mercredi 21 mai 2008

Entry 2

J'ai fini! Maudite curse de l'écriture qui m'empêche de faire des blogs courts! ça ne me dérange pas en fait, j'aime radoter. Je suis un peu sénile, vous n'aviez jamais remarqué?

Cher journal,

La journée s’est passée sans incident. Nous avons marché sans vraiment parler. Je pense que tout le monde se sentait un peu mal à l’aise de se trouver en compagnie de parfaits étrangers. Ça me faisait un peu bizarre à moi aussi, mais ça ne m’aurait pas dérangée de discuter avec l’un d’entre eux, mais tous avaient l’air pris dans leurs bulles. Bon. Tant pis…

Le soir venu, nous nous sommes arrêtés. J’ai aidé Quentin à faire le feu.
-Vous n’êtes pas obligés de vous arrêter, m’a-t-elle dit.
-Oui. On est tous ensemble, alors on s’arrête ensemble.
-C’est logique.
Quand le feu a été prêt, je suis allée me chercher des racines pour mon souper. Adèle m’en a demandé, alors je lui ai donné ce que j’avais et je suis retournée m’en chercher. J’étais en train de manger quand j’ai vu Quentin sortir du camp.
-Euh… On ne devrait pas partir seul, lui aie-je dit.
-On ne devrait pas non plus faire du feu! m’a-t-elle répondu.
-Au moins, on ne gèlera pas.
-Pas bête la petite! a commenté Adèle.
(Euh… C’est parce que je suis plus grande que toi…)

Je ne me sentais pas à l’aise de la laisser toute seule, alors je suis partie à sa suite. Je l’ai trouvé en train de tuer un pigeon.
-Ça se mange des pigeons? lui aie-je demandé.
-Tout se mange.
(Je veux bien le croire… mais de la viande? C’est un peu… eurk, non?)
J’ai remarqué qu’elle me regardait bizarrement.
-…Je t’ai suivie parce que je ne voulais pas te laisser toute seule.
-…D’accord.
(…Quoi? Nous sommes tous dans le même panier, alors nous devons nous soutenir, non?)

Nous sommes retournées au camp, mais nous avons eu un peu de difficulté à le retrouver. Une demi-heure plus tard, nous n’étions toujours pas arrivées. Nous marchions quand nous avons entendu un bruit venir d’un buisson tout près. Quentin a sorti sa dague (oui, elle a une dague!) et moi, mon arbalète. Ne prenons pas de chance, c’est peut-être hostile! C’est finalement Maël qui est apparue. Elle nous a ramenées au campement.
-Elles étaient perdues très près depuis une demi-heure! a-t-elle dit aux autres.
Takeo et elles ont eu l’air de trouver ça plutôt drôle. Euh… Désolée! Je n’ai jamais été très douée pour me diriger.

J’ai continué à manger et les autres ont commencé à se disputer. Belle harmonie… Vous ne pourriez pas vous parler au lieu de chialer? Les solutions pacifiques, vous connaissez? J’ai remarqué que Sakurako semblait avoir de la difficulté à s’en dormir. Elle se retournait d’un côté et de l’autre. Pauvre chouette… Je suis allée la voir pour la réconforter.
-Tu veux que je te joue quelque chose pour t’aider à dormir?
-S’il vous plaît.
J’ai donc sorti mon violon et je lui ai joué une berceuse jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Fais de beaux rêves bien petite fille.

Je suis retournée à ma place, je me suis emmitouflée dans ma couverture et sitôt que mon corps a touché le sol dur et inégal et que ma tête s’est accotée sur mon sac, je me suis endormie. Vivement que je trouve un vrai lit! La nuit a été aussi calme que la journée. Personne ne nous a attaqués et aucun moineau avec une full plate de nous a réveillés au lever du soleil. J’avais le motif de mon sac à dos imprimé dans le visage et mes cheveux devaient être totalement dépeignés. En un mot, je devais avoir une tête à faire peur. J’ai donc décidé d’aller faire un petit tour à la rivière, accompagnée de Quentin et Adèle. Sur place, nous nous sommes séparées pour aller nous laver chacune de notre côté. Je ne peux pas parler pour les autres, mais moi j’étais très pudique et je ne voulais pas me laver devant d’autres personnes, même si elles étaient des filles. J’ai rapidement enlevé mes vêtements et je me suis glissée dans l’eau. Je n’étais couverte que jusqu’en haut des genoux, alors je me suis agenouillée (au cas où quelqu’un arriverait, je ne serais pas surprise dans une situation gênante. Je me suis savonnée de la tête aux pieds et j’ai ensuite lavé mes vêtements. Je les ai essorés puis remis. Ils sècheraient bien pendant que nous voyagerions.

