vendredi 17 février 2012

Je me sens comme une petite conne...

3 novembre (nuit)

J’ai essayé de raisonner Lemleck, mais je crois que je n’ai pas été convaincante du tout, parce qu’il a continué d’avancer vers moi sans s’arrêter. Moi je reculais, mais à tous petits pas. Je voulais qu’il retourne dans sa chambre, mais j’avais encore plus envie qu’il reste. Plus il se rapprochait et plus j’en avais envie. Quand je me suis retrouvée dos à l’armoire, ses mains de chaque côté de moi, mes protestations n’étaient plus que des murmures. Et quand il s’est penché vers moi, je ne sais plus si je le suppliais de s’en aller ou de m’embrasser.

Mes belles résolutions sont parties en fumée dès que ses lèvres ont touché les miennes. J’ai tout de suite répondu à son baiser tant j’avais envie de lui. Je n’avais jamais été embrassée comme ça, mais j’adorais.

Lemleck m’a soulevée en plaçant une main sous mes fesses. Il continuait de m’embrasser et moi je suis restée accrochée à lui, jusqu’à ce qu’il me jette sur le lit. Quelques instants plus tard, je n’avais plus sur le dos que ma petite culotte. C’est à ce moment-là que je me suis dit que ce n’était peut-être pas une bonne idée de continuer. Si nous dépassions le point de non-retour, nous le regretterions tous les deux.

Lemleck a enlevé sa chemise et est grimpé sur moi. J’ai essayé de le repousser avec mon pas-de-force, mais il m’a immobilisée en maintenant mes bras au-dessus de ma tête avec une de ses mains. J’ai tenté ensuite un coup de pied bien placé, mais je n’ai pas réussi et ses jambes empêchaient maintenant les miennes de bouger.

J’ai ensuite essayé de le repousser avec de l’eau, mais j’ai seulement réussi à le trouver encore plus attirant avec ses cheveux mouillés. J’aurais bien essayé un flare, mais sa tête était rendue dans ma poitrine. Non, ne m’embrassez pas là… mais continuez s’il vous plaît…

Son autre main était rendue dans ma culotte. Encore là, je ne sais pas si je me tortillais pour qu’il me lâche ou pour qu’il continue. On aurait dit que plus ma tête me disait que ce n’était pas une bonne idée, plus mon corps me suppliait de me laisser faire.

Lemleck a arraché ma culotte comme si de rien était et après il a commencé à détacher son pantalon. Si je ne le repoussais pas tout de suite, il allait coucher avec moi et le pire, c’est que je le supplierais probablement de ne pas s’arrêter. J’ai finalement eu un coup de chance et ma vague d’eau a été assez forte pour l’éloigner. J’ai tout de suite couru m’enfermer à clé dans la salle da bain. Le temps que je passe dans la chambre de Lemleck, la première porte était défoncée. J’ai donc fait un mur de glace sur le deuxième, ainsi que sur la porte qui donnait sur le corridor. J’ai entendu du bruit venant de la salle de bain, comme si Lemleck essayait de défoncer la deuxième porte, puis le bruit s’est déplacé plus loin, il y a eu un cri et plus rien.

J’avais peur que Lemleck revienne et je ne tenais pas particulièrement à me faire trouver toute nue, alors je lui ai volé une de ses chemises et j’ai pris une de ses armes. J’ai ensuite passé le restant de la nuit à surveiller les deux portes. Si quelqu’un essaie d’entrer, je serai prête à tirer.

4 novembre

Finalement, le matin est arrivé et personne n’a jamais essayé d’entrer. J’étais cernée jusqu’aux coudes quand je me suis décidée à retourner dans ma chambre. Il n’y avait personne. J’aurais voulu me changer, mais mes vêtements étaient passés de vie à trépas. J’ai eu l’idée de tirer sur la corde et une servante est arrivée. Je lui ai donné mon linge, mais c’est avec une robe de sa maîtresse qu’elle est revenue. Mes vêtements étaient bel et bien morts, paix à leurs âmes. Génial. Alors, les seules choses que je possède encore et qui m’appartiennent sont mes bottes.

Une fois changée, je suis descendue. J’ai entendu Gratia pleurer derrière une porte et son mari qui faisait les cents pas. Je ne tenais pas à leur parler, alors je suis remontée. Au moment où j’arrivais à ma chambre, j’ai vu Lemleck qui sortait d’une autre pièce. J’avais encore moins envie de le voir lui, alors je suis allée m’enfermer à clé dans ma chambre et j’ai aussi verrouillé sa porte de salle de bain (je ne me sentais pas très rassurée d’avoir une porte défoncée entre nous deux).

