palefrenier est arrivé. Il pensait que Stéphane flânait. Il a fait une face en me voyant. Je les ai entendus discuter : ils pensaient que c’était un plan de ma part. Un plan? En effet. J’avais pour plan machiavélique de brosser les chevaux jusqu’à ce que leur fourrure brille. Chassez-moi d’ici avant que je ne mette mes menaces à exécution…

Le plus vieux palefrenier a dit que si le maître était d’accord, il n’y aurait pas de problème. Puis il s’est dirigé vers le fond de l’écurie. Oh non… Pourquoi il fallait que Lemleck soit ici…? J’ai entendu un «Quoi?!», puis des pas se sont dirigés vers moi. C’était effectivement Lemleck, qui était encore complètement soûl.

-Qu’est-ce que tu fais?

-Je brosse le cheval.

-C’est quoi ton plan?

-…Prendre la brosse et brosser le cheval…

(Si vous saviez à quel point j’avais envie de mimer des mouvements de haut en bas et de lui répondre d’un ton exaspéré «Vous savez… Brosser le cheval…».)

-…

Il est parti sans rien dire alors j’ai supposé que je pouvais continuer. J’ai donc brossé tous les chevaux, en évitant la stalle où Lemleck se trouvait. Je ne tenais pas à trop pousser ma chance. Je me suis fait discrète et quand il est parti, j’en ai profité pour m’occuper du cheval qu’il faisait tourner autour du manège.

Je suis retournée dans ma chambre vers minuit et demi. J’ai mangé un minuscule morceau de pain (je voulais rationner le plus possible pour éviter de déranger la cuisinière trop souvent) et je me suis couchée tout de suite après.

J’ai à peine eu le temps de poser ma tête sur mon oreiller que j’entendais du bruit dehors. Quand j’ai regardé, j’ai vu des cavaliers avec des torches qui mettaient le feu aux champs et qui essayaient de défoncer l’écurie. En bonne good qui ne sait pas se mêler de ce qui la regarde, j’ai décidé de descendre avertir Lemleck, au cas où il ne le serait pas déjà.

Les serviteurs les plus forts étaient déjà en train de s’armer. J’ai réussi (presqu’à coup de menaces) à faire avouer à un serviteur où était la chambre de Lemleck et je m’y suis rendue. En chemin, j’ai eu droit à un charmant entretien avec la cuisinière, qui m’a accusée de leur porter malheur. Pensez ce que vous voulez, moi je n’ai pas le temps de discuter! Au deuxième étage, j’ai ouvert toutes les portes en criant son nom jusqu’à ce qu’il sorte de sa chambre. Il n’était pas content de me voir, mais au moins j’ai pu passer mon message.

J’aurais pu sagement retourner dans ma chambre, mais les vieilles habitudes ont la peau dure, surtout dans mon cas. Il y avait des armes accrochées aux murs, alors j’ai pris ce qui ressemblait le plus à un staff (c’était un bâton avec une lame au bout) et je suis sortie dehors. Je ne voulais pas particulièrement me battre, mais si ça devait arriver…

J’ai essayé d’éteindre le feu sur la grange, mais même en me concentrant de toutes mes forces, ces foutus bracelets anti-magie m’empêchaient de faire autre chose qu’un jet de fontaine décorative. Entre deux essais infructueux, un des attaquants m’a aperçue. Vu son rire sinistre et le ton de sa voix qui me faisait penser à celle du gros pirate, je n’ai pas attendu qu’il finisse de parler pour commencer à lui taper dessus. Je me suis retrouvée assez amochée, mais j’aurai au moins réussi à le mettre inconscient.

J’ai ensuite vu des cavaliers avec sept des chevaux de Lemleck. Pendant que je rentrais dans l’écurie pour vérifier si Stéphane y était encore, Lemleck est entré et reparti sur son cheval, après les voleurs. Une partie des champs a brûlé, mais la maison et l’écurie furent sauvées. Quand Lemleck est revenu, il n’avait réussi qu’à récupérer que deux chevaux.

Stéphane avait reçu un gros coup sur la tête, alors j’ai déchiré une de ses manches et je lui ai fait un bandage. Des serviteurs se sont mis à crier que j’essayais de tuer Stéphane en l’étouffant. Bien sûr! J’essaie de l’étouffer en lui faisant un bandage sur le front! Stéphane était à moitié conscient, mais il a trouvé l’énergie de dire que j’étais gentille, que j’étais peut-être née dans la mauvaise race, que je m’étais peut-être fait chasser des elfes justement parce que j’étais gentille. Il a ajouté que si je m’étais battue, c’était seulement pour défendre. J’aurai au moins réussi à avoir 1% des serviteurs de mon côté…

J’ai voulu aller replacer mon arme avant qu’on ne m’accuse de l’avoir volée, mais d’autres serviteurs m’ont vue avec dans les mains et ils se sont mis à crier que j’étais armée. J’ai essayé d’avoir l’air la plus pacifique possible, redonnant mon arme sans faire de problème et répétant encore que je n’étais pas hostile. Je suis ensuite retournée dans ma chambre. J’ai déchiré mon seul et unique ensemble de draps pour me faire des bandages et je me suis finalement couchée.

2-4 avril

Quand je me suis réveillée, un déjeuner chaud et des bandages m’attendaient. Est-ce que j’aurais réussi à amadouer un autre pourcentage de la population? Mon estomac rempli et mes bandages changés, j’ai décidé de rapporter ma vaisselle aux cuisines. Je voulais simplement éviter de me faire traiter de voleuse, mais c’est exactement ce qui est arrivé. La cuisinière m’a traitée de menteuse et de voleuse et elle a ordonné à un de ses aides de brûler la vaisselle que je venais de rapporter.

Après, je me suis mise à la recherche de quelqu’un qui voudrait bien m’indiquer où je pourrais trouver savon et eau pour me laver et laver mes vêtements. Mais tout le monde m’a ignorée. Ben là… Je veux juste être propre. Je ne suis pas hostile…

J’ai fini par entendre des «psst» venir de derrière une porte. C’était une jeune servante qui s’appelait Sophie. Le déjeuner et les bandages venaient d’elle, pour me remercier d’avoir sauvé son frère hier. Elle m’a aussi expliqué où se trouvait la pompe dehors et quelle salle de bain je pouvais utiliser.

J’ai donc entrepris la longue et périlleuse mission de remplir le bain. Mais comme les seaux remplis d’eau étaient lourds, je ne pouvais en monter qu’un à la fois. À ce rythme, j’allais avoir terminé d’ici la fin de la semaine. Lors d’un aller, j’ai croisé Lemleck. Comme il ne disait rien, j’ai continué mon chemin. Quand je suis descendue avec mon seau vide, il était encore là. C’est finalement quand je suis remontée qu’il a daigné m’adresser la parole.

-Qu’est-ce que tu fais?

-(Qu’est-ce que j’ai l’air de faire?) Je monte l’eau pour remplir le bain.

-Pourquoi?

-(Pour noyer le premier serviteur que j’attraperai) Pour me laver et laver mes vêtements.

