mercredi 27 août 2008

Conventions pics!

Sur le blog de Lili, j'ai mis les deux photos que j'ai achetées à la convention. Avis aux intéressés!

http://lilianna-putestory.blogspot.com

Entry 10 (suite)

Wouhou! Le retour des longs posts de la mort!!

Sakurako était avec Maël et Biloss est arrivé de l’autre côté. François lui a remis un mot que Quentin avait laissé pour lui. Dès qu’il l’a lu, Biloss est parti en courant. Euh… François a lu à son tour le mot et…
-Oh shit! s’est-il exclamé.
-…Qu’est-ce qui se passe?
D’après ce que j’ai compris, Quentin était partie faire un tour de reconnaissance avec Abigail. Je comprends pourquoi François semble aussi en colère. La dernière fois que Quentin s’était retrouvée avec Abigail, elle avait été blessée et plus récemment, Abigail a essayé de tuer François. Ça, je ne le comprendrai jamais. Elle n’a jamais pu expliquer pour qui et pourquoi elle avait fait ce qu’elle avait fait.

Nous sommes retournés dans l’auberge et nous nous sommes assis à une table.
-Tu veux qu’on aille la chercher? aie-je demandé à François.
-Non, sinon elle ne retrouvera pas l’auberge. Mais si elle n’est pas revenue dans une heure…
-D’accord.
Nous avons donc attendu dans l’auberge. Les minutes passaient, en silence, et toujours aucun signe de Quentin. Quand l’heure se fut presque écoulée, François a levé la tête, comme s’il avait senti quelque chose.
-Elle est revenue, a-t-il déclaré. Je la sens, mais je ne la vois pas…
(Ça doit être un truc de jumeaux.)
François s’est levé pour sortir.
-Tu veux que je vienne avec toi?
-…
Il m’a fait signe que ça ne lui dérangeait pas. Je l’ai donc accompagné jusqu’aux écuries où nous avons retrouvé Biloss, Abigail et Quentin. Tout le monde était vivant, mais les habits de Quentin étaient couverts de sang. Quand elle a aperçu son frère et surtout l’air furieux qu’il avait sur le visage, elle a semblé devenir un peu mal à l’aise.


-Ce n’est pas mon sang! a-t-elle dit à propos du sang sur ses vêtements.
-…La tache là, ce n’est pas à toi.
Il pointait une minuscule tache sur son épaule. Comment il fait pour savoir ça? Ça doit être un autre truc de jumeaux.
-Toi et moi, dans la chambre, tout de suite! lui a-t-il ordonné.
-Mais…
-Tout de suite!
-Ok…

Sans plus aucun regard en arrière, ils sont repartis pour l’auberge.
-Euh… Je viens de me faire planter là… Et en plus, personne ne m’explique rien…
-Quentin est partie avec Abigail sans prévenir. C’est pour ça que je suis parti en courant. m’a dit Biloss. Qu’est-ce qu’il y a à expliquer de plus?
-Je suppose…
(J’aurais quand même aimé que François me dise «on se verra plus tard» ou qu’il me fasse simplement un petit signe de tête.)
-Tu as mangé? m’a demandé Biloss.
-Non. Je me suis acheté des rations justement pour ne pas avoir à manger ici.
(En fait, je me suis acheté des rations parce que je savais que je n’aurais pas assez d’argent pour me payer un souper et un déjeuner. Même si j’avais eu assez d’argent, je n’aurais pas eu envie de manger dans cette auberge. Il faudrait vraiment que je commence à me chercher un travail. À la prochaine ville où nous irons, je pourrais chanter à l’auberge où nous descendrons? Je suis une barde pour l’amour du ciel. Il serait peut-être temps que je mette mes dons en pratique avant que je ne devienne rouillée.)
-Allez, viens! Je te paye à manger! m’a dit Biloss.
-…Ok, merci.

Il y avait plusieurs petits restaurants près de l’auberge, alors nous n’avons eu aucun mal à en trouver un qui nous plaisait. Avec le beau temps qu’il faisait, nous nous sommes installés sur la terrasse. J’avais un peu peur de me retrouver en face de la personne qui nous servirait (pensez à l’aubergiste), mais notre serveuse était tout à fait normale. En tout cas, elle a eu l’air normale jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche. C’est quoi cette idée de proposer de la salade avec des vers de terre dedans? Non mais… Yark! Il y a des choses dans la vie qui ne devraient pas exister et la salade aux vers de terre ça en fait partie! Biloss a pris du poulet et je me suis contentée d’une simple salade.
-Vous voulez quelque chose avec votre salade? m’a demandé la serveuse.
-Non merci.
De la laitue et des légumes, je n’ai besoin de rien d’autre. Pourquoi gâcher un repas avec des trucs dégueus comme des vers? Jamais je ne serais capable de manger quelque chose qui a été vivant. C’est pourquoi je risque d’avoir des tics en regardant Biloss manger, mais du poulet c’est déjà moins pire que des vers de terre, non?

J’ai commandé un verre d’eau, Biloss une bière et pendant que nous attendions notre repas, Quentin et François sont arrivés et se sont assis auprès de nous. Nous avons donc tous déjeuné ensemble. Je n’ai pas pu m’empêcher de dire à François de faire attention en commandant, car ils mettaient des trucs étranges dans la nourriture ici. Biloss a alors mentionné que les sauterelles au caramel c’était meilleur. Je n’ai pu retenir une grimace de dégoût. Pourquoi devez-vous parler d’insectes? Surtout, d’insectes dans la nourriture? C’est dégueulasse. Ça me donne juste envie de vomir.
-Je pense que nous allons arrêter, a dit François. Il y a ici une dame qui n’aime pas ça.
Je l’ai remercié silencieusement. Mon estomac n’aurait pas pu en supporter plus.

Pendant que nous mangions, Biloss a remarqué que Quentin et François avaient de très bonnes manières à table et que ça ne cadrait pas avec leur mode de vie. Il les a alors questionnés sur leur vie d’avant. Je savais que Quentin n’aimait pas parlé de cette période de sa vie, alors j’ai essayé de faire comprendre à Biloss qu’il valait mieux ne pas insister. François ne semblait pas éprouver de problème par rapport à cette époque, mais par égard pour sa sœur, je ne trouvais pas ça correct d’insister par simple curiosité. Ça ne ferait que la mettre mal à l’aise.
-Et toi alors? a dit Biloss en se tournant vers moi.
-Euh… moi?
-Tu es une barde. Où as-tu appris ça?
-Chez moi… J’ai pris des leçons…
-…
Biloss me regardait avec un air qui voulait dire «mais encore». Désolée si je n’entrais pas dans les détails sur ma vie d’avant, mais je n’avais pas envie de me faire demander les raisons de mon départ. S’il y avait un sujet que je ne désirais pas aborder, c’était celui-là.
-Ça ne te dirait sûrement rien si je t’en parlais.
-Pourquoi ça ne me dirait rien?
-Parce que j’en ai parlé à François, ça ne lui disait rien du tout… C’est Idraz’il, c’est perdu dans Hopesor.
-Oui, je sais c’est où.
(Tu es bien le premier.)
-Enfin… Nous ne sommes pas très «pro-étrangers» là-bas. C’est une communauté plutôt fermée.
-C’est drôle qu’une barde vienne de là-bas, a commenté Quentin.
-…Je me sentais comme une extra-terrestre là-bas.
-Une quoi? m’a demandé Biloss.
(Une extra-terrestre. Une étrangère. Je me sentais toute seule à ressentir ce que je ressentais, c’est-à-dire à avoir le goût d’en apprendre plus sur le monde, de voyager. Je ne pense pas qu’il y avait beaucoup de gens à Idraz’il qui avaient envie d’être partout sauf là. C’est un fait que c’est étrange qu’une barde vienne de cet endroit, mais moi je m’y sentais oppressée. Je ne me suis pas sentie plus heureuse que le jour où je suis partie. Et une grande partie de mon bonheur je l’ai éprouvé depuis très peu de temps…)
-…Quelqu’un a d’autre a des questions à me poser?
(Tant qu’à parler de moi, autant le faire tout de suite.)
-Vous avez un petit ami? m’a demandé Quentin.
-Euh… C’est parce que…
Pourquoi il fallait qu’elle me pose cette question-là? C’est le plaisir de ces jumeaux de me demander des choses qui me mettent mal à l’aise? J’ai jeté des regards à François, mais je n’ai pas osé répondre à la question de Quentin. Ça m’aurait fait très plaisir de pouvoir dire que François était mon petit ami, mais nous n’en avions pas discuté et je ne voulais pas calmer haut et fort qu’il était mon copain sans être certaine que c’est ce qu’il voulait. Je suis donc restée muette, entrecoupant mes silences de «euh». J’étais terriblement gênée et Biloss n’a pas arrangé les choses en pointant François pendant que je cherchais un moyen de m’en sortir. Je fais quoi là? Je fais quoi?
-Est-ce que vous avez embrassé mon frère?
J’ai senti le rouge me monter aux joues instantanément.
-Euh… Ça ne te regarde pas!
-Je veux juste savoir!
-Tu es peut-être sa sœur, mais ça ne te regarde pas!
-Vu qu’elle ne le nie pas, a dit Biloss, ça doit vouloir dire oui.
-Je sais qu’il l’a embrassée, lui a répondu Quentin, il ne sait pas mentir.
Alors tu peux dire s’il ment ou non rien qu’en le regardant? I’m so doomed. Pourquoi Quentin est si curieuse? Ce qui se passe entre François et moi ne regarde que nous deux! Et puis… ça me gêne de parler de ça en public… Alors tu ne pourrais pas lâcher le morceau Quentin? Non? Seigneur… Au secours quelqu’un… François avait décidé de ne pas se mêler de la conversation et je ne voulais pas le faire intervenir. Il fallait que je m’en sorte toute seule, mais comment? Le seul moyen que je voyais c’était de me sauver.

