lundi 18 mai 2009

Les dernières semaines…

Cher journal,

Il s’est passé tant de choses dernièrement, la plupart mauvaises… toutes mauvaises en fait. Comment les résumer? Je vais essayer de mon mieux de le faire, car j’ai besoin de m’extérioriser. À force de tout garder à l’intérieur, je sens mes soucis s’accumuler et je sais que ce n’est pas bien. Un jour ça risque de m’exploser au visage.

Nous sommes tous retournés au village. Biloss et Maël ont cependant décidé de retourner dans la forêt pour retrouver Petit Poupou. Le reste du groupe est allé chez Perceval. Pendant que ce dernier lui préparait du thé, j’ai tenté de la réconforter en lui caressant les cheveux, juste pour lui faire sentir que j’étais là pour elle. Elle n’a eu aucune réaction. Je ne pouvais pas lui en vouloir, après tout ce qu’elle avait vécu. Je suis vraiment pourrie. Je suis une barde, je suis habituée d’être près des gens, de communiquer avec eux, mais dans ce cas-ci, je ne sais pas du tout quoi dire. Comment réconforter une enfant qui s’est fait torturer? Je n’ai jamais vécu une telle situation, alors quoi lui dire? Ne t’inquiète pas, ça n’arrivera plus jamais? Je ne peux pas lui assurer. Je comprends ce que tu ressens? Ce n’est pas vrai. Je crois que tout ce que je peux faire c’est lui faire sentir que je serai toujours là pour elle et que si elle a besoin de moi, que ce soit pour parler ou pour autre chose, il me fera plus que plaisir de l’aider.

Takeo a finalement pris le relais et il a emmené Sakurako dans la chambre. Perceval a été un peu traumatisé d’apprendre que Yumulu était un assassin, mais pas qu’il était émotif. À le voir pleurer à propos de tout et de rien, personne ne le serait. J’ai fini par m’endormir dans un coin de la pièce, pour me faire réveiller par Sakurako, qui gesticulait en pointant l’extérieur. Yumulu et moi l’avons suivie dehors. Une fois sur le haut de la palissade, nous avons vu une lumière éblouissante de l’autre côté. Cette lumière s’est avérée être un gigantesque dragon, qui tenait sous sa patte Quentin. Elle ne démontrait aucun signe de vie. Comme le dragon venait de redonner à Sakurako le doigt qu’elle avait perdu, je l’ai supplié de faire quelque chose pour Quentin. Il m’a écoutée et la demi-elfe est revenue à la vie.

J’ai été tellement heureuse de la revoir que je l’ai huggée à mort. Nous sommes retournés au village (j’ai failli me faire abandonner derrière par les arcadiens, mais Yumulu est finalement revenu) et le restant de la nuit s’est passé sans problème. Le lendemain, Sakurako et moi avons essayé d’expliquer à Quentin ce qui s’était passé, mais à force de parler de dragon gigantesque et de doigt qui repoussait, nous avons passé pour deux cinglées qui était sur un trip de drogue intense. Mieux vaut laisser tomber pour l’instant.

La prochaine étape était de nous rendre à Highland, pour rencontrer le vieux monsieur barbu qui serait au pied d’une horloge et qui pourrait nous indiquer l’emplacement d’objets fabriqués par les dieux qui pourraient nous aider à séparer nos âmes. Grand-papounet nous a donné des provisions pour quelques jours. Nous aurions dû partir tout de suite après, mais Yumulu a décidé qu’il se battait contre des nains et il en a tué un. Il n’a jamais compris ce qu’il avait fait de mal, mais il a quand même été puni : ses ailes lui ont été arrachées. Ce ne fut pas un processus très agréable à entendre (j’ai évité de regarder), mais il fallait que Yumulu comprenne que ses actions avaient des conséquences et s’il devait se faire arracher les ailes pour réaliser que tuer des gens non-armés n’étaient pas bien, so be it.

Après cet événement, nous avons dû nous dépêcher de partir, notre présence n’étant plus désirée ici. Yuki, la licorne de Sakurako, nous a téléportés jusqu’à la moitié du chemin menant à notre airship. Le restant devrait se faire à pied. Après plusieurs heures, nous nous sommes arrêtés pour la nuit. Des bruits de combat m’ont réveillée. Une grosse bibitte nous attaquait. Nous avons réussi à la tuer, mais Quentin a perdu la vie. Ce n’est pas juste… Nous venons de la retrouver et pourquoi? Pour la perdre aussitôt? Comment vais-je expliquer ça à son frère? Avant que Maël ne l’enterre, j’ai pris quelques-unes de ses affaires, dont une mèche de cheveux, pour les redonner à son frère. C’était tout ce que je pouvais faire. Je me suis ensuite agenouillée à côté de Maël devant la tombe de Quentin. J’aurais bien prié le grand dragon argent de la ramener ou au moins de me donner les moyens de le faire, mais comment adresser des prières à quelqu’un dont on ignore le nom? Je vais donc prier de façon très abstraite que je réussisse à tuer Quentin.

Nous sommes repartis le lendemain matin et encore une fois grâce à Yuki, nous avons sauvé beaucoup de temps. Le capitaine du airship était toujours aussi soûl. Nous aurions pu lui dire que nous étions partis depuis dix minutes et non pas plusieurs jours et il nous aurait sans aucun doute cru. Tout le monde est grimpé à bord et nous sommes partis. Nous en avions pour une semaine jusqu’à Highland, une semaine qui se montrerait haute en rebondissements. J’ai continué à apprendre le sylvestre à Sakurako et elle a commencé à m’apprendre les rudiments de l’arcadien. Yumulu s’est soûlé avec le capitaine dans la cabine de pilotage tout en chantant des chansons de pirates. J’ai préféré me tenir aussi éloignée que possible de l’endroit.

Au bout du troisième jour, Sakurako est venue voir Maël, complètement en furie. Elle avait appris quelque chose : Kikuchi avait disparu et il aurait fait un deal avec Marayel pour tuer Quentin. Maël a mentionné qu’il avait déjà poppé out of nowhere dans la forêt, grâce à Marayel. Il avait sans doute été rappelé. J’espère qu’il n’a rien à voir avec la mort de Quentin parce que si c’est le cas, quand je le reverrai… Partie sur sa lancée, Sakurako m’a appris que ce n’était pas le cas. Elle a dit que la mort de Quentin était à 70% de la faute à Beloss et à 30% de la faute de la bibitte. Beloss aurait gardé la créature avec lui pour en faire son animal de compagnie. Alors techniquement, c’est de sa faute si Quentin est morte? A-t-il pensé à ce qu’il allait dire à son frère quand nous allions le retrouver? Parce que c’est certain que nous allons le retrouver, je vais tout faire pour que ça arrive et si ce n’est pas Beloss qui lui dit, ça sera sans doute moi. Jamais je ne serai capable de garder une telle information pour moi. Anyway, it wouldn’t be right to do so.

Raïsha et moi avons préféré nous éloigner le temps que la tempête se calme. De toute façon, qu’aurions-nous pu ajouter qui soit constructif? Sakurako voudrait qu’il y ait plus de communication, qu’on se dise ce qu’on fait et où on va. C’est sûr que ce serait l’idéal, mais quand des personnes qui n’ont prime abord rien à voir les unes avec les autres et qui voudraient être ailleurs se ramassent ensemble, il faut s’attendre à une période d’adaptation plus ou moins longue. Dans notre cas, je prédis qu’elle sera longue.

Finalement, nous sommes arrivés à Highland. Nous sommes partis à la recherche du vieil homme et de l’horloge, ou, selon Yumulu, rencontrer la vieille horloge barbue. La ville semblait remplie d’étudiants. Il y en avait partout où nous regardions. Le vieil homme que nous avons trouvé ne semblait pas avoir quoi que ce soit avec les objets divins. Ce n’était qu’un vieil homme qui nourrissait des pigeons. Nous nous sommes faits dire que ceux qui pourraient nous renseigner étaient les professeurs de l’école/château volant qui flottait au-dessus de la ville. Vers 18 heures, tous les étudiants se rassembleraient pour qu’un sort de téléportation les ramène là-bas. Nous pourrions nous joindre à eux et nous rendre à l’école à ce moment-là.

Maël, Beloss et moi sommes allés dans une boutique de vêtements. Pendant que Beloss se cherchait des nouveaux habits, Maël et moi sommes allées du côté des pyjamas. À force de subtilités, j’ai réussi à faire comprendre à la vendeuse que je voulais une chemise de nuit sexy.
-Ça ne ressemble pas à un pyjama de voyage, m’a fait remarquer Maël.
-Ça n’est pas un pyjama de voyage. Fait comme si tu n’avais rien vu.
-D’accord…
J’ai aussi pris deux paires de sous-vêtements sexy. J’ai été très gênée de me procurer tout ça, mais j’avais envie d’avoir quelque chose de joli pour la prochaine fois où…

Comme Maël contemplait les kimonos avec envie, j’ai décidé de lui en acheter un. Je n’avais pas les moyens de lui en acheter un aussi beau que celui qu’elle avait déjà eu, mais je voulais quand même lui en prendre un. Elle avait fait beaucoup de choses pour moi et je voulais la remercier. J’ai fait emballer le kimono dans du papier de soie et j’ai suivi Maël dehors pour le lui donner. Elle n’a pas compris la signification de mon cadeau. Elle a dit que dans son clan, ils recevaient seulement une fois un cadeau et c’était leur arme. C’est triste… Il va falloir que je l’habitue à la notion d’amitié. J’espère seulement qu’elle ne m’a pas pris au sérieux quand je lui ai dit que je cherchais à acheter son amitié avec le kimono…

Beloss nous a rejointes, a aussi fait un cadeau à Maël (qu’elle n’a pas compris non plus) et il a commencé à y avoir de la distorsion dans l’air et notre vision s’est troublée. Nous avons entendu des voix dans les boucles d’oreille que Beloss nous avaient faites et nous sommes partis pour le temple. Nous y avons trouvé une autre Leila, qui avait été attachée à Kikuchi avant que le restant du groupe ne lui coupe la main. Muuu… Pourquoi vous m’avez coupé la main? L’autre Leila et Kikuchi ont fini par disparaître, probablement grâce à l’autre Yumulu, qui semblait être beaucoup plus intelligent que celui qui était avec nous. Il y avait apparemment aussi une autre Sakurako. Euh, est-ce que je suis la seule à me poser des questions?

