jeudi 19 juin 2008

Entry 4 (suite)

Je suis définitivmeent cursée!! Je ne suis pas capable du tout d'écrire des trucs courts! Vous me le direz, hein, si vous êtes tannés que je radote autant?

Je n’ai quand même pas pu résister à l’envie de voir ce qui se passait. Je me suis accroupie derrière un buisson et j’en ai écarté les branches pour voir leur discussion. François ne criait pas, mais je me suis facilement rendue compte qu’il était en colère, rien qu’au ton de sa voix. Il avait aussi blessé Abigail, rien de grave, mais sa blessure ne pouvait pas se healer (un truc anti-arcadien qu’il a dit). Il a finalement dit à Abigail qu’elle pouvait venir avec nous pour chercher Quentin. Je crois qu’il va arranger sa blessure après. Je sens que ça va être un voyage plein de calme et d’harmonie…
-Vous savez, a commencé François, si elle était intelligente, elle vous aurait vue?
(C’est vrai que les oreilles qui dépassent du buisson, ça ne fait pas très subtil.)
-…Je n’ai pas bougé! me suis-je défendue.
-…
Il a eu l’air un peu découragé. Désolée, je sais que j’en ai beaucoup à faire pour réussir un jour à être subtile.

Abigail à nos côtés, nous avons poursuivi notre chemin dans une ambiance très tendue. Dès que nous nous sommes remis en route, j’ai fait un bandage sur la main d’Abigail. Je suis désolée François, mais moi je ne la déteste pas. Et je ne peux pas laisser quelqu’un qui m’est sympathique blessé. François marchait en tête, tassant les branches pour que je ne les reçoive en plein visage. J’ai par contre dû les tasser à l’écart d’Abigail, comme François s’en souciait autant qu’une vieille chemise. Nous avons marché toute la journée, jusqu’à ce que le soleil commence à se coucher. Nous nous sommes donc arrêtés dans une petite clairière. François nous a laissées seules quelques instants le temps d’aller faire je ne sais pas quoi (vérifier si les alentours étaient safe?). J’en ai profité pour demander à Abigail comment allait sa main.
-…Elle est toujours là! m’a-t-elle répondu.
-…Tant mieux!
Elle avait aussi l’air plutôt émue que j’aie pris le temps de soigner sa main. Elle m’a même fait un hug! Je commence vraiment à la trouver sympathique. Quand François est revenu, ce fut à mon tour de partir. Je n’avais pas beaucoup mangé aujourd’hui et mon estomac commençait à gargouiller. Des racines et des fruits sauvages me feraient grand bien. François m’a regardée bizarrement quand j’ai dit ça.
-Bien oui… Des racines… pour manger…
(C’est mal, manger des racines?)
-Un jour je vous emmènerai manger une vraie salade, m’a-t-il répondu.
-…D’accord.
Je n’ai pas eu de difficulté à en trouver près de notre campement. De toute façon, avec le sens de l’orientation que j’ai, je sais que je me serais perdue si j’étais allée trop loin. Il y avait une corde tout autour du campement. François l’a sans doute mise là pour en délimiter les extrémités.

Quand je suis retournée m’assoir, l’ambiance était presqu’à couper au couteau. Je ne sentais pas d’hostilité de la part d’Abigail, mais venant de François… Je suis certaine que ce n’est pas de la faute d’Abigail si Quentin s’est fait enlever. C’était sûrement un accident, alors pourquoi François la déteste-il autant? La colère… La haine… Je pense que je ne comprendrai jamais ces mots-là. Anyway, nous allons retrouver Quentin et tout ira bien, n’est-ce pas? J’ai avancé le bout d’écorce sur lequel j’avais déposé ce que j’avais trouvé vers Abigail, lui signifiant ainsi que je voulais partager avec elle. Elle a avancé sa main vers les racines et…
-Tu pourras en prendre quand tu auras trouvé ce qu’il faut faire, lui a ordonné François.
-Euh…
C’est parce que je lui offre de bon cœur… Elle n’est pas obligée de faire quoi que ce soit en échange…

Ni Abigail ni moi ne bougions. J’avais l’impression que François allait m’arracher l’assiette des mains si je l’avançais vers Abigail. Je me sentais comme si j’étais prise en plein milieu d’une dispute qui ne me concernait pas et je n’aimais pas ça du tout. Moi qui croyais que le voyage allait bien se passer, je me suis lourdement trompée. Est-ce que c’est vraiment si dur de pardonner et de passer à autre chose? Ou à défaut de pardonner, en arriver à un statu quo? Nous en avons pour plusieurs semaines de voyage, alors il vaudrait mieux s’entendre… non? Pendant que nous ne faisions rien, François est allé faire un tour à l’extérieur du camp. Dès qu’il a été éloigné, je me suis penchée vers Abigail.
-Je pense qu’il veut que tu dises «s’il vous plaît».
-Et «merci».
-Ça aussi. Alors quand il reviendra, dis-le, juste pour lui faire plaisir.
-Ok.
Quelques instants après, François revenait… avec un lapin mort dans ses mains. Yark… Il ne va quand même pas manger ça? Je pense que mon dégoût a transparu sur mon visage.
-J’oubliais, vous ne mangez pas ça vous, m’a-t-il dit.
-…Non.
-Vous devriez essayer.
-…Non merci.
(Manger de la viande c’est comme… c’est comme me demander d’avoir l’air méchante. Je ne peux pas faire ça, c’est contre ma nature.)
Comme François était revenu, j’ai regardé Abigail pour lui dire que c’était le moment d’agir.
-Est-ce que je pourrais en avoir, s’il vous plaît? m’a-t-elle demandé.
-Bien sûr.
-Merci.
J’ai jeté un regard à François, lui signifiant «Vous voyez? Elle peut y arriver».

