vendredi 11 juillet 2008

Entry 6

Cher journal,

J’ai passé une excellente nuit. Il y avait longtemps que je n’avais pas dormi dans un matelas aussi confortable et dans des draps aussi doux. Quand le soleil s’est levé, je n’avais aucune envie de me lever. J’étais si bien… En ce moment précis, je ne pensais pas du tout à tous les problèmes qui risquaient de m’attendre à l’extérieur de cette pièce. Je pouvais me contenter d’être simplement Leila et profiter de la vie. Je serais restée couchée des heures encore, mais une délicieuse odeur de pain doré est parvenu jusqu’à mes narines. Sniff… Sniff… Je n’ai pas réussi à résister à la tentation et je suis partie à la recherche de cette odeur si agréable. Sur le petit balcon, un plateau rempli de nourriture m’attendait, accompagné d’un vase avec une rose à l’intérieur. Cela ne pouvait provenir que de François. La rose n’est pas ma fleur préférée, mais je la trouve quand même très belle. Elle a quelque chose de noble. C’est peut-être pour ça qu’il l’a choisie…? Il m’a bien déjà dit qu’il me trouvait jolie et noble. La rose a aussi une signification romantique je crois, non? Euh… Est-ce que c’est pour ça qu’il a choisi cette fleur? Euh… Qu’est-ce que je fais si c’est le cas? S’il est en train de me faire la cour? Je ne sais pas si je pourrais… La dernière fois…

Il cherche probablement seulement à être gentil avec moi, c’est tout, alors inutile de me préoccuper avec ça pour l’instant. Surtout quand un repas si tentant m’attend. Il y avait plusieurs aliments différents, toutes des choses qui risquaient de plaire à une elfe. J’ai pris un peu de tout, car tout me semblait absolument délicieux. J’ai eu l’estomac plein bien avant que mon assiette ne soit vide.

Toc, toc.

-Oui?
-Je peux entrer mademoiselle?
-…Oui!
Je suis allée à la rencontre de la servante. Elle tenait une grande boîte dans ses mains.
-Aurez-vous besoin d’aide pour vous habiller mademoiselle?
-Euh… non. Je me suis toujours habillée toute seule, alors ça devrait aller.
-Très bien!
Quand elle fut partie, j’ai déposé la boîte sur le lit. Un grand ruban bleu avec un nœud la tenait fermée. J’ai défait le ruban, enlevé le couvercle et j’ai vu une feuille pliée en deux et sous la feuille, du papier de soie qui cachait à ma vue le contenu de la boîte. J’ai déplié la feuille pour lire le message qu’elle contenait : Se promener en ville avec des habits de voyage, c’est laid. Ce n’était pas signé, mais je savais qui l’avait écrit. Je ne voulais pas vraiment accepter de cadeaux de lui, parce que j’avais peur qu’il s’attende à recevoir quelque chose en retour, mais ma curiosité a été piquée. J’ai arraché le papier de soie et j’ai vu la plus jolie robe qu’il m’avait été donné de voir depuis des lustres. C’était une robe d’été à larges bretelles, avec un décolleté juste comme il faut, de couleur blanche avec des motifs bleus et une large ceinture de la même couleur. J’aurais vraiment l’impression d’être une dame avec ça sur le dos. Il y avait si longtemps. Mais je ne devrais pas être si futile. Mais j’ai tellement envie de la mettre… Au diable la bonne conduite pour une fois! Elle est trop jolie pour que je ne la mette pas!

