mercredi 10 décembre 2008

Entry 21 et 22

Cher journal,

D’autres drows sont venus à notre cellule. La prêtresse a fait signe à Maël de s’approcher. Ils l’ont enchaînée et emmenée. Elle a eu beau me souhaiter bonne chance, je me suis sentie complètement désemparée une fois toute seule. Je savais que mon sort n’était pas changé, c’était toujours la mort qui m’attendait, mais avec quelqu’un à mes côtés c’était plus facile à supporter. De sentir une présence amicale à mes côtés allégeait le poids de ce destin, vous saisissez? J’aurais voulu qu’elle me serre contre elle et me laisse pleurer tout mon soûl. Je sais que ça n’aurait pas été la chose la plus brave à faire, mais j’en aurais tellement eu besoin. Maintenant je suis seule. Et personne ne viendra me consoler ni me sauver. I guess the only thing I can do now is wait to die.

Me morfondant sur mon sort, j’ai eu le plaisir de recevoir une visite de la petite criss. Pardonnez-moi mon langage, il semble s’être beaucoup dégradé depuis que je suis ici. Mais à quoi bon maintenir les apparences? À quoi bon continuer à mettre en pratique les enseignements de mes parents puisque je vais mourir dans très peu de temps? Personne ne pourrait m’en vouloir de me laisser aller dans mes derniers instants. Mais je ne devrais pas penser ainsi. Jamais je n’ai été aussi négative. Mais il faut aussi dire que je n’ai jamais vécu de situations aussi dramatiques que celle-ci. Donc, la petite criss m’a dit que Maël ne faisait pas l’affaire parce qu’elle n’était pas humaine. Elle avait donc été remplacée.

Des gardes sont arrivés avec Abigail. J’aurais préféré avoir n’importe qui d’autre dans ma cellule, mais il a fallu que ce soit elle! Elle a été attachée au mur du fond et elle a subi le même traitement que Maël et moi, mais sur sa poitrine. J’ai détourné le regard et je me suis bouché les oreilles pour ne pas l’entendre crier. J’ai éprouvé un soupçon de pitié, mais je la détestais toujours autant. Elle s’est fait détacher, pseudo-soignée et les drows sont partis. Nous avons ensuite entendu un cri au loin et d’autres gardes sont arrivés et ont jeté une jeune femme dans notre cellule. Ça doit être l’humaine dont la petite criss a fait mention. Je ne sais toujours pas en quoi consiste une ascension de drow, à part qu’un elfe, un humain et un arcadien doivent être sacrifiés. Plus le temps passe et plus j’adore cette société! Et dire que je vais passer mes derniers instants ici… Je ne me suis jamais arrêtée à penser à ça, mais il est certain que j’aurais préféré passer la dernière heure de mon existence ailleurs… et pas avec Abigail.

Je me suis approchée de la jeune femme pour m’assurer de son état. Mis à part la marque sur sa cuisse, elle semblait bien se porter. Elle a dit s’appeler Margueritte Ronchon. C’était une prêtresse en route pour faire un pèlerinage à l’Oracle. Je lui ai dit que nous allions être sacrifiées pour l’ascension d’une princesse drow, peu importe ce que c’était, et qu’il nous restait environ une heure avant de nous faire emmener. Elle s’est mise à prier pour le salut de son âme. Je suppose que je pourrais faire la même chose… Je ne demande rien pou moi-même, mais protégez mes compagnons. Où qu’ils soient, faites qu’ils s’en sortent. Veillez sur Quentin… et surtout sur François. J’espère de tout mon cœur qu’il va s’en sortir. J’aurais seulement souhaité être là et lui dire à quel point j’étais heureuse de l’avoir retrouvé… Veillez aussi sur ma famille. S’il est possible de leur faire parvenir un message, dites-leur que je les aime et demandez-leur pardon de ma part. Pardon d’être partie sans prévenir, pardon de ne jamais avoir donné de nouvelles. J’aurais aimé les revoir pour pouvoir leur dire ça de vive voix.

Je me suis répétée cette pseudo-prière dans ma tête jusqu’à ce que d’autres drows reviennent.
This is it. This is the beginning of the end. Les prêtresses nous ont tendu d’autres vêtements. Euh… C’est quoi le but de nous donner d’autres vêtements quand on venait d’en recevoir il y a à peine deux heures en se faisant dire d’y faire attention sous peine d’être torturé? Abigail a été la première à se changer… et sa «robe» faisait en sorte que son tattoo était visible. Oh non… Muuu… J’ai tout de suite su ce qui m’attendait et j’ai eu envie de pleurer. Quand une des prêtresses m’a tendu mon vêtement, je me suis changée très rapidement sans regarder qui que ce soit. Le devant était très décolleté et le derrière… il n’y en avait pas. Tout le monde pourrait donc voir mes fesses. Muuu… Pourquoi moi…?