J’ai sauté sur l’occasion quand François est entré dans le resto pour payer notre facture.
-Bon. Moi je vais aller prendre une marche! Salut!
Aussitôt dit, aussitôt fait! Je me suis levée et je suis partie en courant dans une direction «x», n’importe laquelle pourvu que ça m’éloigne de Quentin le plus possible. J’espérais qu’elle comprendrait le message et qu’elle me laisserait tranquille, mais il faut croire que j’ai été trop subtile. Elle s’est lancée à ma poursuite avec une très grande détermination. Why me?
-Attendez!
Comprenant que je n’aurais jamais la paix, j’ai fini par m’arrêter.
-Quoi?
-Pourquoi vous ne voulez pas répondre?
-…Parce que ça ne te regarde pas!
Est-ce que les sœurs sont toujours aussi curieuses et envahissantes? J’aimais bien Quentin, mais elle commençait à royalement me taper sur les nerfs. Mais quand j’ai compris pourquoi elle insistait autant, je me suis calmée un peu. Elle était seulement préoccupée par son frère. Elle voulait être certaine que je ne me jouais pas de lui.
-J’ai l’air de ce genre de fille?!
-Non, mais pourquoi vous ne voulez pas répondre?
-…Parce que je pense vraiment que ça ne te regarde pas… et ça me gêne de parler de ça en public… Et si je n’ai pas répondu quand tu m’as demandé si j’avais un petit ami… c’est parce qu’on n’en a pas discuté…
-Est-ce que vous êtes amoureuse de mon frère?
-Quoi? Euh… Je ne sais pas…
-Vous avez embrassé mon frère, mais vous ne savez pas si vous l’aimez?
-…Il me plaît beaucoup, mais je ne sais pas à quel point.
-Mon frère n’est pas du genre à exprimer ses sentiments. Il est plutôt du genre à les montrer par des actions.
-…

Je crois que je comprends. Plutôt que de dire ce qu’il ressent, il le démontre par des actions. Donc, s’il m’a embrassée, c’est qu’il tient à moi. Mais s’il n’est pas direct dans ce domaine…
-Est-ce que ça veut dire que c’est moi qui vais devoir lui demander pour qu’on sorte ensemble? Parce que d’où je viens… Enfin, la seule fois où ça m’est arrivé, même si ça ne s’est pas bien terminé, c’est l’inverse qui s’est produit. Est-ce que je devrais faire ça?
-Je ne pourrais pas le dire…
-…Tu ne crois tout de même pas que ton frère pense que j’ai honte de ce qui s’est passé, comme je n’ai pas voulu répondre à tes questions?
-Non. Il va peut-être seulement pensé que vous n’êtes pas branchée. Ce qui me semble peut-être le cas?
-…Peut-être… Bon. Je crois que je vais aller lui parler.
-Vous n’êtes pas obligée.
-Oui. J’ai besoin que les choses soient claires, que ça soit officiel.
-D’accord, je comprends. Je vais vous laisser de l’espace.
-Tu n’es pas obligée, tu es sa sœur. Je suis enfant unique, mais je comprends quand même un peu.
(Vous êtes ensemble depuis toujours, alors c’est normal que tu sois près de lui.)
-Non, ça va. Je vais vous donner de l’espace. Et je vais demander à Biloss de vous laisser de l’espace aussi.
-Huh?
-François est en train de devenir ami avec lui, alors je vais m’arranger pour qu’il vous laisse de l’espace.
(Elle est trop adorable.)
-Tu sais Quentin, tu n’es pas obligée de me vouvoyer.
-Désolée. Je ne tutoie que ceux que je ne respecte pas.
-Oh.
-Je n’ai jamais eu d’ami.
-…Je vais donc être la première!
-…Génial. Bon, je vais vous laisser à votre marche.
-D’accord.

Quentin est partie et j’ai continué à me promener dans le parc.
-Bon… Comment est-ce que je vais pouvoir lui dire ça? Mmmm… François, je n’ai pas honte de ce qui s’est passé et je ne voudrais pas que tu penses que je n’ai pas aimé ça. Mais ça me gêne de parler de ce genre de choses -même un baiser- en public. Et je ne voudrais pas que tu penses que je me fous de toi parce que…
-Maman! La dame elle se parle toute seule!
-Ne regarde pas chéri. Allez viens!
-…Muuu… Je fais peur aux gens…
Je pense que je n’ai plus le choix. Il faut que j’aille lui parler maintenant… avant que je ne me fasse jeter en-dehors du parc. Je n’ai absolument aucun sens de l’orientation, mais j’ai quand même réussi à retrouver mon chemin sans problème. Ça fait deux fois que ça m’arrive. Peut-être que j’ai un sens de l’orientation juste pour retrouver les auberges? Ça se peut, un sens de l’orientation sélectif?

Quand je suis arrivée à l’auberge, François se trouvait devant.
-Ma sœur n’est pas avec toi?
-Elle l’était, mais elle est partie devant. Elle n’est pas revenue à l’auberge?
-Non.
Il est rentré à l’intérieur et je l’ai suivi. Il faut que je lui parle. Il faut vraiment que je lui parle avant qu’il ne se fasse de fausses idées.
-François, est-ce que je pourrais te parler…? Désolée, je passe mon temps à vouloir te parler ces temps-ci.
-Je ne m’en plains pas.
-(Rourou) Écoute… Je ne voudrais pas que tu crois que j’ai honte de ce qui s’est passé, ou que je n’ai pas aimé ça… Mais ça me gêne de parler de ça en public…
-Je sais que tu as aimé ça.
-Je ne sais pas mentir de toute façon…
-Même si tu savais mentir, il y a des réactions qui ne trompent pas…
-…Je suppose…
(C’est vrai que vu la manière dont mon corps a réagi, il était certain que j’aimais ce que tu me faisais.)
-Et si je n’ai pas répondu à la question de ta sœur quand elle m’a demandé si j’avais un petit ami… c’est qu’on n’en avait pas parlé ensemble… Et comme ta sœur m’a dit que tu n’étais pas du genre à exprimer des sentiments, je me suis dit que je devais venir te parler pour mettre les choses au clair… Mais je n’ai jamais fait ça… Comme j’ai dit à ta sœur, la seule fois où j’ai été avec quelqu’un, même si ça c’est mal terminé, ce n’était pas moi qui était directe…
-Qu’est-ce qui s’est passé?
-…Je suis tombée amoureuse de la mauvaise personne… Il se foutait de moi et c’est pour ça que je suis partie.
-J’ai l’impression que tu n’en as jamais parlé à personne. Tu devrais peut-être le faire…? Comme ça tu crèverais l’abcès et tu pourrais mettre ça derrière toi.
-…On devrait peut-être s’assoir alors. Ça risque d’être long…
-Tu n’es pas obligée d’en parler, tu sais.
-…Non, tu as raison. Il faudrait que j’en parle.

