lundi 29 octobre 2012

Il va finir par m'achever


Comme si je n’étais pas déjà assez perturbée comme ça…

31 décembre
C’est quand les gens ont des relations amoureuses avec plusieurs personnes. Est-ce que j’avais vraiment besoin de savoir ce que c’était une orgie? Je suppose que je ne peux blâmer que moi-même. J’aurais pu me contenter de me dire : Tiens? Henryk porte le pantalon de Beloss et la redingote de Jérôme. Mais non, il a fallu que je pose encore la question qu’il ne fallait pas. Je pense que j’aurais préféré ne jamais savoir ce que c’était les «trucs de gars». Lemleck a tenu a précisé qu’il n’avait rien fait. Bien, tant mieux pour vous…

1er janvier
J’ai déjà mentionné à quel point j’étais perturbée? Et bien, ça empire. François n’aide pas du tout. Il fait même exprès. Je pense qu’il va m’achever s’il continue comme ça…

Pourquoi avez-vous décidé de séparer les équipes comme ça Lemleck? Je comprends que vous ayez envie de passer du temps avec Fuu (j’ai bien vu comment vous la regardiez sur l’île), mais pourquoi est-ce que mon coéquipier devait être François? Ce n’est pas que je le déteste (il est même de très agréable compagnie), mais il n’arrête pas de me mettre mal à l’aise. Et je sais que ce n’est pas dans ma tête quand je dis qu’il le fait exprès. Comme je n’avais pas de raison valable pour dire non, je n’ai rien dit et je suis partie avec lui. Ça ne devrait pas être trop pénible. Après tout, nous allions juste essayer de trouver l’élémentaliste de terre, n’est-ce pas?

François n’avait pas l’air d’avoir envie de chercher. Il a même commencé en disant qu’il voulait aller faire le tour des boutiques. Euh… C’est parce qu’il faudrait vraiment trouver l’élémentaliste de terre… Il m’a donné comme argument que rien ne disait que nous ne le trouverions pas dans une boutique. Ok, je suppose que c’est vrai. Allons voir dans les boutiques alors.

Les robes sont tellement jolies… Ces couleurs… Et ces tissus sont si doux… Il y a tellement longtemps que je n’ai pas porté quelque chose d’aussi beau… M’en acheter une? Euh… C’est parce que… Ça ne serait pas convenable. J’aime quelqu’un d’autre, vous vous en souvenez? Il n’est pas ici en train de me séduire? Je le sais bien, mais je ne veux pas que vous, vous essayiez de me séduire. S’il vous plaît…
-Je sais que tu me trouves séduisant…
-Euh…
-Qui ne dit mot consent…
-…
(C’est parce que je ne… Ok. Peut-être que oui, mais jamais je ne l’admettrai.)

Je savais bien que je n’aurais pas dû accepter, je ne voulais surtout pas l’encourager et qu’il croit qu’une réponse positive voulait dire que j’acceptais de me laisser séduire. Techniquement, je n’ai pas dit oui. Mais cette robe était si jolie et je crois que je l’ai regardée un peu trop longtemps parce que c’est celle-là que François m’a achetée. Encore là, j’aurais pu… j’aurais dû dire non, mais j’en ai été incapable. Est-ce que c’est vraiment un crime d’avoir eu envie de porter une belle robe au lieu de mes éternels habits de voyage?

Mais la robe devait valoir une petite fortune. Jamais je ne pourrais le rembourser.
-Je n’ai pas d’argent.
-Je ne veux pas d’argent. Mon prix est beaucoup plus élevé.
-Euh…
-Je veux un baiser.
-Euh…
(J’ai vraiment l’air d’une fille qui embrasse n’importe qui? Ce n’est pas que je veux dire que vous soyez n’importe qui, mais je n’accorde pas mes baisers pour une raison aussi superficielle qu’une robe. Deux seules raisons peuvent justifier que j’embrasse un homme : je suis amoureuse ou quelqu’un a mis un aphrodisiaque dans mon vin.)