Quand je suis retournée voir les filles, Quentin était assise sur un rocher et elle se brossait les cheveux. Je suis allée m’assoir à côté d’elle pour faire la même chose. Elle a paru très étonnée que je me place à côté d’elle. Je pensais que je l’avais mise mal à l’aise, alors je me suis éloignée un peu.
-Désolée, s’est-elle excusée. Je ne voulais pas vous insulter.
-Ça va!
-Je ne suis pas habituée que les gens viennent vers moi spontanément.
-Ok…
(Mais pourquoi les gens ne viendraient-ils pas spontanément vers toi? Tu as l’air très gentille.)
Quand Adèle s’est jointe à nous, ses très longs cheveux étaient complètement emmêlés. Sans le secours de Quentin et de moi, elle ne s’en serait jamais sortie.

Nous finissions cette épreuve quand Sakurako et sa licorne sont arrivées. Nous nous sommes retournées le temps qu’elles se lavent. Après, la licorne est venue vers moi et elle m’a donné quelques coups de tête.
-Euh… Qu’est-ce qu’elle veut? aie-je demandé à Sakurako.
-…Elle veut que tu la brosses, m’a-t-elle répondu.
-(Yééé!) D’accord!


Wow… Je suis en train de brosser la crinière d’une licorne… Je suis full happy. Je vais me rappeler de ce jour très longtemps c’est sûr! Quand tout le monde fut présentable, nous sommes reparties vers le camp. Happy… Happy…
Euh, un peu moins happy là… Tout le monde était en train de se battre au camp. François (?) pointait sa main sur Kikuchi. Comme ce dernier ne semblait pas armé, je me suis pitchée devant lui pour le protéger. Mais ensuite, Abigail et la licorne se sont pitchées vers lui pour l’attaquer. Comme c’était maintenant lui l’innocent en danger, j’ai couru vers lui. Abigail a voulu backstabber François, mais c’est Quentin, qui s’était jetée sur le dos de son frère, qui a reçu le coup. Heureusement, Abigail avait frappé avec la garde de sa dague (oui, elle avait une dague). François s’est occupée de l’épaule de sa sœur et moi j’essayais de comprendre la situation. Comment cela se fait-il que personne ici ne semble connaître l’expression «solution pacifique»?
-Hey Leila, m’a dit François en me voyant.
-..Salut.
(Comment il fait pour avoir une voix comme ça?)
-Qu’est-ce qui s’est passé? lui aie-je demandé.
-Je ne sais pas! Ils m’ont attaqué! Et après le cheval avec la corne m’a attaqué aussi!
-C’est parce que tu n’es pas pur! a dit Maël.

Je n’étais pas impliquée directement dans cette conversation, mais je me suis sentie devenir rouge tomate.
-Est-ce qu’on pourrait ne pas parler de trucs pas purs? aie-je demandé avec une petite voix.
-La licorne attaque les gars qui ne sont pas puceaux, a continué Maël.
-Est-ce qu’on pourrait arrêter de parler de trucs pas purs? aie-je redemandé avec un plus petite voix.
(Ça me met très mal à l’aise et je sens que je vais cuire sur place si ça continue.)
-Faire l’amour avec une femme, ça n’a rien d’impur, a expliqué François.
(J’imagine que c’est vrai, mais pourrait-on quand même ne plus en parler?)
François a finalement décidé que sa sœur et lui partiraient de leur propre côté. Je lui ai dit qu’il valait mieux rester tous ensemble, comme nous étions tous en danger. Il m’a répondu que nous serions encore plus en danger en restant avec eux. Je n’étais pas du tout d’accord, mais je ne pouvais rien faire de plus.
-Mais tu sais, c’est dans mes compétences de protéger deux femmes, m’a-t-il dit, sous-entendant très clairement que je pourrais aller avec eux si j’en avais envie.

Même si Sakurako ne m’avait pas tiré la manche en hochant négativement la tête, me demandant silencieusement de ne pas y aller, je n’aurais pas pu. Je croyais sincèrement que nous avions plus de chance de rester en vie si nous étions groupés.
-Tu es certaine? m’a-t-il demandé.
-…Oui.
Les deux jumeaux sont partis de leur côté et nous du nôtre. Après leur départ, j’ai appris pourquoi François avait voulu les attaquer. Kikuchi et Takeo en parlait en le traitant de «ti-coune». Je peux très bien comprendre que quelqu’un réagisse mal en se faisant insulter ainsi. La politesse et le respect, vous ne connaissez donc pas?

