dimanche 17 juin 2012

Sauvetage in extremis




J’avais donné à cet homme les meilleures années de ma vie. J’avais utilisé les meilleures armes que je possédais, les seules d’ailleurs, pour sans cesse le satisfaire.

J’ai toujours essayé du mieux que je le pouvais de lui apporter un semblant de bonheur, même s’il n’était que temporaire et superficiel. S’il était tendu, je le massais. S’il était préoccupé, je l’écoutais d’une oreille attentive. Si ses devoirs et obligations lui donnaient une longue journée, je m’arrangeais pour que son lit ne soit jamais froid à son retour. Je ne m’opposais pas, je le satisfaisais et en échange, il m’offrait une vie de luxe. C’était cela le marché, n’est-ce pas?

Certaines personnes qui ne sont pas d’accord avec les choix que j’ai faits m’appelleront sa putain. En ce qui me concerne, je préfère dire que j’étais la maîtresse officielle du seigneur du château. Dans les deux cas, la situation est la même, mais «maîtresse» sonne moins ordinaire.

J’étais tout de même très différente d’une vulgaire catin de ville qui vendait ce qu’elle avait entre les cuisses à n’importe qui pour quelques pièces. J’imagine des hommes défilant les uns après les autres pour mettre leur… Rien que d’y penser et j’aurais envie d’aller piger dans le cellier du château pour me désinfecter de la tête aux pieds. Au moins, dans mon cas, il n’y avait qu’un seul homme qui me passait dessus.

L’entente avait bien entendu des pour et des contre. Je devais fermer les yeux sur certaines choses, mais en échange de mon entière et totale dévotion, j’étais couverte de jolies robes, de bijoux… Traitez-moi de femme vaine et superficielle si vous le désirez. C’est ce que j’étais et je m’en fichais totalement. Le jour où le seigneur m’avait demandé d’être sa maîtresse, j’ai tout de suite dit oui et au diable les regards et les remarques de désapprobation. Ma vie allait être meilleure et je ne manquerais jamais de rien.

Vous aurez remarqué que je parle au passé depuis le début. Je n’étais pas naïve au point de me dire que notre arrangement allait durer toute la vie, mais jamais je ne me serais imaginé qu’il prendrait fin de façon aussi abrupte.

Mon seigneur et amant, puisse-t-il rôtir en enfer, s’est tout simplement lassé de moi et a décidé que je ferais partie de ces gens qui étaient transformés en monstres. Il a même eu le culot de me dire qu’il me garderait près de lui si je gardais un certain aspect esthétique après ma transformation. Pardonnez-moi les paroles grossières que je suis sur le point de prononcer, mais allez donc vous faire voir. Tout ce que nous avons vécu ne signifie donc rien pour vous? Pensez-vous vraiment que je vais me laisser faire?

Pour être honnête, je ne voyais pas vraiment comment je pouvais m’en sortir, à moins de proposer une partie de jambes en l’air à tous les gardes d’ici jusqu’à la sortie. Mais même en admettant que je sois désespérée à ce point, que ferais-je une fois sortie du château? Retourner dans ma famille? M’accepteraient-ils? Recommencer une nouvelle vie? Mais où? Et à faire quoi?

Ce sont des étrangers qui m’ont sauvée, ou plutôt qui nous ont libérés moi et les autres prisonniers et qui ont commencé à tabasser sur les soldats. Quand ils ont commencé à partir, je me suis accrochée à l’un d’entre eux pour être certaine de ne pas être oubliée. C’était probablement ma seule chance de m’en sortir…

Il m’a finalement prise dans ses bras et a couru vers la forêt. Mais il est tombé dans un trou rempli de gros pics. J’ai été quant à moi très chanceuse. Cet homme m’avait sans aucun doute sauvé la vie, alors je devais au minimum essayer de faire de même. Mais je n’étais qu’une faible femme qui avait usé de ses charmes pour avancer dans la vie. La force? Pas mon domaine.
Après lui avoir promis que je reviendrais, je suis partie à la recherche de gens qui voudraient bien m’aider. Avez-vous déjà essayé de trouver des secours dans une forêt, en pleine nuit? Pas évident.

J’ai failli me faire attraper par des soldats, mais je suis finalement tombée sur des gens qui ont accepté de m’aider. J’ai réussi de peine et de misère à retrouver le chemin jusqu’au trou et à l’aide d’une corde faite maison, nous avons pu le sortir de là. J’ai dû sacrifier mes jupons!

L’idée de retourner en ville ne me séduisait pas trop, mais mon sauveur semblait à l’article de la mort. Le jeune homme du groupe voulait l’amener à sa mère, qui saurait quoi faire. En autant que nous restions loin des soldats, je te suivrai n’importe où.

La mère du jeune a pris la situation en main dès qu’elle nous a vus arriver : recoudre la plaie, faire des bandages, déshabiller le malade… Mmmm… Je ne déteste pas du tout ce que je vois… Quoi? Je n’ai jamais dit que je n’étais pas une voyeuse! Et puis, il faut essayer de trouver du positif dans tout, non? Après tout ce que je viens de vivre, j’ai bien mérité de me rincer l’œil.

Cette première étape passée, la matrone nous a déplacés dans la grange pour nous cacher. La compagnie et l’odeur des cochons n’étaient pas des plus agréables, mais au moins j’étais toujours en vie. Voir du positif… Homme bien monté tout près de moi… Voir du positif…

J’avais aussi des potions à lui donner à chaque heure, mais est-ce que c’était la première potion au complet la première heure et ainsi de suite? Ou alors un peu de chaque potion à chaque heure? Mon premier essai ne fut pas très fructueux. J’ai réussi le deuxième suite aux suggestions du jeune homme. L’inconscient a perdu le grisâtre de son teint et après une trempette complètement nu (héhé) dans l’abreuvoir des cochons, sa fièvre est descendue.

La matrone a semblé satisfaite de nos efforts. Le malade se portant mieux, il pouvait maintenant être déplacé. Mais avant toute chose, elle m’a tendu une affreuse robe brune. Une histoire de ne pas vouloir de femme de petite vertu qui ne portait pas de jupons. Je vous signale que le jupon n’a été enlevé que pour sauver la vie d’un homme! Et puis cette robe est vraiment… laide… et informe… et… laide. Je suppose que je dois faire avec…

Je me trouve présentement coincée avec l’inconscient et d’autres gens qui sont aussi recherchés à ce que je comprends. J’espère que les soldats ne nous trouveront pas. Je ne veux jamais retourner là-bas…


Anne Boleyn

samedi 16 juin 2012

Attention, vous entrez dans une zone de perturbations


J'ai laissé la réunion de la fin relativement très vague, parce que je n'avais pris aucune note dessus et que je ne me rappelais plus de tout. Alors si vous avez un flash, dites-le moi pour que je le rajoute. ^^

9 octobre
Après la noirceur, beaucoup de brassage. C’était Nell. Et tout le restant du groupe était là aussi. Fuu m’a demandé de ne plus faire ça à Nell. Euh… d’accord, mais qu’est-ce que j’ai fait au juste? Depuis quand c’est un crime de tomber inconsciente?

Fuu voulait aussi que je mouille Beloss, sinon Jérôme ne le ressusciterait pas.
-Beloss est mort?
-Oui! Toi et Lemleck aussi!
-… … Ah bon…
Allez, mouillons Beloss pour que Jérôme puisse le ramener comme il l’a fait avec Lemleck et moi… La la la…♫ Je suis morte? Vite, je dois me tenir occupée avant de trop y penser… Occupons-nous de Beloss… Faisons connaissance avec notre nouvel ami élémentaliste de light… ♫ La la la…

9 octobre (nuit)
Nous avons tenté d’expliquer la situation à Jérôme. Vous savez? L’histoire habituelle : sauver le monde, les élémentalistes… Avec tout le monde qui rajoutait quelque chose, nous avons eu l’air d’une belle bande de caves et lui avait l’air encore moins motivé à nous suivre.

