dimanche 20 mai 2012

Distractions


6 octobre
Je m’amusais à peigner/tresser les cheveux de Nell pendant que Fuu lui apprenait l’alphabet. C’était vraiment agréable. Ça n’avait rien d’extraordinaire comme activité, mais ça m’a énormément détendue. Ça m’a presque apporté un sentiment de… normalité. J’ai même failli oublier à quel point je me sentais tout le temps mal. Pendant quelques instants, j’aurais peut-être dit la vérité si quelqu’un m’avait demandé si j’allais bien.

Même quand Beloss est arrivé, je suis restée calme. Il n’a abordé aucun des deux sujets qui m’auraient tout de suite donné envie de le tabasser. Il venait simplement demander à Nell si elle savait s’orienter et s’il pouvait l’aider. Sa présence me dérangeait à peine. En fait, elle a même été utile. Il a demandé à Fuu si elle était sérieuse quand elle avait dit qu’elle allait jeter les matelots par-dessus bord. Elle a répondu que non, qu’il n’y avait qu’une seule personne qu’elle avait envie de balancer dans l’eau. J’ai tout de suite compris l’allusion et je ne l’ai pas aimée.

Mais les choses sont retournées à la réalité assez rapidement. Fuu m’a parlé de son ami, qui était chez Marayel avec Ruby. Cet ami avait le même problème qu’elle, aka les chaleurs. Oh… Et bien, j’espère que Ruby ne sera pas avec lui quand elles se déclencheront et qu’elle ne m’en voudra pas de l’avoir laissée là s’il se passe quelque chose…

Jusqu’à ce point, tout pouvait encore aller bien. Mais Nell a demandé ce qu’étaient les chaleurs. On ne pouvait pas lui en vouloir du malaise (en tout cas pour moi) que sa question avait causé. Elle est une enfant, alors c’est normal qu’elle ignore ce genre de choses et qu’elle pose des questions à ce sujet.

Nous avons donc parlé de chaleurs, de comment les bébés étaient faits. Beloss a tenté d’expliquer… Fuu aussi… Et même moi… J’avais envie d’aller me cacher dans le recoin le plus sombre du bateau, mais je suis quand même restée.   Mais quand Fuu a poussé les explications jusqu’à dire «tu vas être toute nue et lui aussi», ce fut trop pour moi. Est-ce que c’était vraiment nécessaire d’aller jusque-là? Nous allons la traumatiser. D’accord, peut-être que c’est juste moi qui est traumatisée, mais quand même… Avait-elle besoin de connaître ce genre de détails? Avais-je besoin de les entendre? Pourquoi je suis restée déjà? Au secours… Tiens, François est en train de se battre avec Fétik. Regardons par-là…

8 octobre
Nous sommes arrivés à l’île de Solca, sans avoir eu à passer au travers d’aucune autre discussion traumatisante. Il y avait un message de James sans le sable. Il concernait Chesterton, qui serait devenue folle et qui l’avait forcé à la suivre. Il disait même qu’il fallait la tuer. J’avais un peu de difficulté à m’imaginer Chesterton en folle furieuse. Et que dire de la solution extrême de James?

En avançant plus loin, nous avons entendu un cri. Presque tout le monde est parti voir de quoi il s’agissait. Mizaki était trop soûl pour suivre, François a retenu sa sœur et Lemleck a fait la même chose pour moi. Quoi? Ce n’est pas comme si j’avais eu envie de les suivre…

Finalement, Lemleck a dit que nous pouvions y aller, en autant que les filles restent derrière et il a demandé à Mizaki d’aller en avant. C’est vrai qu’il ferait un excellent meatshield.
-C’est fou l’amour entre les arcadiens, a remarqué François. C’est pour ça que j’étais avec les humains.
-…
(Quoi? Il s’était rangé du côté des humains contre les elfes?)
-Oh shit…
(Il venait de remarquer la tête que je faisais. Alors vous avez compris que ce n’était pas une bonne idée de dire à l’elfe que vous tentez de séduire que vous vous battez contre son peuple? Je ne sais pas si je devais être déçue ou fâchée que quelqu’un avec du sang elfe choisisse de se battre contre cette partie de lui-même… Je n’avais même pas envie de lui demander des explications. Je n’avais jamais eu l’intention de lui céder, mais s’il y avait eu une quelconque chance que ça se produise, elle venait de disparaître.)

