jeudi 19 juin 2008

Entry 4 (suite)

Je suis définitivmeent cursée!! Je ne suis pas capable du tout d'écrire des trucs courts! Vous me le direz, hein, si vous êtes tannés que je radote autant?

Je n’ai quand même pas pu résister à l’envie de voir ce qui se passait. Je me suis accroupie derrière un buisson et j’en ai écarté les branches pour voir leur discussion. François ne criait pas, mais je me suis facilement rendue compte qu’il était en colère, rien qu’au ton de sa voix. Il avait aussi blessé Abigail, rien de grave, mais sa blessure ne pouvait pas se healer (un truc anti-arcadien qu’il a dit). Il a finalement dit à Abigail qu’elle pouvait venir avec nous pour chercher Quentin. Je crois qu’il va arranger sa blessure après. Je sens que ça va être un voyage plein de calme et d’harmonie…
-Vous savez, a commencé François, si elle était intelligente, elle vous aurait vue?
(C’est vrai que les oreilles qui dépassent du buisson, ça ne fait pas très subtil.)
-…Je n’ai pas bougé! me suis-je défendue.
-…
Il a eu l’air un peu découragé. Désolée, je sais que j’en ai beaucoup à faire pour réussir un jour à être subtile.

Abigail à nos côtés, nous avons poursuivi notre chemin dans une ambiance très tendue. Dès que nous nous sommes remis en route, j’ai fait un bandage sur la main d’Abigail. Je suis désolée François, mais moi je ne la déteste pas. Et je ne peux pas laisser quelqu’un qui m’est sympathique blessé. François marchait en tête, tassant les branches pour que je ne les reçoive en plein visage. J’ai par contre dû les tasser à l’écart d’Abigail, comme François s’en souciait autant qu’une vieille chemise. Nous avons marché toute la journée, jusqu’à ce que le soleil commence à se coucher. Nous nous sommes donc arrêtés dans une petite clairière. François nous a laissées seules quelques instants le temps d’aller faire je ne sais pas quoi (vérifier si les alentours étaient safe?). J’en ai profité pour demander à Abigail comment allait sa main.
-…Elle est toujours là! m’a-t-elle répondu.
-…Tant mieux!
Elle avait aussi l’air plutôt émue que j’aie pris le temps de soigner sa main. Elle m’a même fait un hug! Je commence vraiment à la trouver sympathique. Quand François est revenu, ce fut à mon tour de partir. Je n’avais pas beaucoup mangé aujourd’hui et mon estomac commençait à gargouiller. Des racines et des fruits sauvages me feraient grand bien. François m’a regardée bizarrement quand j’ai dit ça.
-Bien oui… Des racines… pour manger…
(C’est mal, manger des racines?)
-Un jour je vous emmènerai manger une vraie salade, m’a-t-il répondu.
-…D’accord.
Je n’ai pas eu de difficulté à en trouver près de notre campement. De toute façon, avec le sens de l’orientation que j’ai, je sais que je me serais perdue si j’étais allée trop loin. Il y avait une corde tout autour du campement. François l’a sans doute mise là pour en délimiter les extrémités.

Quand je suis retournée m’assoir, l’ambiance était presqu’à couper au couteau. Je ne sentais pas d’hostilité de la part d’Abigail, mais venant de François… Je suis certaine que ce n’est pas de la faute d’Abigail si Quentin s’est fait enlever. C’était sûrement un accident, alors pourquoi François la déteste-il autant? La colère… La haine… Je pense que je ne comprendrai jamais ces mots-là. Anyway, nous allons retrouver Quentin et tout ira bien, n’est-ce pas? J’ai avancé le bout d’écorce sur lequel j’avais déposé ce que j’avais trouvé vers Abigail, lui signifiant ainsi que je voulais partager avec elle. Elle a avancé sa main vers les racines et…
-Tu pourras en prendre quand tu auras trouvé ce qu’il faut faire, lui a ordonné François.
-Euh…
C’est parce que je lui offre de bon cœur… Elle n’est pas obligée de faire quoi que ce soit en échange…