-…

Il est parti sans rien ajouter. Quoi? Vouloir rester propre c’est interdit? C’est fou à quel point cet homme m’exaspère. Dès qu’il se met à me parler, j’ai envie soit de le frapper, soit de lui répondre tout ce qui me passe par la tête, soit les deux.

Un serviteur est arrivé et il a pris mon seau. Il a ensuite monté l’eau deux seaux à la fois. Il n’avait pas l’air content du tout, mais il a continué jusqu’à ce que le bain soit à moitié rempli. Même s’il s’en fichait, je l’ai remercié pour son aide avant qu’il ne parte. Je ne comprends définitivement pas Lemleck. Il me méprise, me rend la vie difficile, souhaiterait sans aucun doute que je sois morte, mais il envoie quelqu’un m’aider?

Après avoir étendu mon linge mouillé dans ma chambre, je suis allée aux écuries, le seul endroit sur le domaine où j’étais pseudo la bienvenue. Stéphane allait bien. Il était en train de donner des instructions à un jeune garçon sur l’art de brosser les chevaux. Le garçon a été insulté parce qu’il pensait que je venais le remplacer. Stéphane l’a assuré du contraire. J’étais en train de brosser les chevaux quand Lemleck est arrivé. Il n’a pas dit un mot quand il m’a vue et il est reparti sur son cheval aussi vite qu’il était arrivé.

Durant son absence, un carrosse entouré de soldats à cheval est arrivé. La dernière chose dont j’avais envie c’était de rencontrer une connaissance de Lemleck qui ne manquerait pas de détester les elfes autant que lui. J’ai tenté subtilement de retourner dans ma chambre ni vue ni connue, mais la petite noble qui était descendue du carrosse m’a aperçue alors que j’amorçais une course désespérée dans le corridor.

J’ai caché mes oreilles sous mes cheveux, mais elle s’est vite rendu compte de mon identité. Pour ma plus grande surprise, elle aussi était elfe. Alors Lemleck accepte que des elfes lui rendent visite, mais moi je reste une moins que rien? La noble m’a dit qu’au moins, je n’étais pas une elfe bleue. Alors les bleus sont les pires? Une chance que j’ai donné mes véritables origines la première fois où j’ai rencontré Lemleck, sinon je me serais ramassée avec une balle dans la tête avant d’entrer dans le temple de l’eau. La noble m’a aussi appris que nous nous trouvions sur Scion, la terre des bannis. Ici étaient envoyés les malfrats ou ceux qui étaient accusés à tort. Je ne considère pas Lemleck comme un malfrat, alors de quoi a-t-il été accusé?

Elle m’a posé quelques questions sur moi. J’ai fini par révéler d’où je venais, mes origines, le fait que j’étais barde, mais j’ai refusé de donner le nom de mes parents. J’avais peur qu’elle le révèle à Lemleck. J’en avais déjà trop dit. Quand je lui ai raconté comment je m’étais ramassé ici, j’ai eu droit à sa sympathie. Alors c’est un fait connu que ce frère-là est légèrement beaucoup malade dans sa tête? Je me demande si les autres frères de Lemleck sont comme ça… Je me demande aussi pourquoi la noble m’a demandé si je couchais avec Lemleck. Quoi? Non! Pourquoi je…? Et pourquoi Lemleck voudrait…? Et pourquoi je suis en train de me poser la question?

Elle m’a proposé de me prendre à son service. Je serais entourée d’elfes et si je travaillais bien, elle pourrait me mettre de l’argent de côté et me libérer plus tard. C’était tentant, mais je n’avais pas envie de retourner chez moi. J’avais des compagnons à retrouver et beaucoup de choses à faire. La dernière chose que je voulais, c’était de mettre ma famille en danger en retournant à Idrazz’il. Il restait aussi le problème du contrat d’esclave. Tant qu’il existerait, je serais reconnue en tant qu’esclave peu importe où j’irais. Mais avec un nom et de l’argent…

Son offre était extrêmement tentante, mais en bonne good conne pleine d’espoir que j’étais, je l’ai refusée. Les elfes n’étaient pas tous mauvais et je voulais les faire changer d’avis. Si je réussissais seulement pour moi, alors j’aurais accompli quelque chose. Si j’avais su…

Quand je suis sortie après le départ de la noble, la concentration de serviteurs dans le corridor était beaucoup plus élevée qu’à l’habitude. Tous étaient en train de chuchoter. Ils avaient tous l’air de se demander pourquoi j’avais refusé l’offre de la noble. Parce que j’ai de l’espoir. Mais encore une fois, si j’avais su…

Comme aucun serviteur à part Stéphane ne voulait accepter mon aide, j’ai décidé d’aller me promener dehors. J’ai fini par apercevoir le cheval de Lemleck, mais comme Lemleck n’était pas en vue, j’ai tenté de faire ami-ami avec lui. Puis il a fallu que le cheval se fasse siffler par son maître. Oh non… J’ai tenté une retraite subtile, mais pendant que je m’éloignais, j’ai entendu les pas du cheval qui se rapprochaient de moi. Lemleck m’a suivie sans rien dire jusqu’à ce que je me sois suffisamment éloignée des travailleurs. Vous aviez peur de quoi au juste? Que je les attaque? Avec mon pas-de-magie, mon pas-d’arme et mon pas-de-force, je suis certaine que j’aurais réussi si j’avais essayé!

De l’autre côté de la maison, j’ai trouvé un jardin abandonné. J’ai réussi à pousser la porte pour y entrer. Les plantes poussaient dans tous les sens et il y avait une grande croix dans le fond. J’ai trouvé un banc et j’ai dégagé l’espace pour pouvoir m’assoir et jouer du violon en paix.

Pendant deux jours, j’y ai passé la majorité de mon temps. Demander à tout le monde si je pouvais les aider et me faire ignorer ne me prenait pas beaucoup de temps, ni brosser les chevaux d’ailleurs, alors dès que j’avais terminé le peu que j’avais à faire, je venais ici. C’était tellement agréable d’avoir la paix, de ne pas me faire regarder comme si j’étais un monstre, de ne pas me faire regarder tout court.

Puis, le 4 avril au soir, j’ai entendu la grille du jardin s’ouvrir. C’était Lemleck. J’ai arrêté de jouer et je lui ai dit bonsoir. Non seulement il était complètement soûl, mais il était aussi très furieux. Je ne cherchais pas à me cacher, alors je me suis levée et j’ai attendu qu’il arrive à moi.

