Nous avons été traités en
invites d’honneur. Après le repas, nous nous sommes dirigés vers la salle de
bal. Tant mieux. Il faut vraiment que je parle à François. Sitôt que nous avons
commencé à valser, il a commencé à chantonner l’air sur lequel nous dansions.
Il a l’air d’avoir une belle voix, je l’ignorais. Peu importe. François, nous
devons parler de notre vie.
-Juste au cas où on nous
poserait des questions…
-Les nobles ne posent pas de
questions.
-…C’est vrai.
-Mais je n’ai rien contre le
fait de discuter de détails conjugaux.
-Non! Il n’y a pas de vie
conjugale!
-Pas encore…
-…
(Il présume vraiment trop à
mon goût.)
-Tu es très jolie quand tu es
contrariée.
-Je vous hais!
-Je sais que c’est faux…
(…Peut-être, mais jamais je ne
l’avouerai.)
Je pense que je n’avais jamais
eu de conversation aussi perturbante pendant que je dansais. François a
continué à trop présumer en disant qu’il savait ce qu’il voulait et qu’il
allait l’avoir. Euh, je suis là! Et je n’ai pas l’intention de me faire avoir!
J’aime quelqu’un! Combien de sois je vais devoir le répéter?!
J’aurais vraiment voulu qu’il
arrête de me faire des avances, mais il n’avait pas l’air parti pour ça. Il m’a
même demandé si je préférais qu’il continue ou qu’il me laisse tranquille
jusqu’à ce qu’il ne soit plus capable de se retenir. Euh… Est-ce qu’il y a une
bonne réponse à ça? Soit je continue à subir ses avances quotidiennes, soit
j’ai un répit, mais à quel prix? Et puis, qu’est-ce qu’il entend par «ne plus
être capable de se retenir? Il va me sauter dessus?
Vu ce qu’il m’a proposé
ensuite, ça ne m’aurait pas étonnée que ce soit ce qu’il avait eu en tête. Il
m’a proposé de m’embrasser. Euh…
-Si je t’embrasse et que tu
n’aimes pas ça, je vais te laisser tranquille.
-Euh…
-As-tu assez confiance en tes
sentiments pour lui?
-Je ne vais pas vous laisser
m’embrasser. Alors tu n’as pas confiance?
-Ce n’est pas que je n’ai pas
confiance. Je ne veux juste pas que vous m’embrassiez.
(Et je n’ai pas peur d’aimer
ça… De toute façon, il n’est pas question que je me laisse faire.)
-Si vous le faites, nous
allons avoir notre première chicane de couple.
(Et je suis sérieuse. Je vais
vraiment être fâchée si vous le faites, surtout devant tout le monde.)
-Tu es certaine? Les
retrouvailles peuvent être passionnées…
-…
(Au secours… Pourquoi doit-il
toujours tout ramener à ça? C’est vraiment si amusant que ça de m’embarrasser?)
Jérôme est venu me voir. Il
voulait parler à Lemleck. D’accord, si je peux t’apporter un quelconque soutien
émotionnel et physique, ça me fera plaisir de t’accompagner. Nous sommes allés
voir Lemleck. Mais Fuu voulait parler à Jérôme. Lemleck et moi avions un peu de
difficulté à les suivre, alors nous sommes allés danser. Je n’en reviens pas.
J’ai demandé à Lemleck s’il voulait danser et il a dit oui. Après, Lemleck a
discuté avec Jérôme. Quand ils sont revenus, Lemleck se retenait pour ne pas
rire. Et Jérôme avait un peu l’air découragé. Ça s’est passé si mal que ça?
Je suppose que je devrais
retourner voir mon cavalier, avant qu’il se mette à croire que je l’ai
abandonné et qu’il me le fasse payer en me gênant encore plus. Fuu m’a suggéré
de lui dire qu’elle m’avait kidnappée. C’est donc ce que j’ai fait, mais
François ne m’a pas crue. À la place, il a insisté sur le fait que nous allions
partager le même lit. Mais vous êtes complètement malade? Je refuse que vous
m’embrassiez, alors vous pensez vraiment que je vais coucher avec vous?
-Non.
-Oui.
-Non! Je n’ai pas l’intention
de dormir dans la même chambre que vous!
-Qu’est-ce que tu n’as pas
compris dans «ce type nous offre l’hospitalité»?
-(Idée qui se fraie un chemin
dans ma tête)… Nous allons dormir ici?
-Oui.
-Nous allons dormir ici?!
-Oui et oh! Il n’y aura qu’un
seul lit. Alors quand je disais que nous allions dormir dans la même chambre,
j’avais raison.
-…Seigneur…
(Je ne me sens pas à l’aise.
Je sais bien que je n’aurai pas le choix de faire avec, parce que je ne veux
pas attirer d’ennuis à qui que ce soit, mais je ne me sens pas à l’aise du
tout.)
-As-tu apporté une chemise de
nuit?
-(Je ne savais pas que nous
allions dormir ici, alors bien sûr que j’ai apporté une chemise de nuit!) …Je
vais dormir avec ma robe!
-Je veux voir ça.
(Je vous garantie que c’est
tout ce que vous allez voir! Pas question que je me déshabille devant vous!)
Un serviteur nous a reconduits
à notre chambre. Muuu. Je ne me sens pas à l’aise… La seule chose qui me
rassure en ce moment, c’est que le lit est grand. Alors je vais pouvoir rester
de mon côté et lui du sien. Je me suis donc dépêchée de clamer ma possession sur
un des côtés en me jetant dessus. Ow. Ce n’est vraiment pas confortable avec le
corset.
-Ça c’est mon côté.
-Qu’est-ce que tu fais si je
veux ce côté?
-Je vais aller sur le divan.
