mercredi 10 septembre 2008

Entry 11

Cher journal,

J’ai pris quelques instants pour me calmer et quand j’ai senti que mes joues n’étaient plus chaudes j’ai recommencé à marcher. Quand j’ai tourné le coin, il n’y avait aucune trace de François. Est-ce que j’ai pris tant de temps que ça à reprendre mes esprits? François n’était pas non plus dans l’auberge, en tout cas je ne l’ai pas vu. Maël, Sakurako, Abigail et les trois enfants étaient en train de manger. J’ai décidé de me joindre à eux. Les trois chibis m’ont regardée avec des grands yeux quand je me suis assise. On s’est déjà vus ce matin alors quoi? J’ai quelque chose sur le visage?

Ça aurait été des instants très agréables si la petite drow ne s’était pas montrée le bout du nez. Est-ce que tous les drows chialent toujours dès qu’ils se lèvent?
-Je me suis réveillée avec juste un suiveux! J’exige que quelqu’un aille le chercher!
-Ben vas-y, go! lui aie-je répondu.
-…Je ne t’ai pas parlé, race inférieure!
-Oh non, je suis une race inférieure!
(Je comprends qu’un drow n’aime pas un elfe et vice versa, mais de là à dire qu’une race ou une autre est inférieure…)
C’est finalement le petit drow qui est allé chercher Kikuchi (il prenait son bain). J’espère que les enfants ne l’ont pas trop maltraité ce matin. Je me sens un peu désolée de l’avoir laissé là, mais pas beaucoup. J’avais vraiment envie de passer du temps avec François. Nous n’aurions jamais été tranquilles avec les enfants et nous n’aurions jamais pu… nous embrasser de cette façon devant eux. Rourou… Je me demande où il est passé…

Il fallait maintenant ramener le petit elfe chez lui. C’était le seul des cinq enfants qui habitait dans cette ville. Maël l’a pris dans ses bras et nous nous apprêtions à sortir quand Quentin et Takeo sont arrivés. Les enfants avaient l’air d’avoir peur de ce dernier. Il a cependant réussi à les amadouer avec des gâteaux au chocolat. Dieu merci il avait pensé à en prendre pour Sakurako parce que je crois qu’elle était prête à en voler un (ou plus qu’un) aux enfants. C’est finalement seulement Takeo qui a ramené le chibi elfe chez lui. En son absence, la petite drow s’est remise à chialer. Assommez-là quelqu’un… Sinon c’est moi qui vais finir par le faire… Je suis désolée, c’est une enfant et je ne devrais pas penser comme ça, mais c’est plus fort que moi. J’aurais envie de lui taper dessus pour qu’elle se taise.

J’ai finalement décidé de sortir avant de commettre un infanticide. Reste zen Leila… Ce n’est pas ton genre de t’énerver comme ça. Tu es une personne calme et réfléchie alors prend de grandes inspirations et tout va bien aller… Seigneur… Je pense que je ne m’étais pas énervée autant depuis avant mon départ de ma ville. J’en avais tellement assez des prétendants que mes parents me présentaient que j’étais en train de me rebeller. Je sais que les gens pourraient avoir de la difficulté à m’imaginer avec un caractère, mais je jure que quand la nécessité s’en fait sentir, je peux vraiment me fâcher. Je sais, c’est presque aussi idiot que quand je dis que je suis evil, mais ça peut tout de même arriver en de très rares occasions.
Je suis allée m’assoir sur le banc qu’il y avait devant l’auberge et j’ai vu du coin de l’œil Takeo qui revenait, seul. Le petit elfe est donc en sureté. Tant mieux. Tout va bien Leila. La vie est belle… Les oiseaux chantent… Sakurako sort de l’auberge avec les deux petits humains… Huh?
-Ils font quoi là? lui aie-je demandé.
-Ils sont en méga plan!
Elle a bouché les oreilles d’un des enfants.
-Bouche les oreilles de l’autre! m’a-t-elle demandé.
Je le jure, cette petite a tout un caractère. Je me suis empressée de faire ce qu’elle me demandait avant qu’elle ne se fâche. Je n’aurais pas trop envie de voir ça.
-C’était rendu… trop! Ils ont été assez traumatisés comme ça!
(Je comprends. Ce qui était en train de se discuter n’était pas pour des oreilles d’enfants. Ces pauvres petits n’avaient pas besoin d’entendre parler de batailles, de morts ou de sang. Nous ne voudrions surtout pas les ramener à leurs parents complètement traumatisés de la vie.)
-Tu as bien fait! aie-je dit à Sakurako.
-Fiou!
(Elle a semblé soulagée que je sois de son avis. Comment je pourrais ne pas l’être? Tu voulais juste les protéger.)