Ni Abigail ni moi ne bougions. J’avais l’impression que François allait m’arracher l’assiette des mains si je l’avançais vers Abigail. Je me sentais comme si j’étais prise en plein milieu d’une dispute qui ne me concernait pas et je n’aimais pas ça du tout. Moi qui croyais que le voyage allait bien se passer, je me suis lourdement trompée. Est-ce que c’est vraiment si dur de pardonner et de passer à autre chose? Ou à défaut de pardonner, en arriver à un statu quo? Nous en avons pour plusieurs semaines de voyage, alors il vaudrait mieux s’entendre… non? Pendant que nous ne faisions rien, François est allé faire un tour à l’extérieur du camp. Dès qu’il a été éloigné, je me suis penchée vers Abigail.
-Je pense qu’il veut que tu dises «s’il vous plaît».
-Et «merci».
-Ça aussi. Alors quand il reviendra, dis-le, juste pour lui faire plaisir.
-Ok.
Quelques instants après, François revenait… avec un lapin mort dans ses mains. Yark… Il ne va quand même pas manger ça? Je pense que mon dégoût a transparu sur mon visage.
-J’oubliais, vous ne mangez pas ça vous, m’a-t-il dit.
-…Non.
-Vous devriez essayer.
-…Non merci.
(Manger de la viande c’est comme… c’est comme me demander d’avoir l’air méchante. Je ne peux pas faire ça, c’est contre ma nature.)
Comme François était revenu, j’ai regardé Abigail pour lui dire que c’était le moment d’agir.
-Est-ce que je pourrais en avoir, s’il vous plaît? m’a-t-elle demandé.
-Bien sûr.
-Merci.
J’ai jeté un regard à François, lui signifiant «Vous voyez? Elle peut y arriver».

Il s’est détourné le temps de dépecer son lapin, pour m’éviter de voir ça. Je lui suis reconnaissante, parce que juste le bruit c’est pénible alors le voir en direct, je pense que ça m’aurait rendu malade. Quand nous avons eu fini de manger, il commençait à faire plutôt sombre.
-Alors, on repart quand? aie-je demandé à François.
-Je pensais que vous voudriez vous reposer, mais si vous me dites que vous êtes prête à repartir…
J’ai jeté un coup d’œil au ciel, qui était beaucoup trop sombre à mon goût. Je n’avais pas vraiment envie de voyager de nuit.
-C’est vrai qu’on pourrait dormir…
-D’accord.
Il s’est tourné vers Abigail avant de reposer ses yeux sur moi.
-Vous allez me faire la gueule si je l’attache?
-…Quoi? Mais pourquoi?
(Et oui, je vais vous faire la gueule si vous faites ça.)
-Pour éviter qu’elle nous dépouille.
-Nous dépouille? Vous voulez nous dépouiller? aie-je demandé à la concernée.
-Non!
-Ça c’est aussi idiot que dire qu’elle va tuer quelqu’un! lui a-t-il répliqué.
(Moi? Tuer quelqu’un? Euh… Ça ne me tente pas vraiment… Euh… Je vais tuer quelqu’un? Non, pas assez convaincant. Mmmm… Je suis méchante! Non, ça c’est encore pire. Je vais devoir me pratiquer.)
-Vous voyez? Elle ne nous dérobera pas.
-Bien sûr que non, a continué François, puisque je l’ai déjà avertie.
-…
Moi, peu m’importait le métier d’Abigail. C’était notre compagne de voyage et il n’était pas question qu’on l’attache.
-Vous me faites penser à ma sœur, m’a dit François.
-Pourquoi?
-Votre naïveté… Vous voulez toujours donner le bénéfice du doute à tout le monde.
-…
(Peut-être pas à tout le monde, mais au moins à ceux qui ne sont pas evil.)
-D’accord, on ne l’attachera pas.
-Bien.

Je sortais ma couverture de mon sac et François m’a tendue la sienne.
-…J’ai déjà une couverture.
-Et vous allez mettre votre tête sur…?
-Sur mon sac à dos.
-Allez, prenez-la et étendez-la par terre, m’a-t-il demandé d’une voix douce, en faisant un petit sourire.
Ça avait l’air de lui faire vraiment plaisir de me la prêter, alors je me serais sentie mal de refuser.
-D’accord, merci.
J’ai étendu sa couverture par terre et je me suis étendue dessus, m’enroulant dans la mienne. Je me suis couchée en petite boule, entourant mes jambes de mes bras. Avant de fermer les yeux, j’ai vu Abigail faire mine de s’envoler.
-Par terre! lui a crié François. Où je peux te voir!
-…Ok!
Elle est donc redescendue par terre.
-Bonne nuit, a-t-elle dit.
-Bonne nuit, lui aie-je répondu.
J’ai ensuit fermé mes yeux et je me suis tout de suite endormie. Pour la première fois, mon sommeil a été plutôt troublé. Je ne me souviens pas de quoi j’ai rêvé, mais j’ai eu le sentiment de me retourner d’un côté et de l’autre une bonne partie de la nuit. Les événements qui se déroulent autour de moi ces temps-ci doivent m’affecter plus que je ne le réalise.

