mercredi 30 juillet 2008

Entry 8

Cher journal,

Nous en avions encore pour trois jours jusqu’à la prochaine ville. Aucune attaque n’est venue perturber notre tranquillité. De mon côté, je n’ai pas fait grand-chose. Je n’ai pas évité François, mais c’était tout comme. Je ne me sauvais pas s’il venait me voir (j’avais toujours autant de plaisir à discuter avec lui), mais je n’allais pas non plus vers lui. Mes propres réactions me faisaient peur. Je ne savais pas comment je finirais par réagir si je passais trop de temps avec lui. Je me mettrais très probablement à rougir, à bafouiller et à détourner le regard s’il me regardait trop intensément. Et dieu sait qu’il avait l’art de le faire. Je ne savais pas non plus qu’elles étaient ses opinions quant à toute cette situation. Mieux valait donc de ne pas tenter le diable.

J’ai donc passé la plupart de nos arrêts dans mon coin, à jouer du violon ou encore à lire. Mes romans étaient bons, mais après les avoir lus quelques fois, je commençais à avoir hâte de retrouver la civilisation pour m’en acheter d’autres. Tiens, Maël vient vers moi. Restons sur nos gardes… Elle s’est assise à côté de moi et je me suis tassée un peu, rapprochant ma main de mon arme. Si jamais elle voulait me mordre encore, je serais prête à me défendre.
-Écoute, a-t-elle commencé, je voulais m’excuser. J’ai dû faire quelque chose de mal parce que tu m’as traité de folle, mais je ne m’en rappelle pas.
-Tu m’as mordue! Je voulais juste te healer!
-Oh. C’était avant ou après que la petite soit tombée?
-Euh… Je ne sais pas.
Ça change quoi de toute façon? Maël m’a expliqué que quand Sakurako était tombée, elle avait changé, comme si elle n’était plus consciente de ce qu’elle faisait. Alors si j’ai bien compris, la prochaine fois que Maël changera d’apparence, je devrai me tenir loin et ne pas essayer de la toucher? D’accord… Je ne suis pas totalement rassurée.
-Alors tu ne vas plus essayer de me mordre? lui aie-je demandé.
-Non!
-D’accord!
(Désolée de t’en avoir voulu.)

J’ai aussi eu droit à la visite de Sakurako.
-Tu pourrais me chanter quelque chose? m’a-t-elle demandé.
-Avec du violon?
-Oui!
-Tu es trop mignonne!
Pate, pate.
J’ai donc chanté pour elle tout en jouant du violon. Elle m’a écouté très attentivement. Elle est vraiment trop cute! J’ai une idée!
-Il faudrait qu’on se rejoue dans les cheveux, lui aie-je suggéré.
-D’accord!
J’ai donc laissé le violon de côté et j’ai sorti ma brosse. Sakurako semblait adorer ce genre d’activité, alors je l’ai laissé commencer.
-Écoute Leila, je voudrais que tu fasses attention à François. Il n’est pas très sympathique et je ne voudrais pas qu’il te fasse du mal.
-Il ne m’a jamais rien fait à moi et je ne pense pas qu’il me ferait du mal.
-Mais pourquoi tu es partie avec lui quand on s’est séparés?
-Parce qu’il fallait chercher Quentin.
-Mais nous aussi, on cherchait Quentin.
-…Ça a juste adonné comme ça.
(Pourquoi je suis partie avec lui déjà? Peut-être que je m’étais dit que ça irait plus vite si on était effectivement séparés. Je me souviens aussi qu’il n’avait aucune envie de voyager avec les autres. Comme sa compagnie ne me déplaisait pas, j’ai décidé de l’accompagner.)
-Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose, a-t-elle continué.
-Tu es gentille, mais je suis une grande fille. Je pense que je vais m’en sortir.
-Ok.
(Elle est adorable. Je pense que c’est une première pour moi. Une fillette de quatorze ans qui tente de me mettre en garde contre un homme. Ne t’en fais pas pour moi Sakurako. Je ne cours aucun risque avec François, autre que celui de rougir plus souvent qu’autrement.)

Le reste du voyage s’est passé sans problème et nous sommes arrivés en vue de Darbish le soir du troisième jour. C’était une grande ville fortifiée et deux soldats en gardaient l’entrée. Ils avaient l’air plutôt minutieux. J’espère que nous n’aurons pas de problème à entrer. Nous n’en avons pas eu, mais ce fut de justesse. Les gardes nous ont demandé des papiers d’identité. Papiers d’identité? Euh… Depuis quand on a besoin de papiers d’identité pour entrer dans une ville? Quelqu’un a pensé à ça? C’est finalement Quentin qui nous a sauvés. Je ne sais pas quand elle a trouvé le temps de les faire, mais elle avait préparé des faux papiers pour tout le monde, faux papiers qui ont réussi à mystifier les gardes qui nous ont laissés entrer sans nous poser de questions. Pourquoi je m’appelle Lucy? Je comprends le principe qu’il ne faut pas utiliser nos vrais noms, mais Lucy? Au moins ce n’est pas Georgette.

Plusieurs dans le groupe avaient des achats à faire. J’en faisais partie, mais j’hésitais à les faire comme je ne savais pas si nous allions rester «longtemps» ici.
-Est-ce qu’on passe la nuit ici ou on repart tout de suite? aie-je demandé à François.
Il a regardé le ciel et a décidé que nous allions rester ici cette nuit.
-J’ai besoin de prendre l’air, m’a-t-il dit. Vous voulez venir?
-D’accord.
Ce n’est qu’après avoir accepté que j’ai réalisé l’ampleur de ma décision. Rien qu’à l’idée de rester seule avec François, j’en avais des palpitations. De bonnes palpitations, mais tout de même. Quand nous sommes arrivés près de l’auberge désignée par François, nous avons débarqué de nos chevaux et François a lancé ses rênes à Biloss en lui demandant (pour ne pas dire en lui ordonnant) de s’en occuper.
-Tu sais, a commencé Biloss, ce dont on a parlé, le respect…
Takeo est arrivé à ce moment-là et il a lancé ses rênes à Biloss sans rien dire.
-Tu vois? a dit François. Il y en a des pires que moi!
François a fini par s’excuser et dire «s’il vous plaît» à Biloss. Il n’avait pas l’air sincère du tout, mais il mérite des points pour l’effort. Il m’a ensuite tendu son bras et nous nous sommes éloignés.
-Merci pour les chevaux! aie-je crié à Biloss.
-De rien!

Je n’avais aucune idée de l’endroit où nous allions, alors je laissais François me guider. Je ne lui ai rien dit. Je ne faisais que l’observer à la dérobée. Quand il s’en apercevait, il me faisait un petit sourire en coin et moi je détournais le regard en souriant. Je pense qu’il me fait un peu trop d’effet. Je n’aurais peut-être pas dû le suivre.
-Je vais avoir quelques achats à faire, lui aie-je dit pendant que nous marchions.
-Oh, je vois.
(Il avait l’air déçu.)
-Quoi?
-Non, rien.
-Finissez votre phrase.
-Faire les boutiques n’est pas exactement le genre d’activités que j’ai envie de faire avec vous.
-Euh… Désolée d’avoir des trucs à m’acheter?
-Ça va…
Pourquoi il a l’air aussi déçu? C’est mal de vouloir s’acheter des choses?

François est aussi revenu sur le fait que j’étais plutôt indépendante et que je voulais payer toutes mes choses. Je l’avais toujours fait alors je ne voyais pas pourquoi j’arrêterais de le faire. François avait peut-être de bonnes intentions, mais je ne pouvais pas le laisser tout me payer. Entre recevoir des cadeaux et tout me faire payer par un homme que je connais à peine il y a un pas que je ne veux pas franchir. Je me sentirais beaucoup trop redevable envers lui, déjà que je me sens comme ça à cause de ce qu’il m’a payé jusqu’à maintenant. Nous avons fini par arriver jusqu’au port, où était amarrés plusieurs airships de différentes grosseurs et de différentes formes. C’était plutôt impressionnant comme spectacle, mais comme je n’y connaissais rien sur le sujet, je n’aurais pas pu dire s’il s’agissait de bons modèles ou pas.
-Vous voyez quelque chose qui vous plaît? m’a demandé François.
-Je ne m’y connais pas vraiment en airships.
-Vous n’avez jamais voyagé là-dedans?
-Pas vraiment…
-Pourquoi ne pas dire non?
-…Non.