Nous avons enlevé nos mains des oreilles des deux enfants, qui nous regardaient avec des points d’interrogation au-dessus de leurs têtes.
-Qu’est-ce qui se passe? a demandé le garçon.
-Je ne sais pas, lui a répondu la fillette, mais elle, elle fait des drôles de faces!
(Ça c’est vrai. Sakurako est très expressive du visage et dans ses gestes quand elle parle.)
La situation s’étant calmée, J’ai sorti mon petit sac de rubans de mon sac à dos et j’ai déposé les rubans à côté de moi sur le banc. Je n’aurai sans doute pas d’autres occasions d’accomplir cette tâche alors vaut mieux en profiter maintenant… avant qu’il ne revienne à l’auberge. La fillette s’est placée devant moi et m’a regardée avec des grands yeux pleins de sparkles. Il aurait été difficile de manquer cette demande silencieuse qu’elle me faisait.
-Tu veux m’aider? Il faut séparer les rubans roses du reste!
Elle ne se l’est pas fait demander deux fois. Elle a semblé très heureuse de me donner un coup de main. Quelle fillette n’aurait pas aimé s’amuser avec des rubans de toute façon?
-Hé! C’est parce qu’elle t’aide, mais elle s’aide aussi! est intervenue Sakurako. Si tu veux des rubans, tu peux le demander à Leila! Et moi je pourrais te brosser les cheveux et te faire des tresses?

Nous aurions pu lui proposer de l’or et je ne pense pas que ç aurait fait une différence. Elle était aux anges, mais le garçon.
-Oh non… Je retourne en-dedans avec les hommes!
(Réaction typique d’un garçon.)
Une fois entre filles, nous avons entrepris de coiffer la fillette. Nous lui avons fait deux tresses. Je lui ai refilé deux rubans roses. Elle était contente et moi ça m’en faisais deux de moins. Maintenant, qu’est-ce que je vais faire avec les autres…? Il a fallu que François revienne à l’auberge à ce moment-là. Rourou…
-Tiens, des rubans roses, a-t-il commenté.
«Quand tu parles de ruban rose, ça me fait fantasmer». Au souvenir de cette phrase, je me suis tout de suite mise à rougir. Je ne voudrais pas qu’il s’imagine des choses parce qu’il y a un tas de rubans roses à côté de moi.
-Euh, non…
J’ai (pas subtilement du tout) tassé les rubans compromettants et je les ai jetés dans mon sac à dos. François m’a souris.
-J’ai dû halluciner alors. Ça arrive aux hommes parfois…
Je n’ai pas pu m’empêcher de rougir encore. C’est juste qu’il y avait ce petit quelque chose dans sa voix que j’aimais et qui me faisait tant d’effet. Rourou…

Il est rentré dans l’auberge et nous l’avons suivi de peu. Il est monté directement en haut, mais nous sommes restés en bas pour nous joindre au plan. Une partie du groupe irait dans l’autre ville pour ramener les deux humains chez eux. Et on dirait que nous allions être pris avec les deux drows plus longtemps, car ils habitaient dans les montagnes et voulaient absolument retourner chez eux. Moi j’aurais plutôt été d’avis qu’on les laisse dans la ville d’à-côté (c’est une ville d’humains et de drows après tout). Takeo, Quentin et Kikuchi ramèneraient les deux humains. Ça ne me posait aucun problème parce que je n’avais pas l’intention de mettre les pieds dans un endroit rempli de drows. Ça me mettait un peu mal à l’aise. De ce côté-ci, nous allions attendre leur signal (une explosion, super subtil) avant d’entrer.

Tout semblant s’être dit, je suis montée à l’étage pour dire au revoir à François. Ça me redonnerait du courage de le voir (et peut-être de l’embrasser…) avant de partir, car je n’avais pas un super bon feeling à propos de tout ça. C’est juste qu’il me semble que notre plan n’est pas assez… complet? Ça ne me dérange pas de marcher dans l’inconnu avec François, mais dans ce cas-ci je n’aimais pas vraiment.

Toc, toc.

François m’a tout de suite ouvert.
-Je voulais juste te dire au revoir. On s’apprête à partir.
-D’accord. Tu leur diras qu’ils attendent tous soit à l’auberge ou soit au port, parce que le bateau ne sera pas aux deux endroits!
-Ok.
-Et j’allais oublier…
Il m’a tirée dans la chambre par le poignet, a refermé la porte de son autre main pour finalement me plaquer contre le mur en me tenant par les deux épaules. Cette fois-ci, je n’ai pas perdu mon temps à penser à lui demander ce qu’il avait en tête, car je le savais très bien. Il a plaqué sa bouche sur la miennes et m’a frenchée. Ce n’était pas un petit french kiss qui donnait des papillons dans l’estomac ou qui faisait rougir. C’était le genre de baiser qui donnait des étourdissements, des bouffées de chaleur et qui était surtout très enivrant. Je ne sais pas comment François s’y prend, mais à chaque fois qu’il m’embrasse (surtout de cette manière), je perds la capacité de penser et mon corps réagit par lui-même. Peut-être que ce sont ses mains qui me serrent contre lui et m’empêchent de m’échapper, ou alors ses lèvres qui s’emparent des miennes de façon si avide, ou peut-être sa langue qui caresse la mienne…?