Arrivé à côté de moi, il a pris mon violon et il m’a traînée dehors en me tenant très fort par le poignet. En-dehors du jardin, il a smashé mon violon sur la grille. J’ai regardé les morceaux tomber par terre et les larmes se sont mises à couler toutes seules. Ben là… Pourquoi avoir pris la peine de me donner un violon si c’était pour le détruire? Lemleck m’a dit que si jamais je retournais dans le jardin, il me briserait en deux et il ne me manquerait pas. Mais comment je pouvais savoir que je n’avais pas le droit de venir ici? Ce n’est pas comme s’il y avait eu une pancarte «Interdit aux elfes» devant le jardin. La noble avait eu raison : Lemleck ne me battrait peut-être jamais, mais pour ce qui était de la torture psychologique…

J’avais tellement envie de lui demander pourquoi il avait fait ça, mais les mots ne voulaient pas sortir, juste les larmes. Je suis donc repartie vers la maison avant que le déluge ne commence. Lemleck m’a suivie et quand nous sommes entrés, il a crié qu’il ne voulait plus que «cette chose» quitte la maison et qu’il voulait qu’elle soit enfermée à clé au deuxième étage.

4-7 avril

Ma nouvelle chambre était beaucoup mieux que mon grenier, mais n’empêche que quand j’ai entendu le «clic» de la clé qui tournait dans la serrure, j’ai eu l’impression que mon arrêt de mort était signé. Jamais je ne partirai d’ici. Et maintenant, je n’ai vraiment plus rien : ni vêtements, ni moyen de retrouver Mill ou de sauver Uvi, ni violon. Rien du tout. Jamais je n’aurais dû accepter le violon. J’aurais dû me douter que ça se terminerait comme ça. J’ai l’impression que quelque chose s’est encore brisé en moi. Je n’accepterai plus jamais de cadeau de personne.

Je me suis couchée en petite boule sur le lit et j’ai pleuré, pleuré et encore pleuré. Au bout d’une journée, j’ai arrêté, pas parce que je n’avais plus de larmes, mais parce que j’avais faim. Je n’avais pas particulièrement envie de me faire encore traiter d’elfe stupide, alors j’ai cogné à la porte pour attirer l’attention de quelqu’un, n’importe qui, pour qu’on vienne me porter à manger. Mais personne n’est venu. J’avais raison : Lemleck va me laisser enfermée ici jusqu’à ce que je meure de faim. Peut-être même qu’il a ordonné à tout le monde de m’ignorer… Peut-être aussi que c’est sa façon de me punir, parce qu’il me blâme pour tout…

Le 7 avril, j’ai cru que la faim me faisait halluciner, quand j’ai vu Maggie arriver. Vu le ton de sa voix, je devais faire beaucoup pitié. Elle m’a dit qu’elle allait me faire monter un bain, des vêtements et un vrai repas et que demain, j’irais prendre l’air. Moi je ne veux pas aller prendre l’air. Si je veux profiter de l’air, j’ouvrirai la fenêtre et c’est tout. Si je sors d’ici, je vais encore me faire accuser d’être allée là où je n’étais pas censée aller.

J’ai raconté à Maggie ce qui s’était passé. Dès que j’ai prononcé le mot «jardin», elle est devenue blanche comme un drap. Elle m’a fait comprendre d’oublier le jardin. Non, il n’y a pas de jardin. Il n’y a plus de violon non plus. Elle ma répondu que c’était juste un objet. Non, ce n’était pas juste un objet. C’était beaucoup plus. C’était… moi.

Des serviteurs ont apporté un bain, qu’ils ont caché derrière un paravent. Il y avait aussi une chemise de nuit et une serviette. Maggie m’a dit qu’elle allait parler à Lemleck et que Link allait l’aider. Moi je ne voulais pas qu’elle m’aide. Si elle allait parler à Lemleck, ça allait encore se retourner contre moi. Mais au fond, est-ce que ça me dérangeait vraiment? Plus trop, non. Je n’avais plus envie de faire d’effort, ni pour les serviteurs, ni pour Lemleck, ni pour personne. Rappelez-moi pourquoi j’ai refusé l’offre de la noble. J’avais de l’espoir? Plus maintenant.

Quand j’ai été seule, je me suis rapidement laissé tenter par le bain. Je ne voulais pas m’habituer à ce confort (je m’attendais à retourner dans mon grenier dans un avenir proche, ou à rester ici et à me retrouver encore sans eau, sans nourriture, sans rien), mais il y avait si longtemps que je n’avais pas pris de bain chaud…

Ça m’a fait du bien, plus que du bien en fait. Mais je ne pouvais pas prendre mon bain en paix, n’est-ce pas? J’ai commencé à entendre une respiration rauque. Je pensais que quelqu’un était entré dans ma chambre sans que je ne m’en rende compte. J’aurais préféré un voyeur à ce qui s’est vraiment passé. Une forme humaine est apparue dans la vapeur de l’eau. J’ai eu tellement peur que je me suis renfoncée dans l’eau jusqu'au nez. De toutes les baignoires du manoir, pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur celle qui était hantée? Muuu...

dimanche 25 septembre 2011

À moins d'un miracle? Yeah right...

11 au 16 mars

Lemleck est entré et sorti de sa cabine à quelques reprises pour prendre des affaires sans jamais s’occuper de moi. J’ai fini par me lasser et je me suis placée entre lui et la porte, bien décidée à obtenir des réponses. Je lui ai carrément demandé : qu’avait-il trouvé dans mon sac qui lui avait fait se dire que je pourrais lui être utile à je ne sais pas quoi? En retour, il m’a demandé mon nom de famille. Euh…Quand je lui révélerais, il me dirait ce qu’il voulait faire de moi.

Ok… Alors il sait que je suis noble… Je ne devrais pas m’étonner que la belle-sœur lui ait donné des infos sur moi, mais plutôt de quel genre d’infos elle lui a donné. Et en quoi le fait que je sois noble pourrait bien l’aider?

La cabine du capitaine était bien confortable, mais je n’avais pas trop envie de m’y attarder. J’étais certaine que le capitaine soûl finirait par revenir et me kicker hors de là, alors j’ai décidé de prendre les devants. Je suis retournée dans ma cabine et tant pis si ça ne lui plaisait pas.

J’ai trouvé ma cabine légèrement en bordel, la décoration maintenant agrémentée de nombreuses bouteilles d’alcool. Je n’avais pas envie de me taper le nettoyage de tout ça alors j’ai pris ce qui m’appartenait et je suis retournée dans la cabine du capitaine.

Je me sentais très seule, mais au moins j’avais Link. Il venait parfois me porter à manger et je pouvais discuter avec lui. Quand je lui ai dit que le sac à dos n’était pas vraiment à moi, il m’a suggéré de ne pas en parler au capitaine. Si jamais il se rendait compte que je ne lui étais plus utile… Mon état de fille avait beau me procurer une certaine immunité contre mon état d’elfe, je ne tenais pas particulièrement à me retrouver par-dessus bord.

J’ai aussi eu plusieurs visites discrètes de marins, qui venaient me porter en douce des vêtements à réparer. Ça ne comblait pas ma solitude, mais au moins ça me tenait occupée.