Cette discussion ne menait vraiment nulle part et nous ne pouvions pas rester ici indéfiniment, avec tous ceux qui étaient à nos trousses. Adèle a sorti une carte virtuelle de son sac pour que nous décidions de notre prochaine destination. La ville la plus proche était Kali, à environ cinq jours de marche. Nous nous sommes donc immédiatement mis en route. Un silence gênant s’est de nouveau installé entre nous. J’aurais bien discuté avec Takeo, mais il marchait en avant du groupe et il ne semblait avoir le moindrement envie de parler. La seule voix que nous entendions était celle de Kikuchi, qui essayait de lier conversation avec à peu près tout le monde. Il semblait si piteux et si désireux de parler avec quelqu’un, que je lui ai demandé de me parler de son monde. J’étais très curieuse à ce propos depuis que j’avais appris qu’il était originaire d’un autre univers. J’étais curieuse, mais je n’aurais peut-être pas dû lui demander. Il a ouvert la bouche et il n’a plus arrêté de parler jusqu’à ce que nous arrivions à Kali. Il y a beaucoup de choses que je n’ai pas comprises, mais c’était tout de même très intéressant. Il a parlé de télévision (c’est une boîte dans laquelle des gens tous petits sont enfermés), d’ordinateur (c’est aussi une sorte de boîte avec un écran et on peut s’en servir pour aller sur un truc appelé «internet». «Internet» nous donne accès à pleins d’informations. Alors ce «Internet», c’est comme un dieu?) et aussi d’automobile. Ça, c’est leur moyen de transport. Il a dit qu’il y avait des chevaux à l’intérieur, mais qu’ils n’étaient pas nourris avec du foin. Ils mangeaient plutôt de… l’essence(?).

Tout ce qu’il m’a raconté m’a tellement fascinée que je n’ai pas vu le temps passer. Fait marquant du voyage, la nuit où le psychopathe aux cheveux blancs était censé nous rendre visite, Abigail, Maël, Takeo et moi sommes restés éveillés toute la nuit pour l’attendre, mais il ne s’est pas montré le bout du nez. Résultat : nous avions des cernes jusqu’aux coudes le matin venu. Une partie de moi souhaitait que c’était parce qu’il avait changé d’idée et qu’il avait décidé de nous laisser tranquilles, mais je savais bien que ce n’était sans doute pas le cas. Nous allons donc devoir rester sur nos gardes. Arrivés à Kali, tout le monde est parti de son côté. Euh… Nous sommes en danger… Des gens dangereux nous poursuivent… Il faut que nous restions groupés… Je suis vraiment obligée de vous le rappeler? Tout le monde semblait s’en ficher. Bon…

Quant à moi, je suis partie avec Adèle et Sakurako. L’architecture de la ville me rappelait un peu ma ville à moi. Ça me rendait toute joyeuse et aussi, qui dit ville, dit forcément librairie. Je suis entrée dans la première que j’ai vue. J’ai pris un dictionnaire commun-elfique pour Adèle et un roman pour moi. Ça s’appelle «Ennemis pour toujours». Ça avait l’air d’une histoire d’amour avec beaucoup d’aventure. Pourquoi pas? Quand j’ai donné le dictionnaire à Adèle, elle a bien failli se mettre à pleurer. Elle m’a dit que c’était le premier cadeau qu’elle recevait depuis de nombreuses années. De rien, ça m’a fait plaisir. Je ne le dirai jamais, mais une elfe qui ne sait pas parler l’elfique, c’est… un peu honteux…

Après, nous avons cherché une auberge pour la nuit. Sakurako s’inquiétait du fait que les autres étaient tous partis, alors j’ai essayé de la rassurer en lui disant qu’ils avaient juste besoin de se reposer (ou de s’amuse, je ne suis plus sûre) et que nous les retrouverions plus tard. En marchant, nous sommes tombées sur Maël, que les Cirki (ce n’était pas Ciki?) qui couraient après Quentin étaient en ville et qu’il fallait se méfier des carrosses et des hommes qui fumaient. D’accord, si vous le dites… Nous avons jeté notre dévolu sur l’auberge «Celle d’à côté». Maël n’avait plus d’argent, alors Sakurako, Adèle et moi avons payé pour nous quatre. J’ai remarqué que Maël n’avait pas trop envie d’être dans la même chambre qu’Adèle, alors j’ai proposé à cette dernière de partager ma chambre, comme ça, si elle avait des questions sur ce qu’elle lisait dans le dictionnaire, je pourrais l’aider.