Il y avait deux clients dans la salle alors nous sommes allés nous assoir plus à l’écart, pour être certains de ne pas être dérangés. Et aussi je n’avais pas envie que deux étrangers entendent l’histoire de ma vie.
-Pour faire une histoire courte, ma famille maternelle et ma famille paternelle se terminent avec moi. Depuis des années, mes parents sont obsédés avec l’idée que je me marie. Je ne te dirai pas le nombre de prétendants que j’ai vus. J’en étais écœurée.
-Alors tu es pleine aux as?
-Non, mes parents étaient pleins aux as… Donc, quand je l’ai rencontré lui, je me suis dit : Mon dieu! Il n’est pas noble et il ne sait pas qui je suis!
-Mais il savait qui tu étais?
-…Oui. Quand je l’ai appris, j’ai pris mes affaires et je suis partie.
(Je n’ai même pas écrit un mot à mes parents pour leur expliquer la situation… Et je ne leur ai jamais donné de nouvelles…)
-Tu as été combien de temps avec lui?
-…Un bon moment.
-Et il ne t’avait jamais embrassée?
-Embrassée oui, mais pas frenchée.
-Quand on est dans ce genre de relation, embrasser ce n’est pas juste donner un bec.
-Vu comme ça… Ok, il ne m’avait jamais embrassée.
-Et tu aurais peur que je m’intéresse aussi à toi pour ton argent?
-Tu peux bien t’intéresser à mon argent si tu veux! Je vaux exactement… 4 po!
-Ça doit être dur, passer de fille de riche à pauvre?
-…Non, pas vraiment, parce que je ne me suis jamais sentie aussi libre.
-C’est vrai qu’être pourchassé et être traqués c’est être libre.
-Avant il y a quelques semaines, je n’étais pas pourchassée ou traquée.
-Je vois… En tout cas, je te rassure tout de suite : pour moi c’est très sérieux.
-…
(Rourou… Il vient de me dire que c’est sérieux… Non, très sérieux. C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre.)
-Alors, est-ce que tu es branchée maintenant?
-…Oui.
(I guess that sometimes, words don’t matter, but actions do. I’ll have to get used to that with François.)

-Et tu n’as pas à t’en faire, je te promets que nous irons à ton rythme. Mais ça en veut pas dire que je ne testerai pas tes limites de temps en temps.
-…Et tu comptes faire ça comment?
(Lis entre les lignes : je veux que tu m’embrasses, je veux que tu m’embrasses.)
François a eu un petit sourire en coin et il s’est levé. Il s’est placé à côté de moi et il m’a tendu sa main. J’étais plutôt intriguée, alors je me suis levée à mon tour et j’ai placé ma main dans la sienne. Il m’a emmenée dehors et nous avons fait le tour de l’auberge jusqu’à l’écurie.
-Eh toi! a dit François au garçon d’écurie. Dehors!
-Mais monsieur…
-Moi client, toi employé! Dehors!
Le jeune garçon est parti sans demander son reste.

Tout de suite après son départ, François s’est retourné vers moi. Il a passé une main autour de ma taille, l’autre derrière ma tête, les doigts glissés entre mes cheveux, et tout en me rapprochant de lui, il m’a embrassée. C’était tout ce que j’avais sous-entendu, mais j’en ai eu beaucoup plus que ce que j’espérais. Dès que j’ai commencé à répondre à son baiser (c’est-à-dire tout de suite), François a délaissé ma tête pour enserrer ma taille avec ses deux mains et il m’a serrée très fort contre lui. Je n’avais jamais été si près physiquement de quelqu’un. Normalement j’aurais trouvé ça gênant, mais là, je trouvais ça simplement excitant. Son baiser de plus en plus profond et ses mains qui caressaient mon dos à travers ma tunique… Tout ce qu’il me faisait décuplait les réactions que j’éprouvais en temps normal. Je sentais mon souffle devenir court, mon cœur menaçait d’exploser et cette douce chaleur que j’éprouvais parfois en sa présence devenait de plus en plus forte. S’il avait osé arrêter maintenant, je crois que je l’aurais frappé.

J’ai passé mes bras autour de son cou pour me rapprocher encore plus de lui. Je l’ai serré le plus que je pouvais sans l’étouffer. J’étais maintenant complètement plaquée contre lui et je n’aurais pas pu demander mieux. J’étais en train de perdre l’esprit, alors je me suis pas rendue compte que François était en train d’avancer jusqu’à ce que mon dos se retrouve contre une poutre. À ce moment-là, il a commencé à embrasser mon oreille et mon cou et ses mains ont commencé à caresser doucement mon dos, de haut en bas, m’occasionnant des petits frissons des pieds à la tête. La tête enfouie dans son épaule, je respirais de plus en plus rapidement. En fait, ce n’était plus que de simples respirations, mais aussi des soupirs, des soupirs de plaisir.

Quand ses doigts sont arrivés en bas de mon dos et qu’ils sont descendus encore plus bas, entre mes fesses, je me suis raidie un bref instant. C’était la caresse la plus intime et osée que j’avais jamais reçue de toute ma vie. Personne ne m’avait jamais touchée à cet endroit. Passé mon moment de surprise, je me suis détendue et je me suis collée un peu plus contre lui. Je devais cependant avoir plus l’air de me frotter contre lui qu’autre chose. Sa main a continué à descendre et il s’est mis à caresser ma fesse, et ma cuisse, jusqu’à mon genou. Il a ensuite remonté ma jambe dans les airs et il l’a laissée contre sa hanche. La main qui la tenait a continué à la caresser et j’étais si bien accrochée à lui que son autre main a lâché ma taille et est remontée jusqu’à ma poitrine. Il était toujours en train d’embrasser mon cou. Moi? Les mains glissées dans ses cheveux (je savais qu’ils étaient doux), je penchais la tête pour lui faciliter la tâche, soupirant, lui murmurant «continue» à l’oreille ou lui chuchotant simplement son nom.

Ses lèvres embrassaient toujours mon cou, mais je les ai senties descendre lentement jusqu’à ce qu’elles atteignent le haut de mes seins. Sentir sa bouche sur ma peau… Ça a été l’expérience la plus érotique de ma vie. Et ça c’était sans compter sa main que je sentais remonter le long de ma cuisse, sous ma tunique, me caressant doucement. J’ai resserré ma poigne sur sa tête. À chaque baiser, à chaque caresse, je le serrais un peu plus contre moi. Si je le lâchais maintenant, je m’effondrerais à coup sûr. Et je ne voulais pas tomber, bien au contraire. Je voulais qu’il continue, d’où mes soupirs de plus en plus fréquents. J’en étais même rendue à me mordre les lèvres, car je sentais des petits gémissements me venir au bord des lèvres. Et ça me gênait terriblement de les lui faire entendre. Je ne m’étais jamais rendue compte que j’avais un côté aussi passionné en moi et le montrer en même temps que je le découvrais, c’était un peu trop pour moi.