Je me suis déshabillée à la vitesse de l’éclair et j’ai pris tout mon temps pour mettre la robe. Le tissu était de très bonne qualité et elle me faisait comme un gant. Je me suis regardée dans le miroir et j’ai eu l’impression de voir une autre personne. Il y avait si longtemps que je n’avais pas porté une robe aussi belle. Tout en continuant de m’observer, j’ai essayé de me refaire une beauté en remettant de l’ordre dans mes cheveux. J’ai défait mes tresses et j’ai fait du mieux que je pouvais avec ce que j’avais. Je ne ferais pas honneur à la robe si j’avais l’air d’une pouilleuse. Quand j’ai été satisfaite du résultat, j’ai pris ma cape et je suis descendue dans le hall de l’hôtel. François n’était peut-être pas levé, ce qui expliquerait pourquoi il n’est pas venu me trouver, et je ne voulais pas le déranger. J’ai donc décidé d’aller faire un tour en ville par moi-même. Respirer de l’air frais serait des plus agréables en cette journée magnifique.

Quand je suis arrivée au rez-de-chaussée, j’ai vu que François y était déjà, assis à une table. Il m’a dit qu’il m’attendait et m’a complimentée pour la robe. Je l’ai bien entendu remercié. François était un gentilhomme et je ne serais pas une dame si je ne prenais pas la peine de lui dire merci. Il voulait encore m’emmener en ville. Pourquoi pas? Il y avait probablement plusieurs endroits que je n’avais pas encore vus. François s’est placé derrière moi et m’a aidée à mettre ma cape sur mes épaules. J’aurais très bien pu réussir toute seule, mais il était si galant que je n’ai pas eu envie de refuser. Ça fait du bien d’être traitée comme une dame. Je ne me souviens pas de la dernière fois que… En fait, je m’en souviens, mais je préfère oublier. François m’a tendu son bras, que j’ai naturellement pris et nous sommes sortis.

Il m’a emmenée dans un magnifique jardin. Il fallait même payer pour entrer. Il y avait plusieurs grands arbres qui empêchaient le soleil de gêner les gens qui se promenaient et aussi plusieurs variétés de fleurs toutes aussi ravissantes les unes que les autres, des bancs pour les marcheurs qui étaient fatigués et beaucoup d’espaces verts où les gens pouvaient s’assoir et piqueniquer. C’était plutôt romantique comme endroit. Il y avait en effet plusieurs couples autour de nous. Maintenant que je regarde autour de nous, je me rends compte que c’est le genre d’endroit où un homme amène sa petite amie. Euh… Est-ce que ça veut dire que François aurait des vues sur moi ou se montre-t-il vraiment juste gentil? Je ne sais pas comment je réagirais si la première option se révélait vraie. La dernière fois, ça ne s’est pas super bien terminé. Je ne sais pas si je serais prête à recommencer. Je passe des moments très agréables avec François, mais j’ai quand même peur.

Nous nous sommes promenés toutes la journée, parlant de tout et de rien, ne nous arrêtant que pour dîner. Nous sommes retournés à l’auberge quand le soleil se couchait. François m’a raccompagnée jusqu’à ma chambre, mon bras étant toujours accroché au sien. Il m’a fait un baisemain avant de s’éloigner.
-Je ne voudrais pas m’imposer, mais nous pourrions déjeuner ensemble demain, m’a-t-il proposé.
-Et bien… Quand je me lèverai, je pourrais venir vous chercher?
-Très bien. Oh et si vous ne vous couchez pas tout de suite… pratiquez vos cartes.
-…D’accord.
Je savais que j’avais été pourrie quand nous avions joué. En attendant le souper que je m’étais commandé, je me suis pratiquée avec un jeu de cartes qui traînait dans ma chambre. Ce n’était pas évident de dire si je m’améliorais comme j’étais toute seule, mais je n’ai pas l’impression que c’était le cas. Quand mon souper est arrivé, je me suis installée sur le balcon pour manger.