Fuu n’a pas aidé en dramatisant la situation, en parlant de tous les gens qui allaient mourir s’il ne nous aidait pas. Le pauvre Jérôme s’est mis à pleurer. Je crois que j’aurais aussi pleuré si j’avais été à sa place. Tu ne penses pas que tu en as trop fait, Fuu? Je ne pense pas que ça va le motiver, mais juste le désespérer.

Il a quand même fini par accepter de nous suivre. C’était fou ce qu’il avait l’air motivé, alors je me suis dit que je pouvais peut-être essayer de lui raconter mon point de vue, la raison qui me motivait moi à vouloir sauver le monde. Je lui ai donc parlé d’Uvi. Il pensait que je voulais qu’il le ressuscite. Non, quelqu’un s’en est déjà chargé. Je voulais simplement que vous compreniez que nous pouvions aussi avoir des bonnes raisons de vouloir sauver le monde, que ce n’était pas juste une histoire racontée par une bande de malades mentaux. Je voulais bien faire, mais je crois que je l’ai seulement perturbé un peu plus.

Bon. Je crois que je vais aller me coucher et penser à tout ce qui vient de se passer. Je suis morte… Je ne m’en suis même pas rendue compte et je suis morte. Si ça c’était passé en combat, j’aurais pu comprendre. Mourir est un risque que nous devons tous être conscients de prendre lorsque nous choisissons de nous battre. Je n’aurais pas plus apprécié la situation, mais j’aurais pu comprendre.

Mais ce qui vient de se passer… Un moment j’étais en train de parler et l’autre, j’étais morte. Et je ne m’en suis jamais rendue compte… En un instant, ma vie a basculé. Une fraction de seconde a suffi pour que tous mes rêves et tous mes espoirs soient réduits à néant. Sauver Uvi? Parti. Retrouver Mill et Ruby? Parti. Retrouver un semblant de vie normale et heureuse? Parti. Mourir remet vraiment les choses en perspective. Ça fait aussi apprécier plus la vie. Si j’étais morte, je n’aurais pas pu me vanter d’avoir accompli quoi que ce soit…

C’est là que j’en étais, à réfléchir sur la vie et sur tout ce que je n’avais pas accompli quand Lemleck est venu me voir. Qu’est-ce que j’ai encore fait…?
-Il va falloir qu’on parle, quand on sera sur le bateau.
-D’accord. Vous n’aurez qu’à venir me chercher.
-Ça sera à toi de décider à qui tu veux parler, si tu veux avoir une discussion sérieuse.
-D’accord…
(Lemleck veut avoir une discussion sérieuse avec moi? Hein?)
-Ça va aller?
(Hein? Lemleck est en train de me demander si ça va?)
-…Je suis juste perturbée d’avoir été morte, mais ça devrait aller… Ça va aller.
-…
Lemleck m’a patée et il est retourné s’assoir à côté de Fithik. Hein? Mais qu’est-ce qui vient de se passer? Est-ce que j’ai halluciné ce qui vient de se passer? Lemleck m’a patée? Mais pourquoi…? Je ne comprends pas ce qui vient de se passer… Je suis perturbée… encore plus. Je pense que je ne dormirai pas beaucoup ce soir…

10 octobre (soir)
Nous avons marché toute la journée avant de finalement arriver au bateau. Lemleck a réveillé les mousses pour qu’ils commencent à préparer le bateau.

Je n’avais pas envie d’attendre après Lemleck pour la discussion sérieuse alors je suis allée le voir. Mais le seul nom que j’ai réussi à sortir fut celui de Fithik. Quoi? C’est quand même mieux que rien! Et puis ce n’est pas comme si je n’avais pas réfléchi du tout!
-Nell est trop jeune.
-Beloss est trop immature.
-Fuu est… spéciale. Elle est super gentille, mais avec les dernières choses qu’elle a dites, je ne crois pas que ce soit une bonne idée qu’elle soit là.
-Jérôme est nouveau.
-James est louche.
-Eri et Chest, je ne sais pas.
-Mizaki? Je n’ai pas pris la peine d’essayer de le connaître.
-Henryk? Il a prouvé qu’on pouvait compter sur lui… mais aussi qu’il pouvait faire de grosses conneries. Et sans compter qu’il sert le dieu de la destruction… Qu’est-ce qu’il fait avec nous déjà?

Lemleck m’a demandé d’aller prévenir Mizaki et Chest de nous rejoindre dans la cabine du fond dans une heure. J’ai passé le message à Mizaki sans problème. J’ai passé le message à Chest, sans problème, mais…

Elle a d’abord pensé que c’était moi qui voulais faire une réunion. Quand elle a compris que non, elle a fait une face. J’ai tellement insisté pour savoir ce qu’elle pensait qu’elle a fini par me le dire : des hommes s’amusaient avec moi. Hein? Comment ça, des hommes? Il y en a plus qu’un? Elle avait l’air très découragée par moi. Elle a dit que les hommes aimaient s’amuser avec les jolies femmes et leur naïveté. Oui, François a été très clair : tu es très jolie et je veux coucher avec toi. Comment j’aurais pu manquer ça? Chest m’a répondu que je n’avais aucun mérite. Bien désolée de ne pas avoir eu une vie qui m’a fait comprendre rien qu’en regardant les hommes s’ils étaient intéressés ou pas par moi!

J’ai continué à insister pour qu’elle me nomme la/les autres personnes supposément intéressées par moi. Elle m’a donné un indice : il est grand, il a les cheveux bruns et les yeux de deux couleurs différentes. Hein? Mais c’est complètement ridicule! Lemleck ne s’amuse pas avec moi! Jamais je n’irais penser qu’il s’amuse avec moi d’une certaine façon, mais ça ne veut pas dire qu’il s’amuse avec moi d’une autre façon non plus! Chest est vraiment folle pour dire une connerie pareille. Lemleck, s’amuser avec moi? Et puis quoi encore… Je ne sais pas où elle a halluciné ça, mais Lemleck ne s’amuse pas avec moi. Jamais il ne le fera parce qu’il est lui et qu’il n’oubliera jamais que je suis une elfe…

Encore plus perturbée que je ne l’étais il y a deux minutes, je suis tout de suite allée attendre les autres dans la cabine. Si j’avais su ce qui s’en venait, je ne m’en serais pas autant fait…

Lemleck avait instigué cette réunion pour que nous décidions de ce que nous allions faire. Il avait réuni les gens qui à son avis n’avaient pas fait de conneries et sur qui on pouvait compter. Une minute… Vous faites une réunion… et vous m’incluez dedans? Vous m’incluez moi dans ce que vous faites? Je ne suis pas la personne la plus stable mentalement. Je le sais et vous le savez aussi. Et vous voulez quand même que je sois présente? Vous avez oublié que j’avais des oreilles pointues, c’est ça?

J’ai raconté encore une fois tout ce que je savais : les élus, les élémentalistes, les temples, les artefacts, blablabla… Tout le monde n’était pas au courant? Lemleck était d’avis que nous gardions tout pour nous. Je dois avouer que j’approuvais entièrement. Comment pouvions-nous affirmer qui était digne de confiance et qui ne l’était pas? Comment affirmer qui était bon et qui était mauvais?

Nell (Fithik l’avait emmenée) m’a rappelé l’histoire avec les ventouses du kraken. C’est vrai… Il y avait aussi les larmes d’un célestial, l’ombre d’un shinigami, la plume d’un phénix… Nous avions les cristaux de sable, mais Nell ne se rappelait plus si c’était Henryk ou Fuu qui les avait. Tout ça me dit quelque, mais je ne me rappelle plus à quoi tous ces objets devaient servir.