Ensuite, ce fut direction les temples, car Maël et Adèle désiraient se purifier. Je préférais que nous restions toutes ensemble, alors je les ai accompagnées. Il y avait un temple de Corellon, alors j’en ai profité pour aller faire quelques prières. Je n’ai pas prié longtemps. J’ai seulement prié pour que la chance nous sourie, car qui sait ce qui nous attendait. Je fus la première sortie, alors je me suis assise sur les marches du temple et j’ai commencé à lire. Les autres sont sorties peu après. Maël avait fait une étrange rencontre. Une femme blonde habillée avec une robe noire lui avait dit qu’un de ses compagnons serait investi d’une mission et qu’elle devait le suivre.
-Si ça me permet d’obtenir des infos sur mon frère, je vais y aller! a dit Maël.
-D’accord…

En retournant à l’auberge, nous sommes tombées sur le reste du groupe. Le compagnon investi d’une mission, c’était Abigail. Elle, elle avait rencontré une vieille femme qui lui avait dit «DÉPÊCHEZ-VOUS!!!» et plusieurs autres trucs que je n’ai pas vraiment écoutés. La vieille femme lui a dit qu’elle devait aller à je ne sais plus quelle ville où ça allait être la fin du monde (ou un truc du genre). La naïveté, compagnons… La naïveté… J’ai utilisé une excuse bidon et je suis retournée au temple. Cette fois-ci, j’ai prié pour mes compagnons, qui semblaient croire tout ce qu’on leur disait. Je commençais à avoir peur pour ma santé mentale. Mais dans quel groupe suis-je donc tombée?

À l’extérieur du temple, j’ai vu la femme blonde habillée en noir à qui Maël avait parlé. Elle m’a dit qu’elle était la Maîtresse du Temps (c’est ainsi que les bardes l’appelaient) et que je pouvais lui poser des questions. Je lui ai demandé qui étaient les Cirki.
-J’ai entendu dire qu’ils étaient des bourgeois distingués qui faisaient des affaires louches.
-Poser la question c’est y répondre, m’a-t-elle dit. Ils sont prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent.
-Alors tout ce que je dois faire, c’est me tenir loin des carrosses et des hommes qui fument?
-Hors de portée de coup de poing de l’homme qui fume.
-D’accord…
-Et je vous conseille de ne pas trop adresser vos prières aux dieux : ils ne peuvent pas vous entendre pour l’instant.
-Ok… Et on peut faire comment pour qu’ils puissent nous entendre?
-Pour le savoir, vous devrez aller avec vos compagnons.
-D’accord… Et bien, merci et… bonne soirée.

Je l’ai saluée et je suis retournée à l’auberge. Tout le monde était encore à l’extérieur. Des vieilles femmes qui ont l’air un peu séniles, des maîtresses du temps, des gars qui fument et qui donnent des coups de poing, des carrosses… Quelle est la prochaine étape? Des poissons qui volent et des oiseaux qui vivent dans l’eau?

mardi 6 mai 2008

Entry 1

Cher journal,

J’ai eu plus d’action durant les douze dernières heures qu’au cours des cinq dernières années. La nuit était tombée depuis un moment. J’étais fatiguée et mon estomac criait famine. J’ai aperçu une clairière qui semblait avoir servi plusieurs fois aux voyageurs. Tout en m’y rendant, je me suis mise à chercher des racines pour mon repas. Au bout de dix minutes, j’ai trouvé de quoi me sustenter avec en prime, des mûres pour mon dessert. J’ai arraché un bout d’écorce d’un tronc mort (en guise d’assiette) et je suis allée m’assoir dans la clairière. J’ai fait un feu et j’ai commencé à manger. Enfin, un peu de repos. Ça fait du bien. Je crois que je vais me payer une petite lecture avant d’aller me coucher. Bon. J’ai peut-être lu mon livre tant de fois que j’en connais tous les passages par cœur, mais je n’en ai pas d’autres. Et ça me permet de ne pas oublier chez moi. Enfin, ce qui l’était.

Ma main a glissé vers mon sac à dos quand j’ai entendu des bruits de pas venir dans ma direction. Ma main a bougé d’elle-même vers mon arbalète. Je n’ai heureusement pas eu besoin de m’en servir. Une femme seule est apparue dans la lumière des flammes. Une voyageuse comme moi. Elle avait l’air plutôt étrange, mais je n’aurais pas été moi si je ne l’avais pas invitée à se joindre à moi.
-Voulez-vous des racines? lui aie-je proposé en lui tendant mon assiette.
-Bien sûr!
Elle m’a pris mon assiette des mains. Euh…
-C’était pour partager, lui aie-je expliqué.
Elle m’a redonné mon assiette avec quelques racines et mûres en moins. Pendant que nous mangions, je lui ai demandé ce qu’elle faisait dans le coin. Voir le monde? Moi aussi. Nous ne sommes pas entrées dans les détails. Je crois que tout comme moi, elle ne voulait pas dévoiler la véritable raison de sa présence dans les environs. Ça ne m’a pas dérangé le moindrement du monde. Je ne l’avais pas invitée pour avoir des réponses.

Sitôt le repas terminé, la dénommée Abigail est tombée comme une buche par terre. Ok… Je n’avais jamais rien vu de tel : quelqu’un tombant de sommeil aussi rapidement. Moi, j’aime mon petit confort : je me roule en petite boule dans ma couverture et j’imagine que je suis dans mon lit. Ma maison me manque. Mes parents me manquent. Mais je ne peux pas y retourner, pas après ce qui s’est passé.