Il s’est détourné le temps de dépecer son lapin, pour m’éviter de voir ça. Je lui suis reconnaissante, parce que juste le bruit c’est pénible alors le voir en direct, je pense que ça m’aurait rendu malade. Quand nous avons eu fini de manger, il commençait à faire plutôt sombre.
-Alors, on repart quand? aie-je demandé à François.
-Je pensais que vous voudriez vous reposer, mais si vous me dites que vous êtes prête à repartir…
J’ai jeté un coup d’œil au ciel, qui était beaucoup trop sombre à mon goût. Je n’avais pas vraiment envie de voyager de nuit.
-C’est vrai qu’on pourrait dormir…
-D’accord.
Il s’est tourné vers Abigail avant de reposer ses yeux sur moi.
-Vous allez me faire la gueule si je l’attache?
-…Quoi? Mais pourquoi?
(Et oui, je vais vous faire la gueule si vous faites ça.)
-Pour éviter qu’elle nous dépouille.
-Nous dépouille? Vous voulez nous dépouiller? aie-je demandé à la concernée.
-Non!
-Ça c’est aussi idiot que dire qu’elle va tuer quelqu’un! lui a-t-il répliqué.
(Moi? Tuer quelqu’un? Euh… Ça ne me tente pas vraiment… Euh… Je vais tuer quelqu’un? Non, pas assez convaincant. Mmmm… Je suis méchante! Non, ça c’est encore pire. Je vais devoir me pratiquer.)
-Vous voyez? Elle ne nous dérobera pas.
-Bien sûr que non, a continué François, puisque je l’ai déjà avertie.
-…
Moi, peu m’importait le métier d’Abigail. C’était notre compagne de voyage et il n’était pas question qu’on l’attache.
-Vous me faites penser à ma sœur, m’a dit François.
-Pourquoi?
-Votre naïveté… Vous voulez toujours donner le bénéfice du doute à tout le monde.
-…
(Peut-être pas à tout le monde, mais au moins à ceux qui ne sont pas evil.)
-D’accord, on ne l’attachera pas.
-Bien.

Je sortais ma couverture de mon sac et François m’a tendue la sienne.
-…J’ai déjà une couverture.
-Et vous allez mettre votre tête sur…?
-Sur mon sac à dos.
-Allez, prenez-la et étendez-la par terre, m’a-t-il demandé d’une voix douce, en faisant un petit sourire.
Ça avait l’air de lui faire vraiment plaisir de me la prêter, alors je me serais sentie mal de refuser.
-D’accord, merci.
J’ai étendu sa couverture par terre et je me suis étendue dessus, m’enroulant dans la mienne. Je me suis couchée en petite boule, entourant mes jambes de mes bras. Avant de fermer les yeux, j’ai vu Abigail faire mine de s’envoler.
-Par terre! lui a crié François. Où je peux te voir!
-…Ok!
Elle est donc redescendue par terre.
-Bonne nuit, a-t-elle dit.
-Bonne nuit, lui aie-je répondu.
J’ai ensuit fermé mes yeux et je me suis tout de suite endormie. Pour la première fois, mon sommeil a été plutôt troublé. Je ne me souviens pas de quoi j’ai rêvé, mais j’ai eu le sentiment de me retourner d’un côté et de l’autre une bonne partie de la nuit. Les événements qui se déroulent autour de moi ces temps-ci doivent m’affecter plus que je ne le réalise.

Quand je me suis réveillée le lendemain matin, la première chose que j’ai vue, ce fut… un chibi dragon bleu qui tenait un lapin toujours vivant. Je pense que je dois être toujours en train de rêver Mais quand j’ai entendu les bruits d’os qui craquent, j’ai réalisé que ça semblait beaucoup trop réel pour ne pas l’être. Je me suis donc cachée sous ma couverture. Je ne veux pas savoir ce que ce dragon ou même Takeo (car je crois bien avoir reconnu sa voix) font ici. Je ne veux pas me faire réveiller de cette façon. Quand les bruits ont eu l’air de s’éloigner un peu, j’ai daigné sortir de ma cachette. Abigail et François étaient déjà réveillés. J’espère qu’ils ne m’ont pas trop attendue.