Lemleck a fait une face quand j’ai dit que je ne savais pas comment trouver les autres temples. Je m’excuse… Je n’avais jamais dit que je le savais et lui l’avait assumé.

Nous avions déjà trois élémentalistes. Pour ce qui était de celui de terre, Nell serait censée de l’être, mais avant de penser à la transformer, nous allions en chercher un. C’est à ça que servait la liste d’Henryk, n’est-ce pas? J’avais peut-être une solution pour celui de feu, mais il était mort… ou plutôt il allait l’être dans 11 mois. Et nous n’avions pas d’autre choix que d’attendre qu’il meure pour aller le ressusciter. Dans 11 mois… Ça ne me laissera plus que moins de 11 mois pour sauver Uvi…

Ça y est! Je me rappelle! Ça sert à transformer les gens en élémentalistes. Désolée pour ce cri tout à fait spontané.

Fithik avait aussi entendu parler d’objets qui servaient à protéger les élémentalistes. Il avait une carte. C’était un bon début…

Mizaki a sorti l’idée que nous ayons un nom d’équipe : le team sarcastique et que notre cri de ralliement soit «on est hot et on s’aime». Il y avait longtemps que je n’avais pas ri autant. Finalement, j’aime bien Mizaki quand il n’est pas en train de traiter Lemleck de criminel.

Tout ce que nous nous étions dit devait rester entre nous. Ça ne devrait pas poser de problème. Et il ne restait plus qu’à informer les autres de ce que nous avions décidé.

Maintenant que tout était terminé et que je repensais à tout ce que nous avions dit, j’étais encore plus perturbée. Lemleck a demandé une réunion pour que nous décidions ce que nous allions faire pour sauver le monde. Lemleck pense à sauver le monde… Lemleck pense à sauver le monde... Depuis quand est-ce qu’il ne pense plus qu’à se venger des elfes bleus? Et qu’est-ce qui va se passer dans 22 mois? Il va dire «Mon délai est arrivé, alors débrouillez-vous pour le reste. Viens Leila!»? Je ne le comprends pas du tout… Et je ne comprends pas non plus pourquoi il m’inclut dans les personnes sur qui on peut compter. Depuis quand ne me voit-il plus comme une petite conne qui ne sait rien de rien? Parce que les bons moments que nous avons pu avoir ne changent rien à son opinion qui est que tous les elfes ne valent pas grand-chose, pour ne pas dire rien. Je ne comprends vraiment rien du tout…

Il faut que j’aille parler à Chest…

dimanche 20 mai 2012

Distractions


6 octobre
Je m’amusais à peigner/tresser les cheveux de Nell pendant que Fuu lui apprenait l’alphabet. C’était vraiment agréable. Ça n’avait rien d’extraordinaire comme activité, mais ça m’a énormément détendue. Ça m’a presque apporté un sentiment de… normalité. J’ai même failli oublier à quel point je me sentais tout le temps mal. Pendant quelques instants, j’aurais peut-être dit la vérité si quelqu’un m’avait demandé si j’allais bien.

Même quand Beloss est arrivé, je suis restée calme. Il n’a abordé aucun des deux sujets qui m’auraient tout de suite donné envie de le tabasser. Il venait simplement demander à Nell si elle savait s’orienter et s’il pouvait l’aider. Sa présence me dérangeait à peine. En fait, elle a même été utile. Il a demandé à Fuu si elle était sérieuse quand elle avait dit qu’elle allait jeter les matelots par-dessus bord. Elle a répondu que non, qu’il n’y avait qu’une seule personne qu’elle avait envie de balancer dans l’eau. J’ai tout de suite compris l’allusion et je ne l’ai pas aimée.

Mais les choses sont retournées à la réalité assez rapidement. Fuu m’a parlé de son ami, qui était chez Marayel avec Ruby. Cet ami avait le même problème qu’elle, aka les chaleurs. Oh… Et bien, j’espère que Ruby ne sera pas avec lui quand elles se déclencheront et qu’elle ne m’en voudra pas de l’avoir laissée là s’il se passe quelque chose…

Jusqu’à ce point, tout pouvait encore aller bien. Mais Nell a demandé ce qu’étaient les chaleurs. On ne pouvait pas lui en vouloir du malaise (en tout cas pour moi) que sa question avait causé. Elle est une enfant, alors c’est normal qu’elle ignore ce genre de choses et qu’elle pose des questions à ce sujet.

Nous avons donc parlé de chaleurs, de comment les bébés étaient faits. Beloss a tenté d’expliquer… Fuu aussi… Et même moi… J’avais envie d’aller me cacher dans le recoin le plus sombre du bateau, mais je suis quand même restée.   Mais quand Fuu a poussé les explications jusqu’à dire «tu vas être toute nue et lui aussi», ce fut trop pour moi. Est-ce que c’était vraiment nécessaire d’aller jusque-là? Nous allons la traumatiser. D’accord, peut-être que c’est juste moi qui est traumatisée, mais quand même… Avait-elle besoin de connaître ce genre de détails? Avais-je besoin de les entendre? Pourquoi je suis restée déjà? Au secours… Tiens, François est en train de se battre avec Fétik. Regardons par-là…

8 octobre
Nous sommes arrivés à l’île de Solca, sans avoir eu à passer au travers d’aucune autre discussion traumatisante. Il y avait un message de James sans le sable. Il concernait Chesterton, qui serait devenue folle et qui l’avait forcé à la suivre. Il disait même qu’il fallait la tuer. J’avais un peu de difficulté à m’imaginer Chesterton en folle furieuse. Et que dire de la solution extrême de James?

En avançant plus loin, nous avons entendu un cri. Presque tout le monde est parti voir de quoi il s’agissait. Mizaki était trop soûl pour suivre, François a retenu sa sœur et Lemleck a fait la même chose pour moi. Quoi? Ce n’est pas comme si j’avais eu envie de les suivre…

Finalement, Lemleck a dit que nous pouvions y aller, en autant que les filles restent derrière et il a demandé à Mizaki d’aller en avant. C’est vrai qu’il ferait un excellent meatshield.
-C’est fou l’amour entre les arcadiens, a remarqué François. C’est pour ça que j’étais avec les humains.
-…
(Quoi? Il s’était rangé du côté des humains contre les elfes?)
-Oh shit…
(Il venait de remarquer la tête que je faisais. Alors vous avez compris que ce n’était pas une bonne idée de dire à l’elfe que vous tentez de séduire que vous vous battez contre son peuple? Je ne sais pas si je devais être déçue ou fâchée que quelqu’un avec du sang elfe choisisse de se battre contre cette partie de lui-même… Je n’avais même pas envie de lui demander des explications. Je n’avais jamais eu l’intention de lui céder, mais s’il y avait eu une quelconque chance que ça se produise, elle venait de disparaître.)

Nous avons trouvé un cadavre, qui avait le ventre ouvert et dont les intestins bougeaient. Euh… Ce n’est pas censé se produire ça, non? Nous sommes tous restés autour pour observer. Un truc a fini par sortir du ventre et un œil s’est ouvert au bout. Ça m’a tellement surprise que j’ai eu le réflexe de taper dessus. Du schmu a revolé sur François. Désolée.

Quelques instants après, il a enlevé son pantalon très rapidement. Mais wtf? Je n’ai même pas essayé de comprendre et j’ai aussitôt regardé ailleurs. Il devait certainement avoir une bonne raison, mais je ne me sentais pas le courage de lui demander. François, pourquoi avez-vous enlevé votre pantalon? Non, je ne crois pas.