Je dois tellement faire «petite provinciale qui ne sait rien de la vie» aux yeux de François. Je ne sais ni m’orienter, ni repérer des traces par terre et je ne connais absolument rien aux airships. Je connais plusieurs choses, mais rien qui ne me semble utile en ce moment.
-Ça va être ça, notre moyen de transport? lui aie-je demandé. Qu’est-ce qu’on va faire exactement?
-En louer un, en acheter un…
-Est-ce qu’on a assez d’argent pour ça? Parce que moi, je sais que je n’en ai pas assez.
-Est-ce que vous me faites confiance?
-Bien sûr.
-Alors ne vous en faites pas avec ça.
-…D’accord.
(Ça doit être le truc pas très honnête dont il parlait avec Biloss. Il vaut mieux que je n’insiste pas.)
-Si ça peut vous faire plaisir, je vous ferai payer votre chambre. Comme ça, vous conserverez votre indépendance.
-…D’accord.
(Il est sérieux ou il se fout de moi?)
-Dites-moi, a-t-il commencé, vous vous sentez redevable envers moi, n’est-ce pas?
-Oui…
-Il y a quelque chose que vous pourriez faire…
-Bien sûr, dites-le.
-…Non, laissez tomber. Je ne vois pas pourquoi vous accepteriez. Vous ne m’avez même pas permis de vous tutoyer.
-Finissez votre phrase.
-J’aimerais beaucoup vous embrasser.
-…Quoi?

Mon cœur a dû faire un quart de tour à ce moment-là. François… vient de me demander la permission de m’embrasser? J’ai été tellement surprise que je me suis mise à le regarder en bredouillant.
-Mais… Mais…
-Nous voyageons depuis trois jours et j’ai été incapable de détacher mon regard de votre bouche.
D’imaginer François qui fixait ma bouche, espérant qu’il pourrait m’embrasser, m’a fait devenir encore plus rouge. Je ne pensais pas qu’il s’intéressait à moi de cette façon. Je mentirais si je disais qu’il ne me plaisait pas, mais je dois quand même avouer que je n’avais jamais pensé à l’embrasser même si, maintenant qu’il me le proposait, cette idée me semblait plutôt tentante. Jamais de toute ma vie je n’avais vécu une telle situation et là, un gars super rourou me dit qu’il veut m’embrasser! Qu’est-ce que je fais? Pourquoi je n’ai jamais lu de livres sur ça? J’aurais su comment réagir. Là, tout ce que je sais, c’est que je lui plais et qu’il me plait aussi et que j’aurais bien envie de dire oui, mais en même temps j’ai peur.

-Vous voulez m’embrasser pour que je vous rembourse?
-Non. Je suis désolé si j’ai mal choisi le moment, mais j’y pense depuis longtemps.
-Je ne sais pas quoi dire… Ce n’est pas que ça ne m’est jamais arrivé, mais comme ça, oui. Ce n’est vraiment pas dans mes habitudes de vivre de genre de situations…
-Ça m’étonne. Les hommes doivent être vraiment idiots, parce que vous êtes une femme très belle et très attirante.
Oh mon dieu… Il me trouve attirante… Je sais que je me répète, mais jamais on ne m’avait dit quelque chose comme ça. Jamais je n’avais senti (ou plutôt remarqué) du désir dans les yeux d’un homme qui me regardait. Je sais que Logan me voulait et je suppose que je le voulais aussi, mais les émotions qui m’assaillaient à ce moment-là ne sont rien comparées à celles que je vis en cet instant. Ça serait comme comparer un feu de camp à un feu de forêt.

Plus j’y pensais et plus j’avais envie d’accepter, mais «l’après baiser» me faisait un peu beaucoup peur. Je sais que François a de l’expérience dans le domaine, mais pas moi. Je devrais clarifier la situation avant que mon silence ne lui laisse s’imaginer des choses.
-Écoutez… Comme j’ai dit, c’est la première fois que ce genre de situation m’arrive et…
(Seigneur… Comment fait-on pour dire à quelqu’un «tu me plais, mais je suis vierge et je ne pense pas que je pourrais faire "ça" avant le mariage»?)
-…et je ne suis pas assez idiote pour ne pas savoir que vous pouvez vous attendre à «autre chose» après un baiser et c’est ce «après» que je ne pense pas pouvoir faire…
-Je vois… Et vous pensez que vais vous sauter dessus parce que je vous ai embrassée?
-Je ne sais pas…
-Je ne nierai pas que l’après m’intéresse, mais si c’était tout ce qui m’intéressait, pensez-vous que j’y mettrais autant d’efforts?
-Je suppose que non…
-Je ne suis pas intéressé par les histoires d’un soir et puis vous savez qu’avec la vie que je mène, je peux mourir n’importe quand. Mon repas de ce soir pourrait être mon dernier.
-Ça serait bien que ça n’arrive pas.
-Je suis heureux de vous l’entendre dire. Et puis, mourir célibataire, ça serait…
-Triste.
-Triste.

Ce fut un beau moment de complicité, que nous pensions la même chose, mais ça ne réglait pas mon problème.
-…Mais d’où je viens, je n’ai pas été élevée comme ça…
-Vous voulez dire que d’où vous venez on vous montre comment ça marche?
-…Non! Je voulais juste dire que j’ai été élevée dans l’esprit qu’on ne fait pas «ça» avant le mariage… et seigneur… Pourquoi je parle de ça?
-Je ne sais pas, mais ça ne me déplaît pas.
-Je dois être rouge tomate…
-Je trouve ça mignon.
-…
(Moi je trouve juste ça gênant.)
-Si je vous passais la bague au doigt maintenant, si j’écrivais mon vrai nom dans un registre, ça signerait mon arrêt de mort. Et c’est la même chose pour vous Leila. Vous nous connaissez alors votre vie est aussi en danger. Et si je signais un autre nom, ça ferait faux.
-C’est vrai…
-Je suis désolé si vous pensez qu’une bague vous sauverait d’une vie de débauche, mais c’est tout ce que je peux vous offrir.
-Une vie de débauche?
François a éclaté de rire. Quoi? C’est toi qui viens de sous-entendre que tu veux m’offrir une vie de débauche.
-Vous savez, a-t-il continué, on n’est pas obligé d’avoir une bague pour être marié. Il peut y avoir une communion par la nature.
-…Je suppose…
Je pense que je comprends. Si deux personnes s’entendent assez bien sur tous les plans, c’est comme si elles étaient mariées même s’il n’y a pas eu de cérémonie officielle. Si la communion entre les deux âmes, entre… les deux corps est assez bonne, au diable tout le reste. C’est bien ça? C’est logique, mais n’empêche que je ne pouvais pas discarder (ça se peut comme mot?) les croyances que j’avais accumulées au cours de ma vie juste parce que j’étais tentée de le faire. C’était comme si François me demandait de faire une croix sur ma vie d’avant pour en commencer une nouvelle, légèrement beaucoup plus libertine que l’ancienne. Je suis désolée, mais je ne suis pas prête à ça et je ne sais pas si je le serai un jour.

Je crois que jamais je ne m’étais sentie aussi gênée… et nerveuse… et heureuse… et énervée… Il y avait aussi ce petit quelque chose que je n’arrivais pas à identifier, ce petit quelque chose qui décuplait mes réactions. Mon cœur battait si vite, beaucoup plus vite que si j’avais été simplement nerveuse, mes mains étaient moites, j’avais des papillons dans l’estomac et aussi… I felt… you know… «like that»… down there. Mon corps réagissait aux paroles de François comme il n’avait jamais réagi. Jamais je ne m’étais sentie comme ça, pas même avec Logan. Everything felt more intense with François, I felt drawn to him. I wanted to accept his demand, but I was scared. I felt like I was standing on the edge of a cliff and someone, in this case François, was telling me to jump and that everything was going to be okay. I trust him, but I don’t know what’s going to happen once I take that jump. That unknown really scares me. That’s why I couldn’t let him kiss me… even though I wanted to.

François a fini par comprendre que je ne lui céderais pas. Je suis désolée si je te déçois, mais je ne suis pas prête à ça. Enfin… Ce n’est pas tant le baiser (ça, ça me rend nerveuse plus qu’autre chose) qui me fait peur, mais ce qui risque de suivre. J’ai peur de me faire emporter par les événements, de me laisser submerger par mes émotions et d’avoir ensuite des regrets. Et je ne voudrais pas avoir de regrets en ce qui nous concerne.
-Allons donc vous acheter… je veux dire vous faire dépenser, m’a dit François en me tendant son bras.
J’ai passé mon bras autour du sien, mais l’émotion n’était plus la même. J’avais l’impression d’avoir «abîmé» notre relation. Je voudrais être certaine qu’il comprenne bien les raisons de mon refus. Nous nous sommes arrêtés dans un magasin général où j’ai acheté quelques rations et un oreiller. Pourquoi un oreiller? Ça ne me dérangeait pas que François me prête sa couverture, mais comme il a dit, je préférais rester indépendante. Il ne serait pas nécessairement toujours là pour moi alors je ne voulais pas trop dépendre de lui. Comme je n’avais plus aucun achat à faire, nous sommes retournés à l’auberge. Nous sommes arrivés devant…
-Écoutez, je ne voudrais pas que vous vous sentiez insulté que j’ai refusé que vous m’achetiez des choses… ou parce que j’ai refusé votre proposition…
-Ça va…
Il m’a ouvert la porte pour que je passe en premier.
-J’attendrai, m’a-t-il dit tandis que je passais devant lui.
-Ce n’est pas que je n’en ai pas envie, mais…, aie-je marmonné tout bas.