Nous avons trouvé un cadavre, qui avait le ventre ouvert et dont les intestins bougeaient. Euh… Ce n’est pas censé se produire ça, non? Nous sommes tous restés autour pour observer. Un truc a fini par sortir du ventre et un œil s’est ouvert au bout. Ça m’a tellement surprise que j’ai eu le réflexe de taper dessus. Du schmu a revolé sur François. Désolée.

Quelques instants après, il a enlevé son pantalon très rapidement. Mais wtf? Je n’ai même pas essayé de comprendre et j’ai aussitôt regardé ailleurs. Il devait certainement avoir une bonne raison, mais je ne me sentais pas le courage de lui demander. François, pourquoi avez-vous enlevé votre pantalon? Non, je ne crois pas.

J’ai fini par comprendre bien assez tôt. D’autres bibittes sont sorties et nous n’avons pas eu le choix de nous battre. Une a sauté sur mon épaule (que Lemleck m’a enlevée) et une autre sur ma jambe (que Quentin m’a enlevée). Après la deuxième, ma jambe a commencé à me brûler, assez atrocement, et ma robe a commencé à fondre, là où elle m’avait touchée. Merde, maintenant je comprends! Je n’avais pas particulièrement envie qu’on me voit en sous-vêtements, alors je suis allée me cacher derrière un arbre pour me changer. La peau sur ma cuisse était brûlée, un peu plus au milieu. Et comme il y avait un trou sur ma robe, j’ai ressorti mon autre. Bonjour robe de belle-sœur…

Quand je suis revenue, Lemleck venait de mettre le feu au cadavre. Une boule de feu en est sortie et est partie entre les arbres. C’était quoi ça?

Après ça, j’ai eu l’idée d’essayer de réparer ma robe et le pantalon de François (qu’il avait remis, dieu merci) avec ma magie. Ça a fonctionné. François s’est occupé de sa sœur (elle avait les mains brûlées) en lui faisant un bandage avec un vieux chandail. C’est en le voyant faire que je me suis dit que ça ne serait pas une mauvaise idée de m’en faire un. J’ai donc déchiré le bas de la robe que je ne portais pas. François m’a proposé son aide pour mon bandage. Euh, non merci. Ce n’est pas que je ne me sente pas à l’aise de vous laisser me toucher étant donné ce que vous voulez faire avec moi, mais…

Le groupe a fini par revenir. Ils avaient sauvé un dénommé Bertrand et le ramenaient chez lui. Nous sommes donc immédiatement repartis. La maison de Bertrand était détruite, mais Beloss a réussi à la réparer avec sa magie. Impressive… He was actually useful. Et pour aider le pauvre Bertrand, il lui a donné 3 pièces d’or, lui demandant si c’était assez. C’est à ce moment-là que Beloss est devenu le dieu de Bertrand. Bien sûr que c’était assez Beloss, peut-être même que c’était trop. À sortir trop rapidement de l’or, ça pourrait t’apporter (et à nous aussi) des ennuis. Espérons que Bertrand saura bien l’investir et qu’il ne se la fera pas voler entretemps.

Nous avons ensuite accompagné Bertrand jusqu’à la ville chez sa belle-mère, où se femme se trouvait. Il n’avait pas l’air enchanté d’y aller et quand j’ai vu la belle-mère en question, j’ai compris. Quand elle a ouvert la porte et qu’elle l’a vu, elle lui a fermé au nez. Charmant.

Bertrand en sécurité, nous nous sommes mis à la recherche d’une auberge moyenne où nous pourrions nous reposer. Nous en avons trouvé une avec assez de chambres pour tout le monde. J’étais certaine que je partagerais encore ma chambre avec Lemleck, mais il a décidé que je serais plutôt avec Eri et lui avec Beloss, au cas où j’essaierais de l’agresser durant la nuit. Hé! Mais pourquoi je voudrais vous agresser durant la nuit? Je pourrais tout aussi bien le faire en plein jour! Et pourquoi je voudrais vous agresser tout court?