16 au 30 mars

Link m’a aussi emmenée prendre des marches sur le pont. Je ne sais pas si l’air m’a été bénéfique, mais ça m’a tout de même permis de voir autre chose que les quatre mêmes murs. Fait tout à fait surprenant, le capitaine n’était jamais là quand je sortais. Je me demande vraiment pourquoi il m’a sauvé la vie puisque même le fait de partager le même air que moi lui est pénible. Il me déteste plus que je ne le pensais ou alors il me blâme vraiment pour ce qui s’est passé…

Nous sommes finalement arrivés à un port. Les marins étaient armés jusqu’aux dents en débarquant de la marchandise. C’est fou comme je me sens rassurée…

Lemleck m’a ordonnée de prendre mes affaires parce que nous débarquions. J’ai presqu’eu envie de pleurer en rassemblant mes maigres possessions : un sac à dos, quelques vêtements, des trucs à broder, des livres et le violon que Lemleck m’avait trouvé. J’avais tellement perdu depuis un an et pourtant, je finissais toujours par me racheter des affaires ou par accepter des cadeaux auxquels je m’attachais. Je devrais arrêter. Ça me démolissait un peu plus à chaque fois.

30 mars au 1er avril

J’ai embarqué à la suite de Lemleck dans un carrosse. Il ne m’a pas kickée dehors alors je suppose que c’était là qu’il voulait que j’aille.

Nous avons voyagé pendant deux jours au cours desquels Lemleck m’a royalement ignorée, à part la fois où il a été tellement soûl qu’il m’a proposé de l’alcool. J’ai aussi eu droit à une redingote jetée (j’insiste ici sur le jetée) sur moi en guise de couverture pendant que je dormais.

Nous sommes arrivés à un manoir le 31 mars au soir. Lemleck a débarqué du carrosse sans m’accorder un regard. Je me suis dit que je devais le suivre, mais le temps que j’arrive à l’intérieur, je l’avais perdu de vue. Je préférais ne pas m’aventurer, alors je suis restée dans le hall d’entrée. Quelqu’un finirait bien par venir me chercher.

La première personne qui m’a aperçue s’est sauvée en courant. Une autre a pleuré. Une autre a crié. Ça a été comme ça à chaque fois. Les serviteurs me regardaient comme si j’étais un monstre et se sauvaient ensuite, à différents degrés de panique. Pas une seule fois, je n’ai pu demander des explications. Ben là… Qu’est-ce que j’ai fait? Muuu… Complètement dépitée, je me suis assise sur un banc et je suis restée là jusqu’au lendemain matin, jusqu’à ce que Link vienne encore à ma rescousse.

Je devais avoir l’air d’une pauvre âme en peine quand il m’a vue. Je pense que j’aurais presque préféré ne pas lui parler, parce que ce qu’il m’a dit m’a complètement découragée. Ça ne servait rien à rien que j’essaie de m’enfuir, parce que passé dix kilomètres, je risquais de me faire attaquer.

Le seul moyen qui me permettrait de partir serait qu’un miracle se produise : que je convaincs Lemleck. Je me suis mise à rire. Je ne partirai jamais d’ici alors. Link m’a dit que j’avais besoin d’alliés et que lui ne pouvait pas m’aider ici. Mais ils me détestent tous… Il m’a rappelé qu’il n’y a pas si longtemps, c’était moi qui détestais les pirates. Alors il faut que je fasse ami-ami avec des gens qui méprisent les elfes et qui seraient très heureux de me voir morte pour convaincre un capitaine soûl qui me déteste et qui me blâme pour tout de me laisser partir? Je ne partirai vraiment jamais d’ici…

Link a réussi de peine et de misère à convaincre une servante de me préparer une chambre en lui disant que j’étais totalement inoffensive et en lui montrant mes bracelets anti-magie. Je me suis ramassée, un ensemble de draps en main, dans le coin le plus reculé de la maison : un charmant grenier rempli de toiles d’araignée, de poussière et probablement de souris. J’ai fait aérer et j’ai entrepris un ménage du printemps qui ne devait pas avoir été fait depuis une éternité. Tant qu’à être prise à rester ici pour un temps très indéterminé, autant que ma chambre soit pseudo-acceptable.

Quand j’ai eu fini mon début de ménage, j’ai décidé de descendre aux cuisines. La cuisinière a eu une réaction semblable à celle des autres : de l’incrédulité suivie de mépris. Link était là, mais quand il a essayé de prendre mon parti, elle lui a enlevé son assiette. J’ai finalement eu droit à un petit quelque chose que la cuisinière aurait volontiers saupoudré d’arsenic ou de mort-aux-rats. Je me serais volontiers rendue utile auprès de la cuisinière, mais elle ne semblait disposée qu’à me faire tester des recettes avec de la viande, sachant très bien que ça allait me rendre malade. Je suis donc partie, encore plus déprimée qu’à mon arrivée.

Comment vais-je y arriver? Comment puis-je abattre toute seule un mur si épais de préjugés, de haine et de mépris? Je vais essayer, mais j’ai peur d’y laisser le peu de sanité mentale que je possède encore…

mardi 13 septembre 2011

Je m'excuse que tout soit de ma faute!

23 février

L’heure du départ a sonné. Maggie m’a préparé un sac avec des vrais vêtements et de la vraie nourriture, aka qui convenaient à une dame. J’aurais aimé rester plus longtemps. Je commençais à la trouver sympathique et ici, j’avais un semblant de vie normale. Sur le bateau du capitaine soûl, je suis l’elfe qui dérange…

Je suis retournée sur le bateau. Le pirate soûl m’a ignorée royalement et moi aussi. Bobby est resté à terre. Ça, ça m’a rendue triste. Je l’aimais bien et il était super gentil avec moi. J’ai l’impression que je vais être encore plus seule…

23 février au 2 mars

Ma vie est retournée à son ennuyant quotidien : rester enfermée dans ma cabine et rafistoler des vêtements. Les marins ont continué à venir me voir, mais je leur ai fait comprendre qu’ils ne devaient pas s’attarder. Je n’avais pas envie de fâcher le capitaine plus qu’il ne le fallait. Heureusement, j’avais mon violon. Je ne savais pas pourquoi il avait pris la peine de m’en trouver un (à part si c’était pour que je le laisse tranquille), mais j’étais contente de l’avoir. C’était comme si je me retrouvais, comme si je retrouvais un peu d’espoir. Ça me donnait envie de recommencer à me battre. C’est idiot…?

J’étais tranquillement dans ma cabine à ne déranger personne, quand j’ai entendu des cris. Un autre navire en vue? Cette fois-ci, j’ai retenu la leçon : je vais rester ici et ne déranger personne. Une minute… Un… bateau… noir? Oh non… J’ai caché mon violon sous mon lit et j’ai bloqué la porte avec ma chaise quand les choses ont commencé à être trop agitées à mon goût.

J’espérais que l’attaque se terminerait rapidement, mais ce ne fut pas le cas. J’ai fini par jeter un coup d’œil. J’ai vu un des marins de Lemleck qui se traînait pas terre. Je l’ai traîné dans ma cabine et je lui ai fait des bandages. Ensuite, j’ai eu la brillante idée de ressortir et de m’aventurer de l’autre côté du bateau pour vérifier s’il n’y avait pas d’autres blessés à secourir. J’ai pu en ramener un autre dans ma cabine et après l’avoir soigné, j’ai eu l’excellente idée de ressortir pour aller aider. J’aurais pu rester dans ma cabine, mais non! Il a fallu que je me mêle encore une fois de ce qui ne me regardait pas.