Les distorsions ont recommencé, mais tout a semblé normal quand nous sommes sortis du temple. Cependant, notre airship n’était plus là où nous l’avions laissé et la ville n’était plus remplie d’étudiants. Nous avons retrouvé le kid blond de Cirqui, qui nous a dit que nous travaillions aussi pour lui. Euh… Nous n’avons pas changé de ville, mais plutôt de dimension? Une dimension où nous travaillons pour nos ennemis, où Yumulu est intelligent et Maël une bête sauvage? Étrange… Je me demande comment est l’autre moi.

Nous sommes retournés en ville pour effectuer quelques achats et je me suis vite rendue compte que les elfes n’étaient pas très appréciés. Dans ce monde-ci, au moins dans cette ville, nous étions l’équivalent d’esclaves. Je ferais mieux de ne pas me promener toute seule alors… Comme ça semble être notre destin, les ennuis nous ont vite rattrapés. Yumulu et Beloss se sont retrouvés en prison et quand Sakurako et moi sommes retournées voir le kid blond pour l’en informer, le mage aux cheveux mauves, celui qui avait enlevé François, était là. Il nous a regardées bizarrement. J’ai tout de suite cru qu’il s’était rendu compte que nous n’étions pas les bonnes Sakurako et Leila, mais avant de lui laisser le temps de parler, Sakurako a fait un mur d’eau entre nous pour que nous puissions nous enfuir. Ça ce n’était pas brillant du tout. S’ils avaient eu des doutes quant à notre identité, maintenant ils n’en ont plus.

Nous avons réussi de peine et de misère à nous sauver, emmenant avec nous un garde de la prison se prénommant William. Il avait refusé l’ordre du mage aux cheveux mauves de nous tuer et Maël ne voulait pas le laisser ici à la merci de Cirqui. À vol de dragon, nous sommes partis vers l’oracle. J’ai profité de cette deuxième chance pour demander des précisions sur la «ville qui n’était pas une ville». L’oracle m’a dit que le meilleur moyen de m’y rendre était de trouver quelqu’un qui y avait déjà été. Elle m’a donné quatre noms ainsi que des descriptions (très) sommaires de ces personnes. Qu’est-ce que je suis censée faire maintenant? Demander à chaque homme que je croise s’il s’appelle Jean, Grégoire, Alexandre ou Tsuyoshi? Je vais passer pour une folle finie. Quant aux objets magiques que nous n’avions plus en notre possession, la boucle d’oreille se trouvait sur les rives de Mic-Mac, entres les océans Blanc et Bleu. And that’s supposed to be where…? Quant à la ceinture, elle se trouvait dans le temple ultime de Bacob. Et en ce qui concerne les François et Quentin de cette dimension, un avait carrément disparu et l’autre se trouvait en bas de la montagne.

En partant à la recherche de celui (ou celle) qui se trouvait près de nous, nous sommes tombés sur trois airships de Cirqui. Plusieurs soldats entouraient des gens habillés en toges. Nous avons tous décidé d’aller aider les gens en toges. Peut-être que l’un d’entre eux était l’une des quatre personnes que je recherche? Nous avons réussi sans trop de mal à disposer des soldats et à créer la panique parmi les survivants. Quand le calme est relativement revenu, je suis allée interroger les toges. Le seul qui a pu m’aider (si on peut appeler ça aider et non pas faire peur) a été l’homme portant la toge brune. C’était un elfe très vieux qui émanait le evil. Il a dit s’appeler Tsain. Pour la «ville qui n’est pas une ville», il m’a suggéré l’enfer. Euh… J’admets que quand on y réfléchit, la description matche avec l’endroit, mais… l’enfer? Je n’ai pas envie d’aller là-bas moi… Tsain m’a dit que le trou se trouvant sous Arcadia menait au 6e enfer. Le ménage y avait d’ailleurs été fait. C’est bon à savoir… Avant de partir, il m’a dit qu’il espérais me revoir, que mes pouvoirs étaient grands.
-…Je ne suis qu’une petit barde…
-Il ne faut jamais sous-estimer les pouvoirs de quelqu’un…
(C’est certain, mais sans la boucle d’oreille, je maintiens que je ne suis qu’une petite barde.)

Tsain a disparu dans un portail et je suis allée retrouver Maël. Elle était concentrée sur sa hache, qui était à la poursuite de Beloss. Je ne sais pas ce qu’il a fait, mais Maël semblait bien décidée à le trucider. J’ai essayé de la convaincre qu’il serait peut-être bien de partir, mais elle m’a répondu qu’elle voulait suivre la cape rouge, car il s’agissait soit de Quentin ou de François. Oh! Dans ce cas, je vote aussi pour rester. Cette piste ne nous a cependant menés nulle part, Quentin (ou François) ayant payé quelqu’un pour qu’il porte la cape à sa place. Maël aurait voulu retourner tout de suite à l’oracle (elle n’avait pas du tout envie de grimper sur un airship de Cirqui (encore moins sur un airship dont Beloss avait pris le contrôle), mais William a réussi à la convaincre qu’il serait plus sage et plus rapide de le faire. Nous nous sommes tous retrouvés sur le airship, anciens et nouveaux compagnons, partant pour une aventure dont personne ne connaissait l’issue…

mercredi 18 mars 2009

Am I going to hell?

J'ai coupé certains bouts parce que je n'étais plus sûre de comment ils s'étaient passés et j'ai très résumé la fin, parce que j'étais en train de m'endormir.


J’ai pris Sven dans mes bras et je l’ai couru vers l’agora. Marayel était sans aucun doute un prêtre assez puissant pour faire quelque chose. J’ai donc laissé mes amis combattre le gros serpent mauve. Je vais essayer de revenir dès que possible.

En chemin, j’ai dû healer Sven quelques fois, car il perdait beaucoup de sang et les premiers soins que nous lui avions rapidement administrés n’avaient pas donné grand-chose. Marayel se trouvait bien à l’agora. Je me suis précipitée vers lui en le suppliant de m’aider. Il a semblé hésiter, mais il a fini par amener Sven à l’écart pour s’en occuper. Quand il est revenu vers moi, Sven était étendu sur les marches et il avait l’air de dormir. Je me suis empêchée de remercier Marayel de son aide, mais j’ai remarqué qu’il semblait contrarié. J’ai aussitôt changé mes remerciements pour des excuses, sans savoir pourquoi je le faisais. Marayel m’a dit qu’il n’aurait pas dû faire ça, parce que ça allait recommencer. Euh… Pourquoi ça recommencerait? Personne dans le groupe n’a jamais voulu que Sven soit blessé, c’était un accident. Quand nous repartirons, nous allons en prendre très soin.

Quand Marayel m’a demandé ce qui s’était passé et que je lui ai dit que nous nous étions fait attaquer, j’ai simplement dit que nous nous étions fait attaquer. Quand il m’a répondu que personne ne se faisait attaquer près du temple, j’ai été prise au dépourvu. Malgré l’aide très appréciée qu’il nous avait fournie, je ne lui faisais pas confiance. Je ne pouvais donc pas lui dire que Sven avait été blessé à cause d’un objet des dieux. Dieu sait ce qu’il ferait avec cette information.

Marayel m’a demandé quelle décision notre groupe avait prise et si j’étais la seule à avoir décidé de venir. Je préférais attendre que tout le monde soit là avant d’annoncer notre refus à son offre, alors j’ai patiné le mieux que mon pas de talent de baratinage me permettait. J’ai soupiré de soulagement quand le reste du groupe est arrivé. Comme personne ne semblait avoir envie de prendre la parole, je me suis auto-désignée porte-parole de tout le monde. Jamais je ne m’étais rendue compte que j’avais aussi peu de talent pour parler quand j’étais nerveuse. J’ai eu des leçons d’étiquette, peut-être que je devrais prendre des leçons de diplomatie? Ou alors juste apprendre à me calmer lors de situations de crise? Je dois avouer que tout me dépasse ces temps-ci…

J’ai donc dit à Marayel que pour diverses raisons, nous ne pouvions pas accepter son offre. Il nous a demandé ce que nous comptions faire avec Sven. L’amener avec nous? Ça n’était pas de son avis. Il voulait plutôt partir avec lui. Il a dit que si Sven restait avec nous, ce qui venait de se produire recommencerait. Il n’a pas nié être intéressé par l’objet qui était caché dans le corps de Sven. Je ne croyais pas que c’était une bonne idée de laisser un tel objet entre les mains d’un homme comme lui. Maël était de mon avis. Elle m’a demandé discrètement de demander à ma boucle d’oreille de se transformer en dragon pour que nous puissions partir et que si Marayel protestait, je n’aurais qu’à faire ce que j’avais fait chez les drows. Que ce soit la noyade ou l’assèchement spontané, c’était une solution extrême. Mais nous n’aurions peut-être pas le choix.

Nous n’avons en effet pas eu le choix. L’arcadienne qui était avec Marayel s’est avancée vers Sven et les choses ont échappé au contrôle de tout le monde, surtout de moi. J’ai voulu éloigner Marayel, l’elfe et la halfling, mais j’ai échoué lamentablement. Marayel m’a reprochée d’avoir failli blesser l’elfe. Je ne voulais pas la blesser, mais seulement l’éloigner. J’ai ensuite fait transformer ma boucle d’oreille et j’ai embarqué dessus, pour être tout de suite prête à partir. Comme je préférais ne pas m’attarder ici plus longtemps que nécessaire, je lui ai demandé d’agripper Sven et de le mettre sur son dos. Il l’a donc pris dans sa gueule et il me l’a lancé. Je n’ai malheureusement pas réussi à l’attraper et Sven s’est écrasé devant moi. Quand je l’ai pris dans mes bras, son corps était mou comme une poupée de chiffon, il saignait de plusieurs endroits et je ne sentais pas son pouls. Oh mon dieu… Je viens de tuer un enfant… Je suis une meurtrière…

J’ai ensuite complètement déconnecté de la réalité. J’ai à peine entendu Marayel partir, des menaces à peine voilées .tant ses dernières paroles. J’ai laissé Maël prendre le corps de Sven et je suis allée m’assoir sur le bas des marches, ma boucle d’oreille étant de nouveau accrochée à mon oreille. Les larmes coulaient silencieusement et c’était tout ce que je pouvais faire. Je venais de commettre un crime horrible. Si je n’avais pas été certaine d’aller en enfer avec tous les drows que j’avais tués, maintenant je l’étais. I just wanted peace and instead I became a monster. I should be burned at the stake or something like that. Parlant de feu, Maël est revenue du temple et elle a déposé Sven au centre de l’agora. À défaut de pouvoir lui offrir une sépulture, elle l’a fait brûler. Personne n’a rien dit jusqu’à ce que les cendres soient redevenues noires. L’odeur était très désagréable, m’ai j’ai enduré sans me plaindre et sans me boucher le nez. Je méritais d’endurer tout ça. J’aurais mérité d’être dans le feu moi aussi, ou plutôt d’y être à la place de Sven.