Lemleck est parti en ville avec Nell et Fuu pour trouver des infos sur James. Il a été super gentil avec Nell : lui parlant calmement, se voulant rassurant, lui prenant la main. Pourquoi il n’est jamais gentil comme ça avec moi? Il a parfois ses bons moments, mais les bonnes vieilles habitudes reviennent toujours très rapidement. C’est pourtant tout ce dont j’aurais envie/besoin : quelqu’un de gentil avec moi…

Eri et moi sommes allées tester nos lits. Ça nous a fait beaucoup de bien d’être étendues sur autre chose que le sol, mais nous avions plus important à faire. Je me suis décidée à demander à Eri si elle avait fait un pacte, par rapport à James. Elle m’a répondu que non, mais que le père de James s’était montré très insistant sur le fait qu’elle devait retrouver son fils. Je ne voulais pas qu’elle ait des ennuis alors j’ai décidé que nous allions partir en ville pour chercher James. Peut-être que nous n’aurions pas dû partir seulement toute les deux, mais c’était la première fois que j’avais un peu de liberté depuis… … … vraiment longtemps alors je voulais en profiter un peu. Le mauvais caractère reviendrait bien assez tôt…

jeudi 3 mai 2012

Plus jamais


À l’exception de Beloss (pourquoi mon soutien devait me venir de lui?), les autres ont eu l’air de croire que j’étais folle. Pouvais-je vraiment les blâmer? J’ai parlé à une lumière qui était en fait une âme et elle m’a renvoyée à mon groupe, qui se trouve quinze mois dans le passé…

Nous avons marché jusqu’à une ville… d’humains. Super. Encore… Nous ne pourrions pas tomber sur une ville d’elfes? Je pourrais finalement être en majorité.

Lemleck a dit aux gardes à l’entrée que j’étais son esclave. Il s’est fait répondre de me garder près de lui pour qu’on ne m’abîme pas. Je promets d’être une esclave très obéissante…  Une fois dans la ville, un soldat a redit à Lemleck de me garder près de lui, pour qu’on ne m’engrosse pas. Mais… c’est quoi cet avertissement de merde?

Nous avons pris deux chambres dans une auberge. Lemleck est parti se reposer et moi je suis sortie avec le soûlon et le crétin. Le crétin m’a justement prouvé qu’il en était un, en disant que quelqu’un lui avait demandé de détruire un village d’arcadien et que s’il y allait dans le passé, il y aurait moins de pertes. Il a tenté de se rattraper en disant que c’était une blague. Mais t’es con! Si c’était vraiment une blague, tu serais con de l’avoir dite. Mais te connaissant, ça pourrait très bien être vrai alors tu serais encore plus con d’avoir accepté une telle proposition. Je me demande quelle sera la réaction de Lemleck quand il l’apprendra…

De retour à l’auberge, j’ai réquisitionné le lit et je me suis endormie presqu’aussitôt… pour me réveiller en plein mouvement. Euh… Pourquoi je suis en train de bouger et pourquoi je suis enroulée dans ma couverture?
-Je ne suis pas fier de toi jeune fille!
-…Quoi?
Mon kidnappeur a fini par me déposer et a ouvert la couverture : c’était François.
-Il me semblait bien que c’était plus lourd!
-…
(Est-ce qu’il vient de me traiter de grosse? Tu me kidnappes et ensuite tu m’insultes? Mais va te faire voir!)

François refusait de me ramener en ville. Mais je ne peux pas y retourner seule, ça serait suicidaire. Il m’a proposé de m’emmener à la prochaine ville elfe. Je ne veux pas aller dans une ville d’elfes, je veux retourner là-bas. Non, ce n’est pas une histoire d’esclave amoureuse de son maître. C’est… compliqué…

François avait aperçu Henryk en ville cet après-midi. Vraiment? J’ai hâte de pouvoir le dire aux autres. D’ailleurs, nous n’avons pas eu à les attendre bien longtemps. À voir Lemleck, on aurait dit que j’avais encore fait quelque chose de mal. Hé! Ce n’est pas comme si j’avais couru après le kidnapping! Je dormais!

François nous a proposé de nous servir de traqueur. Son aide ne serait pas de refus. Plus vite nous aurions retrouvé ma bande de joyeux compagnons, mieux ça serait. Au moment du départ, François m’a tendu la main pour m’aider à me relever, avec un «mademoiselle». J’ai à peine eu le temps de faire un mouvement vers lui, que Lemleck m’agrippait et me tirait vers lui. Quoi? Il essayait d’être galant, c’est tout. Possessif… Oui, il l’est. C’est super.

