mercredi 21 mai 2008

Entry 2

J'ai fini! Maudite curse de l'écriture qui m'empêche de faire des blogs courts! ça ne me dérange pas en fait, j'aime radoter. Je suis un peu sénile, vous n'aviez jamais remarqué?

Cher journal,

La journée s’est passée sans incident. Nous avons marché sans vraiment parler. Je pense que tout le monde se sentait un peu mal à l’aise de se trouver en compagnie de parfaits étrangers. Ça me faisait un peu bizarre à moi aussi, mais ça ne m’aurait pas dérangée de discuter avec l’un d’entre eux, mais tous avaient l’air pris dans leurs bulles. Bon. Tant pis…

Le soir venu, nous nous sommes arrêtés. J’ai aidé Quentin à faire le feu.
-Vous n’êtes pas obligés de vous arrêter, m’a-t-elle dit.
-Oui. On est tous ensemble, alors on s’arrête ensemble.
-C’est logique.
Quand le feu a été prêt, je suis allée me chercher des racines pour mon souper. Adèle m’en a demandé, alors je lui ai donné ce que j’avais et je suis retournée m’en chercher. J’étais en train de manger quand j’ai vu Quentin sortir du camp.
-Euh… On ne devrait pas partir seul, lui aie-je dit.
-On ne devrait pas non plus faire du feu! m’a-t-elle répondu.
-Au moins, on ne gèlera pas.
-Pas bête la petite! a commenté Adèle.
(Euh… C’est parce que je suis plus grande que toi…)

Je ne me sentais pas à l’aise de la laisser toute seule, alors je suis partie à sa suite. Je l’ai trouvé en train de tuer un pigeon.
-Ça se mange des pigeons? lui aie-je demandé.
-Tout se mange.
(Je veux bien le croire… mais de la viande? C’est un peu… eurk, non?)
J’ai remarqué qu’elle me regardait bizarrement.
-…Je t’ai suivie parce que je ne voulais pas te laisser toute seule.
-…D’accord.
(…Quoi? Nous sommes tous dans le même panier, alors nous devons nous soutenir, non?)

Nous sommes retournées au camp, mais nous avons eu un peu de difficulté à le retrouver. Une demi-heure plus tard, nous n’étions toujours pas arrivées. Nous marchions quand nous avons entendu un bruit venir d’un buisson tout près. Quentin a sorti sa dague (oui, elle a une dague!) et moi, mon arbalète. Ne prenons pas de chance, c’est peut-être hostile! C’est finalement Maël qui est apparue. Elle nous a ramenées au campement.
-Elles étaient perdues très près depuis une demi-heure! a-t-elle dit aux autres.
Takeo et elles ont eu l’air de trouver ça plutôt drôle. Euh… Désolée! Je n’ai jamais été très douée pour me diriger.

J’ai continué à manger et les autres ont commencé à se disputer. Belle harmonie… Vous ne pourriez pas vous parler au lieu de chialer? Les solutions pacifiques, vous connaissez? J’ai remarqué que Sakurako semblait avoir de la difficulté à s’en dormir. Elle se retournait d’un côté et de l’autre. Pauvre chouette… Je suis allée la voir pour la réconforter.
-Tu veux que je te joue quelque chose pour t’aider à dormir?
-S’il vous plaît.
J’ai donc sorti mon violon et je lui ai joué une berceuse jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Fais de beaux rêves bien petite fille.

Je suis retournée à ma place, je me suis emmitouflée dans ma couverture et sitôt que mon corps a touché le sol dur et inégal et que ma tête s’est accotée sur mon sac, je me suis endormie. Vivement que je trouve un vrai lit! La nuit a été aussi calme que la journée. Personne ne nous a attaqués et aucun moineau avec une full plate de nous a réveillés au lever du soleil. J’avais le motif de mon sac à dos imprimé dans le visage et mes cheveux devaient être totalement dépeignés. En un mot, je devais avoir une tête à faire peur. J’ai donc décidé d’aller faire un petit tour à la rivière, accompagnée de Quentin et Adèle. Sur place, nous nous sommes séparées pour aller nous laver chacune de notre côté. Je ne peux pas parler pour les autres, mais moi j’étais très pudique et je ne voulais pas me laver devant d’autres personnes, même si elles étaient des filles. J’ai rapidement enlevé mes vêtements et je me suis glissée dans l’eau. Je n’étais couverte que jusqu’en haut des genoux, alors je me suis agenouillée (au cas où quelqu’un arriverait, je ne serais pas surprise dans une situation gênante. Je me suis savonnée de la tête aux pieds et j’ai ensuite lavé mes vêtements. Je les ai essorés puis remis. Ils sècheraient bien pendant que nous voyagerions.