Comme je savais quelle était la prochaine étape, j’ai tendu les mains pour qu’on m’enchaîne. Nous nous sommes ensuite faites emmener dans un dédale de couloirs et nous sommes arrivés dans une grande pièce : plusieurs alcôves surplombaient la salle, de chaque côté il y avait deux autels avec trois tables et au milieu il y avait une grande arène de combat. Au bout complètement, j’ai pu voir le temple de Lloth. Si j’avais été libre, je crois que je serais allée cracher sur la statue de la déesse et je serais ensuite rentrée à l’intérieur du temple pour tout briser.

Nos gardes nous ont fait faire le tour de la salle (pour que tout le monde puisse voir comme il faut ceux qui allaient ce faire sacrifier?). À l’extrémité de l’arène, nous avons croisé un groupe de trois hommes : Kikuchi, un arcadien aux ailes noires et un elfe. J’ai évité de trop les regarder et j’espère qu’ils en ont fait autant. Je sais que nous allons mourir très bientôt, mais je n’ai quand même pas envie que mon derrière soit trop observé.

Nous nous sommes faites emmener jusqu’à l’autel où nous nous sommes faites attachées après avoir grimpé sur les tables. Dès que nos poignets ont été enchaînés, les chaînes sont devenues dures, comme si elles s’étaient transformées en barres de métal. Nous étions donc debout, les bras maintenus dans les airs, sans réelle possibilité de bouger. Ça a été la même chose pour les hommes. J’ai ensuite pu voir Maël et un homme (un homme-loup?) sortir de deux portes se trouvant sous deux alcôves et se diriger vers l’arène de combat. Alors ils vont devoir se battre? J’espère que tu vas gagner Maël. J’espère que tu vas gagner et que nous pourrons ensuite sortir d’ici. Mais je commence à en douter sincèrement… La situation ne pourrait être plus géniale… Je suis attachée sur une table, tout le monde voit mes fesses et je vais me faire sacrifier à la déesse des drows! Mais si par miracle je m’en sortais, je créerais un sort de «detect drow» et je m’en servirais pour trouver des drows à la surface et les tuer. Je déteste les drows, tous autant qu’ils sont.

mercredi 3 décembre 2008

Entry 20

Cher journal,

Les choses ont empiré encore plus que je ne le pensais. Après s’être rendue compte que nous ne la comprenions pas, la drow nous a demandé en commun d’aller dans le milieu de la pièce.
-Pourquoi? lui aie-je demandé.
-Au milieu.
-…Pourquoi?
(Je vais le faire, mais je veux juste savoir pourquoi.)
La drow a claqué des mains et je me suis retrouvée à quatre pattes par terre. Je le savais! Je vais me faire agresser. Au secours…

D’autres drows sont entrés dans la pièce et ils nous ont aspergées d’eau très froide puis de poudre blanche. Maël étant toujours berserck, ils l’ont fait bouger par magie pour qu’elle soit bien nettoyée. Seule Abigail a obéi sans broncher. Ils ont même cru que c’était le cerveau du groupe. Ce n’est pas le cerveau, c’est le bâton dans nos rouages. Ils nous ont lancé des minuscules serviettes qui couvraient à peine ce qu’il y avait à couvrir et ils nous ont emmenées en prison. Maël et moi étions dans une cellule et Abigail dans une autre. Elle avait l’air de bien se faire traiter. Elle s’est fait apporter de l’eau et pas nous. J’ai commencé à la haïr à ce moment-là. Après toute la merde qu’elle a faite, elle se fait traiter de cette façon? Elle mériterait plutôt de se faire attacher et battre.

Au bout d’une heure, sont arrivés des femmes drows richement vêtues et des hommes portant des chaînes et un sceau avec un gros bâton dedans. Muuu… Au secours… Ils vont nous attacher et nous battre à mort… Et probablement nous agresser aussi… Une drow est entrée dans notre cellule et m’a demandé de me mettre debout et d’écarter des bras et mes jambes. J’ai obéi et une drow a commencé à détacher ma serviette. Je l’ai tout de suite empêchée d’aller plus loin. J’étais bien prête à écarter mes bras et mes jambes tout en gardant «mes vêtements», mais la drow ne voulait rien entendre. J’ai donc encore obéi, car je savais que la punition serait très grave si je me rebellais encore.

On m’a donc déshabillée et demandé de tourner lentement sur moi-même. C’est ce que j’ai fait et je les ai senties pointer divers endroits sur mon corps. Euh… Pourquoi vous faites ça? Je me suis ensuite fait attacher face au mur, les bras et les jambes écartés, avec des chaînes aux poignets et aux chevilles. Je le savais, ils vont me battre… Mais quand j’ai vu le bâton de métal dont le bout avait été chauffé, j’ai vraiment eu très peur. Ils veulent nous marquer au fer rouge? Oh mon dieu… Oui Maël, merci. Je sais que ça va faire mal. J’ai fermé mes yeux, serré mes dents et essayé de toutes mes forces d’avoir des pensées heureuses. Le visage qui m’est revenu le plus souvent en tête fut bien entendu celui de François. François, ses regards, ses baisers, ses caresses… Oui, je vais le revoir… Et nous allons pouvoir vraiment commencer à sortir ensemble… Et qui sait, peut-être qu’un jour prochain je serai prête à mettre un ruban rose pour lui…?

