mercredi 14 janvier 2009

Je suis en train de perdre le contrôle sur mon existence...

Une procession de prêtresses a amené le petit Sven jusqu’au temple de Lloth et l’a installé sur l’autel. Il devait se faire sacrifier. Maël a commencé son combat contre l’homme-chien, mais elle est rapidement venue me rejoindre et elle a brisé mes chaînes avec sa hache. Les choses se sont ensuite enchaînées à une vitesse vertigineuse et nous avons dû nous battre. J’ai failli tuer Quentin. Elle était déguisée en drow et je ne le savais pas. Quand je l’ai vue s’approcher de notre autel, j’ai essayé de l’assommer avec mes chaînes. L’autre drow qui l’accompagnait m’a entourée d’un mur d’eau pour que je ne puisse plus rien faire. C’est à ce moment-là que je me suis rappelée de la boucle d’oreille. J’ai donc demandé au dragon d’enlever le mur d’eau autour de moi puis d’en faire un autre tout autour de nous pour que les renforts de nous attaquer. Je ne sais pas combien de drows ont péri noyés, mais c’était un nombre assez élevé. Moi qui m’étais jurée de ne jamais tuer, je venais de trahir mon serment en une fraction de seconde.

Et ça n’a pas été tout. Les prêtresses sur l’autel allaient tuer le petit Sven alors j’ai demandé au dragon d’enlever l’eau de leurs corps. Elles se sont transformées en petits tas de poussière. En l’espace de quelques minutes, je venais de tuer une quinzaine de prêtresses et plusieurs dizaines d’autres drows. Je suis en train de me transformer en monstre… Mon cœur n’a pas arrêté de se serrer à partir de ce moment-là. Je venais de tuer des êtres vivants, pleins. D’accord c’était des drows et si ça n’avait pas été eux ça aurait été nous, mais je me sentais très mal avec ma décision. Je me sentais comme si je venais de perdre une partie de mon innocence.

J’ai laissé Biloss et Maël faire un trou dans la paroi rocheuse au-dessus de nous pour que nous puissions sortir d’ici. Et moi qui étais en train de penser à tuer les autres drows qui se trouvaient derrière mon mur d’eau. Je suis vraiment en train de devenir un monstre. Je pense au meurtre comme première solution pour m’en sortir. J’ai même demandé au dragon s’il pouvait le faire. Il m’a répondu que oui, mais qu’il avait déjà fait assez pour moi. Si je voulais qu’il m’aide encore, je devais accepter de devenir son maître. La clause «ne pas tuer et ne pas aider à tuer» étant très claire, j’ai accepté. Avec tous les problèmes qui nous tombaient dessus, avoir plus de pouvoirs ne serait pas un luxe. Comme le calme était revenu, j’ai essayé de me diriger subtilement vers le temple tout en me cachant le postérieur avec mes mains. Si je pouvais prendre la jupe d’une des prêtresses que j’avais tuées, je ne serais plus atrocement gênée. Takeo m’a remarquée et il m’a tendu sa tunique bleue. J’ai été très touchée par son geste. Il a bien vu que je me sentais mal à l’aise et il m’a donné un coup de main. Si un jour je peux lui rendre la pareille…

Nous avons tous réussi à sortir sans problème. Personne n’était sérieusement blessé, à part le petit Sven, qui avait failli y laisser sa peau. Quentin l’avait soignée et Maël avait décidé de l’emmener avec nous. Notre petit groupe comptait maintenant en plus un bébé hibou atteint de gigantisme et un chibi drow mignon comme tout et très soumis aux femmes. L’homme-chien est parti de son côté et l’arcadien est reparti chez lui, en emmenant l’elfe avec lui. Quand l’elfe a dit qu’il venait d’Idrazz’il, je me suis sentie très nostalgique. Je me demande ce que mes parents sont en train de faire en ce moment. S’inquiètent-ils encore pour moi? Ils me manquent tellement… J’ai failli demander à l’elfe de leur transmettre un message de ma part, mais je n’ai finalement rien dit. Je l’ai regretté par la suite, mais j’avais trop peur que mes parents ne viennent me chercher et me ramènent de force à la maison. Je n’aimais pas particulièrement la situation dans laquelle je me trouvais en ce moment, mais je ne voulais pas partir. Il fallait que je retrouve François. Un jour peut-être je reverrai mes parents, mais pas tout de suite.