Les choses n’allaient pas très bien pour les pirates de Lemleck, alors j’ai décidé de m’en mêler encore plus de la manière la plus discrète qui soit : en chantant. Et pour être discrète, je l’ai été. Je me suis fait remarquer par la pire personne possible : un pirate très grand, très imposant, très effrayant, très tout dans le plus mauvais sens du terme.

Il a commencé à se diriger vers moi avec un regard qui ne me disait rien qui vaille. J’avais deux options : la cabine du capitaine soûl ou la cale. J’ai choisi la cale. J’espérais pourvoi trouver une arme dans les caisses, mais j’ai manqué de temps. Le gros pirate pervers est arrivé et j’ai dû choisir le repli stratégique à l’attaque perdue d’avance. J’étais terrorisée et lui avait l’air de prendre plaisir à me poursuivre. Viens par ici… Le ton de sa voix m’a donné des frissons dans le dos. J’ai accéléré le pas. Il a fini par m’apercevoir. J’adore quand elles sont à quatre pattes… Muuu… Je savais ce qui m’attendait si jamais il m’attrapait, alors j’ai continué à fuir. J’ai essayé de pousser des caisses sur lui, mais elles étaient trop lourdes.

J’ai fini par me faire écraser contre le mur par une caisse. À entendre le «crac» que mes os ont fait, je devais avoir des côtes cassées et à sentir le goût du sang dans ma bouche, la situation était grave. Le gros pirate m’a enlevée de là en me tirant par les cheveux. Il m’a tenue dans les airs le temps qu’il déchire et m’enlève mes vêtements, puis il m’a assise sur une caisse en me tenant par une hanche. J’ai tenté un coup en bas de la ceinture, mais à part une petite larme au coin de l’œil, un resserrement de sa prise et un «j’espère que tu en vaux la peine», ça n’a pas donné grand-chose.

Il m’a maintenue assise sur la caisse pendant qu’il détachait son pantalon. Mes tentatives de débattement n’ont pas très été couronnées de succès, au contraire. Plus je bougeais et plus il se rapprochait de moi. J’ai commencé à crier. J’aurais dû le faire avant. Je voulais me débrouiller toute seule, mais là, la peur a pris le dessus. Une chance que j’avais encore la force de bouger, parce que lui n’arrêtait pas d’essayer de rentrer son… vous savez, en moi. Ce n’était vraiment pas agréable de le sentir contre mes cuisses, à se rapprocher de plus en plus… C’était tout simplement terrifiant.

Mes forces m’abandonnaient alors que lui semblait en gagner. J’étais certaine que j’allais y passer, quand j’ai entendu un coup de feu. C’était Lemleck. Il a raté le gros pirate, mais il l’a distrait. Ça a été suffisant pour que je réussisse finalement mon coup en bas de la ceinture et j’ai pu reculer hors de portée du pirate. La chute en bas de la caisse n’a pas fait du bien, mais au moins j’étais «en sécurité».

Les deux se sont mis à se taper dessus. J’ai reçu une balle dans la main gauche, mais c’était le moindre de mes soucis. Lemleck a été salement blessé alors j’ai tenté le coup pour le coup. J’étais tellement désespérée que j’étais prête à essayer n’importe quoi. J’ai donc prié de toutes mes forces pour que mes pouvoirs reviennent et me permettent de le guérir. S’il vous plaît, ne mourrez pas… J’ai besoin de vous… J’ai réussi à le guérir et à plus qu’une reprise. Ça lui a permis d’amocher assez le gros pirate pour qu’il essaie de fuir. J’ai essayé de l’envoyer contre le mur avec de l’eau (sans succès) et quand Lemleck est parti après lui, j’ai à peine trouvé la force de remettre ma chemise qui ne tenait presque plus en un morceau et je me suis laissé glisser sur le sol. J’ai entendu un coup de feu et un gros «boum», puis ce qui semblaient être des cris de victoire. Je m’en fiche… Je me fiche de ce qui peut arriver maintenant. J’ai mal et je suis épuisée, alors je ne bouge plus…

Le capitaine soûl est revenu. Il m’a tendu sa redingote. Elle était tachée de sang, mais c’était quand même mieux qu’une chemise toute déchirée. J’ai trouvé la force de la prendre, mais pas plus. Il m’a enveloppée avec et m’a prise dans ses bras. Je n’aurais jamais cru que Lemleck serait un jour synonyme de sécurité pour moi. Merci…

Il m’a ramenée dans sa cabine, où il m’a déposée sur son lit. Je n’ai pas trop aimé qu’il m’enlève le peu que je portais pour m’examiner. J’ai murmuré un faible «je proteste» que je ne crois même pas qu’il ait entendu et j’ai rapidement capitulé. Rendue où j’étais, qu’il me voit nue un peu plus ou peu moins. J’ai poussé un petit cri de douleur quand il m’a touchée là où mes côtes étaient. Il a eu l’air contrarié. Il m’a forcée à ouvrir la bouche et quand il a vu le sang, il a semblé encore plus contrarié.

Il a refermé les rideaux du lit et il a appelé Link. Il lui a parlé dans une langue que je ne connaissais pas. Après ça, j’ai eu droit à un cocktail de je ne sais pas quel alcool et d’un truc vraiment dégueu. Je me suis sentie vraiment bizarre : ma tête tournait, mes mouvements étaient au ralenti… J’ai complètement perdu la carte et quand je me suis réveillée, j’étais toujours couchée dans le lit du capitaine soûl, vêtue de la même chemise de nuit laide et trop grande pour moi qu’il m’avait mise sur le dos.

2 au 11 mars

Quand je me suis assise, mes côtes étaient encore douloureuses. Un rapide coup d’œil m’a permis de me rendre compte que j’étais bandelettée à cet endroit. Quant à Lemleck, il était endormi dans sa chaise, qui était rendue juste à côté du lit. Il était entouré de beaucoup, beaucoup, beaucoup de bouteilles d’alcool. J’avais plutôt faim, alors j’ai décidé de me rendre aux cuisines toute seule comme une grande. J’ai emprunté sa redingote et je suis sortie. À côté du bateau, il y avait l’autre bateau pirate et au loin je voyais les lumières d’une ville. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour être sur la terre ferme…

J’ai failli donner une crise cardiaque à deux marins. À les entendre, je n’avais pas le droit d’être là. Quoi? J’ai faim, alors qu’est-ce que j’étais censée faire? Ils avaient l’air d’avoir peur de la réaction du capitaine. Je n’essaie même pas de me sauver, je veux juste manger. Ça aussi c’est interdit? Finalement, je n’ai même pas pu aller chercher ma nourriture. Je n’ai même pas pu retourner à la cabine toute seule. Pour l’amour du ciel, je ne suis pas faite en porcelaine! Le marin qui m’a raccompagnée n’a même pas voulu me laisser entrer toute seule dans la cabine. Il voulait absolument porter le cabaret. Et si je lui avais demandé, je crois qu’il m’aurait portée. Il m’a montré la corde que je pouvais tirer si jamais j’avais besoin de quoi que ce soit. Je ne suis pas fragile à ce point-là, alors si j’ai besoin de quelque chose, j’irai me le chercher…

Une fois seule, j’ai mangé et je me suis reposée. Enfin… Si on peut appeler «reposer» rester tranquille dans le lit à essayer sans succès de ne pas penser à ce qui avait failli m’arriver. J’étais traumatisée. Pourquoi ce genre de choses devait toujours m’arriver? Peu importe où j’allais, peu importe ce que je faisais, je finissais toujours par tomber sur quelqu’un qui me déshabillait contre mon gré et qui voulait me faire du mal :

1-Juste avant que je rencontre le groupe pour la première fois (les humains qui nous ont surprises Ruby et moi dans notre sommeil).