Quand le petit dragon est revenu au campement, j’ai eu l’occasion de le regarder de près. Je l’ai trouvé tellement mignon que j’ai eu envie de le serrer dans mes bras et de le pater. On aurait dit un gros plushie! Trop cute! Surtout quand il prononce le nom de Takeo. Il dit «Takeooooooooooooo».
Il est cute, mais aussi bizarre. Il disait qu’il n’avait pas de nom, mais une fonction et aussi qu’il cherchait son maître. D’ailleurs, quand il a vu François, il est allé le voir et l’a sniffé.
-C’est lui… mais ce n’est pas lui, a-t-il conclu en s’éloignant.
C’est lui, mais ce n’est pas lui? Tu cherches Quentin alors? Ça semble être le cas, parce que quand il a appris que nous cherchions la sœur de François, il a paru très heureux. Il a aussi dit que François était dangereux. Dangereux? Je me rends bien compte qu’il n’a pas toujours un caractère facile, mais de là à dire qu’il est dangereux? Quand le dragon est passé près de moi, je n’ai pas pu résister à l’envie de le pater. Il s’est frotté contre ma main et s’est mis à ronronner. Trop mignon! J’en veux un comme lui pour ma fête! Mais il risque de devenir très gros plus tard et ça, ça risque de poser problème.

Comme nous devions aller chercher Quentin au plus vite, le dragon nous a proposé de nous transporter sur son dos en devenant plus gros. Ok… Aussitôt dit, aussitôt fait et le dragonnet est devenu dix fois plus gros. Wow... J’étais très impressionnée, ce qui m’a permis de cacher à quel point j’étais excitée. Je vais enfin voler! Bon, d’accord. Ce n’est pas comme si je volais moi-même, mais c’est tout comme. Depuis le temps que je regarde les oiseaux en rêvant de voler aussi. Nous sommes tous montés sur son dos et nous nous sommes envolés. Le décollage s’est fait sans problème. Ok… C’est moins pire que ce que je pensais.

Je me disais que ça serait une balade comme les autres quand le dragon a commencé à faire des acrobaties toutes plus extravagantes les unes que les autres. Ça m’a tellement fait peur que j’ai eu l’impression que mon cœur s’arrêtait. J’allais hurler de terreur alors je me suis agrippée de toutes mes forces à la personne assise devant moi, sans même regarder qui c’était. C’était Takeo, qui m’a repoussée avec force.
-Ne me touche plus jamais comme ça! m’a-t-il demandé.
-…
Il avait l’air très fâché et moi j’étais au bord des larmes. Je suis désolée… J’avais juste très peur et j’avais besoin que quelqu’un me rassure. C’est mal d’avoir peur et de chercher du réconfort? Je commençais à trembler de tous mes membres quand des bras m’ont saisie par derrière et quelqu’un m’a serrée contre lui. C’était François. Tout le long du trajet, il m’a gardée contre lui et moi j’ai enfoui ma tête dans son épaule, m’agrippant un peu plus fort à son chandail à chaque acrobatie.

Je n’ai relâché ma prise que lorsque le dragon s’est immobilisé au sol. Dès que je suis descendue par terre, j’ai sermonné le dragon (redevenu chibi) pour avoir agi aussi inconsciemment.
-Ce n’était pas bien? m’a-t-il demandé avec un air innocent. Mais je ne laisse jamais tomber des compagnons!
Comme j’étais toujours fâchée qu’il ait agi ainsi sans prévenir, il a eu l’air super piteux et moi je me suis sentie très cheap. Je l’ai pris dans mes bras pour le pater et lui gratter les oreilles et il s’est mis à frotter sa tête contre mon menton, en ronronnant. Je suis ownée par la cuteness. Cutie a encore parlé de cette histoire de maître qu’il devait trouver. Il a fait mention de dextérité, de l’élément de l’eau et de noblesse. Comme je pouvais prétendre à ces trois éléments, je lui ai proposé d’être son maître. C’était peut-être un peu impulsif comme proposition, mais je le trouve si mignon que je me suis dit que ça ne pouvait pas donner quelque chose de mal que d’être son maître. Il a dit que pour la dextérité c’était Takeo (je crois qu’il l’aime bien), l’eau c’était moi et que la noblesse, ça pouvait être Takeo et moi. Nous nous sommes jetés un regard, comme si nous nous demandions silencieusement «vous êtes noble vous aussi?».

Le dragon nous avait fait sauver deux semaines de voyage en nous amenant aux portes d’Uria, que j’ai reconnue comme étant la ville où nous nous étions tous rencontrés la première fois. Nous devions donc être extrêmement prudents. J’ai dit à Cutie que je le garderais dans mes bras et qu’il n’avait pas à s’en faire. Je le tenais fermement dans mes bras quand il a disparu. Euh… Ok… J’ai regardé tout autour de moi, mais il s’était bel et bien évaporé. J’ai tourné la tête de tout bord tout côté en espérant l’apercevoir, mais j’ai seulement réussi à entendre un genre de «cling-cling». Huh? J’ai fini par trouver l’origine de ce bruit : une grande boucle d’oreilles était apparue à mon oreille droite. Elle aurait dû être lourde, mais je ne la sentais pas du tout. Alors le dragon s’est transformé en boucle d’oreilles pour passer inaperçu dans la ville… Ok.
-Au moins ça te fait bien! m’a dit Abigail.
-…Merci.
Of course I’m beautiful, m’a alors dit une voix dans ma tête. Euh… Ok, on s’en va! Je dois être en train de perdre la tête, j’entends des voix.
-Hé, la beauté! m’a interpellée François. Tu as une cape?
-…Non.
-(Soupir)…
François a enlevé sa cape et me l’a mise sur le dos, prenant bien soin de rabattre le capuchon sur ma tête. Il a ensuite relevé le col de son chandail et a détaché ses cheveux. Nos oreilles bien camouflées, nous sommes entrés dans la ville sans aucun problème.