Une fois les cendres dispersées au vent par Maël (qui a aussi récupéré la pierre qui était dans Sven), nous sommes repartis vers le village des nains. Je n’ai rien dit à personne. Quentin a osé m’approcher pour me dire que ce n’était pas ma faute. Je ne lui ai pas répondu. Bien sûr que c’est ma faute. C’est moi qui ai demandé au dragon de prendre de Sven. Si je ne l’avais pas fait, il serait encore en vie. Alors bien sûr que c’est ma faute.

Maël est aussi venue me voir. Elle a tenté du mieux qu’elle le pouvait de me remonter le moral. J’ai entendu ses paroles et je les ai comprises, mais je me sentais malgré tout toujours aussi mal. Elle m’a dit que l’heure de Sven devait être venue. Il avait failli se faire sacrifier par les drows, puis il avait failli mourir accidentellement à cause de Biloss. Au moins je lui avais offert une belle mort? Je suppose, mais ça ne change rien au fait que je l’ai tué, même si ce n’était pas ce que je voulais. Elle m’a suggéré de me concentrer sur autre chose, aka retrouver François. J’en avais bien évidemment très envie, mais si je refaisais la même erreur? Si François finissait par mourir par ma faute? Maël m’a assurée que ça n’arriverait pas. Comment m’en assurer? Je sais bien que je devrais être forte, pour que la mort de Sven n’ait pas été vaine, mais comment le faire? How do I go on from here? Is salvation possible for me after such a horrible mistake?

J’ai marché à une certaine distance des autres, en silence, sans trouver de réponse à mes questions. Il faut dire que mon esprit était beaucoup trop occupé à revoir la scène en boucle pour penser à autre chose. Une fois la nuit venue, nous avons été entourés de plusieurs hiboux. Ils nous ont dit que nous n’avions pas le droit de nous trouver ici durant la nuit. Nous avons donc eu droit à un lift jusqu’au village des nains, ce qui a dû nous économiser deux jours de voyage. Quand nous sommes arrivés, quelqu’un manquait à l’appel : Quentin. Et Biloss qui était dans son sac sans fond. Elle avait aussi voyagé par «Air Hiboux», mais nous semblions l’avoir perdue en chemin.

Nous avons décidé de nous séparer pour partir à sa recherche. Sakurako et Takeo resteraient au village et tout le reste du groupe partirait chercher Quentin. J’ai demandé à ma boucle d’oreille de se transformer et nous avons pu ainsi voyager plus rapidement. Une fois dans les airs, j’ai demandé au dragon s’il ressentait de l’eau, sous la forme de deux humanoïdes. Il sentait quelques regroupements. Nous nous sommes dirigés vers le plus proche. Il ne s’agissait pas de Quentin et de Biloss, mais du psychopathe aux cheveux blancs et d’un kid blond attaché à un arbre et qui portait le crest de Cirqui. Comme une belle bande de tatas, nous nous sommes jetés dans la mêlée, avec Sakurako et son grand-papounet adoré. Malheureusement, le combat ne s’est pas bien déroulé. Le psychopathe a pris Sakurako en otage et il s’est sauvé dans la noirceur.

Je me suis tout de suite mise à sa poursuite. Je me souvenais des paroles qu’il m’avait dites la dernière fois que je l’avais vu. Je ne voulais pas que Sakurako se retrouve entre les mains d’un malade pareil. J’aurais préféré prendre sa place plutôt que de laisser ça arriver. L’idée m’a même traversé l’esprit. It would be a good way to atone for what I did, sacrifice myself for her. Je n’en ai cependant pas eu l’occasion. Maël a encore une fois été ma voix de la raison, me faisant réaliser qu’il pouvait bel et bien être un élémentalise de dark et être beaucoup plus loin. Je me suis rangée à ses arguments et nous nous sommes tous mis à la recherche du kid blond. Le psychopathe l’avait pris en otage, alors peut-être savait-il quelque chose qui pourrait nous aider à retrouver notre compagne?

Nous avons suivi Maël et son odorat, mais ce n’est pas le jeune homme que nous avons trouvé en premier. Nous avons retrouvé Yuki, qui cherchait sa chère Sakurako. Yumulu, l’assassin émotif a été très impressionné et il voulait absolument la flatter. Yuki a semblé prendre peur et elle s’est réfugiée derrière moi… pour aussitôt s’éloigner. Elle avait l’air dégoûtée. C’est vrai… Je ne suis plus… et elle ne les porte pas dans son cœur. Nos pas nous ont ensuite emmenés jusqu’à un petit espace sans arbres, où Sakurako se trouvait, en très piteux état : ses vêtements étaient en partie déchirés, elle saignait et elle avait des pics plantés dans ses jambes et ses bras. Maël les lui a enlevés et elle lui a ensuite donné une potion. Puis elle est allée se défouler contre un arbre. Elle était tellement enragée que personne n’a osé l’approcher jusqu’à ce qu’elle soit calmée.

La meilleure solution était maintenant de retourner au village. La pauvre Sakurako avait besoin de repos. Je l’ai enveloppée d’une couverture, son grand-papounet la prise dans ses bras et nous sommes repartis. Bien avant d’arriver à destination, encore une fois grâce à l’odorat de Maël, nous sommes tombés sur une grotte. À l’intérieur, nous avons trouvé le kid blond et Biloss, qui était complètement décrissé de la vie. Marayel et ses petits copains avait emmené Quentin. Oh non… Il faut la retrouver au plus vite sinon ils vont la tuer. Et François? Il serait complètement dévasté s’il arrivait quoi que ce soit à sa sœur. Nos cœurs loin d’être à la fête, nous sommes ressortis dehors. Le kid blond (il faudrait que je lui demande son nom) a fait du feu et du thé. J’ai accepté ma tasse en le remerciant avec un petit signe de tête. Personne ne disait rien. Que pouvions-nous dire? Sakurako s’était fait torturer, la vie de Quentin était très sérieusement en danger, tout le monde se sentait mal pour une raison ou pour une autre… Everything is such a mess. How are we going to get out of this? How am I going to get out of this? Is it even possible?

mardi 24 février 2009

The oracle

Nous en avions pour trios jours jusqu’à l’oracle, trois jours au cours desquels Maël m’a donné des herbes pour éviter que je ne… Enfin, vous savez… Tant qu’à faire, j’en ai profité pour lui demander de m’en apprendre un peu plus sur les herbes en général. Ça pourrait toujours m’être utile et quand… si une situation comme celle qui s’était produite se reproduisait, je pourrais me débrouiller toute seule. Je n’avais vraiment pas envie que tout le monde soit au courant à chaque fois que je…

J’ai aussi passé du temps avec Sakurako, qui apprenait le sylvestre avec Maël. Ça m’a évité d’être toute seule et ça a tenu mon esprit occupé. Au 3e soir, au campement, Biloss nous a donné des objets pour nous permettre d’entendre et de parler à ceux qui se trouvaient à 180m de distance et portant les mêmes objets. C’était des boucles d’oreilles pour les filles et des genres de porte-clés pour les gars. Ça serait pratique quand nous aurions à nous séparer, ce qui arrive à peu près tout le temps.

Quand nous nous sommes remis en route le lendemain, le chemin n’a cessé de monter de plus en plus abruptement. De chaque côté de la route, il y avait une forêt très dense formée autant de ronces que d’arbres. Les branches de ces derniers formaient une voûte au-dessus de nos têtes. Nous avons commencé à grimper et il ne s’est tout d’abord rien passé, puis des roches ont commencé à débouler vers nous, une à la fois. Après une fois à avoir été blessée par les ronces en me tassant, j’ai créé de la glace par-dessus les ronces le temps que la roche passe et je suis ensuite retournée sur la route. Mais les roches ne cessaient de revenir et en plus, il y avait des petits singes complètement cinglés qui ne semblaient vivre que pour se faire écraser par les roches.

Nous avons fait quelques tentatives pour arrêter la roche (Sakurako et moi avons formé une très belle équipe), mais le plus simple a été finalement de se tasser sur le côté sur un chemin de glace le temps que la roche passe et continuer ensuite. Quand nous sommes arrivés au sommet, nous avons vu d’où venaient les roches exactement. Elles apparaissaient de nulle part comme par magie et dévalaient ensuite la pente. Plus loin, il y avait des ruines habitées par plusieurs petits singes. Ils étaient aussi fous que les autres et quand ils mourraient, ils se relevaient quand même et ils continuaient à se battre. Ils avaient l’air fait de papier. C’était assez creepy.

Quentin a failli y rester. Quand je l’ai vue par terre, je me suis dépêchée de la soigner. Je sais à quel point François tient à sa sœur, alors ne serait-ce que pour lui je me devais de faire quelque chose. Tous les singes hors d’état de nuire, nous avons continué. J’ai fait une partie du chemin à dos de dragon, lequel ne s’est pas fait prier pour m’aider. Nous avons monté, monté et encore monté jusqu’à ce que nous arrivions devant une arche. Quand nous l’avons traversée, nous nous sommes finalement retrouvés devant le temple de l’oracle. Quelques groupes se trouvaient de part et d’autre du chemin : trois personnes qui ne faisaient pas de buée quand ils respiraient, contrairement à tout le monde (étrange), un groupe que je ne connaissais pas, un groupe comprenant les deux femmes qui avaient essayé de tuer Quentin et finalement le groupe de Cirqui. Dès que je les ai vus, j’ai donné une cape à Quentin pour qu’elle se couvre. Elle ne s’est pas fait prier pour se cacher quand elle a su de qui il s’agissait. Puis un homme est sorti du temple. Il portait l’insigne de Cirqui. C’était probablement leur chef. Quand il est passé à côté de nous, il nous a regardés en souriant. Même si Quentin était cachée derrière moi, sous une cape, j’ai eu l’impression qu’il savait qu’elle était là. Il aurait pu facilement s’en prendre à nous, mais il ne l’a pas fait et tout son groupe et lui ont disparu en repassant sous l’arche. Comme nous ne pouvions rien faire d’autre qu’attendre, chacun est parti de son côté : Biloss est allé voir le groupe de pas-de-buée, Maël est allée voir le groupe inconnu et Kikuchi s’est dirigé vers le groupe avec l’arcadienne.