5 août
Nous sommes arrivés à Talius. Misaki n’avait pas de papiers, alors il est resté à l’extérieur. Nous avons acheté quelques rations. Beloss a appelé François «blondinet», parce qu’il croyait que son nom était secret. C’était un secret? Je ne le savais pas et je me suis aussitôt excusée. François m’a répondu qu’il était facile à pardonner et que nous pourrions en discuter plus tard. D’accord, pas de problème. Il est ensuite parti porter de l’alcool à Misaki et Lemleck et moi avons accompagné Beloss à un temple de Bacob. Quand Beloss est entré, Lemleck en a profité pour me mettre en garde contre les intentions de François. Mais quelles intentions? Oh… Ces «intentions»-là… (Voir post précédent pour l’engueulade du 5 août)

Nous en avions pour quelques semaines à voyager. Je n’ai pas cherché plus qu’il ne le fallait à faire la conversation aux autres. Pourquoi j’aurais eu envie de leur parler quand tout ce qu’ils faisaient c’était se moquer de moi?

Au cours du voyage, Beloss a commencé à se gosser un jeu d’échec. Lemleck jouait parfois avec lui. Ce n’était pas que je tenais particulièrement à être incluse dans leur loisir, mais j’en avais assez d’être toujours seule de mon côté. Lemleck a fini par m’ordonner de jouer avec Beloss. Jouer avec ce crétin? Non! D’accord… Je n’ai pas trop aimé le ton de sa voix et surtout ce qu’il impliquait si je m’obstinais à lui désobéir.

Je ne connaissais rien du tout à ce jeu alors j’ai recopié chacun des moves de Beloss.
-Quand on ne sait pas, on demande.
-…Lemleck, voudriez-vous m’apprendre à jouer aux échecs s’il vous plaît?
-Beloss, apprend à mon elfe à jouer.
-D’accord.
-…
(Mais je vous hais…)

J’ai donc laissé Beloss m’apprendre, gardant encore une fois toute ma colère à l’intérieur. François n’avait rien manqué de la scène et il s’est approché de moi.
-Si vous voulez un vrai maître, je suis là.
-…
Je suis devenue rouge tomate en une fraction de seconde. Oh mon dieu… Vient-il vraiment de suggérer… ce que je pense qu’il a suggéré? Devant ma gêne, il a eu un petit sourire.
-Je viens de me rendre compte que vous êtes innocente seulement de corps et non d’esprit…
-…
Ça y est, je vais mourir, soit de honte, soit d’un coup de chaleur.

Dès que la partie fut terminée, je me suis dépêchée de m’éloigner pour pouvoir m’asperger un peu d’eau et me rafraîchir les idées.
-Je ne savais pas que je te faisais autant d’effet que tu mouillerais ton chandail…
Un rapide coup d’œil m’a confirmé que mon chandail était effectivement complètement trempé et qu’il mettait parfaitement ma poitrine en évidence. Oh mon dieu… J’ai croisé mes bras devant moi, mais le mal était déjà fait. Et dire que je pensais tout à l’heure que je venais de vivre le moment le plus gênant de mon existence. Ça ne fait que commencer on dirait…

5 septembre
Nous avons été emmenés devant le roi de Hopesor. J’avais vraiment très peur, parce que la dernière fois, nous avions bien failli tous y rester. Et ça a failli être le cas cette fois-ci aussi… encore à cause de Beloss. Il a dit quelque chose que visiblement il n’était pas censé savoir et le roi s’est fâché. Je le savais… Je le savais… Nous allons tous mourir…

Mais nous nous sommes calmement éloignés et personne ne nous a retenus. Durant trois jours, nous sommes restés relativement silencieux et nos nuits de sommeil furent très courtes.

8 septembre
Nous sommes finalement sortis de la forêt.

28 septembre
Nous pouvions apercevoir une ville au loin. Nous avons marché toute la nuit pour y arriver.