J’ai fini par comprendre bien assez tôt. D’autres bibittes sont sorties et nous n’avons pas eu le choix de nous battre. Une a sauté sur mon épaule (que Lemleck m’a enlevée) et une autre sur ma jambe (que Quentin m’a enlevée). Après la deuxième, ma jambe a commencé à me brûler, assez atrocement, et ma robe a commencé à fondre, là où elle m’avait touchée. Merde, maintenant je comprends! Je n’avais pas particulièrement envie qu’on me voit en sous-vêtements, alors je suis allée me cacher derrière un arbre pour me changer. La peau sur ma cuisse était brûlée, un peu plus au milieu. Et comme il y avait un trou sur ma robe, j’ai ressorti mon autre. Bonjour robe de belle-sœur…

Quand je suis revenue, Lemleck venait de mettre le feu au cadavre. Une boule de feu en est sortie et est partie entre les arbres. C’était quoi ça?

Après ça, j’ai eu l’idée d’essayer de réparer ma robe et le pantalon de François (qu’il avait remis, dieu merci) avec ma magie. Ça a fonctionné. François s’est occupé de sa sœur (elle avait les mains brûlées) en lui faisant un bandage avec un vieux chandail. C’est en le voyant faire que je me suis dit que ça ne serait pas une mauvaise idée de m’en faire un. J’ai donc déchiré le bas de la robe que je ne portais pas. François m’a proposé son aide pour mon bandage. Euh, non merci. Ce n’est pas que je ne me sente pas à l’aise de vous laisser me toucher étant donné ce que vous voulez faire avec moi, mais…

Le groupe a fini par revenir. Ils avaient sauvé un dénommé Bertrand et le ramenaient chez lui. Nous sommes donc immédiatement repartis. La maison de Bertrand était détruite, mais Beloss a réussi à la réparer avec sa magie. Impressive… He was actually useful. Et pour aider le pauvre Bertrand, il lui a donné 3 pièces d’or, lui demandant si c’était assez. C’est à ce moment-là que Beloss est devenu le dieu de Bertrand. Bien sûr que c’était assez Beloss, peut-être même que c’était trop. À sortir trop rapidement de l’or, ça pourrait t’apporter (et à nous aussi) des ennuis. Espérons que Bertrand saura bien l’investir et qu’il ne se la fera pas voler entretemps.

Nous avons ensuite accompagné Bertrand jusqu’à la ville chez sa belle-mère, où se femme se trouvait. Il n’avait pas l’air enchanté d’y aller et quand j’ai vu la belle-mère en question, j’ai compris. Quand elle a ouvert la porte et qu’elle l’a vu, elle lui a fermé au nez. Charmant.

Bertrand en sécurité, nous nous sommes mis à la recherche d’une auberge moyenne où nous pourrions nous reposer. Nous en avons trouvé une avec assez de chambres pour tout le monde. J’étais certaine que je partagerais encore ma chambre avec Lemleck, mais il a décidé que je serais plutôt avec Eri et lui avec Beloss, au cas où j’essaierais de l’agresser durant la nuit. Hé! Mais pourquoi je voudrais vous agresser durant la nuit? Je pourrais tout aussi bien le faire en plein jour! Et pourquoi je voudrais vous agresser tout court?

Lemleck est parti en ville avec Nell et Fuu pour trouver des infos sur James. Il a été super gentil avec Nell : lui parlant calmement, se voulant rassurant, lui prenant la main. Pourquoi il n’est jamais gentil comme ça avec moi? Il a parfois ses bons moments, mais les bonnes vieilles habitudes reviennent toujours très rapidement. C’est pourtant tout ce dont j’aurais envie/besoin : quelqu’un de gentil avec moi…

Eri et moi sommes allées tester nos lits. Ça nous a fait beaucoup de bien d’être étendues sur autre chose que le sol, mais nous avions plus important à faire. Je me suis décidée à demander à Eri si elle avait fait un pacte, par rapport à James. Elle m’a répondu que non, mais que le père de James s’était montré très insistant sur le fait qu’elle devait retrouver son fils. Je ne voulais pas qu’elle ait des ennuis alors j’ai décidé que nous allions partir en ville pour chercher James. Peut-être que nous n’aurions pas dû partir seulement toute les deux, mais c’était la première fois que j’avais un peu de liberté depuis… … … vraiment longtemps alors je voulais en profiter un peu. Le mauvais caractère reviendrait bien assez tôt…

jeudi 3 mai 2012

Plus jamais


À l’exception de Beloss (pourquoi mon soutien devait me venir de lui?), les autres ont eu l’air de croire que j’étais folle. Pouvais-je vraiment les blâmer? J’ai parlé à une lumière qui était en fait une âme et elle m’a renvoyée à mon groupe, qui se trouve quinze mois dans le passé…

Nous avons marché jusqu’à une ville… d’humains. Super. Encore… Nous ne pourrions pas tomber sur une ville d’elfes? Je pourrais finalement être en majorité.

Lemleck a dit aux gardes à l’entrée que j’étais son esclave. Il s’est fait répondre de me garder près de lui pour qu’on ne m’abîme pas. Je promets d’être une esclave très obéissante…  Une fois dans la ville, un soldat a redit à Lemleck de me garder près de lui, pour qu’on ne m’engrosse pas. Mais… c’est quoi cet avertissement de merde?

Nous avons pris deux chambres dans une auberge. Lemleck est parti se reposer et moi je suis sortie avec le soûlon et le crétin. Le crétin m’a justement prouvé qu’il en était un, en disant que quelqu’un lui avait demandé de détruire un village d’arcadien et que s’il y allait dans le passé, il y aurait moins de pertes. Il a tenté de se rattraper en disant que c’était une blague. Mais t’es con! Si c’était vraiment une blague, tu serais con de l’avoir dite. Mais te connaissant, ça pourrait très bien être vrai alors tu serais encore plus con d’avoir accepté une telle proposition. Je me demande quelle sera la réaction de Lemleck quand il l’apprendra…

De retour à l’auberge, j’ai réquisitionné le lit et je me suis endormie presqu’aussitôt… pour me réveiller en plein mouvement. Euh… Pourquoi je suis en train de bouger et pourquoi je suis enroulée dans ma couverture?
-Je ne suis pas fier de toi jeune fille!
-…Quoi?
Mon kidnappeur a fini par me déposer et a ouvert la couverture : c’était François.
-Il me semblait bien que c’était plus lourd!
-…
(Est-ce qu’il vient de me traiter de grosse? Tu me kidnappes et ensuite tu m’insultes? Mais va te faire voir!)

François refusait de me ramener en ville. Mais je ne peux pas y retourner seule, ça serait suicidaire. Il m’a proposé de m’emmener à la prochaine ville elfe. Je ne veux pas aller dans une ville d’elfes, je veux retourner là-bas. Non, ce n’est pas une histoire d’esclave amoureuse de son maître. C’est… compliqué…

François avait aperçu Henryk en ville cet après-midi. Vraiment? J’ai hâte de pouvoir le dire aux autres. D’ailleurs, nous n’avons pas eu à les attendre bien longtemps. À voir Lemleck, on aurait dit que j’avais encore fait quelque chose de mal. Hé! Ce n’est pas comme si j’avais couru après le kidnapping! Je dormais!

François nous a proposé de nous servir de traqueur. Son aide ne serait pas de refus. Plus vite nous aurions retrouvé ma bande de joyeux compagnons, mieux ça serait. Au moment du départ, François m’a tendu la main pour m’aider à me relever, avec un «mademoiselle». J’ai à peine eu le temps de faire un mouvement vers lui, que Lemleck m’agrippait et me tirait vers lui. Quoi? Il essayait d’être galant, c’est tout. Possessif… Oui, il l’est. C’est super.