Je suis restée auprès de Quentin. J’aurais bien voulu lui dire quelque chose pour la rassurer. Mais quoi? L’ancienne moi lui aurait sans doute dit : Ne t’inquiète pas, tout va bien aller. Mais je ne suis aujourd’hui plus assez idiote pour dire quelque chose d’aussi idéaliste. Je dirais plutôt : N’oublie pas que je suis là pour toi. Tu n’es pas toute seule alors si tu as besoin d’aide, tu peux compter sur moi. J’ai voulu le faire, mais quand je me suis retournée vers Quentin, elle a disparu. Euh… Pendant quelques instants, j’ai dû avoir l’air d’une attardée à promener ma main dans les airs à l’endroit où elle s’était trouvée. Ce n’est pas le moment de disparaître…

C’était en effet notre tour d’entrer dans le temple. Marayel venait de sortir et il nous a dit qu’il voulait nous parler quand nous en aurions fini. Il allait nous attendre ici. Quentin est revenue parmi nous à ce moment-là. Un type l’avait entraînée dans l’ombre et lui avait demandé de se tenir loin de Cirqui. Je pense qu’elle n’avait pas besoin d’avertissements pour ça. Dans le temple, il y avait de la brume au niveau du sol. C’était une grande pièce avec des colonnades de chaque côté et deux grandes portes dorées au bout. J’ai été la première à aller voir l’oracle. De l’autre côté des deux portes dorées, il y avait encore plus de brume : j’en avais jusqu’à la taille. Fait étrange : dès que j’avais mis un pied dans la pièce, ma boucle d’oreille avait disparu. Elle devait avoir eu de bonnes raisons. Je la retrouverais sans aucun doute à la sortie. J’ai fini par trouver l’oracle en suivant une petite voix que j’entendais à travers le brouillard.

J’ai vu une petite fille aux cheveux noirs qui ne devaient pas être âgée de plus de cinq ans. Je me serais attendue à quelqu’un de plus vieux, c’était bien l’oracle. Je me suis assise devant elle dans le tas de coussins. Il n’y avait qu’une question dont j’avais vraiment envie de connaître la réponse : où est François? Après quelques précisions (demi-elfe aux cheveux blonds, Quentin est sa sœur…), l’oracle a pris quelques instants pour réfléchir et elle m’a répondu. François se trouvait dans un endroit perdu, oublié depuis des siècles, mais dont certaines personnes se rappelaient. Euh… C’était une ville qui n’était pas une ville avec de gros nuages en-dessous. Quelque chose faisait en sorte que le soleil n’existait pas dans cet endroit. Tout y était gris. Il fallait être prudent quand on se trouvait sous les nuages. Des monstres hideux et immortels se trouvaient en cet endroit, qu’on ne voyait jamais de l’extérieur.

Euh… Est-ce que c’est normal que je ne comprenne rien? Moi je m’attendais à une réponse claire et précise. À partir de là, j’aurais pu trouver le chemin par moi-même. Comment suis-je censée trouver un endroit comme celui que l’oracle vient de me décrire? Quand l’oracle m’a dit que je pouvais lui poser plus qu’une question, j’ai repris espoir. Elle m’a dit que normalement c’était seulement une question, mais les choses étaient différentes aujourd’hui, car c’était la dernière fois qu’elle répondait à des questions. Je n’ai pas demandé de précisions, mais ça m’a attristé. Elle parlait comme si elle allait mourir. Elle est pourtant si jeune…

Je ne voulais pas abuser de son précieux temps alors je m’en suis tenue à l’essentiel. J’ai demandé où se trouvait l’endroit bizarroïde qu’elle m’avait décrit, mais elle n’a pas pu me le dire. Le lien avec les dieux étant coupé, elle ne voyait plus rien. Prenant mon courage à deux mains, je lui ai demandé si le François que j’avais vu au village des nains était bien le François que je connaissais. Elle m’a dit que oui. Je ne peux vous dire à quel point j’ai été soulagée. Déjà que les choses ne se sont pas passées comme je l’espérais, s’il avait en plus fallu que ma première fois soit avec un François look-alike… Une seule autre question m’importait. Je voulais savoir comment se portait ma famille. J’étais partie il y a cinq ans déjà et pas une seule fois je n’étais entrée en contact avec eux. Avec tout ce qui se passait autour de moi, j’avais besoin de savoir qu’ils allaient bien. L’oracle m’a dit que oui, mais qu’ils s’inquiétaient. Ma mère pleurait beaucoup. Muuu… Je suis une fille ingrate. Je les ai abandonnés alors qu’ils ont tant fait pour moi. Muuu… L’oracle m’a ensuite dit que la ville allait subir des dommages. Elle ne savait pas quand ni comment, elle ne voyait que le résultat. Muuu… I want to go back…

N’ayant plus rien à demander, j’ai remercié l’oracle en m’inclinant et je suis sortie pour aller rejoindre les autres, l’esprit très préoccupé. François se trouvait dans un endroit pas trouvable et mes parents étaient peut-être en danger. Ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour finalement décider de retourner chez moi, mais après ce que l’oracle venait de me dire, je devais le faire. I have to make sure they’re okay… Mais je vais devoir convaincre les autres de venir avec moi, parce que toute seule… Tous ceux qui avaient des questions à poser l’ont fait (Raïsha avait l’air plutôt en colère en sortant), puis l’oracle est sortie en tenant la main d’une prêtresse. Elle allait séparer les trois qui étaient pris ensemble (Abigail, la pixie et l’elfe). Nous lui avons prêté notre force, car elle était trop faible pour le faire toute seule. Je me souviens seulement d’une lumière blanche, puis ma tête a fait connaissance avec le sol.

Quand j’ai repris mes esprits, tout le monde semblait dans le même état. L’oracle a dit que nos âmes étaient maintenant toutes connectées. J’ai cependant entendu Raïsha dire qu’elle et Quentin n’avaient pas été atteintes. No fair. Pour nous séparer, nous allions devoir trouver des objets relatifs aux six éléments. Ça pouvait être des armes, mais elles changeaient d’apparence. Il nous faudrait aller à Highland et trouver un vieil homme près d’une horloge. Il nous aiderait dans nos recherches. Peut-être pourrait-il aussi nous expliquer ce que ce type inconscient faisait là. Même l’oracle ne savait pas d’où il venait. Son âme était cependant maintenant liée à la nôtre. Quand il s’est réveillé, il nous a dit s’appeler Yumulu (?) et nous a révélés le plus naturellement du monde qu’il était un assassin. Nous avons tous eu un mouvement de recul, mais il n’avait pas du tout l’air dangereux. Inoffensif aurait plutôt été le bon mot pour le qualifier. Inoffensif et émotif. Quand il s’est rendu compte que l’oracle était en train de mourir, il s’est mis à pleurer. Euh… Un assassin? Tu ne crois pas que peut-être tu as raté ta vocation?

Nous sommes ensuite tous sortis dehors. Maël a pris l’oracle dans ses bras, désirant lui offrir de beaux souvenirs pour ses derniers instants. Elle semblait avoir la situation bien en main alors je ne m’en suis pas mêlée. J’en ai profité pour faire une description de l’endroit bizarroïde à Raïsha. Ça ne lui disait rien, mais elle m’a dit que si on allait dans chez elle et qu’on retrouvait son maître, il pourrait peut-être nous aider. Quand je lui ai demandé où était sa demeure, elle m’a répondu «ailleurs, très loin». Euh, plus de précisions s’il vous plaît? Elle a fini par me dire que c’était dans un autre univers. Ça risque de compliquer un peu les choses.

Quand les prêtresses sont reparties avec les corps de l’oracle (nous avons eu droit à d’autres larmes de Yumulu), Marayel s’est avancé vers nous. Il nous a dit que si certains d’entre nous voulaient sauver le monde, nous devrions nous joindre à lui. Il a beau eu dire que ce qui s’était passé quand l’arcadienne nous avait attaqués pour s’en prendre à Quentin était un malentendu, je ne me sentais pas très (pas du tout en fait) à l’aise de me battre aux côtés d’un homme qui avait voulu se débarrasser de Quentin. Ça ressemblait plutôt à des belles paroles selon moi. En plus, Maël a dit que l’oracle lui avait dit que pour le monde, à long terme, ce qui serait bien ça serait de se battre avec les ennemis du dieu Bacob, donc de Marayel. Je préfère me fier à ce que Maël me dit plutôt qu’à Marayel.

Il nous a finalement dit qu’il allait nous attendre à l’agora qui se trouvait plus bas dans la montagne, le temps que nous en discutions ensemble. Après son départ, tout le monde s’est regroupés. Maël a révélé que ma boucle d’oreille était un objet des dieux qui s’était révolté. Il y avait sept objets en tout (C bien ça? La player n'est plus sûre), mais il y en avait un qui ne s’était pas révolté car il ne pensait pas. Dans Sven, il y avait un autre objet. Biloss m’a demandé de demander à ma boucle d’oreille s’il pouvait demander à cet objet de sortir. «Es-tu malade?» fut sa réponse. Maël m’a demandé quelques précisions sur mon dragon. Je lui ai dit que son pouvoir était la dextérité.
-Juste pour être certains, son élément c’est l’eau? m’a demandé Maël.
-Je ne lui demanderai même pas. Ça serait insultant pour moi et pour lui.
-Je t’aime! m’a dit mon dragon.
-Je t’aime aussi!
Pate, pate.

Le refus du dragon de discuter avec l’objet qui se trouvait dans le corps de Sven n’a pas découragé Biloss. Sa persévérance et son insistance ont fait en sorte que l’objet est sorti de lui-même. Le ventre de Sven a littéralement explosé et une sphère mauve et lumineuse en est sortie. Je me suis jetée sur Sven pour lui porter secours, mais j’ai tout de suite vu que le soigner magiquement et panser ses plaies ne serait pas suffisant. Il nous fallait quelque chose de plus puissant où Sven mourrait. Mais ce n’était pas le seul de nos soucis. En voyant l’état de Sven, Maël s’est mis en colère et elle a dit sa façon de penser à la boule mauve, qui s’est transformé en gigantesque serpent. Oh-oh, that can’t be good.


