mardi 26 août 2008

Entry 10

Le restant va suivre dans un autre post.

Cher journal,

Dès que je me suis levée, j’ai filé directement à la salle de bain. Je voulais être certaine de ne pas manquer François avant son départ, alors je me suis dépêchée de me laver et de me changer. J’ai mis mes habits sales dans mon sac et je me suis donnée un petit coup de peigne avant de sortir. La dernière chose que je voulais c’était de me présenter devant lui toute échevelée. I want to look my best in front of him, especially because of what I have in mind…

Je suis ensuite montée en haut et c’est à ce moment-là que j’ai eu un éclair d’intelligence : je ne savais pas du tout dans quelle chambre était François. Bon… Je pense que je n’ai pas d’autre choix que de cogner aux portes une à une jusqu’à ce que je trouve la bonne. Je n’ai pas eu de réponse aux deux premières. Après avoir cogné à la troisième porte, un dude qui schling m’a répondu.
-Bonjour mademoiselle!
-Euh… Bonjour… Désolée pour le dérangement! Je me suis trompée de chambre!
-Vous ne me dérangez pas du tout! Vous voulez entrer prendre un café?
-Euh, non! Franchement! Au revoir!
(Il se passe quoi dans cette auberge? L’aubergiste contamine les gens avec sa nourriture et les rend débiles? Même si ce n’était pas le cas, pour qui se prend cet homme? J’ai l’air d’une fille qui entre dans la chambre des hommes qu’elle ne connaît pas? Il n’y a qu’une seule chambre dans laquelle je désire entrer en ce moment et ce n’est pas la vôtre!
-Attendez mademoiselle! Si je vous dis que vous me dérangez un peu, vous voulez bien entrer?
-…Non.
-Oh…
(C’est ça! Ait l’air autant déçu que tu veux! Ce n’est pas toi qui m’intéresse, alors va donc voir ailleurs si j’y suis!)

En m’éloignant de la chambre du dude qui schling, j’ai entendu des rires d’enfants qui venaient de derrière une porte. Quentin avait emmené les kids avec elle et François dormait dans la même chambre qu’elle. Tu peux y arriver Leila!

Toc, toc.

La porte s’est à peine entrouverte.
-Hihi!
La porte s’est refermée. Euh…

Toc, toc.

La porte s’est encore entrouverte pour se refermer aussitôt sous le rire d’un enfant. Ok… Je ne dois pas me faire avoir la prochaine fois. J’ai cogné de nouveau et quand la porte s’est ouverte, j’ai mis ma main dessus pour qu’elle ne se referme pas.
-Salut! Il y a quelqu’un d’autre de réveillé dans la chambre?
-Non!
J’entendais pourtant du bruit à l’arrière.
-Je peux entrer? lui aie-je demandé.
-C’est quoi le mot de passe?
-(Mot de passe?) Euh…
-Patate! m’a crié François.
-Euh… Patate?
-C’est de la triche… Il l’a dit…

Le chibi tout déçu m’a laissée entrer et j’ai vu François assis en indien sur le lit, les cheveux encore ébouriffés. Il est mignon quand il vient juste de se réveiller... Enfin, je veux dire… Il est toujours mignon, mais de le voir comme ça, ça me donnerait envie de passer ma main dans ses cheveux et de les replacer. Je suis certaine que ses cheveux sont doux… God, I think I’m going to shut up now. François était en train d’essayer de faire une tresse à la petite humaine. C’était décidemment trop mignon comme scène.
-Pitié, dites-moi que vous savez faire des tresses, m’a-t-il demandé, ayant l’air plutôt désespéré.
-Bien sûr!
-Va la voir Isabelle, a-t-il demandé à la petite fille.
Il lui a donné la brosse et elle est venue me voir. Elle était si mignonne que même si je n’avais pas eu envie de lui faire une tresse, je n’aurais pas pu dire non. Je me suis agenouillée et je me suis appliquée à lui faire la plus belle tresse possible. François m’a remerciée silencieusement. Pas de problème, ça m’a fait plaisir.