Nous avons marché pendant quelques jours dans la forêt. Je suis restée silencieuse tout le long du trajet, n’arrêtant pas de penser à ce qui s’était passé chez les drows. Dès que j’en aurai l’occasion, je m’enfermerai seule dans une pièce et je boirai pour oublier tout ça. Nous avons fini par apercevoir au loin un village entouré de palissades. Maël est allée faire un tour de reconnaissance pour demander si nous pouvions y passer la nuit. Elle est revenue avec une réponse positive. C’était un village de nains, mais c’est un arcadien très grand qui nous accueillis à l’extérieur des palissades. Son nom était Perceval the bodyguard. Il m’a d’abord fait peur, mais j’ai fini par le trouver assez sympathique. Il nous a demandé de laisser nos armes à l’entrée. Takeo ne voulait pas laisser son épée, il est resté à l’extérieur. Perceval a lancé Biloss et Kikuchi par-dessus la palissade comme si c’était des sacs de patates. C’est pour ça que j’ai eu un peu peur de lui, je pensais qu’il allait nous faire la même chose. Il s’est comporté en parfait gentilhomme avec les femmes du groupe. Il nous a prises dans ses bras et a volé par-dessus le mur pour ensuite nous déposer doucement sur le sol.

Il nous a invités chez lui pour souper. Heureusement pour moi, il n’y avait pas que de la viande. Je pense que j’aurais préféré me laisser mourir de faim plutôt que de manger la même chose que les non-elfes. Après le repas, des nains sont venus dans la maison. La demeure de Perceval n’étant pas assez grande, ils allaient nous héberger. Quentin et moi nous sommes retrouvés au même endroit. Après un tour rapide de la maison, nos hôtes nous ont laissées à nous-mêmes. Quentin est allée à la salle de bain pour enlever son maquillage de drow et moi je suis montée à notre chambre. Je me suis mise à l’aise pour la nuit et j’ai entamé une de mes bouteilles de vin. J’ignore quelle quantité j’ai bue, mais quand je me suis finalement couchée, ma tête tournait et j’avais presque oublié pourquoi je me sentais aussi mal.

Je me trouvais dans un demi-sommeil plutôt trouble quand j’ai entendu cogner à la porte.
-Oui?
-Ouvre.
C’était la voix de François. Mais qu’est-ce qu’il fait ici? Il n’était pas prisonnier de Cirqui? Il faut croire que non. Je me suis levée pour aller lui ouvrir, remarquant en passant que Quentin n’était pas dans la pièce. C’était bien François à la porte. J’étais fatiguée et j’avais l’esprit embrouillé par l’alcool, alors j’ai été incapable de déterminer si c’était un rêve ou la réalité. C’était trop beau pour être vrai, mais en même temps trop réel pour être un rêve.
-Qu’est-ce qui se passe? lui aie-je demandé.
-Je voulais te voir.
-…

Rourou… Tu m’as manqué. Et ta voix... Elle me fait toujours autant d'effet. C’est juste dommage que ça soit un rêve. C’est ce que je croyais, mais mon corps ressentait des sensations très intenses. Quand il m’a embrassée, d’un baiser à m’en faire perdre le souffle, j’ai dû m’accrocher à lui pour ne pas m’effondrer par terre. La chaleur et l’excitation qui m’ont envahie des pieds à la tête étaient si vraies. François voulait que je le fasse entrer dans ma chambre. J’ai tout de suite ressenti un petit malaise. Faire entrer un homme dans ma chambre? Euh… Quand François m’a dit qu’il voulait passer la nuit avec moi et que nous ne ferions pas que dormir en cuillère, je me suis sentie encore plus hésitante. Je comprenais bien qu’il voulait faire l’amour avec moi, mais même si c’était un rêve, est-ce que j’étais prête à ça? Et puis… c’est quoi au juste dormir en cuillère?