-Ninja silent prostitute: Never saw it coming!
-Assassins: Enfants illégitimes d'un ninja et d'un thief.

mercredi 18 février 2009

More blood on my hands

Perdue dans mes pensées, j’ai continué à faire le tour de la ville, un hibou me suivant toujours. Quelques instants plus tard, j’ai vu plusieurs hiboux s’envoler. Ils semblaient aux aguets.
-Qu’est-ce qui se passe? aie-je demandé à mon hibou.
-Sécurité!
-D’accord…
Puisque je ne pourrais tirer aucun autre renseignement de lui, j’ai demandé à mon dragon s’il sentait quelque chose.
-Je sens pleins de choses!
-Comme…?
-De l’eau! De l’eau! Encore de l’eau!
-Quelque chose d’anormal?
-Non!
-D’accord.
Pate, pate.

Me disant que je n’avais sans doute pas lieu de m’inquiéter, j’ai continué à me promener. Puis j’ai vu Kikuchi et Perceval, qui tenait Sakurako en poche de patate, sortir et se diriger vers une bâtisse plus loin. Ensuite j’ai vu Biloss qui courait réveiller Quentin et les deux se sont allés vers la palissade. La situation commençait à m’intriguer alors j’ai décidé d’aller les voir.
-Qu’est-ce qui se passe?
-Quelque chose vient vers la ville et c’est potentiellement hostile! m’a répondu Biloss.
J’ai décidé de monter sur la balustrade, mais tout ce que je voyais c’était un champ noir. J’ai demandé au dragon combien de créatures il sentait et il m’a répondu 88, ce que je me suis empressée de dire aux autres.

Biloss a décidé d’envoyer un gros scarabée de feu pour mettre le feu au champ. C’est à ce moment que nous avons pu voir une marée de drows. Muuu… Biloss m’a demandé de mouiller la balustrade pour que le feu de sa bibitte ne pogne pas dedans. Je n’ai pas eu de problème à le faire, mais j’ai en même temps éteint toutes les torches et aspergé d’eau tous ceux qui se trouvaient en haut, y compris les pauvres hiboux qui ne pouvaient plus voler. Je m’excuse… Je vais devoir apprendre à préciser le fond de ma pensée quand je m’adresse à mon dragon. Il faudrait d’ailleurs que je lui trouve un nom. «Dragon», ça ne fait pas super original.

Le noir autour de moi ne m’a pas empêché de voir un truc rouge qui volait et qui s’en venait dans ma direction. Quand ça fut plus près, j’ai constaté qu’il s’agissait de Takeo… qui est tombé en plein milieu de la mare de drows? What the hell?!
-Baston!!
Ça c’était Biloss, qui avait décidé de se lancer aussi dans la mêlée. Puis ce fut au tour de Quentin de sauter. Euh… Est-ce que vous êtes tous devenus fous? Ou alors suicidaires? Avec mon minuscule fleuret (et ma petite quantité de points de vie) et les centaines de drows qu’il y avait, il n’aurait pas été sage de ma part de sauter. Je ne pouvais pas non plus attaquer, n’ayant pas mon arbalète et ignorant où elle se trouvait. La seule solution qu’il me restait était de me servir des pouvoirs de ma boucle d’oreille. D’ailleurs, le feu était en train de se propager très rapidement et se rapprochait de plus en plus de la forêt. Je me suis sentie totalement incapable de la laisser brûler (ça pourrait être ma forêt) alors j’ai descendu de la palissade et j’ai couru jusqu’au centre du village. J’ai demandé au dragon s’il pouvait se transformer et aller éteindre le feu qui menaçait la forêt.
-Gros comment? m’a-t-il demandé.
-…Assez gros pour que je grimpe sur toi!
La boucle d’oreille a disparu et un dragon bleu hyperactif est apparu devant moi. Il ressemblait à un chien qui attendait qu’on lui lance un bâton. Trop mignon.

Je suis grimpée sur son dos et nous sommes partis dehors. Le dragon a contourné les combattants et il a créé une grosse vague d’eau autour de la forêt. Le feu ne pouvait maintenant plus s’y attaquer. Je pouvais maintenant me concentrer sur les drows. Les ice spikes de Sakurako semblaient être très efficaces alors je pourrais essayer d’en faire? J’ai demandé au dragon d’en faire sur les drows qui entouraient la palissade. Je savais que j’allais en tuer, mais je ne m’attendais pas à ce que ça se passe de cette manière. Des ice spikes gigantesques se sont formés et tous les drows qui se trouvaient autour du village ont fini empalés. Le sang a juté sur le bois de la palissade. J’ai trouvé ça dégueulasse. Je me suis trouvée dégueulasse. Je venais de tuer des dizaines de drows en quelques secondes sans y penser deux fois et j’étais déjà en train de penser à la manière dont je pourrais me débarrasser des autres. I’m horrible…

Tout en me faisant tirer dessus, j’ai essayé de noyer des drows par petits groupes, pour être certaine de ne pas atteindre mes alliés. Quand il n’est resté presque plus d’adversaires, j’ai demandé au dragon de me ramener au village. J’avais très peur que des drows aient réussi à entrer par l’arrière et qu’ils aient emmené Sven. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’était pour lui qu’ils étaient là… et aussi pour nous péter la gueule bien sûr. Une fois au sol, j’ai demandé au dragon de redevenir une boucle d’oreille et j’ai couru jusqu’à la maison où Sven était censé se trouver. Dieu merci, il s’y trouvait toujours. Margueritte, ainsi que quelques enfants nains, se trouvaient avec lui. Je les ai rassurés sur l’issue de la bataille, tout en leur suggérant de ne pas sortir. Sven a dit que c’était son devoir de se faire sacrifier par les drows et qu’il devrait être avec eux, mais il ne voulait pas non plus se battre contre nous. Tu es peut-être un drow, mais tu es mignon comme tout. Ne t’en fais pas, nous allons te protéger.


Sous les regards insistants des enfants nains, Margueritte s’est occupée de mes blessures. Selon leurs dires, je n’étais pas une vraie elfe. Les vraies elfes avaient des cheveux et des yeux rouges et des gros seins. Euh… Je n’ai ni les cheveux ni les yeux rouges et ma poitrine est… de taille modeste, mais je suis une vraie elfe. Sur quoi ils se basent pour établie leurs critères? J’ai cru comprendre que la fille adoptive de Perceval était une elfe, mais tout le monde est différent.
-Vous voulez que je reste? aie-je demandé à Margueritte.
-Et bien, je n’ai pas l’habitude d’autant d’enfants, alors si vous pouviez vous occuper de Sven?
-D’accord, pas de problème! Tu veux dormir Sven?
-Euh… Je ne sais pas…
-Mais qu’est-ce que tu aurais envie de faire?
-Ce que j’aurais envie de faire? Personne ne m’a jamais demandé ça…
-On pourrait aller se promener? Ou jouer? Ou je pourrais te raconter une histoire avant d’aller dormir? Tu as faim?
-Non…
-Alors qu’est-ce que tu voudrais faire?
-C’est quoi la priorité?
-La priorité, c’est ce que tu as le plus envie de faire.
-…Est-ce que mademoiselle Sakurako dort?
-Je ne sais pas, sans doute. On pourrait aller vérifier!

Je l’ai pris par la main et nous sommes partis en direction de chez Perceval. Quentin était assise devant la maison.
-Salut!
-Salut!
-Qu’est-ce que tu fais là?
-Je garde la maison.
-…Tu n’arrivais pas à retrouver la maison où on dormait?
-Oui… Mais ce n’est pas grave, j’aime dormir dehors.
-…Ok.
(Tu aimes vraiment dormir dehors ou tu ne veux tout simplement pas te retrouver dans la même pièce que moi? J’ai fait quelque chose de mal?)

Mes récents massacres ne m’ayant pas enlevé mes bonnes manières, j’ai cogné à la porte et j’ai attendu qu’on vienne m’ouvrir. Perceval m’a regardée bizarrement. Euh, quoi? C’est ce qu’il faut faire, non? Cogner à la porte quand on va chez quelqu’un d’autre? Il a trouvé la demande que j’ai faite au nom de Sven plutôt étrange, mais il ne s’est y pas opposé. Le petit Sven ne s’est pas fait prier et il a couru en quatrième vitesse à l’intérieur pour voir Sakurako. Trop mignon. J’ai remercié Perceval et je suis retournée auprès de Quentin. Elle n’avait pas l’air plus motivée que ça à retourner à notre chambre alors j’ai écouté sa suggestion de demander à un des hiboux de me guider. Je dois vraiment avoir fait quelque chose de mal. Peut-être qu’elle a compris ce qui s’était passé cette nuit? J’espère que non, mais si c’est le cas, peut-être qu’elle n’approuve pas? Peut-être qu’elle ne me juge pas digne de son frère? Peu importe. Jamais je n’oserais aborder le sujet avec elle alors il vaut mieux que je laisse la poussière retomber.

En arrivant à destination, j’ai essayé de faire le moins de bruit possible. La dernière chose que je voulais en ce moment, c’était de déranger (encore) les nains. Avant d’aller me coucher, j’ai décidé de faire un brin rapide de toilette. Après la nuit que je venais d’avoir (dans tous les sens du terme), ça ne me ferait pas de tort. En me lavant, j’ai remarqué des petites marques… faites par lui. Je me demandais où il pouvait bien être passé… Peut-être qu’il était revenu maintenant? Propre et changée, je me suis dépêchée de retournée dans ma chambre… qui était complètement vide. Je me suis donc endormie en ne cessant de penser à aux raisons qui pouvaient avoir poussé François à partir. Je n’en trouvais aucune de valable.

Le lendemain, j’étais toujours toute seule à mon réveil. I guess he’s really not coming back. Je me suis redonnée une apparence normale et je suis descendue au rez-de-chaussée. Les deux nains étaient en train de déjeuner. Nous avons tous trois évité de nous regarder directement, le malaise flottant dans les airs étant très évident. J’ai pris quelques tranches de pain et je me suis hâtée de sortir, sous la demande pas subtile du tout des nains de ne plus jamais revenir. Muuu… En plus, juste avant de refermer la porte, je les ai entendus murmurer qu’il fallait qu’ils se dépêchent d’aller brûler les draps dans la chambre. Muuu… Ce n’était pas censé se passer comme ça. J’étais censée être heureuse, pas me sentir mal à l’aise par rapport à tout ce qui s’était passé.