Quand je me suis réveillée le lendemain matin, la première chose que j’ai vue, ce fut… un chibi dragon bleu qui tenait un lapin toujours vivant. Je pense que je dois être toujours en train de rêver Mais quand j’ai entendu les bruits d’os qui craquent, j’ai réalisé que ça semblait beaucoup trop réel pour ne pas l’être. Je me suis donc cachée sous ma couverture. Je ne veux pas savoir ce que ce dragon ou même Takeo (car je crois bien avoir reconnu sa voix) font ici. Je ne veux pas me faire réveiller de cette façon. Quand les bruits ont eu l’air de s’éloigner un peu, j’ai daigné sortir de ma cachette. Abigail et François étaient déjà réveillés. J’espère qu’ils ne m’ont pas trop attendue.

Quand le petit dragon est revenu au campement, j’ai eu l’occasion de le regarder de près. Je l’ai trouvé tellement mignon que j’ai eu envie de le serrer dans mes bras et de le pater. On aurait dit un gros plushie! Trop cute! Surtout quand il prononce le nom de Takeo. Il dit «Takeooooooooooooo».
Il est cute, mais aussi bizarre. Il disait qu’il n’avait pas de nom, mais une fonction et aussi qu’il cherchait son maître. D’ailleurs, quand il a vu François, il est allé le voir et l’a sniffé.
-C’est lui… mais ce n’est pas lui, a-t-il conclu en s’éloignant.
C’est lui, mais ce n’est pas lui? Tu cherches Quentin alors? Ça semble être le cas, parce que quand il a appris que nous cherchions la sœur de François, il a paru très heureux. Il a aussi dit que François était dangereux. Dangereux? Je me rends bien compte qu’il n’a pas toujours un caractère facile, mais de là à dire qu’il est dangereux? Quand le dragon est passé près de moi, je n’ai pas pu résister à l’envie de le pater. Il s’est frotté contre ma main et s’est mis à ronronner. Trop mignon! J’en veux un comme lui pour ma fête! Mais il risque de devenir très gros plus tard et ça, ça risque de poser problème.

Comme nous devions aller chercher Quentin au plus vite, le dragon nous a proposé de nous transporter sur son dos en devenant plus gros. Ok… Aussitôt dit, aussitôt fait et le dragonnet est devenu dix fois plus gros. Wow... J’étais très impressionnée, ce qui m’a permis de cacher à quel point j’étais excitée. Je vais enfin voler! Bon, d’accord. Ce n’est pas comme si je volais moi-même, mais c’est tout comme. Depuis le temps que je regarde les oiseaux en rêvant de voler aussi. Nous sommes tous montés sur son dos et nous nous sommes envolés. Le décollage s’est fait sans problème. Ok… C’est moins pire que ce que je pensais.

Je me disais que ça serait une balade comme les autres quand le dragon a commencé à faire des acrobaties toutes plus extravagantes les unes que les autres. Ça m’a tellement fait peur que j’ai eu l’impression que mon cœur s’arrêtait. J’allais hurler de terreur alors je me suis agrippée de toutes mes forces à la personne assise devant moi, sans même regarder qui c’était. C’était Takeo, qui m’a repoussée avec force.
-Ne me touche plus jamais comme ça! m’a-t-il demandé.
-…
Il avait l’air très fâché et moi j’étais au bord des larmes. Je suis désolée… J’avais juste très peur et j’avais besoin que quelqu’un me rassure. C’est mal d’avoir peur et de chercher du réconfort? Je commençais à trembler de tous mes membres quand des bras m’ont saisie par derrière et quelqu’un m’a serrée contre lui. C’était François. Tout le long du trajet, il m’a gardée contre lui et moi j’ai enfoui ma tête dans son épaule, m’agrippant un peu plus fort à son chandail à chaque acrobatie.

Je n’ai relâché ma prise que lorsque le dragon s’est immobilisé au sol. Dès que je suis descendue par terre, j’ai sermonné le dragon (redevenu chibi) pour avoir agi aussi inconsciemment.
-Ce n’était pas bien? m’a-t-il demandé avec un air innocent. Mais je ne laisse jamais tomber des compagnons!
Comme j’étais toujours fâchée qu’il ait agi ainsi sans prévenir, il a eu l’air super piteux et moi je me suis sentie très cheap. Je l’ai pris dans mes bras pour le pater et lui gratter les oreilles et il s’est mis à frotter sa tête contre mon menton, en ronronnant. Je suis ownée par la cuteness. Cutie a encore parlé de cette histoire de maître qu’il devait trouver. Il a fait mention de dextérité, de l’élément de l’eau et de noblesse. Comme je pouvais prétendre à ces trois éléments, je lui ai proposé d’être son maître. C’était peut-être un peu impulsif comme proposition, mais je le trouve si mignon que je me suis dit que ça ne pouvait pas donner quelque chose de mal que d’être son maître. Il a dit que pour la dextérité c’était Takeo (je crois qu’il l’aime bien), l’eau c’était moi et que la noblesse, ça pouvait être Takeo et moi. Nous nous sommes jetés un regard, comme si nous nous demandions silencieusement «vous êtes noble vous aussi?».