Comment je vais me sortir de tout ça? Est-ce que j’en ai vraiment envie de toute façon? Plus ou moins. I should talk to him, tell him how I feel about everything and what I really think about his proposition. I wouldn’t want his feelings to get hurt because I’m so hesitant. After everything that he’s done for me, he deserves a little honesty. Now... How the hell am I going to tell him that? Do you think I can find books on the subject?


jeudi 17 juillet 2008

Entry 7

C'est finalement fini!! Wouhou!!!!

Cher journal,

Après un rapide coup d’œil sur la carte de Sakurako, François a conclu que nous en avions pour six semaines de voyage jusqu’à Tashikani. Cela me semblait un peu long pour nous rendre jusqu’à une ville où nous nous rendons juste parce que nous n’avons rien d’autre à faire ou pour certains, parce qu’une vieille femme un peu folle leur a dit. Mais bon, comme François a dit : là ou ailleurs. C’est vrai que ça ne change rien.

Nous avons marché toute la journée, en silence. Ce fut plutôt pénible pour moi, qui était habituée à discuter de choses et d’autres avec ceux avec qui je voyageais. Mais personne ici ne semblait avoir envie de parler. J’aurais bien aimé parler avec François (nos discussions étaient toujours très intéressantes), mais il marchait en avant de tout le monde, main dans la main avec Quentin. Et il avait l’air de bouder. Je me demande pourquoi… Quoiqu’il en soit, le moment était mal choisi pour aller le voir. Je dois avouer que j’ai été un peu… non pas jalouse, mais plutôt déçue. Comment aurais-je pu être jalouse de sa propre sœur qu’il venait à peine de retrouver? J’étais déçue parce que je m’étais habituée à sa présence à mes côtés, aux discussions que nous avions. Il ne m’avait jamais donné aucune raison de penser qu’il me ferait du mal et il était sans l’ombre d’un doute, le plus civilisé ici. Je pensais qu’il voyagerait à côté de moi, mais il a préféré rester avec sa sœur. Tant pis.

Je suis donc restée dans mon coin, chantonnant pour ne pas déranger personne. J’aurai sans doute bien d’autres occasions de parler avec François de toute façon, alors pourquoi m’en faire? Les deux jumeaux ne semblaient pas vouloir s’arrêter. Le soleil était déjà couché quand Sakurako a commencé à se plaindre qu’elle était fatiguée. Pauvre chouette, elle ne doit pas être habituée à de si longs efforts physiques. Quentin a tiré sur la manche du chandail de son frère.
-Quoi? Non…
-…
-Non. Non!
-…
Quentin ne lui a rien dit et ne lui a jeté que quelques regards qui furent suffisants pour le faire capituler. Nous nous sommes donc arrêtés pour la nuit. Chacun restait dans son coin. I guess they all have a lot on their mind. Dommage, mais je vais y survivre. Ça va me donner l’occasion de commencer mon nouveau roman. C’est une histoire d’amour, de guerre et de trahison. Ça a l’air vraiment bien. La prochaine fois, je devrais essayer un nouvel auteur. Ou alors une nouvelle collection. J’ai remarqué qu’il y en avait plusieurs à la dernière librairie. Je me demande quelle est la différence entre la rouge et la mauve?

J’ai sorti une ration et j’allais commencer à manger quand le bruit très intense d’un estomac qui gargouille m’en a empêchée. C’était Abigail. Elle avait bien évidemment faim, mais elle ne disait rien. Elle m’était trop sympathique pour que je la laisse mourir de faim et de toute façon, il me restait quelques rations dans mon sac.
-Tiens!
-T’es sûre?
-Oui, j’en ai d’autres.
-Merci!
-De rien!
Je la trouve vraiment gentille. Il faudra que je prenne le temps de faire plus ample connaissance avec elle un de ces quatre. Certains du groupe se sont débrouillés avec les moyens du bord pour se trouver un souper. Maël a réussi à capturer un lièvre, mais en le dépeçant (Yark! Pourquoi je regarde ça? C’est sick!) elle s’est rendue compte qu’il s’agissait d’une maman lièvre et elle a été incapable de la manger. Elle avait l’air si piteuse que je suis allée la pater. Quant à notre nouveau venu, Biloss, il a prouvé son efficacité. Quentin a creusé un trou dans le sol et a mis un genre de toile dedans. Biloss a ensuite fait apparaître de l’eau dedans. J’ai ainsi pu remplir ma gourde.

Mon repas terminé et quelques chapitres de lus, j’ai commencé à me préparer pour me coucher. François est venu me voir et m’a tendu sa couverture.
-J’en ai déjà une.
-Pour la deuxième fois, vous allez mettre votre tête sur quoi?
-…D’accord, merci.
Que répondre à ça? Rien du tout. Je dors effectivement mieux avec une autre couverture pliée sous moi. J’apprécie sa gentillesse, mais je ne veux pas trop dépendre de lui. Je sais que le monde est un endroit difficile et dur, mais je dois quand même apprendre à me débrouiller toute seule. Il rend tout plus facile pour moi, mais je risque de m’y habituer s’il continue. Ce n’est pas que ce soit une mauvaise chose qu’il soir gentil, ça l’est, mais si je me repose trop sur lui je risque de devenir dépendante de lui. Et je ne veux pas ça. I want to become strong by myself because François is not always going to bet there to make the bad things go away.

J’ai étendu la couverture par terre et j’ai remarqué que Sakurako demandait à Takeo pour brosser ses cheveux. Elle disait qu’ils étaient trop emmêlés pour pouvoir laisser une pixie vivre là. Elle a réussi à le convaincre. Je dois admettre que c’était un spectacle assez amusant, de voir la petite arcadienne brosser les cheveux du samouraï qui avait l’air découragé. C’était amusant et aussi fascinant : tout le monde avait les yeux fixés sur eux. Takeo n’a cependant pas voulu se laisser faire des tresses. Sakurako avait l’air déçue.
-Sakurako, aie-je commencé, mes cheveux ne sont pas aussi longs, mais tu peux me faire des tresses si tu veux.
Elle a eu l’air toute contente. Elle s’est placée derrière moi et elle m’a brossé les cheveux avant de me faire des tresses. Je lui ai ensuite fait la même chose. Puis fut venu le temps du dodo. Je me suis couchée en petite boule sur la couverture de François, entourée de la mienne, et je suis partie au pays des songes.

Après une nuit sans problème, je me suis réveillée au son du chant des oiseaux. Sweet melody… Tout le monde était déjà à peu près réveillé. Je me suis assise et j’ai entrepris de défaire les nombreuses tresses que Sakurako m’avait faites la veille et ensuite de me peigner.
-Pourquoi les filles prennent toujours du temps à se préparer? a commenté François.
Je me suis sentie visée par le commentaire alors je n’ai rien dit. Je suis une fille et je suis effectivement en train de retarder les autres. J’ai donné quelques coups de brosse supplémentaires dans mes cheveux et je les ai attachés sommairement. J’ai resserré ma couverture sans vraiment la plier, mais j’ai quand même pris le temps de plier celle de François. Il avait été gentil de me la prêter, alors je ne pouvais pas la lui redonner dans cet état.
-Tenez, merci.
-De rien. Vous voulez monter?
-…D’accord.
(Il y avait une éternité que je n’étais pas grimpée sur un cheval. J’espère ne pas trop faire une folle de moi.)
Il m’a aidée à monter et a gardé les reines dans ses mains. Peut-être qu’il s’imaginait que je ne savais pas me débrouiller sur un cheval? Ou alors il voulait juste rester près de moi…?
-Quelqu’un connaît une chanson? a demandé Quentin.
-Moi! lui aie-je répondu.
Qu’est-ce que je pourrais bien chanter? Quelque chose d’entraînant… Une chanson de voyage… Je me suis creusée la tête durant quelques secondes et j’ai fini par trouver une chanson qui ferait l’affaire.

Go Leila, tu es capable. J’ai commencé à chanter et j’ai chanté durant un long moment. C’était d’ailleurs le seul son qui était entendu pendant que nous voyagions. J’ai arrêté quand ma gorge a commencé à être sèche.
-Jolie voix, m’a complimentée François.
-Merci.
-La prochaine fois, ça sera mon tour.
-(Vous chantez?) D’accord.
Vous ne m’aviez pas dit que vous saviez chanter. J’ai hâte d’entendre ça… Avec la voix que vous avez, je suis certaine que ce sera très bien. Biloss s’est approché du cheval et a dit à François qu’on déviait du chemin qui devait nous mener à Tashikani. François lui a répondu qu’on avait le choix de voyager à travers forêt et montagne ou de prendre un autre chemin pour trouver un moyen de transport. Trouver un moyen de transport? Je me demande de quoi il s’agit… Biloss lui a proposé son aide et François lui a demandé s’il était honnête. «Pas vraiment», lui a dit Biloss. J’ai préféré ne pas me mêler de la conversation. Si quelque chose de pas très légal était prévu et que j’intervenais, la discussion risquait de s’envenimer.