Chez Perceval, qui m’a encore regardée bizarrement quand j’ai cogné pour entrer chez lui, le malaise a persisté. Quentin est sortie presqu’aussitôt que je suis entrée, me donnant encore plus l’impression que j’avais fait quelque chose de mal. Muuu… Tout le monde a éventuellement fini par se retrouver ici, ce qui a donné le signal de notre départ. Perceval nous a gentiment préparé des rations pour quelques jours et nous sommes partis vers le nord, en direction de l’oracle. J’avais déjà été anxieuse d’avance de m’y rendre, car j’espérais qu’elle pourrait nous aider à retrouver François, mais là j’étais encore plus énervée, priant le ciel pour qu’elle puisse m’aider à élucider le mystère entourant la disparition (#2) de François. Mais peut-être que je ne devrais pas faire de demande aussi égoïste alors que le monde semble être contre nous. Je devrais peut-être penser à tout le monde au lieu de penser juste à moi… Mais qu’est-ce que je pourrais demander d’autre?


Love is giving someone the power to destroy you but trusting them not to.

mercredi 14 janvier 2009

Je suis en train de perdre le contrôle sur mon existence...

Une procession de prêtresses a amené le petit Sven jusqu’au temple de Lloth et l’a installé sur l’autel. Il devait se faire sacrifier. Maël a commencé son combat contre l’homme-chien, mais elle est rapidement venue me rejoindre et elle a brisé mes chaînes avec sa hache. Les choses se sont ensuite enchaînées à une vitesse vertigineuse et nous avons dû nous battre. J’ai failli tuer Quentin. Elle était déguisée en drow et je ne le savais pas. Quand je l’ai vue s’approcher de notre autel, j’ai essayé de l’assommer avec mes chaînes. L’autre drow qui l’accompagnait m’a entourée d’un mur d’eau pour que je ne puisse plus rien faire. C’est à ce moment-là que je me suis rappelée de la boucle d’oreille. J’ai donc demandé au dragon d’enlever le mur d’eau autour de moi puis d’en faire un autre tout autour de nous pour que les renforts de nous attaquer. Je ne sais pas combien de drows ont péri noyés, mais c’était un nombre assez élevé. Moi qui m’étais jurée de ne jamais tuer, je venais de trahir mon serment en une fraction de seconde.

Et ça n’a pas été tout. Les prêtresses sur l’autel allaient tuer le petit Sven alors j’ai demandé au dragon d’enlever l’eau de leurs corps. Elles se sont transformées en petits tas de poussière. En l’espace de quelques minutes, je venais de tuer une quinzaine de prêtresses et plusieurs dizaines d’autres drows. Je suis en train de me transformer en monstre… Mon cœur n’a pas arrêté de se serrer à partir de ce moment-là. Je venais de tuer des êtres vivants, pleins. D’accord c’était des drows et si ça n’avait pas été eux ça aurait été nous, mais je me sentais très mal avec ma décision. Je me sentais comme si je venais de perdre une partie de mon innocence.

J’ai laissé Biloss et Maël faire un trou dans la paroi rocheuse au-dessus de nous pour que nous puissions sortir d’ici. Et moi qui étais en train de penser à tuer les autres drows qui se trouvaient derrière mon mur d’eau. Je suis vraiment en train de devenir un monstre. Je pense au meurtre comme première solution pour m’en sortir. J’ai même demandé au dragon s’il pouvait le faire. Il m’a répondu que oui, mais qu’il avait déjà fait assez pour moi. Si je voulais qu’il m’aide encore, je devais accepter de devenir son maître. La clause «ne pas tuer et ne pas aider à tuer» étant très claire, j’ai accepté. Avec tous les problèmes qui nous tombaient dessus, avoir plus de pouvoirs ne serait pas un luxe. Comme le calme était revenu, j’ai essayé de me diriger subtilement vers le temple tout en me cachant le postérieur avec mes mains. Si je pouvais prendre la jupe d’une des prêtresses que j’avais tuées, je ne serais plus atrocement gênée. Takeo m’a remarquée et il m’a tendu sa tunique bleue. J’ai été très touchée par son geste. Il a bien vu que je me sentais mal à l’aise et il m’a donné un coup de main. Si un jour je peux lui rendre la pareille…

Nous avons tous réussi à sortir sans problème. Personne n’était sérieusement blessé, à part le petit Sven, qui avait failli y laisser sa peau. Quentin l’avait soignée et Maël avait décidé de l’emmener avec nous. Notre petit groupe comptait maintenant en plus un bébé hibou atteint de gigantisme et un chibi drow mignon comme tout et très soumis aux femmes. L’homme-chien est parti de son côté et l’arcadien est reparti chez lui, en emmenant l’elfe avec lui. Quand l’elfe a dit qu’il venait d’Idrazz’il, je me suis sentie très nostalgique. Je me demande ce que mes parents sont en train de faire en ce moment. S’inquiètent-ils encore pour moi? Ils me manquent tellement… J’ai failli demander à l’elfe de leur transmettre un message de ma part, mais je n’ai finalement rien dit. Je l’ai regretté par la suite, mais j’avais trop peur que mes parents ne viennent me chercher et me ramènent de force à la maison. Je n’aimais pas particulièrement la situation dans laquelle je me trouvais en ce moment, mais je ne voulais pas partir. Il fallait que je retrouve François. Un jour peut-être je reverrai mes parents, mais pas tout de suite.

Nous avons marché pendant quelques jours dans la forêt. Je suis restée silencieuse tout le long du trajet, n’arrêtant pas de penser à ce qui s’était passé chez les drows. Dès que j’en aurai l’occasion, je m’enfermerai seule dans une pièce et je boirai pour oublier tout ça. Nous avons fini par apercevoir au loin un village entouré de palissades. Maël est allée faire un tour de reconnaissance pour demander si nous pouvions y passer la nuit. Elle est revenue avec une réponse positive. C’était un village de nains, mais c’est un arcadien très grand qui nous accueillis à l’extérieur des palissades. Son nom était Perceval the bodyguard. Il m’a d’abord fait peur, mais j’ai fini par le trouver assez sympathique. Il nous a demandé de laisser nos armes à l’entrée. Takeo ne voulait pas laisser son épée, il est resté à l’extérieur. Perceval a lancé Biloss et Kikuchi par-dessus la palissade comme si c’était des sacs de patates. C’est pour ça que j’ai eu un peu peur de lui, je pensais qu’il allait nous faire la même chose. Il s’est comporté en parfait gentilhomme avec les femmes du groupe. Il nous a prises dans ses bras et a volé par-dessus le mur pour ensuite nous déposer doucement sur le sol.

Il nous a invités chez lui pour souper. Heureusement pour moi, il n’y avait pas que de la viande. Je pense que j’aurais préféré me laisser mourir de faim plutôt que de manger la même chose que les non-elfes. Après le repas, des nains sont venus dans la maison. La demeure de Perceval n’étant pas assez grande, ils allaient nous héberger. Quentin et moi nous sommes retrouvés au même endroit. Après un tour rapide de la maison, nos hôtes nous ont laissées à nous-mêmes. Quentin est allée à la salle de bain pour enlever son maquillage de drow et moi je suis montée à notre chambre. Je me suis mise à l’aise pour la nuit et j’ai entamé une de mes bouteilles de vin. J’ignore quelle quantité j’ai bue, mais quand je me suis finalement couchée, ma tête tournait et j’avais presque oublié pourquoi je me sentais aussi mal.

Je me trouvais dans un demi-sommeil plutôt trouble quand j’ai entendu cogner à la porte.
-Oui?
-Ouvre.
C’était la voix de François. Mais qu’est-ce qu’il fait ici? Il n’était pas prisonnier de Cirqui? Il faut croire que non. Je me suis levée pour aller lui ouvrir, remarquant en passant que Quentin n’était pas dans la pièce. C’était bien François à la porte. J’étais fatiguée et j’avais l’esprit embrouillé par l’alcool, alors j’ai été incapable de déterminer si c’était un rêve ou la réalité. C’était trop beau pour être vrai, mais en même temps trop réel pour être un rêve.
-Qu’est-ce qui se passe? lui aie-je demandé.
-Je voulais te voir.
-…

Rourou… Tu m’as manqué. Et ta voix... Elle me fait toujours autant d'effet. C’est juste dommage que ça soit un rêve. C’est ce que je croyais, mais mon corps ressentait des sensations très intenses. Quand il m’a embrassée, d’un baiser à m’en faire perdre le souffle, j’ai dû m’accrocher à lui pour ne pas m’effondrer par terre. La chaleur et l’excitation qui m’ont envahie des pieds à la tête étaient si vraies. François voulait que je le fasse entrer dans ma chambre. J’ai tout de suite ressenti un petit malaise. Faire entrer un homme dans ma chambre? Euh… Quand François m’a dit qu’il voulait passer la nuit avec moi et que nous ne ferions pas que dormir en cuillère, je me suis sentie encore plus hésitante. Je comprenais bien qu’il voulait faire l’amour avec moi, mais même si c’était un rêve, est-ce que j’étais prête à ça? Et puis… c’est quoi au juste dormir en cuillère?

J’étais hésitante, mais quand il m’a dit que la nuit ne durait pas toujours et que si je lui disais non il allait partir, j’ai eu peur. Pas peur qu’il me dise qu’il ne voulait plus de moi si je lui disais non, mais peur qu’il disparaisse vraiment et que quand je me réveille le lendemain, qu’il soit trop tard, que je ne le retrouve pas et que j’aie manqué cette chance d’être avec lui. François m’a dit que ça le rendait fou d’imaginer que ma première fois serait avec un autre homme que lui. Je voulais aussi que ma première fois se passe avec lui, mais jusqu’où ça nous mènerait si je le laissais entrer? François m’a dit de ne pas m’en faire, qu’il savait que si je réagissais comme ça, c’était parce que je n’étais pas prête. Quand il a fait demi-tour, j’ai eu tellement peur qu’il disparaisse à tout jamais que je l’ai retenu. François m’a dit que ce n’était pas une question qu’il disparaisse, mais qu’il voulait être avec moi, qu’il n’était pas mon ex-petit ami eunuque. Au-delà de l’insulte, j’ai bien compris ce qu’il cherchait à me dire. Si je le laissais entrer, il voudrait aller jusqu’au bout.
-Mais…
-Il y a de quoi à rendre un homme fou, de voir la fille de ses rêves en petit déshabillé…
-…
(J’ai dû rougir des pieds à la tête à ce moment-là.)
-Si tu me dis non, il ne faut pas que ce soit seulement avec ta tête, mais aussi avec ton cœur.
-Mais…Qu’est-ce qui va se passer si je te laisse entrer… et que je ne peux pas aller jusqu’au bout?
-Tu penses vraiment que je te forcerais?
-Bien sûr que non. Je te fais confiance.
-Je n’irai jamais plus loin que ce que tu veux.
-…
(Ça je le savais déjà, mais ça m’a fait du bien de l’entendre.)
-Qu’est-ce que tu veux alors, Leila? C’est ta dernière chance.
-…Tu veux vraiment me le faire dire…
(C’était plus une affirmation qu’une question. Mais comment j’étais censée dire ça? «Oui, je voudrais te faire entrer dans ma chambre et oui, je sais bien que nous n’allons pas que dormir en cuillère… même si j’ignore ce que c’est». Dire ça, ça serait comme carrément admettre que j’étais attirée par lui et que je voulais qu’il… me fasse certaines choses. C’était très gênant.)
-Un «oui» serait suffisant, a-t-il continué.
-…

«Oui»… Je ne savais pas si j’étais prête à le dire et à passer à l’étape suivante J’avais peur, mais en même temps j’avais envie de me laisser aller, de le laisser me faire découvrir des nouvelles sensations. Et puis comme c’était un rêve et que je savais qu’il ne me forcerait en rien… Pourquoi pas?
-…Oui…

[Insert post here ->Pour ceux qui veulent lire ce qui s’est passé entre les deux, faites-moi signe, je vous passerai le texte que j’ai écrit.]

