dimanche 7 novembre 2010

Nous sommes des aimants à ennuis

1er décembre

À la librairie, miss Chesterton a acheté un livre sur les herbes pour nous remercier de l’avoir aidée. Quand nous lui avons dit que ce n’était pas nécessaire, elle nous a répondu que ça l’était d’autant plus que nous ne voulions rien en échange. Je l’aime vraiment bien. Elle est gentille. Et avec tout ce que je vis en ce moment, j’ai bien besoin de gentillesse.

Mill s’est acheté un petit calepin, mais il a aussi regardé des livres de contes, un en particulier : La flûte enchantée. Il a dit qu’il aimerait un jour lire cette histoire à ses enfants, un garçon et une fille. C’est la première fois que je l’entendais parler d’enfants avec autant d’émotion. Je n’avais pas réalisé que c’était un de ses rêves les plus chers. C’est bien de savoir qu’il y en a au moins un de nous deux qui est capable de s’accrocher à ses rêves malgré tout…

Nous nous sommes tous retrouvés à l’auberge… juste à temps pour apprendre une excellente nouvelle! James s’était fait arrêter pour avoir été accusé d’avoir voler quelque chose. Pourquoi? Non mais, pourquoi? Pourquoi ce genre de situation nous arrive toujours? Ce n’était pas assez que nous venions juste de sortir d’une presque-exécution? Jean m’a donné de l’argent et une liste des ingrédients que nous avions besoin et m’a chargée d’aller les acheter. Mill et miss Chesterton allaient m’accompagner et nous nous retrouverions ensuite tous au port.

Nous avons donc acheté… deux barils d’alcool de riz… sept caisses de ménés… et beaucoup de coton. Mon visage devait avoir la même expression que celui des vendeurs. Pourquoi autant de tout ça? Il faut vraiment que nous prenions une mixture qui contient de ménés?

Je ne sais pas comment elle a fait, mais miss Chesterton a tout transporté toute seule en attachant la cargaison sur son dos. Nous nous sommes tous rejoints au bateau et heureusement qu’il me restait de l’argent de Jean pour payer nos place, sinon nous n’aurions pas pu monter à bord. La cargaison a été déposée dans la cale et nous sommes restés sur le pont en attendant les autres. Et comme toute bonne chose en appelle une autre, la merde n’a pas tardé à rappliquer.

James n’était plus en prison. Il s’était échappé in extremis grâce à Henryk. Il ne l’avait pas vu tuer qui que ce soit, mais il y avait des cadavres partout. Un plus un égale deux alors tirez vos conclusions. Beloss m’a encore donné une occasion de ne pas le porter dans mon cœur (manière diplomatique pour dire «de le détester»). Il a proposé à James une potion pour arranger sa main qui avait été explosée par le vendeur et il lui a demandé 100 po en échange! Tu proposes à quelqu’un de l’aider et tu exiges de l’argent en retour? Et quand il te répond qu’il ne veut pas payer ce montant, tu l’envoies promener? Tu es tout simplement un être profondément égoïste et tu me répugnes au plus haut point. Si j’en avais la force, je crois que je… Du calme Leila, du calme… Mill est là alors retiens-toi. Même s’il n’était pas là, je devrais me retenir. Je ne veux pas devenir quelqu’un dont Uvi aurait honte.

Il me manque tellement. Est-ce que c’est toujours aussi difficile quand on perd quelqu’un qu’on aime? Je donnerais tout pour qu’il soit à nouveau à mes côtés et pour retrouver ma vie d’avant. Une vie faite de musique et de joie, sans violence, sans poursuite, sans… Fouillez les bateaux! What? Il y avait bien des cris dehors, de soldats. J’ai essayé d’avertir les autres, mais ils étaient tellement pris dans leur discussion que c’était comme si je n’étais pas là. Fine! Je ne vous connais pas alors! Beloss m’a répondu qu’il n’en attendait pas moins de moi. C’est censé vouloir dire quoi? Je dois peut-être me sentir coupable d’avoir envie de prétendre de ne pas vous connaître? De ne pas vouloir être entraînée dans vos conneries?

Des soldats sont venus fouiller le bateau et ont fini par repartir une quinzaine de minutes plus tard. J’étais certaine qu’il y allait avoir de la merde, du genre que quelqu’un ouvre sa bouche pour dire quelque chose qu’il n’aurait pas dû dire et que nous soyons tous arrêtés… Après, un vieux monsieur louche est descendu dans la cale et nous a dit qu’il ferait aussi partie du voyage. J’ai trouvé un peu étrange qu’il pose autant de questions sur nous, mais comme je ne voyais pas le mal que ça pourrait faire de lui répondre, je l’ai fait. Je n’aurais pas dû le faire. Le type louche, c’était Jean déguisé. Il a dit que nous allions tous nous faire tuer. Moi je parlais trop : il ne fallait selon lui jamais dire le nombre de son groupe. J’ai eu l’impression d’être la pire des connes. Mais, premier point positif pour moi : il a eu l’air content que je ne parle pas de lui. Et deuxième point positif pour moi : il a dit à Beloss qu’il parlait trop tout court. Honnêtement, est-ce qu’il fait autre chose qu’ouvrir sa grande gueule et se/nous mettre dans la merde?