5 août
Nous sommes arrivés à Talius. Misaki n’avait pas de papiers, alors il est resté à l’extérieur. Nous avons acheté quelques rations. Beloss a appelé François «blondinet», parce qu’il croyait que son nom était secret. C’était un secret? Je ne le savais pas et je me suis aussitôt excusée. François m’a répondu qu’il était facile à pardonner et que nous pourrions en discuter plus tard. D’accord, pas de problème. Il est ensuite parti porter de l’alcool à Misaki et Lemleck et moi avons accompagné Beloss à un temple de Bacob. Quand Beloss est entré, Lemleck en a profité pour me mettre en garde contre les intentions de François. Mais quelles intentions? Oh… Ces «intentions»-là… (Voir post précédent pour l’engueulade du 5 août)

Nous en avions pour quelques semaines à voyager. Je n’ai pas cherché plus qu’il ne le fallait à faire la conversation aux autres. Pourquoi j’aurais eu envie de leur parler quand tout ce qu’ils faisaient c’était se moquer de moi?

Au cours du voyage, Beloss a commencé à se gosser un jeu d’échec. Lemleck jouait parfois avec lui. Ce n’était pas que je tenais particulièrement à être incluse dans leur loisir, mais j’en avais assez d’être toujours seule de mon côté. Lemleck a fini par m’ordonner de jouer avec Beloss. Jouer avec ce crétin? Non! D’accord… Je n’ai pas trop aimé le ton de sa voix et surtout ce qu’il impliquait si je m’obstinais à lui désobéir.

Je ne connaissais rien du tout à ce jeu alors j’ai recopié chacun des moves de Beloss.
-Quand on ne sait pas, on demande.
-…Lemleck, voudriez-vous m’apprendre à jouer aux échecs s’il vous plaît?
-Beloss, apprend à mon elfe à jouer.
-D’accord.
-…
(Mais je vous hais…)

J’ai donc laissé Beloss m’apprendre, gardant encore une fois toute ma colère à l’intérieur. François n’avait rien manqué de la scène et il s’est approché de moi.
-Si vous voulez un vrai maître, je suis là.
-…
Je suis devenue rouge tomate en une fraction de seconde. Oh mon dieu… Vient-il vraiment de suggérer… ce que je pense qu’il a suggéré? Devant ma gêne, il a eu un petit sourire.
-Je viens de me rendre compte que vous êtes innocente seulement de corps et non d’esprit…
-…
Ça y est, je vais mourir, soit de honte, soit d’un coup de chaleur.

Dès que la partie fut terminée, je me suis dépêchée de m’éloigner pour pouvoir m’asperger un peu d’eau et me rafraîchir les idées.
-Je ne savais pas que je te faisais autant d’effet que tu mouillerais ton chandail…
Un rapide coup d’œil m’a confirmé que mon chandail était effectivement complètement trempé et qu’il mettait parfaitement ma poitrine en évidence. Oh mon dieu… J’ai croisé mes bras devant moi, mais le mal était déjà fait. Et dire que je pensais tout à l’heure que je venais de vivre le moment le plus gênant de mon existence. Ça ne fait que commencer on dirait…

5 septembre
Nous avons été emmenés devant le roi de Hopesor. J’avais vraiment très peur, parce que la dernière fois, nous avions bien failli tous y rester. Et ça a failli être le cas cette fois-ci aussi… encore à cause de Beloss. Il a dit quelque chose que visiblement il n’était pas censé savoir et le roi s’est fâché. Je le savais… Je le savais… Nous allons tous mourir…

Mais nous nous sommes calmement éloignés et personne ne nous a retenus. Durant trois jours, nous sommes restés relativement silencieux et nos nuits de sommeil furent très courtes.

8 septembre
Nous sommes finalement sortis de la forêt.

28 septembre
Nous pouvions apercevoir une ville au loin. Nous avons marché toute la nuit pour y arriver.

29 septembre
Nous avons finalement retrouvé le groupe. À force de nous dire des conneries, nous devions avoir l’air d’une belle bande d’attardés aux yeux de Lemleck. Nell était toujours aussi adorable (j’ai eu droit à une hug attack) et Fuu s’est montrée très protectrice envers moi, après que Lemleck m’ait appelée «son elfe».

François s’est battu avec Henryk J’ai voulu m’en mêler (pour aider François, pas Henryk), mais Lemleck m’en a empêchée. Avec le recul, je suis contente qu’il l’ait fait. Ce combat ne me concernait en rien et je n’aurais sans doute réussi qu’à me faire blesser. François est parti de son côté, mais pas avant de m’avoir proposé de l’accompagner. Toute pleine d’espoir que j’étais toujours envers Lemleck, j’ai refusé.

Il est donc parti et nous avons continué notre chemin vers Solca pour trouver l’élémentaliste de light qui se cachait dans un buisson. Nous avons retrouvé Quentin, qui avait été aidée par une femme à fuir. Il ne nous reste plus maintenant qu’à retrouver François.

29 septembre (nuit)
J’ai fait un tour de garde avec Fuu, qui en a profité pour me poser des questions sur Lemleck. J’ai essayé d’expliquer de mon mieux sans trop en dire (ce que Lemleck n’aurait pas apprécié j’en suis certaine) : mon kidnapping, mon achat par le frère de Lemleck… Quant à ma décision de le suivre, j’ai préféré me contenter de dire que j’avais de bonnes raisons de le faire et que même s’il ne me traitait pas toujours comme il faut, il était un homme de parole. Fuu m’a promis qu’elle (et ses poings) aurait une discussion avec les sourcils de Lemleck si Lemleck agissait trop mal envers moi. J’aimerais bien voir ça…

Fuu m’a aussi parlé de sa mort : la grande porte qui était apparue dans le jardin de Musha, le démon qui avait promis de tuer tous les hommes qui l’approchaient, Léac, qui ne se souvenait plus qu’il avait été vivant et qui était maintenant perdu quelque part sur le continent. Léac… Il me manque vraiment beaucoup. Je me souviens qu’il m’avait promis de me protéger le temps que nous retrouvions «mon pointu». J’aurais vraiment besoin de lui en ce moment…

30 septembre
Fuu a dit que les blonds avaient une attirance entre eux. Lemleck l’a entendu et a murmuré «c’est bon à savoir». Non, ce n’est pas bon à savoir. Et ce n’est même pas vrai de toute façon! Je n’ai pas d’attirance pour les cheveux blonds, mais pour les cheveux gris! Et d’une personne en particulier! Pourquoi a-t-il fallu que tu dises quelque chose comme ça devant lui, Fuu? Il serait bien capable d’utiliser cette phrase pour me rendre la vie encore plus misérable.

Fuu m’a aussi confié que le François du futur lui avait demandé de l’aider à sortir avec moi. Si jamais il me parlait de yeux, il ne parlerait pas de mes vrais yeux et je devais lui donner une claque. Est-ce que c’est le moment où je ne dois pas demander ce qui s’est passé quand François voulait t’entraîner à utiliser tes yeux? Merci de l’avertissement Fuu.



30 septembre (nuit)
J’étais en train de faire mon tour de garde avec Eri quand j’ai vu une ombre bouger. C’était une femme avec une capuche. Elle nous ramenait Quentin, qui s’était perdue. Elle en a profité pour nous dire que les pactes étaient une mauvaise idée, que nous devions faire attention. J’ai remarqué qu’elle regardait Eri. Eri aurait fait un pacte? Est-ce que ça aurait un lien avec le fait qu’elle insiste beaucoup pour que nous retrouvions James?

La femme nous a aussi dit que le temps pressait vraiment beaucoup. Le destin commençait à peine à s’acharner sur nous. Nous ne devions pas laisser l’opportunité à ceux qui voulaient le faire. Trop tard… Avant de partir, elle nous a donné un conseil : il n’y avait qu’un seul vrai dieu. D’accord, si vous le dites… Mais quel genre de conseil est-ce là?