-Cette fois-ci, a décidé François, on va aller dans les quartiers huppés.
-Euh… Comment on va faire pour payer?
-Un homme digne de ce nom paye toujours pour une dame, m’a-t-il répondu.
-…C’est sans doute vrai pour certaines occasions, mais…
-Un homme paye toujours pour une vraie dame, a-t-il insisté. Sinon il lui rembourse au centuple.
-…Ok…
Mais la «vraie dame» va se sentir endettée envers vous et elle préférerait que ça ne soit pas le cas. Ça commence à faire quelques dettes déjà (la couverture, sur le dragon et là une auberge fancy). François nous a effectivement emmenés dans les beaux quartiers. Je me sentais gênée d’y aller, comme je n’étais pas vêtue de mes plus beaux atours. Je craignais qu’on ne se fasse «revirer de bord», mais personne ne nous a arrêtés. François a arrêté son choix sur une auberge vraiment belle. Des carrosses d’où descendaient des gens richement vêtus s’arrêtaient devant et il y avait même un portier qui triait les gens. François et moi avons pu entrer sans problème, mais la porte s’est refermée devant Abigail et Takeo. Je me suis sentie plutôt mal de les laisser derrière, mais je n’ai rien pu faire : un valet verrouillait la porte et François m’entraînait doucement vers l’intérieur. Il semblait déjà avoir oublié jusqu’à leur existence, mais moi je n’arrêtais pas de penser à eux. Est-ce que ce n’est pas égoïste de profiter de tout ce luxe et de les laisser se débrouiller seuls?


…Je ne sais vraiment plus quoi penser de François. Il est toujours aussi gentil avec moi, mais avec les autres… Il peut parfois se montrer plutôt méchant. C’est arrivé à plus d’une reprise et avec plus qu’une personne. Est-ce que je devrais me tenir sur mes gardes? Non… Il ne me ferait pas de mal. En tout cas je ne crois qu’il le ferait. S’il avait voulu me blesser, il l’aurait fait depuis longtemps. Il est difficile à cerner. Un instant il se montre charmant et l’autre, il donne froid dans le dos par ses propos. J’ai cru comprendre que sa sœur et lui n’avait pas eu une vie facile, mais quand même… Enfin… Ma vie à moi n’a jamais été difficile, alors je ne prétends pas pouvoir comprendre ce par quoi il est passé. Mais si je prenais le temps d’apprendre à mieux le connaître, je pourrais peut-être aussi le comprendre. Quand on vit de terribles épreuves, est-ce que ça nous endurcit toujours le cœur de cette façon et que ça nous fait dire des méchancetés pour nous couper du monde? Quand on vit de terribles épreuves, est-ce que ça nous donne toujours l’air de détester tout le monde autour de nous? Moi je ne serais pas capable d’être comme ça. Je comprends la signification du mot «détester», mais je ne pense pas que je pourrais le ressentir. Je ne veux pas détester et/ou tuer qui que ce soit. Je voudrais juste que les gens autour de moi soient heureux et en paix. Est-ce donc si mal…?



La paix avec une épée dans la main, c’est la guerre.

mercredi 18 juin 2008

Entry 4

Cher journal,

Takeo et Maël se sont dirigés d’un pas hésitant vers la prison.
-Je la sens mal, aie-je dit à François.
-Moi je la sens normale : boom.
-Oui…
J’aurais peut-être dû y aller aussi? Si Maël utilise la diplomatie de sa hache comme elle semble avoir l’habitude de le faire, ce sont les ennuis assurés. Mais aussi surprenant que ça puisse paraître, ils sont ressortis très peu de temps plus tard et ce, sans qu’il n’y ait eu de bruits anormaux.
-Ça n’a pas fait kaboom! aie-je dit.
-Et ils sont sortis! a dit François.
(Ça aussi.)
-Ils sont partis à…, a commencé Maël.
-Highland, a complété Takeo.
-C’est ça! Et il y en a une qui s’est échappée!
-Alors elle s’est échappée? a demandé François, qui semblait visiblement soulagé. Génial!
-Non, ça c’est l’arcadienne! a précisé Maël.
-Oh crap.
-Quentin est Highland? aie-je demandé. On va là-bas alors!
-Oui, a approuvé François, on.
-Partons tous alors! me suis-je exclamée.
-…Vous pouvez répéter ça? m’a demandé François.
-…On va à Highland?
-Oui, on va à Highland, vous et moi. Pas tout le monde.
(Euh… C’est parce qu’il ne faut pas se séparer…)
Comment vais-je arriver à lui, à leur faire comprendre qu’il faut rester groupé, qu’on est plus fort de cette façon? Je devrais me rebaptiser : Leila la sainte patronne des causes perdues.

