mardi 28 octobre 2008

Entry 16

Cher journal,

L’odeur bizarre a fini par disparaître et l’arbre s’est desséché. Pour le plus grand malheur de Biloss, qui aurait bien voulu ramener une preuve matérielle de notre succès au seigneur McGregor. Mais comme Takeo lui a dit à quelques reprises, il devra se contenter de notre parole. Il me semble un homme très gentil et très bon, alors je crois bien qu’il nous croira sur parole quand nous lui raconterons notre histoire. Quentin a donné des potions à Takeo et à Abigail, très doucement au premier et sans ménagement à la deuxième. Quentin était blessée et ne semblait pas s’en préoccuper alors je l’ai healée. Le chemin du retour fut plutôt pénible pour moi et pour les trois autres personnes (Maël, Takeo, Abigail) qui étaient empoisonnées. Je titubais, j’avais chaud et j’avais des nausées.

Quand nous sommes arrivés à l’extrémité de la barrière, j’ai eu envie de courir pour hugger le serviteur qui nous attendait. Quand il nous a vus, il est parti en courant vers le château.
-…
Takeo semblait perplexe face à sa réaction.
-Il est sans doute parti chercher le seigneur pour qu’il fasse «click».
-Pfft!
Quentin trouvait mon explication plutôt drôle.
-Quoi? C’est vrai!
«Click» n’est pas un terme adéquat? «Sésame ouvre-toi» aurait été plus approprié?

Le seigneur est arrivé plutôt rapidement et il nous a ouvert la barrière.
-Je voudrais entendre votre histoire, nous a-t-il dit, mais pardonnez-moi, vous avez tous une mine affreuse. Je vais attendre que vous soyez soignés.
-Pas besoin d’être soignés pour raconter une histoire, lui a répondu Takeo.
-Ça me rassurerait, lui a dit le seigneur. Pépé va vous conduire à l’infirmerie. J’ai un invité et je vous rejoins.
Nous sommes allés à l’infirmerie et nous avons tous été soignés. Nous avons également reçu une potion antipoison. Elle était d’un joli bleu, mais son goût laissait beaucoup à désirer. Du coin de l’œil, j’ai vu Quentin jeter la sienne dans une plante et faire semblant de la boire.
-Et bien, aie-je commenté, on est sûrs que la plante ne sera pas empoisonnée.
Pourquoi ne pas avoir tout simplement dit que tu n’étais pas empoisonnée et que tu n’avais pas besoin de potion? À quoi ça t’a servi de faire semblant?

Une fois que tout le monde fut remis sur pied, plantes et humanoïdes compris, Pépé est revenu.
-Le seigneur ne peut pas être avec vous tout de suite, nous a-t-il dit, car il a un invité. Il m’a chargé de vous dire que vous pouvez faire le tour du château pour choisir ce que vous voulez pour vous faire dédommager. Vous pourrez lui dire à la réunion.
-Un bain ça serait bien, a dit Maël.
-Vous désirez tous un bain…? Nous a demandé Pépé.
-Oui.
De l’eau chaude et du savon… Ça sera le paradis…

Nous avons tous été conduits à des chambres avec des bains chauds et fumants. Moi je me suis hâtée de me laver et je suis restée dans l’eau à me prélasser le plus longtemps possible. Quand je suis sortie, la peau de mes doigts était complètement ridée. Il y avait une éternité que je ne m’étais pas offert un moment de détente comme ça. Je me suis changée et quand je suis sortie, un serviteur m’attendait devant la porte.
-Bonjour!
-Bonjour!
Ok… il doit attendre que je lui dise ce que je voudrais comme dédommagement. Euh… Je crois que je préférerais encore de l’argent, alors pour passer le temps jusqu’à la réunion…
-Vous pourriez m’emmener à la bibliothèque?
-Bien sûr!
J’aurais pu faire une tentative moi-même, mais je n’y serais jamais arrivée.