À la fin de la journée, un gros village a été aperçu au loin. Enfin! La civilisation!
-Pour ceux qui veulent dormir à la belle étoile, a commencé François, voilà un chêne. Pour les autres, il y a l’auberge.
Maël, Takeo et Sakurako sont restés derrière. Moi je suis restée sur le cheval, dont François tenait toujours les rênes. Nous sommes allés jusqu’à l’auberge, mais François a continué jusqu’à l’écurie. Il m’a aidée à descendre puis il s’est occupé des chevaux. Tout le monde était parti alors j’ai décidé de rester avec lui pour lui tenir compagnie. Quand je dis «tenir compagnie», je veux dire le regarder s’occuper des chevaux. Je suis capable de m’occuper d’un cheval, mais pas avec autant de plaisir que François. Il aime les chevaux, c’est évident. Quand il a eu fini, nous sommes rentrés à l’auberge pour retrouver tout le monde. Nous sommes allés rejoindre Quentin, qui parlait avec l’aubergiste. Une chambre à un lit c’était 1 pa et une chambre avec deux lits c’était 3 pa, mais le déjeuner était compris.
-Vous voulez qu’on prenne une chambre à trois? m’a proposé Quentin.
-Ils ont des chambres à trois lits?
-Ne vous en faites pas avec ça.
-D’accord.
Ça va me faire plaisir de partager leur chambre. Ça me donnera peut-être l’occasion de faire plus ample connaissance avec Quentin.
-Qui garde la clé? m’a demandé Quentin.
-…Je peux la garder, lui aie-je répondu.
-D’accord, tenez. De toute façon, je peux ouvrir la porte sans.
Je vois… Tu es douée pour ce genre d’activités…

J’ai laissé les deux jumeaux et je suis montée à l’étage pour déposer mes affaires dans la chambre. Je les ai ensuite rejoints à une table pour le souper. Le reste du groupe était éparpillé un peu partout dans la salle.
-Alors Quentin, parle-moi de toi! lui aie-je demandé.
-Je ne pense pas que vous ayez envie de savoir.
-Mais oui! Raconte-moi tout en détail!
-C’est simple, m’a répondu François. Courir, meurtre, courir, meurtre…
-Mais avant «courir-meurtre», qu’est-ce qu’il y avait?
Quentin est devenue blanche comme un drap et elle a détourné le regard.
-Je ne m’en souviens pas, m’a-t-elle répondu.
Oups, j’ai gaffé. Je ne voulais pas raviver des mauvais souvenirs. Désolée Quentin.

Bon… Je pense que je vais arrêter de discuter avec eux. Si je cherche à en savoir plus, Quentin sera encore plus mal à l’aise et François risquerait de se fâcher contre moi parce que sa sœur se sent mal à cause de moi. I’ve seen himwhen he’s angry and I wouldn’t want him to feel that way towards me. I think it would scare me. Je ne pouvais pas parler avec Quentin, mais je n’avais pas envie de passer tout le souper en silence. Il y a bien ces bardes qui mettent un peu d’ambiance dans la salle, mais ils ne sont pas si terribles que ça. Enfin, ils ne sont pas mauvais, mais ils pourraient être meilleurs. Mmmm… Biloss a l’air d’avoir la parole facile. Je lui ai demandé de me parler de son passé et il n’a pas eu de problème à le faire. Il m’a dit qu’il était orphelin et qu’il avait été chassé de son village. Il avait ensuite traîné pendant un moment avec des marchands qui étaient sympas. J’aurais bien voulu lui poser quelques questions, du genre : d’où venait-il exactement? Quelles raisons l’avaient poussé à l’exil? Comment s’était-il retrouvé à voyager avec les marchands et pourquoi les avait-il quittés?

J’aurais voulu lui demander beaucoup de choses, mais François et Quentin nous ont distraits. François a murmuré quelque chose à l’oreille de sa sœur et celle-ci a quitté la salle. Il a ensuite sorti des trucs de son sac et a commencé à les assembler. Biloss avait un point d’interrogation au-dessus de sa tête, mais moi j’ai su tout de suite qu’il s’agissait d’un instrument de musique. Mais que voulait-il faire avec? En jouer bien sûr, mais… Oh. C’est peut-être à ça qu’il faisait allusion quand il disait que la prochaine fois c’était lui qui allait chanter. Alors il sait chanter et jouer d’un instrument? Je me demande quels autres talents cachés il a… Quand il a eu fini d’assembler son instrument, il est allé s’installer plus loin dans la salle. Il a commencé à jouer et à chanter et Quentin est arrivée et… Elle avait l’air de danser très bien, elle était… très aguichante avec les clients et habillée vraiment trop sexy, mais je dois avouer que je ne l’ai pas vraiment regardée. Mon regard était fixé sur François et mes oreilles concentrées sur sa voix. Il chante… vraiment bien… Sa voix est aussi belle sinon plus que lorsqu’il fait simplement parler. Sa voix est… si… captivante… Dieu merci, j’ai réussi à ne pas le regarder avec la bouche grande ouverte, mais je ne l’ai néanmoins pas quitté des yeux tout le temps qu’il a chanté. Ça m’a cependant gênée un peu de le regarder autant et j’ai détourné le regard à quelques reprises.

Quand le spectacle fut fini, des applaudissements se sont fait entendre de toutes parts et des clients leur ont lancé des pièces. J’étais trop sous le choc pour faire autre chose qu’applaudir. Quentin a ramassé les pièces et elle est partie. François s’est levé et est venu vers nous.
-Bonne nuit groupe.
-…Bonne nuit…
(Ça c’était moi.)
Il a ensuite pris la direction des chambres.
-Wow…
(Ça c’était encore moi.)
Je n’en reviens toujours pas à quel point il chante bien. Je me sens presque poche à côté de lui. Peut-être qu’on pourrait chanter quelque chose ensemble un jour? Ou je pourrais lui demander de me montrer comment jouer de son instrument? Il y a tant de choses qu’il pourrait m’apprendre et qui me seraient utiles : jouer de son instrument, avoir le sens de l’orientation, danser, jouer aux cartes, être capable de repérer des traces dans le sol… J’admets que pour la danse, la musique et les cartes c’est un peu moins utile, mais ça serait amusant. J’ai bien aimé danser. Juste pour le plaisir de voir les regards d’étonnement de mes parents le jour où je leur montrerais que je sais danser, je devrais demander à François de continuer à me donner des leçons. Enfin… Ça c’est si jamais je revois un jour mes parents…

Le choc du spectacle passé, j’ai décidé de monter me coucher. Dans la chambre, j’ai trouvé François assis sur son lit et Quentin assise par terre à compter méthodiquement les pièces qu’ils avaient gagnées : l’or avec l’or, l’argent avec l’argent et le cuivre avec le cuivre. C’était fascinant de la regarder faire.
-Vous avez des problèmes d’argent? m’a-t-elle demandé, en voyant que je l’observais.
-Non, non! J’étais fascinée, c’est tout!
Elle est retournée à son comptage et moi je me suis préparée à me coucher. «Préparer» est un bien grand mot en fait. J’ai enlevé mes bottes et je me suis glissée sous les couvertures. En temps normal, j’aurais enlevé mon habit de voyage pour ne garder que ma tunique verte, mais en ce moment… En ce moment, il y avait un homme dans la pièce. Ma tunique avait beau ne pas être ce qu’il y avait de plus révélateur, elle laissait quand même voir trop de mes jambes pour que je me sente à l’aise de la porter devant François. J’ai souhaité bonne nuit aux jumeaux et j’ai fermé les yeux. Je me suis endormie en entendant dans ma tête François qui chantait. I like his voice…

Quand je me suis réveillée le lendemain matin, le silence régnait dans la chambre. Je me suis étirée et j’ai regardé autour de moi. François dormait dans le lit d’à côté, mais aucune trace de Quentin. Je ne voulais pas réveiller François juste pour lui demander s’il voulait déjeuner (et puis m’approcher aussi près d’un homme que je connais à peine alors qu’il dort, ce n’est pas très convenable, non?), alors j’ai rassemblé mes affaires en essayant de faire le moins de bruit possible. Je me suis levée sur la pointe des pieds et je me suis dirigée vers la porte.
-Salut beauté…
Je me suis aussitôt immobilisée et je me suis lentement retournée vers lui.
-…Salut. Désolée, je ne voulais pas vous réveiller.
-Ça va. Une plume qui tombe par terre me réveillerait.
-Ok. Où est Quentin?
-Peut-être sous le lit…?
-…
J’ai eu envie de vérifier, mais je me suis retenue. J’aurais eu l’air de quoi? D’une fille vraiment trop curieuse.