Mais cette nuit, je ne pourrais pas faire ça. J’avais beau avoir invité cette femme de mon plein gré, je ne pouvais pas lui accorder ma confiance aveuglément. Qui sait si elle n’essaierait pas de me voler durant mon sommeil? Je ne pouvais ni la chasser si m’en aller (où irais-je?), alors je me suis accotée contre un arbre, enroulée dans ma couverture, tentant de garder un œil ouvert. J’ai quand même fini par somnoler, pour me réveiller par des gens qui discutaient. Quand j’ai complètement ouvert mes yeux, j’ai vu un homme aux cheveux blancs penché sur Abigail, un couteau sous sa gorge. Je me devais d’agir. Lentement, très lentement, j’ai déplacé mon bras vers mon arme.
-Je te conseille de ne pas bouger, m’a dit l’homme, sans se retourner.
-…
On ne pourrait pas trouver une solution pacifique? Apparemment non. Je n’ai jamais réussi à lui faire dire qui il était, mais lui semblait bien nous connaître. Je savais qu’il faisait erreur sur la personne et que je n’étais pas tout simplement amnésique, car c’était totalement impossible que je connaisse quelqu’un comme lui. Il était trop… barbare pour être une de mes connaissances. Et ses manières laissaient à désirer. Il m’a traitée de… pute. Comment osait-il me qualifier d’un terme aussi… dégradant? Étrangement, il avait l’air de tenir Abigaïl en beaucoup plus grande estime que moi. Euh… Je peux savoir ce que j’ai fait? En plus, autre preuve de ses très mauvaises manières, il a dit qu’il préférait les filles avec des cicatrices et il s’est avancé vers moi avec l’intention de m’en donner quelques-unes. J’ai aussitôt fait quelques pas en arrière. Désolée, mais vous n’êtes pas du tout mon genre.

Ce psycho aux cheveux blancs ne croyait pas à notre étonnement. Il cherchait un samouraï efféminé aux cheveux roux du nom de Takeo et il était persuadé que nous savions où il était. Comme nous persistions à le nier, il s’est un peu fâché. Il m’a lancé une dague dans l’épaule. Ow. Pour la récupérer, il l’a simplement arraché. Ow. J’ai mis ma main sur mon épaule pour tenter de diminuer la douleur.
-Pauvre chouette, a-t-il dit sans sincérité. Il va moins t’aimer si ça laisse une cicatrice.
-Qui ça? lui aie-je demandé.
-Le type qui te saute!
-…
Je ne sais pas si j’étais rouge de gêne qu’il ait suggéré que je… ou blanche parce que j’étais mal à l’aise qu’un tel sujet soit venu dans la conversation. À voir l’air d’Abigail, elle pensait comme moi : il devait être fou. Vous vous trompez de personne. Je ne suis pas celle que vous croyez. Je n’ai jamais… fait ce que vous suggérez que j’ai fait.

Notre «amnésie fakée» a fini par l’amuser. Il nous a dit qu’il nous donnait 48 heures pour trouver le samouraï qui avait l’air d’une fille. Passé ce délai, ça serait «squick» pour nous deux. Euh… Il a disparu, nous laissant sous le choc. Euh… La perspective de mourir n’enchantait pas non plus Abigail. Il fallait se lancer à la recherche du samouraï au plus vite, mais il faisait nuit. Et ni l’une ni l’autre n’avions de carte des environs ou un sens de l’orientation pour compenser à cette lacune. Nous avons donc décidé d’attendre au lendemain pour repartir. Avec un peu de chance, il y avait une ville près d’ici et nous trouverions celui que nous cherchions. Un samouraï roux qui a l’air d’une fille, ça ne doit pas courir les rues. Je me suis healée, j’ai fait mending sur mon habit et je me suis couchée près du feu. Je savais que je ne réussirais sans doute pas à dormir, alors à défaut de perdre mon temps à souhaiter une nuit sans histoire, j’ai simplement prié qu’aucun autre psychopathe aux mauvaises manières nous tombe dessus.


Quand je me suis réveillée, j’avais effectivement l’impression de ne pas avoir beaucoup dormi. Vu le visage d’Abigail, elle non plus. Il fallait nous mettre à la recherche d’une ville, mais tout d’abord, un brin de toilette ne ferait pas de tort. Nous nous sommes légèrement enfoncées dans la forêt et nous avons trouvé un petit cours d’eau. Il n’était pas très profond, mais cela suffirait. J’ai dit à Abigail que je m’en allais un peu plus loin pour me laver et je suis partie. Je sais bien que c’est une femme, mais ça me gênait quand même de me déshabiller devant elle. Je suis très pudique de nature, alors je ne veux pas me montrer nue devant qui que ce soit. La seule personne qui me verra jamais sans mes vêtements, ce sera mon mari, si jamais je me marie un jour.