Je n’avais pas remarqué la dernière fois à quel point il y avait beaucoup de livres. Ouh… Si je n’avais pas une mission à accomplir, je crois que je demanderais au seigneur de m’engager comme aide-bibliothécaire. Cet endroit est parfait pour moi. Ajoutez des Harlequin et ça serait le paradis.
-Ça vous ennuie si je fais le tour? Aie-je demandé au serviteur.
-Pas du tout! Prenez votre temps!
Je me suis promenée entre les rayons, effleurant doucement les reliures des livres. Histoire, religion, cuisine… Il semblait y avoir de tout (sauf des Harlequin). Au détour d’une rangée, j’ai aperçu Quentin qui était assise plus loin dans un fauteuil de lecture, avec un énorme livre. Je me suis approchée et je me suis penchée par-dessus son épaule pour voir ce qu’elle lisait avec tant de concentration. Il s’agissait d’un livre d’histoire écrit en sylvestre, qui parlait entre autre de la grande guerre qui s’était déroulée il y a vingt ans.

Avant qu’elle ne se retourne et ait une crise cardiaque en me voyant, je l’ai saluée.
-Salut!
-Salut!
-…Écoute, aie-je commencé, si tu as un peu de temps, tu pourrais m’apprendre un peu d’étiquette?
-…Quelques notions de base, mais je doute que ça soit utile à votre univers.
-Mon univers?
-…Vous êtes noble.
-Pour l’instant, mon univers est le tien et celui de tout le monde.
-C’est un fait. Mais pourquoi vous voulez savoir ça?
-…J’ai un peu skippé mes cours d’étiquette dans le temps…
(Et comme tu sembles être connaisseuse en la matière, je me dis que ça ne pourrait pas me faire de tort d’en savoir le plus possible. Comme ça, je serai plus sûre de ne pas faire de bêtises la prochaine fois que nous rencontrerons un seigneur.)
-D’accord, mais je ne sais que ce que mes parents m’ont appris.
-Ça serait quand même bien.
-Et bien je suppose que ça pourra vous servir quand vous retournerez à votre vie d’avant.
-Comme a souvent dit ton frère : vous avez été vus avec nous! Vous allez mourir!
-Il y aurait une solution…
-Une solution?
-Et bien, si vous restez avec nous, vous allez être tuée. Si vous retournez à votre vie d’avant, vous allez être tuée parce que vous avez été vue avec nous. Mais si je disparaissais…
-Euh…
-Ou si j’étais tuée… Ou si j’étais enlevée comme mon frère…
-On irait te chercher comme ton frère! En tout cas, moi j’irais…

Pourquoi tu souris? C’est amusant ce que je dis?
-…Je peux vous poser une question personnelle?
-…Bien sûr.
-Hypothétiquement, pas nécessairement avec mon frère, mais… Un jour, vous voulez vous marier et avoir des enfants?
-…Je suppose…
-C’est bien.
(Ce n’est pas dans mes plans d’avenir immédiats, mais si je trouve l’homme qui me convient…)
-Bon… Je vais te laisser…
Je suis retournée me promener. Je ne vais pas lui mettre de pression et je ne voudrais surtout pas qu’elle pense que je veux passer du temps avec elle pour scorer des points auprès de son frère. Je suis certaine que ça ferait plaisir à François qu’on s’entende bien, mais ce qui me motive vraiment, c’est que je la trouve sympathique. Je pense qu’on pourrait bien s’entendre (j’aimerais beaucoup en tout cas). Et elle me semble plutôt seule. Je voudrais juste combler sa solitude, non pas par pitié, mais… J’aimerais lui montrer le monde à travers mes yeux, lui donner un peu d’espoir… Et je dois avouer que moi aussi je suis un peu seule. J’ai laissé derrière moi tous les amis que je pouvais avoir. Plaisanter, rire, papoter avec une amie… I’d like to have that again.

Mais ce que j’aimerais par-dessus tout en ce moment, c’est retrouver François et commencer véritablement à sortir avec lui. Parce que là, il n’est mon petit ami que dans les mots et pas dans les faits. Je m’ennuie beaucoup de lui, mais je m’inquiète encore plus. J’espère qu’ils ne lui feront pas de mal. Si jamais ils osaient… Je crois que pour la première fois de ma vie je me fâcherais vraiment et je foncerais dans le tas. Comme pour s’accorder à mon humeur, le sol s’est mis à trembler et une explosion s’est fait entendre. Ça m’a non intriguée, mais surtout inquiétée. J’ai donc couru jusqu’au lieu du désastre. Tout le monde avait eu la même idée. Des objets étaient tombés un peu partout dans la pièce en question et un elfe aux cheveux noirs était étendu par terre, inconscient. Des serviteurs nous ont cependant dit qu’Abigail et la pixie s’étaient aussi trouvées dans la pièce. Mais d’elles, il n’y avait aucune trace nulle part. J’aurais dû me douter qu’Abigail était derrière tout ça. Il n’y a qu’elle pour foutre le bordel comme ça.