J’étais hésitante, mais quand il m’a dit que la nuit ne durait pas toujours et que si je lui disais non il allait partir, j’ai eu peur. Pas peur qu’il me dise qu’il ne voulait plus de moi si je lui disais non, mais peur qu’il disparaisse vraiment et que quand je me réveille le lendemain, qu’il soit trop tard, que je ne le retrouve pas et que j’aie manqué cette chance d’être avec lui. François m’a dit que ça le rendait fou d’imaginer que ma première fois serait avec un autre homme que lui. Je voulais aussi que ma première fois se passe avec lui, mais jusqu’où ça nous mènerait si je le laissais entrer? François m’a dit de ne pas m’en faire, qu’il savait que si je réagissais comme ça, c’était parce que je n’étais pas prête. Quand il a fait demi-tour, j’ai eu tellement peur qu’il disparaisse à tout jamais que je l’ai retenu. François m’a dit que ce n’était pas une question qu’il disparaisse, mais qu’il voulait être avec moi, qu’il n’était pas mon ex-petit ami eunuque. Au-delà de l’insulte, j’ai bien compris ce qu’il cherchait à me dire. Si je le laissais entrer, il voudrait aller jusqu’au bout.
-Mais…
-Il y a de quoi à rendre un homme fou, de voir la fille de ses rêves en petit déshabillé…
-…
(J’ai dû rougir des pieds à la tête à ce moment-là.)
-Si tu me dis non, il ne faut pas que ce soit seulement avec ta tête, mais aussi avec ton cœur.
-Mais…Qu’est-ce qui va se passer si je te laisse entrer… et que je ne peux pas aller jusqu’au bout?
-Tu penses vraiment que je te forcerais?
-Bien sûr que non. Je te fais confiance.
-Je n’irai jamais plus loin que ce que tu veux.
-…
(Ça je le savais déjà, mais ça m’a fait du bien de l’entendre.)
-Qu’est-ce que tu veux alors, Leila? C’est ta dernière chance.
-…Tu veux vraiment me le faire dire…
(C’était plus une affirmation qu’une question. Mais comment j’étais censée dire ça? «Oui, je voudrais te faire entrer dans ma chambre et oui, je sais bien que nous n’allons pas que dormir en cuillère… même si j’ignore ce que c’est». Dire ça, ça serait comme carrément admettre que j’étais attirée par lui et que je voulais qu’il… me fasse certaines choses. C’était très gênant.)
-Un «oui» serait suffisant, a-t-il continué.
-…

«Oui»… Je ne savais pas si j’étais prête à le dire et à passer à l’étape suivante J’avais peur, mais en même temps j’avais envie de me laisser aller, de le laisser me faire découvrir des nouvelles sensations. Et puis comme c’était un rêve et que je savais qu’il ne me forcerait en rien… Pourquoi pas?
-…Oui…

[Insert post here ->Pour ceux qui veulent lire ce qui s’est passé entre les deux, faites-moi signe, je vous passerai le texte que j’ai écrit.]

Quand je me suis réveillée, il faisait toujours nuit et j’avais froid. Mon premier réflexe a été de tendre la main pour me recouvrir des draps. J’étais abrillée alors j’ai ouvert les yeux pour chercher la source de froid. La fenêtre était ouverte. En m’assoyant sur le lit, j’ai gardé le drap contre moi au cas où mon rêve n’en aurait pas été un. J’ai bien fait, car j’étais nue sous les couvertures. Je suppose que ce n’était pas un rêve. Enroulée dans le drap, je suis allée refermer la fenêtre. En retournant vers le lit, j’ai constaté que François n’était plus là. Peut-être qu’il est parti à la salle de bain? Je vais l’attendre. En m’approchant du lit, j’ai remarqué une petite tache foncée sur le drap. En regardant de plus près, j’ai conclu qu’il s’agissait d’une tache de sang. Un rapide examen de mon corps m’a permis de constater que c’était moi qui avais saigné, sans aucun doute quand François m’avait…

J’ai attendu quelques instants sur le lit, mais comme il ne revenait pas, j’ai décidé de partir à sa recherche. J’ai jeté dans un coin de la pièce le drap sale et je me suis rapidement lavée, avant de m’habiller et de sortir. En arrivant au rez-de-chaussée, j’ai entendu les nains marmonner dans leur chambre. Je me suis approchée un peu et je les ai entendus parler des deux elfes femelles de couleur différente qui avait fait du bruit en forniquant dans leur chambre. Oh mon dieu… C’est vraiment arrivé et en plus des gens nous ont entendus. Je n’oserai jamais les regarder en face demain matin. Dehors, il y avait beaucoup de hiboux qui patrouillaient pour des raisons de sécurité. Un individu se déplaçant furtivement aurait été aperçu. Je me suis tout de suite dit que ça devait être François.