Quand je me suis réveillée, il faisait toujours nuit et j’avais froid. Mon premier réflexe a été de tendre la main pour me recouvrir des draps. J’étais abrillée alors j’ai ouvert les yeux pour chercher la source de froid. La fenêtre était ouverte. En m’assoyant sur le lit, j’ai gardé le drap contre moi au cas où mon rêve n’en aurait pas été un. J’ai bien fait, car j’étais nue sous les couvertures. Je suppose que ce n’était pas un rêve. Enroulée dans le drap, je suis allée refermer la fenêtre. En retournant vers le lit, j’ai constaté que François n’était plus là. Peut-être qu’il est parti à la salle de bain? Je vais l’attendre. En m’approchant du lit, j’ai remarqué une petite tache foncée sur le drap. En regardant de plus près, j’ai conclu qu’il s’agissait d’une tache de sang. Un rapide examen de mon corps m’a permis de constater que c’était moi qui avais saigné, sans aucun doute quand François m’avait…

J’ai attendu quelques instants sur le lit, mais comme il ne revenait pas, j’ai décidé de partir à sa recherche. J’ai jeté dans un coin de la pièce le drap sale et je me suis rapidement lavée, avant de m’habiller et de sortir. En arrivant au rez-de-chaussée, j’ai entendu les nains marmonner dans leur chambre. Je me suis approchée un peu et je les ai entendus parler des deux elfes femelles de couleur différente qui avait fait du bruit en forniquant dans leur chambre. Oh mon dieu… C’est vraiment arrivé et en plus des gens nous ont entendus. Je n’oserai jamais les regarder en face demain matin. Dehors, il y avait beaucoup de hiboux qui patrouillaient pour des raisons de sécurité. Un individu se déplaçant furtivement aurait été aperçu. Je me suis tout de suite dit que ça devait être François.

Un hibou sur mes talons, je suis partie à sa recherche. Je suis tombée sur Perceval, qui essayait de noyer ou de réveiller Biloss en lui trempant la tête dans un baril d’eau. Quand Biloss a été à peu près réveillé, il m’a demandé d’aller marcher avec lui, car prendre un peu d’air lui ferait du bien. Pendant que nous marchions, je n’ai pas arrêté de regarder d’un côté et de l’autre, espérant apercevoir François. Biloss l’a bien entendu remarqué et moi j’ai bien entendu été incapable de cacher mon malaise. Il a fini par conclure que j’éprouvais un malaise par rapport à mon lit, sans savoir exactement ce que c’était.

Nous sommes tombés sur Quentin et Maël, qui aidait cette dernière à retrouver sa chambre. Quentin osait à peine me regarder. Est-ce qu’elle est au courant? J’espère que non… Elle a bien failli l’être cependant. Maël a retrouvé notre chambre, mais en arrivant, elle a suggéré à Quentin de ne pas y entrer, à cause d’une odeur particulière qui s’en dégageait. Elle a dit que c’était une odeur qui se dégageait quand un homme et une femme étaient ensemble. Oh mon dieu… Elle est capable de sentir ça? Elle a donné comme exemple ce que la licorne avait voulu faire à son frère à cause de son impureté, mais Quentin n’a rien compris, heureusement pour moi. Maël ne m’a fait aucun commentaire à part la suggestion de prendre des herbes, si je ne voulais pas avoir de mauvaises surprises d’ici quelques semaines. Si elle n’en avait pas parlé, je ne sis pas si j’y aurais pensé moi-même. Biloss, lui, a pensé que j’avais trompé François, ce que je me suis empressée de démentir. Jamais je ne le tromperais, franchement! La pensée que ça avait pu être un autre que lui mais déguisé m’a brièvement traversé l’esprit, mais je l’ai vite chassée. Ses yeux, ses cheveux, sa voix… Sans compter qu’il savait des choses que je n’avais dites qu’à lui. Non, c’était bien François.

Tout le monde a fini par partir de son côté. Moi je suis allée me promener en ville. J’avais besoin d’être seule et de réfléchir. Je me sentais comme si j’étais en train de perdre le contrôle sur tout ce qu’il y avait de stable dans ma vie, comme si tous mes points de repères étaient en train de disparaître. Je m’étais mise à tuer et même si je savais que je n’avais pas vraiment eu le choix, une partie de moi pensait que j’étais en train de me transformer en monstre. Est-ce que c’est vraiment correct de prendre une vie pour sauver la sienne? Je n’en étais pas convaincue. Et que dire de ce qui s’était passé cette nuit? Je croyais rêver, mais c’était bien réel. J’avais perdu ma virginité. J’aurais dû être très heureuse, car ça c’était passé avec un homme qui me plaisait beaucoup, mais où était-il en ce moment? Et surtout, comment avait-il fait pour s’échapper de Cirqui? Comment nous avait-il retrouvés? Qu’est-ce qu’il était venu faire ici? Juste coucher avec moi et repartir après? Je ne m’étais pas attendue à un gros serment de sa part, je n’étais après tout pas certaine de mes sentiments moi-même, mais je m’étais attendue au moins à ce qu’il soit encore là à mon réveil. Ça aurait dû être l’expérience la plus magique de mon existence, et pour être magique ça l’avait été, mais j’aurais dû passer la nuit dans ses bras. Je n’aurais pas dû sortir en plein milieu de la nuit pour le chercher. Et surtout, personne n’aurait dû être au courant de ce qui s’était passé. J’aurais dû sauter de joie, mais j’avais plutôt envie de pleurer. Où es-tu parti François? Pourquoi es-tu parti?

mercredi 10 décembre 2008

Entry 21 et 22

Cher journal,

D’autres drows sont venus à notre cellule. La prêtresse a fait signe à Maël de s’approcher. Ils l’ont enchaînée et emmenée. Elle a eu beau me souhaiter bonne chance, je me suis sentie complètement désemparée une fois toute seule. Je savais que mon sort n’était pas changé, c’était toujours la mort qui m’attendait, mais avec quelqu’un à mes côtés c’était plus facile à supporter. De sentir une présence amicale à mes côtés allégeait le poids de ce destin, vous saisissez? J’aurais voulu qu’elle me serre contre elle et me laisse pleurer tout mon soûl. Je sais que ça n’aurait pas été la chose la plus brave à faire, mais j’en aurais tellement eu besoin. Maintenant je suis seule. Et personne ne viendra me consoler ni me sauver. I guess the only thing I can do now is wait to die.

Me morfondant sur mon sort, j’ai eu le plaisir de recevoir une visite de la petite criss. Pardonnez-moi mon langage, il semble s’être beaucoup dégradé depuis que je suis ici. Mais à quoi bon maintenir les apparences? À quoi bon continuer à mettre en pratique les enseignements de mes parents puisque je vais mourir dans très peu de temps? Personne ne pourrait m’en vouloir de me laisser aller dans mes derniers instants. Mais je ne devrais pas penser ainsi. Jamais je n’ai été aussi négative. Mais il faut aussi dire que je n’ai jamais vécu de situations aussi dramatiques que celle-ci. Donc, la petite criss m’a dit que Maël ne faisait pas l’affaire parce qu’elle n’était pas humaine. Elle avait donc été remplacée.

Des gardes sont arrivés avec Abigail. J’aurais préféré avoir n’importe qui d’autre dans ma cellule, mais il a fallu que ce soit elle! Elle a été attachée au mur du fond et elle a subi le même traitement que Maël et moi, mais sur sa poitrine. J’ai détourné le regard et je me suis bouché les oreilles pour ne pas l’entendre crier. J’ai éprouvé un soupçon de pitié, mais je la détestais toujours autant. Elle s’est fait détacher, pseudo-soignée et les drows sont partis. Nous avons ensuite entendu un cri au loin et d’autres gardes sont arrivés et ont jeté une jeune femme dans notre cellule. Ça doit être l’humaine dont la petite criss a fait mention. Je ne sais toujours pas en quoi consiste une ascension de drow, à part qu’un elfe, un humain et un arcadien doivent être sacrifiés. Plus le temps passe et plus j’adore cette société! Et dire que je vais passer mes derniers instants ici… Je ne me suis jamais arrêtée à penser à ça, mais il est certain que j’aurais préféré passer la dernière heure de mon existence ailleurs… et pas avec Abigail.

Je me suis approchée de la jeune femme pour m’assurer de son état. Mis à part la marque sur sa cuisse, elle semblait bien se porter. Elle a dit s’appeler Margueritte Ronchon. C’était une prêtresse en route pour faire un pèlerinage à l’Oracle. Je lui ai dit que nous allions être sacrifiées pour l’ascension d’une princesse drow, peu importe ce que c’était, et qu’il nous restait environ une heure avant de nous faire emmener. Elle s’est mise à prier pour le salut de son âme. Je suppose que je pourrais faire la même chose… Je ne demande rien pou moi-même, mais protégez mes compagnons. Où qu’ils soient, faites qu’ils s’en sortent. Veillez sur Quentin… et surtout sur François. J’espère de tout mon cœur qu’il va s’en sortir. J’aurais seulement souhaité être là et lui dire à quel point j’étais heureuse de l’avoir retrouvé… Veillez aussi sur ma famille. S’il est possible de leur faire parvenir un message, dites-leur que je les aime et demandez-leur pardon de ma part. Pardon d’être partie sans prévenir, pardon de ne jamais avoir donné de nouvelles. J’aurais aimé les revoir pour pouvoir leur dire ça de vive voix.