1er octobre
Nous sommes sortis de la forêt. Quentin s’est éloignée rapidement et Beloss est parti après elle. Ils sont revenus avec François. Nous sommes ensuite embarqués dans le chariot et nous sommes partis.

À un moment donné, Beloss a demandé (encore) pourquoi je suivais Lemleck.
-Je le suis parce que je lui appartiens et en tant que bonne elfe obéissante, je le suis.
-Bonne elfe.
-Merci.
(Il va vraiment falloir que je m’explique à chaque jour à ce propos?)

Quelqu’un (je crois que c’était Henryk) a mentionné que de dire toujours «elfe» c’était comme un manque de respect. Lemleck a répondu que ça serait trop bizarre de dire «ma Leila» au lieu de «mon elfe». J’approuve. Je préfère de loin qu’il me dise «mon elfe» que «ma Leila».

Mizaki a fini par sortir de sa beuverie assez longtemps pour que nous lui expliquions la situation, aka la partie des élémentalistes, des armes et du sauvetage du monde. Je crois qu’il nous a pris pour des fous, mais tant pis.

Fuu a mentionné que les temples/armes étaient intemporels. Alors l’épée de l’eau que j’ai en ce moment est la seule qui existe? Mieux vaut alors ne pas trop en parler…

Beloss a mentionné encore la mort d’Uvi. Il ne m’en fallait pas plus pour que mon envie de le tuer ressurgisse. Mais tu vas la fermer… Il a fallu que Nell, la douce, gentille et adorable Nell, lui dise que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’en parler.

Mon crétin préféré est aussi revenu sur le fait que le cristal que j’avais avalé allait me tuer. Henryk aussi a dit qu’il fallait me l’enlever. Je me demande combien de temps je vais pouvoir les niaiser et leur faire croire que je veux le garder, avant de leur avouer que je ne l’ai plus? Beloss a aussi dit que j’étais un substitut d’élémentaliste d’eau et que nous devions donc en chercher un. Je n’étais pas particulièrement fâchée qu’il me traite de substitut, mais pour lui prouver que je n’étais pas si inutile/pourrie que ça, je lui ai envoyé de l’eau en pleine figure. Mais j’ai tellement bien réussi mon coup qu’il est tombé en bas du chariot. Oups. Lemleck m’a donné un savon, pour que je lui mette dans la bouche la prochaine fois où je voudrais l’arroser. Génial, merci.

1er au 5 octobre
François a continué de me lancer des sous-entendus et des clins d’œil. Et bien entendu, moi je ne pouvais pas m’empêcher de rougir à chaque fois. Mais arrêtez… Vous voyez bien que ça me gêne vraiment beaucoup trop…
J’ai aussi passé du temps avec Fuu. C’était agréable. Il y avait vraiment longtemps que je ne m’étais pas amusé avec une autre fille. Ça me faisait oublier à quel point je me sentais mal, seulement pour quelques instants, mais c’était quand même mieux que rien.

J’ai aussi passé du temps avec Nell. Quand Fuu était en train de s’entraîner, je prenais le relais de son apprentissage de la lecture et de l’écriture.

5 octobre (après-midi)
Nous sommes arrivés en vue d’un village, qui était en fait un gros port. Lemleck a dit qu’il avait quelque chose à faire et il m’a demandé de le suivre. Ça vous tuerait de dire mon nom une fois de temps en temps?

Nous sommes allés dans un entrepôt. Il a montré un bout de papier au gars, qui est devenu super gentil. Après qu’il soit parti, Lemleck m’a demandé si j’avais besoin de quelque chose. Sur le coup, j’ai répondu non. ce n’est qu’après que j’ai réalisé qu’il me manquait certains items : une brosse, des rubans, un miroir peut-être, une couverture… Tout ce que je possédais, c’était mes sous-vêtements et deux robes qui, à la base, n’étaient pas à moi. Le seul objet de luxe que j’avais, c’était le savon que Lemleck m’avait donné. J’avais peur de la déranger et de paraître trop superficielle si je lui disais que j’avais envie de tout ça alors tant qu’à me faire rembarrer encore une fois, j’ai préféré me taire.

Lemleck a acheté un bateau et nous sommes partis retrouver les autres. Fuu m’a prise à part pour me proposer que nous fassions un spectacle pour gagner de l’argent : moi je chanterais et jouerais du violon et Nell jouerait à la dresseuse de loup. Nous sommes toutes les trois allées dans une ruelle pour que Fuu se transforme et elle a ensuite amplifié le vent pour attirer les gens avec mon message de présentation.

Une foule n’a pas tardé à se rassembler autour de nous. Ça s’est passé plutôt bien, jusqu’à ce que des marins commencent à me siffler. Merde… À quoi avons-nous pensé? Chanter dans un endroit rempli d’hommes… Un m’a proposé 3 pa. Un autre, 5 pa. Au secours… J’ai même eu droit à une remarque très déplacée à propos de mes fesses. Un marin a pris mon bras et a essayé de m’entraîner plus loin, pendant qu’un autre commençait à me tripoter les fesses. Au secours… Quelqu’un?

C’est finalement François qui m’a sauvée. Il a donné un très beau coup de poing à l’homme qui essayait de m’éloigner. J’avais tellement eu peur et j’étais si soulagée de voir une présence rassurante que quand il m’a tendu son bras, je me suis accrochée après comme si ma vie en dépendait. Il m’a amenée à une auberge, où il m’a fait caler un verre de vin. J’ai failli m’étouffer, mais ça a fait du bien… un peu.

Nell et Fuu se sont excusées. Vous n’avez pas à vous excuser. Vous n’avez rien fait de mal. Nous avons eu une idée, elle était mauvaise alors plus jamais, en tout cas pas dans un port. Pourquoi ce genre de choses finit toujours par m’arriver? Peut-être que je devrais essayer de commencer à m’habituer…

Dans le bateau, il y avait une cabine pour les filles et une pour les hommes. Alors nous avons décidé de redécorer la nôtre. Ce fut plutôt amusant, mais ça ne réglait pas le problème que les hommes allaient devoir passer par notre cabine pour aller dans la leur. Et si nous étions en train de nous changer? Ou de nous laver? En plus, nous n’avions même pas de rideau pour nous cacher. François a proposé de tenir un drap pour nous cacher pendant que nous nous lavions. Euh… Cette idée ne me rend pas très à l’aise…
Fuu a dit qu’elle s’inquiéterait pour moi et préférerait tenir mon drap. Oui, j’approuve. Quentin ne voyait pas où il y avait un problème. Ton frère s’intéresse physiquement à moi et il pourrait en profiter pour me reluquer? François a murmuré quelque chose à l’oreille de sa sœur, qui m’a aussitôt regardée. Quand je lui ai demandé de quoi il s’agissait, elle a refusé de me répondre et a fait comme si de rien était. Mais qu’est-ce qu’il lui a dit…?

Nous avons ensuite eu l’idée de faire une liste de demande toutes plus extravagantes les unes que les autres… et de demander à Henryk de les transmettre à Lemleck pour nous. Ça passait du bain, à la fenêtre avec un rideau, l’orchestre, la coiffeuse en bois de merisier, le fauteuil rembourré, le pouf, le paravent et sans oublier la plante.

Henryk a lu notre liste, mais a refusé d’aller voir Lemleck avec, malgré les belles tentatives de Quentin pour qu’il se sente coupable. Notre petit comité de filles est donc allé trouver le capitaine au mauvais caractère, qui m’a prouvé une fois de plus qu’il en avait un. Il a dit oui au bain et à la condamnation de la porte des hommes et next thing we know, nos hamacs étaient rendus sur le pont. Alors nous allons devoir dormir sur le pont? Mais pourquoi?