29 septembre
Nous avons finalement retrouvé le groupe. À force de nous dire des conneries, nous devions avoir l’air d’une belle bande d’attardés aux yeux de Lemleck. Nell était toujours aussi adorable (j’ai eu droit à une hug attack) et Fuu s’est montrée très protectrice envers moi, après que Lemleck m’ait appelée «son elfe».

François s’est battu avec Henryk J’ai voulu m’en mêler (pour aider François, pas Henryk), mais Lemleck m’en a empêchée. Avec le recul, je suis contente qu’il l’ait fait. Ce combat ne me concernait en rien et je n’aurais sans doute réussi qu’à me faire blesser. François est parti de son côté, mais pas avant de m’avoir proposé de l’accompagner. Toute pleine d’espoir que j’étais toujours envers Lemleck, j’ai refusé.

Il est donc parti et nous avons continué notre chemin vers Solca pour trouver l’élémentaliste de light qui se cachait dans un buisson. Nous avons retrouvé Quentin, qui avait été aidée par une femme à fuir. Il ne nous reste plus maintenant qu’à retrouver François.

29 septembre (nuit)
J’ai fait un tour de garde avec Fuu, qui en a profité pour me poser des questions sur Lemleck. J’ai essayé d’expliquer de mon mieux sans trop en dire (ce que Lemleck n’aurait pas apprécié j’en suis certaine) : mon kidnapping, mon achat par le frère de Lemleck… Quant à ma décision de le suivre, j’ai préféré me contenter de dire que j’avais de bonnes raisons de le faire et que même s’il ne me traitait pas toujours comme il faut, il était un homme de parole. Fuu m’a promis qu’elle (et ses poings) aurait une discussion avec les sourcils de Lemleck si Lemleck agissait trop mal envers moi. J’aimerais bien voir ça…

Fuu m’a aussi parlé de sa mort : la grande porte qui était apparue dans le jardin de Musha, le démon qui avait promis de tuer tous les hommes qui l’approchaient, Léac, qui ne se souvenait plus qu’il avait été vivant et qui était maintenant perdu quelque part sur le continent. Léac… Il me manque vraiment beaucoup. Je me souviens qu’il m’avait promis de me protéger le temps que nous retrouvions «mon pointu». J’aurais vraiment besoin de lui en ce moment…

30 septembre
Fuu a dit que les blonds avaient une attirance entre eux. Lemleck l’a entendu et a murmuré «c’est bon à savoir». Non, ce n’est pas bon à savoir. Et ce n’est même pas vrai de toute façon! Je n’ai pas d’attirance pour les cheveux blonds, mais pour les cheveux gris! Et d’une personne en particulier! Pourquoi a-t-il fallu que tu dises quelque chose comme ça devant lui, Fuu? Il serait bien capable d’utiliser cette phrase pour me rendre la vie encore plus misérable.

Fuu m’a aussi confié que le François du futur lui avait demandé de l’aider à sortir avec moi. Si jamais il me parlait de yeux, il ne parlerait pas de mes vrais yeux et je devais lui donner une claque. Est-ce que c’est le moment où je ne dois pas demander ce qui s’est passé quand François voulait t’entraîner à utiliser tes yeux? Merci de l’avertissement Fuu.



30 septembre (nuit)
J’étais en train de faire mon tour de garde avec Eri quand j’ai vu une ombre bouger. C’était une femme avec une capuche. Elle nous ramenait Quentin, qui s’était perdue. Elle en a profité pour nous dire que les pactes étaient une mauvaise idée, que nous devions faire attention. J’ai remarqué qu’elle regardait Eri. Eri aurait fait un pacte? Est-ce que ça aurait un lien avec le fait qu’elle insiste beaucoup pour que nous retrouvions James?

La femme nous a aussi dit que le temps pressait vraiment beaucoup. Le destin commençait à peine à s’acharner sur nous. Nous ne devions pas laisser l’opportunité à ceux qui voulaient le faire. Trop tard… Avant de partir, elle nous a donné un conseil : il n’y avait qu’un seul vrai dieu. D’accord, si vous le dites… Mais quel genre de conseil est-ce là?

1er octobre
Nous sommes sortis de la forêt. Quentin s’est éloignée rapidement et Beloss est parti après elle. Ils sont revenus avec François. Nous sommes ensuite embarqués dans le chariot et nous sommes partis.

