J’avais donné à cet homme les meilleures années de ma
vie. J’avais utilisé les meilleures armes que je possédais, les seules d’ailleurs,
pour sans cesse le satisfaire.
J’ai toujours essayé du mieux que je le pouvais de lui
apporter un semblant de bonheur, même s’il n’était que temporaire et
superficiel. S’il était tendu, je le massais. S’il était préoccupé, je l’écoutais
d’une oreille attentive. Si ses devoirs et obligations lui donnaient une longue
journée, je m’arrangeais pour que son lit ne soit jamais froid à son retour. Je
ne m’opposais pas, je le satisfaisais et en échange, il m’offrait une vie de
luxe. C’était cela le marché, n’est-ce pas?
Certaines personnes qui ne sont pas d’accord avec les
choix que j’ai faits m’appelleront sa putain. En ce qui me concerne, je préfère
dire que j’étais la maîtresse officielle du seigneur du château. Dans les deux
cas, la situation est la même, mais «maîtresse» sonne moins ordinaire.
J’étais tout de même très différente d’une vulgaire catin
de ville qui vendait ce qu’elle avait entre les cuisses à n’importe qui pour
quelques pièces. J’imagine des hommes défilant les uns après les autres pour
mettre leur… Rien que d’y penser et j’aurais envie d’aller piger dans le
cellier du château pour me désinfecter de la tête aux pieds. Au moins, dans mon
cas, il n’y avait qu’un seul homme qui me passait dessus.
L’entente avait bien entendu des pour et des contre. Je devais
fermer les yeux sur certaines choses, mais en échange de mon entière et totale dévotion,
j’étais couverte de jolies robes, de bijoux… Traitez-moi de femme vaine et
superficielle si vous le désirez. C’est ce que j’étais et je m’en fichais
totalement. Le jour où le seigneur m’avait demandé d’être sa maîtresse, j’ai
tout de suite dit oui et au diable les regards et les remarques de désapprobation.
Ma vie allait être meilleure et je ne manquerais jamais de rien.
Vous aurez remarqué que je parle au passé depuis le
début. Je n’étais pas naïve au point de me dire que notre arrangement allait
durer toute la vie, mais jamais je ne me serais imaginé qu’il prendrait fin de
façon aussi abrupte.
Mon seigneur et amant, puisse-t-il rôtir en enfer, s’est
tout simplement lassé de moi et a décidé que je ferais partie de ces gens qui
étaient transformés en monstres. Il a même eu le culot de me dire qu’il me
garderait près de lui si je gardais un certain aspect esthétique après ma
transformation. Pardonnez-moi les paroles grossières que je suis sur le point
de prononcer, mais allez donc vous faire voir. Tout ce que nous avons vécu ne
signifie donc rien pour vous? Pensez-vous vraiment que je vais me laisser
faire?
Pour être honnête, je ne voyais pas vraiment comment je
pouvais m’en sortir, à moins de proposer une partie de jambes en l’air à tous
les gardes d’ici jusqu’à la sortie. Mais même en admettant que je sois
désespérée à ce point, que ferais-je une fois sortie du château? Retourner dans
ma famille? M’accepteraient-ils? Recommencer une nouvelle vie? Mais où? Et à
faire quoi?
Ce sont des étrangers qui m’ont sauvée, ou plutôt qui
nous ont libérés moi et les autres prisonniers et qui ont commencé à tabasser
sur les soldats. Quand ils ont commencé à partir, je me suis accrochée à l’un d’entre
eux pour être certaine de ne pas être oubliée. C’était probablement ma seule
chance de m’en sortir…
Il m’a finalement prise dans ses bras et a couru vers la
forêt. Mais il est tombé dans un trou rempli de gros pics. J’ai été quant à moi
très chanceuse. Cet homme m’avait sans aucun doute sauvé la vie, alors je
devais au minimum essayer de faire de même. Mais je n’étais qu’une faible femme
qui avait usé de ses charmes pour avancer dans la vie. La force? Pas mon
domaine.
Après lui avoir promis que je reviendrais, je suis partie
à la recherche de gens qui voudraient bien m’aider. Avez-vous déjà essayé de
trouver des secours dans une forêt, en pleine nuit? Pas évident.
J’ai failli me faire attraper par des soldats, mais je
suis finalement tombée sur des gens qui ont accepté de m’aider. J’ai réussi de
peine et de misère à retrouver le chemin jusqu’au trou et à l’aide d’une corde
faite maison, nous avons pu le sortir de là. J’ai dû sacrifier mes jupons!
L’idée de retourner en ville ne me séduisait pas trop,
mais mon sauveur semblait à l’article de la mort. Le jeune homme du groupe
voulait l’amener à sa mère, qui saurait quoi faire. En autant que nous restions
loin des soldats, je te suivrai n’importe où.
La mère du jeune a pris la situation en main dès qu’elle
nous a vus arriver : recoudre la plaie, faire des bandages, déshabiller le
malade… Mmmm… Je ne déteste pas du tout ce que je vois… Quoi? Je n’ai jamais
dit que je n’étais pas une voyeuse! Et puis, il faut essayer de trouver du
positif dans tout, non? Après tout ce que je viens de vivre, j’ai bien mérité
de me rincer l’œil.
Cette première étape passée, la matrone nous a déplacés
dans la grange pour nous cacher. La compagnie et l’odeur des cochons n’étaient
pas des plus agréables, mais au moins j’étais toujours en vie. Voir du positif…
Homme bien monté tout près de moi… Voir du positif…
J’avais aussi des potions à lui donner à chaque heure,
mais est-ce que c’était la première potion au complet la première heure et
ainsi de suite? Ou alors un peu de chaque potion à chaque heure? Mon premier
essai ne fut pas très fructueux. J’ai réussi le deuxième suite aux suggestions
du jeune homme. L’inconscient a perdu le grisâtre de son teint et après une
trempette complètement nu (héhé) dans l’abreuvoir des cochons, sa fièvre est
descendue.
La matrone a semblé satisfaite de nos efforts. Le malade
se portant mieux, il pouvait maintenant être déplacé. Mais avant toute chose, elle
m’a tendu une affreuse robe brune. Une histoire de ne pas vouloir de femme de
petite vertu qui ne portait pas de jupons. Je vous signale que le jupon n’a été
enlevé que pour sauver la vie d’un homme! Et puis cette robe est vraiment…
laide… et informe… et… laide. Je suppose que je dois faire avec…
Je me trouve présentement coincée avec l’inconscient et d’autres
gens qui sont aussi recherchés à ce que je comprends. J’espère que les soldats
ne nous trouveront pas. Je ne veux jamais retourner là-bas…
Anne Boleyn
2 bisou:
Malade! Je veux qu'elle revienne cette Anne Boleyn! xD
C'est vrai que c'était génial. J'ai adoré t'avoir auprès de nous dans ma game. J'espère que la prochaine fois que tu aura congé le lundi, tu pensera à nous en haut et que tu nous rejoindra pour un autre petit bout de game.
Il y aura toujours une place pour toi dans ma game, ma précieuse Anne Boleyn.
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