vendredi 30 novembre 2012

Saloperie d'humains


Ça c’est vraiment génial. Je vais mourir et je ne pourrai même pas me défendre.

Je m’excuse. Je suis méchante. Je devrais dire : je vais peut-être mourir et je ne pourrai pas me défendre.

Je ne devrais pas être aussi pessimiste, mais c’est très difficile de penser autrement. Quand je pense à James ces temps-ci, je ne peux pas m’empêcher de l’associer au mot «catastrophe». Je ne l’imagine pas essayant de nous faire délibérément du mal. Je crois qu’il a le même problème que Beloss avait : il ne réfléchit pas. Mais nous ne sommes pas tellement mieux : nous avons accepté de suivre un type qui écoute les voix dans sa tête sans trop nous poser de questions.

Bien sûr, nous ne devons pas l’aider en le taquinant ou en nous moquant de ses erreurs. Peut-être même que nous avons contribué à diminuer encore plus sa confiance en lui. Et c’est de cette confiance dont il aurait besoin aujourd’hui. C’est de cette confiance dont nous aurions tous besoin. C’est cette confiance qui pourrait tous nous sauver la vie.

Quand je lui ai souhaité bonne chance, je le pensais vraiment. Bonne chance James. Tu as un très grand potentiel, surtout avec l’item que tu possèdes. Peut-être aurions-nous dû parler de Chesterton? Je ne sais pas pour les autres, mais moi, après qu’ils nous aient dit à Fuu et à moi que si nous utilisions nos pouvoirs d’élémentalistes ils allaient nous tuer, je n’avais plus envie de leur dire quoi que ce soit.

Prévenir nos familles? Elle est bien bonne celle-là. J’ai été la seule à donner mon nom. Je me suis dit que je préférais que mes parents sachent ce qui m’était arrivé plutôt qu’ils m’attendent. Ne vous en faites pas, ils seront prévenus. C’est ça… Va te faire foutre connard. Vas-tu aussi dire à mes parents que vous m’avez exécutée? Je suis tout à fait consciente que l’ignorance n’est pas une excuse, mais est-il vraiment nécessaire que la sentence soit aussi sévère quand nous ne pensions vraiment pas à mal? Une exception à la règle, peut-être? Bien sûr que non. Est-ce que ça doit vraiment m’étonner de la part d’humains?

Je déteste les humains. Je pensais qu’ils étaient en général des gens bien et qu’il y avait quelques exceptions mauvaises, mais je réalise maintenant que c’est plutôt l’inverse. Ils sont en général tous cons et/ou mauvais, avec quelques rares exceptions qui confirment la règle. Et comme d’habitude, ils favorisent leur propre race.

Pourquoi pas les elfes, hein? Pourquoi? Pourquoi est-ce que nous devions tomber sur un village d’humains racistes? C’est la combientième fois que nous avons des problèmes à cause d’humains? Nous n’aurions pas pu tomber sur le village caché d’elfes reclus et anti-humains? Saloperie d’humains.

Si par miracle nous nous en sortons, je ne ferai plus confiance aux humains. Ils ne sont qu’un paquet de problèmes et ils finissent toujours pas nous attirer des ennuis. Au moins, Nell s’en sortira. C’est ce qui compte, je suppose…

J’espère que nous nous en sortirons. Mais si par malchance nous devions mourir, si par sa faute je ne devais jamais pouvoir sauver Uvi et Mill, jamais je ne le pardonnerais à James.

Si jamais nous mourons, je jure que je dévouerai mon âme à faire de l’éternité de James un véritable enfer. 

dimanche 4 novembre 2012

Il va finir par m'achever-partie 2


Nous avons été traités en invites d’honneur. Après le repas, nous nous sommes dirigés vers la salle de bal. Tant mieux. Il faut vraiment que je parle à François. Sitôt que nous avons commencé à valser, il a commencé à chantonner l’air sur lequel nous dansions. Il a l’air d’avoir une belle voix, je l’ignorais. Peu importe. François, nous devons parler de notre vie.
-Juste au cas où on nous poserait des questions…
-Les nobles ne posent pas de questions.
-…C’est vrai.
-Mais je n’ai rien contre le fait de discuter de détails conjugaux.
-Non! Il n’y a pas de vie conjugale!
-Pas encore…
-…
(Il présume vraiment trop à mon goût.)
-Tu es très jolie quand tu es contrariée.
-Je vous hais!
-Je sais que c’est faux…
(…Peut-être, mais jamais je ne l’avouerai.)

Je pense que je n’avais jamais eu de conversation aussi perturbante pendant que je dansais. François a continué à trop présumer en disant qu’il savait ce qu’il voulait et qu’il allait l’avoir. Euh, je suis là! Et je n’ai pas l’intention de me faire avoir! J’aime quelqu’un! Combien de sois je vais devoir le répéter?!