-Le divan c’est un peu serré
pour deux…
-Alors je vais aller de
l’autre côté du lit!
(Mais arrêtez! Je ne vais pas
dormir collée contre vous, peu importe l’endroit!)
-Ce que j’essaie de te dire,
c’est que ce que je veux, c’est ton côté.
-Euh, non. Mon côté, votre
côté.
(C’est pourtant simple, non?)
Je l’ai senti se rapprocher, puis
commencer à délacer ma robe. WTF?
-On ne touche pas à la robe!
-Techniquement, je ne touche
pas à la robe.
-Ne touchez pas aux lacets!
-Tu ne vas quand même pas
dormir avec ça? Tu vas étouffer.
-Je n’enlève pas ma robe!
(Arrêtez de vouloir me
déshabiller!)
-Je n’enlèverai pas tes
sous-vêtements. À moins que tu ne me le demandes…
-Euh, non.
-Tu ne peux pas enlever ta
robe seule. Et tu n’as pas de femme de chambre : tu es mariée.
Finalement, j’ai accepté qu’il
enlève ma robe. L’idée ne me plaisait pas trop, mais il avait raison :
j’allais étouffer si je gardais ce corset toute la nuit. Je suis descendue du
lit et il s’est placé derrière moi. Il a tassé les cheveux sur ma nuque. J’ai
frissonné. Ne faites pas ça, c’est agr… Ne faites pas ça, c’est tout. Il a
délacé ma robe jusqu’à ma taille et il est retourné dans le lit… en continuant
de me regarder. Mais vous pensez vraiment que je vais me déshabiller si vous me
regardez? Je lui ai fait signe de se retourner.
-Tu préfères que je te regarde
ou que je m’imagine des choses en entendant tes vêtements tomber par terre?
-(Qu’est-ce que je préfère…?
Une minute, je suis vraiment en train de réfléchir à ça?) Je ne veux juste pas
que vous me regardiez!
-Je vais imaginer alors…
Au moins, il s’est vraiment
retourné. Moi je me suis dépêchée de me déshabiller et de retourner dans le
lit, les couvertures remontées jusqu’au cou. Si je n’avais pas eu peur de finir
par étouffer, j’aurais remonté les couvertures par-dessus ma tête. C’est à ce
moment-là qu’il s’est retourné.
-Je vais passer une mauvaise
nuit.
-Je ne peux rien faire pour
ça.
-Oui, mais tu ne veux pas.
-…
(Non, en effet, je ne veux pas
coucher avec vous pour vous aider à passer une bonne nuit.)
J’aurais voulu qu’il arrête de
me regarder. Est-ce que vous savez à quel point je suis mal à l’aise en ce
moment? Vous me regardez en vous imaginant je ne sais pas quoi m’impliquant moi
et un pas-de-vêtement et je sais que vous savez que je sais que vous y pensez, alors pourquoi vous
continuez?
J’aurais aussi voulu que nous
ne parlions pas d’Uvi. Ce n’est pas que j’ai un problème à parler d’Uvi, au
contraire, mais je n’aime pas qu’on en dise du mal.
-Est-ce qu’il te regarder avec
adoration? Comme s’il te vénérait?
-Euh… Nous ne sommes pas
encore rendus là… Mais il m’a écrit une mélodie…
-N’importe quel barde peut
écrire une chanson pour une noble qu’il a rencontrée et qu’il trouve jolie.
-C’était spécial : c’était
pour mon anniversaire.
-Peu importe. C’est un parfait
imbécile.
-Ce n’est pas un imbécile!
-Oui.
-Non!
-S’il ne te regarde pas chaque
jour avec vénération, alors c’est un parfait imbécile.
Vous n’auriez pas dû dire ça. Uvi
n’est pas un imbécile. C’est un homme vraiment bien et je l’aime. Et sa mélodie
était vraiment spéciale. Il avait même déchiré une page de son livre de musique
pour me l’écrire. Et elle est d’autant plus spéciale, qu’aujourd’hui je ne l’ai
plus. Alors ne parlez pas contre lui! J’étais fâchée, vraiment très
fâchée.
-Alors c’est ce qu’on dit
quand on dit qu’on ne peut pas rivaliser avec un mort?
-En fait, il n’est pas
vraiment mort.
-Il est mort ou il n’est pas
mort?
-C’est un peu compliqué. C’est
une histoire de…
-Je m’en fiche.
Avant même que je ne me rende
compte de ce qui se passait, François m’a assise sur le lit et il m’a
embrassée. Et quand je dis «embrassée», c’est «embrassée». Dieu merci, j’avais
déjà été embrassée de cette façon, sinon je crois que j’aurais été un peu
perturbée d’avoir sa langue dans ma bouche. J’ai quand même essayé de me
déprendre, mais il était trop fort pour moi et en plus, il maintenait ma tête
en place.
Il a fini par me lâcher.
-Ça, c’était trop!
-Je sais, mais je m’en fiche.
Je te veux et je ferai tout pour t’avoir.
-Euh…
Il s’est ensuite recouché et
il m’a tourné le dos. Euh… Je me suis aussi couchée en lui tournant aussi le
dos. Mes yeux étaient grands ouverts. Je n’arriverai jamais à m’endormir.
Est-ce qu’il va rester de son côté? Je suppose que je pourrais aller sur le
divan, mais je n’ai pas de couverture. Je pourrais utiliser ma robe? Mais je l’imagine
très bien se réveillant en plein milieu de la nuit, me voyant sur le divan et
me ramenant dans le lit. En plus, connaissant ma tendance à me réveiller collée
quand je ne dors pas seule, c’est moi qui pourrais être le facteur de risque.
Qu’est-ce que je fais…?
1 bisou:
awww courage Leila!!!
Je te supporte moralement!
Enregistrer un commentaire