Un hibou sur mes talons, je suis partie à sa recherche. Je suis tombée sur Perceval, qui essayait de noyer ou de réveiller Biloss en lui trempant la tête dans un baril d’eau. Quand Biloss a été à peu près réveillé, il m’a demandé d’aller marcher avec lui, car prendre un peu d’air lui ferait du bien. Pendant que nous marchions, je n’ai pas arrêté de regarder d’un côté et de l’autre, espérant apercevoir François. Biloss l’a bien entendu remarqué et moi j’ai bien entendu été incapable de cacher mon malaise. Il a fini par conclure que j’éprouvais un malaise par rapport à mon lit, sans savoir exactement ce que c’était.

Nous sommes tombés sur Quentin et Maël, qui aidait cette dernière à retrouver sa chambre. Quentin osait à peine me regarder. Est-ce qu’elle est au courant? J’espère que non… Elle a bien failli l’être cependant. Maël a retrouvé notre chambre, mais en arrivant, elle a suggéré à Quentin de ne pas y entrer, à cause d’une odeur particulière qui s’en dégageait. Elle a dit que c’était une odeur qui se dégageait quand un homme et une femme étaient ensemble. Oh mon dieu… Elle est capable de sentir ça? Elle a donné comme exemple ce que la licorne avait voulu faire à son frère à cause de son impureté, mais Quentin n’a rien compris, heureusement pour moi. Maël ne m’a fait aucun commentaire à part la suggestion de prendre des herbes, si je ne voulais pas avoir de mauvaises surprises d’ici quelques semaines. Si elle n’en avait pas parlé, je ne sis pas si j’y aurais pensé moi-même. Biloss, lui, a pensé que j’avais trompé François, ce que je me suis empressée de démentir. Jamais je ne le tromperais, franchement! La pensée que ça avait pu être un autre que lui mais déguisé m’a brièvement traversé l’esprit, mais je l’ai vite chassée. Ses yeux, ses cheveux, sa voix… Sans compter qu’il savait des choses que je n’avais dites qu’à lui. Non, c’était bien François.

Tout le monde a fini par partir de son côté. Moi je suis allée me promener en ville. J’avais besoin d’être seule et de réfléchir. Je me sentais comme si j’étais en train de perdre le contrôle sur tout ce qu’il y avait de stable dans ma vie, comme si tous mes points de repères étaient en train de disparaître. Je m’étais mise à tuer et même si je savais que je n’avais pas vraiment eu le choix, une partie de moi pensait que j’étais en train de me transformer en monstre. Est-ce que c’est vraiment correct de prendre une vie pour sauver la sienne? Je n’en étais pas convaincue. Et que dire de ce qui s’était passé cette nuit? Je croyais rêver, mais c’était bien réel. J’avais perdu ma virginité. J’aurais dû être très heureuse, car ça c’était passé avec un homme qui me plaisait beaucoup, mais où était-il en ce moment? Et surtout, comment avait-il fait pour s’échapper de Cirqui? Comment nous avait-il retrouvés? Qu’est-ce qu’il était venu faire ici? Juste coucher avec moi et repartir après? Je ne m’étais pas attendue à un gros serment de sa part, je n’étais après tout pas certaine de mes sentiments moi-même, mais je m’étais attendue au moins à ce qu’il soit encore là à mon réveil. Ça aurait dû être l’expérience la plus magique de mon existence, et pour être magique ça l’avait été, mais j’aurais dû passer la nuit dans ses bras. Je n’aurais pas dû sortir en plein milieu de la nuit pour le chercher. Et surtout, personne n’aurait dû être au courant de ce qui s’était passé. J’aurais dû sauter de joie, mais j’avais plutôt envie de pleurer. Où es-tu parti François? Pourquoi es-tu parti?