Dès que le seigneur est arrivé sur les lieux, l’elfe a été transporté à l’infirmerie. Quant à nous, nous étions prêts à raconter notre histoire.
-Pardonnez-moi, nous a dit le seigneur, mais vous ne vous inquiétez pas pour votre compagne?
-À vrai dire, on s’en fout, lui a répondu Quentin.
-…Très bien.
Il nous a donc emmenés dans son bureau et nous lui avons raconté en détail tout ce qui s’était passé. Le seigneur nous a écoutés avec tant d’attention, les sparkles brillant dans ses yeux que c’en était mignon. Il a bu chacune de nos paroles, encore plus quand nous racontions les moments plus dangereux : moi qui me faisais entraîner sous terre, Maël et Sakurako qui m’ont suivie, les bibittes mauves, l’arbre qui a failli nous manger, moi qui parlait à ma boucle d’oreille… Le seigneur McGregor avait l’air d’un jeune garçon qui adorait les récits d’aventures. Ses yeux nous disaient «Encore! Plus de détails!». Il fut un auditeur très attentif.

Par la suite, il nous a remis la power source (Takeo l’a prise) et il nous a demandé ce que nous voulions comme dédommagement. Chacun a demandé quelque chose de différent : Takeo ne voulait rien, Sakurako voulaient des potions alors le seigneur lui a fait une lettre cachetée à donner au propriétaire du magasin de potions, Maël voulait qu’ils s’occupent de son cheval, Biloss voulait de l’argent en échange des tissus qu’il avait dans son sac, mais il n’a accepté que la valeur exacte des tissus. Quand le seigneur s’est tourné vers moi, je me suis sentie gênée de lui demander quoi que ce soit. Il s’était montré si gentil et accueillant envers nous.
-…Je pense que de l’argent serait ce qu’il y a de plus pratique, mais après votre accueil, je me sentirais gênée de vous en demander…
-Accepteriez-vous la part qu’il n’a pas prise? M’a-t-il demandé, en pointant Biloss.
(…Mais ça fait 50 po?)
-C’est très généreux de votre part, merci.

J’aurais bien voulu aller magasiner tout de suite, mais Sakurako préférait passer la nuit ici et repartir demain. J’ai dormi dans un lit si confortable que je n’ai pas eu envie de me lever le lendemain matin. Une fois tout le monde debout et rassasié, nous avons dit au revoir au seigneur (je l’ai remercié une autre fois pour son hospitalité) et nous sommes partis en ville. Au magasin de potions, Sakurako a fait une véritable razzia. Je ne sais pas ce que la lettre du seigneur disait, mais elle a pu prendre tout ce qu’elle voulait. Je crois qu’elle a vidé au complet le stock de potions rouges, elfiques et antipoison. Nous avons ensuite traversé la rue pour aller au magasin général. Pendant que tout le monde faisait ses achats, j’ai traîné Quentin à l’écart.
-Il y a un problème? M’a-t-elle demandé.
-Euh, non. Je voudrais juste savoir ce que ton frère aimerait.
-Ce qu’il aimerait? La paix, s’établir…
-Euh… ça ne s’achète pas ça.
-Il fallait être plus précise. Faites-vous jolie, ça lui fera plaisir.
-…Je crois que j’ai quelque chose pour ça dans mon sac.
(Mais je ne me sens pas prête à les utiliser.)
-C’est bien.
-…
(Mais quand même, juste ça? Il n’y aurait pas quelque chose de plus tangible que je pourrais lui donner?)
-Si vous lui achetez un vêtement ou une arme, ça va l’insultez.
-…D’accord.
(Je ne pensais pas qu’il était vieux jeu. Une chance que j’ai demandé à Quentin avant.)
-Et puis de toute façon, si vous lui achetez quelque chose, vous risquez de le briser ou de le perdre d’ici à ce qu’on le retrouve.
-…C’est un fait.
-Alors sérieusement, faites-vous jolie, restez en santé, ne perdez pas de morceaux. Ça, ça lui fera plaisir.
-D’accord, merci.