J’ai donc continué de laisser François m’embrasser et me toucher tout en restreignant les réactions de mon corps et en le suppliant silencieusement de continuer. Les réactions de mon corps me dépassaient un peu. Enfin, je veux dire… Est-ce que c’est toujours aussi agréable quand un homme qui nous plaît nous touche? Moi, je ne pouvais pas m’empêcher de frissonner et plus sa main remontait et plus je frissonnais.
-François… François…
Je ne m’étais attendue à rien de particulier quand il m’avait emmenée ici, mais j’aimais définitivement ce qui se passait. Cependant, quand j’ai senti sa main se glisser sous ma culotte, j’ai instinctivement posé ma main sur la sienne pour l’empêcher d’aller plus loin. Je me sentais totalement en confiance avec lui, mais il y avait certaines sensations que je n’étais pas prête à découvrir. Peut-être qu’il était habitué d’aller vite dans ce domaine, mais pas moi. Je ne voulais pas gâcher notre relation naissante en brûlant des étapes. Je voulais prendre mon temps, apprendre à mieux le connaître en tant que petit ami avant d’apprendre à le connaître… intimement. Et c’était sans compter que je ne voulais pas passer pour une fille facile. À quoi aurait servi mon beau discours sur «c’est ma première fois et ça me fait un peu peur» si je cédais aux premières caresses? Cette relation était aussi sérieuse pour moi qu’elle l’était pour lui, alors il fallait que je prenne mon temps, j’avais besoin de prendre mon temps.
-On en est encore à l’étape des vêtements, c’est ça? m’a-t-il demandé.
-Je suis désolée… Mais c’est trop… trop vite pour moi.

J’avais peur qu’il soit fâché, ou déçu ou peu importe, mais il a été très compréhensif. Il a replacé ma tunique et a laissé sa main sur ma cuisse, me caressant doucement à travers le tissu. Ce simple geste m’a aidé à enlever le léger malaise que j’avais ressenti quand j’avais senti ses doigts sous mes sous-vêtements.
-Ne sois pas désolée. Je t’ai dit qu’on irait à ton rythme, non?
-C’est vrai…
-Ça ne me dérange pas que tu sois une tease.
-C’est mal d’être une tease?
-Non, mais ça peut parfois l’être.
-Dans le sens «oui, non, oui, non, oui, non»?
-C’est ça.
-Ok…
Je pense que je comprends. Ce n’est pas mal d’attiser son désir, mais si je passe mon temps à le faire sans rien lui donner en retour, c’est mal. Ok… Il faudra donc que je fasse attention la prochaine fois que je me retrouverai seule dans une pièce avec lui. Parce que s’il me touche encore de cette façon, je vais avoir envie de le laisser faire et je ne suis pas sûre d’être prête à ça.

François s’est doucement éloigné de moi et j’ai remis ma jambe qui était toujours dans les airs par terre. Je pense que c’est aussi mieux que je ne l’aie pas redescendue tout de suite, comme ça j’ai eu le temps de me remettre de mes émotions et il n’y avait plus de risque que je m’effondre par terre. Au moins, avec ce qui vient de se passer, je suis certaine qu’il veut vraiment de moi et qu’il n’est pas gai, contrairement à ce qu’il sous-entendait par rapport à Logan. Non, c’est vrai, j’oubliais : il n’est pas hétéro, il est lesbienne, c’est lui-même qui me l’a dit.
-Je suppose que ça doit vouloir dire que je suis lesbienne moi aussi, lui aie-je dit.
(Si tu es lesbienne, je le suis aussi, parce que c’est toi que je veux.)
-Je n’ai donc pas besoin de récupérer ma masculinité.
Un dernier regard et il est sorti de l’écurie.

Une minute… S’il ne récupère pas sa masculinité… J’ai couru après lui.
-Est-ce que ça veut dire que tu vas porter un ruban rose?
-…
(Il m’a encore jeté un de ses regards à la «est-ce que tu me niaises». Moi je trouvais ça amusant de le taquiner par rapport à ça.)
-Quoi? C’est mignon.
-…Tu comptes vraiment retourner dans l’auberge comme ça?
Son doigt pointait ma poitrine. Je ne voyais pas où il voulait en venir, alors j’ai baissé les yeux là où il pointait et je suis aussitôt devenue rouge tomate. Il avait détaché les lacets de ma tunique pour m’embrasser et je ne m’en étais même pas rendue compte. Et dire que j’allais retourner dans l’auberge comme ça! Si c’était arrivé, jamais je n’aurais été aussi gênée de toute ma vie. Le temps que je commence à rattacher mon habit, François avait déjà continué son chemin.
-Alors, est-ce que ça veut dire non pour le ruban rose? lui aie-je demandé en le rattrapant.
Il s’est arrêté et s’est retourné vers moi.
-Écoute, a-t-il commencé, toi tu rêves de me voir avec un ruban rose et moi je rêve de t’avoir toute nue dans mon lit.
-Euh…
Si j’avais été rouge tomate tout à l’heure quand je m’étais rendue compte qu’une partie de ma poitrine était à découvert, là je devais être rouge écrevisse à la puissance 10. Personne n’avait jamais été aussi direct avec moi.
-Ne me reparle pas de ruban rose avant que tu ne sois prête à ce que ça arrive.
-Ok.
Il s’est ensuite penché à mon oreille.
-Quand tu parles de ruban rose, ça me fait fantasmer, m’a-t-il murmuré.
-…

J’ai préféré le laisser s’éloigner un peu avant de le suivre. Si j’entrais dans l’auberge comme ça, j’avais l’impression que tout le monde saurait ce qui s’était passé et ce qui s’était dit. Je vais devoir apprendre à contrôler mes émotions parce que quelque chose me dit que François n’a pas fini de me faire rougir.

mardi 26 août 2008

Entry 10

Le restant va suivre dans un autre post.

Cher journal,

Dès que je me suis levée, j’ai filé directement à la salle de bain. Je voulais être certaine de ne pas manquer François avant son départ, alors je me suis dépêchée de me laver et de me changer. J’ai mis mes habits sales dans mon sac et je me suis donnée un petit coup de peigne avant de sortir. La dernière chose que je voulais c’était de me présenter devant lui toute échevelée. I want to look my best in front of him, especially because of what I have in mind…

Je suis ensuite montée en haut et c’est à ce moment-là que j’ai eu un éclair d’intelligence : je ne savais pas du tout dans quelle chambre était François. Bon… Je pense que je n’ai pas d’autre choix que de cogner aux portes une à une jusqu’à ce que je trouve la bonne. Je n’ai pas eu de réponse aux deux premières. Après avoir cogné à la troisième porte, un dude qui schling m’a répondu.
-Bonjour mademoiselle!
-Euh… Bonjour… Désolée pour le dérangement! Je me suis trompée de chambre!
-Vous ne me dérangez pas du tout! Vous voulez entrer prendre un café?
-Euh, non! Franchement! Au revoir!
(Il se passe quoi dans cette auberge? L’aubergiste contamine les gens avec sa nourriture et les rend débiles? Même si ce n’était pas le cas, pour qui se prend cet homme? J’ai l’air d’une fille qui entre dans la chambre des hommes qu’elle ne connaît pas? Il n’y a qu’une seule chambre dans laquelle je désire entrer en ce moment et ce n’est pas la vôtre!
-Attendez mademoiselle! Si je vous dis que vous me dérangez un peu, vous voulez bien entrer?
-…Non.
-Oh…
(C’est ça! Ait l’air autant déçu que tu veux! Ce n’est pas toi qui m’intéresse, alors va donc voir ailleurs si j’y suis!)

En m’éloignant de la chambre du dude qui schling, j’ai entendu des rires d’enfants qui venaient de derrière une porte. Quentin avait emmené les kids avec elle et François dormait dans la même chambre qu’elle. Tu peux y arriver Leila!

Toc, toc.

La porte s’est à peine entrouverte.
-Hihi!
La porte s’est refermée. Euh…

Toc, toc.