2-Les types louches dans la ruelle (avant que je me fasse vendre pour la première fois).

3-Quand je me suis fait capturer par les humains (le bourreau louche qui m’a torturée).

4-Le frère du capitaine, qui m’a déshabillée et tripotée durant mon sommeil.

5-Le frère du capitaine, qui m’a forcée à me déshabiller et qui ma regardée pendant que je lisais le livre trop osé.

6-Le gros pirate pervers, qui a bien failli me tuer.

J’en ai assez… Dans ma tête, c’était censé être agréable, mais ça finit toujours par me faire mal et par me faire peur. Je ne crois pas que j’aurai envie de laisser un jour un autre homme m’approcher. De toute façon, tous ceux qui m’approchent ne pensent qu’à ça et ça n’est pas plaisant du tout. J’ai hâte de retourner au temple du père Marayel. C’est bien le seul endroit au monde où je suis en sécurité.

Lemleck a fini par se réveiller. Je me serais presqu’attendue à un «est-ce que ça va bien?», même si ça m’aurait surprise, mais certainement pas à ce qu’il m’a dit. À l’entendre, tout ce qui était arrivé était de ma faute. Alors c’est ma faute si je me suis fait agresser? Et bien, je m’en excuse! Et tant qu’à faire, je m’excuse que le bateau se soit fait attaquer! Et je m’excuse de m’être encore mêlée de ce qui ne me regardait pas! Et je m’excuse d’avoir voulu sauver vos marins! La prochaine fois, je les laisserai mourir! Et je m’excuse d’avoir voulu aider tout le monde en chantant! Et je m’excuse d’avoir crier pour qu’on vienne m’aider! La prochaine fois, je vous promets que je ne crierai pas! Comme ça, je me ferai violer, je mourrai (avec un peu de chance rapidement) et vous serez content parce que je ne serai plus là! Voulez-vous bien me dire pourquoi vous avez pris la peine de me sauver si ma présence vous pèse autant?! Je me demande pourquoi j’ai pris la peine de le remercier de m’avoir sauvée alors que ça semble être une des pires décisions de sa vie…

Quand je pense que j’ai osé me dire qu’il n’était peut-être pas si pire que ça. Il a peut-être des soubresauts de gentillesse, mais ça n’enlève pas tous ces mauvais côtés. Et dire que j’ai eu envie de lui raconter ce que son frère et sa belle-sœur m’avaient fait… Je suis contente de ne pas l’avoir fait. Il aurait bien été capable de me renvoyer illico presto à eux et là…

Après ce charmant entretien, le capitaine soûl est sorti et moi j’ai décidé de partir. Pourquoi attendre qu’il passe encore sa colère sur moi parce que j’étais toujours là? Je lui ai emprunté une redingote propre et je suis retournée dans ma cabine. Je finissais de me changer quand je l’ai entendu crier «Où est-ce qu’elle est?!». Tout le monde sur le pont a commencé à s’agiter. J’étais tellement choquée que j’ai ouvert ma porte en lui répliquant «vous n’avez vraiment pas cherché longtemps avant de vous mettre à paniquer!». Deux secondes plus tard, j’étais dans ses bras et il me ramenait dans sa cabine. Encore une fois, mais «je proteste» ont été ignorés.

Il m’a déposée/jetée sur le lit et avant qu’il ne puisse encore m’engueuler, j’ai passé ma colère sur lui. Qu’est-ce que j’étais censée faire? Je ne veux pas de toi dans ma cabine, mais je ne veux pas que tu retournes dans la tienne! Branchez-vous! J’aurai au moins réussi à lui couper le sifflet et il est reparti sans rien m’avoir répliqué. Dans ta face le pirate soûl! Je l’ai mis assez en colère parce que je l’ai entendu ordonner/crier aux marins de lever l’ancre tout de suite.

J’ai aussi eu droit à la visite de Link, qui a encore été super gentil avec moi. Il m’a appris des choses très intéressantes. De un, il s’était écoulé neuf jours depuis l’attaque et de deux, le capitaine avait passé six jours à veiller sur moi, sans dormir. Et moi qui pensais qu’il avait passé tout ce temps à se soûler… J’étais assez perturbée, mais je l’ai été encore plus quand Link m’a dit que tout le monde s’était inquiété pour moi. Je ne sais vraiment plus quoi dire… Je suis avec des pirates qui sont tous super gentils, qui m’emménagent une chambre super mignonne et qui s’inquiètent pour moi. Quand j’ai raconté à Link les circonstances de ma première rencontre avec eux, il m’a demandé si je connaissais beaucoup de pirates qui ne détruisaient pas le bateau qu’ils attaquaient. Bien non, mais je ne connais pas beaucoup de pirates de base. Je ne connais que deux catégories : ceux qui rendent la vie misérable aux elfes et ceux qui essaient de les tuer. Je ne tiens pas particulièrement à faire la connaissance des autres.

Grâce à Link, j’ai pu avoir un petit soulagement contre ma douleur. Le capitaine était censé me donner des anti-inflammatoires, mais il devait l’avoir «oublié». Alors non seulement il me fait sentir comme une merde, mais en plus il veut que je souffre? J’ai demandé à Link ce que le capitaine comptait faire avec moi. Il m’a répondu que s’il n’en tenait qu’à lui, il se serait déjà débarrassé de moi. Alors qu’est-ce que je fais encore ici? Il aurait découvert quelque chose dans mon sac qui lui aurait fait dire que je pourrais lui être utile pour ce qu’il voulait faire, peut-être pour sa vengeance. Que pouvait-il avoir découvert d’utile dans mon sac? Il n’y avait que des vêtements, non?

Il nous restait une vingtaine de jours avant d’arriver à la maison. La… maison? Ça ne veut pas dire que nous allons voir le frère et la belle-sœur, n’est-ce pas? Link m’a assuré que non. Il m’a aussi dit qu’il valait mieux ne pas parler de sa famille au capitaine. Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas l’intention de le faire. De toute façon, il ne m’écouterait pas et s’il m’écoutait, il ne croirait pas un mot de ce que je pourrais lui raconter.