Me faire jolie? Je suppose que je pourrais m’acheter une jolie robe avec des souliers assortis et quand je le retrouverai, je m’habillerai comme ça et on pourrait sortir? Si c’est ce qui lui fait plaisir… Mais avant tout, direction Harlequin. J’étais due pour m’acheter une nouveau livre. Je me suis laissée tenter par un mauve parce que je n’en avais jamais lu. Mais ils avaient l’air un peu plus osés que les autres, alors ça m’a gênée d’en prendre un. Je l’ai donc serré contre moi et j’ai couru dans la rangée des robes. Bon… Quelque chose de mignon qui plaira à François… Pourquoi pas celle-là? Elle était à peu près bleue comme mes yeux, avec des bretelles, un petit décolleté et elle n’était pas trop courte (en haut des genoux). J’ai pu facilement trouver des souliers qui allaient avec. J’espère qu’il aimera. Je suis allée prendre quelques rations et j’ai payé le tout.

Quand nous sommes retournés au airship, nous avons trouvé le bateau repatché avec les moyens du bord et le capitaine soûl (encore) avec une douzaine de bouteilles à côté de lui. Il les sort d’où? Ça n’a pas eu l’air de plaire beaucoup à Maël. Elle saura s’en occuper. Si j’ai bien compris, nous en avions pour trois semaines jusqu’à ce que nous arrivions à Tashkali. Je me demande comment je vais passer le temps? Il va y avoir les cours d’étiquette avec Quentin (si elle veut bien m’en donner), des pratiques de violon et de chant, de la lecture… Il faudra aussi que je m’entraîne avec mes armes. Comme ça, quand on retrouvera François, je serai prête à me battre. J’espère juste ne pas arriver trop tard…

mercredi 15 octobre 2008

Entry 14 et 15

J’avais fait ma proposition à Quentin, mais elle n’est pas venue me voir. Tant pis. J’aurais bien aimé passer un peu de temps en sa compagnie et faire un peu plus ample connaissance avec elle, mais je n’allais quand même pas lui courir après pour ça. Elle sait où je suis alors si elle désire vraiment une compagne de boisson ou une présence amicale tout court, elle me fera signe. Le seul échange que j’ai eu avec elle c’est quand je l’ai croisée dans le couloir et que je lui ai redonné son Harlequin. François m’avait bien dit qu’il s’agissait d’un prêt, alors pour une fois que je pensais à le lui redonner…
-Oh, merci.
-De rien. J’en ai d’autres, si jamais tu as envie d’en lire d’autres…
-D’accord, merci… Vous savez où est la chambre de Takeo?
-…Non, désolée.

Elle a facilement réussi à trouver sa chambre sans mon aide. Quand Takeo lui a répondu, elle a ouvert la porte.
-Si je ne ressors pas, m’a-t-elle dit, continuez tout droit.
-…
(Quoi? C’était quoi ça? Euh… Est-ce que je dois la prendre au sérieux ou…? Je sais bien que Takeo ne recherche pas la compagnie des gens, mais de là à croire qu’il tuerait ceux qui vont le voir dans sa chambre…)

Les cinq jours suivants se sont déroulés dans le plus grand calme. J’ai passé une partie de mon temps sur le pont à prendre l’air ou encore à jouer du violon. Tout le monde semblait occupé un peu partout : Biloss apprenait à piloter avec le capitaine soûlon, Maël s’entraînait, Sakurako était avec sa licorne, Takeo dans sa chambre, Quentin semblait avoir disparu de la surface de la terre (si elle ne veut pas me voir, je suppose qu’elle ne veut vraiment pas me parler) et je ne pense pas avoir grand-chose en commun avec Kikuchi, alors… Il n’était surtout pas question que je passe du temps avec Abigail. Quand je me trouvais avec elle, exemple en situation de crise, son côté sympathique me revenait et j’avais tendance à oublier tout ce qui s’était passé. Je m’entends super bien avec elle, mais ensuite je me rappelle qu’elle a essayé de tuer François, auquel je me suis beaucoup attachée. Je ne peux pas dire que je la déteste. Je ne sais pas si je pourrai un jour détester quelqu’un (quoique les gens de Cirqui, je crois que je pourrais y arriver sans trop d’efforts), mais je ne peux pas oublier ce qu’elle a fait. Dieu sait de quoi d’autre elle est capable.