J’aurais vraiment voulu qu’il arrête de me faire des avances, mais il n’avait pas l’air parti pour ça. Il m’a même demandé si je préférais qu’il continue ou qu’il me laisse tranquille jusqu’à ce qu’il ne soit plus capable de se retenir. Euh… Est-ce qu’il y a une bonne réponse à ça? Soit je continue à subir ses avances quotidiennes, soit j’ai un répit, mais à quel prix? Et puis, qu’est-ce qu’il entend par «ne plus être capable de se retenir? Il va me sauter dessus?

Vu ce qu’il m’a proposé ensuite, ça ne m’aurait pas étonnée que ce soit ce qu’il avait eu en tête. Il m’a proposé de m’embrasser. Euh…
-Si je t’embrasse et que tu n’aimes pas ça, je vais te laisser tranquille.
-Euh…
-As-tu assez confiance en tes sentiments pour lui?
-Je ne vais pas vous laisser m’embrasser. Alors tu n’as pas confiance?
-Ce n’est pas que je n’ai pas confiance. Je ne veux juste pas que vous m’embrassiez.
(Et je n’ai pas peur d’aimer ça… De toute façon, il n’est pas question que je me laisse faire.)
-Si vous le faites, nous allons avoir notre première chicane de couple.
(Et je suis sérieuse. Je vais vraiment être fâchée si vous le faites, surtout devant tout le monde.)
-Tu es certaine? Les retrouvailles peuvent être passionnées…
-…
(Au secours… Pourquoi doit-il toujours tout ramener à ça? C’est vraiment si amusant que ça de m’embarrasser?)

Jérôme est venu me voir. Il voulait parler à Lemleck. D’accord, si je peux t’apporter un quelconque soutien émotionnel et physique, ça me fera plaisir de t’accompagner. Nous sommes allés voir Lemleck. Mais Fuu voulait parler à Jérôme. Lemleck et moi avions un peu de difficulté à les suivre, alors nous sommes allés danser. Je n’en reviens pas. J’ai demandé à Lemleck s’il voulait danser et il a dit oui. Après, Lemleck a discuté avec Jérôme. Quand ils sont revenus, Lemleck se retenait pour ne pas rire. Et Jérôme avait un peu l’air découragé. Ça s’est passé si mal que ça?

Je suppose que je devrais retourner voir mon cavalier, avant qu’il se mette à croire que je l’ai abandonné et qu’il me le fasse payer en me gênant encore plus. Fuu m’a suggéré de lui dire qu’elle m’avait kidnappée. C’est donc ce que j’ai fait, mais François ne m’a pas crue. À la place, il a insisté sur le fait que nous allions partager le même lit. Mais vous êtes complètement malade? Je refuse que vous m’embrassiez, alors vous pensez vraiment que je vais coucher avec vous?
-Non.
-Oui.
-Non! Je n’ai pas l’intention de dormir dans la même chambre que vous!
-Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans «ce type nous offre l’hospitalité»?
-(Idée qui se fraie un chemin dans ma tête)… Nous allons dormir ici?
-Oui.
-Nous allons dormir ici?!
-Oui et oh! Il n’y aura qu’un seul lit. Alors quand je disais que nous allions dormir dans la même chambre, j’avais raison.
-…Seigneur…
(Je ne me sens pas à l’aise. Je sais bien que je n’aurai pas le choix de faire avec, parce que je ne veux pas attirer d’ennuis à qui que ce soit, mais je ne me sens pas à l’aise du tout.)
-As-tu apporté une chemise de nuit?
-(Je ne savais pas que nous allions dormir ici, alors bien sûr que j’ai apporté une chemise de nuit!) …Je vais dormir avec ma robe!
-Je veux voir ça.
(Je vous garantie que c’est tout ce que vous allez voir! Pas question que je me déshabille devant vous!)

Un serviteur nous a reconduits à notre chambre. Muuu. Je ne me sens pas à l’aise… La seule chose qui me rassure en ce moment, c’est que le lit est grand. Alors je vais pouvoir rester de mon côté et lui du sien. Je me suis donc dépêchée de clamer ma possession sur un des côtés en me jetant dessus. Ow. Ce n’est vraiment pas confortable avec le corset.
-Ça c’est mon côté.
-Qu’est-ce que tu fais si je veux ce côté?
-Je vais aller sur le divan.
-Le divan c’est un peu serré pour deux…
-Alors je vais aller de l’autre côté du lit!
(Mais arrêtez! Je ne vais pas dormir collée contre vous, peu importe l’endroit!)
-Ce que j’essaie de te dire, c’est que ce que je veux, c’est ton côté.
-Euh, non. Mon côté, votre côté.
(C’est pourtant simple, non?)