À un moment donné, Beloss a demandé (encore) pourquoi je suivais Lemleck.
-Je le suis parce que je lui appartiens et en tant que bonne elfe obéissante, je le suis.
-Bonne elfe.
-Merci.
(Il va vraiment falloir que je m’explique à chaque jour à ce propos?)

Quelqu’un (je crois que c’était Henryk) a mentionné que de dire toujours «elfe» c’était comme un manque de respect. Lemleck a répondu que ça serait trop bizarre de dire «ma Leila» au lieu de «mon elfe». J’approuve. Je préfère de loin qu’il me dise «mon elfe» que «ma Leila».

Mizaki a fini par sortir de sa beuverie assez longtemps pour que nous lui expliquions la situation, aka la partie des élémentalistes, des armes et du sauvetage du monde. Je crois qu’il nous a pris pour des fous, mais tant pis.

Fuu a mentionné que les temples/armes étaient intemporels. Alors l’épée de l’eau que j’ai en ce moment est la seule qui existe? Mieux vaut alors ne pas trop en parler…

Beloss a mentionné encore la mort d’Uvi. Il ne m’en fallait pas plus pour que mon envie de le tuer ressurgisse. Mais tu vas la fermer… Il a fallu que Nell, la douce, gentille et adorable Nell, lui dise que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’en parler.

Mon crétin préféré est aussi revenu sur le fait que le cristal que j’avais avalé allait me tuer. Henryk aussi a dit qu’il fallait me l’enlever. Je me demande combien de temps je vais pouvoir les niaiser et leur faire croire que je veux le garder, avant de leur avouer que je ne l’ai plus? Beloss a aussi dit que j’étais un substitut d’élémentaliste d’eau et que nous devions donc en chercher un. Je n’étais pas particulièrement fâchée qu’il me traite de substitut, mais pour lui prouver que je n’étais pas si inutile/pourrie que ça, je lui ai envoyé de l’eau en pleine figure. Mais j’ai tellement bien réussi mon coup qu’il est tombé en bas du chariot. Oups. Lemleck m’a donné un savon, pour que je lui mette dans la bouche la prochaine fois où je voudrais l’arroser. Génial, merci.

1er au 5 octobre
François a continué de me lancer des sous-entendus et des clins d’œil. Et bien entendu, moi je ne pouvais pas m’empêcher de rougir à chaque fois. Mais arrêtez… Vous voyez bien que ça me gêne vraiment beaucoup trop…
J’ai aussi passé du temps avec Fuu. C’était agréable. Il y avait vraiment longtemps que je ne m’étais pas amusé avec une autre fille. Ça me faisait oublier à quel point je me sentais mal, seulement pour quelques instants, mais c’était quand même mieux que rien.

J’ai aussi passé du temps avec Nell. Quand Fuu était en train de s’entraîner, je prenais le relais de son apprentissage de la lecture et de l’écriture.

5 octobre (après-midi)
Nous sommes arrivés en vue d’un village, qui était en fait un gros port. Lemleck a dit qu’il avait quelque chose à faire et il m’a demandé de le suivre. Ça vous tuerait de dire mon nom une fois de temps en temps?

Nous sommes allés dans un entrepôt. Il a montré un bout de papier au gars, qui est devenu super gentil. Après qu’il soit parti, Lemleck m’a demandé si j’avais besoin de quelque chose. Sur le coup, j’ai répondu non. ce n’est qu’après que j’ai réalisé qu’il me manquait certains items : une brosse, des rubans, un miroir peut-être, une couverture… Tout ce que je possédais, c’était mes sous-vêtements et deux robes qui, à la base, n’étaient pas à moi. Le seul objet de luxe que j’avais, c’était le savon que Lemleck m’avait donné. J’avais peur de la déranger et de paraître trop superficielle si je lui disais que j’avais envie de tout ça alors tant qu’à me faire rembarrer encore une fois, j’ai préféré me taire.

Lemleck a acheté un bateau et nous sommes partis retrouver les autres. Fuu m’a prise à part pour me proposer que nous fassions un spectacle pour gagner de l’argent : moi je chanterais et jouerais du violon et Nell jouerait à la dresseuse de loup. Nous sommes toutes les trois allées dans une ruelle pour que Fuu se transforme et elle a ensuite amplifié le vent pour attirer les gens avec mon message de présentation.