J’étais perdue dans mes pensées quand j’ai vu Abigail qui marchait dans la rue. En fait, qui est passée plusieurs fois au même endroit. C’est vrai : j’avais oublié qu’elle avait autant le sens de l’orientation que moi. Au bout de son cinquième passage, je me suis décidée à lui dire bonjour. François ne l’aimait pas, mais moi je la trouvais plutôt sympathique. Nous avons discuté un peu. Heureusement, elle se portait bien. Nous avons été interrompues par Maël, qui a dit qu’il y avait une autre elle-même dans les parages et qu’il fallait la trouver parce qu’elle connaissait le gars aux cheveux blancs ou pour qu’elle les aide à tuer le gars aux cheveux blancs. Ok… Je ne savais pas si je devais la prendre au sérieux ou me mettre à rire. Je réfléchissais à la question quand on a cogné à ma porte. C’était François. Comme Quentin n’était toujours pas arrivée, il voulait partir à sa recherche. Bien entendu, je partais avec lui. Quentin avait l’air d’une fille super gentille et je voulais la sauver.
-Vous savez, aie-je commencé, vous avez manqué un étrange spectacle.
-Ah bon?
-Oui… Abigail est passée dans la rue. Maël l’a rejointe et elle a dit qu’il y avait une autre elle-même et qu’il fallait la trouver.
-Vraiment? Je reviens tout de suite…

-D’accord… Je vais préparer mes affaires pendant ce temps-là…

Je n’ai pas aimé le ton que François a employé alors dès qu’il est parti, je me suis dépêchée de me changer et de rassembler mes affaires. J’ai caché au fond de mon sac la robe qu’il m’avait donnée et le mot qu’il m’avait écrit. Je n’avais pas envie de m’en départir. Pendant que je me préparais, j’ai vu François descendre dans la rue et parler avec Abigail. Euh… Ça ne me disait rien qui vaille, alors je me suis dépêchée de sortir de l’auberge et de partir à leur poursuite. François l’a traînée jusque dans les bas quartiers. Je les ai suivis à une distance raisonnable pour ne pas me faire repérer. Je ne me souviens pas exactement de ce qu’il lui a dit, mais en gros : il la déteste, il la blâme pour ce qui est arrivé à Quentin et si jamais il la revoit, il va la tuer. Euh… Je ne pouvais pas le laisser faire ça, alors je me suis tenue prête à intervenir au cas où. Heureusement, il n’a fait que la menacer avec une boule d’énergie et elle s’est sauvée en volant. Fiou. Il a fait demi-tour et moi je me suis dépêchée de partir. Je ne voulais surtout pas qu’il me voit ici. Malheureusement, avec le sens de l’orientation que j’ai, j’ai pris une éternité à me retrouver. J’ai erré beaucoup trop longtemps dans les bas quartiers et pleins d’hommes m’ont sifflée et fait des propositions… plus qu’indécentes.

J’ai fini par sortir de cet endroit maudit. Enfin! Je vous aime, quartiers huppés! Maintenant, il ne me reste plus qu’à retourner à l’auberge et à attendre François.

-Tiens, tiens… Je suis flatté que vous me portiez assez d’intérêt pour me suivre, m’a dit une voix familière derrière moi.
(Oups, il m’a trouvée.)
-Euh… Je ne vous suivais pas…
-C’est ça! Et vous êtes une tueuse en série qui a assassiné 153 personnes!
-Euh…
-C’était aussi crédible!
-…
(Il faut définitivement que j’apprenne à être plus subtile.)
-Pourquoi me suiviez-vous? m’a-t-il redemandé.
-Et bien… Je n’ai pas aimé le ton que vous avez utilisé avec Abigail, alors j’ai décidé de suivre…
-Quand vous la reverrez, vous lui direz qu’elle a eu la vie sauve juste à cause de vous.
-Est-ce que ça serait possible de ne plus parler de la tuer?
-Elle va finir par vous tuer un jour.
-Je ne crois pas non. Elle a l’air plutôt sympa.
-Parce que vous croyez que tous les méchants portent des uniformes avec des name tags qui disent «Je suis un méchant»?
-Euh…
-Vous, vous seriez du genre à vous faire avoir par un enfant qui vient vous voir avec un bouquet de fleurs. «Madame, achetez-moi un bouquet de fleurs s’il vous plaît! Je n’ai rien mangé depuis deux jours». Et quand vous touchez les fleurs, elles sont empoisonnées et vous mourez.
-…Oui, je me ferais probablement avoir. Ils font vraiment ça?
-Oui. Il faut vous réveiller. Vous n’avez plus le choix. Si vous voulez vous en sortir, vous allez devoir tuer ou demander à quelqu’un de le faire pour vous. Sinon vous allez mourir. Ou alors, ils pourraient vous violer, vous torturer et après vous tuer.
-Muuu... Mais… Je ne veux pas tuer qui que ce soit moi…
-Vous n’avez pas le choix. Ou alors vous pouvez retourner chez vous et toute votre famille se fera tuer avec vous. Qu’est-ce que vous préférez?
-Muuu… Je préfère encore mourir toute seule.