-Vous voulez aller déjeuner? lui aie-je demandé.
-D’accord.
Il a tassé ses couvertures et il s’est assis sur le lit. Il était torse nu. Je me suis aussitôt retournée dos à lui. S’il me voyait le visage en ce moment, il verrait que j’étais rouge tomate. J’étais terriblement gênée. Ça, c’était une situation inconvenante : être aussi près d’un homme qui est torse nu et qui n’est ni mon petit ami ni mon mari. C’est vrai, j’ai vu très accidentellement Kikuchi avec encore moins de vêtements, mais avec François, ce n’était pas pareil. J’étais rouge comme une tomate, mon cœur battait plus vite et il y avait cette petite voix, très loin dans le fond ma tête, qui me murmurait tout bas, de façon à ce que n’importe quel bruit l’aurait cachée, mais juste assez pour que je l’entende : retourne-toi… Je ne l’ai bien entendu pas fait et j’ai attendu sagement qu’il s’habille.
-Désolé, je n’avais pas pensé à…
-Ça va, pas de problème…
(J’ai juste failli avoir une crise cardiaque, façon de parler)
Quand il fut de nouveau décent, il s’est approché de moi et m’a ouvert la porte pour que je sorte en premier. Je lui ai fait un petit signe de tête pour le remercier de sa galanterie et je me suis dépêchée de sortir de la chambre. J’espère qu’il n’a pas remarqué que j’étais toute rouge…?




Nous sommes descendus en bas et nous nous sommes assis à une table. François a fait signe à l’aubergiste et lui a demandé de façon autoritaire le petit déjeuner.
-Tout de suite monsieur! Tenez! Il est très content de vous voir!
Il nous a servis des bols de gruau avec deux œufs dedans qui étaient placés comme si c’était des yeux. François et moi nous nous sommes regardés, incrédules. Est-ce que notre bol de gruau est vraiment en train de nous regarder?
-C’est une coutume humaine? a demandé François.
-Non, lui a calmement répondu Takeo, qui était assis plus loin.
(Tout de même, merci mon dieu d’avoir fait de moi une elfe!)
Nous avons mangé rapidement et François nous a ensuite demandé si nous avions des trucs à faire avant de partir. Nous étions quelques uns à devoir faire des commissions alors nous sommes partis en ville. Je n’avais que des rations à acheter, alors je suis rapidement revenue à l’auberge.

Tout le monde étant réuni, nous avons pu partir tout de suite. François m’a encore proposé de monter sur un cheval et j’ai accepté. Ça fait du bien de reposer un peu mes pieds. C’était une très belle journée pour voyager et rien ne prédisait que quoi que ce soit aurait pu la troubler. Nous étions sur la route, c’était le calme plat quand des bruits se sont faits entendre plus loin sur la route. Quand j’ai regardé au loin, j’ai vu des cavaliers qui venaient vers nous. Je ne pouvais pas voir s’ils étaient hostiles ou pas, mais je n’ai pas voulu prendre de chance. J’ai donc sorti mon arbalète, juste au cas.
-C’est bien, m’a complimentée François, vos réflexes se développent.
-…
Réflexes ou intelligence, je ne sais pas, mais quoi qu’il en soit, pleins de gens nous courent après pour diverses raisons que je ne connais pas alors mieux vaut être préparés au pire. Je me suis aussi mise à chanter, pour encourager tout le monde. Mon intuition m’a bien servie, car il s’agissait effectivement de gens hostiles. Ils étaient environ une douzaine et ils étaient habillés tout en noir.

Durant le combat, nous avons malheureusement été divisés en deux groupes, car Sakurako a créé un mur d’eau et nous a sans le vouloir séparés. Je n’avais pas particulièrement envie de me battre, mais comme je n’avais pas le choix, autant le faire par terre. Je ne me sentais pas du tout à l’aise de me battre sur un cheval. Je n’ai pas réussi à toucher quelqu’un (je ne voulais pas tuer, juste blesser), mais je ne me suis pas fait toucher non plus. Je commençais à me sentir un peu inutile. Tout le monde semblait bien se débrouiller et les cadavres s’accumulaient. Ça, c’était en train de me rendre malade. Pourquoi il faut absolument tuer? Pourquoi nous ne pourrions pas seulement les mettre inconscients, prendre leurs chevaux et partir? J’aurais voulu faire plus pour aider à part chanter, mais ça ne semblait pas possible pour l’instant. Quand le mur d’eau a finalement disparu, j’en ai eu l’occasion. Takeo et Maël semblaient blessés plutôt sérieusement, alors j’ai couru vers eux. Je n’avais pas beaucoup de sorts, mais je pourrais quand même en healer un des deux et faire des bandages à l’autre.

J’ai commencé par me diriger vers Takeo, comme il était un peu plus près, mais Quentin est arrivée avant et elle lui a donné quelque chose qui a eu l’air de le healer complètement. J’ai donc bifurqué vers Maël. J’ai à peine eu le temps de poser mes mains sur elle qu’elle me repoussait en me mordant le bras. Ow! Pourquoi tu me mords? Je voulais juste te healer, pas t’attaquer. Ça va m’apprendre à vouloir aider tout le monde. Je n’avais pas envie d’attendre là et risquer qu’elle m’attaque encore (elle avait l’air assez enragée comme ça) alors j’ai décidé de rebrousser chemin vers la seule zone de sécurité que je connaissais en ce moment : François. Mais les choses étaient aussi sécuritaires de ce côté qu’ici : Abigail était en train d’attaquer François. J’en ai manqué un bout ou quoi? Je sais bien que ce n’est pas l’amour fou entre eux, mais de là à s’attaquer… Elle a réussi à le toucher quelques fois, mais pas assez pour que sa vie ne soit en danger. Tant mieux. Quentin s’est interposée entre les deux et elle a été blessée. Le combat s’est terminé après ça. Quentin a demandé à Abigail si elle avait vraiment essayé de tuer son frère et Abigail a admis que oui sans broncher. Et elle n’a même pas pu fournir de raisons à son geste. Quentin ne s’est pas gênée pour la gifler. Elle avait l’air très choquée. Je l’étais aussi et également déçue, très déçue. Je la trouvais super sympathique et voilà ce que ça donne. François avait raison. Les méchants ne portent pas toujours des étiquettes «Je suis un méchant». Il avait aussi raison en ce qui concerne Abigail, quand il disait qu’elle finirait par me blesser. Ce n’est pas moi qu’elle a attaquée mais ça m’a quand même blessée. Alors d’est ça que ça donner, quand on trouve des gens gentils et/ou qu’on veut les aider? On se fait attaquer? Ça va m’apprendre à vouloir aider les autres sans me poser de questions. Je vais faire plus attention la prochaine fois.

Je suis allée rejoindre François et Quentin. Il était en train de bander un de ses bras alors je me suis occupée de l’autre.
-Je me sens comme une momie, a commenté Quentin.
-Je vois un bleu sur le front, lui aie-je dit. On pourrait peut-être mettre des bandages tout autour de la tête?
-Oui, on pourrait, a répondu François.
Il avait l’air très fâché contre elle. Je crois que ça a un rapport avec ce qu’elle a donné à Takeo pour le soigner (et aussi avec le fait qu’elle s’est fait blesser inutilement). J’aurais aussi été fâchée si ma sœur avait pris de tels risques. Moi, fâchée? J’ai un peu de difficulté à l’imaginer. Momie-Quentin n’ayant plus de centimètre de peau visible à part sur sa tête, j’ai décidé de m’occuper de son frère. Ses blessures n’étaient pas graves, mais il fallait néanmoins qu’elles soient soignées. Je suis allée m’assoir à côté de lui et j’ai bandé ses plaies du mieux que je pouvais.
-Ce n’est pas nécessaire, a-t-il protesté.
-Hé!
(Ce n’est pas le moment de faire ton fier! Tu es blessé alors je m’occuper de toi et tu n’as pas ton mot à dire!)
François s’est penché vers moi.
-Ce n’est pas moi qui vais se plaindre que vous me touchiez, m’a-t-il murmuré tout bas.
-…
Je me suis immobilisée quelques secondes et j’ai continué à faire son bandage les yeux bien fixés sur son bras. Je n’ai rien dit, mais je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Je suis contente que ça vous ne dérange pas parce que moi ça ne me dérange pas. Enfin… Je veux dire… Je vous fais confiance et… et… je crois… je crois que vous me plaisez...
Oh mon dieu… Est-ce que je viens vraiment de penser ça? J’espère qu’il ne peut pas lire dans les pensées… S’il ne le peut pas, il n’aura qu’à me regarder pour se douter de quelque chose. Je suis si transparente et tellement mauvaise menteuse. Il n’aura qu’à me poser les bonnes questions et il se doutera de quelque chose. Mais je ne devrais pas m’en faire avec ça. Je ne sais pas ce qu’il pense de moi et de toute façon, ça n’a pas d’importance. J’ai cru comprendre qu’il avait déjà… été avec au moins une fille et je ne suis pas assez idiote pour ne pas savoir qu’un homme s’attend à… certaines choses d’une fille qu’il fréquente. Quel que soit l’intérêt qu’il me porte, j’imagine déjà sa réaction quand je lui dirai que je ne peux rien faire avant le mariage parce que j’ai été élevée comme ça. Il va probablement s’enfuir en courant.