Une foule n’a pas tardé à se rassembler autour de nous. Ça s’est passé plutôt bien, jusqu’à ce que des marins commencent à me siffler. Merde… À quoi avons-nous pensé? Chanter dans un endroit rempli d’hommes… Un m’a proposé 3 pa. Un autre, 5 pa. Au secours… J’ai même eu droit à une remarque très déplacée à propos de mes fesses. Un marin a pris mon bras et a essayé de m’entraîner plus loin, pendant qu’un autre commençait à me tripoter les fesses. Au secours… Quelqu’un?

C’est finalement François qui m’a sauvée. Il a donné un très beau coup de poing à l’homme qui essayait de m’éloigner. J’avais tellement eu peur et j’étais si soulagée de voir une présence rassurante que quand il m’a tendu son bras, je me suis accrochée après comme si ma vie en dépendait. Il m’a amenée à une auberge, où il m’a fait caler un verre de vin. J’ai failli m’étouffer, mais ça a fait du bien… un peu.

Nell et Fuu se sont excusées. Vous n’avez pas à vous excuser. Vous n’avez rien fait de mal. Nous avons eu une idée, elle était mauvaise alors plus jamais, en tout cas pas dans un port. Pourquoi ce genre de choses finit toujours par m’arriver? Peut-être que je devrais essayer de commencer à m’habituer…

Dans le bateau, il y avait une cabine pour les filles et une pour les hommes. Alors nous avons décidé de redécorer la nôtre. Ce fut plutôt amusant, mais ça ne réglait pas le problème que les hommes allaient devoir passer par notre cabine pour aller dans la leur. Et si nous étions en train de nous changer? Ou de nous laver? En plus, nous n’avions même pas de rideau pour nous cacher. François a proposé de tenir un drap pour nous cacher pendant que nous nous lavions. Euh… Cette idée ne me rend pas très à l’aise…
Fuu a dit qu’elle s’inquiéterait pour moi et préférerait tenir mon drap. Oui, j’approuve. Quentin ne voyait pas où il y avait un problème. Ton frère s’intéresse physiquement à moi et il pourrait en profiter pour me reluquer? François a murmuré quelque chose à l’oreille de sa sœur, qui m’a aussitôt regardée. Quand je lui ai demandé de quoi il s’agissait, elle a refusé de me répondre et a fait comme si de rien était. Mais qu’est-ce qu’il lui a dit…?

Nous avons ensuite eu l’idée de faire une liste de demande toutes plus extravagantes les unes que les autres… et de demander à Henryk de les transmettre à Lemleck pour nous. Ça passait du bain, à la fenêtre avec un rideau, l’orchestre, la coiffeuse en bois de merisier, le fauteuil rembourré, le pouf, le paravent et sans oublier la plante.

Henryk a lu notre liste, mais a refusé d’aller voir Lemleck avec, malgré les belles tentatives de Quentin pour qu’il se sente coupable. Notre petit comité de filles est donc allé trouver le capitaine au mauvais caractère, qui m’a prouvé une fois de plus qu’il en avait un. Il a dit oui au bain et à la condamnation de la porte des hommes et next thing we know, nos hamacs étaient rendus sur le pont. Alors nous allons devoir dormir sur le pont? Mais pourquoi?

Nous voulions seulement avoir un peu d’intimité, alors c’était vraiment utile d’en arriver là? Pourquoi dire que soit nous dormions tout le temps sur le pont ou soit c’était en bas? Et c’était quoi cette histoire de nous donner une leçon? Il n’y avait pas leçons à donner, parce que tout était une blague! Qu’est-ce que vous n’aviez pas compris là-dedans? En fait, je sais très bien que vous aviez tout compris, alors pourquoi ne pas nous avoir dit tout simplement non à tout dès le début? Vous avez vraiment le don de gâcher tous les rares moments agréables que j’arrive à passer.

Lemleck a décidé que les hommes dormiraient sur le pont cette nuit et nous dans leur cabine. Mais pourquoi m’avoir laissé croire que je dormirais sur le pont si vous aviez déjà pris votre décision? C’est si amusant que ça de me torturer d’une façon ou d’une autre? Demain, nos hamacs seraient redéménagés et les choses reprendraient leur cours normal. Bonne nuit Lemleck.