Eri et le cr… Beloss sont partis chercher Henryk et nous sommes partis quand ils sont revenus. Il y avait trois chambres, que nous avons séparées comme suit :

-William, miss Chesterton, Mill et moi

-James et Henryk

-Lena, Eri, Jean et Beloss

2 au 4 décembre

J’ai été malade comme un chien, whatever that means. C’était comme si tout ce que j’avais mangé depuis une semaine ressortait. Assez dégoûtant. Et William aussi était malade alors l’atmosphère dans la chambre n’était pas des plus agréables. Au moins, Mill est resté près de moi jusqu’à ce que je me sente mieux.

5 décembre

J’ai finalement pu sortir de mon lit, juste à temps pour apprendre que nous étions légèrement très beaucoup en train de dévier de notre route initiale. Le bateau faisait escale à une île en plein milieu de l’océan avant de s’arrêter à Le Cap, ce qui nous retarderait d’à peine plusieurs mois. Nous nous sommes donc mis à discuter de ce que nous allions faire. Beloss allait finalement se rendre utile! Et il n’y a pas de sarcasme ici. Il allait vraiment pouvoir se rendre utile, en utilisant un sort pour réduire la grosseur de la zone où nous pourrions trouver l’ÉLÉMENTALISTE D’EAU et le temple.

Une partie des plantes avait été préparée et Jean aurait besoin de quatre jours de plus pour faire le reste. James ne nous accompagnerait pas à cause de son restant de main qui faisait de l’électricité et Jean n’avait pas l’intention de venir non plus. Lena ne voulait pas que Mill nous accompagne non plus. Je vous rappelle à tous que je suis le guide, alors si vous voulez que je guide l’ÉLÉMENTALISTE D’EAU… J’ai bien aimé la réponse de mon ami : Sans offense, je n’ai jamais dit que vous étiez mon chef. Bien placé Mill.

Beloss m’a (encore) prouvé qu’il était un crétin fini. Il a dit à Mill un truc du genre «tu ne nous a pas prouvé que tu savais te débrouiller au combat». Non mais! Tu te prends pour qui pour le regarder de haut? Ce n’est pas parce qu’il n’a pas autant de muscle qu’un autre qu’il ne peut pas être utile! J’étais un peu fâchée, mais je comprenais quand même les motivations de Lena : elle ne voulait pas que je revive ce que j’avais déjà vécu. Ce n’est pas compliqué : pour que ça n’arrive pas, vous avez juste à tenir Mill éloigné de Beloss. Cette remarque tout à fait méchante et totalement gratuite est sortie toute seule.

Beloss a encore demandé ce qu’on lui reprochait et je n’ai encore pas répondu. Tu voudrais que je commence par quoi?

-Je vais essayer de dompter ce gros poisson qui nous attaque juste parce que ça a l’air amusant! Est-ce que ça aurait pu mettre la vie de mes compagnons en danger? Je ne sais pas, je n’y ai pas pensé!

-Je vous abandonne tous pour retourner en ville chercher quelque chose! Comment je vais faire pour vous retrouver? Je ne sais pas!

-Je décide de me mêler d’un conflit interracial qui ne me concerne absolument pas sans me dire que ça serait peut-être une mauvaise idée de tuer des beasts pour d’autres beasts.

-J’ai failli tuer tout le monde en leur tombant dessus (j’ai même réussi dans un cas) et je ne m’en suis jamais excusé. J’ai même l’air de l’avoir complètement oublié!

-J’ai fait des pactes avec pleins de gens (mais au moins pas avec un DÉMON) sans penser que ça pourrait me retomber en pleine figure ou dans la figure de mes compagnons.

-Je passe mon temps à ouvrir ma grande gueule quand ce n’est pas le temps et ça me retombe toujours dessus, mais ça ne m’empêche quand même pas de recommencer encore et encore!

J’en ai oublié? Je ne crois pas!

Finalement, Mill vient avec nous. Quand tout le monde est parti, je lui ai dit que je me fichais de ce que tout le monde disait. Moi je croyais en lui. Et je lui ai fait un gros câlin. Je suis contente que tu ne te laisses pas atteindre par tout ce qu’ils disent, mais tu es mon ami. Alors peu importe la mission que nous pourrions avoir, tu passeras toujours en premier et je ne laisserai personne te diminuer… surtout pas Beloss.

6 au 9 décembre

Finalement, je n’amène avec moi que ma dague et un couteau à lancer d’Uvi. Il ne me servira sans doute à rien, mais j’aime avoir près de moi quelque chose qui me le rappelle. J’ai confié à Jean le livre de musique d’Uvi. C’est ce que je possède de plus précieux et je préfère que quelqu’un garde un œil dessus.

La journée s’annonçait bien quand un des marins a crié : Pirates!!!!