Maël a ensuite mentionné qu’elle avait senti une odeur dans la prison et qu’elle allait la suivre. Elle espérait que ce soit celle d’Abigail.
-Mais moi je ne peux pas rester toute seule, s’est lamentée Sakurako.
(Bien sûr que non! Pauvre chouette! Ne t’inquiète pas, je ne vais jamais te laisser toute seule!)
-…D’accord! a accepté François, à contrecœur. Une femme et ça, je peux dealer avec!
-Je ne suis pas une chose! a protesté Sakurako.
-Tant que t’es dans la puberté, lui a répondu François, t’es une chose! Je pourrais te mettre des vêtements d’homme et tu passerais pour un homme!
La pauvre chouette était rouge de colère et je ne pouvais pas la blâmer. Pate, pate. François avait été vraiment méchant avec elle. Je ne lui connaissais pas cette facette, lui qui a toujours été si gentil et charmant avec moi.
-Va avec lui toi! m’a demandé Maël.
-Euh…
(Vous ne voulez pas que je reste? Je suis si inutile que ça?)
-C’est juste que s’il y a trop de monde, m’a-t-elle expliqué, je ne pourrais pas sentir l’odeur. Je vais prendre la petite avec moi!
-…D’accord.

François et moi nous sommes donc partis de notre côté. Pourquoi je parlais d’unité déjà? Tout le monde est en train de se séparer en petit groupe. Je suppose que ça va aller plus vite comme ça. Et nous finirons bien par se retrouver éventuellement, comme nous allons tous au même endroit. Dès que nous avons passé les portes de la ville, François a poussé un énorme soupir.
-Désolé, si j’ai pu vous paraître… inapproprié, s’est-il excusé.
-…Ça va. Je sais que vous êtes inquiet pour votre sœur.
(Je suppose que ça peut expliquer les sautes d’humeur.)
-Non! Vous croyez?
-(Désolée d’avoir abordé le sujet) …Alors, combien de temps jusqu’à Highland?
-Très longtemps. Ça vous dérange de marcher dans les bois?
-Non, pas du tout!

Nous sommes donc partis dans la forêt.
-Vous savez pister? m’a-t-il demandé.
-Euh… Pas vraiment…
-Je vais prendre ça pour un non. Vous n’avez qu’à regarder ce que je fais.
-Ok.
Il s’est agenouillé par terre pour examiner une trace de chariot qui s’enfonçait dans le sol.
-Ils sont trois dans le chariot. Ça veut dire qu’elle ne s’est pas sauvée.
-Comment vous pouvez savoir ça? lui aie-je demandé.
-Vous voyez ces traces?
Je me suis penchée vers le sol pour mieux voir.
-Oui, lui aie-je répondu.
-Quand le chariot est vide, ça s’enfonce de ça. Quand il y a une personne, de ça…
-Oh, ok.
-Alors il faut les rattraper avant la prochaine ville et les tuer.
-Euh… Est-ce qu’on pourrait juste les assommer?
-Ils ont vu ma sœur et ils savent de quoi j’ai l’air. Alors si on le les tue pas, ils nous tueront.
-Mais…
-Mon père est mort en faisant quelque chose comme ça.
-…Mais… Moi je ne veux pas tuer personne…
-Je n’ai pas dit que vous deviez faire le sale boulot. C’est à l’homme de protéger la femme.
(Il est bon de voir que la chevalerie n’est pas totalement perdue, mais je maintiens quand même que c’est mieux de ne pas tuer. J’aviserai quand nous serons rendus à destination!)
-On y va? lui aie-je demandé.


Nous avons continué à marcher.
-Vous avez marché souvent en forêt?
-…Plus ou moins…
-Il faut regarder per terre et devant nous.
-Ok… Regarder devant… Regarder par terre…
Je devais avoir l’air vraiment pathétique, parce que François a éclaté de rire. Je me suis sentie toute piteuse. Désolée… Je ne suis pas habituée de marcher à travers des branches d’arbres. Je suis plus une fille de route. Avant que je ne me sente trop pathétique, François m’a prise par la main et a commencé à marcher devant moi, tassant les branches devant lui pour qu’elles ne m’atteignent pas. Je suppose que ça veut dire qu’il n’est pas fâché après moi. Tout le long du trajet, nous n’avons pas vraiment parlé. François me tenait toujours la main, raffermissant sa poigne à chaque fois que ma main glissait. Il a fait en sorte que je n’aille pas peur de me péter la gueule une seule fois. J’étais très rassurée, mais ce fut aussi une expérience étrange pour moi. C’était la première fois que je laissais un homme, surtout un homme que je ne connaissais pas, me tenir la main de cette façon. J’espère que ce n’est pas inconvenant comme situation?

Nous n’avons rien rencontré sur notre chemin jusqu’à ce que nous entendions du bruit venir d’un buisson près de nous. François a sorti son épée et moi mon arbalète. D’un buisson a surgi Abigail.
-La vache, a murmuré François, tout bas.
D’après l’expression de son visage, il avait l’air très, très fâché, comme s’il avait envie de la tuer. Euh…
-Restez là, m’a-t-il demandé.
-…
Le ton de sa voix m’inquiétait un peu, mais j’ai malgré tout fait ce qu’il me demandait.