Il s’est avancé vers moi. Euh… Il ne va pas vraiment…? Il s’avance encore vers moi… Euh… C’est parce que… Il est vraiment très près de moi là… Il s’approche encore? Écoutez… Ce n’est pas que je me sente un peu mal à l’aise que vous envahissiez ainsi mon espace vital. En fait, je me sens très mal à l’aise. Je suis certaine que vous vous en êtes rendu compte, alors pourquoi continuez-vous? S’il vous plaît…

Il était maintenant si près, que si je ne restais pas parfaitement immobile, je craignais de le toucher. Ne pas respirer trop fort… Il a pris ma main et… il m’a fait un baisemain. Hein?
-Maintenant on peut y aller.
-…Je vous hais!
-Je sais que c’est faux.
-…
(…Non, c’est vrai! Vous avez fait exprès de me faire croire que vous alliez m’embrasser parce que vous saviez que ça allait me rendre extrêmement mal à l’aise! D’accord, vous n’aviez pas dit un baiser sur les lèvres, mais vous saviez que c’était ce que j’allais conclure! Comme vous saviez très bien que quand vous avez parlé de soirée, j’allais penser que vous vouliez passer une soirée en tête-à-tête avec moi!)
-Puisque tu es si déçue, la prochaine fois ce sera ailleurs…
-Euh…
(C’est parce que je ne veux pas que vous m’embrassiez… Qu’est-ce que vous n’avez pas compris là-dedans?)

La prochaine étape : le fleuriste. Je ne voyais pas le mal à le laisser m’acheter une fleur alors j’ai pris une marguerite. Il a pris du jasmin pour lui et du lilas pour Quentin. Mais en plus, il a pris une rose blanche pour moi. Il m’a appris que la rose blanche signifiait l’innocence. Il m’a aussi dit qu’il espérait un jour me donner une rose rose (qui signifiait affection amoureuse) et une rose rouge (qui signifiait la passion). Il n’aurait pas pu être plus clair s’il m’avait dit qu’il me voulait et qu’il ferait tout pour m’avoir. Et moi, est-ce que j’aurais pu être plus gênée? Probablement et ça allait sans doute arriver. François semblait s’être donné pour mission de me faire passer par toutes les nuances de rouge.

Il est ensuite allé acheter du chocolat et nous nous sommes arrêtés boire un verre de bordeaux. C’est vraiment délicieux le chocolat…
-Est-ce que tu veux savoir ce que le chocolat veut dire?
-Est-ce que c’est à ce moment-là que je dois dire «oh non, j’en ai déjà mangé un morceau»?
-Le chocolat fait venir le rose plus vite…
-…
(Au secours… Je pense que je vais mourir...)

Quand nous sommes retournés au bateau, François est reparti sans vouloir me dire où, mais il n’a pas tardé à revenir. Lemleck et Fuu manquaient à l’appel. François a sous-entendu que Lemleck prenait du bon temps avec Fuu dans une chambre d’auberge. Je ne crois pas non. Et si c’était le cas, je suis certaine qu’il… Ok, peut-être pas, mais je préférerais quand même aller les chercher. On ne sait jamais…

Avant que nous ne partions, j’ai finalement appris le plan de François : nous étions attendus au château pour une soirée. Une princesse elfe voyageait incognito. Il m’a pointée. Quoi? Euh… Je ne crois pas que j’ai envie d’être une princesse. C’est donc Quentin qui a hérité du rôle et elle n’était pas très contente. François allait être son grand chambellan et comme il devait être marié, j’allais être sa femme. Merde, je crois que je viens de me faire avoir.

François et moi sommes allés au poste de garde, où il a joué à la perfection son rôle. Lemleck et Fuu avaient été arrêtés, mais François a été assez convaincant pour que le pauvre garde nous assure qu’ils allaient être libérés et reconduits à notre bateau.

Nos compagnons nous ont été rendus et nous avons pu finir de nous préparer. Mizaki avait acheté des habits assortis pour Lemleck et Fuu. Est-ce que c’était vraiment nécessaire que la robe de Fuu soit aussi décolletée?

Jérôme avait acheté des pantalons et un cache-masse pour Fitik. Je ne la comprends toujours pas cette histoire… Et pourquoi Lemleck a failli avoir une crise cardiaque quand il m’a vue tenir la masse de Fitik pour que ce dernier la recouvre? François m’a dit qu’il aurait été jaloux si j’avais compris. Non, je ne la comprends vraiment pas…

Un carrosse très fancy est finalement venu nous chercher pour nous emmener au château. Le maître des lieux était un demi-drow. Je ne les aimais pas particulièrement, mais il était très courtois alors je survivrais. C’était une autre affaire pour Jérôme. Il avait l’air très mal à l’aise. Il a comparé le demi-drow à un mammouth. Comparativement, Henryk était une petite souris. À ce point-là? Prions le ciel que tout se passe bien alors… Mais il faudrait peut-être que François et moi nous mettions d’accord sur certaines choses. À la première occasion, je l’en traîne sur la piste de danse pour que nous discutions des détails de notre vie de couple.