Link a été tout à fait adorable. Il s’est assuré que j’avais bien compris la posologie de l’antidouleur et j’ai presque dû lui promettre que je n’en abuserais pas. Et son pate-pate m’a tellement fait du bien. J’aurais dû le hugger. Ça me fait tellement de bien qu’on s’occupe de moi…

Quand il est parti, j’ai rapidement fouillé un peu partout dans la cabine à la recherche de mon sac. J’ai trouvé des colliers de fleurs séchées assez vieux, des bijoux personnalisés, mais aucune trace de mon sac. Il me ne reste plus qu’une chose à faire : attendre le retour du capitaine et exiger qu’il me dise ce qu’il comptait faire de moi. Xième engueulade en perspective…

lundi 12 septembre 2011

Il a passé toute la nuit à me chercher un violon...?

Il y a eu du bruit durant environ 15 minutes, puis tout a fini par se calmer. J’ai entendu une petite fille crier et quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu une femme se faire maltraiter par un des pirates. Pourquoi ça ne m’étonne pas? Avec le capitaine qu’ils ont…

En bonne elfe stupide que je suis, j’ai décidé de faire la chose la plus intelligente à la quelle je pouvais penser : prendre une longue-vue et essayer d’assommer le pirate. J’ai échoué lamentablement, mais au moins la petite fille était en sécurité derrière moi. Un des pirates, celui habillé avec un chapeau vert et une tunique verte et des collants blancs, a essayé de me convaincre de me tasser. No way! Je sais que ça ne se terminera pas bien pour moi, mais pas question que je me tasse!

Vous auriez dû voir la tête du capitaine quand il m’a vue. Il n’était pas content du tout. Il a pointé son gun sur moi et il m’a demandé de me tasser de ça. Quand j’ai refusé de le faire, j’ai pensé qu’il allait me tirer dessus, mais c’est plutôt dans la tête de la petite fille qu’il a tiré. Espèce de malade mental… Je refuse de t’obéir et tu tues la petite fille? J’étais en colère et j’avais envie de pleurer, mais je n’allais pas lui donner la satisfaction de me voir faire. En bonne elfe soumise qui ruminait sa colère, je suis donc retournée dans sa cabine pour attendre qu’il vienne m’engueuler. J’ai entre-temps passé ma colère sur la pauvre théière. Paix à son âme.

Je l’ai entendu revenir, avec Link derrière lui qui essayait de le convaincre de ne pas être trop dur avec moi, parce que je n’étais pas au courant. Au courant de quoi? Qu’il ne faut pas s’interposer quand l’envie lui prend de tuer des enfants? Je m’en suis rendue compte. Qu’est-ce que ça va être s’il tombe un jour sur un bateau avec des enfants elfes? C’est peut-être déjà arrivé…

J’ai eu droit à une engueulade en bonne et due forme de Lemleck, mais ce fut moins pire que ce que je croyais. Je pensais qu’il allait me frapper, mais non. Il ne voulait plus que je me mêle de quoi que ce soit, ni que je parle sans qu’il m’ait posé une question. En gros : tu fais ce que je te dis et tu la fermes. Je me suis contentée de le regarder dans les yeux sans rien dire. Si tu penses que je vais baisser les yeux devant toi, espèce de pirate soûl complètement fou… Il a dit que j’étais une tête forte et qu’il allait peut-être essayer de me briser d’ici à ce que nous arrivions à terre. Si tu penses que je vais me laisser faire…

Quand il a remarqué la théière, il m’a demandé ce qui s’était passé et j’ai dû raconter le malheureux accident impliquant mes mains et le sol se rapprochant à grande vitesse de la porcelaine, de façon tout à fait imprévue. Il voulait que je la recolle. Si ça peut me permettre de me tenir occupée…

Le marin venu ramasser les débris pensait que j’étais la compagne du capitaine. Euh, ça ne va pas la tête? J’ai lâché que j’avais été acheté par le frère et la belle-sœur du capitaine, qui n’était pas au courant. Il ne m’a probablement pas crue. Ils ont tous l’air de le porter en très haute estime, alors pourquoi je perdrais mon temps à essayer de me trouver des alliés?

Un jeune marin nommé Bobby m’a apporté un panier avec de la nourriture, du vin, des livres et des trucs à broder. Une chance qu’il n’y avait pas de laine ni d’aiguille à tricoter, parce que je me serais fâchée contre ce pauvre petit qui ne le méritait pas. Je lui ai demandé si, par un très heureux hasard, un violon ne se trouverait pas sur le bateau. Il allait vérifier pour moi.

J’ai passé les quelques heures suivantes à rafistoler la théière. Je ne le faisais pas pour lui, mais tant qu’à ne rien faire et me mettre à penser…

J’ai fini par me coucher et je me suis réveillée quand le capitaine soûl est revenu. Je l’ai entendu enlever ses bottes et se diriger vers le lit. Euh… C’est parce que je suis dans le lit… J’ai essayé de descendre subtilement du lit, mais il a pointé son arme sur moi. C’est interdit de descendre du lit? Vous vous mettez le doigt dans l’œil si vous pensez que je vais dormir dans le même lit que vous…

En fait, il était seulement (très) contrarié que je sois encore là. Où vouliez-vous que j’aille? Je ne sais même pas où j’ai le droit ou pas le droit d’aller! Qu’est-ce que j’étais censée faire? M’aventurer peu importe où et que quelqu’un finisse par pointer son arme sur moi en me demandant ce que je fais là?

En l’entendant parler (aka crier) à un marin, j’ai cru comprendre qu’un endroit avait été emménagé pour moi. J’ai donc rassemblé mes affaires, y compris la théière. J’ai eu droit à un regard. Eh oui. En plus d’être une vandale de théière, je suis une voleuse de théière.

Lemleck a dit qu’il devrait se débarrasser de moi. Quand j’ai vu la grande planche sur le pont, j’ai cru qu’il voulait me jeter par-dessus bord, mais il voulait seulement que j’aille dans une autre cabine. Mon nouveau chez-moi consistait en une petite cabine tout à fait girly. Tout était dépareillé, mais les couleurs et les motifs étaient on ne peut plus «fille». Et ce sont des pirates qui ont emménagés ça pour moi? Perturbant…

19 au 22 février

J’ai essayé de rester dans mon coin le plus possible. Je n’ai quand même pas eu le choix d’aller voir le capitaine soûl. J’en avais assez de porter les mêmes vêtements alors je suis allée lui demander si je pouvais récupérer mon sac. Bobby m’avait dit pas le matin (gueule de bois) et ni le sois (soûl), alors j’y suis allée en après-midi. Il a refusé net ma demande. Come on! Vous avez peur que je fasse quoi? Que j’attaque les marins à coup de vêtement? Ayez peur de moi les pirates, je suis armée d’une robe…

Le capitaine soûl m’a dit d’aller demander à Bobby pour des vêtements. Finalement, je suis descendue à la calle avec Link et Bobby. J’ai fouillé dans les malles et je me suis pris pleins de choses : robes, chemises, pantalons… Quand j’ai mentionné que j’allais y faire des retouches, Link m’a demandé si je pouvais m’occuper d’un trou dans son chandail. Il avait l’air gêné de le faire. Je suis en compagnie de méchants pirates qui m’ont emménagé une chambre cucu et qui sont gênés de me demander de réparer leurs chandails? Je suis perturbée…

Au bout du compte, les marins ont commencé à faire la file devant ma cabine pour que je m’occupe de leurs vêtements abimés. Ça n’a pas plu au capitaine soûl. Quoi? C’est mal de réparer des trous dans des chandails et des pantalons? À le regarder, on aurait dit que oui. Après ça, je me suis tenue encore plus loin de lui. Et quand nous avons finalement accosté, je suis restée enfermée dans ma cabine. Avec un peu de chance, ils vont m’oublier. Quand l’activité a semblé s’être terminée, je me suis faufilée jusqu’aux cuisines pour me faire des provisions de nourriture.