Quand je suis retournée voir les filles, Quentin était assise sur un rocher et elle se brossait les cheveux. Je suis allée m’assoir à côté d’elle pour faire la même chose. Elle a paru très étonnée que je me place à côté d’elle. Je pensais que je l’avais mise mal à l’aise, alors je me suis éloignée un peu.
-Désolée, s’est-elle excusée. Je ne voulais pas vous insulter.
-Ça va!
-Je ne suis pas habituée que les gens viennent vers moi spontanément.
-Ok…
(Mais pourquoi les gens ne viendraient-ils pas spontanément vers toi? Tu as l’air très gentille.)
Quand Adèle s’est jointe à nous, ses très longs cheveux étaient complètement emmêlés. Sans le secours de Quentin et de moi, elle ne s’en serait jamais sortie.

Nous finissions cette épreuve quand Sakurako et sa licorne sont arrivées. Nous nous sommes retournées le temps qu’elles se lavent. Après, la licorne est venue vers moi et elle m’a donné quelques coups de tête.
-Euh… Qu’est-ce qu’elle veut? aie-je demandé à Sakurako.
-…Elle veut que tu la brosses, m’a-t-elle répondu.
-(Yééé!) D’accord!


Wow… Je suis en train de brosser la crinière d’une licorne… Je suis full happy. Je vais me rappeler de ce jour très longtemps c’est sûr! Quand tout le monde fut présentable, nous sommes reparties vers le camp. Happy… Happy…
Euh, un peu moins happy là… Tout le monde était en train de se battre au camp. François (?) pointait sa main sur Kikuchi. Comme ce dernier ne semblait pas armé, je me suis pitchée devant lui pour le protéger. Mais ensuite, Abigail et la licorne se sont pitchées vers lui pour l’attaquer. Comme c’était maintenant lui l’innocent en danger, j’ai couru vers lui. Abigail a voulu backstabber François, mais c’est Quentin, qui s’était jetée sur le dos de son frère, qui a reçu le coup. Heureusement, Abigail avait frappé avec la garde de sa dague (oui, elle avait une dague). François s’est occupée de l’épaule de sa sœur et moi j’essayais de comprendre la situation. Comment cela se fait-il que personne ici ne semble connaître l’expression «solution pacifique»?
-Hey Leila, m’a dit François en me voyant.
-..Salut.
(Comment il fait pour avoir une voix comme ça?)
-Qu’est-ce qui s’est passé? lui aie-je demandé.
-Je ne sais pas! Ils m’ont attaqué! Et après le cheval avec la corne m’a attaqué aussi!
-C’est parce que tu n’es pas pur! a dit Maël.

Je n’étais pas impliquée directement dans cette conversation, mais je me suis sentie devenir rouge tomate.
-Est-ce qu’on pourrait ne pas parler de trucs pas purs? aie-je demandé avec une petite voix.
-La licorne attaque les gars qui ne sont pas puceaux, a continué Maël.
-Est-ce qu’on pourrait arrêter de parler de trucs pas purs? aie-je redemandé avec un plus petite voix.
(Ça me met très mal à l’aise et je sens que je vais cuire sur place si ça continue.)
-Faire l’amour avec une femme, ça n’a rien d’impur, a expliqué François.
(J’imagine que c’est vrai, mais pourrait-on quand même ne plus en parler?)
François a finalement décidé que sa sœur et lui partiraient de leur propre côté. Je lui ai dit qu’il valait mieux rester tous ensemble, comme nous étions tous en danger. Il m’a répondu que nous serions encore plus en danger en restant avec eux. Je n’étais pas du tout d’accord, mais je ne pouvais rien faire de plus.
-Mais tu sais, c’est dans mes compétences de protéger deux femmes, m’a-t-il dit, sous-entendant très clairement que je pourrais aller avec eux si j’en avais envie.