Je l’ai senti se rapprocher, puis commencer à délacer ma robe. WTF?
-On ne touche pas à la robe!
-Techniquement, je ne touche pas à la robe.
-Ne touchez pas aux lacets!
-Tu ne vas quand même pas dormir avec ça? Tu vas étouffer.
-Je n’enlève pas ma robe!
(Arrêtez de vouloir me déshabiller!)
-Je n’enlèverai pas tes sous-vêtements. À moins que tu ne me le demandes…
-Euh, non.
-Tu ne peux pas enlever ta robe seule. Et tu n’as pas de femme de chambre : tu es mariée.

Finalement, j’ai accepté qu’il enlève ma robe. L’idée ne me plaisait pas trop, mais il avait raison : j’allais étouffer si je gardais ce corset toute la nuit. Je suis descendue du lit et il s’est placé derrière moi. Il a tassé les cheveux sur ma nuque. J’ai frissonné. Ne faites pas ça, c’est agr… Ne faites pas ça, c’est tout. Il a délacé ma robe jusqu’à ma taille et il est retourné dans le lit… en continuant de me regarder. Mais vous pensez vraiment que je vais me déshabiller si vous me regardez? Je lui ai fait signe de se retourner.
-Tu préfères que je te regarde ou que je m’imagine des choses en entendant tes vêtements tomber par terre?
-(Qu’est-ce que je préfère…? Une minute, je suis vraiment en train de réfléchir à ça?) Je ne veux juste pas que vous me regardiez!
-Je vais imaginer alors…
Au moins, il s’est vraiment retourné. Moi je me suis dépêchée de me déshabiller et de retourner dans le lit, les couvertures remontées jusqu’au cou. Si je n’avais pas eu peur de finir par étouffer, j’aurais remonté les couvertures par-dessus ma tête. C’est à ce moment-là qu’il s’est retourné.
-Je vais passer une mauvaise nuit.
-Je ne peux rien faire pour ça.
-Oui, mais tu ne veux pas.
-…
(Non, en effet, je ne veux pas coucher avec vous pour vous aider à passer une bonne nuit.)

J’aurais voulu qu’il arrête de me regarder. Est-ce que vous savez à quel point je suis mal à l’aise en ce moment? Vous me regardez en vous imaginant je ne sais pas quoi m’impliquant moi et un pas-de-vêtement et je sais que vous savez que je sais       que vous y pensez, alors pourquoi vous continuez?

J’aurais aussi voulu que nous ne parlions pas d’Uvi. Ce n’est pas que j’ai un problème à parler d’Uvi, au contraire, mais je n’aime pas qu’on en dise du mal.
-Est-ce qu’il te regarder avec adoration? Comme s’il te vénérait?
-Euh… Nous ne sommes pas encore rendus là… Mais il m’a écrit une mélodie…
-N’importe quel barde peut écrire une chanson pour une noble qu’il a rencontrée et qu’il trouve jolie.
-C’était spécial : c’était pour mon anniversaire.
-Peu importe. C’est un parfait imbécile.
-Ce n’est pas un imbécile!
-Oui.
-Non!
-S’il ne te regarde pas chaque jour avec vénération, alors c’est un parfait imbécile.

Vous n’auriez pas dû dire ça. Uvi n’est pas un imbécile. C’est un homme vraiment bien et je l’aime. Et sa mélodie était vraiment spéciale. Il avait même déchiré une page de son livre de musique pour me l’écrire. Et elle est d’autant plus spéciale, qu’aujourd’hui je ne l’ai plus. Alors ne parlez pas contre lui! J’étais fâchée, vraiment très fâchée.
-Alors c’est ce qu’on dit quand on dit qu’on ne peut pas rivaliser avec un mort?
-En fait, il n’est pas vraiment mort.
-Il est mort ou il n’est pas mort?
-C’est un peu compliqué. C’est une histoire de…
-Je m’en fiche.

Avant même que je ne me rende compte de ce qui se passait, François m’a assise sur le lit et il m’a embrassée. Et quand je dis «embrassée», c’est «embrassée». Dieu merci, j’avais déjà été embrassée de cette façon, sinon je crois que j’aurais été un peu perturbée d’avoir sa langue dans ma bouche. J’ai quand même essayé de me déprendre, mais il était trop fort pour moi et en plus, il maintenait ma tête en place.
Il a fini par me lâcher.
-Ça, c’était trop!
-Je sais, mais je m’en fiche. Je te veux et je ferai tout pour t’avoir.
-Euh…

Il s’est ensuite recouché et il m’a tourné le dos. Euh… Je me suis aussi couchée en lui tournant aussi le dos. Mes yeux étaient grands ouverts. Je n’arriverai jamais à m’endormir. Est-ce qu’il va rester de son côté? Je suppose que je pourrais aller sur le divan, mais je n’ai pas de couverture. Je pourrais utiliser ma robe? Mais je l’imagine très bien se réveillant en plein milieu de la nuit, me voyant sur le divan et me ramenant dans le lit. En plus, connaissant ma tendance à me réveiller collée quand je ne dors pas seule, c’est moi qui pourrais être le facteur de risque. Qu’est-ce que je fais…?