-Alors… Vous avez passé une bonne nuit? lui aie-je demandé.
(Moi non. J’ai passé mon temps à penser à toi.)
-Ce n’est pas la nuit qui a été un problème, mais plutôt le réveil. Vous avez une petite idée à quelle heure ça se lève?
(Il pointait les enfants.)
-Ils sont debout depuis combien de temps?
-À peu près deux heures.
-Oh…
(À voir son visage, ça ne lui avait pas énormément plu.)
-Alors, qu’est-ce que je peux faire pour vous? m’a-t-il demandé.
-Et bien… Comme nous allons être bientôt séparés, il y a deux ou trois petites choses que j’aimerais vous demander.
-Allez-y.
-Et bien… J’aurais aimé vous parler là où nous n’aurions pas été dérangés… Quentin n’est pas là?
-Si elle était là, vous pensez que je serais encore ici?
-…Je suppose que non.
(Il n’avait en effet pas l’air enchanté d’être en compagnie des enfants.)
-Alors, vous vouliez me dire…?
-…Vous pensez qu’on pourrait trouver quelqu’un, n’importe qui, pour garder les enfants?
François est sorti et a ramené Kikuchi-qui-se-bave-dessus pour qu’il garde les enfants. Il était un peu trop comateux à mon goût, mais au moins, ça faisait une présence adulte avec les petits et ça nous évitait à François et à moi de rester. Si nous étions restés, avec les «quand est-ce que je vais retrouver ma maman?» à chaque deux minutes, jamais je n’aurais pu dire à François ce que je voulais lui dire.

Nous sommes donc sortis et François a poussé un grand soupir de soulagement. Il avait encore moins envie d’être avec les enfants que ce que je croyais.
-Ça vous ennuie si nous sortons? lui aie-je demandé. Je ne voudrais pas que nous soyons interrompus par quelqu’un du groupe.
-Très bien.
Nous sommes descendus en bas et François a constaté avec joie qu’il n’y avait personne dans la salle à manger.
-Il n’y a personne? Tant mieux, il n’y a personne. On sort quand même?
-Oui.
(Il n’y avait presque personne hier soir et pourtant, nous étions à peine assis que nous avons commencé à nous faire interrompre sans arrêt. Je ne veux pas prendre de chance aujourd’hui.)
-Bonjour monsieur! Bonjour madame! Vous voulez votre petit déjeuner? Il est très content de vous voir!
Oh non, pas lui! Je l’avais oublié! J’ai agrippé François par la main et je l’ai traîné vers la sortie.
-Attendez!
(Attendre? Pas question! Je n’ai pas l’intention de laisser un aubergiste débile gâcher mon moment!)