Je me suis répétée cette pseudo-prière dans ma tête jusqu’à ce que d’autres drows reviennent.
This is it. This is the beginning of the end. Les prêtresses nous ont tendu d’autres vêtements. Euh… C’est quoi le but de nous donner d’autres vêtements quand on venait d’en recevoir il y a à peine deux heures en se faisant dire d’y faire attention sous peine d’être torturé? Abigail a été la première à se changer… et sa «robe» faisait en sorte que son tattoo était visible. Oh non… Muuu… J’ai tout de suite su ce qui m’attendait et j’ai eu envie de pleurer. Quand une des prêtresses m’a tendu mon vêtement, je me suis changée très rapidement sans regarder qui que ce soit. Le devant était très décolleté et le derrière… il n’y en avait pas. Tout le monde pourrait donc voir mes fesses. Muuu… Pourquoi moi…?

Comme je savais quelle était la prochaine étape, j’ai tendu les mains pour qu’on m’enchaîne. Nous nous sommes ensuite faites emmener dans un dédale de couloirs et nous sommes arrivés dans une grande pièce : plusieurs alcôves surplombaient la salle, de chaque côté il y avait deux autels avec trois tables et au milieu il y avait une grande arène de combat. Au bout complètement, j’ai pu voir le temple de Lloth. Si j’avais été libre, je crois que je serais allée cracher sur la statue de la déesse et je serais ensuite rentrée à l’intérieur du temple pour tout briser.

Nos gardes nous ont fait faire le tour de la salle (pour que tout le monde puisse voir comme il faut ceux qui allaient ce faire sacrifier?). À l’extrémité de l’arène, nous avons croisé un groupe de trois hommes : Kikuchi, un arcadien aux ailes noires et un elfe. J’ai évité de trop les regarder et j’espère qu’ils en ont fait autant. Je sais que nous allons mourir très bientôt, mais je n’ai quand même pas envie que mon derrière soit trop observé.

Nous nous sommes faites emmener jusqu’à l’autel où nous nous sommes faites attachées après avoir grimpé sur les tables. Dès que nos poignets ont été enchaînés, les chaînes sont devenues dures, comme si elles s’étaient transformées en barres de métal. Nous étions donc debout, les bras maintenus dans les airs, sans réelle possibilité de bouger. Ça a été la même chose pour les hommes. J’ai ensuite pu voir Maël et un homme (un homme-loup?) sortir de deux portes se trouvant sous deux alcôves et se diriger vers l’arène de combat. Alors ils vont devoir se battre? J’espère que tu vas gagner Maël. J’espère que tu vas gagner et que nous pourrons ensuite sortir d’ici. Mais je commence à en douter sincèrement… La situation ne pourrait être plus géniale… Je suis attachée sur une table, tout le monde voit mes fesses et je vais me faire sacrifier à la déesse des drows! Mais si par miracle je m’en sortais, je créerais un sort de «detect drow» et je m’en servirais pour trouver des drows à la surface et les tuer. Je déteste les drows, tous autant qu’ils sont.

mercredi 3 décembre 2008

Entry 20

Cher journal,

Les choses ont empiré encore plus que je ne le pensais. Après s’être rendue compte que nous ne la comprenions pas, la drow nous a demandé en commun d’aller dans le milieu de la pièce.
-Pourquoi? lui aie-je demandé.
-Au milieu.
-…Pourquoi?
(Je vais le faire, mais je veux juste savoir pourquoi.)
La drow a claqué des mains et je me suis retrouvée à quatre pattes par terre. Je le savais! Je vais me faire agresser. Au secours…

D’autres drows sont entrés dans la pièce et ils nous ont aspergées d’eau très froide puis de poudre blanche. Maël étant toujours berserck, ils l’ont fait bouger par magie pour qu’elle soit bien nettoyée. Seule Abigail a obéi sans broncher. Ils ont même cru que c’était le cerveau du groupe. Ce n’est pas le cerveau, c’est le bâton dans nos rouages. Ils nous ont lancé des minuscules serviettes qui couvraient à peine ce qu’il y avait à couvrir et ils nous ont emmenées en prison. Maël et moi étions dans une cellule et Abigail dans une autre. Elle avait l’air de bien se faire traiter. Elle s’est fait apporter de l’eau et pas nous. J’ai commencé à la haïr à ce moment-là. Après toute la merde qu’elle a faite, elle se fait traiter de cette façon? Elle mériterait plutôt de se faire attacher et battre.

Au bout d’une heure, sont arrivés des femmes drows richement vêtues et des hommes portant des chaînes et un sceau avec un gros bâton dedans. Muuu… Au secours… Ils vont nous attacher et nous battre à mort… Et probablement nous agresser aussi… Une drow est entrée dans notre cellule et m’a demandé de me mettre debout et d’écarter des bras et mes jambes. J’ai obéi et une drow a commencé à détacher ma serviette. Je l’ai tout de suite empêchée d’aller plus loin. J’étais bien prête à écarter mes bras et mes jambes tout en gardant «mes vêtements», mais la drow ne voulait rien entendre. J’ai donc encore obéi, car je savais que la punition serait très grave si je me rebellais encore.

On m’a donc déshabillée et demandé de tourner lentement sur moi-même. C’est ce que j’ai fait et je les ai senties pointer divers endroits sur mon corps. Euh… Pourquoi vous faites ça? Je me suis ensuite fait attacher face au mur, les bras et les jambes écartés, avec des chaînes aux poignets et aux chevilles. Je le savais, ils vont me battre… Mais quand j’ai vu le bâton de métal dont le bout avait été chauffé, j’ai vraiment eu très peur. Ils veulent nous marquer au fer rouge? Oh mon dieu… Oui Maël, merci. Je sais que ça va faire mal. J’ai fermé mes yeux, serré mes dents et essayé de toutes mes forces d’avoir des pensées heureuses. Le visage qui m’est revenu le plus souvent en tête fut bien entendu celui de François. François, ses regards, ses baisers, ses caresses… Oui, je vais le revoir… Et nous allons pouvoir vraiment commencer à sortir ensemble… Et qui sait, peut-être qu’un jour prochain je serai prête à mettre un ruban rose pour lui…?

J’ai tenté du mieux que j’ai pu de me retenir de ne pas crier, mais j’en ai finalement été incapable. La douleur fut tellement intense que j’en ai hurlé. Je ne crois pas avoir jamais eu aussi mal de toute ma vie. Je n’ai pas eu la chance de m’évanouir alors j’ai dû endurer tout ça les poings serrés et les larmes coulant sur mes joues. Quand ils m’ont détachée, je n’ai même pas eu la force de me retenir debout et je suis tombée par terre comme une roche. Je n’ai pas eu non plus la force de me débattre quand on m’a tirée par les cheveux pour m’éloigner du mur. J’aurais bien voulu me rouler en petite boule dans un coin de la cellule, mais je me sentais si faible…

Si j’avais su ce qui attendait Maël, jamais je ne me serais plainte de ma douleur. Elle a reçu une marque encore plus grande que la mienne, sur le ventre. Ils l’ont aussi jetée par terre sans ménagement. Ils ont cependant eu la bonté d’âme de mettre un genre de crème d’une couleur douteuse par-dessus notre blessure, probablement pour éviter que ça s’infecte. J’ai un peu attrapé l’air bête quand j’ai senti qu’on me retournait sur le ventre et qu’on me frottait les fesses, mais je n’avais pas la force de protester. Je hais les drows. Je hais les drows tous autant qu’ils sont. Je n’aurais jamais cru souhaiter un jour la mort de quelqu’un, mais si tous les drows qui vivaient ici pouvaient mourir, ça me rendrait très heureuse. Et si Abigail pouvait mourir aussi, je serais encore plus heureuse. Elle est d’ailleurs passée devant notre cellule à ce moment-là. Elle semblait se porter comme un charme et elle n’était pas toute nue, elle. La drow lui a demandé si elle voulait venir dans notre cellule ou retourner dans la sienne. Elle a choisi de retourner dans la sienne. Sage décision Abigail, parce que si tu t’étais approchée un peu plus, je te jure que nous aurions été deux à te sauter dessus.

Quand tout le monde fut parti, nous avons reçu la visite de la petite drow que nous avions ramenée ici. Elle était très richement vêtue. Elle nous a dit qu’elle était une princesse et que ce soir était son ascension. La seule chose que j’ai comprise c’est que c’était une grande fête et qu’il y allait avoir des sacrifices, aka Maël et moi. Ça doit être pour ça qu’ils nous ont marquées. D’ailleurs, la petite drow s’est extasiée devant la marque de Maël. Elle a dit que ça voulait dire qu’elle était tenue en haute estime. Génial. La petite criss est une princesse et nous, nous allons mourir pour elle ou, comme elle a dit, nous allons aider la race supérieure. Je suppose que je devrais au moins la remercier de nous avoir donné des vêtements (des vrais) pour que nous ne soyons pas sacrifiées toutes nues. Elle nous a cependant dit d’y faire attention, car si les vêtements étaient salis, nous recevrions une bonne correction. Je vais y faire attention alors. C’est déjà assez triste de me dire que je vais être sacrifiée, je n’ai pas envie de me faire torturer en plus.

Quand nous avons finalement été toutes seules, Maël m’a proposé une alternative : mettre fin à nos jours. Je dois être vraiment désespérée, car l’idée me semblait très tentante. Je n’avais pas envie de mourir, mais nos chances étaient effectivement de plus en plus minces. Mais nous devrons faire attention, car si nous nous ratons, nous serons torturées et sacrifiées au bout du compte de toute façon. Mais si nous attendons à la dernière minute et que nous réussissons à gâcher l’ascension de la petite drow… L’air de déception sur son visage serait une assez grande satisfaction avant de mourir. La situation est vraiment grave, pour que je considère sérieusement de mettre fin à mes jours. Je préférerais en effet me suicider plutôt que de me faire sacrifier pour une telle cause, mais je ne veux pas mourir… Muuu… Il y a tant de choses que je n’ai pas vues ou faites. Et je ne voudrais pas que mes parents se demandent éternellement ce que je suis devenue. Et aussi… surtout, je veux revoir François. Je ne veux pas croire que j’ai vécu tout ce que j’ai vécu avec lui pour rien. Je veux le revoir, apprendre à mieux le connaître et vraiment sortir avec lui. S’il y a quelqu’un là-haut qui veille sur moi, si je ne peux être sauvée au moins, protégez François et veillez à ce qu’il s’en sorte.