Je m’en retournais à ma cabine quand j’ai entendu une voix de femme qui était en colère. Elle était en train de disputer ce pauvre Bobby, parce que selon ce qu’elle s’était fait dire, il y avait une dame à bord et elle ne se trouvait pas dans sa cabine. Je ne voulais pas attirer d’ennuis à Bobby (il avait été si gentil avec moi), alors j’ai fait connaître ma présence.

La femme s’appelait Maggie et elle travaillait pour le capitaine soûl. Elle avait l’air très… gentille. Ça doit être une tactique pour que je baisse ma garde. Elle ne peut pas vraiment être gentille. Personne qui travaille pour le capitaine soûl ne peut être gentil. Finalement, je me suis laissée avoir par la perspective d’un vrai lit, d’un bain et d’un bon repas. En autant que je puisse restée éloignée du capitaine soûl…

Maggie pensait que j’avais peur de lui. Non. Je ne me sens pas très à l’aise c’est tout. J’ai l’impression de devoir toujours marcher sur des œufs en sa présence. Surtout après l’avoir vu tuer une enfant… Ça, Maggie a eu de la difficulté à le croire. J’étais là, je l’ai vu faire! Elle a dit qu’elle allait tirer ça au clair avec lui. Oh non… Pourquoi j’ai l’impression d’voir ouvert ma grande gueule quand je n’aurais pas dû le faire? Je vais tellement me faire engueuler…

Le capitaine soûl est venu me voir dans ma chambre le soir, pour discuter de ce que j’avais dit à Maggie. Je l’ai laissé entrer, mais je me suis tenue derrière une chaise. Si jamais il tentait de m’attaquer, j’essaierais de me défendre. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il m’a raconté. Je n’avais aucune raison de le croire, mais je l’ai quand même fait. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne l’imaginais pas mentir à Maggie. Il m’a dit que l’enfant était en fait un halfling, le capitaine du bateau et qu’elle traînait dans le trafic d’esclaves. Oh… Je me suis excusée. Il m’a demandé s’il pouvait faire autre chose pour moi. Euh… Un violon? Non? Rien alors. Ça aurait été trop beau pour être vrai. Avant de partir, il a repris son air de «je suis frustré de la vie et tu m’emmerdes parce que tu es une elfe» et il m’a demandé de façon très autoritaire de ne plus jamais perturber la bonne marche de son navire. Mais je voulais juste me rendre utile…

23 février

J’ai passé une excellente nuit et à mon réveil, un bon déjeuner et des vêtements plus chics que ce que j’avais porté sur le bateau m’attendaient.

Après être sortie de ma chambre, j’ai fini par tomber sur Maggie, qui était dans tous ses états parce que le capitaine soûl n’était pas rentré cette nuit. Link essayait de la consoler. Je me suis joint à la conversation et j’ai proposé mon aide quand Link a dit qu’il allait le chercher. Maggie pensait que, malgré la situation, je voulais aider le capitaine. Euh, non, J’ai seulement besoin de taper sur des trucs. Link et Maggie se sont entendus sur le fait que ça ne serait pas une bonne idée de le dire au capitaine soûl. C’est aussi à ce moment-là que j’ai appris que nous nous trouvions sur une ile de pirates. Une chance que je n’avais pas décidé de m’enfuir cette nuit…

Link est parti et j’ai demandé à Maggie s’il y avait une bibliothèque. Il fallait bien que je m’occupe un peu. Elle m’a dit d’aller voir dans le bureau du capitaine soûl. L’idée ne me rendait pas très à l’aise, mais j’y suis allée. Je m’étais choisi quelques livres quand je l’ai entendu revenir. Oh non… Si jamais il me trouve ici, je suis certaine qu’il va m’accuser d’avoir fouillé dans ses affaires. J’ai entrouvert la porte du bureau et je l’ai regardé discuter avec Maggie, ou plutôt j’ai regardé Maggie l’engueuler. Les vêtements du capitaine soûl étaient crottés, tachés de sans et il tenait une boîte dans ses mains. Maggie voulait qu’il mange, mais il lui a répondu qu’il n’avait pas dormi de la nuit et qu’il voulait juste aller prendre un bain. Quand il est monté à l’étage, je me suis décidé à sortir.

Je suis allée m’installer dans les jardins pour lire. En début d’après-midi, une servante est venue m’avertir qu’il y avait un paquet pour moi dans ma chambre. Un paquet…? Je suis tout de suite allée jeter un coup d’œil. Sur mon lit, il y avait la boîte que j’avais vue dans les mains du capitaine soûl. Dedans, il y avait un violon. Euh… Il y a un violon dans la boîte… Il y a un violon dans la boîte et il a passé toute la nuit à le chercher… Je ne me suis pas mise à penser que le capitaine soûl était gentil, mais j’appréciais le geste, surtout qu’il éprouvait une haine assez intense envers ma race. Il se l’était probablement procuré pour que je lui fiche la paix, mais j’ai quand même eu envie de le remercier.

Je suis allée trouver Maggie, qui dit où se trouvait sa chambre et qui m’a chargée d’aller lui porter son repas. J’ai cogné à la porte avec mon pied. Il a entrouvert la porte, mais je n’osais pas entrer et lui pensait que j’étais Maggie. Quand j’ai finalement ouvert la bouche, il a ouvert la porte plus grand et je me suis trouvée face-à-face au pirate soûl, qui portait une serviette autour de la taille… et c’est tout. J’ai tout de suite baissé les yeux, pour qu’il ne voie pas à quel point je devais déjà être rouge de gêne. Je lui ai montré le cabaret préparé par Maggie et pendant que j’allais le déposer sur la table qu’il m’avait indiquée, lui prenait le chemin de derrière le paravent.

Quand il est ressorti, il était habillé tout à fait décemment, mais j’ai quand même eu de la difficulté à le regarder. Je l’ai remercié pour le violon et lui ai dit que j’appréciais beaucoup son geste. Il ne saurait sans doute jamais à quel point c’était important pour moi d’avoir un violon, mais il fallait au moins que je lui dise ça. J’ai réussi à marmonné un «bonne fin de journée» et je suis sortie sans demander mon reste. Je le jure sur la tête de tous les dieux du panthéon, plus jamais je n’irai cogner à la porte de sa chambre…