C'est ce que j'ai eu le temps d'écrire jusqu'à présent. Le reste va suivre ientôt et sans doute dans un post séparé, parce que je sens que ça va être long et je ne veux pas que vous vous écoeuriez à me lire!

mardi 3 juin 2008

Entry 3

Cher journal,

Je suis rentrée à l’intérieur de l’auberge avec toutes les filles du groupe, à l’exception d’Adèle, qui a soudainement décidé qu’elle partait parce que c’était la fin de son contrat (qui était de protéger Quentin). Sans faire de cérémonie, elle est donc partie. Kikuchi et Takeo nous ont rejointes autour de la table pour manger. La nourriture et les boissons commandées (j’ai commandé un verre d’eau, pour le plus grand déplaisir de la serveuse qui ne se gênait pas pour faire de l’œil aux hommes. Ce genre de comportement manque décidemment de classe. Pour attirer l’attention d’un homme, il existe des moyens plus subtils. Enfin… Je n’ai aucune expérience dans ce domaine, mais c’est ce qu’il me semble, non?) et nous avons tous mangé en silence. Il n’y avait aucune animosité dans l’air, mais toujours ce silence gênant qui est caractéristique des personnes ne désirant pas être en présence les une des autres. J’espère que le danger nous lâchera un peu et que nous aurons le temps de faire plus ample connaissance.
-Bon… Puisque personne ne dit rien, aie-je proposé, je recommande qu’on aille se coucher et que demain, quand on se sera reposés, on parle de ce qu’on va faire.
-Bonne idée, a approuvé Takeo.
(Enfin, quelqu’un d’autre qui est raisonnable. Takeo ne parle pas beaucoup, mais il semble avoir une tête sur ses épaules. Ça ne sera pas de trop pour l’aventure dans laquelle nous sommes embarqués.)

Avant de me rendre à ma chambre, je suis passée à la salle de bain. Un bon bain était tout ce dont j’avais besoin pour me relaxer et m’aider à passer une bonne nuit. Je me suis récurée de la tête aux pieds et j’en ai aussi profité pour laver mes vêtements. Quand je fus satisfaite du résultat, je suis retournée dans ma chambre. En montant les escaliers, j’ai entendu des gens entrer dans l’auberge, mais je n’y ai pas porté attention. S’ils avaient constitué un quelconque danger, je l’aurais déjà entendu. Comme j’avais la pièce pour moi toute seule, j’ai déposé mon sac sur un lit et j’ai entrouvert la fenêtre. Le temps était à la pluie, mais la brise était plutôt rafraîchissante. Je me suis assise sur le rebord de la fenêtre et j’ai joué de mon violon tout en chantant. Ce n’était pas grand-chose, mais ça a suffit à me calmer. Car oui, contrairement aux apparences, j’était plutôt inquiète. I had the feeling I was embarked in something much bigger than anything I had ever faced before and I was affraid I wouldn’t be able to handle it. Je me suis retournée vers la fenêtre pour continuer à chanter et j’ai vu une ombre passer. Ce n’était peut-être qu’un oiseau, mais avec tout ce qui se passait je n’ai pas voulu prendre de chance. J’ai ouvert la fenêtre plus grande et j’ai regardé de tous les côtés. Je n’ai rien aperçu qui puisse m’apaiser, alors j’ai refermé la fenêtre et je l’ai verrouillée. Je me suis étendue sur mon lit et je me suis endormie presqu’aussitôt.

Je rêvais de ma ville natale quand de violents coups frappés à ma porte m’ont tirée du sommeil.
-Ouvrez! criait une voix d’homme.
-Hein?
-Ouvrez!
-Une minute!
-J’ai dit : ouvrez!
-Une minute!!
J’ai essayé de replacer mes cheveux du mieux que je pouvais et tout en baillant, j’ai ouvert la porte. Deux soldats se trouvaient devant. Ils m’ont tous les deux regardée de la tête aux pieds sans rien dire.
-Oui…?
Celui qui ne tenaient pas la lanterne m’a tirée vers lui par une oreille.
-Aïe!
(C’est sensible les oreilles!)
Je lui ai donné une claque sur la main pour qu’il me lâche.
-Et elle est farouche! Ça doit être elle!
-Euh…
(Mais pourquoi tout le monde me prend pour quelqu’un d’autre ces temps-ci?)
-Tu viens avec nous!
-Euh… non!
-C’est ça! Tu viens avec nous!
Il m’a saisie par le bras et a placée une dague sous ma gorge. Si j’essayais de me débattre, je risquais d’en être quitte pour une gorge salement amochée.

Il m’a traînée dans le corridor, où Takeo et Kikuchi se trouvaient déjà.
-Vous m’avez réveillé en plein milieu de la nuit, a dit Takeo, je suis fâché. Laisser la partir.
(Je rectifie ce que j’ai dit à propos de lui. Il ne parle pas beaucoup, mais quand il parle, c’est pour dire quelque chose de censé.)
Quant à Kikuchi, il avait l’air complètement soûl, mais il a tout de même essayé d’éloigner la dague de ma gorge. J’étais en train de me dire que j’allais me faire emmener par ces hommes quand un haut gradé est entré dans l’auberge. Il a dit aux soldats qu’il y avait un code 3 (non Kikuchi, on ne veut pas savoir ce que ça serait un code 5) et qu’il fallait partir. Il les a ensuite traités d’idiots pour avoir fait erreur sur la personne en ce qui me concernait. Il s’est excusé pour la conduite de ses hommes et ils sont tous partis. Ok… Takeo était de mon avis: il était inutile de parier sur la/les personne(s) qu’ils cherchaient. Mais pourquoi chercheraient-ils Quentin et François ici? Ils sont partis dans la direction opposée à la nôtre.