J’ai fini de m’occuper de lui sans dire un mot. J’avais trop peur de me mettre à bafouiller ou rougir. Je me suis ensuite éloignée en faisant mine de me dégourdir les jambes. J’ai vu Takeo s’approcher de François et lui dire que s’il voulait tuer Abigail, personne ne s’interposerait.
-Je ne commets pas de meurtre devant ma sœur, lui a-t-il répondu. Ça ne sera pas un combat, ça sera un meurtre.
La discussion ne me plaisait pas, mais je ne m’en suis pas mêlée. Je pouvais comprendre qu’on ait envie de se venger de quelqu’un qui a essayé de nous tuer et qui a blessé la personne qu’on aime le plus au monde, mais… un meurtre? Il n’y aurait pas d’autres solutions? Genre… La chasser du groupe? Ça ne servirait à rien que j’en parle, personne ne m’écouterait de toute façon. Il fallait maintenant nous remettre en route. Nous n’aurions aucun problème de moyen de transport. Biloss avait passé une partie du combat (et après) à courir après les chevaux de ceux qui nous avaient attaqués.
-On part? a demandé François, en me regardant.
J’ai pensé sur le coup qu’il sous-entendait lui, Quentin et moi et je dois avouer que pour une fois, j’aurais vraiment été tentée d’accepter de quitter le groupe.
-Oui, lui aie-je répondu, juste le temps que je me repatche.
Maël m’avait peut-être seulement mordue, mais une morsure à 4 points de dégât, ça fait mal. François s’est approché de moi et il m’a pris mes bandages des mains. J’étais mal placée pour protester et dire que je pouvais m’en sortir toute seule, alors je l’ai laissé faire, le regard fixé sur ses mains.

Il m’a ensuite fait monter sur le cheval (pourquoi je ne lui dis pas que je peux le faire toute seule?) et tout le monde en selle (ça a été assez drôle de voir les réactions de Maël et de Takeo avec les chevaux), nous sommes partis. Nous avons chevauché toute la journée, jusqu’à ce qu’il fasse nuit. J’étais si fatiguée, physiquement et émotionnellement, que je me suis dépêchée de manger ma ration pour pouvoir me coucher au plus vite. Ma blessure n’était pas grave, mais je préférais ne pas enlever mon bandage tout de suite. Mmmm… C’est plus difficile que je le pensais, se faire un bandage sur le bras. Je n’ai pas eu à me creuser la tête bien longtemps. Quelqu’un est apparu à côté de moi comme par magie pour m’aider à refaire mon bandage. C’était bien sûr François. Il a refait mon bandage et il m’a ensuite encore prêté sa couverture. Cette fois-ci, je n’avais pas la force de protester. Je l’ai donc remercié et après son départ, je me suis enroulée dans nos deux couvertures. Il va vraiment falloir que je pense à m’acheter une autre couverture, parce que je ne peux pas constamment dépendre de lui comme ça. Je dois devenir plus forte. Oui, plus forte… Je me demande si je vais l’entendre chanter de nouveau un jour…?

vendredi 11 juillet 2008

Entry 6

Cher journal,

J’ai passé une excellente nuit. Il y avait longtemps que je n’avais pas dormi dans un matelas aussi confortable et dans des draps aussi doux. Quand le soleil s’est levé, je n’avais aucune envie de me lever. J’étais si bien… En ce moment précis, je ne pensais pas du tout à tous les problèmes qui risquaient de m’attendre à l’extérieur de cette pièce. Je pouvais me contenter d’être simplement Leila et profiter de la vie. Je serais restée couchée des heures encore, mais une délicieuse odeur de pain doré est parvenu jusqu’à mes narines. Sniff… Sniff… Je n’ai pas réussi à résister à la tentation et je suis partie à la recherche de cette odeur si agréable. Sur le petit balcon, un plateau rempli de nourriture m’attendait, accompagné d’un vase avec une rose à l’intérieur. Cela ne pouvait provenir que de François. La rose n’est pas ma fleur préférée, mais je la trouve quand même très belle. Elle a quelque chose de noble. C’est peut-être pour ça qu’il l’a choisie…? Il m’a bien déjà dit qu’il me trouvait jolie et noble. La rose a aussi une signification romantique je crois, non? Euh… Est-ce que c’est pour ça qu’il a choisi cette fleur? Euh… Qu’est-ce que je fais si c’est le cas? S’il est en train de me faire la cour? Je ne sais pas si je pourrais… La dernière fois…

Il cherche probablement seulement à être gentil avec moi, c’est tout, alors inutile de me préoccuper avec ça pour l’instant. Surtout quand un repas si tentant m’attend. Il y avait plusieurs aliments différents, toutes des choses qui risquaient de plaire à une elfe. J’ai pris un peu de tout, car tout me semblait absolument délicieux. J’ai eu l’estomac plein bien avant que mon assiette ne soit vide.

Toc, toc.

-Oui?
-Je peux entrer mademoiselle?
-…Oui!
Je suis allée à la rencontre de la servante. Elle tenait une grande boîte dans ses mains.
-Aurez-vous besoin d’aide pour vous habiller mademoiselle?
-Euh… non. Je me suis toujours habillée toute seule, alors ça devrait aller.
-Très bien!
Quand elle fut partie, j’ai déposé la boîte sur le lit. Un grand ruban bleu avec un nœud la tenait fermée. J’ai défait le ruban, enlevé le couvercle et j’ai vu une feuille pliée en deux et sous la feuille, du papier de soie qui cachait à ma vue le contenu de la boîte. J’ai déplié la feuille pour lire le message qu’elle contenait : Se promener en ville avec des habits de voyage, c’est laid. Ce n’était pas signé, mais je savais qui l’avait écrit. Je ne voulais pas vraiment accepter de cadeaux de lui, parce que j’avais peur qu’il s’attende à recevoir quelque chose en retour, mais ma curiosité a été piquée. J’ai arraché le papier de soie et j’ai vu la plus jolie robe qu’il m’avait été donné de voir depuis des lustres. C’était une robe d’été à larges bretelles, avec un décolleté juste comme il faut, de couleur blanche avec des motifs bleus et une large ceinture de la même couleur. J’aurais vraiment l’impression d’être une dame avec ça sur le dos. Il y avait si longtemps. Mais je ne devrais pas être si futile. Mais j’ai tellement envie de la mettre… Au diable la bonne conduite pour une fois! Elle est trop jolie pour que je ne la mette pas!

Je me suis déshabillée à la vitesse de l’éclair et j’ai pris tout mon temps pour mettre la robe. Le tissu était de très bonne qualité et elle me faisait comme un gant. Je me suis regardée dans le miroir et j’ai eu l’impression de voir une autre personne. Il y avait si longtemps que je n’avais pas porté une robe aussi belle. Tout en continuant de m’observer, j’ai essayé de me refaire une beauté en remettant de l’ordre dans mes cheveux. J’ai défait mes tresses et j’ai fait du mieux que je pouvais avec ce que j’avais. Je ne ferais pas honneur à la robe si j’avais l’air d’une pouilleuse. Quand j’ai été satisfaite du résultat, j’ai pris ma cape et je suis descendue dans le hall de l’hôtel. François n’était peut-être pas levé, ce qui expliquerait pourquoi il n’est pas venu me trouver, et je ne voulais pas le déranger. J’ai donc décidé d’aller faire un tour en ville par moi-même. Respirer de l’air frais serait des plus agréables en cette journée magnifique.

Quand je suis arrivée au rez-de-chaussée, j’ai vu que François y était déjà, assis à une table. Il m’a dit qu’il m’attendait et m’a complimentée pour la robe. Je l’ai bien entendu remercié. François était un gentilhomme et je ne serais pas une dame si je ne prenais pas la peine de lui dire merci. Il voulait encore m’emmener en ville. Pourquoi pas? Il y avait probablement plusieurs endroits que je n’avais pas encore vus. François s’est placé derrière moi et m’a aidée à mettre ma cape sur mes épaules. J’aurais très bien pu réussir toute seule, mais il était si galant que je n’ai pas eu envie de refuser. Ça fait du bien d’être traitée comme une dame. Je ne me souviens pas de la dernière fois que… En fait, je m’en souviens, mais je préfère oublier. François m’a tendu son bras, que j’ai naturellement pris et nous sommes sortis.