François avait peut-être de bonnes intentions, mais même s’il me l’a répété encore et encore, je ne voulais pas que qui que ce soit meure à cause de moi, quelque soit la raison. Et demander à quelqu’un de tuer pour moi, ça revient au même que si j’enlevais la vie moi-même. Nous aurions pu en discuter des heures sans jamais arriver à une conclusion qui nous aurait satisfaits tous les deux. J’ai donc mis fin à la conversation en disant à François que j’avais toutes mes affaires et que nous pouvions partir chercher Quentin. Tout gentilhomme qu’il est, il m’a tendu son bras pour que je le prenne. J’ai eu une hésitation.
-Avez-vous peur de moi? m’a-t-il demandé.
-…Non.
-Tant mieux.
J’ai pris son bras et nous sommes partis en direction de la sortie de la ville.
(Ce n’est pas que j’ai peur de vous. C’est juste que je n’aime pas votre vision du monde. Tuer ou être tué? Je ne pense pas que j’en serai jamais capable.)

Pratiquement aux portes de la ville, à l’extérieur, nous avons retrouvé tout le reste du groupe. Quentin était saine et sauve, la queue de cheval de Takeo parlait (en fait c’est une pixie qu’il a rencontrée dieu-sait-où et qui se cachait là), Maël parlait encore de trouver son autre elle-même (mais elle ne voulait pas d’aide), Abigail se portait comme un charme (je suis contente, je la trouve vraiment sympa) et il y avait aussi un nouveau venu, Belost (ou Biloss). Je vais devoir lui demander comment ça s’écrit exactement. Je ne voudrais pas l’insulter en prononçant/écrivant mal son nom. Il semble être un drôle de personnage. Quand il a vu François, il a dit un truc du genre «Alors c’est lui le frère!» et il a pris la tête de François sous son bras et il lui a frotté les cheveux. J’ai eu peur que François ne le tue, mais il l’a seulement fait revoler plus loin d’un coup de poing. Ce Belost (ou Biloss) avait aussi l’air d’être plutôt protecteur envers Quentin, n’hésitant pas à interrompre François pour que Quentin puisse donner son avis. Je crois aussi que Quentin lui plaît. Quand elle est allée se changer et qu’elle est revenue habillée en fille, il lui a jeté un de ces regards qui veut dire «wow».

Quoiqu’il en soit, pour l’instant nous nous dirigeons vers Tashkali. C’est là que la vieille folle, pardon je voulais dire la vieille femme qui n’avait plus toute sa tête, a dit à Abigail qu’il fallait aller. Et apparemment, il faudrait être huit. Nous sommes plus nombreux en ce moment, mais peu importe. Je ne croyais pas vraiment à cette histoire, mais comme a dit François, tant qu’à rien faire, c’est une destination comme une autre. Je ne sais pas de quoi cette ville a l’air, mais je serais prête à parier que les ennuis nous y attendent…


Le bonheur n'est pas le fruit de la paix, c'est la paix même.

1 bisou:

Quentin a dit…

J'aime les longs blogs!! ^^ *calins*

J'ai trop hate de voir la suite!!!! (pcq oui oui les DM aussi savent pas tout lol)