La porte s’est encore entrouverte pour se refermer aussitôt sous le rire d’un enfant. Ok… Je ne dois pas me faire avoir la prochaine fois. J’ai cogné de nouveau et quand la porte s’est ouverte, j’ai mis ma main dessus pour qu’elle ne se referme pas.
-Salut! Il y a quelqu’un d’autre de réveillé dans la chambre?
-Non!
J’entendais pourtant du bruit à l’arrière.
-Je peux entrer? lui aie-je demandé.
-C’est quoi le mot de passe?
-(Mot de passe?) Euh…
-Patate! m’a crié François.
-Euh… Patate?
-C’est de la triche… Il l’a dit…

Le chibi tout déçu m’a laissée entrer et j’ai vu François assis en indien sur le lit, les cheveux encore ébouriffés. Il est mignon quand il vient juste de se réveiller... Enfin, je veux dire… Il est toujours mignon, mais de le voir comme ça, ça me donnerait envie de passer ma main dans ses cheveux et de les replacer. Je suis certaine que ses cheveux sont doux… God, I think I’m going to shut up now. François était en train d’essayer de faire une tresse à la petite humaine. C’était décidemment trop mignon comme scène.
-Pitié, dites-moi que vous savez faire des tresses, m’a-t-il demandé, ayant l’air plutôt désespéré.
-Bien sûr!
-Va la voir Isabelle, a-t-il demandé à la petite fille.
Il lui a donné la brosse et elle est venue me voir. Elle était si mignonne que même si je n’avais pas eu envie de lui faire une tresse, je n’aurais pas pu dire non. Je me suis agenouillée et je me suis appliquée à lui faire la plus belle tresse possible. François m’a remerciée silencieusement. Pas de problème, ça m’a fait plaisir.

-Alors… Vous avez passé une bonne nuit? lui aie-je demandé.
(Moi non. J’ai passé mon temps à penser à toi.)
-Ce n’est pas la nuit qui a été un problème, mais plutôt le réveil. Vous avez une petite idée à quelle heure ça se lève?
(Il pointait les enfants.)
-Ils sont debout depuis combien de temps?
-À peu près deux heures.
-Oh…
(À voir son visage, ça ne lui avait pas énormément plu.)
-Alors, qu’est-ce que je peux faire pour vous? m’a-t-il demandé.
-Et bien… Comme nous allons être bientôt séparés, il y a deux ou trois petites choses que j’aimerais vous demander.
-Allez-y.
-Et bien… J’aurais aimé vous parler là où nous n’aurions pas été dérangés… Quentin n’est pas là?
-Si elle était là, vous pensez que je serais encore ici?
-…Je suppose que non.
(Il n’avait en effet pas l’air enchanté d’être en compagnie des enfants.)
-Alors, vous vouliez me dire…?
-…Vous pensez qu’on pourrait trouver quelqu’un, n’importe qui, pour garder les enfants?
François est sorti et a ramené Kikuchi-qui-se-bave-dessus pour qu’il garde les enfants. Il était un peu trop comateux à mon goût, mais au moins, ça faisait une présence adulte avec les petits et ça nous évitait à François et à moi de rester. Si nous étions restés, avec les «quand est-ce que je vais retrouver ma maman?» à chaque deux minutes, jamais je n’aurais pu dire à François ce que je voulais lui dire.

Nous sommes donc sortis et François a poussé un grand soupir de soulagement. Il avait encore moins envie d’être avec les enfants que ce que je croyais.
-Ça vous ennuie si nous sortons? lui aie-je demandé. Je ne voudrais pas que nous soyons interrompus par quelqu’un du groupe.
-Très bien.
Nous sommes descendus en bas et François a constaté avec joie qu’il n’y avait personne dans la salle à manger.
-Il n’y a personne? Tant mieux, il n’y a personne. On sort quand même?
-Oui.
(Il n’y avait presque personne hier soir et pourtant, nous étions à peine assis que nous avons commencé à nous faire interrompre sans arrêt. Je ne veux pas prendre de chance aujourd’hui.)
-Bonjour monsieur! Bonjour madame! Vous voulez votre petit déjeuner? Il est très content de vous voir!
Oh non, pas lui! Je l’avais oublié! J’ai agrippé François par la main et je l’ai traîné vers la sortie.
-Attendez!
(Attendre? Pas question! Je n’ai pas l’intention de laisser un aubergiste débile gâcher mon moment!)

J’ai couru jusqu’à ce que l’auberge soit hors de vue. Comme ça, on aura peut-être la paix.
-Je ne savais pas que nous étions rendus à ce point de notre relation, a dit François, en baissant les yeux vers nos mains.
J’ai aussi baissé les yeux et je me suis rendue compte que je tenais toujours sa main dans la mienne. J’ai un peu rougi et j’ai détourné le regard, mais je n’ai pas lâché sa main. Après hier soir, ça ne me dérangeait pas du tout de tenir sa main.
-Je n’ai jamais été si content de quitter une chambre d’hôtel, m’a-t-il dit.
Il a enlevé quelque chose de ses cheveux : c’était un ruban rose.
-Et c’était rose en plus… Si jamais vous parlez de ça à qui que ce soit…
-Je n’en parlerai à personne, lui aie-je promis. Mais est-ce que je peux en rire?
-…
(Je ne sais pas si c’était un regard fâché ou découragé qu’il m’a lancé.)
-Quoi? C’est mignon le rose. Pfft!
-…I think I just lost my masculinity! Dites-moi, vous êtes lesbienne?
-Euh… non… En fait oui, mais…
(Je savais que François m’avait posé cette question pour que je réponde oui, comme il plaisantait sur le fait qu’il était lesbienne. Mais si jamais je répondais oui et qu’il le prenait au sérieux? Ou que je répondais non et qu’il le prenait tout aussi au sérieux?)
J’essayais de trouver la bonne manière de dire que je n’étais pas lesbienne parce que j’aimais ce qu’il me faisait et qu’il était un homme quand il a éclaté de rire. Euh…
-Désolé, s’est-il excusé. Ça m’a fait du bien.
-…Ça va.
(Il faudrait vraiment que j’apprenne à réfléchir moins avec ma tête et plus avec mon cœur, à être un peu plus spontanée. Je trouve que j’analyse un peu trop mes réponses.)
-Alors, vous vouliez me dire…?
-Et bien… Est-ce qu’on pourrait trouver un endroit tranquille où on ne risquerait pas d’être dérangés?
-Pourquoi pas un café?
-Euh… J’aurais préféré un endroit avec encore moins de monde, genre un parc.
-Il vaut mieux que je ne m’éloigne pas trop, sinon ma sœur ne retrouvera pas son chemin. Le parc le plus près est à dix minutes de marche.
-On pourrait courir?
-Il ne vaut mieux pas.
-D’accord… Va pour ce banc alors.

Toujours main dans la main, nous sommes allés nous assoir sur un banc qui se trouvait entre deux boutiques.
-Alors…?
-Et bien… Je voulais vous demander… Quand on sera en sécurité sur l’airship, est-ce que vous accepteriez de chanter pour moi? J’ai beaucoup aimé vous entendre chanter l’autre jour à l’auberge.
-Vous êtes une barde, vous ne devriez pas être jalouse?
-…D’accord… Je suis jalouse que vous ayez une très belle voix!
(J’ai essayé de prendre mon air le plus méchant en disant ça. J’ai tellement dû avoir l’air pathétique.)
-Ça me fera plaisir de chanter pour vous.
-Bien…
(Dans ma tête, c’était plutôt : Yééé!!!)
-Est-ce que c’était tout?
-Non… Je voulais aussi vous demander… Je vous l’ai déjà demandé hier soir, mais il faut quand même que je vous le demande encore : soyez prudent, d’accord? Vous allez faire un truc dangereux et pas nécessairement honnête à peu près tout seul et…
-Qu’est-ce qui vous dit que c’est un truc pas très honnête?
-Vous l’avez dit, à Biloss : Est-ce que vous avez un problème à faire un truc pas très honnête? Et comme il faut trouver un moyen de transport…
-Vous avez assumé.
-…Oui… C’est mal?
-Non. Comme Biloss voulait voyager avec nous, je le testais tout simplement.
-D’accord.
(Avec la vie qu’on mène présentement, je suppose qu’on ne peut pas se permettre d’être trop honnêtes.)
-Vous n’avez pas à vous en faire, je vais être prudent. Après tout, j’ai deux personnes vers qui revenir maintenant…