Même si Sakurako ne m’avait pas tiré la manche en hochant négativement la tête, me demandant silencieusement de ne pas y aller, je n’aurais pas pu. Je croyais sincèrement que nous avions plus de chance de rester en vie si nous étions groupés.
-Tu es certaine? m’a-t-il demandé.
-…Oui.
Les deux jumeaux sont partis de leur côté et nous du nôtre. Après leur départ, j’ai appris pourquoi François avait voulu les attaquer. Kikuchi et Takeo en parlait en le traitant de «ti-coune». Je peux très bien comprendre que quelqu’un réagisse mal en se faisant insulter ainsi. La politesse et le respect, vous ne connaissez donc pas?

Cette discussion ne menait vraiment nulle part et nous ne pouvions pas rester ici indéfiniment, avec tous ceux qui étaient à nos trousses. Adèle a sorti une carte virtuelle de son sac pour que nous décidions de notre prochaine destination. La ville la plus proche était Kali, à environ cinq jours de marche. Nous nous sommes donc immédiatement mis en route. Un silence gênant s’est de nouveau installé entre nous. J’aurais bien discuté avec Takeo, mais il marchait en avant du groupe et il ne semblait avoir le moindrement envie de parler. La seule voix que nous entendions était celle de Kikuchi, qui essayait de lier conversation avec à peu près tout le monde. Il semblait si piteux et si désireux de parler avec quelqu’un, que je lui ai demandé de me parler de son monde. J’étais très curieuse à ce propos depuis que j’avais appris qu’il était originaire d’un autre univers. J’étais curieuse, mais je n’aurais peut-être pas dû lui demander. Il a ouvert la bouche et il n’a plus arrêté de parler jusqu’à ce que nous arrivions à Kali. Il y a beaucoup de choses que je n’ai pas comprises, mais c’était tout de même très intéressant. Il a parlé de télévision (c’est une boîte dans laquelle des gens tous petits sont enfermés), d’ordinateur (c’est aussi une sorte de boîte avec un écran et on peut s’en servir pour aller sur un truc appelé «internet». «Internet» nous donne accès à pleins d’informations. Alors ce «Internet», c’est comme un dieu?) et aussi d’automobile. Ça, c’est leur moyen de transport. Il a dit qu’il y avait des chevaux à l’intérieur, mais qu’ils n’étaient pas nourris avec du foin. Ils mangeaient plutôt de… l’essence(?).

Tout ce qu’il m’a raconté m’a tellement fascinée que je n’ai pas vu le temps passer. Fait marquant du voyage, la nuit où le psychopathe aux cheveux blancs était censé nous rendre visite, Abigail, Maël, Takeo et moi sommes restés éveillés toute la nuit pour l’attendre, mais il ne s’est pas montré le bout du nez. Résultat : nous avions des cernes jusqu’aux coudes le matin venu. Une partie de moi souhaitait que c’était parce qu’il avait changé d’idée et qu’il avait décidé de nous laisser tranquilles, mais je savais bien que ce n’était sans doute pas le cas. Nous allons donc devoir rester sur nos gardes. Arrivés à Kali, tout le monde est parti de son côté. Euh… Nous sommes en danger… Des gens dangereux nous poursuivent… Il faut que nous restions groupés… Je suis vraiment obligée de vous le rappeler? Tout le monde semblait s’en ficher. Bon…

Quant à moi, je suis partie avec Adèle et Sakurako. L’architecture de la ville me rappelait un peu ma ville à moi. Ça me rendait toute joyeuse et aussi, qui dit ville, dit forcément librairie. Je suis entrée dans la première que j’ai vue. J’ai pris un dictionnaire commun-elfique pour Adèle et un roman pour moi. Ça s’appelle «Ennemis pour toujours». Ça avait l’air d’une histoire d’amour avec beaucoup d’aventure. Pourquoi pas? Quand j’ai donné le dictionnaire à Adèle, elle a bien failli se mettre à pleurer. Elle m’a dit que c’était le premier cadeau qu’elle recevait depuis de nombreuses années. De rien, ça m’a fait plaisir. Je ne le dirai jamais, mais une elfe qui ne sait pas parler l’elfique, c’est… un peu honteux…