Je me suis rincée rapidement et j’ai enlevé les taches de sang sur ma tunique. J’espère qu’on ne retombera pas sur cet homme. Il était si mal élevé et déplaisant. Suggérer que j’allais accepter qu’il me… fasse des choses. Franchement! Pour qui me prenait-il? Je finissais de me rhabiller quand j’ai entendu des voix. Abigail était en train de saluer quelqu’un. Si jamais c’était l’homme psychopathe qui nous faisait une visite-surprise? Ne prenant pas de chance, j’ai pris toutes mes affaires et je suis retournée vers ma compagne. Elle se portait comme un charme et était en train de discuter avec un homme… complètement nu qui tenait ses mains à l’endroit stratégique? Je me suis tout de suite retournée, rouge comme je ne l’avais jamais été auparavant. Oh mon dieu! J’ai vu un homme nu!
-Désolée! me suis excusée à Abigail. Je ne savais pas que vous attendiez quelqu’un. Je vais… m’en aller plus loin!

Tout en restant dos à eux, je me suis éloignée le long de la rivière. Elle aurait pu me le dire, qu’elle attendait quelqu’un. Je n’ai jamais été aussi gênée de toute ma vie! Interrompre deux personnes qui avaient… ou allaient… Non, stop! Je ne veux même pas y penser! Je sais qu’il serait vraiment stupide de trop m’éloigner; je risquerais de me perdre et de perdre Abigail. Je vais donc seulement me dégourdir les jambes tout en restant à proximité. Quand Abigail sera prête à partir, elle m’appellera. Allez, respire Leila, respire… Je tentais par tous les moyens de me distraire quand j’ai aperçu quelqu’un qui était accroupi au bord de l’eau. Peut-être pourrait-il me renseigner sur le samouraï roux?

En m’approchant, je me suis rendue compte que c’était un jeune homme blond, un demi-elfe pour être plus précise et il était plus jeune que moi. Il était simplement vêtu : un pantalon, une chemise et une épée accrochée à sa ceinture. Il s’est retourné vers moi avant même que je n’ouvre la bouche.
-Salut chibi, m’a-t-il salué.
Il avait un ton de voix très calme, très… captivant… Il était aussi… très beau. Seigneur. Je me sens si futile de dire une chose pareille. C’est ce qu’une personne dit et fait qui compte, et non pas son apparence. Mais lui… On aurait dit qu’il savait exactement comment se tenir, quand sourire, quoi dire, pour que l’attention lui soit acquise.
-Euh… Salut… Mais mon nom ce n’est pas «chibi».
-C’est parce que je ne connais pas ton vrai nom…
-…Est-ce que je peux vous poser deux questions?
-Je répondrai à tes questions si tu réponds à la mienne.
-…Ok…

Comment tu t’appelles?
-Leila.
-Enchanté Leila. Moi c’est François.

Tout en me répondant d’une voix séductrice, il a pris ma main dans la sienne et il m’a fait un baisemain. Le geste m’a beaucoup surprise. Il y avait longtemps qu’on ne m’avait pas prodigué de telles attentions et jamais dans des circonstances pareilles. Que faisait un gentilhomme comme lui dans un endroit pareil?
-…Enchantée. Alors… Un : Est-ce qu’il y a une ville près d’ici? Deux : Avez-vous vu un samouraï roux qui a l’air d’une fille?
-Il est gai?
-…Peut-être.
-J’ai peut-être vu un samouraï, près de la ville.
-Et où est la ville?
-Je pourrais t’y conduire… Pour le simple plaisir d’être en ta compagnie…
-Euh…
Qu’est-ce que je réponds? Cet homme a beau être des plus charmants, je ne sais rien de lui à part son nom. Et me promener en compagnie d’un homme dont j’ignore tout n’est pas une bonne idée. Mais il est vraiment charmant… Mais j’hésite… Mmmm…
-D’accord!

Il a souri et il m’a tendu son bras pour que je le prenne, ce que j’ai fait. Nous allions partir quand j’ai eu un éclair d’intelligence. Zut, j’allais l’oublier!
-J’ai une… J’ai quelqu’un avec qui je voyage, qu’il faudrait aller chercher. Elle est un peu plus loin.
Mon bras toujours autour de celui de François, nous sommes allés retrouver Abigail. Avec un peu de chance, son compagnon serait… décent. Il l’était en effet, mais n’était vêtu que d’un pantalon.
-Franchement! s’est indigné François. Ça ne vous tentait pas de vous habiller, en présence de dames?
Ça n’avait pas l’air de poser un problème au type en question. Mais François, lui, semblait craindre que ça nous offense. Je n’irais pas jusqu’à dire que ça m’offensait, mais ça me mettait définitivement mal à l’aise d’être en compagnie d’un homme aussi peu vêtu.
-Mesdames, nous a dit François, nous faisant signe de nous retourner.
Mais pourquoi…? Ah, il veut lui prêter son chandail. Je me suis donc retournée sans attendre.