Qu’il sous-entende très clairement qu’il allait être prudent pour revenir auprès de moi m’a fait très chaud au cœur. Rourou…
-Est-ce qu’il y avait autre chose?
-…Oui… Et bien…
Seigneur… Comment je vais faire pour…? Je n’ai jamais fait ça avant. Je suppose que je dois juste prendre mon courage à deux mains. J’ai pris une grande inspiration et j’ai levé mon visage rouge tomate vers lui. Je me suis ensuite approchée de lui et je l’ai embrassé, tout doucement et plutôt rapidement.
-…Pour la chance, lui aie-je simplement dit.
-Oui, avec ça c’est sûr que je vais revenir… avec les deux jambes cassées.
-Muuu…
(Je ne veux pas que tu reviennes avec les deux jambes cassées…)
-Mais si j’avais autre chose…
J’ai tout de suite compris qu’il voulait que je l’embrasse encore. Je suppose que je ne dois pas être si pourrie que ça s’il m’en redemande. Cette petite phrase a été suffisante pour que mon courage surpasse ma gêne et que je l’embrasse à nouveau, un peu plus longtemps cette fois.
-Je devrais revenir avec mes deux pieds.
-…

Ben là… Je t’ai embrassé de ma propre initiative, deux fois. Qu’est-ce que je peux faire de plus? Tu n’as pas idée à quel point c’est un très grand pas pour moi. Je veux bien faire pour toi certaines choses que je ne fais pas normalement, par exemple être plus directe dans certaines situations. Mais il y a tout de même certaines étapes que je ne suis pas prête à franchir, même pour toi. Alors si tu t’attends à plus de ma part…
-Tu permets? m’a demandé François, en mettant doucement sa main sur ma joue.
-Oui…
(Tu n’as plus besoin de me demander ma permission pour m’embrasser, tu sais…)
En glissant sa main derrière ma tête, il m’a rapprochée de lui et il m’a embrassée, comme il m’avait embrassée hier soir. Cette fois-ci, je n’ai pas eu peur et je me suis laissée guider par ce que mon corps me disait. Et ce que mon corps me disait, c’était que j’avais envie de l’embrasser autant que j’avais envie qu’il m’embrasse. Je crois que je suis en train de devenir accro à ses baisers. Tout me plaît dans ses baisers : le goût de ses lèvres, la douceur de sa peau, ses mains qui m’entouraient et me gardaient contre lui… Tout ce qu’il me faisait était nouveau pour moi, mais maintenant que j’avais ressenti ces émotions, je n’aurais plus voulu m’en passer.

Quand François a arrêté de m’embrasser, il s’est penché à mon oreille. Il était si près que je sentais ses lèvres contre mon oreille et son souffle sur ma peau.
-Maintenant, c’est certain que je vais revenir, m’a-t-il murmuré.
-…
J’adore ta voix, sais-tu seulement à quel point? Quand tu me parles et que tu prends ce ton de voix si captivant, si… sensuel… Tu me fais presqu’autant d’effet que lorsque tu m’embrasses. Après que François m’eut parlé, je me suis mise à rougir, à cause de l’effet que sa voix me faisait et aussi à cause qu’il m’avait dit qu’il voulait revenir en partie à cause de moi et de nos baisers. Rourou… Je ne m’étais pas sentie aussi bien depuis longtemps, depuis que j’étais partie de chez moi pour être exacte. Pour la première fois depuis cinq ans, j’envisageais d’entamer une relation avec quelqu’un, avec un homme très charmant et qui embrassait comme pas un (enfin, je n’ai jamais été embrassée de cette façon, mais je trouve qu’il embrasse très bien). Je me sentais assez en confiance pour le laisser m’embrasser et me serrer contre lui. Et moi qui avais toujours été si à cheval sur le fait de ne pas me montrer familière avec les gens (surtout les hommes) que je rencontrais, je me laissais tutoyer par François et je le tutoyais en retour. Et ça ne me posait pas aucun problème. Je me sentais toujours un peu mal à l’aise avec lui dans certaines situations, mais tranquillement pas vite, ça s’améliorait. Il était en train de restaurer ma foi dans les hommes. Peut-être qu’il y a de l’espoir…?

Nous sommes restés un peu sur le banc, l’un contre l’autre, à discuter de trucs… vraiment pas importants parce que je ne m’en rappelle déjà plus, mais François voulait retourner à l’auberge pour être là quand sa sœur reviendrait. Il m’a prise par la main, a emprisonné mes doigts entre les siens et nous sommes retournés vers l’auberge. J’aimais tellement qu’il me tienne par la main que j’ai recouvert de mon autre main le dos de sa main qui me traînait. Rourou. Le sentiment de bonheur et de bien-être que je ressentais en sa présence n’a cependant pas duré longtemps. Dès que nous sommes retournés sur la rue principale, les membres du groupe qui étaient fonctionnels (aka qui ne se bavaient pas dessus), ont soudainement popé out of nowhere. Here we go again....


Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion.

mercredi 13 août 2008

Voix de Leila

Ce n'est pas exactement ce que j'ai en tête pour la voix de Leila, mais c'est tout ce que j'avais dans mes affaires qui s'approchait un tant soit peu de mon idée. Je l'imagine avec une voix douce et mélodieuse. Si vous avez des suggestions, dites-le moi!


Et pour mon plaisir personnel (et pour ceux qui ne l'ont pas entendue), la voix de rourou François!!


mardi 12 août 2008

Entry 9

Cher journal,

Je me demandais bien comment je réagirais à la prochaine discussion que nous aurions. Qu’est-ce que je ferai la prochaine fois qu’il me demandera pour m’embrasser? En fait, je sais ce que je ferai : je dirai oui. Mais j’ai peur que mon oui ouvre la porte à autre chose et que je ne puisse pas dire non à cet «autre chose». Je ne veux pas me transformer en fille facile. Mais peut-être que je le suis déjà...? Est-ce que je suis une fille facile pour avoir autant envie de l’embrasser? Et si je l…
-Vous voulez un verre avant de monter? m’a-t-il demandé, me sortant de ma rêverie.
-…Pourquoi pas?
Je suis allée m’assoir et il est allé au bar chercher nos consommations.
-Tu veux un verre de lait chaud? a-t-il demandé à Sakurako, qui était assise à une autre table.
Elle a fait signe que oui.

François est revenu avec nos verres, mais quand Sakurako a voulu boire, il a mis sa main sur le dessus du verre. Il voulait qu’elle lui dise merci.
-Ben là! C’est parce que j’ai soif! Je veux mon lait!
Je trouve Sakurako mignonne comme tout et j’adore m’occuper d’elle, mais ses manières laissent à désirer. S’il vous plaît et merci sont à la portée de tout le monde er si elle ne prend pas la peine de le dire, c’est un grand manque de savoir vivre. Elle a fini par dire merci et nous a ensuite révélé qu’elle s’inquiétait pour Maël.
-Pourquoi tu ne vas pas te coucher? lui a demandé François.
-À chaque fois que je suis allée me coucher, il s’est passé quelque chose! Alors je ne vais pas me coucher toute seule!
-Ok… Une petite de quatorze ans qui s’inquiète pour une guerrière… C’est comme un employeur qui s’inquiète pour son bodyguard…
Je dois avouer que je suis d’accord avec François. C’est comme quand elle m’a mise en garde contre François. J’ai trouvé ça mignon, mais un peu inutile. Je suis une grande fille et Maël aussi.

Sakurako avait envie d’aller en ville pour chercher Maël. J’ai essayé de la convaincre de ne pas le faire, car je ne trouvais pas que c’était une bonne idée pour une fillette de son âge de s’aventurer toute seule dans une ville inconnue. Elle avait beau dire que maintenant elle avait le sens de l’orientation, ça ne me rassurait pas. Elle a fait mine d’accepter de rester à l’auberge, mais comme a dit François, quand un enfant ne dit rien, on peut être sûr qu’il ira faire ce qu’il veut faire quand même. Et comme de fait, elle est sortie dehors peu après. Ce n’est pas prudent… Même si elle avait l’air capable de se défendre, c’était une enfant et je m’inquiétais pour elle.
-Vous vous inquiétez? m’a demandé François.
-…Quoi?
-Moi, la porte, moi, la porte… Vous voulez aller la chercher?
-…Oui.
Je m’en voulais presque de dire oui, parce que j’avais envie de passer un peu de temps avec François, mais d’un autre côté…
-Je reviens.