Après, nous avons cherché une auberge pour la nuit. Sakurako s’inquiétait du fait que les autres étaient tous partis, alors j’ai essayé de la rassurer en lui disant qu’ils avaient juste besoin de se reposer (ou de s’amuse, je ne suis plus sûre) et que nous les retrouverions plus tard. En marchant, nous sommes tombées sur Maël, que les Cirki (ce n’était pas Ciki?) qui couraient après Quentin étaient en ville et qu’il fallait se méfier des carrosses et des hommes qui fumaient. D’accord, si vous le dites… Nous avons jeté notre dévolu sur l’auberge «Celle d’à côté». Maël n’avait plus d’argent, alors Sakurako, Adèle et moi avons payé pour nous quatre. J’ai remarqué que Maël n’avait pas trop envie d’être dans la même chambre qu’Adèle, alors j’ai proposé à cette dernière de partager ma chambre, comme ça, si elle avait des questions sur ce qu’elle lisait dans le dictionnaire, je pourrais l’aider.

Ensuite, ce fut direction les temples, car Maël et Adèle désiraient se purifier. Je préférais que nous restions toutes ensemble, alors je les ai accompagnées. Il y avait un temple de Corellon, alors j’en ai profité pour aller faire quelques prières. Je n’ai pas prié longtemps. J’ai seulement prié pour que la chance nous sourie, car qui sait ce qui nous attendait. Je fus la première sortie, alors je me suis assise sur les marches du temple et j’ai commencé à lire. Les autres sont sorties peu après. Maël avait fait une étrange rencontre. Une femme blonde habillée avec une robe noire lui avait dit qu’un de ses compagnons serait investi d’une mission et qu’elle devait le suivre.
-Si ça me permet d’obtenir des infos sur mon frère, je vais y aller! a dit Maël.
-D’accord…

En retournant à l’auberge, nous sommes tombées sur le reste du groupe. Le compagnon investi d’une mission, c’était Abigail. Elle, elle avait rencontré une vieille femme qui lui avait dit «DÉPÊCHEZ-VOUS!!!» et plusieurs autres trucs que je n’ai pas vraiment écoutés. La vieille femme lui a dit qu’elle devait aller à je ne sais plus quelle ville où ça allait être la fin du monde (ou un truc du genre). La naïveté, compagnons… La naïveté… J’ai utilisé une excuse bidon et je suis retournée au temple. Cette fois-ci, j’ai prié pour mes compagnons, qui semblaient croire tout ce qu’on leur disait. Je commençais à avoir peur pour ma santé mentale. Mais dans quel groupe suis-je donc tombée?

À l’extérieur du temple, j’ai vu la femme blonde habillée en noir à qui Maël avait parlé. Elle m’a dit qu’elle était la Maîtresse du Temps (c’est ainsi que les bardes l’appelaient) et que je pouvais lui poser des questions. Je lui ai demandé qui étaient les Cirki.
-J’ai entendu dire qu’ils étaient des bourgeois distingués qui faisaient des affaires louches.
-Poser la question c’est y répondre, m’a-t-elle dit. Ils sont prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent.
-Alors tout ce que je dois faire, c’est me tenir loin des carrosses et des hommes qui fument?
-Hors de portée de coup de poing de l’homme qui fume.
-D’accord…
-Et je vous conseille de ne pas trop adresser vos prières aux dieux : ils ne peuvent pas vous entendre pour l’instant.
-Ok… Et on peut faire comment pour qu’ils puissent nous entendre?
-Pour le savoir, vous devrez aller avec vos compagnons.
-D’accord… Et bien, merci et… bonne soirée.

Je l’ai saluée et je suis retournée à l’auberge. Tout le monde était encore à l’extérieur. Des vieilles femmes qui ont l’air un peu séniles, des maîtresses du temps, des gars qui fument et qui donnent des coups de poing, des carrosses… Quelle est la prochaine étape? Des poissons qui volent et des oiseaux qui vivent dans l’eau?