Quand je n’étais pas sur le pont, j’étais dans ma chambre, à penser à lui. J’avais beau garder un visage positif, j’était quand même morte d’inquiétude. Ne pas savoir où il se trouvait, à quel point il était blessé… Sans aucun indice (à part que c’était les Cirqui qui l’avaient), je me sentais impuissante et je détestais ça. Je veux le revoir vivant, il le faut. Si jamais je devais le perdre maintenant…

Au bout du cinquième jour de voyage, le temps s’est corsé un peu. J’étais dans ma chambre, mais j’ai quand même senti les secousses. Intriguée, je suis sortie voir de quoi il en retournait et c’est là que j’ai pu constater l’ampleur de la situation. L’atmosphère était à la tempête. Il ventait et les gros nuages que l’on pouvait apercevoir droit devant n’annonçaient rien de bon. Mais ce qu’il y avait d’étrange était ce qui semblait se trouver derrière les nuages. Tout au loin, derrière ces nuages de tempête, il y avait une forme gigantesque de quelqu’un (ou quelque chose) avec des ailes. Ce quelqu’un a ensuite créé ce qui semblait être un portail (en tout cas c’était un gros truc rond avec des glyphs tout autour) et rien ne semblait pouvoir y empêcher notre passage. Plus nous nous rapprochions et plus le vent devenait fort, nous poussant plus en avant. Nous avons dû dire adieu au mât du bateau, qui a malheureusement rendu l’âme à cause de toutes ces turbulences.
Quand il est devenu évident que nous ne pouvions pas empêcher ce qui allait se produire, j’ai pris une corde qui pendait près de moi et je me la suis attachée autour de la taille. J’aurais peut-être moins de chance de passer par-dessus bord comme ça. Le choc du passage a été assez intense. Ça a beaucoup brassé et une fois de l’autre côté, le navire a piqué du nez à une très grande vitesse. Je me suis accrochée à ma corde et j’ai fermé les yeux. Il faut que je survive, il faut que je survive. Je veux le revoir… Ba-dang! Quand le airship a touché le sol, ma corde a lâché et j’ai effectué un vol plané jusque dans le mur le plus proche. Ow. Dès que j’ai été désencastrée, je suis partie à la recherche de Quentin. Elle était après tout ma belle-sœur alors je voulais essayer d’être là pour elle du mieux que je pouvais. J’ai fait le tour du airship, mais je ne l’ai pas trouvée. J’espère qu’elle est correcte et que je l’ai juste manquée. François en serait gravement affecté si quelque chose arrivait à sa sœur, autant que Quentin semble l’être n ce moment.

J’ai fini par retourner sur le pont. À part Kikuchi et Quentin qui avaient disparu, tout le monde semblait ok. Biloss était devenu un dragon à part entière et était en train d’enlever l’écorce d’un arbre. C’est peut-être pour remplacer le mât? Quand Takeo, frais comme une rose (comment il a fait?), est sorti à l’extérieur et qu’il a vu le dragon, il m’a demandé ce qui se passait. Passé le choc de «Takeo me parle?» je lui ai répondu le plus naturellement du monde que c’était Biloss. Il a eu l’air très étonné. Je l’aurais aussi été si je ne l’avais pas déjà vu se transformer en partie.

Entendant du bruit, j’ai décidé d’aller faire un tour dans la cabine de pilotage comme j’entendais des bruits suspects. C’était le capitaine, encore soûl, qui gossait après des tas de vis et de boulons. Abigail m’a rejoint et il nous a dit qu’il fallait revisser tout ça (j’ai l’air de savoir comment faire?), mais que sans une power source nous ne pourrions aller nulle part de toute façon. Il s’est ensuite écroulé par terre, soûl mort. Ok… Il carbure à ça ou quoi? Je n’avais aucune envie de remettre toutes ces vis n’importe comment alors j’ai abandonné Abigail à la tâche. Quand j’ai raconté aux autres ce qui venait de se passer, Maël a filé droit dans la cabine. Je pense qu’elle n’apprécie pas que le capitaine ait toujours une bouteille à la main. Je n’apprécie pas non plus d’ailleurs.