François est monté à l’étage et est revenu s’assoir peu après. Takeo l’a suivi de près. Il s’est dirigé vers la sortie, mais s’est arrêté quand il a vu que François restait assis.
-Tu as dit que la petite avait disparu. Tu viens la chercher?
Ça n’avait pas l’air de plaire à François, mais il a tout de même dit oui. Alors c’est ça qu’il a été faire? Dire à Takeo que Sakurako avait disparu pour qu’il la chercher à sa place, lui permettant ainsi de rester avec moi et que je cesse de m’inquiéter? C’est sweet. Un peu tordu, mais sweet. Nous sommes donc sortis tous les trois, Takeo partant d’un côté et nous de l’autre. Quand nous avons tourné le coin, François a regardé où Takeo était rendu, mais ce dernier était simplement resté devant l’auberge.
-Il est plus intelligent que je le croyais…
François aurait voulu que nous rentrions à l’auberge par la porte de derrière, mais j’ai réussi à le convaincre de chercher Sakurako. Nous n’avions fait que quelques pas quand nous l’avons vue voler au-dessus de nous et rentrer dans l’auberge par une des fenêtres. J’étais rassurée, alors nous avons pu retourner à l’intérieur.

Sirotant notre vin blanc, nous nous regardions, le plus souvent en silence, mais parfois en discutant de tout et de rien, de tout sauf du sujet qui nous préoccupait. C’était très agréable comme moment, mais je me suis encore sentie super gênée. Quand il me regardait droit dans les yeux, je ne pouvais m’empêcher de rougir. Je ne sais pas si c’était son but, mais c’est comme ça que je réagissais. C’était comme si, d’un simple regard, il cherchait à me faire comprendre à quel point il me voulait. J’aurais pu passer des heures comme ça, mais notre tranquillité a encore été interrompue. Le reste du groupe est revenu, traînant cinq enfants avec eux : deux drows, un elfe et deux humains.
-On va devoir partir vite! a dit Biloss.
-Pourquoi? lui a demandé François.
-Il y a trois gars morts dans la rue! a répondu Kikuchi.
-J’ai un alibi! a ajouté Biloss.
-Son scarabée les a mangés! a dit Kikuchi.
Quoi? Le scarabée de Biloss a mangé trois gars qui étaient des vendeurs d’esclaves et ils ont pu sauver ces enfants?

Je dois admettre qu’ils étaient mignons comme tout (à part la petite drow avec ses airs de «vous êtes tous des races inférieures», mais nous ne pouvions pas les garder avec nous. Nous étions assez en danger comme ça sans avoir en plus à nous occuper de petits orphelins. C’était une chose de consciemment risquer nos vies, mais nous ne pouvions pas faire de même avec ces enfants. Les enfants ayant tous besoin de sommeil, Quentin a décidé de les emmener avec elle, excepté les deux petits drows, qui sont paris avec Sakurako, Maël et Kikuchi, qui semblait avoir été désigné comme nouvel esclave de la drow. Bonne chance avec ça. Quand tout le monde fut parti, je n’ai pas pu m’empêcher de soupirer.
-Finalement!
Est-ce vraiment trop demander que de passer un moment en agréable compagnie sans interruption?
-Tenez, m’a dit François en me tendant quelque chose.
C’était un roman Harlequin.
-Nous n’avons pas eu le temps de passer à une librairie aujourd’hui, a-t-il ajouté.
(C’est donc ben trop sweet!)
-Merci beaucoup. C’est vraiment très gentil.
-Il est à ma sœur, alors on s’entend que c’est un prêt?
-Bien sûr.
(Il est trop sweet! Il a emprunté un livre à sa sœur parce qu’il sait à quel point j’aime lire.)
-Vous voulez avoir un extra avec ça?
-…D’accord…
(J’étais très intriguée.)
-Imaginez le visage de ma sœur que je le lui ai emprunté.
-…Pfft!
Je n’ai pas pu m’empêcher de lui rire au visage. C’est juste que… Imaginer le visage de Quentin à ce moment-là. Elle devait tellement se demander à quoi son frère pensait. Je n’imagine pas non plus François lire ce genre de chose.
-Je peux vous le laisser, si vous voulez le lire…
-Non merci. J’ai ouvert une fois un livre comme ça : plus jamais. Je ne comprendrai jamais comment vous faites pour aimer ça.
-On est des filles : on aime les trucs romantiques.

J’ai serré le livre dans mon sac et nous avons continué de siroter notre vin, lui me fixant très intensément et moi rougissant sous le poids de son regard. J’aurais pu restée là des heures, mais au bout d’un certain temps, trop peu de temps à mon goût, nous avons encore été interrompus, par Quentin. Elle a dit à son frère que la petite fille lui avait dit qu’ils n’étaient pas les seuls. Il y avait entre les deux villes, plus précisément sous les deux villes, un réseau d’esclavage. J’ai été tellement touchée par la manière dont elle a expliqué la situation que j’ai tout de suite eu envie d’aider ces pauvres enfants. Quand je me suis aussi mise à faire des yeux de chiens battus à François, il a eu l’air très découragé par moi aussi. Nous n’y pouvons rien. Nous sommes des filles et nous ne pouvons pas résister à l’appel de chibis mignons comme tout qui sont en danger.

Quand Quentin est repartie, François m’a demandé si je voulais aller avec sa sœur.
-…Oui, je crois. À moins que vous ayez besoin d’aide pour votre… truc tout à fait honnête et légal pour nous trouver un airship…?
-…«Truc tout à fait honnête et légal»?
-…Oui. Vous avez besoin d’aide?
-J’ai déjà un aide et s’il ne veut pas, je vais lui forcer la main.
-D’accord.
-Il est inutile de vous demander d’être prudente?
-Je ne suis pas suicidaire, alors oui, je serai prudente. Vous ferez attention aussi?
-Je fais toujours attention.
-Bien.
(Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose.)
Il ne restait plus beaucoup de vin dans nos verres, mais il en restait tout de même assez pour que nous en buvions en nous regardant yeux dans les yeux. Du coin de l’œil, j’ai vu Biloss descendre, mais il est allé s’assoir à une autre table après avoir fait un signe de tête à François. Enfin, quelqu’un qui a compris!
-Vous voulez un autre verre avant d’aller vous coucher?
(Moi avec deux verres de vin dans le corps? Pas une bonne idée.)
-Non, mais tout cette agitation ne me donne pas envie de dormir.
-Il faudrait quand même vous coucher.
-C’est vrai. Je vais donc aller réserver une chambre auprès de… l’aubergiste au quotient intellectuel très bas.
François m’a accompagnée pour support moral et je lui en suis très reconnaissante. Je sais que c’est mal de juger les gens sans les connaître, mais l’esprit de cet homme-là semblait être à des milliers de lieux d’ici et ce n’était pas à son avantage. J’ai pris une chambre au rez-de-chaussée avec accès aux bains publics. J’aurais de loin préféré un bain privé dans ma chambre, mais il en coûtait 2 po et 1 pa de plus pour un bain et un repas. Je me suis donc dit : Tant pis! Quand j’aurai faim, je prendrai une de mes rations et j’irai me laver dans les bains publics. Je n’ai plus beaucoup d’argent, alors je dois économiser comme je peux.


Après que l’aubergiste quotient intellectuel un peu beaucoup plus bas que la moyenne m’eut donné ma clé, François m’a raccompagnée jusqu’à ma chambre. Je suis contente qu’il l’ait fait. Après ma rencontre avec l’aubergiste, une présence rassurante à mes côtés me faisait du bien.
-Bonne nuit.
-Bonne nuit.
François me regardait toujours aussi intensément. Autant son regard me plaisait, autant il me mettait mal à l’aise, dans le sens que j’avais l’impression que si je le fixais plus longtemps, j’allais m’y perdre. Mieux valait que je rentre tout de suite dans ma chambre avant que… quoi que ce soit ne se passe. J’ai mis ma clé dans la serrure, j’ai tourné la poignée et j’ai entrouvert la porte, avec la ferme intention de ne pas ressortir de la pièce avant demain matin.