C’était sans doute la combinaison de tout ça parce que j’avais envie qu’il me donne encore plus de tout. J’étais devenue insatiable. Jamais je ne m’étais sentie attirée par quelqu’un. J’ai cru que je l’étais envers Logan, mais je me rends compte aujourd’hui que je le trouvais à mon goût, sans plus. Avec François… Je frissonne rien qu’en pensant à lui alors quand il m’embrasse… ou qu’il me touche, je veux qu’il continue. J’étais aussi en train de perdre toute notion du temps alors quand sa bouche a finalement lâché la mienne, je n’aurais pas pu dire combien de temps il s’était écoulé depuis le début du baiser. Quelques secondes? Quelques minutes? Peu importe. Toujours collée contre lui, mes bras autour de son cou, je reprenais mon souffle. Mon regard passait de ses yeux à sa bouche et refaisait le chemin inverse. Je suis certaine que j’ai encore un peu de temps avant notre départ alors pourquoi pas un autre baiser…?

Quand il a relâché son étreinte, je l’ai retenu contre moi en m’agrippant par le col de son chandail.
-No, don’t stop… not yet…, lui aie-je murmuré.
J’ai levé ma tête vers la sienne et j’ai pris l’initiative du baiser. Je voulais goûter à ses lèvres. Jusqu’à présent, ça avait toujours été lui qui m’avait embrassée alors au moins cette fois-ci, je voulais savoir ce que ça faisait que d’embrasser quelqu’un et de le sentir s’abandonner à nous. Je l’ai d’abord embrassé lentement, tout doucement, goûtant à ses lèvres d’un bout à l’autre. Quand j’ai été satisfaite de mon exploration, j’ai un peu intensifié mon baiser. J’insiste sur le «un peu». Jamais je n’avais eu d’initiative dans ce domaine et jusqu’ici avec François je m’étais contenter de réagir et non d’agir. Et si je ne faisais pas comme il faut et que ça lui déplaisait? Je n’ai pas d’expérience dans le domaine alors comment je suis censée savoir si ce je fais lui plait? Lui demander à chaque trente secondes? Heureusement pour moi, soit il s’est lassé de ma lenteur ou soit il a compris mon indécision, mais il a pris le contrôle des choses avant que je n’aille plus loin. J’adore ses baisers…

Éventuellement, nous nous sommes lâchés. Je me suis accotée contre le mur le temps que mon souffle me revienne.
-Il y avait un ruban rose, m’a-t-il murmuré, comme pour se justifier de ce baiser.
-…
J’ai baissé les yeux et je me suis remise à rougir. Qui aurait cru un jour que la simple mention d’un ruban rose me ferait autant d’effet? Quand j’ai fait le ménage de mon sac tout à l’heure, j’ai eu envie de me défaire de tous ceux que j’avais, mais là je me dis que… peut-être… j’en aurai besoin un jour… Quoique je ne sais pas si j’oserai jamais y faire allusion. C’est beaucoup trop direct pour moi. Quand j’ai rejoint les autres, je n’avais plus du tout la tête au sauvetage. Je pensais surtout que j’avais hâte de revenir, d’embarquer sur le airship et de retrouver François. J’espère qu’il n’a pas oublié qu’il me doit une chanson. Je me demande bien ce qu’il va me chanter…?

Biloss nous a menés à l’entrée du repaire des vendeurs d’esclaves. Après, nous avons attendu le signal des autres durant de longues heures. Mais qu’est-ce qu’ils font? J’étais presqu’en train de m’endormir quand la fameuse explosion a finalement retenti. C’était maintenant à notre tour de jouer, mais si j’avais su ce qui nous attendait à l’intérieur, j’y aurais réfléchi à deux fois avant d’y aller. Nous avons réussi à entrer sans problème, mais peu après, nous sommes tombés sur environ quarante gardes. À quarante contre cinq, il était évident que c’était un véritable suicide pour nous. Le combat venait à peine de commencer que je devais utiliser mon seul sort de healing pour me soigner. Nous allons tous mourir ou peut-être même pire… J’ai repensé à ce que François m’avait dit qu’il pouvait m’arriver si je me faisais attraper par ceux qui le poursuivait. J’y ai repensé et j’ai commencé à avoir peur. Muuu… Je ne veux pas que… Je veux sortir d’ici vivante et… intacte et je veux retrouver François. Au secours… Quelqu’un?