Tout le monde a fini par se regrouper. Maël avait fini par trouver Quentin, qui était relativement ok. J’ai aidé à m’occuper de ses blessures puis j’ai donné un coup de main pour remettre en place les membres de Kikuchi qui formaient des angles un peu trop anormaux. Quelqu’un avait aperçu ce qui semblait être un village plus au loin. Nous n’avions d’autre choix que de nous y diriger. Avec un peu de chance, nous y trouverions les vis et boulons et power source qui nous manquaient. Il fallait les trouver sinon nous resterions pris ici pour un long moment et nous ne pouvions pas nous le permettre. En tout cas moi je ne le pouvais pas. J’avais quelqu’un à retrouver.

Au village, Altaïr pour être plus précise (Euh, qu’est-ce qu’on fait ici? On est dans la direction diamétralement opposée à celle qu’on avait prise au départ?), Biloss a acheté les vis et boulons qui manquaient. Quelqu’un nous a dit que nous pourrions trouver des power source dans la mine qui se trouvait derrière le château, mais qu’il faudrait d’abord demander la permission au seigneur, car une barrière magique en empêchait l’accès. Au château on nous a dit qu’il était trop tard pour parler au seigneur McGregor alors nous avons demandé asile pour la nuit. Nous avons dormi dans une salle commune.

Le lendemain matin, après avoir déjeuné, des serviteurs nous ont dit que le temps que le seigneur se lève et déjeune, nous étions libre de nous promener dans le château, dans les limites du raisonnable. Maël, Quentin, Abigaïl et Sakurako sont allées à la bibliothèque. Je dois avouer que j’ai été tentée d’y aller aussi-la bibliothèque d’un château ne pouvant qu’être très intéressante-mais j’avais plutôt envie de me trouver un petit coin tranquille dans le jardin et de jouer un peu de violon. La musique avait toujours été une thérapie très efficace pour moi. J’ai donc accompagné Biloss et Takeo à l’extérieur. Le jardin n’était pas extrêmement grand, mais il était très joli. Je me suis séparée des autres pour trouver un coin avec un banc où je ne risquais pas d’être dérangée. Je me suis assise et j’ai commencé à jouer. Je m’étais auto-motivée à me remonter le moral, mais sans même m’en rendre compte, des notes tristes sont sorties de mon instrument. J’avais beau essayer de rester forte et positive, j’étais quand même terriblement inquiète pour François. Ne pas savoir où il était, ne pas savoir dans quel état il se trouvait… Le fait de ne pas savoir me tuait. Please be okay. I’m coming to get you, so hold on.

Un serviteur est venu me trouver alors que je recommençais la mélodie pour la x-ième fois.
-Le maître va être prêt à vous recevoir.
Il est ensuite parti, sans me laisser le temps de lui répondre. Ben là… Il m’a plantée là…
-Jolie musique, m’a dit quelqu’un.
Je me suis retournée vers la voix et j’ai vu un vieil homme qui était accoté sur un arbre. Il est là depuis longtemps?
-Merci.
-Vous semblez avoir un souci.
-Oui. Le serviteur m’a plantée là.
-Et…?
-Nous devons rencontrer le maître du château et je n’ai aucune idée où. Et comme je n’ai aucun sens de l’orientation… Vous ne sauriez pas où c’est?
-Je ne pourrais le dire… Peut-être la bibliothèque…?
-Vous savez où c’est?
-Bien sûr.
Il m’a tendu son bras, que j’ai pris et qu’il a ensuite tapoté.
-J’y place souvent des livres.
Il travaille à la bibliothèque? En tout cas, qui qu’il soit, il est très sympathique.