Le dragon nous avait fait sauver deux semaines de voyage en nous amenant aux portes d’Uria, que j’ai reconnue comme étant la ville où nous nous étions tous rencontrés la première fois. Nous devions donc être extrêmement prudents. J’ai dit à Cutie que je le garderais dans mes bras et qu’il n’avait pas à s’en faire. Je le tenais fermement dans mes bras quand il a disparu. Euh… Ok… J’ai regardé tout autour de moi, mais il s’était bel et bien évaporé. J’ai tourné la tête de tout bord tout côté en espérant l’apercevoir, mais j’ai seulement réussi à entendre un genre de «cling-cling». Huh? J’ai fini par trouver l’origine de ce bruit : une grande boucle d’oreilles était apparue à mon oreille droite. Elle aurait dû être lourde, mais je ne la sentais pas du tout. Alors le dragon s’est transformé en boucle d’oreilles pour passer inaperçu dans la ville… Ok.
-Au moins ça te fait bien! m’a dit Abigail.
-…Merci.
Of course I’m beautiful, m’a alors dit une voix dans ma tête. Euh… Ok, on s’en va! Je dois être en train de perdre la tête, j’entends des voix.
-Hé, la beauté! m’a interpellée François. Tu as une cape?
-…Non.
-(Soupir)…
François a enlevé sa cape et me l’a mise sur le dos, prenant bien soin de rabattre le capuchon sur ma tête. Il a ensuite relevé le col de son chandail et a détaché ses cheveux. Nos oreilles bien camouflées, nous sommes entrés dans la ville sans aucun problème.

-Cette fois-ci, a décidé François, on va aller dans les quartiers huppés.
-Euh… Comment on va faire pour payer?
-Un homme digne de ce nom paye toujours pour une dame, m’a-t-il répondu.
-…C’est sans doute vrai pour certaines occasions, mais…
-Un homme paye toujours pour une vraie dame, a-t-il insisté. Sinon il lui rembourse au centuple.
-…Ok…
Mais la «vraie dame» va se sentir endettée envers vous et elle préférerait que ça ne soit pas le cas. Ça commence à faire quelques dettes déjà (la couverture, sur le dragon et là une auberge fancy). François nous a effectivement emmenés dans les beaux quartiers. Je me sentais gênée d’y aller, comme je n’étais pas vêtue de mes plus beaux atours. Je craignais qu’on ne se fasse «revirer de bord», mais personne ne nous a arrêtés. François a arrêté son choix sur une auberge vraiment belle. Des carrosses d’où descendaient des gens richement vêtus s’arrêtaient devant et il y avait même un portier qui triait les gens. François et moi avons pu entrer sans problème, mais la porte s’est refermée devant Abigail et Takeo. Je me suis sentie plutôt mal de les laisser derrière, mais je n’ai rien pu faire : un valet verrouillait la porte et François m’entraînait doucement vers l’intérieur. Il semblait déjà avoir oublié jusqu’à leur existence, mais moi je n’arrêtais pas de penser à eux. Est-ce que ce n’est pas égoïste de profiter de tout ce luxe et de les laisser se débrouiller seuls?


…Je ne sais vraiment plus quoi penser de François. Il est toujours aussi gentil avec moi, mais avec les autres… Il peut parfois se montrer plutôt méchant. C’est arrivé à plus d’une reprise et avec plus qu’une personne. Est-ce que je devrais me tenir sur mes gardes? Non… Il ne me ferait pas de mal. En tout cas je ne crois qu’il le ferait. S’il avait voulu me blesser, il l’aurait fait depuis longtemps. Il est difficile à cerner. Un instant il se montre charmant et l’autre, il donne froid dans le dos par ses propos. J’ai cru comprendre que sa sœur et lui n’avait pas eu une vie facile, mais quand même… Enfin… Ma vie à moi n’a jamais été difficile, alors je ne prétends pas pouvoir comprendre ce par quoi il est passé. Mais si je prenais le temps d’apprendre à mieux le connaître, je pourrais peut-être aussi le comprendre. Quand on vit de terribles épreuves, est-ce que ça nous endurcit toujours le cœur de cette façon et que ça nous fait dire des méchancetés pour nous couper du monde? Quand on vit de terribles épreuves, est-ce que ça nous donne toujours l’air de détester tout le monde autour de nous? Moi je ne serais pas capable d’être comme ça. Je comprends la signification du mot «détester», mais je ne pense pas que je pourrais le ressentir. Je ne veux pas détester et/ou tuer qui que ce soit. Je voudrais juste que les gens autour de moi soient heureux et en paix. Est-ce donc si mal…?



La paix avec une épée dans la main, c’est la guerre.