Il m’a emmenée dans un magnifique jardin. Il fallait même payer pour entrer. Il y avait plusieurs grands arbres qui empêchaient le soleil de gêner les gens qui se promenaient et aussi plusieurs variétés de fleurs toutes aussi ravissantes les unes que les autres, des bancs pour les marcheurs qui étaient fatigués et beaucoup d’espaces verts où les gens pouvaient s’assoir et piqueniquer. C’était plutôt romantique comme endroit. Il y avait en effet plusieurs couples autour de nous. Maintenant que je regarde autour de nous, je me rends compte que c’est le genre d’endroit où un homme amène sa petite amie. Euh… Est-ce que ça veut dire que François aurait des vues sur moi ou se montre-t-il vraiment juste gentil? Je ne sais pas comment je réagirais si la première option se révélait vraie. La dernière fois, ça ne s’est pas super bien terminé. Je ne sais pas si je serais prête à recommencer. Je passe des moments très agréables avec François, mais j’ai quand même peur.

Nous nous sommes promenés toutes la journée, parlant de tout et de rien, ne nous arrêtant que pour dîner. Nous sommes retournés à l’auberge quand le soleil se couchait. François m’a raccompagnée jusqu’à ma chambre, mon bras étant toujours accroché au sien. Il m’a fait un baisemain avant de s’éloigner.
-Je ne voudrais pas m’imposer, mais nous pourrions déjeuner ensemble demain, m’a-t-il proposé.
-Et bien… Quand je me lèverai, je pourrais venir vous chercher?
-Très bien. Oh et si vous ne vous couchez pas tout de suite… pratiquez vos cartes.
-…D’accord.
Je savais que j’avais été pourrie quand nous avions joué. En attendant le souper que je m’étais commandé, je me suis pratiquée avec un jeu de cartes qui traînait dans ma chambre. Ce n’était pas évident de dire si je m’améliorais comme j’étais toute seule, mais je n’ai pas l’impression que c’était le cas. Quand mon souper est arrivé, je me suis installée sur le balcon pour manger.

J’étais perdue dans mes pensées quand j’ai vu Abigail qui marchait dans la rue. En fait, qui est passée plusieurs fois au même endroit. C’est vrai : j’avais oublié qu’elle avait autant le sens de l’orientation que moi. Au bout de son cinquième passage, je me suis décidée à lui dire bonjour. François ne l’aimait pas, mais moi je la trouvais plutôt sympathique. Nous avons discuté un peu. Heureusement, elle se portait bien. Nous avons été interrompues par Maël, qui a dit qu’il y avait une autre elle-même dans les parages et qu’il fallait la trouver parce qu’elle connaissait le gars aux cheveux blancs ou pour qu’elle les aide à tuer le gars aux cheveux blancs. Ok… Je ne savais pas si je devais la prendre au sérieux ou me mettre à rire. Je réfléchissais à la question quand on a cogné à ma porte. C’était François. Comme Quentin n’était toujours pas arrivée, il voulait partir à sa recherche. Bien entendu, je partais avec lui. Quentin avait l’air d’une fille super gentille et je voulais la sauver.
-Vous savez, aie-je commencé, vous avez manqué un étrange spectacle.
-Ah bon?
-Oui… Abigail est passée dans la rue. Maël l’a rejointe et elle a dit qu’il y avait une autre elle-même et qu’il fallait la trouver.
-Vraiment? Je reviens tout de suite…

-D’accord… Je vais préparer mes affaires pendant ce temps-là…

Je n’ai pas aimé le ton que François a employé alors dès qu’il est parti, je me suis dépêchée de me changer et de rassembler mes affaires. J’ai caché au fond de mon sac la robe qu’il m’avait donnée et le mot qu’il m’avait écrit. Je n’avais pas envie de m’en départir. Pendant que je me préparais, j’ai vu François descendre dans la rue et parler avec Abigail. Euh… Ça ne me disait rien qui vaille, alors je me suis dépêchée de sortir de l’auberge et de partir à leur poursuite. François l’a traînée jusque dans les bas quartiers. Je les ai suivis à une distance raisonnable pour ne pas me faire repérer. Je ne me souviens pas exactement de ce qu’il lui a dit, mais en gros : il la déteste, il la blâme pour ce qui est arrivé à Quentin et si jamais il la revoit, il va la tuer. Euh… Je ne pouvais pas le laisser faire ça, alors je me suis tenue prête à intervenir au cas où. Heureusement, il n’a fait que la menacer avec une boule d’énergie et elle s’est sauvée en volant. Fiou. Il a fait demi-tour et moi je me suis dépêchée de partir. Je ne voulais surtout pas qu’il me voit ici. Malheureusement, avec le sens de l’orientation que j’ai, j’ai pris une éternité à me retrouver. J’ai erré beaucoup trop longtemps dans les bas quartiers et pleins d’hommes m’ont sifflée et fait des propositions… plus qu’indécentes.

J’ai fini par sortir de cet endroit maudit. Enfin! Je vous aime, quartiers huppés! Maintenant, il ne me reste plus qu’à retourner à l’auberge et à attendre François.

-Tiens, tiens… Je suis flatté que vous me portiez assez d’intérêt pour me suivre, m’a dit une voix familière derrière moi.
(Oups, il m’a trouvée.)
-Euh… Je ne vous suivais pas…
-C’est ça! Et vous êtes une tueuse en série qui a assassiné 153 personnes!
-Euh…
-C’était aussi crédible!
-…
(Il faut définitivement que j’apprenne à être plus subtile.)
-Pourquoi me suiviez-vous? m’a-t-il redemandé.
-Et bien… Je n’ai pas aimé le ton que vous avez utilisé avec Abigail, alors j’ai décidé de suivre…
-Quand vous la reverrez, vous lui direz qu’elle a eu la vie sauve juste à cause de vous.
-Est-ce que ça serait possible de ne plus parler de la tuer?
-Elle va finir par vous tuer un jour.
-Je ne crois pas non. Elle a l’air plutôt sympa.
-Parce que vous croyez que tous les méchants portent des uniformes avec des name tags qui disent «Je suis un méchant»?
-Euh…
-Vous, vous seriez du genre à vous faire avoir par un enfant qui vient vous voir avec un bouquet de fleurs. «Madame, achetez-moi un bouquet de fleurs s’il vous plaît! Je n’ai rien mangé depuis deux jours». Et quand vous touchez les fleurs, elles sont empoisonnées et vous mourez.
-…Oui, je me ferais probablement avoir. Ils font vraiment ça?
-Oui. Il faut vous réveiller. Vous n’avez plus le choix. Si vous voulez vous en sortir, vous allez devoir tuer ou demander à quelqu’un de le faire pour vous. Sinon vous allez mourir. Ou alors, ils pourraient vous violer, vous torturer et après vous tuer.
-Muuu... Mais… Je ne veux pas tuer qui que ce soit moi…
-Vous n’avez pas le choix. Ou alors vous pouvez retourner chez vous et toute votre famille se fera tuer avec vous. Qu’est-ce que vous préférez?
-Muuu… Je préfère encore mourir toute seule.

François avait peut-être de bonnes intentions, mais même s’il me l’a répété encore et encore, je ne voulais pas que qui que ce soit meure à cause de moi, quelque soit la raison. Et demander à quelqu’un de tuer pour moi, ça revient au même que si j’enlevais la vie moi-même. Nous aurions pu en discuter des heures sans jamais arriver à une conclusion qui nous aurait satisfaits tous les deux. J’ai donc mis fin à la conversation en disant à François que j’avais toutes mes affaires et que nous pouvions partir chercher Quentin. Tout gentilhomme qu’il est, il m’a tendu son bras pour que je le prenne. J’ai eu une hésitation.
-Avez-vous peur de moi? m’a-t-il demandé.
-…Non.
-Tant mieux.
J’ai pris son bras et nous sommes partis en direction de la sortie de la ville.
(Ce n’est pas que j’ai peur de vous. C’est juste que je n’aime pas votre vision du monde. Tuer ou être tué? Je ne pense pas que j’en serai jamais capable.)

Pratiquement aux portes de la ville, à l’extérieur, nous avons retrouvé tout le reste du groupe. Quentin était saine et sauve, la queue de cheval de Takeo parlait (en fait c’est une pixie qu’il a rencontrée dieu-sait-où et qui se cachait là), Maël parlait encore de trouver son autre elle-même (mais elle ne voulait pas d’aide), Abigail se portait comme un charme (je suis contente, je la trouve vraiment sympa) et il y avait aussi un nouveau venu, Belost (ou Biloss). Je vais devoir lui demander comment ça s’écrit exactement. Je ne voudrais pas l’insulter en prononçant/écrivant mal son nom. Il semble être un drôle de personnage. Quand il a vu François, il a dit un truc du genre «Alors c’est lui le frère!» et il a pris la tête de François sous son bras et il lui a frotté les cheveux. J’ai eu peur que François ne le tue, mais il l’a seulement fait revoler plus loin d’un coup de poing. Ce Belost (ou Biloss) avait aussi l’air d’être plutôt protecteur envers Quentin, n’hésitant pas à interrompre François pour que Quentin puisse donner son avis. Je crois aussi que Quentin lui plaît. Quand elle est allée se changer et qu’elle est revenue habillée en fille, il lui a jeté un de ces regards qui veut dire «wow».