Quand nous sommes arrivés à la bibliothèque, tout le monde y était déjà. Un serviteur s’est avancé vers le vieil homme et lui a dit en s’inclinant que tout le monde était là. Et merde. Le vieil homme ce n’est pas le bibliothécaire, c’est le seigneur du château. Qu’est-ce qu’il va penser de moi? Je ne me suis pas présentée et je ne lui ai même pas demandé son nom. Même si j’ignorais à ce moment-là qu’il était le seigneur, ce n’est pas très poli de ma part. Il doit se dire que je suis une fille avec de très mauvaises manières. Je me suis peut-être toujours échappée de mes cours d’étiquette, mais je sais quand même qu’il y a certaines règles à respecter en présence d’un seigneur (exemple : s’incliner). Il doit vraiment me trouver très impolie. Le seigneur m’a guidée jusqu’à la table et a tiré ma chaise pour que je m’assois. Il n’est peut-être pas trop tard pour que je me reprenne…? Je l’ai remercié en lui souriant. C’est un bon début, enfin je crois…

Je me suis cependant un peu plantée juste après. Le thé nous a été servi et connaissant le goût de Sakurako pour les sucreries, je me suis empressée de prendre un biscuit avant qu’elle ne les mange tous. Quand j’ai vu la petite demander la permission au seigneur McGregor pour prendre un biscuit, j’ai juré intérieurement. J’aurais dû y penser. Il est assez gentil pour nous recevoir et nous offrir à boire et à manger et je ne lui demande même pas si je peux me servir avant de le faire. Tu fais vraiment dur Leila. Je n’aurais jamais cru un jour dire que je regrettais de m’être sauvée de mes cours d’étiquette. Je les trouvais profondément ennuyants, mais j’en aurais bien eu besoin aujourd’hui. Je pourrais peut-être demander à Quentin…? Elle a l’air de très bien s’en tirer alors elle accepterait peut-être de me montrer les bases de l’étiquette. Comme ça je pourrais passer un peu de temps avec celle qui est techniquement ma belle-sœur et peut-être apprendre à mieux la connaître. J’aimerais vraiment être son amie. Ou peut-être que je suis trop idéaliste pour elle? Ça pourrait expliquer pourquoi elle n’est pas venue me voir sur le airship. Mais si elle acceptait ne serait-ce que me montrer certaines choses, je suis certaine que François serait content de voir que j’essaie de bien m’entendre avec sa sœur. Et puis avec quelques notions d’étiquette, je serais sûre de ne pas lui faire honte quand nous sortirons ensemble.

Nous avons dit au seigneur que nous avions besoin d’une power source pour notre airship. Malheureusement, la mine était hors d’accès en ce moment, la forêt la précédant étant trop dangereuse. Le seigneur nous a expliqué que depuis quelques temps, des créatures enlevaient les villageois et on ne les revoyait plus jamais, d’où la barrière magique. Quelques chanceux avaient réussi à s’échapper et avaient pu raconter ce qui s’était passé. Le seigneur nous a dit que si nous réglions ce problème pour lui, il nous donnerait une power source pour notre vaisseau (il en avait à sa disposition) et comme les power source ne coûtaient pas très cher, il pourrait aussi nous dédommager.
-Votre accueil est amplement suffisant, lui a répondu Maël.
-Juste pour ça, j’insiste, lui a dit le seigneur.
Il a l’air vraiment gentil, comme le genre de grand-père qu’on aimerait avoir. S’il dit qu’il voudrait nous dédommager, moi je lui demanderais bien un peu d’argent (je commence à être à cours). Mais après la remarque de Maël, je me sentirais mal de lui en demander.

Le seigneur McGregor nous a aussi dit ne demandait pas de l’aide de l’extérieur normalement, mais que son aide n’était pas là en ce moment, des problèmes l’ayant rappelé chez lui. Notre arrivée était donc providentielle. Je pense qu’il s’attendait peut-être à ce que seuls les plus guerriers d’entre nous y aillent, mais nous avons tous décidé d’aller y jeter un coup d’œil. Sakurako n’était pas très chaude à l’idée de rencontrer des créatures qui enlevaient les gens de façon permanente, mais comme Maël lui a dit, si elle restait derrière, sa peur ne partirait pas et elle ne deviendrait pas plus forte.

Ceux qui avaient à se changer ou se laver l’ont fait (je me suis dit que ça ne servirait à rien de le faire étant donné qu’on allait se salir en se battant contre des créatures) et nous avons rejoint le seigneur McGregor. Nous nous sommes rendus jusqu’à l’orée de la forêt. Il a posé une amulette sur la barrière invisible se trouvant devant nous et une brèche s’est ouverte pour que nous puissions passer. Il la refermerait après notre départ et posterait ici un serviteur en permanence pour qu’il puisse être averti dès notre retour et revenir ouvrir la brèche.