Nous voulions seulement avoir un peu d’intimité, alors c’était vraiment utile d’en arriver là? Pourquoi dire que soit nous dormions tout le temps sur le pont ou soit c’était en bas? Et c’était quoi cette histoire de nous donner une leçon? Il n’y avait pas leçons à donner, parce que tout était une blague! Qu’est-ce que vous n’aviez pas compris là-dedans? En fait, je sais très bien que vous aviez tout compris, alors pourquoi ne pas nous avoir dit tout simplement non à tout dès le début? Vous avez vraiment le don de gâcher tous les rares moments agréables que j’arrive à passer.

Lemleck a décidé que les hommes dormiraient sur le pont cette nuit et nous dans leur cabine. Mais pourquoi m’avoir laissé croire que je dormirais sur le pont si vous aviez déjà pris votre décision? C’est si amusant que ça de me torturer d’une façon ou d’une autre? Demain, nos hamacs seraient redéménagés et les choses reprendraient leur cours normal. Bonne nuit Lemleck.

dimanche 1 avril 2012

Je vous déteste tous autant que vous êtes

Vous pouvez me dire ce que j'ai fait pour mériter ça? Lemleck a commencé et tout le monde a suivi! Sauf François, mais je ne sais pas si je préfère ce qu'il a dit à ce qu'il aurait pu dire...

Moi j'étais super sérieuse et Lemleck m'a ri en pleine face! Encore une fois il m'a traitée d'ignorante et en plus, il m'a carrément dit que c'était un passe-temps libérateur de se moquer de moi! Mais va te faire foutre!! Tu penses que ça me plaît d'être ignorante?! Apprends-moi donc au lieu de te moquer de moi! Quoi? N'importe quoi! Histoire, politique... Il aurait pu m'apprendre le nom des constellations ou une niaiserie du genre et j'aurais été très heureuse! Parce que ça aurait été quelque chose que lui m'aurait appris à moi.

C'est là qu'il a ri et il ne s'arrêtait plus. J'étais tellement furieuse que je n'ai pas arrêté d'essayer de le frapper jusqu'à ce que je réussisse et j'ai même continué après. Et il riait encore! Et quand Beloss est arrivé, il a continué! Il a même osé me prendre en sac de patate sous sous bras! Et Beloss qui ose dire «Leila, arrête de faire ta crise d'enfant». Va te faire foutre toi aussi! Tu es le prochain!! Et Lemleck qui pousse la moquerie jusqu'à approuver ce que Beloss avait dit. J'ai quand même continué à me débattre jusqu'à ce que nous retrouvions les deux autres.

Lemleck m'a pratiquement jetée par terre. J'étais en colère comme je ne l'avais jamais été et ça m'a tout pris pour accepter l'aide de François à me relever. Il était bien gentil, mais avec ce que Lemleck m'avait dit, je n'étais pas certaine d'avoir envie de lui parler plus qu'il ne le fallait. Et si je l'encourageais? Juste pour le plaisir de contredire Lemleck, j'avais envie de l'ignorer.

Nous aurions pu continuer tout de suite, mais non! Il a fallu que l'humiliation de l'elfe continue! Et tout le monde s'y est mis! François a carrément été dire qu'il n'avait pas à être subtil s'il trouvait une femme jolie et gentille. Mais pourquoi en sommes-nous rendus à presque carrément parler que je m'écarte les jambes pour François?! Ça c'était presque aussi pire que Lemleck qui me disait «Si tu as envie d'une partie de jambes en l'air, prends tes précautions»! Et il en a rajouté! Il a osé dire à François «Je n'ai rien contre que tu ais une aventure avec mon elfe. Tu vois? Elle en a besoin». Mais va te faire foutre solide!! De quel droit oses-tu dire à quelqu'un qu'il peut coucher avec moi?! Avec ce que tu m'as déjà dit, j'ai l'impression que tu viens carrément de me traiter de fille facile qui s'écarte pour n'importe quel homme le moindrement beau et charmant!

Ça m'apprendra à oser vouloir faire des efforts et à vous demander quelque chose. Je vous demande votre aide et tout ce que je récolte c'est moquerie et humiliation! Regardez-moi bien aller... Plus jamais je ne vous demanderai quoi que ce soit. Je vous déteste tous autant que vous êtes, mais vous particulièrement Lemleck. Je ne vous adresserai plus la parole à moins que je n'y sois forcée...

Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que je me sente mal...? Soit je suis déprimée, soit je suis comme en ce moment, tellement furieuse que j'ai envie d'en pleurer (ce que je vais faire dès que tout le monde aura le dos tourné). Merci Lemleck, vous avez réussi pratiquement à vous tout seul à me gâcher totalement l'existence... encore une fois. Achevez-moi donc un coup parti. Mais qu'est-ce que je dis là? Pourquoi feriez-vous ça? C'est beaucoup plus amusant de se moquer de moi et de m'humilier, n'est-ce pas? I hate you... I hate you all... And I really hate my life right now...

vendredi 24 février 2012

Je ne suis pas son alliée...

Lemleck est rapidement passé à l’action. Malgré ses mains attachées dans son dos, il se débrouillait très bien. Mes liens à moi se sont défaits tous seuls (je ne devais pas être attachée solidement) et j’ai pu repousser mon soldat avec de l’eau. C’est aussi ce que j’ai utilisé contre le crétin d’arcadien, mais quand ça n’a pas arrêté de failer, j’ai décidé de tenter un flare. Ça a eu l’air de fonctionner. Oh ouais…

Lemleck m’a demandé de l’assommer. Je ne demande qu’à vous obéir moi, mais avec quoi voulez-vous que je l’assomme? Il y a bien cet arc qui traîne par terre… Il s’est avéré qu’assommer quelqu’un avec un arc n’était pas évident du tout. Après ça, j’ai bien réussi à le repousser épiquement avec de l’eau, mais il était toujours debout. Mais qu’est-ce que ça va prendre pour que tu tombes inconscient? Foutu arcadien de…

Les autres soldats ne s’en étaient pas bien tirés contre Lemleck. Ils étaient tous légèrement très morts, à part un qui était piné au sol avec une épée. Quand j’ai vu Lemleck s’avancer vers lui, j’étais certaine qu’il allait le tuer. Je sais bien que le crétin d’arcadien m’avait demandé d’empêcher Lemleck de tuer tout le monde, mais il serait beaucoup plus avantageux pour Lemleck et moi s’il ne restait plus aucun témoin gênant.

Finalement, Lemleck ne l’a pas tué. Il a simplement enlevé l’épée qu’il avait en travers du corps et il l’a assommé avec. Il a aussi essayé d’assommer le demi-elfe, mais ça n’a pas fonctionné et il a laissé tomber. Mais pourquoi le demi-elfe est ici au juste? Comment pouvons-nous être certains qu’il ne nous trahira pas?

Lemleck m’a agrippée par la main et nous sommes partis en courant, le crétin d’arcadien sur nos talons. Mais pourquoi faut-il que tu nous suives? Peu importe. Nous pourrons toujours nous en débarrasser plus tard.

Nous nous sommes arrêtés au bout de plusieurs heures de course. Il y avait une grange et nous sommes allés nous y reposer. Je ne m’étais pas plainte une seule fois, mais Lemleck avait quand même deviné que j’étais épuisée. C’était si évident que ça?

Le crétin d’arcadien (Lemleck l’a appelé lieutenant. Je suppose que c’est bon à savoir, si jamais j’avais un jour à m’adresser à lui) avait l’air décidé à se reposer aussi. Lemleck lui a dit qu’il était confiant, qu’il ne devait pas avoir peur de se faire tuer durant son sommeil. L’autre lui a répondu que je l’aiderais sans doute à s’en prendre à lui. Ça c’était bien vrai. Je serais beaucoup plus heureuse si vous n’étiez plus dans les parages.