J’ai couru jusqu’à ce que l’auberge soit hors de vue. Comme ça, on aura peut-être la paix.
-Je ne savais pas que nous étions rendus à ce point de notre relation, a dit François, en baissant les yeux vers nos mains.
J’ai aussi baissé les yeux et je me suis rendue compte que je tenais toujours sa main dans la mienne. J’ai un peu rougi et j’ai détourné le regard, mais je n’ai pas lâché sa main. Après hier soir, ça ne me dérangeait pas du tout de tenir sa main.
-Je n’ai jamais été si content de quitter une chambre d’hôtel, m’a-t-il dit.
Il a enlevé quelque chose de ses cheveux : c’était un ruban rose.
-Et c’était rose en plus… Si jamais vous parlez de ça à qui que ce soit…
-Je n’en parlerai à personne, lui aie-je promis. Mais est-ce que je peux en rire?
-…
(Je ne sais pas si c’était un regard fâché ou découragé qu’il m’a lancé.)
-Quoi? C’est mignon le rose. Pfft!
-…I think I just lost my masculinity! Dites-moi, vous êtes lesbienne?
-Euh… non… En fait oui, mais…
(Je savais que François m’avait posé cette question pour que je réponde oui, comme il plaisantait sur le fait qu’il était lesbienne. Mais si jamais je répondais oui et qu’il le prenait au sérieux? Ou que je répondais non et qu’il le prenait tout aussi au sérieux?)
J’essayais de trouver la bonne manière de dire que je n’étais pas lesbienne parce que j’aimais ce qu’il me faisait et qu’il était un homme quand il a éclaté de rire. Euh…
-Désolé, s’est-il excusé. Ça m’a fait du bien.
-…Ça va.
(Il faudrait vraiment que j’apprenne à réfléchir moins avec ma tête et plus avec mon cœur, à être un peu plus spontanée. Je trouve que j’analyse un peu trop mes réponses.)
-Alors, vous vouliez me dire…?
-Et bien… Est-ce qu’on pourrait trouver un endroit tranquille où on ne risquerait pas d’être dérangés?
-Pourquoi pas un café?
-Euh… J’aurais préféré un endroit avec encore moins de monde, genre un parc.
-Il vaut mieux que je ne m’éloigne pas trop, sinon ma sœur ne retrouvera pas son chemin. Le parc le plus près est à dix minutes de marche.
-On pourrait courir?
-Il ne vaut mieux pas.
-D’accord… Va pour ce banc alors.

Toujours main dans la main, nous sommes allés nous assoir sur un banc qui se trouvait entre deux boutiques.
-Alors…?
-Et bien… Je voulais vous demander… Quand on sera en sécurité sur l’airship, est-ce que vous accepteriez de chanter pour moi? J’ai beaucoup aimé vous entendre chanter l’autre jour à l’auberge.
-Vous êtes une barde, vous ne devriez pas être jalouse?
-…D’accord… Je suis jalouse que vous ayez une très belle voix!
(J’ai essayé de prendre mon air le plus méchant en disant ça. J’ai tellement dû avoir l’air pathétique.)
-Ça me fera plaisir de chanter pour vous.
-Bien…
(Dans ma tête, c’était plutôt : Yééé!!!)
-Est-ce que c’était tout?
-Non… Je voulais aussi vous demander… Je vous l’ai déjà demandé hier soir, mais il faut quand même que je vous le demande encore : soyez prudent, d’accord? Vous allez faire un truc dangereux et pas nécessairement honnête à peu près tout seul et…
-Qu’est-ce qui vous dit que c’est un truc pas très honnête?
-Vous l’avez dit, à Biloss : Est-ce que vous avez un problème à faire un truc pas très honnête? Et comme il faut trouver un moyen de transport…
-Vous avez assumé.
-…Oui… C’est mal?
-Non. Comme Biloss voulait voyager avec nous, je le testais tout simplement.
-D’accord.
(Avec la vie qu’on mène présentement, je suppose qu’on ne peut pas se permettre d’être trop honnêtes.)
-Vous n’avez pas à vous en faire, je vais être prudent. Après tout, j’ai deux personnes vers qui revenir maintenant…

Qu’il sous-entende très clairement qu’il allait être prudent pour revenir auprès de moi m’a fait très chaud au cœur. Rourou…
-Est-ce qu’il y avait autre chose?
-…Oui… Et bien…
Seigneur… Comment je vais faire pour…? Je n’ai jamais fait ça avant. Je suppose que je dois juste prendre mon courage à deux mains. J’ai pris une grande inspiration et j’ai levé mon visage rouge tomate vers lui. Je me suis ensuite approchée de lui et je l’ai embrassé, tout doucement et plutôt rapidement.
-…Pour la chance, lui aie-je simplement dit.
-Oui, avec ça c’est sûr que je vais revenir… avec les deux jambes cassées.
-Muuu…
(Je ne veux pas que tu reviennes avec les deux jambes cassées…)
-Mais si j’avais autre chose…
J’ai tout de suite compris qu’il voulait que je l’embrasse encore. Je suppose que je ne dois pas être si pourrie que ça s’il m’en redemande. Cette petite phrase a été suffisante pour que mon courage surpasse ma gêne et que je l’embrasse à nouveau, un peu plus longtemps cette fois.
-Je devrais revenir avec mes deux pieds.
-…