Il est venu cogner pour que je débarre sa porte, mais j’ai refusé de le faire. Je lui ai dit qu’il avait défoncé ma porte, mais il n’a pas eu l’air de s’en souvenir. Il est parti puis est revenu, mais je refusais toujours de lui ouvrir.

-Est-ce qu’il s’est passé quelque chose hier soir?

-…Non…

-Ce «non» était-il un mensonge?

-Ça dépend ce que vous entendez par-là?

-Est-ce que je t’ai agressée?

-…Non…

(Si par «agresser» vous voulez dire «coucher avec moi», alors c’est non. Mais si par «agresser» vous entendez «embrasser, déshabiller, tripoter à des endroits beaucoup trop intimes et passer à un cheveu de coucher avec moi», alors la réponse est définitivement oui.)

J’ai accepté de lui ouvrir après qu’il m’ait promis de ne pas me faire du mal. Je savais que je pouvais croire en sa parole alors s’il me le promettait, c’était vrai. Il a dit que le rouge n’était pas ma couleur. Je sais, mais ce n’est pas comme si j’avais eu le choix. Mes vêtements… Il avait une bonne idée de ce qui s’était passé. Dieu merci, il n’a pas demandé de détails, parce que je ne pense pas que j’aurais été capable d’en parler. Avec un peu de chance, ce ne sera plus bientôt qu’un mauvais souvenir que nous finirons par oublier…

Lemleck voulait partir tout de suite. Pas de problème. Donnez-moi juste le temps de ramasser mes affaires… C’est vrai, je n’ai plus rien… encore! Je suis prête alors. Il m’a tendu son bras et je n’ai pas hésité à le prendre. J’étais toujours un peu mal à l’aise, mais je savais que je ne risquais rien avec lui. Dans le hall d’entrée, son frère a tenté de le retenir, mais Lemleck a été clair : il n’irait pas parler à sa belle-sœur et il ne voulait plus jamais entendre parler de cette affaire. Je crois que je vais me faire ramasser quand je vais m’excuser alors…

J’ai effectivement reçu de très bonnes claques de sa part, mais pas à cause de mes excuses. J’ai fini par trouver le courage de m’excuser. J’ai expliqué ce qu’il s’était passé et il ne m’en a pas voulu. Il a dit que ce n’était pas ma faute. Après il m’a demandé depuis quand je me martyrisais. Depuis quand? Réponse vague : c’est assez récent. Réponse précise : depuis qu’Uvi est mort. Il m’a aussi dit autre chose qui m’a fait très plaisir : il m’a remercié de lui avoir raconté ce que j’avais vécu chez son frère. Il savait que ça n’avait pas dû être facile pour moi, mais ce que je lui avais dit lui avait fait prendre conscience qu’il avait des responsabilités envers son frère, qui était devenu un monstre. J’ai été utile à Lemleck? Yééé!

C’est après ça que la conversation s’est gâtée. Il m’a dit que nous étions en route pour Idrazz’il. Moi je voulais vraiment l’aider et je lui ai dit. Il m’a regardée comme si j’étais complètement folle et il m’a demandé ce que je cachais. Je n’étais quand même pas pour lui dire que je m’étais rendue dans l’aile ouest et que j’avais vu tout le sang alors je me suis contentée de lui dire que je le considérais comme quelqu’un de bien et que je n’avais jamais pensé qu’il puisse être un malfrat, même s’il avait été envoyé à Scion.

J’ai eu l’impression de lui avoir fait la pire des insultes et j’ai subi ramassage après ramassage. Te rends-tu compte que tu vas m’aider à tuer ton roi? Peut-être que j’avais des raisons d’être envoyé à Scion… Ceux qui m’y ont envoyé en avaient aussi… Si quelqu’un essaie de me tuer, ou de te tuer, pourras-tu dire que leurs raisons ne sont pas bonnes? Je n’ai pas besoin de me faire dire que je suis un bon gars. En résumé, c’était : tu ne sais rien alors ferme-la. Muuu… Et moi qui étais si contente de lui dire que je trouvais qu’il était quelqu’un de bien. Là je me sens juste comme une petite conne qui a parlé sans savoir…

Après ça, je me suis enfermée dans le silence et je n’ai plus osé le regarder. Je n’aurais pas pu me sentir plus mal. Et dire que je voulais tellement bien faire…

5 novembre (matin)

J’avais fini par m’endormir et le carrosse qui s’arrêtait brusquement m’a réveillée. Lemleck m’a empêchée de tomber. Reste tranquille. Bien sûr que je vais rester tranquille! Vous me prenez pour qui?

Il y avait dehors des soldats arcadiens qui voulaient faire une inspection de routine. Nous n’avons donc pas eu le choix de descendre. J’espère que ça ne durera pas longtemps…