Lemleck semblait au contraire croire que j’étais l’alliée du crétin et il n’arrêtait pas de me jeter des regards louches. Mais je ne suis pas son alliée… La lumière? C’était pour l’aveugler, pas pour donner l’alerte. Ce n’était pas ce que vous vouliez, que je l’aveugle? Je ne suis pas son alliée… Es-tu en train de me dire que tu m’as suivi en toute connaissance de cause? Oui. Tu dois être une excellente menteuse ou alors tu es complètement folle. Je suis complètement folle dans ce cas. Jamais je ne serai son alliée, mais je ne pourrai jamais vous expliquer pourquoi.

Nous allions rester ici une heure et Lemleck m’a ordonné de dormir. Je n’avais ni la force ni l’envie de le contredire alors je me suis couchée. Muuu… Quand Lemleck m’a réveillée, il a dit qu’il avait changé d’avis quant au fait que je sois portée durant le trajet. Euh… C’est parce que je n’ai aucune envie d’être portée par lui. Je préfère encore me retrouver avec les pieds en sang. Oh, par vous? Pas de problème alors. Lemleck s’est accroupi et je suis grimpée sur son dos. Espérons seulement qu’il n’y aura pas de coup de vent durant le trajet…

12 novembre

Nous avons voyagé durant quelques jours. J’ai fini par me décider à demander d’avoir des nouveaux vêtements, si jamais nous trouvions un village. Ce n’était pas de porter la robe qui me rendait mal à l’aise, mais le fait de ne rien porter en-dessous. J’espère que je n’aurai pas à aborder cet aspect du sujet…

Nous avons fini par arriver en vue d’un village, d’arcadiens en plus. Génial. Je crois que je vais devoir apprendre à me passer de sous-vêtements…

lundi 20 février 2012

Crétin d'arcadien...

5 novembre

Lemleck a donné des papiers d’identité à l’officier en charge. Il était le capitaine Rodrigue, moi j’étais Leila of the Blue Plains («of the Blue Plains»?) et il allait me reconduire chez moi. Jusque-là, tout allait bien. Les papiers étaient en règle, nous avions poliment décliné l’offre de l’officier de nous fournir une escorte… Puis il a fallu que ce crétin d’arcadien demande à Lemleck d’enlever son chapeau et qu’il le reconnaisse. Nous sommes maudits, c’est ça? Il y avait une chance sur combien de centaines que nous tombions sur quelqu’un qui le connaissait?

Lemleck m’a pris en otage et je me suis fait un plaisir de jouer à la pauvre victime effrayée. Dans un monde idéal, le méchant criminel se serait enfui avec sa pauvre otage, mais il a fallu que le crétin en chef désarme Lemleck. Mais va te faire voir! Tu ne pouvais pas te contenter de nous laisser partir?

J’ai atterri dans les bras d’un arcadien et pendant que Lemleck se battait, j’ai tenté de l’aider discrètement avec de l’eau. Mais je suis vraiment nulle! Ce n’est pas le sol qu’il faut viser, c’est les arcadiens! Le crétin en chef a fini par se rendre compte que j’essayais d’aider Lemleck et il a demandé à l’arcadien qui me tenait de s’éloigner avec moi. Tu penses vraiment que la distance va m’empêcher de l’aider?

Finalement, Lemleck s’est fait assommer et nous avons été emmenés au camp des arcadiens. Je me suis retrouvée seule dans une tente, les mains attachées dans le dos. Je ne savais pas où Lemleck était rendu.

J’ai eu droit à une visite du crétin en chef. J’étais déterminée à jouer les innocentes jusqu’au bout et c’est ce que j’ai fait. Mais qui est Lemleck? Moi je ne connais que le capitaine Rodrigue et il devait me reconduire chez moi, c’est tout…

Le crétin m’a expliqué les chefs d’accusations contre Lemleck : il aurait tenté de faire chier l’alliance entre les arcadiens et les elfes, il aurait kidnappé le prince et la princesse des elfes bleus. Le prince s’en était sorti, mais la princesse avait été renvoyée en paquet cadeau au roi. Suite à ça, Lemleck avait été banni d’Arcadia. Une minute… Lemleck est arcadien? Ce n’est pas que ce soit si important que ça, mais Lemleck est arcadien? Je comprends maintenant pourquoi Rodrigue avait dit que ceux de sa race étaient faits forts.

Et puis c’est quoi ces accusations-là? Je ne dis pas qu’il ne s’est rien passé, mais je suis certaine que Lemleck n’a rien à voir là-dedans. Je ne sais pas grand-chose sur lui, mais je sais que c’est quelqu’un de bien. Ce dont il est accusé, ce sont des gens mauvais qui font ça et Lemleck m’a sauvé la vie trop de fois pour en faire partie. Et si par malchance il me manipulait depuis le début et qu’il avait vraiment fait tout ça, toute sa famille a été massacrée, bordel! Il ne méritait pas ça, peu importe les circonstances! Alors jamais je ne pourrais lui en vouloir qu’il cherche à se venger, mais surtout, jamais je ne chercherais à l’en empêcher, au contraire…

Mais voilà le genre de choses que je ne pouvais pas dire à l’arcadien, qui semblait complètement bouché sur le fait de «il n’avait pas le droit de revenir, alors il doit être puni»… Mais on s’en fout! Ce n’est pas parce qu’il y a eu une transgression qu’il faut automatiquement qu’il y ait une punition! Il est seulement ici pour me reconduire chez moi! Il n’avait pas le croit de revenir… Mais on s’en fout, je vous dis! Foutue loi de merde. Vu la gravité des accusations, que pensez-vous qu’il va lui arriver s’il retourne à Arcadia? Vous ne pouvez pas faire ça… s’il vous plaît…

Quand j’ai été seule (bon débarras), j’ai tout de suite essayé de défaire mes liens. Je n’allais quand même pas attendre ici sans rien faire. Je vais sortir d’ici, je vais trouver Lemleck et après nous partirons le plus loin possible d’ici. J’ai d’abord essayé de couper mes liens avec mon épée de glace. Fail. Après j’ai essayé de geler la corde pour pouvoir la briser. Fail (je me suis écorché un poignet et c’est tout). Il faut que je fasse quelque chose. Je ne veux pas que Lemleck meure…

Le crétin en chef est revenu et il m’a fait une étrange proposition : il avait un plan pour nous faire partir d’ici. Mon travail à moi serait de convaincre Lemleck. Pas de problème. Le crétin voulait nous suivre. Peut-être problème… Mais nous allons nous arranger avec ça. Il y aura toujours moyen de nous en débarrasser plus tard…

Finalement, je n’ai eu à rien faire parce que Lemleck a accepté de lui-même la proposition du soldat. Il avait même un message à me transmettre : je devais faire ce que je faisais de mieux. Ce que je fais de mieux? Chanter…? Oh, aveugler les gens… D’accord, il y a longtemps que je n’ai pas utilisé de flare.

Au coucher du soleil, un arcadien est venu me chercher. Lemleck et moi avons été emmenés à l’écart du camp. Il n’y avait pas beaucoup d’arcadiens avec nous, mais il y en avait un qui était là comme «protection anti-magie» au cas où je tenterais quelque chose. Merde, je crois que je peux dire adieu à mon flare. Je vais utiliser mon eau alors.

Le crétin nous a dit nos chefs d’accusation. Moi j’étais accusée d’être une traître à ma race, d’avoir suivi un criminel en toute connaissance de cause, de l’avoir aidé… Merde… Tout est vrai… Mais comment a-t-il fait pour deviner tout ça?