Le calme semblait être revenu pour de bon alors nous sommes tous retournés dans nos chambres. Trouver le sommeil? Je ne pensais pas y arriver. Je me suis assise sur mon lit, mes jambes repliées contre moi et j’ai attendu, guettant le moindre bruit qui pourrait perturber le silence. J’ai quand même fini par somnoler, me faisant encore une fois réveiller par des coups frappés sur ma porte. En ouvrant ma porte, j’ai vu non seulement que c’était Maël, mais aussi qu’il y avait de la fumée dans le corridor. Maël m’a demandé d’emmener Sakurako dehors. Pas de problème! J’ai pris mes affaires et je l’ai traînée jusqu’en bas. Malheureusement, en bas c’était encore pire. Impossible pour nous de passer par là.

De retour en haut, la seule solution possible qui s’est imposée à nous fut de sauter par la fenêtre. Euh… C’est parce qu’on est à une hauteur de deux étages… Si je saute, je me briserai assurément les deux jambes. Heureusement, Abigail m’a proposé de me prendre dans ses bras pour m’emmener jusqu’en bas. Aussitôt dit, aussitôt fait! Wow… Je vole… Yééé! Sploutch… Sploutch? J’ai regardé par terre pour voir dans quoi nous avions atterri et j’aimerais ne jamais avoir fait ça. À nos pieds, il y avait une marre de sang et des morceaux de… Je crois que c’était des morceaux de doigts. Je n’avais jamais rien vu d’aussi dégoûtant alors je me suis dépêchée de reculer en m’essuyant les pieds par terre, mes deux mains sur ma bouche pour m’empêcher de hurler.

Abigail elle, ne bougeait pas. Elle semblait complètement paralysée. J’ai eu beau la secouer et lui donner des petites tapes sur le visage, elle ne réagissait pas. Kikuchi et Takeo ont fini par nous rejoindre et c’est là que j’ai appris que Quentin et François étaient de retour et qu’ils étaient même descendus dans la même auberge que nous. Ça explique les gardes et le feu à l’auberge. Il y a même un homme à cheval qui s’est arrêté près de nous et qui a remis un papier à Takeo. Ça disait quelque chose du genre «Remettez-nous vos nouveaux compagnons ou mourez». Muuu. Mais il n’y avait aucune trace de nos nouveaux compagnons pour l’instant, ni de Maël ou de Sakurako. En les attendant, nous pourrions peut-être nous éloigner de l’auberge avant de recevoir des débris fumant sur la tête. J’ai essayé de tirer Abigail plus loin, mais je n’étais pas assez forte pour le faire.
-Est-ce que vous pourriez arrêter de vous disputer et m’aider à la tirer plus loin? aie-je demandé à Takeo et Kikuchi.
-On ne se dispute pas, m’a répondu Takeo.
-De discuter alors. Vous pourriez m’aider?
Takeo l’a prise sous son bras et l’a déposée plus loin.
-Tu es contente? m’a-t-il demandé.
-Oui, merci.

L’auberge brûlait de plus belle quand ceux qui manquaient nous ont finalement rejoints. J’étais contente de revoir Quentin et François, car comme j’avais dit, je pense que nous avons plus de chance de survivre en groupe que seul. Quand François m’a vue, il m’a sourie. Je lui ai bien entendu souri en retour, mais je n’ai pas pu m’empêcher de détourner aussitôt le regard. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Il y avait quelque chose dans son regard qui… m’intimidait. Quant à Quentin, elle avait en main une petite fiole contenant un produit qui pouvait déparalyser Abigail. Mais comme cette dernière avec la bouche fermée, il a fallu la placer la tête vers le bas pour faire entrer le produit par ses narines. Je n’avais jamais rien vu de tel. Ce fut à la fois traumatisant et drôle.

Nous nous sommes éloignés le plus possible de l’auberge pour décider ce que nous allions faire. François n’avait aucune envie de nous accompagner et il ne s’est pas gêné pour le dire. Mais sous le regard insistant de sa sœur, il a fini par céder à contrecœur. Personne ne savait vraiment où nous pourrions aller, mais l’important était d’abord de nous éloigner de la ville. Cependant, aucun d’entre nous n’avait le sens de l’orientation, à l’exception de François. Il a eu l’air très découragé en apprenant ça. Euh, désolée d’être un poids. Je ne pensais pas en avoir besoin un jour et surtout pas dans ces circonstances.

Nous avons donc tous suivi François à travers les bois. Nous ne nous sommes arrêtés que plusieurs heures plus tard, après que la petite Sakurako se soit plainte qu’elle avait mal aux pieds. Je lui ai proposé de lui chanter quelque chose pour l’aider à la faire dormir, mais elle m’a dit qu’elle ne pensait pas arriver à dormir, d’une part à cause de tout ce qui se passait, mais elle semblait aussi effrayée par François. Quentin est heureusement venue la rassurer en lui disant que c’était un air qu’il se donnait parce qu’il n’avait pas envie que des gens meurent à cause de lui. C’est une bonne explication quant à son attitude. J’ai moi-même fait les frais de son apparent mauvais caractère. Je l’ai trouvé plutôt brusque, mais il n’avait pas tort. J’avais une fois de plus parlé d’une solution pacifique.
-Écoute ma belle, je te conseille d’oublier ça. Tu as été vue avec nous, alors toi et tous ceux à qui tu parleras sont en danger. Dans le meilleur des cas, tu mourras.
-…
(Est-ce que je veux savoir ce qui arriverait dans le pire des cas?)
-Mais si tu meurs, m’a dit Maël, tu auras la paix!
-…
(Euh… Je préférerais rester en vie et être en paix, c’est possible?)