Ben là… Je t’ai embrassé de ma propre initiative, deux fois. Qu’est-ce que je peux faire de plus? Tu n’as pas idée à quel point c’est un très grand pas pour moi. Je veux bien faire pour toi certaines choses que je ne fais pas normalement, par exemple être plus directe dans certaines situations. Mais il y a tout de même certaines étapes que je ne suis pas prête à franchir, même pour toi. Alors si tu t’attends à plus de ma part…
-Tu permets? m’a demandé François, en mettant doucement sa main sur ma joue.
-Oui…
(Tu n’as plus besoin de me demander ma permission pour m’embrasser, tu sais…)
En glissant sa main derrière ma tête, il m’a rapprochée de lui et il m’a embrassée, comme il m’avait embrassée hier soir. Cette fois-ci, je n’ai pas eu peur et je me suis laissée guider par ce que mon corps me disait. Et ce que mon corps me disait, c’était que j’avais envie de l’embrasser autant que j’avais envie qu’il m’embrasse. Je crois que je suis en train de devenir accro à ses baisers. Tout me plaît dans ses baisers : le goût de ses lèvres, la douceur de sa peau, ses mains qui m’entouraient et me gardaient contre lui… Tout ce qu’il me faisait était nouveau pour moi, mais maintenant que j’avais ressenti ces émotions, je n’aurais plus voulu m’en passer.

Quand François a arrêté de m’embrasser, il s’est penché à mon oreille. Il était si près que je sentais ses lèvres contre mon oreille et son souffle sur ma peau.
-Maintenant, c’est certain que je vais revenir, m’a-t-il murmuré.
-…
J’adore ta voix, sais-tu seulement à quel point? Quand tu me parles et que tu prends ce ton de voix si captivant, si… sensuel… Tu me fais presqu’autant d’effet que lorsque tu m’embrasses. Après que François m’eut parlé, je me suis mise à rougir, à cause de l’effet que sa voix me faisait et aussi à cause qu’il m’avait dit qu’il voulait revenir en partie à cause de moi et de nos baisers. Rourou… Je ne m’étais pas sentie aussi bien depuis longtemps, depuis que j’étais partie de chez moi pour être exacte. Pour la première fois depuis cinq ans, j’envisageais d’entamer une relation avec quelqu’un, avec un homme très charmant et qui embrassait comme pas un (enfin, je n’ai jamais été embrassée de cette façon, mais je trouve qu’il embrasse très bien). Je me sentais assez en confiance pour le laisser m’embrasser et me serrer contre lui. Et moi qui avais toujours été si à cheval sur le fait de ne pas me montrer familière avec les gens (surtout les hommes) que je rencontrais, je me laissais tutoyer par François et je le tutoyais en retour. Et ça ne me posait pas aucun problème. Je me sentais toujours un peu mal à l’aise avec lui dans certaines situations, mais tranquillement pas vite, ça s’améliorait. Il était en train de restaurer ma foi dans les hommes. Peut-être qu’il y a de l’espoir…?

Nous sommes restés un peu sur le banc, l’un contre l’autre, à discuter de trucs… vraiment pas importants parce que je ne m’en rappelle déjà plus, mais François voulait retourner à l’auberge pour être là quand sa sœur reviendrait. Il m’a prise par la main, a emprisonné mes doigts entre les siens et nous sommes retournés vers l’auberge. J’aimais tellement qu’il me tienne par la main que j’ai recouvert de mon autre main le dos de sa main qui me traînait. Rourou. Le sentiment de bonheur et de bien-être que je ressentais en sa présence n’a cependant pas duré longtemps. Dès que nous sommes retournés sur la rue principale, les membres du groupe qui étaient fonctionnels (aka qui ne se bavaient pas dessus), ont soudainement popé out of nowhere. Here we go again....


Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion.