dimanche 18 décembre 2011

Leçons de vie par le pirate

Le voyage est bien parti pour se dérouler exactement de la façon contraire à laquelle je pensais. J’étais persuadée que le détour par la baie verte (et tout le reste du trajet aussi) se passerait dans un silence quasi-total et une toute aussi belle ignorance. Il m’aurait ignorée royalement tout en me jetant des regards fâchés et en poussant des soupirs exaspérés… Je l’aurais ignoré tout autant, le regard perdu dans le vide, broyant du noir…

Mais pour ma plus grande surprise, c’est exactement l’inverse qui est en train de se produire. Je crois… que je suis même en train de retrouver espoir, en beaucoup de choses, et tout ça c’est grâce à lui!

Il m’a donné quelques très bonnes claques bien méritées pour que l’information se rende et soit absorbée, mais ça a fonctionné. Et ça n’a pas été aussi brutal que ce à quoi je me serais attendue de sa part. Il a même plutôt été… très correct, presque gentil même.

Il m’a d’abord permis de prendre un bain. Je me serais presqu’attendue à ce qu’il me laisse crottée de schmu de poisson. Il m’a même prêté une de ses chemises pour que je n’ais pas à porter mes vêtements mouillés (je n’ai légèrement plus rien à me mettre voyez-vous) et il a poussé la gentillesse jusqu’à me dire que je pouvais utiliser un de ses foulards comme ceinture.

Mais à ce moment-là, j’étais encore trop déprimée pour apprécier ses gestes.

Quand il m’a posé d’autres questions sur chez moi, je lui ai encore répondu du mieux que je le pouvais. Je n’avais plus d’énergie pour me disputer.

J’ai encore mis sa parole en doute, mais au lieu de recevoir des remontrances, j’ai eu droit à des explications très calmes. Ceux qu’il visait, c’était des membres de la famille royale elfique (un ou deux en particulier). Alors je suis en train de l’aider à préparer l’assassinat de deux membres de la famille royale? Super…

Il m’a dit que même s’il était prêt à tuer tous les elfes qui se mettraient en travers de son chemin, il n’avait pas de raison de tuer mes parents. Moi j’avais encore certains doutes. Alors il a fallu qu’il me pose la question qui tue (la 1ère) : si j’avais si peur qu’il les tue, pourquoi je l’avais sauvé sur l’île? Je lui ai donné une réponse honnête : je ne savais pas si j’avais voulu le sauver plus que j’avais voulu mourir.

Vient la 2e question qui tue : ce que j’avais perdu valait-il que mes parents voient leur enfant morte? Euh… Il a ajouté que rien ne valait ça. Ok, c’est à ce moment-ci que je commence à me sentir vraiment conne. Encore une fois, je n’ai pensé qu’à moi et pas à ce que mes décisions pouvaient faire aux autres.

La 3e question (ou plutôt remarque) qui tue était encore plus mortelle que les autres. Il m’a demandé ce que je voulais, quand tout serait terminé et la seule chose que j’ai trouvée à répondre ça a été de ne plus avoir mal. Il m’a répondu que je ne savais pas ce qu’était la vraie douleur, que j’étais trop jeune pour ça. Si un jour j’apprenais ce que c’était, nous en reparlerions. C’est maintenant que je me sens totalement vraiment conne. Je pense que ma vie est de la merde parce que j’ai perdu des gens que j’aimais, alors que lui a vu toute sa famille massacrée et il ne se plaint jamais.

C’était claque après claque, mais je les méritais tellement. Jamais je n’aurais cru recevoir des leçons de vie de sa part et surtout, des leçons de vie qui semblaient sincères. Je pense que je n’oserai plus jamais me plaindre en sa présence…

Ça va mieux maintenant. Ce n’est toujours pas la grande forme et je ne sais pas combien de temps ça va me durer, mais ça va quand même mieux. Et c’est grâce au pirate soûl, qui n’est pas soûl du tout en ce moment et c’est sans doute pourquoi je le trouve de si agréable compagnie.

Pour le reste du voyage, je devrai penser à un moyen de nous faire entrer à Idrazz’il et surtout de convaincre mes parents de ne pas donner l’alerte. Je veux faire confiance à Lemleck et croire que tout se passera bien, alors je vais faire ma part. D’ailleurs, lui a déjà fait un grand pas sur le chemin de la confiance. Il m’a dit que je pouvais sortir pour aller me chercher à manger. Une minute… J’ai bien entendu? Il me permet de sortir?

Il a ajouté que s’il voulait que je lui fasse confiance, il devait me faire confiance pour un minimum de choses. Wow… Je ne me serais jamais attendue à celle-là… Ni à ce qu’il me dise que nous allions descendre seuls tous les deux à la baie verte. Ce n’était certainement pas moi qui allais me plaindre, mais il n’avait pas peur que je foute de la merde comme d’habitude, même si ça n’avait jamais été voulu? Il m’a répondu qu’il ne trouvait pas que je foutais la merde tant que ça. Ça aussi ça a été agréable à entendre, mais ça n’était certainement pas ce que ses paroles et ses actions me faisaient croire…

Je savais qu’il détestait profondément les elfes, avant même qu’il me le dise. Alors je suis automatiquement jetée dans le même panier que les elfes qu’il hait?

J’ai eu droit à une petite consolation : il m’a dit que c’était dommage que je sois une elfe, autrement, j’aurais été intéressante. Vraiment? Alors il y aurait vraiment de l’espoir que nos relations s’améliorent? Les choses pourraient vraiment changer entre nous? Il m’a répondu qu’il ne fallait jamais dire jamais, mais qu’à chaque fois qu’il me regardait, il voyait une scène d’horreur. Muuu… Je suis censée overcomer ça comment moi? Après ce qu’il a vécu, comment je peux espérer lui faire voir autre chose en moi qu’une elfe? Je n’ai vraiment pas envie de payer pour ce que des crétins d’elfes lui ont fait. Je sens que cette missions-là va être particulièrement difficile…

La soirée s’est terminée aussi mal qu’elle avait bien commencé. Il y avait autre chose que Lemleck voulait savoir. J’ai voulu faire acte de bonne volonté et lui ai demandé ce qu’il désirait savoir. Link lui en aurait parlé? Mais qu’est-ce que j’ai dit à Link que Lemleck pourrait bien…?

Ce qui s’est passé chez son frère…? Seigneur… De tout ce qu’il pouvait demander, il fallait qu’il demande ça… Je pense que je préférais encore quand il me posait des questions sur mes parents et sur Idrazz’il…

Lemleck était catégorique : il voulait tout savoir, du moment où j’avais rencontré son frère jusqu’à ce que lui me trouve sur son bateau. Pourquoi? Vous ne m’avez jamais posé de questions là-dessus, alors pourquoi est-ce important de savoir ça maintenant?

Je le connaissais assez bien pour savoir qu’il ne lâcherait pas prise avant d’avoir su tout ce qu’il voulait savoir et lui me connaissais assez bien pour savoir qu’il devrait me tirer les vers du nez. Il m’a donc demandé de me nourrir, de me reposer et le lendemain, il me poserait ses questions.

Je ne me suis pas endormie avant longtemps. Je pensais à comment j’allais aborder le sujet. Votre frère m’a achetée pour que vous passiez votre rage sur moi? Et en passant, la première nuit, je me suis réveillée à moitié nue, votre frère couché sur moi en train de me tripoter… Je n’ai pas envie de raconter ça… Je n’ai pas envie de parler d’aucune de toutes les choses horribles que j’ai vécues dans cette maison… Mais je n’aurai pas le choix, alors je vais essayer de me conditionner en me disant que ça ne sera qu’un autre mauvais moment à passer…

18 octobre

Je me suis réveillée assez tard. Lemleck avait déjà commencé à boire. J’ai à peine touché à mon repas, tant mon estomac était noué.

Après le déjeuner/diner, il a sorti une bouteille de vin et a rempli deux coupes. Il m’en a tendu une. Oui, je sens que je vais en avoir besoin… beaucoup… À la fin de cette conversation, je vais être tellement soûle.

Ok, here I go…

dimanche 4 décembre 2011

Je me fous tellement de...

Il a le culot de me dire qu'il se sent insulté...

Pourquoi? Non, ne me répondez pas. Je m'en fous de toute façon...

Mais c'était vraiment la meilleure ça... Tu n'as rien sacrifié alors ne m'insulte pas!

Je dois commencer à rire quand? Depuis quand énoncer les faits c'est insulter quelqu'un?

Je te promets que vous aurez la vie sauve, mais je vais te tabasser à mort si tu ne me dis pas tout ce que je veux savoir. Et en passant, je vais aussi tabasser ton ami et ta famille. Et même si je viens de te dire que je vais tout détruire peu importe ce qu'il se passe, je te promets qu'il ne vous arrivera rien si tout ce passe comme je le veux.

Je peux rire maintenant? Suis-je seule à voir de l'inconsistance là-dedans?

Vous me prenez pour qui Lemleck? Je suis peut-être stupide, mais pas au point de croire une connerie pareille. Plus jamais je ne vous croirai, parce que votre parole ne vaut rien du tout...

J'aurais dû me suicider quand j'en avais encore l'occasion. Maintenant, il est trop tard et j'ai encore plus condamné tout le monde. Mais j'ai élargi leurs options! Ils ont maintenant le choix entre souffrir et souffrir encore plus!

Je ne voulais pas proposer ma voix en sacrifice, mais j'aurais dû le faire. Je n'ai plus envie de parler (tout ce que je dis passe dans du beurre) et chanter? Je chanterais pour quoi? Pour qui?

Je vais retrouver ma magie? Yééé... À quoi va-t-elle me servir à part à rien? Et mon violon? J'étais si heureuse à l'idée de le retrouver, mais aujourd'hui je n'ai plus aucune inspiration pour en jouer.

Vous avez dit que la seule chose en laquelle vous pouviez avoir confiance était l'amour que je portais aux miens? Mais je ne suis même pas certaine que ça sera assez.

Je suis si fatiguée d'avoir mal. Je voudrais juste que ça arrête...

mardi 8 novembre 2011

J'ai condamné tous ceux que j'aime

28 avril

J’ai fini par retrouver mes bonnes manières et je lui ai demandé son nom. Il n’avait pas de nom prononçable en commun alors j’ai choisi le pseudonyme qu’il préférait : Édouard.

Selon lui, les artefacts étaient permanents. Ils pouvaient donc être utilisés plusieurs fois, mais avaient besoin d’un temps de régénération varié. J’espérais que ça fonctionnerait pour ceux que je voulais utiliser pour Lemleck, parce que j’avais l’impression que j’allais devoir les tester pour que les marins me laissent faire.

J’ai raconté à Édouard mon aventure avec le prince Gnuhanhanhan. Il a été fasciné d’apprendre que j’avais mangé un bout de sa queue. Selon les légendes, manger une queue de triton rendait immortel. Quoi? Je ne veux pas être immortelle, moi! Ma vie est assez merdique comme ça. Je n’ai pas besoin en plus de souffrir pour l’éternité. Édouard était super motivé à tout apprendre de cette rencontre et me posait pleins de questions. Il voulait même rencontrer mon ami, mais je n’étais pas certaine que ça soit une bonne idée. C’était quand même un dragon…

Il est retourné se coucher dans le fond de sa grotte pour faire semblant de dormir. Les deux enfants sont revenus et m’ont ramenée dans leur chambre. Je leur ai dit que je n’avais pas parlé au dragon, parce qu’il dormait et je n’avais pas osé le déranger.

L’homme qui m’avait menacée est revenu me chercher et m’a emmenée dans une grande salle où j’ai retrouvé Jacques et les marins qui l’accompagnaient. Jacques a fait une face de «wtf, qu’est-ce que tu fais là». Nous nous inquiétions alors j’ai décidé de venir vous chercher? Très réussi, n’est-ce pas…?

Il y avait un homme plus vieux, avec les cheveux bleus et qui ressemblait à Édouard. Il a lancé une boîte à Jacques et lui a dit que c’était ça qu’ils étaient venus chercher et qu’ils lui disent que maintenant ils étaient quittes. Jacques a essayé de lui expliquer que j’appartenais à Lemleck et pour une fois, je me suis fait un plaisir de confirmer. Le vieux lui a répondu qu’il n’avait qu’à garder ce qui lui appartenait près de lui. Les marins n’ont donc pas eu le choix de partir sans moi. Et moi je n’avais plus d’autre choix que de devoir me débrouiller toute seule…

Le père et le frère d’Édouard ont commencé à dire qu’ils devraient me donner à manger à celle qui était malade, parce qu’ils ne perdraient rien. J’ai tenté de me marchander une dernière volonté : boire une tasse de thé, parce que c’était une tradition elfique. Ils ont refusé.

Après ça, le vieux est parti. Je m’avais aucune envie de me faire découper en morceau, alors j’ai essayé d’inonder le frère d’Édouard. J’ai bien réussi un petit «sploutch», mais j’ai surtout réussi à le mettre en colère, très en colère. Mais j’aurai au moins réussi à faire revenir le vieux, qui a demandé à son fils de partir, pour que je lui raconte comment j’avais réussi à «emprunter» un pouvoir.

J’ai dit que j’étais prête à tout dire, mais seulement si je pouvais boire du thé. J’ai insisté pour servir le thé moi-même, en redisant que c’était une tradition elfique. Pendant que je remplissais sa tasse, j’ai essayé d’être subtile et de verser une goutte de la fiole dedans.

Mais je n’ai pas réussi à être subtile. Dès que je lui ai donné sa tasse, il m’a dit qu’une tradition dragon était l’échange des tasses. Oups. Nous avons donc échangé nos tasses et j’ai fini par boire son thé. Heureusement, ça ne m’a pas affectée. Après ça, le vieux m’a demandé pourquoi j’avais essayé de l’empoisonner. Re-oups. J’ai essayé d’expliquer que je ne voulais empoisonner personne, que je voulais seulement partir d’ici, mais je crois que ce n’était pas un assez bon argument pour lui. J’ai fini par ne pas avoir le choix de sortir la fiole. Le vieux l’a sentie, puis il a dit que puisque je l’aimais tant que ça, j’allais passer l’éternité avec lui.

Je n’ai même pas eu le temps de tenter une pseudo-tentative de défense. Il m’a agrippée par les cheveux et m’a traînée jusqu’à la prison d’Édouard, où il m’a enfermée avec mon nouvel ami. Je me sentais vraiment fail. Édouard m’avait donné une tasse si simple à accomplir et je n’avais même pas été foutue de l’accomplir.

Il nous restait quand même un petit espoir. Si le neveu et la nièce d’Édouard n’avaient pas refermé le loquet de la trappe, je pourrais sortir et ouvrir la grande porte pour Édouard. J’ai eu de la chance et nous avons pu partir, mais notre sortie a été un peu précipitée par le unseen servant de son père. Je me suis donc accrochée au cou d’Édouard et il s’est transformé en dragon pour pouvoir s’envoler. Je n’avais jamais vu de dragon turquoise. En fait, je n’avais jamais vu d’autre dragon à part Beloss avant aujourd’hui. À part pour Édouard, je n’ai pas particulièrement apprécié l’expérience.

Une fois dans les airs, j’ai perdu prise et je suis tombée dans le vide. J’avais le choix entre devenir une crêpe ou essayer quelque chose de désespéré. J’ai donc décidé de tenter le tout pour le tout et j’ai créé une glissade de glace. Je ne pensais pas nécessairement à glisser jusqu’au sol, mais plutôt à amortir les dégâts de ma chute. Mais au lieu de descendre tranquillement, je me suis mise à aller de plus en plus vite et je me suis encore retrouvée dans le vide et puis il y a eu un boum et tout est devenu noir.

Je me suis réveillée sur quelque chose de gluant. Euh, je suis où? Après quelques tentatives de sortir et un examen rapide des lieux, j’ai compris que je devais être dans la gueule d’un dragon. J’espère que je ne suis pas dans la gueule d’un dragon qui me ramène sur l’île… Finalement, le dragon s’est posé sur l’eau et j’ai pu sortir. C’était Édouard. J’étais tellement heureuse que je l’ai huggé, ou plutôt j’ai huggé son museau. Après nous nous sommes mis en route, en tentant de rester le plus discrets possible.

1er mai (nuit)

Nous sommes finalement arrivés au bateau. Je me suis accrochée au cou d’Édouard et il a plongé dans l’eau pour ensuite ressortir haut dans les airs. Après nous avons marché sur l’air jusqu’à ce que nous atterrissions sur le pont.

J’ai entendu les marins parler : ils ne savaient plus quoi faire pour Lemleck. Moi si. Mais avant de créer un autre moment de panique, j’ai préféré les avertir que je n’avais pas été envoyée (encore) par le dieu de la mer pour les punir. Passé le moment d’étonnement, ils ont eu l’air relativement heureux (ou plutôt soulagés) de me voir, mais ils étaient assez méfiants envers Édouard. J’ai dû défendre mon compagnon en disant aux marins qu’il savait comment apprêter la plante et qu’il avait des artefacts de guérison.

Édouard a d’ailleurs ouvert son baluchon et gare à tous ceux qui auraient osé s’approcher de ses artefacts. Quand j’ai eu les artefacts de guérison, j’ai fait une petite démonstration : j’ai emprunté la dague d’un marin, je me suis fait une entaille dans la paume et j’ai mis la botte. Ma blessure s’est refermée presqu’aussitôt et ça a suffi à convaincre les marins. Ils n’ont pas voulu me laisser faire une deuxième démonstration…

Les places sur le bateau étant plutôt limitées, j’ai dit à Édouard qu’il pouvait squatter ma cabine. Moi je suis allée aider les marins à préparer une pâte avec la plante, qu’il faudrait mettre sur ses gencives et sur sa blessure. Un des marins a dit que je devrais m’occuper de ses gencives, puisque c’était sa bouche. Mais c’est parce que je ne suis pas… Et puis laissez tomber…

1er au 5 mai

J’ai passé presque tout mon temps à veiller sur Lemleck. Quand je n’étais pas avec lui, j’étais avec Édouard. Il avait pris la peine de traduire son nom en commun. Ça donnait Lloyd Maverick. Il préférait tout simplement Maverick alors c’est qui il est devenu.

Il m’a demandé d’intercéder auprès de Lemleck pour qu’il l’aide à se trouver un bateau. Ces quelques jours passés lui avaient donné la piqure de la navigation. Il était même prêt à échanger des artefacts pour avoir son bateau. Il avait déjà fait beaucoup pour moi, alors j’ai tout de suite dit oui.

5 mai (soir)

Lemleck s’est finalement réveillé. La première chose qu’il a dite fut «j’ai faim», alors j’ai couru aux cuisines pour lui rapporter quelque chose. Il n’a pas été très heureux de se rendre compte que c’était moi à ses côtés. Mais moi je voulais vraiment m’occuper de lui, alors je l’ai laissé me donner des ordres. Encore de la bouffe… Du vin l’elfe… Quand il a été rassasié, il m’a demandé de partir et d’aller chercher Jacques.

J’ai attendu de l’autre côté de la porte. Quand Jacques est sorti, il m’a patée. Euh, il faut que j’ais si peur que ça? Je suis entrée dans la cabine très à reculons. Qu’est-ce que j’ai encore fait de mal? Lemleck m’a demandé ce que je voulais. Mais rien du tout! Je ne veux rien et je n’ai pas de plan! Tout ce que je voulais, c’était le sauver. Quand il m’a demandé pourquoi, j’ai fini par lui dire que malgré son caractère de merde et ses méthodes que je n’approuvais pas, je ne pensais pas qu’il soit quelqu’un de mauvais. Ça ne lui a pas plu, parce qu’il m’a crié de sortir, juste avant de crier à Jacques de lui apporter du rhum.

Lemleck criait très fort et comme le sujet de conversation était moi, je me suis permis d’écouter.

-Elle a fait un pacte avec un dragon?!

-Mais capitaine, c’était pour vous sauver…

-Pourquoi il a fallu que je tombe sur la seule elfe au monde qui ne soit pas mauvaise?!

Oh ouais! Il a reconnu que je n’étais pas mauvaise! Peut-être pas devant moi, mais il l’a reconnu quand même! Oh ouais! ♫Happy de la vie…♫

6 mai (nuit)

Vers minuit et demi, un marin est venu me réveiller. Le capitaine voulait me voir. Mais qu’est-ce que Lemleck pouvait bien me vouloir à cette heure-ci?

Je l’ai retrouvé complètement soûl.

-Qu’est-ce que tu veux?

-Mais je ne veux rien…

-Je n’aurais pas de dette envers une elfe. Qu’est-ce que tu veux?

-…M’en aller?

-…

-D’accord, pas ça… M’enlever les bracelets?

-On va essayer de trouver un moyen.

(Ce n’est pas ce que j’aurais voulu, mais c’était quand même un début.)

Quand je suis sortie, je l’ai entendu renifler. On aurait même dit… qu’il pleurait. Il ne peut pas pleurer à cause de moi… Il doit penser à sa famille et ça le rend triste.

-Lemleck, ça va?

-Oui!

-…Vous êtes sûr?

-Va-t-en!

-Ok…

Vu la quantité d’alcool qu’il avait dans le sang, j’ai préféré ne pas insister et je suis retournée me coucher.

6 mai-10 octobre

J’ai saisi toutes les occasions possibles pour ne pas m’ennuyer. J’ai discuté le plus souvent possible avec Maverick. Il était très cultivé et m’en a appris beaucoup. Et puis passer du temps avec lui était toujours un plaisir. J’ai aussi continué à raccommoder les vêtements des marins. J’ai même essayé de me rendre utile aux cuisines. Mais dès que je n’étais plus occupée, je me rappelais à quel point j’étais seule…

Mine de rien, le temps a passé tellement rapidement qu’un matin je me suis réveillée et c’était ma fête. Yééé, un anniversaire de plus. La perspective de vieillir ne me faisait pas peur, mais c’était les circonstances qui ne m’enchantaient pas. La dernière fois, j’étais avec Uvi dans Hopesor. Il m’avait fait un très beau cadeau, que j’avais perdu, tout comme son livre de musique… Et aujourd’hui, je me sentais très seule. Bien sûr Maverick était très gentil et les marins étaient tous très sympathiques, mais je ne me sentais proche d’aucun.

Ma déprime n’est pas passée inaperçue aux yeux de Maverick. J’ai fini par lui dire pourquoi je me sentais mal et le soir, j’ai eu droit à une petite fête de la part des marins. Il y avait un gâteau (Maverick a tenu à me dire que les trucs mignons sur le gâteau venaient de lui) et de la musique aussi. Pendant quelques courts instants, j’ai pu oublier où je me trouvais…

Puis il a fallu que Lemleck sorte dehors, pas content, demandant des explications sur tout le bruit que nous faisions. Un marin a dit que c’était la fête de la petite choupinette, mais ça n’était pas un argument suffisant pour Lemleck. J’aurais voulu qu’il reparte sans rien dire, but that was wishful thinking. The party was already over.

Maverick a essayé de prendre ma défense, disant à Lemleck qu’il avait été méchant, mais il s’est fait répondre que s’il voulait son bateau, il devait la fermer. Alors lui va avoir son bateau et moi je n’ai droit à rien? Merci Lemleck, vous avez gâché mon anniversaire. Comme le dernier, j’en garderai un souvenir très doux-amer. Je n’ai plus la mélodie, ni même mon violon pour la pratiquer de mémoire. Ça fait maintenant 5 mois qu’Uvi m’avait demandé d’aller chercher Mill. Dieu seul sait ce qui leur est arrivé à tous les deux. This just sucks…

Malgré ça, j’ai quand même continué à achaler Lemleck pour qu’il me donne quelque chose à faire pour lui et me jeter moi-même par-dessus bord n’était pas une option. À chaque fois il refusait et à chaque fois je réessayais. Il a fini par me dire que j’étais plus stupide que j’en avais l’air, parce que je ne connaissais pas mon rôle. Mon rôle? Convaincre mes parents d’organiser une grande réception, mais mis à part ça… Et non, je ne vous demande pas d’être reconnaissant envers moi. Je voudrais seulement me rendre utile à quelque chose parce que je n’ai plus rien à faire. Écrire la lettre que vous m’aviez demandé d’écrire? Non, je ne l’ai pas encore fait.

À l’entendre, je commençais presqu’à avoir peur qu’il me fasse du mal si je n’écrivais pas cette foutue lettre. Alors j’ai fini par céder. De toute façon, je n’avais plus trop le choix. Des marins venaient me voir à intervalles réguliers de la part du capitaine à ce propos et je n’avais pas envie qu’un jour ma porte s’ouvre sur Lemleck.

Après la lettre, Lemleck est venu me voir pour que je lui dise tout ce que je savais sur mon père. Euh, je ne suis pas sûre que… J’ai été un peu trop hésitante à son goût. Il m’a menacée d’«oublier» que j’étais une fille. En gros, ça voulait dire que si je ne lui disais pas absolument tout, il allait me tabasser, voire me torturer et si je continuais à m’obstiner, il me tuerait sans aucun doute. Il était tellement en colère que j’ai pris peur, enfin plus que d’habitude quand il était dans cet état. Je n’avais pas de doute qu’il était sérieux et je n’avais pas envie de vérifier s’il ne l’était pas.

J’ai cédé…

À ma plus grande honte, j’ai cédé…

Je lui ai dit tout ce qu’il voulait savoir…

Il m’a posé pleins de questions sur des choses très précises auxquelles je n’aurais jamais pensées. J’ai répondu…

Il est revenu à quelques reprises pour me demander des précisions. J’ai encore répondu…

À la fin, il m’a dit merci. Le pire, c’était qu’il n’avait pas l’air de se moquer de moi. Il avait l’air de tout simplement et sincèrement me remercier de lui avoir tout balancé. Je lui ai marmonné un «de rien».

J’aurais préféré qu’il parte sans un mot. Pourquoi me remerciez-vous de toute façon? De vous avoir aidé malgré moi à vous venger? De vous avoir dit tout ce que vous aviez besoin de savoir?

Il avait raison : j’ai peur de la mort. J’en ai même une peur horrible. Malgré tout ce que je passe mon temps à me dire, je ne veux pas mourir. J’ai tellement atrocement peur de la souffrance et de la mort que je cède à la première menace. J’ai été très égoïste. Je n’ai pensé qu’à moi et ce n’est que maintenant que je réalise les conséquences de mes gestes. J’ai probablement condamné tous ceux que j’aime…

Il a fait venir des marins dans sa cabine, des marins qui ne m’avaient jamais parlé et qui ne s’étaient pas joints à ma fête, des extrémistes anti-elfe comme Lemleck. Je ne sais pas ce qu’il leur a dit, mais ils sont tous ressortis de là avec un sourire satisfait sur le visage. Il y en a même un qui m’a jeté un petit sourire en coin qui ne me disait rien qui vaille. J’ai vraiment condamné tous ceux que j’aime… Lemleck est prêt à tout pour pouvoir se venger, alors voir qu’il va se gêner pour tuer ceux qui seront sur son chemin. S’il pense que ça peut faire avancer sa cause, il ne se gênera certainement pas non plus pour ordonner à ses marins de tuer des gens, aussi innocents soient-ils. Même les marins les plus sympathiques : si Lemleck leur donne un ordre de ce genre, ils n’auront pas le choix d’obéir. Ils ont beau être super gentils, ultimement ils seront toujours du côté de Lemleck. Je ne dois donc plus les compter du mien.

I was a coward and I was weak. Don’t thank me for that.

vendredi 21 octobre 2011

Je ne suis pas sa maîtresse...

20 avril

Quand j’ai commencé à me réveiller, je me suis sentie extrêmement bien, au chaud. Je me suis donc rapprochée de ma source de confort et de chaleur. Je suis bien… Mais c’est quoi ce bruit…? Ça ressemble à… un battement de cœur? J’ai ouvert les yeux et j’ai vu un torse nu, auquel était rattachée la tête de Lemleck. Il avait un bras passé autour de moi et moi (qui était complètement nue à l’exception de ma culotte) j’étais collée contre lui, je me raccrochais même presqu’à lui. Mais qu’est-ce que je fais collée contre lui? Et pourquoi je suis toute nue?

J’étais horriblement gênée alors j’ai tenté une sortie, mais il a resserré son bras contre moi. Je ne pense pas que j’aurais pu être plus rouge. Non seulement il m’avait vue nue pour une deuxième fois, mais en plus, je m’étais collée contre lui! À quoi j’avais pu penser?

J’ai réussi à «m’enfuir» à mon deuxième essai. J’ai repéré mes vêtements et j’ai essayé de m’habiller le plus rapidement et le plus silencieusement possible, ce qui n’a pas été évident étant donné que j’avais encore des étourdissements.

J’ai pu me rendre jusqu’à la porte, mais elle a craqué tellement fort quand je l’ai ouverte, que Lemleck s’est réveillé. Avant qu’il ne décide de me chialer après, je lui ai demandé si je pouvais retourner dans ma cabine. Toujours pas de porte? La cale alors, ça dérangerait? Je pouvais bien faire ce que je voulais, mais je rattrapais la fièvre, il laisserait n’importe lequel de ses marins dormir avec moi. Ça c’était vraiment chien comme argument, mais je suppose que Lemleck était mieux que n’importe qui. Au moins, je savais que lui n’essaierait pas de me tripoter.

Je suis allée sagement m’assoir. Il m’a demandé d’aller lui chercher une bouteille de vin dans l’armoire. Je n’aimais pas quand il était soûl (son caractère était encore plus merdique), mais j’ai jugé plus sage de lui obéir.

Il m’a finalement posé la question que je redoutais : qu’est-ce qui m’étais arrivé. Quand je lui ai raconté qu’une sirène m’avait sauvée, il a eu l’air de croire que j’étais complètement folle. Les sirènes détruisaient les bateaux, alors pourquoi l’une d’entre elles m’aurait sauvée? Est-ce qu’elle m’avait ramenée sur le bateau pour le couler? Pour que je séduise les marins? C’était pour ça que je l’avais collé?

Quoi? Non! J’étais inconsciente! Jamais je ne… Jamais je ne ferais… Jamais je ne ferais… peu importe ce que vous sous-entendez que j’avais en tête de faire! Je n’agis pas comme ça normalement! Je devais être encore plus rouge que lorsque je me suis réveillée. J’espère qu’il ne l’a pas remarqué. Des plans pour que je me fasse accuser de faire semblant d’être gênée pour qu’il me prenne en pitié…

Il m’a dit que si je n’avais pas déliré, il aurait cru que j’avais faké ma fièvre. Mais comment est-ce qu’on peut faké de…? Une minute… J’ai déliré? Oh, oh… Qu’est-ce que j’ai dit? Il m’a répondu que c’était embarrassant, alors j’ai préféré ne pas insister. J’étais très curieuse de savoir ce que j’avais bien pu dire qui était embarrassant, mais je ne tenais pas tant que ça à mourir d’un coup de chaleur.

Et est-ce que je devais vraiment être surprise qu’il me considère encore comme responsable de tout? Alors la tempête aussi est de ma faute? Oui? C’est ça… J’ai prié les dieux pour qu’ils envoient une tempête pour que le bateau coule et que tout le monde, y compris moi-même, meure. Malheureusement, ils ne m’ont écoutée qu’à moitié. Je me demande s’il arrêtera un jour de m’en vouloir. Pourquoi est-ce que je continue d’espérer qu’il change d’avis à mon sujet? Je dois vraiment être complètement folle…

Je lui ai raconté rapidement mes deux rencontres avec le prince. Il pensait déjà que j’étais folle, alors j’ai laissé ça vague : temple de l’eau… gars-sirène super sympathique… Il m’a appris qu’un gars-sirène/sirois s’appelait en fait un triton. Est-ce que c’est moi ou est-ce qu’il vient de s’empêcher de rire…? Je lui ai apporté de la morphine pour qu’il la mélange avec son vin et il a fini par s’endormir.

J’ai déposé la bouteille sur la table de chevet et je suis allée m’assoir à la table. Des légers coups ont été frappés à la porte, comme si on voulait éviter de déranger. Quand j’ai ouvert la porte, le marin qui était derrière s’est caché les yeux avec une main et il m’a demandé si j’étais décente. Euh… Pourquoi je ne le serais pas? Quel genre de réputation les elfes ont-elles sur ce bateau? Rassuré sur ma décence, il a ouvert les yeux et a proposé de m’apporter à manger.

Quand j’ai eu fini de manger, j’ai pris un livre qui s’intitulait «La Dynastie des Elfes Bleus». Lemleck ne les portait pas dans son cœur et j’avais envie de découvrir pourquoi. J’ai lu quelques chapitres quand j’ai entendu Lemleck gémir. Quand je l’ai regardé, j’ai vu qu’il suait à grosses gouttes. J’aurais pu ne pas m’en soucier, mais j’ai été incapable de le laisser souffrir. J’ai réussi à remplir un bol avec mon eau. Je voulais lui éponger le front avec une débarbouillette, mais il a attrapé mon poignet avant que je ne le touche. J’ai tenu à préciser que je n’essayais pas de le tuer. Avec lui, on ne sait jamais. Il serait bien capable de penser que j’essayais de l’étouffer avec la débarbouillette.

Il m’a demandé d’aller chercher un certain Jacques. Jacques était le second à la place de Link et je l’ai trouvé à côté du marin qui tenait la barre. Je l’ai averti de la demande du capitaine. Je crois qu’il avait peur de me laisser seule avec l’autre (un autre qui pense que je complote…), mais le marin me connaissait et il l’a rassuré en lui disant «Mais non, c’est juste Leila»!

Le marin sympathique a commencé à faire des allusions que je ne comprenais pas. Il a dit que j’étais une femme courageuse, parce que le capitaine avait tout un caractère. Oui, il a un caractère de merde, mais quel est le rapport? Comment ça, «moi et le capitaine»? Oh seigneur… Les marins pensent que je suis la maîtresse de Lemleck... C’est pour ça que l’autre marin m’avait demandé si j’étais décente. Mais même si j’étais la maîtresse de Lemleck, pourquoi j’aurais ouvert la porte toute nue? Ça n’avait pas l’air de déranger le marin sympathique que la maîtresse de son capitaine soit une elfe, au contraire. Il a dit qu’il (et c’est le cas de tout le monde je crois) était content que le capitaine soit ouvert à ça. Non, il n’est pas devenu pro-elfe. Je voudrais bien qu’il le devienne ou en tout cas qu’il devienne pro-moi, mais jamais dans ce sens-là…

J’ai essayé de lui dire que je n’étais pas sa maîtresse, mais j’étais tellement embarrassée du malentendu que le marin a dû croire que j’étais seulement gênée d’en parler. Il m’a assurée que ceux qui me connaissaient déjà, avaient fait comprendre aux autres de faire comme si de rien était. Merci de votre discrétion… Il m’a dit de ne pas m’en faire pour les autres marins : dès que je me mettrais à réparer leurs fonds de culottes et leurs chemises… Alors dès que je vais recommencer à jouer à la couturière, leur opinion de la maîtresse de leur capitaine va devenir positive? Wouhou. J’ai hâte de voir la tête de Lemleck quand il le saura. Lemleck, vous savez que tout le monde sur le bateau pense que je suis votre maîtresse? Je ne suis pas certaine d’avoir envie de lui dire : soit c’est moi qu’il va tuer, soit ce sera un (ou plusieurs) marin.

J’ai demandé au marin sympathique s’il restait des caisses de vêtements dans la cale. Pas que je n’avais pas envie de porter les mêmes vêtements jusqu’à notre arrivée à Idraz’ill, mais… Il a donc demandé à un petit matelot qui s’appelait Tim de m’accompagner à la cale, pour que je ne tombe pas. Non, il ne faudrait pas qu’il arrive quoi que ce soit à la maîtresse du capitaine…

Tout ce que Tim et moi avons trouvé ce fut trois petits bouts de tissus. Il a suggéré de m’en faire une jupe, parce que les marins aimeraient ça. Je crois que je préfère encore garder ce que j’ai sur le dos. Tim m’a dit que je n’aurais qu’à les lancer dans le corridor et ils s’en occuperaient. Et moi je reste toute nue en attendant? Je crois que Lemleck va devoir s’habituer à ce que je lui emprunte des chemises et/ou des redingotes...

Jacques est sorti de la cabine quand je suis remontée. Il était blanc comme un drap et il suait. Je me suis tout de suite inquiétée. Je lui ai demandé si tout allait bien, mais il ne m’a pas répondu et il a continué son chemin. J’ai cogné avant de retourner dans la cabine. Devant le pas-de-réponse, je suis entrée. Lemleck dormait et il suait toujours, mais moins.

Je me suis assise à la table et j’ai continué ma lecture, lui jetant de fréquents regards. J’ai senti le bateau qui changeait de direction. Est-ce que nous retournons chez Lemleck?

Au bout de quelques heures, quand je l’ai vu tâtonner à la recherche de quel que chose. J’ai tout de suite su qu’il cherchait la bouteille de vin, alors je la lui ai mise dans les mains et je lui ai soulevé la tête pour l’aider à boire. Il s’est rendormi tout de suite après.

20 au 28 avril

Pendant 8 jours, ma principale occupation a été de m’occuper de Lemleck. Je ne faisais pas grand-chose, mais c’était quand même tout ce que je pouvais faire : le faire boire quand il en avait besoin, lui éponger le front… J’étais habituée de le voir fort, en pleine possession de ses moyens, avec son caractère de merde alors le voir dans un état qui ne lui permettait même pas de me lancer des méchancetés m’inquiétait beaucoup. Ce n’est pas que je tenais à me faire maltraiter. Je voulais seulement qu’il aille mieux.

Quelque chose doit clocher chez moi. Je m’inquiète du sort de l’homme qui m’a prise en otage et je veille même sur lui. Et j’aimerais vraiment pouvoir en faire plus pour l’aider. Mais voilà tout, je suis persuadée qu’il est un homme bien. Est-ce que je vois du bien là où il n’y en a pas ou y en a-t-il vraiment? Je crois qu’il y en a, mais est-ce que j’arriverai un jour à le faire ressortir? Et est-ce que j’arriverai un jour à lui faire voir autre chose en moi que ma partie elfe?

À quelques reprises, je me suis fait jeter dehors pendant que Jacques, Rodrigue et un autre marin entraient. Après leur départ, Lemleck était lavé et les draps changés. Mais l’état de Lemleck ne s’améliorait pas et personne ne me disait jamais rien, alors j’ai fini par me lasser et j’ai pratiquement supplié Rodrigue de me donner une explication. Ma question l’a surprise. Je dormais avec lui, mais je n’avais rien vu? C’est parce que je ne dors pas avec lui… Enfin oui, mais pas comme ça…

Avant de me montrer ce que j’insistais tant pour voir, Rodrigue m’a demandé si j’avais le cœur bien accroché. Ensuite j’ai vu et j’ai failli être malade. La blessure sur la jambe de Lemleck commençait à s’infecter et en plus, les os s’étaient ressoudés dans un angle pas très naturel. Rodrigue a tenu à me rassurer : personne ne m’en voulait. Euh, pourquoi quelqu’un m’en voudrait-il? Qu’est-ce qui s’est passé?

J’ai tellement insisté (j’étais même sur le point de le menacer de le frapper s’il ne me disait pas la vérité) que Rodrigue m’a tout dit : quand j’étais tombée à l’eau, Lemleck avait tenté de me secourir. Il s’est blessé pour me sauver? Oh mon dieu… Il avait raison… Tout est de ma faute… Il est peut-être en train de mourir à cause de moi… Pourquoi avez-vous fait quelque chose comme ça pour moi? Idiot! Pourquoi? Pourquoi? J’étais tellement hors de moi que je l’aurais frappé s’il n’avait pas été inconscient. Maintenant j’ai une raison de plus de vouloir le sauver.

Le 28 au matin, nous sommes arrivés à l’ile aux dragons. Jacques et quelques autres marins sont descendus pour chercher une plante aux vertus miraculeuses : la plante du dragon. Rodrigue a été promu au rang de second et il a reçu pour instructions de lever l’ancre s’ils ne revenaient au bout de quelques heures.

Quelques heures plus tard, il n’y avait toujours aucun signe de vie, mais Rodrigue ne voulait pas partir. Il y avait un marin sur le pont qui était d’un autre avis. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir peur, mais je pouvais lui en vouloir de toutes les niaiseries qu’il disait : Il faut partir! Ils sont sans doute morts! Il faudrait partir! J’ai fini par en avoir assez et je l’ai giflé. Espèce d’idiot! Tu penses vraiment que ça aide? Nous avons besoin de la plante et nous ne pouvons pas nous permettre de repartir pour une ville où il y aurait un chirurgien! Si tu n’arrêtes pas, je vais finir par t’assommer!

Rodrigue a éclaté de rire. Quoi? Jamais il n’aurait imaginé qu’une elfe puisse avoir un esprit de pirate. Vouloir assommer des gens qui nous exaspèrent c’est avoir un esprit de pirate? J’en ai un depuis longtemps alors… Il m’a dit qu’il comprenait pourquoi je plaisais au capitaine. Non, je ne lui plais pas… Et je ne suis pas sa maîtresse… Quand l’idiot a recommencé à paniquer, je suis allée vers lui, bien décidée à lui en coller une autre. Il a réussi à m’arrêter, mais je me suis vengée en lui donnant un bon coup de pied dans le tibia. J’ai eu droit à quelques insultes et nous avons été séparés avant que le deuxième coup de pied n’arrive. Rodrigue a ordonné qu’il soit enfermé dans la cale.

Moi j’étais plus que prête à aller sur l’île, mais pas sans arme. Je voulais avoir un minimum de chance de m’en sortir. Rodrigue m’a donné une grosse dague et aussi (et surtout) un petit pistolet à deux coups qui appartenait à Lemleck. Selon lui, Lemleck aurait voulu que je l’ais, pour me porter chance. Non, je ne crois pas et s’il apprend un jour que je l’ai eu en ma possession, il pensera que je l’ai volé. Trois braves marins ont finalement accepté de m’accompagner.

Sur l’ile, j’ai commencé à entendre des voix. Il y en avait une qui disait qu’elle voulait les têtes en premier. Euh, il y a des trucs sur cette ile qui, non seulement parlent, mais qui parlent de manger nos têtes. Restons sur nos gardes… Un peu après, nous avons tous entendu une petite fille crier. J’étais certaine que c’était un piège, mais juste au cas où, nous nous sommes approchés.

Vous vous souvenez à quel point je suis bonne pour me mêler de ce qui ne me regarde pas? Bien c’est ça… La petite fille essayait d’échapper à un petit dragon alors nous (au moins je n’ai pas été seule cette fois) avons décidé de l’aider. Mais la petite fille était aussi un dragon et les deux n’ont pas été très contents que nous les dérangions.

J’ai fini par perdre les marins de vue, étant occupée à essayer de ne pas me faire péter la gueule, ce qui est quand même arrivé. Je me suis retrouvée dans la gueule de la petite fille. Ow, mais heureusement pour moi, je n’étais pas de son goût. Je sentais (et goûtais aussi je crois) le poisson. Je leur ai causé beaucoup d’étonnement, parce que j’avais des pouvoirs, mais surtout parce que je parlais. Alors votre nourriture ne parle pas normalement? Est-ce que j’ai vraiment envie de savoir pourquoi?

Comme si deux enfants dragons n’étaient pas assez, il a fallu que le père de un et la mère de l’autre arrivent. Je vais tellement mourir…

Eux aussi trouvaient que je sentais le poisson. Et ils se sont dit que si rien d’autre ne fonctionnait, donner l’elfe étrange à manger à leur mère malade serait une bonne idée. Muuu… Je vais me faire dévorer par un dragon…

Encore une fois, je me suis laissé avoir par un argument de poids. L’homme m’a dit qu’il ne pouvait pas me manger, mais qu’il pourrait me briser en deux si je n’étais pas sage. Je vais être très, très sage, promis! Il s’est transformé en dragon et il m’a agrippé par le collet avant de s’envoler. Je ne sais pas ce qui est arrivé aux marins qui m’accompagnaient…

Arrivée chez eux, j’ai appris que leur père était en train de discuter (Discuter en dragon, c’est rugir?) avec des humains. J’espérais de tout mon cœur qu’il s’agisse de Jacques et des autres marins. J’aurais bien voulu aller parler au chef de clan, mais j’ai été confiée aux bons soins des deux enfants. Ma surveillance n’a pas duré longtemps. Ils ont entendu un gros rugissement et ils ont décidé d’aller jeter un coup d’œil. Quant à moi, ils ont décidé d’aller m’enfermer avec «lui», peu importe de qui il s’agissait. Ils ont écrit quelque chose sur un écriteau qu’ils ont passé autour de mon cou et ils m’ont emmenée jusqu’à une grande porte, à côté de laquelle il y avait une petite trappe. J’ai bien essayé de résister, mais un pas-de-force d’elfe ne fait pas le poids contre deux dragons, même enfants.

Ils m’ont fait passer de l’autre côté de la trappe et ils sont partis. J’ai commencé à entendre du bruit. Muuu… Je vais me faire dévorer par un dragon… J’ai placé mon écriteau bien en évidence devant moi et j’ai supplié peu importe ce qu’il y avait dans l’ombre de ne pas me manger. Je savais que je sonnais très désespérée, mais au diable la fierté quand c’est ma vie qui est en jeu.

L’homme que j’ai vu apparaître était en fait plutôt sympathique. Il m’a assuré qu’il n’allait pas me manger. Je restais méfiante, mais il m’a posé une excellente question, qui m’a détendue un peu : si je m’apercevais que ma salade pouvait parler, est-ce que je continuerais à en manger? Ok, vu comme ça… Son goût à lui était plutôt les gâteaux. C’est pour ça qu’il était enfermé? Parce qu’il était différent…?

Je lui ai parlé de ce que moi et mes compagnons étions venus chercher ici. Il m’a dit que la plante n’était pas suffisante. Mais nous n’avons rien d’autre… Lucky me, plus loin dans sa «cellule», il y avait un tas d’artefacts (mon nouvel ami en était un collectionneur). Nous avons cherché quelque chose qui pourrait aider Lemleck et nous avons trouvé une botte (qui faisait guérir plus vite) et un bracer (qui créait une aura de guérison).

Sans rien exiger en retour, il me les a donnés, en signe de bonne foi. Il m’a seulement demandé de penser à lui quand je partirais. Moi je n’avais aucune intention de partir sans les marins, mais il m’a dit qu’il nous aiderait, moi et mes compagnons, à sortir d’ici. Le seul hic, c’était que nous allions devoir mettre son père (et son frère et sa sœur) hors d’état de nuire. Il m’a donné une petite fiole : une goutte dans la théière et ils s’endormiraient. C’était sans doute ma seule chance.

Après j’ai pris le thé avec lui. Ce n’était pas un thé raffiné comme ceux auxquels j’étais habituée. Il l’avait fabriqué lui-même. Le goût était plutôt… spécial, mais il avait tellement l’air motivé à me le faire goûter que je lui ai dit qu’il était bon. Ça a eu l’air de lui faire encore plus plaisir.


Soupir…


Est-ce que je suis sérieusement en train de penser à faire un pacte avec un dragon…?

dimanche 16 octobre 2011

Le prince Gnuhanhanhan est mon nouveau meilleur ami pour la vie

12 avril

Quand le jardinier est arrivé, il m’a carrément ignorée. J’ai fini par avoir son attention quand je suis allée me planter devant lui et qu’il n’a eu d’autre choix que de s’arrêter. Je lui ai demandé si je pouvais l’aider et tout de suite il a pensé que je voulais tuer les plantes ou trouver des plantes pour tuer quelqu’un. Non, je veux vraiment seulement aider…

Une servante est passée et lui a dit qu’il devrait me laisser faire et que les plates-bandes à l’arrière avaient besoin d’être désherbées. Est-ce que je vois du travail en perspective…? Pendant que le jardinier réfléchissait, je lui ai mentionné que je n’avais pas peur de me salir les mains ni de travailler fort. Il a fini par accepter. Oh ouais! Je vais pouvoir aider! Je vais pouvoir… désherber ces trois plates-bandes pleines de ronces… avec pour seuls outils mes deux mains… Est-ce que c’est moi ou est-ce que je ne viens pas de me faire avoir?

Je devais en effet tout arracher à mains nues, sans gants ni instruments. Quand j’aurais fait un tas assez gros, je devais l’apporter au jardinier. J’ai passé toute la journée, jusqu’à l’heure du souper, à me faire saigner les mains et les bras, à enlever les ronces d’une moitié de plate-bande. C’était douloureux et pas du tout agréable, mais je ne voulais pas abandonner. Jamais je ne donnerais au jardinier la satisfaction de me voir me plaindre.

À la fin de ma journée, je suis allée faire mon rapport au jardinier et je suis partie en lui disant bonjour et en le remerciant. Il m’a regardée bizarrement. Quoi? C’est si étrange que ça que je sois aimable avec vous?

Dans ma chambre, j’avais commencé à nettoyer mes blessures quand Sophie est venue me porter mon souper. Quand elle a vu mes bras, j’ai dû lui donner comme excuse bidon que je n’étais pas très douée avec les plantes. Elle m’a dit qu’elle m’apporterait une pommade. C’est finalement Maggie qui me l’a apportée et j’ai dû répéter que je n’étais pas très bonne avec les plantes.

Elle m’a demandé si j’avais eu l’occasion de le croiser. Euh, non et j’espère que ça n’arrivera pas. Elle m’a répondu que je ne pouvais pas rester ici des années sans lui parler. Et qu’est-ce que je pourrais lui dire? Bonjour! Vous me détestez, moi aussi, mais comment ça va? Elle a suggéré de rester dans la même pièce, même sans rien dire, que ça serait bien. Des plans pour qu’il pense que je complote je ne sais pas quoi en l’espionnant. De toute façon, je n’ai pas l’intention de rester ici des années. Oui, je sais, le seul moyen de partir c’est d’avoir Lemleck de mon côté. Et je sais aussi que sneaker sur le bateau n’est pas une option. Mais qu’est-ce que vous suggérez? Bonjour! Vous me détestez, moi aussi, mais laissez-moi partir s’il vous plaît? Je vois ça d’ici…

Maggie m’a reparlé de mon insomnie. Ah oui… C’est sans doute à cause du fantôme qui n’arrête pas de me déranger pour que j’aille dans l’aile ouest. Je veux dire, oui, vous avez raison, je ne dors pas très bien ces jours-ci. Elle m’a donc apporté une tisane relaxante et pour la première fois depuis des jours, j’ai bien dormi.

13 avril

J’ai travaillé sur les plates-bandes jusqu’à l’heure du souper. J’ai terminé la première plate-bande et j’ai commencé la deuxième. J’allais faire mon rapport au jardinier quand j’ai vu le carrosse de l’elfe arriver. J’ai préféré attendre qu’elle entre avant d’y aller. J’ai encore remercié le jardinier et je lui ai souhaité une bonne fin de journée. Je l’ai entendu murmurer que les elfes étaient masochistes. Quoi? Non, je veux juste vous prouver que je peux travailler fort.

Quand je suis entrée, j’ai vu Lemleck descendre les escaliers. J’ai aussitôt fait demi-tour et je suis retournée travailler dans mes plates-bandes cinq-dix minutes, en espérant que ça serait suffisant pour qu’il soit parti. Éviter une confrontation… ♫

Quand je suis retournée jeter un coup d’œil, il n’était plus là. Je me suis donc dépêchée de courir jusqu’à ma chambre avant de risquer de retomber sur lui. J’ai eu droit à la visite surprise de Maggie, qui était super motivée pour manger avec moi. Ça m’a fait plaisir, parce que je n’avais pas souvent l’occasion d’avoir de la compagnie. Elle m’a dit que je pouvais venir manger avec elle si je le voulais. Dans la cuisine? Bonjour madame la cuisinière qui me déteste! Je viens envahir votre domaine le temps d’un repas! Euh, non, je ne crois pas. Maggie a suggéré d’installer une table dans le hall d’entrée. Pas très discret. Et puis, je me ferais sans doute accuser d’espionner les allées et venues de tout le monde.

Maggie n’aimait pas trop l’elfe et c’est pour ça qu’elle était venue me voir. J’ai fini par lui mentionner que j’avais déjà parlé à l’elfe. À voir son regard, je ne suis pas certaine que ça ait été une bonne chose. Elle m’a dit que l’elfe ne faisait rien pour rien. Oups. Je m’excuse? J’avais confiance en Maggie alors je lui ai répété ce que j’avais révélé à l’elfe. Elle a décidé d’en parler à Lemleck, mais m’a promis que ça ne se retournerait pas contre moi. Après le sujet de l’elfe, nous avons parlé de tout et de rien. Elle m’a mentionné qu’elle ne pouvait plus accomplir sa fonction et qu’elle avait été reconvertie en gouvernante de la maison. Je me demande si c’était elle la gouvernante des enfants…

14 avril

Vers 1 heure du matin, j’ai été réveillée en sursaut par ma porte qui s’est ouverte en grand. C’était Lemleck, qui était, oh surprise, complètement soûl. Il avait aussi l’air très fâché. Oh, oh… Qu’est-ce que j’ai fait encore? Il a exigé de savoir mon nom. Oh non… J’ai fait l’erreur d’hésiter et ça l’a mis plus en colère. Il s’est approché et a mis ses mains sur le lit, de chaque côté de moi. Il a encore exigé de connaître mon nom. J’avais vraiment peur qu’il ne me tue si je ne lui répondais pas alors j’ai fini par lui dire.

-Wind…

-Ton rang!

-… Mon père est marquis.

Il m’a dit qu’il espérait que ce ne soit pas un mensonge. La menace était très claire. Mais comment pouvait-il penser que je sois assez stupide pour mentir? Apparemment, en plus d’être des meurtriers sanguinaires, les elfes étaient aussi tous des menteurs. Euh, non! J’avais beaucoup trop peur pour penser à mentir!

Lemleck m’a saluée en partant, comme si j’étais quelqu’un d’important. Étrange… Et c’était si difficile que ça de fermer la porte en sortant?! Après l’avoir fait à sa place, je me suis rassise dans mon lit, les couvertures remontées jusqu’à mon nez. J’avais peur que Lemleck ne revienne et avec tous les murmures que j’entendais dans le corridor, j’aurais été incapable de dormir de toute façon.

Ce qui fut parfait, parce que c’est exactement ce moment-là qu’a choisi mon ami le fantôme pour me rendre une autre visite. Je lui ai dit plusieurs fois que je ne pouvais pas sortir parce qu’il y avait trop de gens éveillés, mais je crois qu’il n’a pas compris.

Ensuite les mêmes choses ont recommencé : meubles déplacés, flèche dans la buée qui pointait vers la chaise… J’ai eu beau lui répéter que je ne pouvais pas sortir, il n’est pas parti. Mais je veux dormir moi…

Au début, il ne m’a pas laissée déplacer la chaise. Il a fait des traces en alternance sur le lit. Et quand j’ai finalement pu m’assoir sur la chaise, il l’a balancée d’en avant à en arrière. Une chaise berçante? Est-ce que ça a un rapport avec une chaise berçante? Je ne demande qu’à vérifier, mais pas cette nuit!

Le fantôme a déposé la clé sur la vanité. Pas ce soir, merde! Il a commencé à écrire dans le miroir. H… E… L… J’ai complété avec un «P». D’accord. Help. Mais aider qui ou quoi? En-dessous de «help», il a écrit autre chose. L… A… un «c» ortho? Une barre verticale qu’il a rushée à faire… J’ai essayé différentes combinaisons pour le «c» ortho, mais il les a effacées à chaque fois.

Finalement, j’en ai eu assez. Le soleil se levait et j’étais fatiguée. J’ai replacé les meubles du mieux que je le pouvais et je me suis couchée. Dodo…

Ma tête venait à peine de toucher l’oreiller quand Maggie est entrée. Elle était plutôt agitée. Elle m’a demandé ce qui s’était passé. Le fantôme a encore foutu le bordel dans ma chambre. Je veux dire… J’ai fait un peu de réaménagement dans ma chambre, c’est tout… Ce n’est pas à ça qu’elle faisait référence : Lemleck se préparait à partir pour Idrazz’il. Oups. Je lui ai peut-être dit mon nom et mon rang… Pourquoi est-ce que j’ai l’impression qu’il ne va pas me ramener chez moi juste pour me ramener chez moi?

Maggie est partie me gagner du temps pour que je puisse me préparer. Je me suis habillée et je suis allée chercher mon sac dans le grenier et je l’ai rempli d’autres vêtements… et de la petite clé que le fantôme a encore fait tomber à côté de moi.

Je suis descendue dans le hall d’entrée. Il y avait Maggie, Link et Lemleck, qui m’a encore saluée comme si j’étais importante. Je suis perturbée. Je crois que je préférais encore quand il me traitait comme de la merde. Au moins tout était clair.

Le départ était immédiat. Malheureusement pour moi, Link ne serait pas du voyage. Il aurait voulu, mais Lemleck lui a dit non. Muuu… Mon seul ami sur le bateau ne sera pas là…

Le trajet en tête-à-tête avec mon capitaine préféré a duré une journée et demi. Dans sa grande gentillesse, il a partagé son vin avec moi. Louche… Il m’a aussi expliqué pourquoi nous allions à Idrazz’il. Il avait l’intention de me redonner à mes parents si ces derniers organisaient une grande réception où seraient présents certains membres de la cour.

Ok… Alors vous me «demandez mon aide» pour assassiner des membres de la cour royale elfique? Je ne suis pas certaine d’être d’accord. Ça me rend profondément mal à l’aise d’être impliquée là-dedans, mais en même temps… Si les circonstances étaient différentes (genre que je n’étais pas retenue en otage) et que j’avais un peu plus d’explications, j’aurais envie de l’aider. Peu importe ce qui a pu se passer, personne ne mérite de perdre sa famille de cette façon.

Lemleck m’a encore fait assez peur pour que je lui raconte ce que je savais sur mes parents. J’aimerais être plus forte, mais si je ne fais pas ce qu’il veut quand il est dans cet état, je suis certaine qu’il va ma tabasser. Il m’a demandé s’ils étaient loyaux. Je crois que oui… Il m’a aussi demandé si je croyais qu’ils me choisiraient. Je l’espère. Il m’a sorti une remarque comme quoi j’avais bien une attitude d’elfe, à penser à ma petite personne sans me soucier de qui allait mourir à ma place, la joie au cœur. Ok. Dite comme ça, je n’ai plus autant la joie au cœur. Et je ne suis plus certaine d’avoir envie que mes parents me choisissent…

Il m’a mise en garde. Si jamais j’avais menti… Il n’éprouvait aucun plaisir à torturer les gens faibles, mais… J’aurais bien voulu répliquer quelque chose, mais il avait raison au moins sur ce point : j’étais faible. J’ai dû lui répéter : Je n’ai pas menti! Je suis incapable de mentir! Je sais bien que j’étais paralysée par la peur ce matin et tout à l’heure aussi, mais je suis vraiment incapable de mentir! Quand je lui ai dit que je n’avais jamais pensé à l’attaquer dans le dos, il m’a répondu : Tu vois? Tu sais mentir. Non! J’ai beau être fâchée contre vous la plupart du temps (ça et le fait que je n’approuve pas vos méthodes), je n’ai jamais pensé à vous backstabber! J’ai eu droit à une maigre consolation : il m’a donné sa parole qu’il n’arriverait rien ni à moi ni à mes parents si nous respections notre part du marché. Yééé, c’est fou ce que je me sens rassurée… Et si mes parents ne me choisissaient pas? Qu’est-ce qui va m’arriver…?

15 avril

En soirée, nous sommes arrivés au port. Lemleck a fait une face : l’elfe était là. Elle a essayé de le convaincre de la laisser nous accompagner, me demandant silencieusement de l’aide du regard. Je n’ai rien dit. Je ne pensais pas que ça soit une bonne idée de prendre sa défense devant lui. Et en plus, elle avait l’air de lui faire des yeux doux. Euh… Et quand elle a osé se comparer à lui, j’ai tout de suite su que je ne devais pas m’en mêler et j’avais raison. Lemleck n’a pas été content du tout. Il lui a interdit de se comparer à lui. Il lui a dit qu’il n’avait pas besoin de son aide et il l’a traitée de putain royale. Il n’en fallait pas plus pour que l’elfe devienne rouge tomate et parte.

Après, Lemleck ma carrément ignorée et je suis retournée dans mon ancienne cabine. J’ai eu droit à des regards des marins qui ne me connaissaient pas et à des salutations chaleureuses de ceux qui me connaissaient. Comme je n’avais rien à faire à part me morfondre sur mon sort, j’ai repris avec joie (mais secrètement) mon rôle de couturière.

19 avril

Ce matin-là, le soleil ne s’est pas vraiment levé. Le temps était sombre et la mer de plus en plus agitée. J’ai jeté un coup d’œil dehors et quand j’ai vu des marins commencer à s’attacher, j’ai décidé de faire la même chose. M’attacher au bureau avec mes beaux draps super solides ne pouvait être qu’une excellente idée qui ne risquait certainement pas de mal se terminer, alors je me suis lancée.

Le bateau tanguait de plus en plus : tout ce qui n’était pas attaché se déplaçait. Par moment, je ne voyais que de l’eau par le hublot, mais la vitre tenait bon. J’étais relativement en sécurité, mais il a fallu, encore une fois, que je me mêle de ce qui ne me regardait pas. J’ai entendu un cri dehors et au lieu de me dire, comme toute personne sensée «il y a une grosse tempête dehors, je vais rester en sécurité dans ma cabine», j’ai préféré me dire «Il y a peut-être une personne en danger! Allons ouvrir la porte»!

Je n’ai même pas eu le temps de regarder que ma porte se faisait arracher par une vague et que je buvais la tasse. Super. Ça c’était à peu près aussi génial comme idée que de chanter pour aider les gentils pirates contre les méchants pirates. Ma «corde» tenait encore, mais à peine. Ok. Il faut que j’aille me cacher dans un endroit plus sécuritaire. Allons affronter la tempête! Mais avant je prends mon sac et… Mon sac... Où est mon sac? Merde! J’ai encore perdu toutes mes affaires!

J’avais le choix entre la cabine de Lemleck et la cale. J’ai choisi la première option, au risque de me faire revirer de bord. J’ai réussi à marcher trente secondes et je me suis fait emporter par une vague. J’ai senti (et surtout entendu) tous mes os se briser et je suis passée par-dessus bord. J’ai eu la vague impression que quelqu’un maintenait ma tête hors de l’eau et tout est devenu noir.

Je me suis réveillée sur un rocher. Je n’avais plus mal, à part au cou. En tournant la tête, j’ai vu des cheveux bleus sur ma poitrine. Euh, qui est là? J’ai entendu un son et j’ai tout de suite compris. C’était le prince Gnuhanhanhan! Mais qu’est-ce que tu fais ici? C’était lui qui m’avait sauvée, mais j’avais toujours un petit problème : je ne pouvais plus bouger ni mes bras ni mes jambes. Muuu… Je suis paraplégique… Tuez-moi quelqu’un! Muuu…

Le prince n’était pas d’accord. Par ses gestes, j’ai cru comprendre qu’il avait une solution. D’accord, essaie-toi… Il a sorti son couteau. Euh… Je n’ai pas vu ce qu’il a fait, mais il est tombé inconscient. Prince…? Quand il s’est réveillé, il a continué.

J’ai vu une petite boule dans sa main. Il l’a mise dans sa bouche, puis il me l’a donnée. Je dois manger ça? D’accord... Je l’ai donc mâchée et avalée. C’était dégoûtant (un goût de poisson et de sang, ew) et j’ai senti tous mes os se remboîter. Ça a fait atrocement mal et je me suis évanouie.

Quand je me suis réveillée, je pouvais de nouveau bouger, mais j’avais un petit effet secondaire pas du tout remarquable : des écailles sur mes bras et mes jambes et d’après les sensations, j’en avais aussi sur le visage. Et mes oreilles avaient changé aussi. Muuu… Pourquoi j’ai des écailles?

Le prince m’a montré ce qu’il avait fait et j’ai tout de suite arrêté de me plaindre. Ce qu’il avait coupé avec son couteau, c’était un morceau de sa queue. Là où il avait coupé, il y avait un trou. Mais… Mais… Pourquoi tu as fait ça pour moi? Tu me connais à peine…

J’ai eu un moment d’émotion et je l’ai huggé. Tu es devenu mon meilleur ami pour la vie!

-Je suis tellement conne!

-Non!

(Il parle le commun?)

-Oui!

-Non!

-Oui! Je n’arrête pas de me plaindre et de vouloir mourir et toi tu fais ça pour moi!

(Lemleck avait raison. Je suis vraiment stupide et je ne pense qu’à moi. Je suis désolée… Je crois que si mes parents ne me choisissaient pas, je pourrais sans doute l’accepter).

Je me suis accrochée au dos du prince et il s’est mis en route pour le bateau de Lemleck, à peine visible au loin. Je n’étais pas très joyeuse à l’idée d’y retourner, mais où aller d’autre? Nous avons fait quelques arrêts, parce que je me suis étouffée avec l’eau. Arrivés au bateau, il a sauté hors de l’eau jusqu’à ce que nous puissions nous accrocher à l’ancre et il m’a aidée à m’assoir dessus. Après je lui ai fait un dernier câlin et je l’ai embrassé sur la joue. Il a rougi. Adorable. Puis il a dit «tard» et il est reparti. Je crois qu’il voulait dire à plus tard. Oui, à plus tard. J’ai hâte de te revoir.