Le type bizarre était un peu serré dans le chandail de François, mais au moins il n’était plus à moitié nu. Il fallait maintenant partir. François n’avait pas l’air de comprendre pourquoi je voulais les emmener avec nous. Il regardait Abigail avec un air qui voulait dire «Quessé ça», comme s’il la trouvait trop grande. Quant à l’autre… Je dois avouer que je le trouvais très bizarre moi aussi. Il a dit pleins de choses que je n’ai pas comprises. Il nous a traités de «pygmées». C’est quoi un pygmée? Il a aussi parlé de «cartes bancaires», de «téléphones» et de beaucoup d’autres choses dont aucun de nous trois n’avait entendu parler. Peut-être s’était-il enfui d’un asile? Ou peut-être avait-il tout simplement reçu un gros coup sur la tête? Quoiqu’il en soit, nous ne pouvions pas le laisser ici.
-Il faudrait l’emmener en ville avec nous avec nous, aie-je dit à François. On réussira peut-être à lui trouver l’aide dont il a besoin…
-J’ai toujours aimé les femmes au grand cœur, m’a-t-il répondu en me faisant un autre baisemain.
-…
Le geste m’a encore surprise. Mais pourquoi est-il aussi gentil et charmant avec moi?

Nous avons fini par nous mettre en route, Abigail et le type bizarre étant légèrement derrière nous. Quand nous sommes arrivés en vue de la ville, ce fut pour voir des gens (dont un samouraï roux) en sortir en quatrième vitesse, pourchassé par des cavaliers. Quand François les a vus, il m’a dit qu’il devait partir.
-Mais je reviendrai, pour le plaisir d’être en ta compagnie, m’a-t-il dit, me faisant un autre baisemain.
-.Euh… Merci.
Il est ensuite parti, nous laissant seul pour aller à la rencontre du groupe qui venait vers nous. Le samouraï roux s’appelait bien Takeo. Tant mieux. Nous sommes allés nous mettre en sécurité dans les bois pour discuter en faire plus ample connaissance. Tiens? François est là? Et il n’est pas habillé pareil? Il dit qu’il n’est pas François et qu’il s’appelle Quentin? C’est donc le frère de François? Ce dernier m’avait mentionné qu’il cherchait quelqu’un qui lui ressemblait.

Personne ne se connaissait, mais il n’aurait pas été intelligent de se séparer maintenant. Quentin a dit que si nous avions été vus avec lui, nous serions poursuivis. Il a parlé d’un conglomérat Cirqui, qui utilisait la force pour obtenir ce qu’il voulait. Kikutchi, le gars venant d’un autre monde (ou d’une époque bien avant la nôtre) a eu beaucoup de difficulté à le comprendre. Tout ce qu’il voulait, c’était aller en ville. La femme-loup, Maël, a dû le menacer de l’assommer et de le traîner. Elle semble avoir un sacré caractère. Note à moi-même : ne pas la mettre en colère sous peine de me faire assommer ou pire. Revenons à Kikutchi. Il a continué à dire des trucs étranges. Il a parlé d’un président «Bouche» qui était un dictateur et qui cherchait des armes de destructions massives (whatever that is) et d’un seigneur des anneaux. Alors d’où il vient, il y a des bouches qui gouverne des pays et des seigneurs d’anneaux (whatever that is)? L’anglais, c’est quel genre de langue? Et ça veut dire quoi, «ouate de foc»?

Quant au samouraï, il n’a pas paru étonné du tout quand je lui ai dit que le psychopathe aux cheveux blancs nous avait dit des choses très blessantes à Abigail et à moi. Il semble bien le connaître. Quand on sera plus en sureté, j’irai lui poser des questions. Comme le psychopathe m’a très clairement menacé de m’enlever la vie, ça serait une bonne chose que j’en sache un peu plus sur lui. Il faudrait aussi que je demande à Takeo d’arrêter de m’appeler «l’elfe». La première fois, ça passait (il ne savait pas mon nom), mais la deuxième, c’était de trop. Dans le groupe, il y avait aussi Adèle, une elfe qui semblait un peu trop obsédé par l’argent (et qui ne parle pas l’elfique. Je vais devoir lui apprendre). Elle n’a pas arrêté de demander si quelqu’un allait la payer pour qu’elle nous protège. Quentin a fini par se lasser et il lui a donné de l’argent pour qu’elle se taise. Je dis «il», mais je devrais en fait dire «elle», car voyez-vous, Quentin est une fille. Nous avons eu la puce à l’oreille quand elle a dit à Kikutchi qu’elle pourrait lui prêter une robe s’il le désirait et quand elle a répondu en même temps que moi« Nous ne sommes pas folles». Elle est donc allée se changer. Elle n’avait pas l’air d’être très heureuse d’être en robe. Elle s’est peut-être sentie obligée de le faire comme nous avons découvert son secret…? Je pense que je vais aller la voir et lui dire qu’elle peut rester en pantalons si c’est ce qu’elle désire vraiment, qu’elle ne se sente pas obligée de faire quoi que ce soit pour nous.