C’est Maël (et son ombre Sakurako) qui a ouvert la marche tandis que moi j’étais à la toute fin. En fait, je devrais plutôt dire que c’était la hache de Maël qui nous taillait un chemin à travers la forêt de plus en plus dense. Les arbres étaient maintenant tellement rapprochés qu’on ne voyait à peu près plus le soleil à travers les branches. J’étais en train de me demander où pouvaient bien se cacher ces créatures quand quelque chose m’a agrippée par les deux chevilles et m’a tirée dans le sol à la vitesse de l’éclair. Je n’ai même pas eu le temps de me retenir à quelque chose ou d’appeler à l’aide.

Quand la chute s’est terminée, j’étais suspendue dans les airs dans un cocon de lianes. J’avais l’air d’être toujours à l’extérieur, mais je ne voyais pas le soleil. En bas il y avait plusieurs créatures et derrière moi, un gros arbre avec une bouche qui ne m’inspirait pas confiance du tout. Muuu. Pas question que je reste là moi! Mes mouvements étaient plutôt limités alors j’ai essayé de couper les lianes avec le bout d’un carreau d’arbalète. Mais à chaque liane que je coupais, d’autres venaient prendre la place. Il y en a finalement tellement eu que je n’ai plus pu bouger. Quand j’ai vu Maël et Sakurako arriver, elles aussi dans des cocons, je me suis dit que tout n’était peut-être pas perdu pour moi en fin de compte. Mais quand j’ai senti mon cocon se rapprocher de l’arbre et la bouche de ce dernier s’ouvrir de plus en plus grande, j’ai commencé à paniquer.
-Au secours… Au secours!
Maël a dirigé sa grosse hache vers moi et a coupé mon cocon. Je me suis ramassée par terre avec elle et Sakurako et cette dernière a fait une colonne d’eau autour de nous pour nous protéger des monstres. Seul point négatif, dans l’eau flottaient des os et des morceaux de chair des malheureuses victimes de ces créatures et/ou de l’arbre. L’odeur de pourriture était abominable. Comme je ne pouvais pas attaquer à cause du mur d’eau, je me suis mise à chanter pour nous booster. Au moins, quand un cocon s’est déplacé au-dessus de nous, j’ai pu me rendre utile. Je craignais qu’il ne s’agisse d’un des membres du groupe ou d’un pauvre villageois, mais ce n’était qu’un des monstres. J’ai pu mettre fin à ses souffrances assez rapidement.

Je me sentais vraiment inutile de ne faire que chanter et de ne pas pouvoir attaquer. Un peu plus tard, j’ai eu l’occasion de remédier à la situation. J’ai eu l’idée de demander à ma boucle d’oreille/dragon s’il pouvait nous aider. Il ne pouvait pas faire de feu pour détruire l’arbre, mais quand je lui ai dit l’idée de Maël de noyer l’arbre, il m’a dit qu’il n’y avait pas de problème. Seulement, il y en a eu un. Toute l’eau qui nous protégeait s’est envolée et a foncé droit sur l’arbre, le healant par la même occasion. C’est grâce à ça que je me suis rendue compte que nos autres compagnons se trouvaient parmi nous. Je me suis rapidement confondue en excuses à tout le monde. Qu’est-ce qu’ils doivent penser de moi? Je me mets à parler à ma boucle d’oreille (assez intensément) et ensuite je soigne l’arbre. Et ça n’a pas été ma dernière bévue. Comme l’eau ne faisait rien à l’arbre, je me suis dit que je pourrais attaquer les monstres à la place. J’ai summoné des élémentals d’eau grâce au dragon. Un s’est occupé de ramener un Takeo inconscient vers nous et les quatre autres… ont healé les monstres. Je m’excuse!! J’espère qu’ils ne m’en voudront pas trop. Heureusement, ça n’a pas eu d’incidence grave sur l’issue du combat. L’arbre s’est fait couper en deux et dès qu’il est mort, les monstres qui restaient sont tombés comme des mouches. J’espère que ça veut dire que tout est terminé ici. Je souhaite que ce soit le cas, parce que plusieurs sont blessés et/ou empoisonnés et comme on ignore si ce poison est fort et que personne n’est équipé pour le soigner de toute façon (enfin je crois), il vaudrait mieux retourner au château… C’est par où la sortie?