Je n’ai pas eu le temps de faire un pas que François accotait sa main sur le cadre de porte, me bloquant le chemin avec son bras.
-…Quoi?
Je ne sais pas pourquoi je lui ai demandé ça, parce que je savais ce qui s’en venait. Comment aurais-je pu ignorer ses intentions? J’avais remarqué comment il m’avait regardée toute la soirée, comment il me regardait en ce moment même et il n’aurait pas pu être plus clair dans ses projets envers moi. Mais la situation me rendait si nerveuse que je me sentais prête à dire n’importe quoi pour ne pas penser à ce qui s’en venait. N’importe quoi plutôt que ce silence légèrement embarrassant, car je sentais les tensions s’accumuler. François n’a pas répondu à ma question. Il a posé ses mains sur mes joues, a levé mon visage vers le sien et il s’est penché vers moi. Quand ses lèvres ont touché les miennes, j’ai fermé mes yeux. Je ne sais plus si ça a duré quelques secondes ou une éternité. J’ai perdu toute notion du temps. J’étais seulement consciente de ses lèvres contre les miennes, de la chaleur et de la douceur de ses mains sur mes joues.

Quand il s’est éloigné, je n’ai pu rien faire d’autre que le regarder sans rien dire. Tout ce que j’avais envie de lui dire, c’était : Quoi? C’est déjà fini? J’aurais voulu que ce baiser se poursuive un peu… beaucoup plus longtemps.
-Bonne nuit, m’a-t-il souhaité.
-Bonne nuit.
Ses mains glissant doucement sur mon visage, il a reculé pour que je puisse entrer dans ma chambre. J’ai continué de le regarder pendant quelques secondes. Rourou… Quand j’ai finalement repris mes esprits, je me suis retournée vers ma chambre. Je n’ai pas eu le temps cette fois-ci non plus d’y entrer. J’ai posé ma main sur la poignée quand j’ai senti les mains de François se poser sur mes épaules et me retourner dos à la porte. J’ai à peine eu le temps d’ouvrir la bouche pour lui demander ce qu’il se passait qu’il me serrait contre lui et m’embrassait passionnément.Ce n’était pas un bec. C’était un véritable baiser. Je m’étais déjà préparée à le repousser s’il se montrait aussi entreprenant (je n’avais jamais reçu de french kiss et je ne pensais pas être prête à ça), mais dès que sa bouche s’est emparée de mes lèvres entrouvertes, j’ai perdu toute volonté. J’avais aussi peur, mais pour la première fois de ma vie, ma peur ne m’empêchait pas d’aller vers l’inconnu. Je n’avais jamais rien vécu d’aussi exaltant, passionné et excitant de toute mon existence, de la façon qu’il m’embrassait à la manière dont il me serrait contre lui et j’avais envie d’aller de l’avant. Je craignais que mon inexpérience ne l’agace et qu’il me repousse, mais il faut croire que ce n’était pas le cas, parce qu’il ne m’a pas lâchée. Je l’ai donc laissé faire, essayant de mon mieux de répondre à son étreinte et à son baiser.

Quand il a enserré mon dos de ses mains pour me coller un peu plus contre lui, j’ai posé mes mains sur son torse et je me suis accrochée à son chandail. Si je le lâchais, je tomberais probablement par terre. Toutes les émotions qui m’avaient envahie jusqu’à maintenant semblaient multipliées par dix. S’il avait eu le malheur de me murmurer quelque chose à l’oreille (dieu que j’aime sa voix), mes jambes seraient sans aucun doute devenues molles comme du coton. Quand ses lèvres se sont faites plus insistantes, comme s’il cherchait à me goûter, j’ai naturellement ouvert ma bouche plus grande pour le laisser faire et répondre encore plus à ce baiser qui était en train de me faire perdre la tête. Par contre, quand j’ai senti sa langue dans ma bouche, j’ai un peu paniqué. Je ne m’étais jamais fait embrasser comme ça et je ne savais pas du tout ce que je devais faire. Mais François y est allé étape par étape, si doucement, que j’ai bien vite cessé d’avoir peur. Sa langue glissait sur la mienne, l’entourait, la caressait… C’était si nouveau, mais pourtant si excitant que je me suis bien vite mise à faire la même chose. Je voulais qu’il se sente aussi bien que moi je me sentais. Je me suis sentie bien maladroite, mais au moins j’ai essayé. Mais ce n’est pas trop grave, n’est-ce pas? Avec de la pratique…

Quand le baiser s’est terminé, je suis restée accrochée après son chandail. C’était ça ou je m’effondrais par terre en disant tout simplement : wow… J’ai laissé ma respiration et les battements de mon cœur revenir à la normale et seulement ensuite j’ai osé croiser son regard. Je me suis tout de suite remise à rougir. Please stop looking at me like that. It just makes me blush and weak in the knees.
-Je suis désolé, s’est-il excusé.
(Il semblait désolé de s’être laissé emporter par ses émotions. Il ne faut pas. En tout cas, moi je ne le suis pas.)
-Ça va, il n’y a pas de problème, lui aie-je répondu.
-Vraiment?
(J’ai eu l’impression que de ma réponse pouvait dépendre la suite des événements.)
-Bien sûr… S’il y avait eu un problème, je l’aurais… déjà dit… non?
-…
Je m’attendais à ce qu’il me réponde peut-être un truc du genre «c’est vrai, vous avez raison», mais au lieu de ça, il m’a de nouveau embrassée. Cette fois-là, je ne me suis pas posée de questions et j’ai tout de suite répondu à son baiser. J’avais raison quand je disais qu’avec de la pratique… C’était notre deuxième (techniquement notre troisième) baiser et déjà je sentais que ça se passait mieux. J’ai même osé faire remonter mes mains jusqu’à son cou. Peut-être que la prochaine fois, j’oserai passer mes bras autour de son cou pour me rapprocher un peu plus…?

Toute bonne chose a une fin et j’ai dû me résoudre à le lâcher. S’il restait là, nous passerions le restant de la nuit à nous embrasser et aussi pénible que c’était pour moi de l’admettre, nous ne pouvions pas. Avec la journée qui nous attendait demain, nous avions besoin de sommeil. Je me suis donc accotée sur le cadre de porte et je l’ai regardé partir.
-Au moins maintenant, m’a-t-il dit en s’éloignant, s’il arrive quelque chose ou que nous sommes séparés, je n’aurai pas de regret. Ou presque…
-Pourquoi «ou presque»?
-Nous avons une discussion à terminer vous et moi…
-…
Une discussion? À propos de… Quand j’ai compris à quoi il faisait allusion, je suis devenue rouge tomate et j’ai baissé les yeux. Pourquoi a-t-il fallu que j’aborde le sujet en premier lieu? Je sais que nous ne pouvons pas l’éviter, car il faut absolument clarifier les choses si nous voulons continuer dans cette direction, mais que pourrions-nous dire de plus là-dessus? Ça va juste me gêner plus qu’autre chose d’en parler encore.

J’ai gardé mon regard fixé sur lui jusqu’à ce que je ne le voie plus et je suis finalement rentrée dans ma chambre. J’avais prévu de prendre mon bain ce soir, mais en m’assoyant sur mon lit, je me suis sentie vidée de toute mon énergie. Mon regard était perdu dans le vide et mes doigts passaient et repassaient sur mes lèvres, comme pour essayer de me rappeler la sensation des baisers de François. Je devrais arrêter d’y penser, il faut que je dorme. Mais plus je me disais ça et plus j’y pensais. Quand j’ai compris que je n’arriverais pas à trouver le sommeil, j’ai sorti de mon sac le Harlequin de Quentin que François m’avait prêté et je l’ai lu d’une traite. Ce n’est qu’après que je me suis finalement étendue sur mon lit pour essayer de dormir. Mais encore là, je ne faisais que penser aux baisers de François et à toutes les émotions qui m’avaient assaillie. Quand j’ai vu le soleil se lever par la fenêtre, je n’aurais pas pu dire si j’avais dormi et rêvé de François ou si j’étais restée éveillée en pensant à François et en me disant qu’il fallait que je dorme. J’espère que je ne causerai pas de problème lors de notre mission. But first things first. D’abord un bain pour me réveiller et ensuite, j’irai voir François. J’ai deux, ou plutôt trois petites choses à lui demander avant que nous ne nous séparions.