Le dernier membre du groupe était une adorable arcadienne d’une quinzaine d’années s’appelant Sakurako. Elle avait l’air totalement traumatisée par ce qui s’était passé et elle est allée dans un coin pour pleurer et trembler. Pauvre chouette! Elle faisait tellement pitié que je n’ai pas pu m’empêcher d’aller la voir pour la consoler. Pate-pate. Elle croyait que ce qui s’était passé était de sa faute, car les gardes en ville les avaient attaqués à cause d’elle. Ce n’est pas ta faute ma chérie. Comment une adorable fillette comme toi pourrait-elle être responsable de ce qui s’est passé? Je crois que je vais essayer de lui expliquer qu’elle n’est responsable de rien. Elle semble totalement dépassée par les événements. Une présence rassurante lui fera le plus grand bien. Voulez-vous savoir le meilleur concernant cette fillette si mignonne? Elle a un (ou une?) amie licorne! Quand j’ai vu la licorne surgir d’entre les arbres, je n’en ai d’abord pas cru mes yeux. Une licorne… C’est la première fois que j’en vois une. Elle est si belle… J’ai demandé à Sakurako si je pouvais la caresser, mais elle m’a répondu que je devrais lui demander moi-même. Yuki (la licorne) était son ami et pas son animal de compagnie. Je ne sais pas si je saurai surmonter ma gêne pour ça. Je devrai essayer, car elle est si belle et son pelage semble si doux.

Mais tout sera pour plus tard. Pour l’instant, nous devons mettre le plus de distance possible entre nous et cette ville et ceux qui nous poursuivent. J’espère que nous ne retomberons pas de sitôt sur eux ou sur le psychopathe aux cheveux blancs. Pour ce dernier, il nous reste 36 heures de délai. Ça me laisse le temps de penser à un moyen de défense. Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je vais d’abord et avant tout m’occuper de la petite arcadienne. Je me demande à quoi nous pouvons nous attendre. À rien de bon je le crains et ça me fait un peu peur. Je n’ai jamais connu ça. Avant, ma seule peur était de ne pas avoir de livre sous la main. Ça me semble bien futile comparé à ce qui se passe en ce moment. Là, je crains pour ma vie. C’est donc ça, partir à l’aventure? Rencontrer des gens qu’on veut protéger, mais se faire poursuivre par d’autres qui veulent nous tuer sans aucune bonne raison? Est-ce que c’est toujours comme ça?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

  • Bob 2: soldat qui a attaqué
  • Bob 3: serviteur à la «Charette avant les boeufs»
  • Bob4: serviteur à la «Charette avant les boeufs»
  • Bob 5: Caissier à la «Charette avant les boeufs»
  • Bob 6: Gars d'armée haut gradé sur son cheval

Fiche

LEILA
Nom complet: Leila (of the Strong Mind)
Surnom: Rat de bibliothèque
Âge: 150 ans

Date de fête: à décider
Signe:
Taille-poids: 4,9 p - 100 lb
Élément: Water

Alignement: Quelque chose-Good
Race: Elfe
Classe: Barde
Cheveux: Blonds
Yeux: Bleus
Honneur: Oui
Arme préférée: Cure-dents

Jobs:
Boss:
Couleurs préférées: Bleu et mauve
Fleur préférée: Phlox
Animal préféré: Oiseau
Met favori: Salade de patates
Dessert favori: Shortcake aux fraises
Breuvages favoris: Vin elfique
Habileté où elle est douée: Retenir des informations
Habileté où elle est nulle: Résister à l’attrait d’un nouveau livre
Passe-temps: Lire, dessiner, écrire
Pire défaut: Têtue
Meilleures qualités: Attentive, studieuse, loyale
Personnes qu'elle aime: Sa famille
Personnes qu'elle déteste: Les prétendants que ses parents lui présentent
Rêve: Explorer des ruines, visiter tous les continents
Talent: Prendre des notes, dessiner des cartes
Pas de talent : Les relations avec les hommes (faut dire qu’elle ne se force
pas)

Plus grande peur : Voir une bibliothèque brûler
Ce qu'elle aime: En apprendre plus sur à peu près n’importe quoi
Ce qu'elle déteste: Se faire interrompre quand elle étudie
Famille: Sa mère(Lana), son père(Adrian)