Quoiqu’il en soit, pour l’instant nous nous dirigeons vers Tashkali. C’est là que la vieille folle, pardon je voulais dire la vieille femme qui n’avait plus toute sa tête, a dit à Abigail qu’il fallait aller. Et apparemment, il faudrait être huit. Nous sommes plus nombreux en ce moment, mais peu importe. Je ne croyais pas vraiment à cette histoire, mais comme a dit François, tant qu’à rien faire, c’est une destination comme une autre. Je ne sais pas de quoi cette ville a l’air, mais je serais prête à parier que les ennuis nous y attendent…


Le bonheur n'est pas le fruit de la paix, c'est la paix même.

mercredi 9 juillet 2008

Leila's Hell test

First Level of Hell - Limbo
Charon ushers you across the river Acheron, and you find yourself upon the brink of grief's abysmal valley. You are in Limbo, a place of sorrow without torment. You encounter a seven-walled castle, and within those walls you find rolling fresh meadows illuminated by the light of reason, whereabout many shades dwell. These are the virtuous pagans, the great philosophers and authors, unbaptised children, and others unfit to enter the kingdom of heaven. You share company with Caesar, Homer, Virgil, Socrates, and Aristotle. There is no punishment here, and the atmosphere is peaceful, yet sad.

The Dante's Inferno Test has sent you to the First Level of Hell - Limbo!
Here is how you matched up against all the levels:

LevelScore
Purgatory (Repenting Believers)Very High
Level 1 - Limbo (Virtuous Non-Believers)Very High
Level 2 (Lustful)Very Low
Level 3 (Gluttonous)Low
Level 4 (Prodigal and Avaricious)Very Low
Level 5 (Wrathful and Gloomy)Very Low
Level 6 - The City of Dis (Heretics)Very Low
Level 7 (Violent)Very Low
Level 8- the Malebolge (Fraudulent, Malicious, Panderers)Low
Level 9 - Cocytus (Treacherous)Very Low


Take the Dante's" Inferno Hell Test

dimanche 6 juillet 2008

Entry 5

C'est juste la game de lundi. Pour la game qu'on a eue mardi, ça va attendre à plus tard. J'ai eu beaucoup d'émotions fortes dans une autre game et je veux me dépêcher d'écrire ça pendant que c'est frais à ma mémoire.

Cher journal,

Une fois dans l’auberge, François m’a demandé si je voulais manger. Oui, j’avais faim, mais je me sentais mal de laisser Abigail dehors. Je me suis retournée vers la porte, mais elle était déjà partie. J’ai donc accepté la proposition de François.
-Ça ne vous dérange pas si je commande du vin? m’a-t-il demandé.
-Non, pas du tout, mais je n’en prendrai pas beaucoup.
(Je ne bois tellement pas souvent qu’une coupe c’est déjà beaucoup.)
François s’est conduit en parfait gentilhomme tout au long de la soirée, tirant ma chaise pour moi, versant le vin dans mon verre…Il m’a aussi posé plusieurs questions sur moi. Je ne considérais pas ma vie comme étant particulièrement intéressante, mais si ça pouvait lui faire plaisir. J’ai donc parlé de mes parents, d’où je venais (Il n’avait pas entendu parler d’Idraz’ill, mais comment pourrais-je le blâmer? C’est un trou perdu dans Hopesor.), de mes loisirs, de comment je gagnais ma vie (des petits boulots par-ci par-là)… Je suis seulement restée vague à propos des raisons qui m’avaient poussée à partir. J’ai inventé quelque chose et dieu merci, il n’a pas posé de question. S’il y a un sujet sur lequel je ne désire pas m’entretenir, c’est bien celui-là.

-Parlez-moi de vous, lui aie-je demandé après que j’aie fini de parler.
-Je suis certain que je ne suis pas aussi intéressant que toi… Je peux te tutoyer?
-…Ok…
(Est-ce que c’est convenable de le faire aussi tôt?)
-Mais si ça vous met mal à l’aise…
-Un peu oui…
-D’accord. Alors…
François m’a ensuite brièvement parlé de lui. Ses parents étaient morts il y a bien longtemps. Il fuyait avec Quentin depuis quelques dizaines d’années. Il était guerrier et ses loisirs comprenaient l’entraînement et la lecture. C’est vrai qu’il est un homme cultivé. Mes discussions avec lui sont toutes très intéressantes.

Une fois le repas terminé, il m’a demandé ce que je voulais faire. Je me suis dit qu’un tour en ville serait une bonne idée (j’avais quelques trucs à m’acheter), alors nous y sommes allés.
-Est-ce que je dois mettre encore une cape? lui aie-je demandé.
-C’est l’usage pour les dames ici… Mais avec une allure noble comme la vôtre, vous ne devriez pas avoir de problème…
-…D’accord.
Je me sens toujours bizarre quand il me fait des compliments. Pas nécessairement parce que je me demande s’il a une idée derrière la tête (je ne crois pas qu’il en ait), mais c’est surtout… sa voix. Il a une manière de s’adresser à moi qui me rend… J’ai l’impression de sentir mon cœur s’accélérer à chaque fois, mais je ne comprends pas pourquoi. Je n’ai jamais senti ça, pas même quand…

Nos têtes bien couvertes, nous sommes sortis de l’auberge. François m’a emmenée dans une boutique qui m’a fait peur dès que j’y suis entrée. J’ai su dès que la porte fut ouverte que les prix seraient élevés. Comme de fait, la cape la moins chère était 8 po. J’ai dit à la vendeuse que j’allais y réfléchir.
-Je vous ai dit que vous n’aviez pas à payer, m’a dit François.
-Euh… C’est parce que…
-On ne vous a jamais offert de cadeaux ou quoi? Jolie comme vous êtes, j’aurais plutôt dit le contraire.
-Euh… C’est qu’il y a déjà l’auberge et je ne voudrais pas vous en devoir trop… Je préfère vraiment payer mes propres affaires.
-…Très bien. Vous avez de l’or au moins?
-Oui.
-Bien. Elle va y réfléchir.
Il a fait un petit signe à la vendeuse et nous sommes sortis. Il avait l’air plutôt fâché. J’ai fait quelque chose de mal?

François m’a emmenée dans une boutique un peu plus cheap (genre Wal Mart humain), où le vendeur avait l’air… d’éprouver quelques problèmes mentaux. J’ai pris une cape mauve foncé et un autre Harlequin, pour seulement 1 po. C’était beaucoup plus dans mes moyens, mais le vendeur…
-Rappelez-moi de ne plus venir ici, aie-je demandé à François.
-C’est vous qui avez choisi.
-…Est-ce que vous êtes fâché?
-Non, pas du tout.
-Ok…
(Il avait pourtant l’air fâché. Ça l’a contrarié tant que ça que je refuse son cadeau? Je me doute bien qu’il n’avait aucune idée derrière la tête, mais ça n’aurait pas été bien de ma part d’accepter. Je ne pense pas qu’il soit convenable pour une femme d’accepter des cadeaux d’un homme qu’elle vient à peine de rencontrer.)

Nous sommes ensuite retournés à l’auberge. François m’a fait un baisemain et il est parti dans sa chambre. Je suis retournée dans la mienne et je me suis endormie dès que je me suis couchée sur mon lit. Le lendemain, François m’a fait visiter la ville (j’avais mentionné que je ne connaissais pas l’endroit). Le soir venu, il a voulu m’emmener danser.
-Euh… C’est parce que danser ce n’est pas ma tasse de thé…
-Vous ne savez pas danser?
-Peut-être pas…
-Je pourrais peut-être vous montrer alors?
-…D’accord.
(J’avais toujours tout fait pour me sauver de mes leçons de danse. Parce que ça me rappelait trop ce que mes parents voulaient que je sois, mais François avait tellement l’air d’avoir envie de me montrer que je me suis dit : pourquoi pas?)
-Vous savez jouer aux cartes? m’a-t-il ensuite demandé.
-…Non.
(Je ne sais pas grand-chose en fin de compte.)
-Je vais vous montrer.
Il a donc passé la soirée à me montrer à danser et à jouer aux cartes. François était charmant, drôle et il ne faisait rien pour me mettre mal à l’aise. Dès qu’il sentait que je n’étais pas à l’aise avec quelque chose, il arrêtait. Je ne me rappelle pas la dernière fois que je me suis autant amusée. Je me demande ce que la journée de demain me réserve…



·Bob 7 et Bob 8 : Gendarmes poches dans les quartiers huppés d’Uria
·Bob 9 : Soldat en armure noire de Cirqui


Yesterday is history, tomorrow is a mystery, today is a gift.