Nous avons pris une pause bien méritée, ceux qui avaient à dormir le faisant. J’étais fatiguée, mais je voulais d’abord veiller sur Sakurako. La pause m’a tout de même fait le plus grand bien. Je commençais à en avoir assez d’entendre Kikuchi et/ou Takeo faire des remarques plus ou moins mesquines à François. Nous devons voyager ensemble, alors de l’harmonie tout le monde, de l’harmonie… J’étais un peu découragée et je n’ai pas pu m’empêcher de pousser un gros soupir.
-Est-ce que je sens un regret de ne pas nous avoir accompagnés? m’a demandé François, un petit sourire aux lèvres.
-…
Euh… non, ce n’est pas ça. Je suis juste découragée par le fait que personne ne semble comprendre qu’il faille se tenir les coudes comme nous sommes embarqués dans le même bateau.

Nous nous sommes remis en route et nous avons marché jusqu’à ce que nous atteignions un petit village. Il n’y avait aucune trace des Cirqui, alors c’était bon signe. Nous nous sommes tous dirigés vers ce qui semblait être la seule auberge de la ville. Nous avons loué pratiquement l’établissement au complet. Quentin a insisté pour tout payer. J’ai essayé de la convaincre que ce n’était pas nécessaire, que nous pouvions tous payer notre part, mais elle a dit que comme tout ce qui nous était arrivé était de sa faute, c’était naturel qu’elle paye. Non, il ne faut pas que tu prennes tout sur tes épaules. Tu n’as pas mis le feu à l’auberge et tu n’as pas souhaité qu’il nous arrive malheur, alors ce n’est pas ta faute. Je vais devoir lui reparler à ce sujet plus tard.

Les chambres étant réservées, nous avons tous soupé ensemble. François m’a tendu son bras pour m’accompagner jusqu’à la table. Je l’ai bien évidemment remercié, mais le geste m’a prise au dépourvu. Cependant pas autant que lorsqu’il a tiré ma chaise pour que je m’assois. La galanterie est décidemment un art qui se perd. Merci François. Et pendant que nous mangions, il m’enlevait mes plats vides pour les remplacer par d’autres. Ça faisait vraiment longtemps que quelqu’un n’avait pas été aussi gentil avec moi. Une fois le repas terminé, j’ai décidé d’aller me promener en ville. J’avais besoin d’un peu d’air frais pour me relaxer. Takeo m’a accompagnée comme il n’était pas prudent d’être seul où que ce soit. Je me suis arrêtée dans un petit parc pour jouer du violon. Takeo n’a pas dit un mot. Il se contentait de veiller sur moi de loin.

Au bout d’une heure, nous sommes retournés à l’auberge. Tout le monde était couché à l’exception de François, qui était assis par terre devant la chambre de sa sœur. Takeo s’est assis devant lui, pour lui tenir compagnie (?). Moi, je suis allée me coucher.
-Bonne nuit, leur aie-je souhaité.
-Bonne nuit, m’a dit François.
-Bonne nuit, m’a dit Takeo. Tu joues très bien du violon.
-Merci.
Je leur ai fait un dernier signe de tête et je suis rentrée dans ma chambre. Cette nuit-là s’est passée sans problème et je ne me suis réveillée que le lendemain matin au son des oiseaux. J’ai passé un peu d’eau sur mon visage et je me suis peignée, avant de sortir. Takeo et François étaient réveillés, dans la même position qu’hier.
-Puisque la dernière dame est réveillée, a dit François, nous pouvons aller déjeuner.
Il s’est levé et il est allé réveiller sa sœur.
-Oh shit! a-t-il crié après être entré dans la chambre.
Il n’y avait aucune trace de Quentin dans sa chambre. François était furieux et il le fut encore plus quand Maël lui a dit qu’elle avait vu Quentin et Abigail sortir par la fenêtre hier soir.

Il a décidé d’aller la chercher en ville.
-Vous voulez de l’aide? lui aie-je demandé.
-Si vous insistez…
-Et bien… Ça ira plus vite à deux.
-Si tu penses que je vais te laisser partir en ville toute seule…
Il m’a encore une fois tendu son bras pour que je le prenne et nous sommes donc partis en ville ensemble, accompagnées de Sakurako. Quand nous nous sommes tous retrouvés, personne n’avait trouvé Quentin ou Abigail. Maël a suggéré qu’elles pouvaient être en prison. J’ai senti François se crisper contre mon bras. J’étais moi-même inquiète, alors lui devait l’être vraiment beaucoup, comme c’était sa sœur qui était concernée.
-Nous pourrions aller voir? aie-je demandé aux autres.
-Je ne peux pas entrer là, a dit François.
S’il est poursuivi par pleins de gens, c’est vrai que ça ne serait pas une bonne idée. Je suis donc restée avec lui. Quentin est une gentille fille et nous allons tout faire pour vous aider. Alors ne vous inquiétez pas, nous allons la retrouver.



La paix à n'importe quel prix, ce n'est pas la paix.