J’ai tenté du mieux que j’ai pu de me retenir de ne pas crier, mais j’en ai finalement été incapable. La douleur fut tellement intense que j’en ai hurlé. Je ne crois pas avoir jamais eu aussi mal de toute ma vie. Je n’ai pas eu la chance de m’évanouir alors j’ai dû endurer tout ça les poings serrés et les larmes coulant sur mes joues. Quand ils m’ont détachée, je n’ai même pas eu la force de me retenir debout et je suis tombée par terre comme une roche. Je n’ai pas eu non plus la force de me débattre quand on m’a tirée par les cheveux pour m’éloigner du mur. J’aurais bien voulu me rouler en petite boule dans un coin de la cellule, mais je me sentais si faible…

Si j’avais su ce qui attendait Maël, jamais je ne me serais plainte de ma douleur. Elle a reçu une marque encore plus grande que la mienne, sur le ventre. Ils l’ont aussi jetée par terre sans ménagement. Ils ont cependant eu la bonté d’âme de mettre un genre de crème d’une couleur douteuse par-dessus notre blessure, probablement pour éviter que ça s’infecte. J’ai un peu attrapé l’air bête quand j’ai senti qu’on me retournait sur le ventre et qu’on me frottait les fesses, mais je n’avais pas la force de protester. Je hais les drows. Je hais les drows tous autant qu’ils sont. Je n’aurais jamais cru souhaiter un jour la mort de quelqu’un, mais si tous les drows qui vivaient ici pouvaient mourir, ça me rendrait très heureuse. Et si Abigail pouvait mourir aussi, je serais encore plus heureuse. Elle est d’ailleurs passée devant notre cellule à ce moment-là. Elle semblait se porter comme un charme et elle n’était pas toute nue, elle. La drow lui a demandé si elle voulait venir dans notre cellule ou retourner dans la sienne. Elle a choisi de retourner dans la sienne. Sage décision Abigail, parce que si tu t’étais approchée un peu plus, je te jure que nous aurions été deux à te sauter dessus.

Quand tout le monde fut parti, nous avons reçu la visite de la petite drow que nous avions ramenée ici. Elle était très richement vêtue. Elle nous a dit qu’elle était une princesse et que ce soir était son ascension. La seule chose que j’ai comprise c’est que c’était une grande fête et qu’il y allait avoir des sacrifices, aka Maël et moi. Ça doit être pour ça qu’ils nous ont marquées. D’ailleurs, la petite drow s’est extasiée devant la marque de Maël. Elle a dit que ça voulait dire qu’elle était tenue en haute estime. Génial. La petite criss est une princesse et nous, nous allons mourir pour elle ou, comme elle a dit, nous allons aider la race supérieure. Je suppose que je devrais au moins la remercier de nous avoir donné des vêtements (des vrais) pour que nous ne soyons pas sacrifiées toutes nues. Elle nous a cependant dit d’y faire attention, car si les vêtements étaient salis, nous recevrions une bonne correction. Je vais y faire attention alors. C’est déjà assez triste de me dire que je vais être sacrifiée, je n’ai pas envie de me faire torturer en plus.

Quand nous avons finalement été toutes seules, Maël m’a proposé une alternative : mettre fin à nos jours. Je dois être vraiment désespérée, car l’idée me semblait très tentante. Je n’avais pas envie de mourir, mais nos chances étaient effectivement de plus en plus minces. Mais nous devrons faire attention, car si nous nous ratons, nous serons torturées et sacrifiées au bout du compte de toute façon. Mais si nous attendons à la dernière minute et que nous réussissons à gâcher l’ascension de la petite drow… L’air de déception sur son visage serait une assez grande satisfaction avant de mourir. La situation est vraiment grave, pour que je considère sérieusement de mettre fin à mes jours. Je préférerais en effet me suicider plutôt que de me faire sacrifier pour une telle cause, mais je ne veux pas mourir… Muuu… Il y a tant de choses que je n’ai pas vues ou faites. Et je ne voudrais pas que mes parents se demandent éternellement ce que je suis devenue. Et aussi… surtout, je veux revoir François. Je ne veux pas croire que j’ai vécu tout ce que j’ai vécu avec lui pour rien. Je veux le revoir, apprendre à mieux le connaître et vraiment sortir avec lui. S’il y a quelqu’un là-haut qui veille sur moi, si je ne peux être sauvée au moins, protégez François et veillez à ce qu’il s’en sorte.