J’ai caché mes oreilles du mieux que je le pouvais avec mes cheveux et j’ai tiré mes manches pour cacher les écailles sur mes bras. Ensuite, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai crié des «allo» jusqu’à ce que les marins m’entendent et m’envoient une corde pour me remonter à bord.

J’appréhendais leurs réactions et comme de fait, j’ai eu droit à pleins de regards et de «c’est le dieu de la mer qui nous l’a renvoyée pour nous punir»! Non…

J’ai suivi les marins qui allaient avertir Lemleck de mon retour miraculeux, mais j’ai eu peine à y arriver. J’ai commencé à avoir des bouffées de chaleur et ma tête s’est mise à tourner. Tout bouge… Ce n’est pas agréable…

Lemleck avait une attelle à une de ses jambes, mais mis à part ça, il avait toujours autant un caractère de merde. Quand il a vu de quoi j’avais l’air, il a dit que nous allions faire un détour par l’ile de la sorcière pour arranger ça. Je l’ai remercié, mais il m’a dit de ne pas le faire : s’il me remettait à mes parents dans cet état, ils ne seraient peut-être pas aussi coopératifs. Merci quand même, c’est apprécié.

Avant de m’en aller, je lui ai demandé si je pouvais avoir un miroir pour voir de quoi j’avais l’air. Je me suis fait répondre de retourner dans ma cabine. Ma cabine plus de porte? Pas de problème…

J’ai fait demi-tour, mais au bout de quatre pas, les étourdissements et les coups de chaleur ont tellement augmenté que je ne me suis pas sentie capable de continuer. Je suis retournée à la cabine de Lemleck. Je me suis accotée sur le cadre de porte et je lui ai demandé si je pouvais emprunter un petit coin de sa cabine, parce que je ne me sentais pas capable de retourner à la mienne. Ma vue a commencé à être embrouillée tellement tout tournait, alors je n’ai pas attendu sa réponse et je suis entrée.je me suis mise dos au mur et je me suis laissée glisser jusqu’à terre. Sitôt que mes fesses ont touché le plancher, tout est devenu noir…

mardi 11 octobre 2011

Moi aussi je détesterais les elfes

7 au 11 avril

La forme humaine a fini par disparaître de la vapeur. Je me suis dépêchée de m’essuyer et de mettre ma chemise de nuit. J’aurais bien voulu me cacher sous mes couvertures et y rester jusqu’à ce que mort s’ensuive, mais Maggie est revenue avec mon souper.

Dieu merci, elle n’avait pas été parler à Lemleck. Je lui ai donc demandé de ne pas le faire. Je ne suis pas certaine qu’elle ait compris mes raisons. Ça ne servira à rien, c’est tout. Lemleck va encore penser que je complote je ne sais pas quoi. Je vais encore me faire demander : C’est quoi ton plan? Je n’ai pas de plan! Je n’en ai jamais eu!

Et puis, pourquoi je voudrais sortir de ma chambre de toute façon? Pour me faire encore accuser d’être allée dans un endroit où je n’étais pas censée aller, mais où je ne savais pas que je n’avais pas le droit d’aller? Comme pour le jardin… Non Maggie, je me rappelle qu’il n’y a pas de jardin. Il n’y a plus de violon non plus… Maggie m’a dit de ne pas m’en faire : peut-être qu’à son prochain voyage, Lemleck pourrait m’en rapporter un? Et pourquoi je voudrais qu’il m’en donne un autre? Pour qu’il le détruise encore? Je préférais encore m’en passer…

Quand finalement je me suis couchée, j’ai été loin d’avoir la paix. Mon nouvel ami est revenu me tenir compagnie et cette fois-ci, il avait l’air décidé à m’empêcher de dormir. J’ai eu droit à tant de gentillesse de sa part : clés qu’il n’arrêtait pas de faire tomber, meubles déplacés, flèche tracée sur le miroir (mais elle veut dire quoi ta maudite flèche?), cheveux tirés vers le haut…

Je ne dormais presque plus. Et un des matins, je n’ai pas réussi à replacer les meubles avant que Maggie ne vienne me porter mon petit déjeuner. Elle a pensé que j’avais passé ma frustration dans le déplaçage. J’ai essayé de lui dire que ce n’était pas moi, mais je crois qu’elle ne m’a pas crue. D’accord, si vous voulez le penser. Moi et mon pas-de-force nous avons réussi à faire tourner la baignoire sur le côté. Dieu merci, j’ai eu assez d’intelligence pour ne pas lui parler du fantôme.

Finalement, au bout de quatre j’ai fini par céder. Avant de devenir complètement folle, je préférais encore aller dans l’aile ouest et me faire tuer. Donc, dans la nuit du 11 au 12 avril, je suis allée m’aventurer dans l’aile ouest toute seule comme une conne. J’ai eu horriblement peur, mais j’ai réussi à entrer sans me faire prendre.

Je suis encore sous le choc de ce que j’ai trouvé. Tout était abandonné depuis longtemps, mais l’horreur de tout ce qui y était passé était très visible. Sous les couches de poussière, je voyais les meubles brisés, toutes les flèches et le sang… Tout était séché depuis longtemps, mais quand j’ai vu l’énorme tache de sang dans la chambre d’enfant, j’ai failli être malade. Ils ont tué des enfants? Quel genre de monstres…?

À l’étage, j’ai trouvé une chambre complètement rouge, comme si tout avait été tapissé de sang. Il ne s’agissait pas juste d’une tuerie, mais carrément d’une boucherie. Si c’était des elfes qui avaient fait tout ça, ça me rendait vraiment honteuse d’en être une.

D’une fenêtre, j’ai pu apercevoir le jardin où j’avais osé m’aventurer, avec une belle vue sur la croix. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit que ça devait forcément avoir un rapport avec ce qui s’était passé dans la maison. Je comprends que Lemleck n’ait pas été content que je m’y sois aventurée. Je n’approuve pas la destruction de mon violon, mais je comprends un peu plus.

Je suis sortie de là avec deux journaux intimes qui avaient appartenus aux filles de Lemleck, Sophia et Fei. Il avait aussi deux fils : Charles et Gregory. J’ai passé le restant de la nuit à lire les deux journaux. De ce que j’ai compris, Lemleck s’était retrouvé responsable d’elfes assez importants. Deux enfants avaient disparu. Le petit garçon avait été retrouvé, mais pas le bébé. Lemleck a été convoqué. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais il n’a plus jamais été comme avant, ses yeux étaient devenus tristes. Il y a aussi eu beaucoup de membres de sa famille qui sont tombés malades (certains sont morts), dont Tibalt, qui aurait même pleuré (malade #2 aurait aussi pleuré).j’étais prête à éprouver toute la compassion du monde pour Lemleck, mais pour son frère, jamais.

Toute la famille a été déportée, à l’exception d’Hélène, qui était je crois la petite amie de Gregory. Tibalt avait réussi à trouver beaucoup d’argent pour que Lemleck puisse s’acheter une grande maison le plus éloigné possible du port, parce que c’était un endroit très dangereux. La femme de Lemleck voulait une très grande maison, parce qu’elle attendait un autre enfant.

Il a été fait mention d’une gouvernante que Lemleck était parti chercher et qui était comme eux (??). Et aussi le fait qu’ils ne pouvaient plus prendre leurs marches comme avant, qu’ils marchaient maintenant comme des elfes. En quoi la marche est-elle différente d’une race à l’autre?

La jeune Fei a parlé d’un monsieur louche (elfe?) qui rôdait. Son père et Gregory étaient bizarres et se sont disputés. Sophia a aussi parlé du monsieur louche (et aussi du fait que les elfes étaient méchants). Elle avait peur, mais Gregory ne voulait rien lui dire.

Donc, ce que je peux conclure de la situation, c’est que sous la responsabilité de Lemleck le bébé d’elfes importants a disparu, Lemleck a été puni, tout la famille a été déportée à Scion et tout le monde s’est fait tuer par des elfes (ou à cause d’elfes). Alors c’est pour ça qu’il déteste les elfes? Sa femme enceinte et ses quatre enfants ont été massacrés? Moi aussi j’haïrais les elfes. En ce moment, j’ai vraiment honte d’en être une…Je ne comprends pas pourquoi il ne m’a pas jetée par-dessus bord au début. Mais surtout, je ne comprends pas comment il a fait pour continuer après avoir tout perdu…

12 avril

Quand je me suis levée, après trop peu d’heures de sommeil, je me suis décidée à dire à Maggie qu’elle pouvait parler à Lemleck, parce que je n’osais pas le faire moi-même. J’étais plus décidée que jamais à recommencer mon opération ami-ami, mais pour ça, je devais sortir d’ici.

Maggie est partie et j’ai fini par entendre des cris et des bruits de choses qui se brisaient. Mais quand Maggie est revenue me voir, elle m’a dit que j’avais maintenant le droit de sortir de ma chambre. Quand j’ai dit que j’allais recommencer à demander à tout le monde si je pouvais les aider, elle m’a répondu que ce n’était pas à moi de faire leur travail et elle m’a suggéré d’aller aider le jardinier. Je suis donc allée l’attendre à côté à côté de ses plates-bandes. Cette fois-ci, je ne partirai pas avant qu’il ait accepté de me laisser l’aider…